1. ZACC Patience et Beaujonc : respecter les riverains et l’environnement
par la mise en place d’une politique urbanistique moderne et
raisonnable.
L’installation d’un nouvel hôpital sur le site de l’ancien charbonnage Patience et Beaujonc
est une opportunité pour le quartier. Par cette l’implantation, mais aussi par le
développement d’une zone d’activités économiques, le quartier de Glain va connaître un
nouvel essor. Je m’en réjouis sincèrement.
Le projet de construction de plusieurs centaines de logements (entre 650 et 950) dans un
quartier qui en compte à peine 1200 - d’autant plus sur un espace géographique qui n’en
compte pas plus de 200 actuellement -, aura des conséquences majeures en termes
d’environnement, de cadre et de qualité de vie, de mobilité, etc.
Il importe dès lors que les autorités communales mesurent l’ensemble des paramètres
d’un tel projet et l’accompagnent tout au long de son implémentation.
Ce projet et son développement sont des défis pour notre Ville et sa réussite pourrait
servir d’exemple pour les quelques projets urbanistiques d’envergure qui se présenteront
dans les prochaines années sur le territoire communal. L’aménagement de la ZACC P&B
Doit être le moment pour mettre en place une politique urbanistique humaine, raisonnable
et moderne.
Le projet du CHC mérite donc une attention soutenue. Il importe de ne pas commettre à
nouveau des erreurs qui auraient des conséquences irrémédiables sur les conditions et la
qualité de vie des habitants du quartier et qui pourraient être reproduites ailleurs à Liège.
La ZACC Patience et Beaujonc se divise en deux zones :
- le plateau de l’ancienne paire de charbonnage et du terril arasé (en ce inclus le
parc de l’ancienne direction) ;
- le Fond Hubert Goffin, en cuvette, bordé par le plateau, la rue Vandersnoeck, la rue
Hubert Goffin, la rue Branche-Planchard et l’autoroute.
Les terrains couverts par la ZACC ont connu des mutations fonctionnelles importantes
depuis deux cents ans : plan incliné ferroviaire, activité charbonnière, liaison autoroutière,
décharge « illégale » et enfin exploitation de remblais.
Ce contexte historique a permis de préserver le site de toute mise en œuvre urbanistique
à vocation résidentielle d’envergure ce qui n’a pas empêché les constructions, dans les
vingt dernières années, de plusieurs maisons unifamiliales ou d’immeubles collectif de
qualité. Les rénovations sont par ailleurs nombreuses et de qualité.
En vérité, loin d’être le « trou noir » mentionné dans le RUE, le site de la ZACC,
particulièrement le Fond Hubert Goffin, est un véritable écrin de verdure où seule une
centaine de logements sont présents.
Rue Félix Vandersnoeck, 96 – 4000 Liège - 0496/292.609
2. Cette cuvette verte et aérée aux portes de Liège présente un caractère exceptionnel. Il
importe de conserver cette particularité même si une mise en œuvre urbanistique
modérée, raisonnable et concertée peut s’envisager en certains endroits.
Il ne peut cependant être admis qu’au nom de la seule rentabilité foncière, ce coin
particulier de Liège soit anéanti.
Le dossier relève une série de vues remarquables du site et vers le site, sans évoquer
leur préservation.
Le SDER évoque les zones d’intérêt paysager et les vues remarquables. Il précise :
« L'identification [des périmètres de point de vue remarquable et d'intérêt paysager] doit
être également entreprise pour les paysages urbains. Dans ce cas, il convient de définir
les périmètres d'intérêt paysager, culturel, historique, de même que les points de vue
remarquables, et de les inscrire au plan de secteur, au schéma de structure communal et
dans les plans communaux d'aménagement.
Aux portes de Liège, la cuvette du Fond Hubert Goffin, héritière d’une longue tradition
industrielle, présente un caractère également remarquable par les vues qu’elle autorise et
qui ne doivent pas être modifiées. Une urbanisation excessive et débridée est donc à
proscrire car elle offrirait la vision du béton en lieu et place de la verdure.
Or, le projet proposé par le CHC, de l’aveu même de cette institution, entraînera une
véritable « déforestation » du site. Pour le CHC, « elle est inéluctable si on veut pouvoir
construire des logements ».
Cet aveu entre dès lors en contradiction avec l’affirmation que les zones de
développement du réseau écologique de la ZACC sont totalement maintenues, voire
agrandies par l’ajout des talus entre le plateau et le fond Hubert Goffin et celui entre
l’actuel terrain de hockey et la rue Hubert Goffin.
Si le parc de l’ancienne direction est en partie préservé, essentiellement dans sa partie
arrière (vers le RAVEL), le côté vers l’actuelle place des Marronniers est réduit pour faire
place à des logements collectifs.
Par contre, le projet ignore parfaitement le véritable parc (en zone de développement)
constitué par les 1800 arbres plantés en 1974 par le Royal Baudouin Tennis Club. On
ne pourrait comprendre qu’une telle plantation d’arbres soit rasée pour faire place à du
logement. Les modifications apportées au RUE suite à l’enquête publique n’incluent pas
explicitement la préservation de cette plantation en la classant en zone verte ou en parc.
Le plan des affectations la mentionne clairement en zone d’habitat. Pour lever toute
mauvaise interprétation, je suggère qu’il soit inscrit en zone verte ou en parc.
Enfin, les choses ne semblent pas très claires non plus pour l’avenir du talus boisé qui
borde le Ravel. Est-il maintenu ou non, en tout ou en partie ?
In fine, le maintien de cet espace écologique permettrait la conservation de l’élément
repère et structurant de la ZACC qu’est le boisement et permettrait de maintenir une
certaine aération au bâti. Cette aération, la SPGE la suggère implicitement lorsqu’elle
invite à limiter les surfaces imperméabilisables en zone de cours.
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3. Le SDER est explicite sur l’impérieuse nécessité de développer des lieux de socialisation
dans les zones qui en sont dépourvues.
Contrairement au projet initial, le RUE modifié semble envisager le maintien de huit
terrains de tennis, d’un Club House et d’un vaste parking gérés par le Royal Baudouin
Tennis Club dans le Fond Hubert Goffin.
Néanmoins, les termes employés peuvent prêter à confusion; il conviendrait, afin d’éviter
toute équivoque, de modifier « la possibilité d’intégrer (ou de maintenir) des espaces de
loisirs » en mentionnant explicitement le maintien de l’infrastructure du RBTC et en
précisant que cela inclus à la fois les terrains de tennis, le club house et le parking.
De même, l’emplacement de la zone de loisirs figuré sur les plans devrait intégrer
parfaitement l’implantation actuelle du RBTC et supprimer toute implantation de logement,
toujours dans le souci de lever, à l’avenir, toute ambiguïté ou interprétations divergentes.
Il y aurait lieu, également, de prévoir une zone de recul nécessaire afin d’éviter qu’un jour,
les nouveaux habitants s’insurgent contre le bruit produit par l’exploitation des
infrastructures sportives…
Le plan des typologies du bâti existant laisse apparaître qu’il n’y a dans les environs de la
ZACC aucun immeuble plus élevé que rez +2. Les constructions récentes, rue Branche
Planchard, rue Vandersnoeck et rue Hubert Goffin ont scrupuleusement respecté ce
gabarit d’habitat.
L’habitat y est organisé en poches ce qui lui procure une forte aération particulièrement
remarquable. C’est un peu la campagne à la ville… Le bâti est essentiellement, sauf ce
qui a été dit ci-dessus, constitué de maisons unifamiliales (mitoyennes, semi-mitoyennes
ou isolées) d’un étage avec parfois un niveau supplémentaire sous toiture, très rarement
plus.
Le projet du CHC choisi ouvertement l’option de la densification, il rompt avec l’aération du
bâti et la typologie existante, particulièrement dans le Fond Hubert Goffin.
Dans le Fond Hubert Goffin où existent actuellement une centaine de logements, le CHC
propose la construction de 460 à 560 logements, en grande majorité semi-collectifs ou
collectifs. 150 à 210 logements sont envisagés en bordure de la nouvelle place des
Marronniers et 40 à 80 rue Emile Vandervelde.
Cumulés aux 270 à 370 logements prévus sur le plateau, ce sont donc près d’un millier de
logements qu’envisage le CHC… pas moins.
Ce nombre de logements paraît grandement excessif, particulièrement dans le fond
Hubert Goffin où il contribue à rompre l’aération.
Les logements individuels proposés dans la partie médiane de la rue Hubert Goffin sont
rares et mitoyens, alors que leurs vis-à-vis sont des maisons quatre façades…
Les logements semi-collectifs proposés compteraient 3 étages au moins, les collectifs
entre 3 et 5 niveaux dont le dernier en toiture.
Je plaide pour le maintien des typologies actuelles : maisons individuelles 4 façades
quand le vis-à-vis est du même type, semi-collectif limité à rez + 2 et collectif limité à rez +
3, 3e étage en toiture, dans tous les projets. Dans le fond Hubert Goffin, ces gabarits ne
sont pas ailleurs pas justifiés pour « répondre » au gabarit de l’hôpital comme c’est le cas
pour les logements envisagés le long du RAVEL.
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4. Les bordures des talus d’autoroute et du plateau sont urbanisées complètement en arrière
zone du bâti existant créant de la sorte un cloisonnement du bâti existant.
Je suggère que l’aération et la disposition des logements soit revue d’autant que, sur le
plateau, de grands espaces à destination de places et d’esplanades (2 à 3 ha) sont
prévus. On peut donc affirmer que le CHC met son hôpital « à l’aise » au détriment du
Fond Hubert Goffin qu’il met à l’étroit. La Ville accepte même une intensité urbaine
supérieure aux directives de la Région !
En termes de qualité de l’habitat, au-delà de la végétalisation des toitures, je suggère la
végétalisation des façades des immeubles rez + 3.
Mobilité : Dans le fond Hubert Goffin le nombre de logements passerait à 560 ou 660
logements sans amélioration du réseau routier actuel.
Dans un premier temps, l’offre de transports en commun n’étant pas augmentée, les
déplacements s’effectueront en véhicule personnel ce qui aura pour conséquence un
accroissement très important du trafic sur le réseau routier existant et aux carrefours.
Il n’est pas erroné de prétendre que la place des Marronniers (dont on prévoit
l’aménagement en giratoire) aura un trafic identique à celui connu aujourd’hui à la Tête de
Bœuf. La sortie par la rue Maurice Yans sera également fortement sollicitée.
On peut donc affirmer que ce quartier paisible de Liège sera particulièrement affecté par
les constructions de logements programmées. Les estimations des spécialistes semblent
par ailleurs établies empiriquement… De 1500 mouvements aujourd’hui, la multiplication
du nombre de logements par 5 ou 6 ne ferait que doubler le nombre de mouvements…
Les estimations tablent aussi sur la disparition du trafic de transit dans le fond Hubert
Goffin (essentiellement rue Vandersnoeck) alors même qu’aucun aménagement interne
n’est programmé.
Ce n’est d’ailleurs pas seulement le trafic de transit qui augmentera, mais bien le trafic en
intérieur de quartier ! L’administration le reconnaît explicitement quand elle mentionne
« l’augmentation possible du niveau sonore sera donc due à une circulation automobile
interne et non pas aux affectations ».
Compte tenu de l’encombrement de la Tête de Bœuf, rien n’empêchera le trafic de
s’écouler par le Fond Hubert Goffin et la rue Vandersnoeck, sur-densifiant la circulation
sur des voiries qui n’ont pas été prévues pour absorber ce flux. Pour certains, il deviendra
impossible ou dangereux de sortir de son garage. Pour d’autres, qui ne disposent pas de
garage, le risque d’éraflures et d’accidents pour les véhicules stationnés en voirie,
augmentera fortement.
Ne parlons pas des piétons, enfants, promeneurs (RAVEL) et/ou personnes âges (il y a
une MR/MRS rue Vandersnoeck) qui verraient leur sécurité mise en danger…
Quant à la mis en place d’un transport en commun en site propre (TCSP), on peut rêver !
Nous sollicitons dès lors les autorités communales pour qu’elles imposent en charges
d’urbanisme des aménagements dissuasifs (îlots, coussins berlinois, etc.) afin de limiter
strictement la circulation de transit et la vitesse en intérieur de quartier.
Je suis heureux de constater que le principe de précaution sera observé concernant les
constructions sous la ligne haute tension de 70 kV. Toute construction de logement en est
exclue.
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5. De même, je suis rassuré par l’avis et les recommandations de la DGARNE au sujet des
vingt-deux puits de mine connus sur l’ensemble de la ZACC.
Enfin, j’ai noté avec un grand intérêt que le site devra faire l’objet d’un plan
d’assainissement compte tenu des nombreux polluants présents dans le sol de la ZACC.
Rappelons que le site a été longtemps exploité industriellement avant de devenir une
décharge publique et un remblai.
Pour le surplus, je suggère que l’accès au site pendant la totalité des travaux de l’hôpital
et de la zone économique s’effectue exclusivement par le chemin d’accès actuel le long du
magasin Carrefour et de l’autoroute. Le passage par le fond Hubert Goffin, la rue
Vandersnoeck et la rue Vandervelde doit être prohibé. Quelles sont, à ce niveau, les
mesures de publicité prévues dans le cadre de l’étude d’incidence accompagnant les
demandes de permis d’urbanisme pour ces constructions ?
Au nom de la rentabilité financière maximale, le CHC urbanise à outrance un ilot de
verdure, une cuvette aérée aux portes de Liège.
Si je peux comprendre et accepter des constructions raisonnables, manifestement le
projet du CHC est exagéré et peu respectueux du bien-être et de la qualité de vie des
habitants actuels.
En réduisant le nombre de logements, notamment par la réduction du nombre d’étages
des logements semi-collectifs et collectifs, la ville permettrait à ce quartier particulier de
Liège de conserver ses particularités, sa nature, ses vues, son aération, ses espaces verts
et de loisirs publics et une mobilité raisonnable.
J’espère sincèrement que les autorités communales seront sensibles à ces observations
et veilleront à conserver la qualité de vie des habitants de ce quartier. C’est l’enjeu d’une
politique urbanistique moderne, attentive aux citoyens et respectueuse de
l’environnement.
Michel Péters
Conseiller communal
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