Mr Michel Baudouin, Agro- economist
30 November 2018. Brussels. DevCo Infopoint. Rice is becoming one of the most important food crops on the African continent. Steep population growth coupled with rapid urbanization and changing consumer behaviour are the main drivers behind the increasing demand for the cereal.
2. Les flux dans la chaîne de valeur
La chaîne de valeur riz au mali
3. • La production annuelle de riz au Mali est passée
de moins de 20.000 t au début des années 1980 à
près de 1 million t au début des années 2000 et à
plus de 2,5 millions t à partir de 2010.
• Cependant, les importations (essentiellement en
provenance de Myamar, de Thaïlande, d’Inde et
du Pakistan) restent nécessaires pour satisfaire
une demande elle aussi en forte croissance, en
particulier en milieu urbain
La chaîne de valeur riz au mali
5. L’analyse fonctionnelle :
Les systèmes de production
Les principaux systèmes de production qui sont :
• système des grands et petits
périmètres irrigués, en
maitrise totale de l’eau (25% de la
superficie rizicole) ;
• systèmes de riziculture de
submersion contrôlée
et de bas-fonds, en
maitrise partielle (45%) ;
• systèmes de riziculture
fluviale de submersion libre (12 %) ;
• systèmes de riziculture pluviale (18%).
• Les régions de Mopti (27% de la
superficie rizicole) , Ségou (26%), Sikasso (16%)et Tombouctou (15%)
regroupent plus de 4/5 des superficies agricoles
6. Surfaces cultivées et rendements
Dans le cadre de la présente analyse fonctionnelle, financière,
économique et environnementale, les données suivantes ont été
harmonisées et utilisées de manière conjointe et ce, selon les différents
systèmes de productions :
Données du secteur du
riz utilisé dans l'analyse
(Statistiques agricoles)
Année 2012
Surfaces
cultivées
(ha)
Rendeme
nt (t/ha)
Maitrise totale 136.891 8
Submersion contrôlée 77.465 2
Submersion libre 353.099 1
Bas fond 195.048 1,5
Pluviale (Nerica) 67.905 3
Total ou moyenne 830.408 2,5
Source : auteurs
L’analyse fonctionnelle :
Les rendements
7. • Exploitations familiales localisées géographiquement en fonction du
système de production utilisé car fonction de cette localisation.
Production de riz paddy.
• Collecteurs font le lien entre bord champs (lieux de production du
riz paddy) et petits centres ruraux.
• Transformateurs achètent le riz paddy aux collecteurs dans petits
centres ruraux. Transformation du riz paddy en riz blanc.
• Grossistes / semi-grossistes rassemblent le riz blanc (riz local et riz
importé) pour le commercialiser.
• Détaillants / commerçants vendent le riz Blanc aux consommateurs.
• Consommateurs consomment du riz Blanc local et du riz importé.
L’analyse fonctionnelle :
Les circuits
8. • Aujourd’hui les Maliens consomment plus de 80
kg de riz par habitant par an.
• La part du riz dans la consommation totale de
céréales est en augmentation : actuellement elle
est d’environ 35%. Cela est dû à sa facilité de
préparation par rapport aux autres céréales, à
l’urbanisation et au changement des modes de
consommation dans le pays en général et dans
les villes en particulier (développement des
gargotes, journée continue…).
L’analyse fonctionnelle :
La consommation
9. • Les emplois sont nombreux dans la fourniture
d’intrants (2000 fournisseurs), la
transformation et en particulier le décorticage
(3500 décortiqueuses), l’étuvage (30.000
femmes) et la commercialisation.
L’analyse fonctionnelle :
L’emploi
10. • Bonne coordination horizontale au niveau des producteurs,
• Coordination verticale embryonnaire, voire inexistante, entraînant
un manque de confiance entre acteurs dans les transactions
commerciales et financières et une augmentation certaine des
couts de transaction.
• Filière dynamique en expansion, compétitive, accroissant à moyen
et long terme sa productivité et réagissant de manière positive aux
incitants du marché (augmentation de la consommation) et de
l’offre (subvention et fourniture d’intrants, subvention des
infrastructures),
• Marchés régionaux cloisonnés aux bassins de production entraînant
des positions oligopolistiques régionales préjudiciables aux
producteurs,
• Grossistes importateurs avec position dominante entraînant la
réalisation de profits exceptionnels liés à leur rente de situation.
L’analyse fonctionnelle :
Organisation et dynamique des marchés
12. • La contribution de la filière RIZ au PIB est
significative : 5% en valeur du PIB national.
• La filière riz contribue pour environ 10 % en
valeur au PIB agricole, significative et avec une
tendance à la hausse.
Contribution de la chaîne de valeur
riz au PIB
L’analyse économique:
Contribution au PIB
13. Répartition de la valeur ajoutée entre les étapes de la filière*
.
Valeur ajoutée producteur bord champ *
• FCFA par kilo
• Pluvial 46-47 F/kg
• Submersion 12-52 F/kg
• Irrigué 47-55 F/kg
• FCFA par hectare
• Pluvial
• 89.000 F/ha
• Submersion
• 13.000-62.000 F/ha
• Irrigué
• 197.000-208-000 F/ha
* Fourchettes liées au bassin de production (Sikasso, Ségou) et au type de riz (Gambaka, étuvé)
L’analyse économique:
Formation des prix et revenus
14. • Parts de la valeur ajoutée des producteurs entre 40 et 50%.
• L’ensemble des acteurs de la filière considèrent que la
répartition de la valeur ajoutée est « raisonnablement »
équitable et équilibrée en faveur des producteurs.
• Dispersion géographique de la production et l’absence
d’arbitrage et d’harmonisation des marchés qui restent
« cloisonnés » et limités aux bassins géographiques de
production entraînent des variations significatives de la part de
la valeur ajoutée revenant aux producteurs et des situations
potentiellement monopolistiques locales.
Décloisonnement des marchés et une meilleure fluidité de
l’offre au niveau des producteurs permettraient une amélioration
de la part des producteurs dans la valeur ajoutée
L’analyse économique:
Formation des prix et revenus
15. • Part significative de la production basée sur un système de
production en maîtrise totale ou partielle de l’eau.
• Concurrence apparaît avec les autres usages de l’eau
calcul du prix « économique » de l’eau ainsi qu’une large
analyse de sensibilité est nécessaire et prioritaire pour
améliorer l’efficience économique de l’eau et maitriser les
risques liés aux usages alternatifs à l’irrigation.
• Déconcentration des interventions vers un
décloisonnement géographique et une extension
horizontale des interventions futures.
• Réel risque « prix » au niveau international.
• Risque phytosanitaire.
• Risque lié à la diminution éventuelle du soutien étatique.
L’analyse économique:
Les risques
16. • La production de riz est fortement compétitive aux prix
internationaux (coût en ressources domestiques <1).
• Importation de riz en moyenne 16% du riz disponible
au niveau national, soit 0,65% du PIB. Impact négatif
sur la balance commerciale
• Les exportations sont marginales de l’ordre de 0,135%
du PIB (600 tonnes), mais sans doute sous-estimée
(exportations informelles).
• Le potentiel d’exportations vers les pays voisins est réel
et confirmé
L’analyse économique:
Economie internationale et balance
commerciale
17. • Filière riz est fortement soutenue par les fonds publics mais
difficiles à consolider car soutiens directs et indirects.
• Dépenses ciblant le secteur riz, 61% des dépenses de soutien sont
affectées aux infrastructures agricoles et rurales soutenant la
production de riz (dont les infrastructures hydro-agricoles) et 31%
sont affectés aux intrants.
• Soutien à la filière riz = 15 milliards de FCFA /an pour une pression
fiscale moyenne = 5 à 7 milliards de FCFA /an balance nette
positive en faveur de la filière riz
• Par ailleurs, l’Etat exonère les importateurs des droits et taxes à
l’importation pour réduire le risque de pénurie. Or l’état des stocks
de riz importé ne semble pas justifier ces mesures d’exonération.
Elles n’ont de plus pas d’effet sur le prix du riz au consommateur.
Elles procurent des profits exceptionnels et une rente de situation à
quelques gros-sistes importateurs qui constituent un oligopole.
L’analyse économique:
Finances publiques
18. • La contribution de la chaîne de valeur au PIB et au PIB
agricole est significative et en augmentation.
• Malgré quelques distorsions de marché, liées à la
position oligopolistique des principaux grossistes
importateurs, et aux interventions étatiques, la chaîne
de valeur est économiquement viable sur le marché
international. Le Mali possède un avantage comparatif
conséquent non seulement pour substituer la totalité
de ses importations de riz mais également pour
exporter vers les pays voisins déficitaires (Guinée,
Mauritanie).
L’analyse économique:
Croissance économique
21. Conditions de travail
• En amélioration (attractivité, liberté d’association…)
• Mais sous-rémunération du travail salarié; vulnérabilité des travailleurs
non protégés en cas de maladie et accident.
Droit à la terre et à l’eau
• Absence de consultation des populations lors de l’octroi de terres à des
investisseurs étrangers à l’Office du Niger.
Genre
• Evolutions positives en matière d’accès aux intrants et de participation aux
décisions des Organisations Paysannes.
• Mais exclusion des femmes de certaines activités (transport,
commercialisation), marginalisation pour les décisions économiques
(production, commercialisation), faible autonomie pour décider de
l’utilisation des ressources du ménage, persistance de la pauvreté des
femmes.
L’analyse sociale
22. Sécurité alimentaire et nutritionnelle
• Contribution forte (disponibilité, diversité, accessibilité).
• Mais non autosuffisance en riz, dépendance financière de
l’extérieur (exode rural des jeunes, extraction minière),
détérioration du pouvoir d’achat des consommateurs, sous-
alimentation des couches les plus vulnérables (ruraux et
ménages pauvres).
Capital social et infrastructures
• Développement d’infrastructures sociales dans la vallée du
fleuve Niger (école, santé, eau, énergie).
• Mais nombre encore élevé de ménages pauvres privés de
soins et marginalisation des communautés dans les
processus de décision touchant leurs moyens d’existence.
L’analyse sociale
24. • Les phases de transformation, de transport et distribution
n’ont pas d’impact significatif sur l’environnement.
• L’essentiel des impacts est engendré pendant la phase de
production.
• La riziculture au Mali étant peu mécanisée, les
consommations d’intrants et les émissions directes
provenant des rizières sont les principales sources
d’impact:
– émissions de méthane (changement climatique),
– émissions de métaux lourds (toxicité humaine et des eaux),
– émission azotées et de phosphates liées aux fertilisants
(polluants respiratoires inorganiques, acidification et
eutrophisation).
L’analyse environnementale
25. • L’impact potentiel sur l’épuisement des
ressources est directement lié à :
– l’utilisation des sols,
– la consommation d’eau (fleuve et pluie) et
l’utilisation des fertilisants et herbicides d’origine
minérale.
• L’épuisement des ressources peut être
amplifié par les pratiques culturales à faible
rendement (submersion libre et contrôlée).
L’analyse environnementale:
Epuisement des ressources
26. • Les émissions de PO4 provenant de l’utilisation
des fertilisants sont responsables à 85% de
l’eutrophisation des eaux douces.
• Les émissions de NH3 peuvent conduire à une
acidification et une eutrophisation terrestre.
• L’utilisation des herbicides peut conduire à une
écotoxicité des eaux douces.
• Et, enfin les émissions directes de méthane
provenant des rizières ont un impact potentiel
sur le changement climatique qui peut détruire la
qualité des écosystèmes.
L’analyse environnementale:
Impact sur les écosystèmes
27. • L’utilisation des herbicides engendre des
émissions de métaux lourds qui peuvent
potentiellement avoir un effet cancérigène.
• L’utilisation des fertilisants azotés engendre
des émissions de NH3 qui peuvent provoquer
des maladies respiratoires liées aux polluants
respiratoires inorganiques
L’analyse environnementale:
Effet sur la santé humaine
29. • Par tonne de riz produite, le système à maîtrise totale de l’eau a le
plus faible impact sur l’environnement pour la plupart des
indicateurs. Ceci est dû essentiellement à des rendements élevés
(en comparaison aux autres systèmes) et à une meilleure maîtrise
de l’eau et des calendriers culturaux qui sont mieux maitrisés.
• A l’opposé, le système de submersion fluviale libre a les impacts
environnementaux les plus élevés à cause de son faible rendement.
Le système pluvial a des scores environnementaux qui sont très
proches de la maitrise totale de l’eau.
• Le système pluvial présente un potentiel très intéressant pour
répondre aux deux défis environnementaux majeurs que sont la
gestion de l’eau et l’adaptation au changement climatique.
L’analyse environnementale:
Différences entre système de production
31. • La chaîne de valeur riz au Mali contribue significativement à
la croissance économique et de manière assez inclusive.
Cependant elle est confrontée à plusieurs contraintes qui
limitent sa durabilité dans les domaines économique, social
et environnemental
Recommandations pour améliorer la durabilité économique
• Appui à une réelle coordination verticale (interprofession)
• Meilleure cohérence des politiques publiques de soutien
• Arrêter les exonérations de droits et taxes à l’importation
Conclusions et recommandations
32. Recommandations pour améliorer la durabilité sociale:
• le domaine le plus « critique » où il parait nécessaire d’agir est
celui de l’accès à la terre. En effet, malgré l’existence de
nouveaux textes législatifs fonciers, la réalité de l’insécurité
des ménages/exploitations agricoles familiales demeure. La
situation des producteurs reste très fragile avec les règles de
gestion du patrimoine foncier dans la zone de l’Office du Niger.
• rendre les milieux plus attractifs et plus favorables à la chaîne
de valeur par des investissements publics et d’infrastructures.
• apporter une attention plus particulière aux groupes les plus
défavorisés (femmes, jeunes) et de sensibiliser les populations
au travail des enfants en lien avec les opportunités de
scolarisation.
Conclusions et recommandations
33. Recommandations pour améliorer la durabilité
environnementale:
• les impacts négatifs identifiés en phase de
production peuvent être réduits en amont par
des politiques d’achats (d’intrants agricoles
respectueux de l’environnement) et une
meilleure gestion de l’eau (drainage et aérations).
• Une meilleure maîtrise des opérations post-
récolte et un équipement de transformation
adapté (mini-rizerie) permettraient de réduire les
pertes pendant l’étape de la transformation.
Conclusions et recommandations