2. 24 | | V11N5
DOSSIER ACCÈS AUX TABLETTES
Tant d’efforts à déployer et tant de stratégies à implanter pour enfin voir vos
produits occuper la place qu’ils méritent sur les tablettes. Nous vous propo-
sons un cahier spécial « Marketing et communication », une étape cruciale,
parfois et même trop souvent négligée dans les opérations de mise en marché
et de distribution. Trois professionnels du marketing nous dressent un por-
trait global des démarches liées à la vente de vos produits agroalimentaires,
cela en intégrant les toutes dernières technologies de l’information. Ils nous
offrent des conseils et des mises en garde qui pourront vous aider à planifier
les étapes essentielles, et ainsi éviter le pire des scénarios : un produit qui ne
se vend pas ! Chacun vous propose des moyens concrets pour atteindre vos
objectifs et mettre à profit les nouvelles technologies, cela sous des angles
différents : sites Internet et médias sociaux, marketing numérique, tendances
étiquetage et emballage.
Créditphoto :LiseGallant
3. ACCÈS AUX TABLETTES
Dossier
| 25V11N5 |
Vos produits sont-ils en vente
sur Internet ?
par Isabelle StÉbenNe
Le commerce électronique au Québec représente globalement plus de 7 milliards de dollars par année. L’achat en ligne
de voyages, de billets de spectacles, de vêtements ou de livres est de plus en plus populaire, mais où se situe le Québec
en matière d’achat de denrées alimentaires par Internet ? En 2012, 18 % des consommateurs en ligne ont acheté des
aliments ou boissons, comparativement à 58 % pour des réservations de voyages.
E
n 2013, seulement 2 % des adultes
québécois ont acheté des produits ali-
mentaires en ligne. Sachant que plus de
80 % des consommateurs utilisent Internet
et que 70 % de ces internautes québécois ont
fait un achat en ligne, l’idée de vendre sur le
Web est un réflexe tout à fait naturel ! Réduire
les intermédiaires a du sens lorsqu’on parle
d’aliments périssables : des aliments frais
directement des producteurs à la table des
consommateurs !
Vous songez à vendre en ligne ?
Est-il plus simple de présenter vos produits
sur des e-tablettes que sur celles des grandes
épiceries ? Comment commercialiser vos
produits en ligne ? Quels sont les vrais enjeux
et comment prendre les bonnes décisions ?
Si vos objectifs sont d’étendre votre réseau
de distribution, d’augmenter vos ventes,
d’ouvrir de nouveaux marchés, de cibler de
nouveaux clients, d’améliorer votre image,
de vendre en plus grands volumes, d’aug-
menter votre visibilité en ligne, de réduire
vos coûts de commercialisation, il est temps
d’étudier la possibilité de vendre vos produits
sur Internet.
Il est important de vous positionner claire-
mentsurleWeb :Qu’est-cequevotremarque
offre de différent aux consommateurs ?
Que ferez-vous pour vous démarquer ?
Votre proposition de valeur est-elle assez
convaincante ?Votre produit est-il unique ?
Quel est le potentiel du marché ?
Pour prendre le virage du commerce en
ligne, il faut d’abord évaluer l’équité de votre
marque. Est-ce que votre notoriété est assez
forte ? Est-ce que les consommateurs aiment
vos produits ? Est-ce qu’ils font confiance à
votre marque ? Quelle sera votre stratégie
pour l’implantation de votre commerce en
ligne ?
Une stratégie adaptée à votre situation
Est-ce que vos produits sont lourds, fra-
giles ou difficiles à livrer ? Est-ce que les
consommateurs souhaitent les acheter en
grande quantité ? Ces questions sont très
importantes, car le coût de la livraison a une
incidence directe sur le prix final d’un pro-
duit et les consommateurs qui magasinent
sur Internet ne veulent pas payer beaucoup
plus cher que s’ils achetaient en magasin.
Comment pouvez-vous assurer une livrai-
son à un coût assez bas pour que la vente
en ligne soit profitable ?
Vendrez-vous directement de votre site ou
bien vos produits seront-ils disponibles sur
des sites de détaillants tels que amazon.ca,
iga.net, walmart.ca, costco.ca (épicerie fine
seulement), epiceriedirect.com, lesjardins-
urbains.ca, marchands.qc.ca, terroirsquebec.
com, ogourmet.com, saq.com, lemeilleurdu-
monde.ca, supermarchepa.com (Montréal),
mourelatos.com (Montréal), lesglutineries.
com (Saint-Hyacinthe), grocerygateway.
com (Ontario), etc. Notez queTarget pourrait
bientôt vendre en ligne au Canada. Amazon
n’offre pas moins de 15 000 produits ali-
mentaires en ligne et Walmart environ
2 000 produits.Sachezaussiquelesconsom-
mateurs font plus souvent confiance, pour
leurs achats en ligne, à des sites de grands
détaillants qu’à ceux de plus petits joueurs.
Faire son épicerie en ligne
« IGA offre le service d’épicerie en ligne de-
puis 1996. Le premier et le seul supermarché
à se lancer dans le cybercommerce alimen-
taire et à l’offrir aujourd’hui dans toutes les
régions du Québec », affirme Alain Dumas,
directeur principal des affaires publiques et
responsable du projet Épicerie en ligne chez
Sobeys Québec. « À titre de chef de file, le défi
Pour prendre le virage du
commerce en ligne, il faut
d’abord évaluer l’équité de
votre marque.
4. 26 | | V11N5
pour notre réseau de plus de 280 marchands
n’est pas technologique, mais logistique. Ils
doivent assurer un suivi des commandes qui
entrent par Internet, sélectionner des pro-
duits de qualité selon les critères du client
et offrir un service de livraison cinq étoiles.
Tous des aspects qui font partie intégrante de
nos priorités parce que nous savons que le
contact avec le magasin demeure important
pour le client», précise M. Dumas. «L’épicerie
en ligne connaît une croissance des ventes
soutenue depuis les huit dernières années
et elle continuera à croître avec le vieillis-
sement de la population. Nous comptons
aussi parmi les adeptes, les familles avec de
jeunes enfants et les personnes à mobilité
réduite. Les avantages de faire son épicerie
en ligne sont nombreux, entre autres, de fa-
voriser l’achat de produits locaux, une valeur
ajoutée du réseau des marchands IGA, et la
facilité avec laquelle le client peut respec-
ter sa liste d’achats», souligne Alain Dumas.
«Davantage populaire en zone urbaine que
rurale, le service de commande en ligne est
disponible 24 h/24, 7 jours par semaine,
avec des périodes de livraison personnali-
sées, beau temps, mauvais temps!», ajoute
M. Dumas.
Par contre, pour les épicuriens qui aiment
sentir, voir, toucher, découvrir et lire les
étiquettes avant d’acheter, l’expérience en
ligne interpelle incontestablement moins
les sens. Différentes solutions pour diffé-
rents consommateurs!
VOTRE SITE TRANSACTIONNEL
Vous pouvez engager une entreprise spé-
cialisée dans le développement de sites
Web pour vous accompagner lors de l’éla-
boration et de la production de votre site
transactionnel professionnel ou vous pouvez
décider de le faire vous-mêmes au sein de
votre entreprise avec des outils de création
de sites Internet. Pour environ 16$ par mois,
de nombreuses plateformes vous permettent
de créer votre site opérationnel: par exemple,
Squarespace, Tictail, Wix, Yola, Votresite et
optimizepress. Les outils sont maintenant
plus accessibles. Il n’en demeure pas moins
qu’être bien conseillés quant à la structure, à
l’architecture, à la stratégie de mise en mar-
ché sur le Web, etc. vous fera économiser
temps et argent et vous évitera des maux de
tête. Entourez-vous des bonnes personnes
pour que votre projet voie le jour et que vos
premières ventes en ligne confirment l’ef-
ficience de votre approche. Notez que les
achats effectués avec un appareil mobile
sont de plus en plus populaires, votre site
devra donc être mobile dès sa construction.
La commercialisation électronique sera la
plupart du temps un complément à vos ac-
tivités marketing actuelles. Dans le cas de
nouveaux produits lancés seulement sur
Internet, l’approche se doit d’être différente.
Une attention particulière devra être portée
sur la visibilité et sur l’élaboration des stra-
tégies de communication.
De plus, la vente directe par Internet ne
doit pas entrer en concurrence, négative-
ment, avec la vente indirecte. Vous avez bâti
de bonnes relations avec vos revendeurs
ACCÈS AUX TABLETTES
DOSSIER
«Les avantages de faire son épicerie en ligne sont
nombreux, entre autres, de favoriser l’achat de produits
locaux et la facilité avec laquelle le client peut respecter
sa liste d’achats.»
Crédit photo: IGA
IGA offre le service d'épicerie en ligne depuis 1996
5. ACCÈS AUX TABLETTES
Dossier
| 27V11N5 |
et vos détaillants, vous ne voulez pas vous
les mettre à dos. Pensez toujours que vos
ventes directes en ligne doivent offrir une
autre façon de se procurer vos produits, de
cibler une nouvelle clientèle, etc.
L’épicerie du futur
De nombreuses applications mobiles
existent pour trouver des recettes, mieux
manger et préparer ses listes d’épicerie.Voici
quelques exemples : MyGrocery, Sugarish,
oShop, Shopping List, Grocery IQ, Out of
Milk, Épicerie Essentiels, etc. Nous ne pou-
vons cependant pas encore commander nos
emplettes à l’aide de notre téléphone intel-
ligent, et pourtant c’est souvent lorsque les
consommateurs sont en déplacement qu’ils
pensent aux emplettes qu’ils doivent faire.
Les consommateurs sont occupés et les su-
permarchés en ligne répondent très bien à ce
besoin d’économiser du temps. Les Coréens
sont en avance sur nous dans ce secteur.
Un bon exemple est Homeplus de Tesco,
qui propose des magasins virtuels dans le
métro sud-coréen et aux arrêts de bus, pour
les consommateurs pressés par le temps.
Des images de tablettes virtuelles sont affi-
chées aux murs des métros, recréant ainsi
les allées des épiceries. Les clients peuvent
ainsi faire leurs achats avec leur téléphone
intelligent en attendant l’autobus ou le métro.
Ils n’ont qu’à numériser les codes QR asso-
ciés aux produits, payer avec leur téléphone,
et les aliments achetés leur seront livrés !
Peut-être devrions-nous nous inspirer des
cybermarchés britanniques comme Ocado,
Sainsbury’s, Asda, Waitrose et Morrisons ?
L’espace tablette virtuel
Que ce soit sur les tablettes traditionnelles
ou sur les tablettes virtuelles, dites-vous que
le marketing de vos produits est détermi-
nant pour leur vente. Les coûts de listing
des tablettes virtuelles sont moins onéreux,
certes, que ceux des tablettes physiques,
mais les frais de marketing peuvent être
tout aussi importants. Les produits en ma-
gasin ou sur l’espace e-tablette ne se vendent
pas tout seuls, mais les consommateurs ont
plus de chance de passer devant votre pro-
duit sur les tablettes des grandes épiceries
que d’arriver « par hasard » sur votre site
Internet, surtout si vous investissez peu
dans la publicité. D’un autre côté, la tablette
virtuelle est plus accessible pour les petits
producteurs. Vous pouvez très bien vendre
en ligne à partir de votre propre site Internet
transactionnel !
De nombreux producteurs et transfor-
mateurs de produits biologiques locaux,
boutiques de chocolat, d’épices, de thés, de
cafés, de vins ainsi que des épiceries fines
et des traiteurs offrent déjà des produits en
ligne. Qu’attendez-vous pour proposer, vous
aussi, vos produits en ligne ?
Sources :
Statistique Canada, Netendances du Cefrio et eMarketer.