Parce que bâtir, c’est aussi mener une réflexion globale
sur la ville, les infrastructures de transport, l’habitat, etc.,
votre magazine 360 fait le tour des grandes tendances sociétales,
des perspectives et des enjeux dont la compréhension
guide notre action au quotidien.
JTC 2024 - Leviers d’adaptation au changement climatique, qualité du lait et ...
Magazine 360 - La construction sous tous les angles
1. E S C A L E
La mobilité, grand défi
de l’Amérique latine
N° 48 - JUIN 2017
LA CONSTRUCTION
SOUS TOUS
LES ANGLES
2. Parce que bâtir, c’est aussi mener une réflexion globale
sur la ville, les infrastructures de transport, l’habitat, etc.,
votre magazine 360 fait le tour des grandes tendances sociétales,
des perspectives et des enjeux dont la compréhension
guide notre action au quotidien.
Why
Sommaire
Why
CONVERSATION
Marchés de partenariat :
quel bilan ? — p. 04
TENDANCES
Les nouvelles technologies
à l’assaut des chantiers — p. 08
What
NEWS — p. 14
DÉFIS
Une nouvelle vie pour
les terres polluées — p. 18
ESCALE
La mobilité, grand défi
de l’Amérique latine — p. 22
Paroles d’expert — p. 30
Zoom projets — p. 32
How
CHIFFRE INÉDIT
– 10 °C — p. 38
INNOVATION
L’innovation par tous
et pour tous — p. 40
INSTANTANÉS
Dix ans au cœur
de la zone interdite — p. 42
HISTOIRE DE BÂTISSEURS
Les Maîtres Bâtisseurs :
passion et transmission
du métier — p. 46
Direction de la Communication : 5, cours Ferdinand-de-Lesseps, 92851 Rueil-Malmaison Cedex – Tél. : 01 47 16 43 54 – www.vinci-construction.com / Directeur de la publication :
Manuel Saez-Prieto / Rédactrices en chef : Karine Demenat, Stéphanie Paviet / Diffusion (quantités, adresses) : samiha.bendib@vinci-construction.com / Ont participé à la rédaction
de ce numéro : Pierre Agède, Sophie Allier, Frédéric Brillet, Suzanne Brouchet, Gilmar Sequeira-Martins / Conception et réalisation : – Responsable éditorial : Jérôme Rousselle
– Secrétaire de rédaction : Florence Violet – Directrice artistique : Catherine Brochet – Maquettiste : Djélina Gadjigo / Traduction : Alto / Photos : Arestrepo/CAPA Pictures, BPG et
Jean-François Revert Architecte, Thierry Duvivier, Cédric Helsly, Idix, Image Contemporaine (Robin), Ital Gas Storage, Camille Lafon 2014, Patrice Lefebvre, Victor Rojas/CAPA Pictures, Lisa
Ricciotti, Franck Sonnet, Sun Partner, Francis Vigouroux, Laurent Wargon, Adam Wiseman/CAPA Pictures – Photothèques VINCI et filiales, DR.
En couverture : autoroute
colombienne reliant la capitale,
Bogotá, à la ville de Girardot.
Au dos : quai de Puerto Brisa,
sur la côte nord-colombienne.
03
3. 360 N° 47 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Conversation
Marchés de
partenariat :
quel bilan ?
Bruno Buisson
Directeur des partenariats
public-privé (PPP) chez
VINCI Construction France
François Bergère
Program Manager,
Public Private Infrastructure
Advisory Facility (PPIAF)
à la Banque mondiale
Avec les marchés de partenariat*
,
des acteurs privés se voient confier
le financement, la conception,
la construction, la maintenance,
le gros entretien-renouvellement,
voire l’exploitation durant un temps
donné, d’équipements publics.
En plein essor dans le monde,
ils suscitent pourtant de vifs débats
en France. François Bergère, Program
Manager, Public Private Infrastructure
Advisory Facility (PPIAF) à la Banque
mondiale, et Bruno Buisson, directeur
des partenariats public-privé (PPP)
chez VINCI Construction France,
nous donnent les clés d’une meilleure
compréhension de ce sujet.
Quand les marchés de partenariat
se sont-ils développés en France
et dans le monde ?
BrunoBuisson.Lesmarchésdepartenariat
ont plus de deux mille ans d’histoire : dès
l’Antiquité gallo-romaine, de nombreux
équipements publics ont vu le jour grâce à
l’initiative privée ! Plus proche de nous, le
Royaume-Uni a remis au goût du jour cette
formule dès les années 1990, notamment
pour construire des écoles et des hôpitaux.
Depuis,denombreuxpayss’ensontinspirés.
LaFrances’estdotéedu“contratdepartena-
riatӈpartirde2004ettotalisaitdixansplus
tard une quinzaine de milliards d’euros en
investissements cumulés dans les marchés
de partenariat. Le rythme s’est accéléré ces
dernièresannées,àmesurequelesadminis-
trations s’appropriaient l’outil et que les
projets en partenariat se diversifiaient :
prisons, universités, stades, etc.
François Bergère. Selon les données de la
Banque mondiale, les investissements
Université Toulouse–Jean-Jaurès.
Nouveaux bâtiments, équipements
sportifs, amphithéâtres, etc., le marché
de partenariat signé avec l’université
constitue un remodelage de l’ensemble
du campus.
* Depuis l’ordonnance n° 2015-899 du 23 juillet 2015,
la notion de marché de partenariat précise et remplace
en France celle de partenariat public-privé (PPP) utilisée
jusqu’alors, qui pouvait désigner des contrats rattachés
à des catégories juridiques différentes. Plus largement,
la même dénomination du PPP varie selon les pays
(ex. : “PFI” aux États-Unis, “APPD” en Espagne).
Le projet du campus Toulouse-
Jean-Jaurès a reçu le trophée
Sponsors pour la meilleure
structuration de marché
de partenariat en France
ou à l’international, lors de la
deuxième édition du SIATI (Sommet
Infrastructures, Aménagement
du territoire et Immobilier),
le 9 novembre 2016 à Paris.
0504
4. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Conversation
01 Lewis and Clark Bridge. Ce projet de
pont sur l’Ohio – l’un des plus importants
projets d’infrastructure de transport
des États-Unis – a été remporté
par VINCI en partenariat public privé.
dans les marchés de partenariat à
l’échelle mondiale ont crû à partir de 2002,
jusqu’à atteindre un record en 2012 avec un
engagementde158 milliardsdedollars.Cette
année-là, les cinq premiers pays concer-
nés (Brésil, Chine, Inde, Mexique et Turquie)
représentaient 60 % des nouveaux projets.
Mais en 2013, les engagements d’inves
tissements ont chuté d’environ 40 %
avant de rebondir modérément, reflétant le
ralentissement général des économies.
Quelles raisons motivent ce choix de
contrat et quels avantages en tirent les
différentes parties ?
B. B. Avec un marché de partenariat, le
commanditaire transfère la maîtrise d’ou-
vrage– etlesrisquesassociés –versleprivé.
Ainsi,ilsécurisemieuxledélaideréalisation
et le coût global de l’équipement et peut
aussi trouver avantage à un étalement des
paiements. En fin de contrat, il récupère un
bien comme neuf. Le processus de dialogue
compétitif avec les entreprises candidates
conduit en effet à discuter des caractéris-
tiques d’un ouvrage en se projetant à vingt
outrenteans.Celaobligeàraisonnerencoût
global et à prendre en compte les coûts de
maintenancedèslaconception.Parricochet,
l’usagerbénéficied’unmeilleuréquipement !
L’entrepriseacquiert,quantàelle,unprécieux
savoir-faire dans le montage et l’exécution
de contrats complexes.
F. B.Certainsgouvernementsrecourentaussi
aux marchés de partenariat parce que les
projets ne sont pas comptabilisés dans leur
ratiod’endettementetqu’ilsveulentcontour-
nerdescontraintesbudgétairesimmédiates
en décalant le coût du projet dans le temps.
Maiscelanepeutsefairedansl’Unioneuro-
péenne, car, en application des normes
Eurostat,lesinvestissementsliésàlaplupart
des marchés de partenariat sont pris en
compte et impactent immédiatement les
indicateurs de déficit et de dette publique.
Pourquoi les marchés de partenariat
sont-ils, malgré tout, l’objet d’autant
de suspicion en France ?
B. B.Laplupartdespaysconsidèrentlespar-
tenariats comme une forme contractuelle
parmi d’autres, pertinente ou non selon les
situations. En France, la culture politique
parfois “court-termiste” ou une mauvaise
compréhension de ce que sont les marchés
de partenariat alimentent la méfiance. On
accuse les partenariats de coûter plus cher
en se fondant sur des comparaisons falla-
cieuses.Lecoûtd’unéquipementenmarché
de partenariat est un coût global sur vingt-
cinq ans qui intègre également les coûts
d’entretien, de maintenance et de renouvel-
lement, le coût du financement et le coût de
gestion en plus de celui de réalisation : cela
revient donc mécaniquement plus cher que
le simple coût de construction de cet équi-
pement qui ne pèse qu’un tiers du montant
global d’un ouvrage de bâtiment sur vingt-
cinq ans.
Peut-on établir un bilan global objectif
des marchés de partenariat ?
B. B. Le marché de partenariat est un outil
permettantd’accélérerl’émergenced’équipe-
ments publics, voire de les rendre possibles
lorsque la collectivité locale ne dispose pas
de la maîtrise d’ouvrage adéquate. De plus,
toutes choses égales par ailleurs, les mar-
chés de partenariat ne coûtent pas plus cher
aux finances publiques et permettent une
meilleure maîtrise du délai, de la qualité et
du coût global d’un équipement public. Nos
clients en sont contents.
F. B.EnFrance,onconstatequelesmarchés
de partenariat ont permis de livrer les
ouvrages dans les délais et dans l’enveloppe
budgétaire requise dans neuf cas sur dix !
Certes, il est encore trop tôt pour juger de la
performance d’exploitation-maintenance
dans la durée. Et les échecs ne sont pas for-
cément le fait des entreprises prestataires :
les commanditaires peuvent aussi en être
responsablesencasdemauvaiseévaluation
socio-économique de l’intérêt du projet en
amont ou de pilotage défaillant.
Quelles sont les conditions d’une
réussite partagée de ces partenariats ?
B. B. La réussite partagée passe par un
dialoguecontinu,lerespectdesengagements
et la prise en compte des retours de chaque
partie dans le cadre d’un véritable “parte
nariat”detrèslongterme.Pourcefaire,nous
estimons qu’il faut concevoir, dès l’origine,
des contrats clairs et équilibrés, gages de
satisfaction et de fidélisation des clients. De
leur côté, les commanditaires ont intérêt à
s’assurerdelabonneacceptabilitésocialedu
projetetàsefaireconseillerpardescabinets
spécialisés.
F. B.Etparcequelesmarchésdepartenariat
sontunoutilquinécessited’êtremaniéavec
délicatesse, les pays peuvent solliciter des
organismes d’assistance technique comme
le Fonds de conseil en infrastructure
publique-privée (PPIAF) de la Banque
mondiale. L’objectif n’est pas de “vendre” le
marchédepartenariatcommeunepanacée,
mais de faire en sorte que les pays qui envi-
sagentd’yrecourirlefassentpourlesbonnes
raisons et dans de bonnes conditions.
02
01
« En France,
on constate que
les marchés de
partenariat ont permis
de livrer les ouvrages
dans les délais
et l’enveloppe
budgétaire requise
dans neuf cas
sur dix ! »
« Les comparaisons
de coût sont souvent
tronquées. En réalité,
les partenariats
ne coûtent pas plus
cher aux finances
publiques, surtout
dans une appréciation
en coût global. »
François Bergère
Program Manager, Public Private
Infrastructure Advisory Facility (PPIAF)
à la Banque mondiale
Bruno Buisson
Directeur des partenariats public-privé (PPP)
chez VINCI Construction France
02 Le Centre national des sports de la
défense (CNSD), à Fontainebleau (77).
Complexe Henri-Sérandour.
Pouvez-vous donner des exemples
particulièrement réussis de marché
de partenariat, en France ?
B. B. Je peux citer, par exemple, le Centre
nationaldessportsdeladéfense,àFontaine-
bleau (77),quiaétérénovéetmodernisédans
unedémarchededéveloppementdurableet
écoresponsableavantdel’ouvriràdespublics
extérieurs.LespopulationslocalesetlaFédé-
ration française de la montagne et de l’esca-
lade ont désormais accès aux équipements.
Autreexemple :leprojetconçuavecleconseil
départementalduLoiretpourlaconstruction
de 12 centres d’incendie et de secours. Ce
montageapermisdegénéreruneéconomie
globale estimée à 29 % par le département
du Loiret. Les 12 casernes ont été achevées
enquatreans,aulieudedixansdansuncycle
normal, avec une forte implication contrac-
tuelledesPMElocales,tantpourlaconstruc-
tion que pour la maintenance.
Comment voyez-vous l’avenir des
partenariats dans les pays développés
et émergents ?
B. B. Je leur prédis un avenir radieux.
Ilsrépondentàunevraieattentedenosclients
publics de recevoir un projet clés en main
correspondantàleursbesoinsdeplusenplus
complexes, avec un coût maîtrisé, qui sanc-
tuarise les coûts d’entretien-maintenance
surladuréedeviedel’équipementdansune
démarche écoresponsable. En cela, c’est un
outil moderne et efficace de la commande
publique. Les pays émergents s’intéressent
également à ces contrats, mais les acteurs
financiers hésitent à s’engager sur le long
terme.
F. B. Certains pays émergents manifestent
des attentes irréalistes. Ils voient le marché
de partenariat comme une “baguette
magique” qui va répondre aux contraintes
budgétaires de financement des infrastruc-
turesetremédierauxinsuffisancesdegestion
technique et administrative ! Ils doivent
comprendre que le marché de partenariat
est un levier puissant, aux implications
longuesetlourdes,quicomplètelesoutilsde
la commande publique quand il est utilisé à
bon escient, mais ne saurait s’y substituer.
0706
5. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Tendances
Les nouvelles
technologies à l’assaut
des chantiers
À quoi ressembleront les chantiers
dans le futur et comment feront-ils
évoluer le visage de nos villes ?
Grâce à la puissance du numérique,
le secteur de la construction, attentif
aux nouvelles manières de concevoir
et de produire, et respectueux
de l’environnement, accompagne
les mutations en cours. Mieux,
il les anticipe, en faisant rapidement
évoluer ses process et en mettant
à la disposition du marché des produits
technologiques innovants.
Des processus innovants
répondant aux défis
de la construction
Dansunmondemarquéparuneurbanisation
galopante,lesvillesposentunemultitudede
défis aux constructeurs. Ces derniers sont
appelésàconstruiretantensurfacequesous
lavillehistorique,àmodernisersansdétruire,
à saisir les évolutions à long terme tout en
répondant aux besoins immédiats.
Autant de défis auxquels les outils numé-
riques,deparleurpuissancedecalculetleur
capacitéàprojeterunevisiond’ensembleou
à offrir des vues de détail, apportent des
réponses. D’ores et déjà incontournable, le
Building Information Modeling (BIM) révo-
lutionne la façon dont les bâtiments, les
infrastructuresetlesréseauxtechniquessont
conçus,créésetgérés.Capabledemodéliser
un chantier en 3D, en 4D (évolution de l’ou-
vragedansletemps)etmêmeen5D (évolution
des coûts dans la durée), il intervient égale-
mententempsréeldanslaphaseexécution.
Le“BIMexécution”accompagnenotamment
le programme de logements Primméa.
Ce programme, mis au point par
VINCI Construction France pour répondre à
la crise du logement neuf en France, vise à
réduirelescoûtsdeconstructionpourpropo-
ser des appartements qualitatifs à des prix
jusqu’à 30 % en dessous du marché. Les
innovations techniques et les processus mis
en place modifient en profondeur l’organisa-
tiondeschantiersendéveloppantlescircuits
courtsetlapolyvalencedescompagnons.
Les chantiers du futur se matérialisent déjà
dans notre environnement quotidien, plus
tangiblesetplussurprenantsqu’onnel’ima-
gine : les villes donnent un nouveau souffle
à leurs quartiers qui deviennent des “hubs
énergétiques” ; les chantiers les plus gigan-
tesques se font plus discrets ; les projets
gagnentenefficacitéetenrapidité.Lenumé-
rique permet de mieux concevoir, de mieux
construire, de mieux prévoir, de faciliter la
maintenance tout en réduisant les coûts.
La nécessaire accélération
de la RD
Les constructeurs ont toujours dû innover
pour s’adapter aux évolutions des modes de
vie et intégrer le meilleur des technologies.
Avec l’accélération des innovations techno-
logiques et les mutations de plus en plus
rapides des modes de vie urbains, leur RD
doitaujourd’huipasseràlavitessesupérieure.
« La RD a bien sûr toujours été foisonnante
dans les métiers de spécialités de
VINCI Construction,quiplacentl’innovation
technique au cœur de leur stratégie. La
gestion de la construction offre les mêmes
possibilités de montée en gamme », note
Maxime Trocmé,responsableRDInnovation
chez VINCI Construction. Accompagnant
les mutations présentes et à venir,
VINCI Construction multiplie ses efforts en
RD et les oriente prioritairement vers des
innovations concrètes, afin d’apporter de la
valeur ajoutée aux projets et d’accélérer la
compétitivitéetlaproductivitédesesmétiers.
4DLe Building Information
Modeling (BIM) est capable de
modéliser un chantier en trois
dimensions, de prévoir l’évolution de
l’ouvrage dans le temps (4D) et même
celle de ses coûts dans la durée (5D).
60 %soit près des deux tiers
des entreprises du BTP ont déjà
recours au BIM.
x 5Les investissements dans
les start-up du domaine
de la construction ont été multipliés
par cinq entre 2010 et 2015.
0908
6. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Tendances
elle s’avère pourtant peu volumineuse en
surface et capable de limiter les vibrations
souterraines. Ce matériel préfigure des
chantiersd’envergureayantunimpactmini-
mal sur leur environnement.
Multiplier les innovations grâce
aux compétences externes
Dejeunespoussesbousculentunpeupartout
les grands groupes de la construction avec
uneagilitéinégaléeetdesidéesfoisonnantes.
Intégrésdansdesincubateursouabritéspar
lesconstructeurseux-mêmes,ilsdynamisent
toutlesecteur.VINCI Constructionparticipe
au développement de technologies qui
rendront les bâtiments autonomes en éner-
gie et transformeront demain les façons de
construire (fenêtre solaire intelligente,
impression 3D). Après la récente création
d’unejoint-ventureaveclasociétéSunpartner
Technologies, qui a développé la fenêtre
solaire intelligente Horizon, un partenariat
a été signé en février 2017 avec XtreeE, à
l’origine d’une technologie d’impression 3D
dubétonrévolutionnaire.PourPhilippe Morel,
président d’XtreeE, « ce partenariat nous
complet qui permet d’optimiser et de suivre
les infrastructures, les sols et les environ-
nements durant tout leur cycle de vie est la
mission de SIXENSE, filiale de Soletanche
Bachy, inaugurée en juin 2016. Le maître
d’ouvrage, le bâtisseur ou l’exploitant
disposentdoncdetouslesoutilsnécessaires
pour détecter très tôt une faiblesse dans
unestructure.Dotéd’un“sixièmesens” (voir
encadré ci-dessous), l’ouvrage peut être
construit, maintenu ou déconstruit sans
mauvaises surprises.
Les chantiers sous la ville, en particulier les
creusements de tunnels pour étendre les
réseaux ferrés, impactent la ville en surface
de manière considérable, tant en espace
consommé qu’en nuisances. L’innovation
produit s’adapte à ces contraintes avec des
bonds en avant aussi spectaculaires que
peu visibles par les habitants voisins.
L’hydrofraiseHFG 120TdeSoletancheBachy,
par exemple, joue un rôle de premier plan
dansleprolongementdelaligne14dumétro
parisien. Intervenant pour excaver des sols
trèsvariésàtrèsgrandeprofondeur (jusqu’à
50 mètres) et en grande largeur (1,80 mètre),
« Grâce aux modules prêts à poser
fournis,leplaquistepeutdésormaisinterve-
nir sans attendre l’électricien, ce qui non
seulementaccélèrelaconstruction,maisfait
évoluer les métiers, constate Jean-Paul
Royère,responsableduprojetPrimméachez
VINCI Construction France. Le projet
Primméa a été labellisé Vitrine Industrie du
Futur,unlabelgouvernemental,carilinnove
fondamentalement en installant des usines
volantes sur le chantier. Ce label nous a, par
ailleurs, ouvert les portes des partenaires
industriels, qui, pour la première fois,
acceptentdelivrernoschantiersendirect. »
Des chantiers de mieux
en mieux anticipés
Raressont,denosjours,leschantiersinstal-
léssur un terrain vierge. Dans les villes, la
construction d’un immeuble ou la réalisa-
tion d’une nouvelle station de métro doivent
tenircomptedel’enchevêtrementdesmulti-
plesréseauxpréexistantsetdel’impactfutur
des creusements à grande profondeur sur
les constructions mitoyennes. Doter les
ouvrages d’un système d’information
01 À Caen (14), l’utilisation de la maquette
numérique et de l’outil de gestion de chantier
Digital site de SIXENSE a permis l’anticipation
des modes opératoires.
02 Horizon, la fenêtre intelligente et connectée,
réunit une fenêtre, un brise-soleil et un store.
Ses capacités opacifiantes permettent
d’économiser jusqu’à 30 % de la consommation
d’énergie d’un bâtiment, sans occulter la vue.
03 Première réalisation en impression 3D
d’un pilier sur le terrain de jeu d’une école
à Aix-en-Provence (13).
Transformation numérique
Le numérique s’est imposé sur les chantiers
comme une évidence. Dans la rénovation,
il dresse des plans précis de l’existant.
Le BIM optimise, fiabilise, rentabilise et
simplifie la gestion des projets complexes,
une mission également remplie par SIXENSE
dans les ouvrages. La maquette 3D n’apporte
pas seulement son concours aux maîtres
d’œuvre et aux architectes ; accessible
en permanence par un compagnon
intervenant sur un chantier Primméa
et disposant d’une tablette, elle permet
une prise de décision en temps réel.
D’innovation, la 3D devient une obligation,
comme au Royaume-Uni où chaque chantier
doit être livré avec sa maquette numérique.
Industrialiser et
personnaliser la fabrication
La transformation numérique ouvre
le champ des possibles dans l’architecture
des constructions. Le pilier réalisé par
XtreeE (voir photo ci-contre), soutenant
le préau d’un collège à Aix-en-Provence (13),
s’apparente plus à l’architecture naturelle
d’un arbre qu’à la géométrie d’un poteau.
Le programme Primméa a donné naissance
à un réseau de “fablabs” (laboratoires
de fabrication avec des outils innovants)
voisins des chantiers. Leur objectif est
de concevoir, sur place, des outils innovants
en partant d’objets courants sur le marché
et de résoudre ainsi une problématique
locale et immédiate.
0301
Innovation durable
L’innovation apporte son lot de propositions
pour améliorer nos modes de vie, surtout
urbains. Encore faut-il que la nouveauté
prenne en compte les usages réels, à moyen
et long termes. Les bâtiments à énergie
positive le seront le jour où les habitants
accepteront de régler leur thermostat
à 19 °C… Sans prise en compte du facteur
humain dans la construction, l’innovation
devient fiction. De cette réflexion est née
la fenêtre intelligente Horizon.
permettra de développer de nouvelles solu-
tions partout dans le monde ». Ces jeunes
chefs d’entreprise sont souvent issus des
grandesécoles,maislemondeuniversitaire
n’estpasenreste.Leschercheursdelachaire
Éco-conception d’AgroParisTech, comme
Nathalie Frascaria, apportent leur expertise
complémentaire dans l’écologie des
02
1110
7. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
bâtiments.« EnpartenariatavecVINCI,
nous avons mis en place le programme
Biodi(V)strict®, qui invite les aménageurs à
modifier certains périmètres de leur projet
envisualisantleurimpactsurlabiodiversité.
Prendre en compte la biodiversité n’est pas
synonyme de renchérissement des aména-
gements !Unarbreadaptéàsarégiongrandit
sans peine et attire la faune locale, alors
qu’une espèce exotique devra rapidement
être remplacée. La biodiversité rend aussi
desservicesméconnusauxaménageurs,en
particulier dans l’épuration des eaux et la
purificationdel’air. »LeséquipesIngénierie
etInnovationdesfilialesdeVINCI Construction
accompagnent les projets en fonction de
l’expertisedechacun.Ilssontcependantloin
d’être seuls à innover. Toute la puissance de
la diversité des métiers au sein d’un grand
groupecommeVINCIsematérialiseavecles
Prix de l’Innovation (voir article p. 40). Ainsi,
Greenfloor, désormais commercialisée et
brevetée en tant qu’offre en France et en
Tendances
01
What, ce sont quelques-uns de nos ouvrages.
Ceux que nos filiales conçoivent et réalisent partout
dans le monde pour répondre aux besoins de plus en plus
complexes et toujours aussi exigeants de nos clients.
What
Europe, avait raflé le Prix spécial du jury en
2013. Greenfloor climatise les bâtiments en
amenant de l’air dans les dalles béton, puis
en l’en faisant sortir en utilisant à la fois le
rayonnementetlaconvectionpouroptimiser
le confort thermique des habitants au meil-
leur coût. VINCI Construction mène égale-
ment des partenariats stratégiques avec de
grands acteurs industriels.
01 Facile et rapide d’utilisation, le dispositif
Biodi(V)strict® permet de donner à une
équipe de conception les éléments pour
faire des choix en faveur de la biodiversité.
Il simule, par exemple, où et comment
des espaces verts demandant un minimum
d’investissements et d’entretien peuvent
être intégrés à un projet.
Augmenter la qualité de vie
Le développement durable a fait ses preuves
comme un moteur de l’innovation et,
par ricochet, de la rentabilité des projets.
De par leur adaptation au manque d’espace
en ville, les chantiers génèrent moins
de déchets, ce qui allège, entre autres,
les coûts de transport. Les immeubles
intégrant le procédé Greenfloor, par
exemple, simplifient la pose de certains
modules et réduisent les coûts, ce qui
permet un gain énergétique significatif.
L’attention portée à la biodiversité évite
la création d’îlots de chaleur et augmente
ainsi la qualité de vie des habitants tout
en abaissant la facture énergétique liée
aux besoins de climatisation.
Réinventer les modes
de travail
L’innovation ne se limite pas à ses
nombreux aspects technologiques.
Une entreprise innovante favorise
le travail collaboratif, l’interdisciplinarité
et l’ouverture à l’international. Cette volonté
se reflète dans les travaux et les séminaires
internationaux sur les transitions urbaines,
menés par le think tank du groupe VINCI,
La Fabrique de la Cité. À l’échelle des
chantiers, le “BIM exécution” favorise
la polyvalence des compagnons ; le digital
aplatit les organigrammes en fournissant
à chaque intervenant les informations
nécessaires à la prise de décision.
1312
8. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
News
Vietnam
4 000e
segment posé pour
le métro d’Hô Chi Minh-Ville
À Hô Chi Minh-Ville, Freyssinet
participe à la construction
du métro de la capitale.
La ligne 1 reliera le marché
central Ben Thanh au parc Suoi
Tien et comptera 12 kilomètres
de viaduc qui seront érigés
dans sa partie aérienne.
4 000 voussoirs (sur un total
de 4 565) ont d‘ores et déjà été
préfabriqués, transportés,
assemblés et précontraints,
avec l’aide de trois poutres
de lancement. La fin des travaux
est prévue en septembre 2017
pour une mise en service
en 2020.
France
Un téléphérique
urbain à Orléans
La construction du nouveau
téléphérique urbain d’Orléans (45)
sera réalisée par un groupement
composé de GTM Normandie-
Centre (mandataire) et Sogea
Centre (toutes deux filiales
de VINCI Construction France),
Poma, l’architecte Duthilleul
et Systra. Le projet comprend
l’installation de deux pylônes
et la construction des deux
stations. Les deux cabines
permettront de franchir en
deux minutes environ les voies
ferrées de la gare de Fleury-les-
Aubrais, pour transporter
60 passagers entre la gare
et le futur quartier Interives.
Les travaux seront réalisés entre
l’automne 2017 et la fin 2018,
pour un montant de 14,7 millions
d’euros.
États-Unis
Inauguration de la première
autoroute de VINCI en
partenariat public-privé
Le 18 décembre 2016 a été
inaugurée la portion d’autoroute
East End Crossing, longue
de 12 kilomètres, et reliant
l’Indiana au Kentucky. L’ouverture
au public marque la fin de quatre
ans de conception et de travaux
réalisés par un groupement
incluant Walsh Construction (60 %)
et VINCI Construction Grands
Projets/VINCI Construction
Terrassement (40 %).
La nouvelle infrastructure
comprend un pont haubané
de 762 mètres sur le fleuve Ohio,
avec deux piles en forme
de diamant, un tunnel bi-tube
de 512 mètres côté Kentucky,
19 ouvrages d’art courants,
des travaux d’amélioration
du réseau routier et des
infrastructures associées.
La phase de construction
s’achève avec succès sur
le plan de la sécurité, avec plus
de 1 100 jours travaillés sans
accident avec arrêt de travail.
France
Inauguration de la LGV
Sud-Europe-Atlantique
Tours-Bordeaux
Le 28 février 2017, la ligne à grande
vitesse Sud-Europe-Atlantique
reliant Tours à Bordeaux a été
inaugurée à Villognon (16). Plus
grand chantier ferroviaire d’Europe
et plus grand chantier
de l’histoire de VINCI, le projet
a fait intervenir tous les pôles
de métiers du Groupe. La ligne,
mise en service le 2 juillet 2017,
permettra de relier Bordeaux
à Paris en deux heures et quatre
minutes. Six années ont été
nécessaires à sa conception
et à sa construction, un temps
record, au terme duquel la ligne
a été achevée en avance
sur le planning contractuel.
Cette concession a permis
de construire 302 kilomètres
de ligne à grande vitesse entre
Saint-Avertin (37) et Ambarès-et-
Lagrave (33), et 10 raccordements
ferroviaires de 38 kilomètres qui
relieront la nouvelle ligne aux
agglomérations du sud-ouest de la
France. Au total, près de
10 000 collaborateurs
ont participé à la réalisation
de ce projet. La cérémonie
d’inauguration s’est déroulée
en présence du président de
la République, François Hollande,
ainsi que d’Alain Rousset, président
de la région Nouvelle-Aquitaine,
de Xavier Huillard, président-
directeur général de VINCI,
de Laurent Cavrois, président
de LISEA, et de Patrick Jeantet,
président de SNCF Réseau.
1514
9. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
France
Construction de la ligne 15
Sud du Grand Paris Express
La Société du Grand Paris
a attribué un contrat majeur
au groupement piloté par
VINCI Construction pour la
construction de la ligne 15 Sud
du futur réseau de transport
du Grand Paris Express.
Le groupement rassemblant
VINCI Construction Grands
Projets, Dodin Campenon
Bernard, VINCI Construction
France et Botte Fondations,
intègre également
Spie Batignolles. Ce tronçon (le
T3C) reliera la gare souterraine
de Fort d’Issy-Vanves-
Clamart (92) à la future gare
Villejuif–Louis-Aragon (94).
D’un montant de 926 millions
d’euros, ce contrat porte sur
la réalisation d’un tunnel de
8,2 kilomètres, la construction
de huit puits et de cinq nouvelles
gares le long de la ligne, dont une
en correspondance avec le futur
prolongement de la ligne 14,
et une avec l’actuel RER B (à
Arcueil-Cachan). Le Groupe,
à travers Soletanche Bachy, est
également mobilisé sur le
tronçon T2A portant
sur la construction des gares
de Créteil-l’Échat, du Vert-
de-Maisons, des Ardoines
et de Vitry-Centre. Première
ligne du Grand Paris Express
sur l’avancement du projet,
la ligne 15 Sud devrait être mise
en service à l’horizon 2022.
France
Signature d’un contrat
de partenariat pour
le port de La Cotinière
La société de projet Ceteau-Céans
a signé un contrat de partenariat avec
le département de Charente-Maritime
pour l’extension du port de pêche de
La Cotinière (île d’Oléron). Le projet
porte sur le financement,
L’échangeur de La Possession,
à La Réunion, réalisé par
un groupement composé
de SBTPC (VINCI Construction
Dom-Tom), VINCI Construction
Terrassement et GTOI
sur le chantier de la nouvelle route
du Littoral (NRL), a été inauguré
en février 2017.
Les travaux incluaient
la construction des ouvrages
d’art liés à l’échangeur, des murs
de soutènement du remblai
et des deux tronçons de digue
qui encadrent ces ouvrages.
En bref
Maroc
Nouveau port de pêche
Dumez Maroc vient de livrer
à Casablanca son nouveau port,
plus vaste et plus moderne, qui
s’inscrit dans le réaménagement
complet de la zone portuaire
et s’intégrera dans le nouvel
environnement urbain.
Le chantier s’est déroulé
sur un terrain vierge
de 11 hectares et a permis
la construction de deux digues,
deux quais, un appontement,
et un plan incliné. Montant
du contrat : 60 millions d’euros.
Italie
Stockage souterrain
de gaz naturel
À Cornegliano Laudense,
à 30 kilomètres de Milan,
Geostock (Entrepose/
VINCI Construction) travaille,
depuis février 2016, au projet
de conversion d’un gisement
de gaz déplété en stockage de gaz
naturel. Il intervient pour la société
italienne Ital Gas Storage Spa
en tant qu’assistant auprès
du maître d’ouvrage pour la partie
souterraine du chantier.
La phase de construction
concerne la réalisation de 12 puits
d’exploitation (deux puits
verticaux et 12 puits horizontaux,
répartis en cluster sur deux
plates-formes) ainsi que la mise
à jour des modèles numériques
du stockage. Elle s’étend sur
une période de dix-huit mois,
de juin 2016 à décembre 2017.
Geostock s’est également vu
attribuer, en novembre 2016,
le contrat d’ingénierie
d’acquisition et d’interprétation
de la campagne sismique 3D,
qui sera achevé en juin 2017.
15
Aéroport
Paris-Charles de Gaulle
Aéroport Paris-Orly
Aéroport
Paris-Le Bourget
Châtelet
Saint-Lazare
Gare de Lyon
Olympiades
B
18
18
18 14
14
14
16
15
15
15
15
15
15
16
16
17
Arcueil – Cachan
Bagneux M4
Châtillon
Montrouge
Issy
RER
Villejuif Institut
Gustave Roussy
Villejuif
Louis Aragon
Kremelin-
Bicêtre Hôpital
Fort d’Issy
Vanves
Clamart
7
13
12
4
News
France
L’hydrofraise HFG 120T
à grippeurs, développée pour forer
dans des terrains très durs,
est parfaitement adaptée pour
affronter les contraintes
des chantiers du Grand Paris.
En février 2017, elle a remporté
en France le Trophée des TP dans
la catégorie Processus matériels.
la conception, la construction
et le gros entretien et
renouvellement (GER) du port
de pêche. Il sera réalisé par GTM
Bâtiment Aquitaine et EMCC, toutes
deux filiales de VINCI Construction
France et VINCI Construction
Terrassement. Le chantier comprend
la prolongation d’une digue,
la construction d’un terre-plein, d’une
digue, d’un bassin et d’une criée, ainsi
que l’approfondissement d’un chenal.
Bénin
Livraison du siège de Bolloré
Le 1er
mars 2017, Sogea-Satom
a livré le nouveau siège social
de Bolloré à Cotonou.
Début mai 2017, le bâtiment
de 5 800 m2
accueillera plus de
160 collaborateurs de Bolloré sur
trois étages, mais aussi de Canal+
sur les trois autres niveaux.
Le contrat de 14 millions d’euros
comprenait la construction du
bâtiment en tous corps d’état ainsi
que des travaux de voirie et réseaux
divers. Les principales difficultés
techniques ont porté sur
les fondations sableuses de bord
de mer, l’exiguïté du chantier et
le délai court (vingt mois en tout).
1716
10. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Défis
Une nouvelle vie
pour les
terres polluées
Quarante millions de tonnes, c’est le volume
de terres que les projets du Grand Paris vont
déplacer. Derrière ce défi logistique hors du
commun s’en profile un autre, bien plus
épineux :« Environ20 %decesmatériauxsont
pollués,soitpardespolluantsnaturelscomme
la fraction soluble, les sulfates, les chlorures
ou les métaux, soit par des polluants issus
d’activités industrielles comme les métaux
ou les hydrocarbonés », explique Jean-Marc
Chardon,directeurd’ExtractEcoterres,filiale
deVINCI ConstructionFrance.D’unpoidsqui
pourraitatteindrehuit millionsdetonnes,ces
terres polluées doivent être impérativement
traitées, sur place ou ailleurs. Paris n’est pas
une exception. « Partout, l’activité de
dépollutionprenddel’ampleur,expliqueJean-
Daniel Vilomet, directeur France de Sol
Environment. Les friches industrielles
deviennentintéressantesdufaitdelapression
immobilière au centre des villes ou de
l’étalement urbain qui rapproche les zones
habitées d’anciennes usines. »
Une demande
en croissance exponentielle
Dépolluer va devenir une nécessité
grandissantesousl’effetdedeuxdynamiques
puissantesetdurables.D’uncôté,l’étalement
urbain atteint ses limites, poussant
désormaisàconstruirelavillesur– etsous –
la ville, et donc à valoriser, par exemple, les
friches industrielles. De l’autre, le souci
de préserver l’environnement et de protéger
la santé des habitants devient une
Quand des activités cessent ou
déménagent, les sols peuvent en garder
la trace. Pour préparer ces derniers
à d’autres usages, il est désormais
indispensable de les dépolluer.
Une expertise complexe, mais d’autant
plus recherchée que la pression foncière
est forte et les friches industrielles
nombreuses. Les espaces à revitaliser
se trouvent en effet partout : dans
les villes, mais aussi dans les anciennes
zones d’activités et même dans
les ports ! Pour transformer ce défi
technique en opportunité majeure,
il faut pouvoir comprendre les besoins
des maîtres d’ouvrage et proposer
des solutions globales, fiables
et à un coût compétitif.
Jean-Daniel Vilomet
Directeur France de Sol Environment
+ d’efficacité
Extract Ecoterres a été chargé de travaux de terrassement,
d’évacuation de terres et de dépollution à Saint-Ouen (93) :
16 000 m³ ont été utilisés pour le remblaiement,
13 300 tonnes de terres polluées ont été évacuées par voie
fluviale et 68 400 tonnes envoyées dans des filières régionales.
+ de sécurité
Au Qatar, Sol Environment a sécurisé la construction
d’une station de métro située à 35 mètres d’un dépôt
d’hydrocarbures. La zone a été mise en surventilation,
les pelles mécaniques ont été équipées de systèmes
antidéflagrants, et les salariés formés et équipés
de détecteurs.
+ de valorisation
EMCC a dragué 40 000 m³ de sédiments à Port-
Camargue (30) : 25 000 m³ ont été revalorisés
et 3 000 m³ réutilisés dans le domaine portuaire (chemins
piétonniers),1 000 m³ décontaminés sur barge, puis
redéposés au fond du port et 2 000 m³ seulement,
provenant des zones techniques, envoyés en centre
d’enfouissement.
+ d’innovation
Dans le département de l’Isère, c’est à une véritable
première mondiale que se sont livrées les équipes
de Sol Environment. Elles ont mis en œuvre une solution
inédite de stabilisation par soil mixing, aboutissant
notamment à une réduction sensible de la contamination
des eaux souterraines en aval de l’ancienne décharge
industrielle sur laquelle elles interviennent depuis fin 2015.
« Les friches
industrielles deviennent
intéressantes du fait de
la pression immobilière
au centre des villes
ou de l’étalement urbain
qui rapproche les zones
habitées d’anciennes
usines. »
1918
11. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Défis
préoccupation croissante. Cela se
traduitparunrenforcementdelalégislation,
enparticuliersurl’eau,etlegeldelacréation
de nouveaux centres d’enfouissement, les
“décharges” d’autrefois.
Cesdeuxdynamiquesserenforcentmutuel-
lement et favorisent une multiplication des
opérations de dépollution des sols dans tous
les espaces où se déroulent des activités
humaines, y compris… au fond des ports,
égalementtouchéspardespolluants (hydro-
carbures, plastiques).
Adapter les solutions
à la diversité des situations
Diversitédeslieuxàdépolluer,despolluants,
des types de travaux prévus en aval, de la
nature finale des ouvrages, etc., à toutes ces
données à prendre en compte s’ajoutent les
contraintes opérationnelles et financières
pesant sur les projets. Tous ces paramètres
influentsurlechoixdestechniquesàmettre
en œuvre, mais aussi sur l’organisation des
opérations. Selon le degré d’urgence du
maîtred’ouvrageetl’espacedisponible,elles
peuvent se dérouler soit in situ, soit hors
site. Dans ce cas, les terres envoyées sur des
plates-formes extérieures y sont traitées
puis valorisées pour être de nouveaux uti-
lisables. Pour satisfaire cette large palette
de demandes, VINCI Construction dispose
en son sein d’autant d’expertises. Extract
Ecoterres gère ainsi l’extraction, le traite-
mentet la gestion de terres, de boues et de
sédiments contaminés du fait d’une activité
industrielle, urbaine ou naturelle. Outre sa
plate-forme de traitement de Bruyères-sur-
Oise (95), en région parisienne, capable
d’accueillir 230 000 tonnes par an pour les
traiter puis les diriger sur des filières de
valorisation, elle peut mettre en action huit
unités mobiles capables de traiter de 200 à
500 m³ par jour. Filiale de Menard (Sole-
tancheFreyssinet), Sol Environment s’est
spécialisée dans la protection des nappes
phréatiques et la réhabilitation des sites
pollués. Navarra Terrassements Spéciaux,
filiale de VINCI Construction Terrassement,
intervientnonseulementdansladépollution
industrielle,maisaussipyrotechnique (essen-
tiellementdesmunitionsetexplosifsutilisés
lorsdeconflits)ainsiquedansladémolition.
Enfin,EMCC,spécialistedestravauxfluviaux
et maritimes, s’est fait une spécialité du
traitement des boues de dragage.
Faciliter les travaux en aval
Cette diversité d’expertises permet de
répondre à des besoins rarement anticipés.
Les spécialistes de la dépollution des sols
jouent alors un rôle de conseil qui facilite le
bon déroulement de l’ensemble des opéra-
tions. « Nous savons identifier la pollution,
laminimiser,capterdirectementlesdéchets,
concevoir un plan de gestion pour garder
desterressurplaceetainsiréduirelesquan-
tités à évacuer, optimiser le terrassement,
et trouver les filières pour traiter les maté-
riaux », rappelle ainsi Pierre Bibonne,
directeur de Navarra TS. Reconnue pour sa
capacité d’innovation, Navarra TS est ainsi
la première entreprise du secteur à avoir
développé un traitement pour dépolluer les
terres contenant des explosifs nitratés,
utilisés dans les travaux de génie civil.
Si le traitement in situ offre de nombreux
avantages, le transfert des terres polluées
vers une plate-forme extérieure est la solu-
tion la plus souvent retenue. Cette tendance
est d’ailleurs favorisée par l’évolution des
pratiques, y compris les plus ancrées. « Le
rejet des sédiments en haute mer, ce qu’on
appelle le “clapage”, est aujourd’hui forte-
ment critiqué et va finir par disparaître »,
indique Thierry Morel à titre d’exemple. Il
s’agit là d’une opportunité pour le Groupe.
« La priorité donnée aux traitements hors
site favorise les acteurs capables d’aider les
maîtres d’ouvrage à gérer au mieux leur
chantier,souligneJean-MarcChardon.Notre
expertise les aide à réaliser un bon terras-
sement et une bonne exécution du plan de
mouvement des terres. » Le traitement hors
site avantage aussi les acteurs disposant
d’installations spécifiques, explique
Pierre Bibonne : « Les plates-formes de tri
et les filières de valorisation en sont encore
au stade embryonnaire en France, alors que
le Groupe maîtrise tous ces éléments. »
Reste à relever un enjeu, celui de la
proximité. Compte tenu des volumes, le coût
du transport doit rester raisonnable pour
préserver la cohérence économique du
traitementhorssitedesterrespolluées.Avec
la plate-forme de Bruyères-sur-Oise
d’Extract Ecoterres, le Groupe dispose déjà
d’un atout de taille. « Le Grand Paris offre
troissériesd’opportunitésdansletraitement
des eaux, la dépollution des terrains et la
gestion des déblais où nous pouvons faire
ladifférencegrâceànotreconnaissancedes
filières », estime Jean-Daniel Vilomet.
« Savoir proposer
une solution alternative »
« Depuis fin 2015, Sol Environment a pris
en charge, près de Grenoble, une ancienne
décharge de produits organiques chlorés
afin d’en réduire l’impact sur les eaux
souterraines. Nous sommes satisfaits
à plusieurs titres. D’abord, parce que
Sol Environment a mis en œuvre une
solution de stabilisation-solidification in situ
qui est une première mondiale. Ensuite,
parce que ses équipes ont su proposer
une solution alternative pour remplacer
l’une des techniques initiales, qui s’était
révélée impraticable. La qualité des travaux
ainsi que leur capacité d’écoute ont aussi
été déterminantes. »
Mathias Broquaire
Expert hydrogéologue chez Solvay
01 03
02
01 Plate-forme de Bruyères-sur-
Oise (95). Traitement des terrains
pollués en amont, avant un projet
de développement ferroviaire.
02 Gare de Bordeaux Saint-Jean.
L’extension des zones urbaines
rend nécessaire la valorisation
d’anciennes friches industrielles.
03 Dugny-La Courneuve (93).
Dépollution des sols avant
la future urbanisation du site.
2120
12. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Escale
en
Amérique
latine
Escale
Mexico.
23
13. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Escale
La mobilité,
grand défi de
l’Amérique latine
De la forêt tropicale colombienne aux
sommets enneigés de la Patagonie, la région
offre une grande diversité d’espaces natu-
rels. De Bogotá à Santiago du Chili, un point
commun caractérise pourtant l’ensemble
des pays de cette zone géographique : ce
continent est le plus urbanisé de la planète.
Sa population réside à 80 % dans les villes,
où l’émergence des classes moyennes
s’accélère. Problème : sous-dimensionnées,
les infrastructures ne permettent pas de
faire face à l’explosion de la mobilité urbaine
et des déplacements interurbains, freinant
les flux de voyageurs et de marchandises.
À Lima, il faut plus de deux heures pour
traverser la ville en voiture aux heures de
pointe. Au Chili, sur un réseau routier de
90 000 kilomètres, seul un quart des routes
sont goudronnées, laissant de vastes zones
isolées. Le relief accidenté de l’Amérique
latine complique les choses. En Colombie,
oùlacordillèredesAndesoccupelamajeure
partie du pays, transporter un conteneur
d’un port vers une ville peut coûter aussi
cher que de le convoyer depuis l’Asie.
L’Amérique latine a donc un besoin urgent
de nouvelles infrastructures pour désencla-
ver son immense territoire de 20 millions
de km² et décongestionner les réseaux de
transport existants.
Contribuer
au développement régional
L’apport des réseaux de transport ne condi-
tionne pas uniquement le bien-être de
millions d’habitants, mais aussi l’efficacité
logistique, le coût du fret et le dynamisme
des économies locales. Conscients des défis
qu’ils doivent relever, les gouvernements se
dotent progressivement de politiques de
transport et de mobilité à la mesure de ces
enjeux.
Accompagner les pays latino-américains
dans la mise en œuvre de leurs infrastruc-
tures est une démarche continuelle et
prioritaire pour VINCI Construction. Le
minéroduc péruvien d’Antamina et l’auto-
route chilienne Chillán-Collipulli sont deux
exemples de grands projets déjà menés par
VINCI Construction sur le continent afin de
favoriser le déploiement des réseaux de
transport adaptés àlamontée des échanges
commerciauxetdelamobilitéinterurbaine.
Pour répondre à la forte croissance du fret
et des flux maritimes, ce dernier est égale-
ment intervenu sur différents projets
En Amérique latine, développer
les infrastructures de transport est
un enjeu majeur pour accompagner
l’explosion des mobilités urbaine et
interurbaine. Portés par une économie
à la recherche de nouvelles dynamiques,
de grands projets de métros, d’autoroutes,
d’aéroports et d’infrastructures
portuaires voient le jour dans les pays
de l’Alliance du Pacifique (Chili, Colombie,
Mexique et Pérou). Ces marchés
ouvrent de nouveaux horizons aux
concessionnaires et aux constructeurs.
d’infrastructuresportuaires,parmilesquels
ceux de Bahía Blanca (Argentine), de
Montevideo (Uruguay), de Puerto Brisa et
de Puerto Bahía (Colombie). Fort de son
savoir-faire en génie parasismique,
VINCI Construction déploie dans cette zone
où l’aléa sismique est élevé des techniques
de pointe pour prévenir efficacement les
effetsdévastateursdestremblementsdeterre
sur les structures. À travers les filiales
spécialisées de Soletanche Freyssinet,
VINCI Constructiondisposedepuisplusieurs
décenniesdenombreusesimplantationsdans
la région, notamment en Amérique centrale
avec ses filiales mexicaines Cimesa et
FreyssinetdeMéxicoetlesentitésdeRodio-
Swissboring. Dans le reste de l’Amérique
latine,SoletancheBachyestbienancréloca-
lementavecdesfilialesauChili,enColombie,
en Argentine et, récemment, au Pérou.
VINCI Construction
en Amérique latine en 2015
45Business Units
5 %de l’activité de
VINCI Construction
724,55millions d’euros
de chiffre d’affaires
Partenariats en Colombie,
au Chili et au Pérou
Cette progression va à contre-courant du
ralentissementdelacroissanceenAmérique
latine depuis 2011, consécutif à la chute du
prix des matières premières. « À l’écoute du
marché, nous parvenons à nous développer
durablement sur plusieurs zones dyna-
miques grâce à une approche sélective et
rigoureuse », explique Jean-Luc Audureau,
directeurdesecteurchezVINCI Construction
Grands Projets.
Depuis quatre ans, trois États de la façade
Pacifique entraînent l’économie régionale,
en mettant l’accent sur la mobilité comme
moteur de leur essor : la Colombie, le Chili
et le Pérou. En 2016, ce dernier a bénéficié
d’une croissance de 3,9 %, suivi par la
Colombie (+ 2 %) et le Chili (+ 1,6 %), alors
que l’économie sud-américaine se
L’Amérique latine en chiffres
Nombre de pays
20 pays
Superficie
20 010 636 km2
Carte d’identité
Démographie
608 200 000habitants, dont :
Mexique
119 500 000habitants
Colombie
48 500 000habitants
Chili
16 600 000habitants
Pérou
31 500 000habitants
2524
14. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
02 03
04
contractait de 0,9 %. L’année 2017
devrait confirmer leur expansion modérée.
En dépit de la chute des investissements
dans le secteur minier, source majeure de
revenus, ces pays intensifient leurs efforts
de remise à niveau et de développement des
infrastructures de transport, adossés à un
cadre réglementaire stable et à un climat
des affaires favorable. « Notre démarche
vise à satisfaire leurs besoins en apportant
de l’ingénierie via des concessions, mais
aussi à intervenir directement sur place
auprès de clients privés comme opérateur
intégré, en entreprise générale, en se
différenciant par l’ingénierie, la méthode
et l’exigence technique des projets face
à la concurrence locale », détaille Jean-
Luc Audureau.
La Colombie offre le plus gros potentiel de
réalisation d’infrastructures de transport
dans les dix ans à venir. Le marché local du
BTP compte parmi les plus dynamiques du
continentsud-américain,avecuneprévision
de croissance moyenne de 5 % en volume
au cours des dix ans à venir. Le pays profite
également d’un climat favorable grâce à la
mise en place du processus de paix avec les
Farc. Largement insuffisantes, les infra
structures routières interurbaines sont en
pleine expansion. Les autorités souhaitent
désenclaver les différentes provinces, sépa-
réesparlereliefmontagneuxdelacordillère
des Andes. Pour cela, la Colombie a créé une
Agence nationale des infrastructures et
lancé un vaste plan de construction
d’autoroutes et d’infrastructures asso-
ciées (tunnels, viaducs, etc.) dites “de
quatrième génération”, dans le cadre de
concessions routières.
Progression des concessions
autoroutières
VINCI Construction contribue à ce renou-
veau routier du pays et prend part depuis
deux ans aux appels d’offres, en synergie
avec VINCI Concessions, sponsor de l’Année
France-Colombie 2017, dont la filiale
VINCI Highways a remporté, en août 2016,
son premier grand contrat, en partenariat
public-privé (PPP) : l’exploitation de l’auto-
route à péage reliant Bogotá à la ville de
Girardot, en partenariat avec Constructora
Conconcreto.VINCI Construction,etnotam-
ment VINCI Construction Grands Projets et
VINCI ConstructionTerrassement,participe
à l’élargissement et à la réhabilitation de
l’ouvrage. « Nous regardons également
ensemble des projets de rachat de conces-
sions et de mise à niveau d’autoroutes »,
indique Jean-Luc Audureau. Autre secteur
en pointe, celui des transports urbains. À
Escale
L’Amérique latine en 6 dates clés
1958
Cuba
Livraison
du tunnel de la baie
de La Havane.
1988
Mexique
Livraison
du pont
de Tampico.
2002
Chili
Livraison
de l’autoroute
Chillán–Collipulli.
2008
Panamá
Réhabilitation
intégrale du
pont des Amériques.
2015
Uruguay
Livraison du terminal
Muelle C, port
de Montevideo.
Quelques réalisations emblématiques de VINCI Construction en Amérique latine
Bogotá, une ligne de métro de 16 kilomètres
de long, destinée à désengorger le trafic
urbain de la capitale, est dans les cartons
depuis des années. L’appel d’offres pourrait
enfin être bientôt lancé.
Les concessions d’autoroutes ouvrent de
nouvelles perspectives bien au-delà de la
Colombie. Champion de la croissance sur
le continent depuis dix ans et faiblement
endetté, le Pérou est bien décidé à rattraper
son retard en infrastructures de transport
en tirant parti de ce modèle de dévelop
pement. VINCI Highways vient d’apporter,
fin 2016, son expertise au pays sur
l’ensemble de la chaîne de valeur de cette
activité avec l’acquisition de LAMSAC,
exploitant d’une voie express à Lima.
VINCI Construction Grands Projets en
achève la construction en partenariat avec
Graña y Montero, leader péruvien du BTP.
« Avec ce projet, nos entités de
1949
Brésil
Livraison
du pont de Galion,
à Rio de Janeiro.
Amérique centrale
L’énergie
se renforce
au Mexique
Le marché mexicain de l’Oil Gas
s’est ouvert aux acteurs privés. La fin
du monopole d’État se traduit par
une modernisation des installations.
Spécialiste des infrastructures clés
en main dans l’énergie, Entrepose Group
accompagne cette demande par une offre
“packagée” et multimétier. Ses filiales
Entrepose Contracting et Geostock vont
livrer d’ici l’automne le projet clés en main
de Shalapa, dans l’État de Veracruz.
Il comprend l’aménagement des
stockages souterrains de gaz de pétrole
liquéfié, la construction des installations
de surface associées ainsi que
l’exploitation du site sur vingt ans.
« Nous avons aussi créé une filiale locale
pour mieux répondre aux nouveaux
besoins », explique Daniel Vadon,
directeur général adjoint des Opérations
d’Entrepose Contracting.
01 Au Mexique, les infrastructures routières
sont à l’échelle des territoires.
02 L’éco-transport devient une priorité
pour favoriser une mobilité durable.
Ici, le système de partage de bicyclettes
EcoBici, lancé dans la ville de Mexico
en 2010.
03 Le terminal Cuenca del Plata est un
terminal spécialisé, adapté à des navires
porte-conteneurs de grande taille. Il se situe
dans le port de Montevideo en Uruguay.
04 80 % de la population d’Amérique latine
réside dans les villes, comme ici à Santiago
du Chili.
01
2726
15. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Escale
Colombie
Un premier pas
vers l’ancrage local
En juillet 2015, un partenariat stratégique
a été noué avec Constructora Conconcreto,
deuxième groupe colombien de construction
et de promotion immobilière, avec un chiffre
d’affaires de 397 millions d’euros en 2015.
Le partenariat s’est traduit par l’acquisition
de 20 % de l’entreprise, dans le cadre d’une
augmentation de capital réservée. Il prend
la forme d’un accord de coopération sur
les futurs grands projets d’infrastructures
du pays. « Cette alliance illustre la stratégie
de développement lancée en 2014 par
le Groupe dans les pays d’Amérique latine
à fort potentiel de croissance, explique
Jean-Luc Audureau, directeur de secteur
chez VINCI Construction Grands Projets.
Nous nous associons progressivement
à des acteurs régionaux, avec l’ambition de
leur apporter des expertises et des moyens
complémentaires, pour participer ensemble
à des projets d’envergure. » Premier fruit
de ce rapprochement, Constructora
Conconcreto et VINCI ont décroché en
consortium la concession de l’autoroute
Bogotá-Girardot, un contrat estimé
à 1,3 milliard d’euros. Leurs équipes
se positionnent sur d’autres grands projets
colombiens d’infrastructures de transport,
comme les métros de Bogotá et de Medellín.
03
contracting reprennent pied dans une
région que nous avions quittée il y a dix ans,
souligne Pierre Guiot du Doignon, directeur
delazoneIbéro-AmériqueschezSoletanche
Freyssinet. Cette nouvelle collaboration va
permettre de désengorger le centre-ville. »
Dans la capitale, Soletanche Bachy participe
actuellement aux travaux spéciaux sur
12 stations de la ligne 2 du métro, en cours
deconstruction,toujoursauxcôtésdeGraña
y Montero. Un appel d’offres international
portant sur la réalisation et la concession
de la ligne 3 du métro automatique de Lima
devrait être lancé prochainement.
Au Chili, la configuration est différente. Avec
5 338 kilomètres de long et un PIB par
habitant de 15 200 dollars, le pays est à la
fois le plus étendu et le plus riche de ceux
de l’Alliance du Pacifique. C’est aussi le plus
développé en termes d’infrastructures,
confiées dès les années 1980 à des opéra-
teursprivés.L’obtention,en2015,dumarché
d’exploitation et d’extension de l’aéroport
de Santiago du Chili a marqué le grand
retour de VINCI Construction dans le
secteur des infrastructures de transport.
« Améliorer l’accessibilité du territoire
chilien est devenu prioritaire pour le pays,
explique Matias Vergara, directeur du
développement Amérique latine chez
VINCI Construction Grands Projets. Dans
ce cadre, nous participons au renouvel
lement des concessions autoroutières et
nous nous positionnons sur les besoins en
projets urbains complémentaires, comme
les autoroutes souterraines et de nouvelles
lignes de métro. Nous regardons aussi des
projets de contournements routiers et
d’autoroutes de liaison au niveau des
grandes métropoles régionales. » En
janvier 2017, VINCI Construction s’est porté
candidat aux côtés de VINCI Highways pour
la prolongation souterraine sur cinq kilo-
mètres de l’autoroute Americo Vespucio,
destinée à boucler le grand périphérique de
Santiago du Chili.
Cap sur la croissance externe
En Colombie, au Pérou et au Chili,
VINCI Construction poursuit sa stratégie
d’implantationens’appuyantsurlaprésence
d’équipes locales. « L’enracinement ancien
de nos filiales spécialisées dans les techno-
logies des sols et les structures nous permet
d’être un interlocuteur de choix et d’avoir
une très bonne connaissance de ces
marchés », explique Salvador Lorente,
directeur opérationnel Amériques chez
VINCI Construction International Network.
VINCI Construction bénéficie des compé-
tences de plusieurs centaines de collabora-
teurs recrutés et formés sur place. L’ancrage
dans ces territoires s’inscrit dans une
démarche de long terme, avec un transfert
accru des savoir-faire, notamment via la
mise en place de parcours qualifiants régio-
naux. « Nous cherchons désormais à renfor-
cer ce socle dans chaque pays, en prenant
des participations majoritaires dans des
entreprises généralistes locales, reconnues
et performantes. » La première acquisition
devrait intervenir d’ici la fin de l’année 2017.
01 02
02 Pérou. La Línea Amarilla permettra
de réduire l’engorgement
de la circulation à Lima.
02 Argentine. La croissance du fret
multiplie les projets d’infrastructures
portuaires. Ici, la jetée Guillermo Brown
à Bahía Blanca.
03 Colombie. Le tunnel sur l’autoroute
Bogotà-Girardot est d’une longueur
de 4,5 kilomètres.
Salvador Lorente
Directeur opérationnel Amériques
chez VINCI Construction International Network
« Nous cherchons
à prendre des
participations
majoritaires dans
des entreprises locales
performantes. »
2928
16. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Paroles d’expert
Matias Vergara,
directeur du développement
Amérique latine chez
VINCI Construction Grands Projets.
2009 Matias Vergara obtient
un MBA de la Paul Merage
School of Business (University
of California, Irvine).
2011 Il prend la direction
de la société concessionnaire
chilienne Ruta del Canal
et du développement
stratégique du constructeur CVV.
2014 Il rejoint VINCI Construction
Grands Projets.
« Je pilote depuis trois ans la stratégie de
développementlancéeparVINCI Construction
Grands Projets en Amérique latine. Nous
rayonnons sur la région à partir de notre
agence chilienne, avec le soutien de la
direction Ingénierie et Moyens techniques.
La concurrence est forte. Elle nous conduit
à privilégier une stratégie de dévelop
pement spécifique, unique dans le secteur
du BTP sur le continent. Nous tablons sur
notre valeur ajoutée. Cette démarche
consiste à se positionner le plus en amont
possible des projets : nous cultivons la
relation commerciale, détectons une oppor-
tunité de création de valeur pour le client
et proposons à ce dernier une mission ou
une étude pour la faire fructifier. Nous
misons aussi sur les projets de design
préliminaires, de type Early Contractor
Involvement, pour démontrer la qualité
de notre savoir-faire et de notre accompa-
gnement. Enfin, nous nous appuyons sur
des partenaires stratégiques, comme
VINCI Concessions dans les infrastructures
de transport. Cette stratégie prend du
temps, mais elle permet de se différencier
et de nouer des liens solides sur la durée
avec les grands clients privés, pour rem-
porter de grands projets à forte exigence
technique. Par ailleurs, les grands ouvrages
que nous réalisons actuellement dans la
région constituent des références solides
pour notre développement futur. »
« Se donner les
moyens d’une
implantation solide
et pérenne. »
Luis Rojas Nieto,
directeur général de Freyssinet
de México
1966 Freyssinet s’implante
au Mexique.
1987 Luis Rojas Nieto rejoint
Freyssinet de México comme
ingénieur d’études.
1999 Tierra Armada de México,
spécialiste des murs en sol
renforcé, intègre Freyssinet
de México.
2007 Luis Rojas Nieto devient
directeur général de Freyssinet
de México.
« Freyssinet est implanté au Mexique
depuis cinquante et un ans. En 2015, notre
filiale représentait 13 % de l’activité de
VINCI ConstructionenAmériquelatine,avec
un chiffre d’affaires de 93 millions d’euros.
Nous disposons de quatre directions régio-
nales, implantées à Mexico, Monterrey dans
lenord-est,Guadalajaraprèsdelacôteouest,
et Villahermosa, au sud du pays. Nous
proposons l’ensemble des techniques de
construction et de réparation d’ouvrages et
d’infrastructures, la précontrainte, le hauba-
nage ou les structures à câbles. La construc-
tion,laréparationcomplèteetlerenforcement
de structures de pont constituent une part
importantedenotreactivité.Nousavonsdéjà
construitprèsde100 pontsdanslepays,eten
avons réparé plus de 4 000. Ainsi, nous avons
achevé en 2015 la reconstruction des ponts
deCoyuca (avecCimesa)etd’El Cuajilote (État
deGuerrero)ainsiquelaconstructiondupont
deTetiteco (ÉtatdeNayarit).Nouspoursuivons
laconstructiond’unpontlancépartravéesde
50 mètresdelongchacune,pourunelongueur
totalede425 mètres,etd’unpontenencorbel
lement sur l’autoroute Toluca-Naucalpan.
L’année2016aétémarquéeparunechutedes
investissements publics et des projets dans
les infrastructures de transport routier, au
profitdegrandsouvragesstructurantscomme
lenouvelaéroportdeMexicooulavoieferrée
Mexico-Toluca. Dans ce contexte, la montée
en puissance récente des partenariats
public-privé (PPP),lesasociacionespúblico-pri-
vadas (APP),nousouvredenouveauxmarchés
avecdegrandsclientsprivés.Ilresteàconcré-
tiser ces opportunités. »
« Nous misons
sur les partenariats
public-privé. »
3130
17. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Zoom projets
Colombie
Réalisation de nouveaux
terminaux portuaires
Panamá
Construction d’un troisième
pont sur le canal de Panamá
La ville de Buenaventura abrite le port
industriel le plus important de Colombie.
Situé sur la côte Pacifique, il occupe une
position stratégique pour les échanges
maritimes du pays. En 2014, la Sociedad
Puerto Industrial Aguadulce (SPIA) a lancé
la construction d’un nouveau terminal à
conteneurs de grande capacité, entière-
ment gagné sur la mer. SPIA a confié sa
conception et sa réalisation à Soletanche
Bachy Cimas et à Soletanche Bachy
International, en groupement avec le
colombien Constructora Conconcreto.
Livré en 2016 avec un mois d’avance, le
projet a consisté à construire sur la pénin-
sule d’Aguadulce un quai de 600 mètres
de long et 45,60 mètres de large, une
passerelle d’accès de 165 mètres de long
et 14 mètres de large, ainsi qu’une plate-
forme de transition de 832 m² destinée au
transbordement et au stockage des conte-
neurs. L’infrastructure est fondée sur
546 pieux métalliques vibrés et battus de
15 à 51 mètres de long, ancrés de 10 à
20 mètres dans le sol. « Le chantier a été
mené dans un temps record, en moins de
deux ans, souligne Pierre Guiot du Doignon,
directeur de la zone Ibéro-Amériques chez
Soletanche Freyssinet. Nous avons tenu ce
délai en minimisant les opérations de
coulage in situ par la préfabrication. »
Innovation majeure sur ce type d’ouvrage,
les 546 têtes de pieux ont toutes été préfa-
briquées, de même que les 621 poutres, les
1 621 prédalles et les 41 supports de
défense. Cette approche a également
permis d’alléger la structure, donc de
L’Autorité du canal de Panamá a confié, fin
2012, à VINCI Construction Grands Projets
la construction du pont de l’Atlantique.
L’ouvrage enjambera le canal à trois kilo-
mètresaunorddesnouvelleséclusesd’Agua
Clara,prèsdelavilledeColón.Cepontroutier
permettraauxvéhiculesdetraverserlecanal
de Panamá en permanence côté Atlantique,
indépendamment du fonctionnement des
écluses.
Lecontratportesurlaréalisationd’unpontà
haubans de 2x2 voies de circulation d’une
longueur de 1 050 mètres, en béton armé et
soutenu par des câbles. Sur cette opération,
Freyssinet est en charge de la conception, de
la fourniture et de l’installation de la pré
contrainte,ainsiquedusystèmedehaubans.
La travée centrale du pont de l’Atlantique a
une portée de 530 mètres. Il s’agit d’une
longueur record pour un pont haubané en
bétondanslemonde.Avecdespylônesd’une
hauteur de 212,5 mètres et un tirant d’air
d’une hauteur de 75 mètres au-dessus du
niveau de la mer, il permettra le passage
de porte-conteneurs géants de type “Post-
Panamax”. Le projet comprend également la
construction de deux viaducs d’accès d’une
longueur totale de 2 031 mètres et de deux
routesdeconnexionauréseauexistant,àl’est
et à l’ouest du pont principal. Le chantier a
commencé en mai 2013. Les méthodes de
constructiondupontontétéconçuespourne
jamaisinterrompreletraficdesporte-conte-
neurs sur le canal, une ressource essentielle
du pays. Le tablier en béton est coulé direc-
tementenplace.Lespremièresopérationsde
vérinageetdeclavageontdébutél’étédernier.
Les travaux seront achevés début 2019. Ce
contrat marque ainsi le retour historique de
VINCI Construction sur le site du canal de
Panamá,aprèsleremplacementen2009des
suspentes d’origine du pont des Amériques.
3 000mètres de longueur totale.
330millions d’euros de contrat.
Zérointerruption de navigation.
650personnes mobilisées
sur le chantier.
100 %de la main-d’œuvre non qualifiée
issue de la communauté locale.
2ans de travaux.
garantir une meilleure résistance aux
séismes. La construction pour Boscoal d’un
second quai de 250 mètres de long, destiné
aux vracs solides, mobilise actuellement
sur place les équipes de Soletanche Bachy
et de Menard.
+ de
3332
18. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Chili
Extension de l’aéroport
de Santiago du Chili
Avec un trafic de 19 millions de passagers
en 2016 et une croissance moyenne de 10 %
par an, l’aéroport international Arturo-
Merino-Benítez de Santiago du Chili est l’un
des plus dynamiques d’Amérique latine. En
2015, le Groupe ADP (45 %), VINCI Airports
(40 %) et la société italienne Astaldi (15 %)
ont remporté en consortium la concession
sur vingt ans de ce hub régional auprès du
gouvernement chilien. La société conces-
sionnaire Nuevo Pudahuel s’est engagée
dans un programme ambitieux de rénova-
tion et d’extension de la plate-forme
aéroportuaire. À l’horizon 2020, la capacité
des installations sera doublée et portée à
30 millions de passagers.
VINCI Construction Grands Projets pilote
en groupement avec Astaldi la conception-
construction de ces travaux. Le projet
comprend un nouveau terminal interna
tional et la rénovation du terminal actuel,
mais aussi 550 000 m² de taxiways et voies
de circulation,et 185 000 m² de parkings.
Lancé en avril 2015, le design des infras
tructures côté piste a été livré en six mois.
Démarré en novembre 2016, le chantier est
actuellement le plus gros bâtiment en
construction du groupe VINCI à l’export.
« La planification des travaux s’effectue en
coordinationconstanteavectouslesacteurs
de la plate-forme aéroportuaire, indique
Gilles Rolland, directeur de projet du grou-
pementconstructeur.Cephasageestcrucial
puisque le chantier doit se dérouler sans
affecter l’activité de l’aéroport. » Les deux
premières jetées du nouveau terminal 2
seront livrées en 2019. Sur place, plus de
200 collaborateurs supervisent la concep-
tionetlestravaux.« Nousréalisonsendirect
400 000 m³ de structures en béton. Le reste
des travaux est confié à une cinquantaine
de sous-traitants. » Les sept nouveaux bâti-
ments seront fournis entièrement équipés.
900millions d’euros de travaux.
340 000m2
de plancher.
48mois de travaux.
Zoom projets
Colombie
Élargissement de
l’autoroute Bogotá-Girardot
L’autoroute à péage qui relie la capitale
Bogotá à la ville de Girardot est l’axe
routier le plus fréquenté de Colombie.
VINCI Construction Grand Projets et
VINCI Construction Terrassement vont
participer à son réaménagement, au sein
d’un groupement piloté par leur partenaire
colombien Constructora Conconcreto. Ce
chantier est l’un des volets du contrat
accordé mi-2016 par l’Agence nationale
pour l’infrastructure (ANI) de Colombie à
VINCI Highways, qui a repris en concession
avec Constructora Conconcreto l’exploita-
tion des 141 kilomètres d’autoroute. Il s’agit
555millions d’euros
de conception-construction.
10,6 %du budget en travaux
de soutènement.
5ans de travaux.
d’uncontratdepartenariatpublic-privé (PPP)
d’une durée de trente ans. Le projet porte
sur la construction d’une troisième voie de
65 kilomètres, la réfection des chaussées
existantes et la réhabilitation de l’ensemble
de l’ouvrage. Ce dernier comprend deux
échangeurs, un tunnel de 4,2 kilomètres,
17 ponts, 34 passerelles, quatre viaducs et
deux centres d’exploitation. Quatre tunnels
bidirectionnels de 2 kilomètres seront éga-
lement construits.
« Notre savoir-faire en géotechnique et en
valorisationdesremblaisetdesdéblaisafait
la différence, souligne Bruno Bernet, direc-
teurdéléguéInternationaletOutre-merchez
VINCI ConstructionTerrassement.Ledesign
del’appeld’offresprivilégiaitlesoutènement
parclousdestalusduparcours.Nousavons
proposédestechniquesdeconfortementqui
prennentencomptelasingularitédechaque
terrain :couchesmeubles,inclusionsd’argile,
talus gréseux, etc. Nous avons également
proposéunevalorisationmaximaledesmou-
vements de terre et de drainage des sous-
sols. Ces optimisations ont permis d’amé-
liorerleprojetdebasetoutenrendantl’offre
compétitive. » L’acquisition des données
géographiquesetgéotechniquesestencours.
La construction débutera en 2018, après la
finalisation des achats fonciers, l’obtention
des autorisations environnementales et la
déviation des réseaux.
3534
19. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
How
Il n’y a pas que l’art, il y a aussi la manière.
Nous mettons en œuvre chaque jour des méthodes inédites
et des solutions technologiques sur mesure (outils, matériaux,
techniques, procédés, etc.) au service de la performance économique,
sociale et environnementale de nos projets.
Zoom projets
Pérou
Renforcement de la voie
Línea Amarilla à Lima
À Lima, les embouteillages font partie du
quotidien. La nouvelle voie express Línea
Amarilladoitdécongestionnerlacirculation
surlaVíadeEvitamiento,périphériquesaturé
aux heures de pointe. VINCI Construction
Grands Projets participe à la construction
de cette autoroute à péage. Le projet s’ins-
crit dans le cadre de l’acquisition de la
société LAMSAC par VINCI Highways en
décembre 2016. Concessionnaire de la
Línea Amarilla jusqu’en 2049, LAMSAC
exploite déjà 16 kilomètres ouverts à la
circulation. VINCI Construction Grands
Projets est chargée de la fin des travaux en
groupement avec l’entreprise locale Graña
y Montero.
Le chantier consiste à terminer la construc-
tion d’un tronçon de 9,2 kilomètres de long
18ouvrages sur 9 kilomètres de long.
70 %du chantier achevé.
122millions d’euros de travaux.
dans le centre de la capitale péruvienne,
le long du fleuve Rímac. Cette portion
d’autoroute comporte une chaussée de
2x2 voies, 12 viaducs majoritairement
mixtes, un tunnel en tranchée couverte de
1,8 kilomètre de long, un passage inférieur
en tranchée couverte de 106 mètres, le pont
mixte Bella Unión sur le Rímac, trois
péages, des bâtiments administratifs et les
équipements de sécurité et de signalisation.
« L’autoroute suit un canyon profond aux
paroisinstables,explique Yvonnick Levaché,
directeur de projet adjoint. Nous réalisons
en assistance à la maîtrise d’ouvrage du
concessionnaire l’ingénierie complexe de
cinq ouvrages de confortement, avec
parois moulées, pieux et ancrages actifs.
Soletanche Bachy Perú a lancé les travaux
de soutènement. » Autre difficulté, la
présence de favelas à proximité impose
d’infinies précautions pour éviter l’effon-
drement de ces maisons de fortune. Le
phasage rigoureux des travaux est aussi
crucial pour minimiser les perturbations
sur la circulation, optimiser les déviations
de plus de 100 réseaux et tenir le planning.
Une mission de conseil a été confiée
à SIXENSE : état des lieux des ouvrages
existants, plan de maintenance, calcul et
analyse des risques. Le chantier s’achèvera
fin 2017.
3736
20. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Chiffre inédit
– 10 °CC’est la température de
congélation des sols sur le chantier
de la ligne 12 du métro parisien.
Comment creuser et terrasser en profon-
deur dans un terrain instable gorgé d’eau ?
En congelant provisoirement les sols !
Exemple, avec le chantier du prolonge-
ment de la ligne 12 du métro parisien : les
deux futures stations de métro Aimé-
Césaire et Mairie-d’Aubervilliers doivent
être connectées au tunnel existant. Si le
profil des stations est rectangulaire, celui
du tunnel, quant à lui, est cylindrique. Or,
à chaque extrémité des stations, la jonc-
tion avec le tunnel, appelé le “tympan”,
laisse apparaître un sol instable et sous
pression car situé sous une nappe phréa-
tique.Résultat : les risques d’écoulement
d’eau et de sable empêchent d’y couler les
parois formant le tympan. Une seule solu-
tion : solidifier ce sol instable. La tech-
nique consiste à faire circuler un fluide
réfrigérant à – 40 °C dans des tubes dis-
posés autour du tunnel. Au bout de plu-
sieurs semaines, le sol se transforme en
un glaçon d’eau et de sable de 1,25 mètre
d’épaisseur, extrêmement résistant et
maintenu à – 10 °C pendant toute la durée
des travaux.
Une technique qui a déjà fait ses preuves,
notamment sur les chantiers de la
West Island Line, à Hong Kong, en 2011
(Soletanche Bachy)etdutunneld’Hallandsås,
enSuède,en2014-2015 (VINCI Construction
GrandsProjets).LamiseenœuvreenFrance
de cette technique hors du commun dans
le cadre du chantier de la ligne 12 constitue
une belle preuve de l'expertise de
VINCI Construction en matière d’hydro
géologie et de gestion du froid !
3938
21. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Innovation
L’innovation
par tous
et pour tous
Un challenge étudiant
pour les “digital natives”
Depuis 2015, les Prix de l’Innovation se
doublent d’un challenge ouvert aux étu-
diants dans l’esprit des démarches d’open
innovation, c’est-à-dire d’innovations réa-
lisées avec des partenaires extérieurs.
L’objectif premier est de permettre aux
étudiants lauréats d’incuber leur projet au
sein de l’entreprise. VINCI identifie tout
d’abord un enjeu stratégique pour le Groupe
et adresse la problématique aux grandes
écoles françaises et étrangères. En 2015,
année de la COP21, les participants avaient
été invités à participer au Défi Climat 2020
pour trouver des solutions innovantes,
faciles à mettre en œuvre, avec un impact
écologique fort et rapide, pour aider VINCI
à réduire l’empreinte écologique de ses
projets d’ici à 2020.
« À l’ère du digital, à quoi pourrait ressem-
bler la ville de vos rêves ? » est la question
inspirante retenue pour l’édition 2017.
Plusieurs centaines de projets issus de
l’ensemble des métiers de VINCI à travers le
monde concourent tous les deux ans aux
prestigieuxPrixdel’InnovationVINCI.Lamise
en œuvre en France de cette technique hors
du commun dans le cadre du chantier de la
ligne 12 constitue une belle preuve de l'ex-
pertise de VINCI Construction en matière
d’hydrogéologieetdegestiondufroid!Depuis
sa création en 2001, l’engouement pour ce
défi relevable par tous les collaborateurs n’a
cessé de croître. « Le nombre de dossiers
augmente chaque année, indique Maxime
Trocmé, responsable RD Innovation chez
VINCI Construction. Ledépôtdesprojetsest
l’occasion pour chaque collaborateur, quels
que soient sa filiale, son métier ou sa langue
de travail, de reconnaître son appartenance
au groupe VINCI. Les innovations soumises
reflètentlesproblématiquesduquotidienqui
sont souvent résolues sur les chantiers. Les
prix distinguent les concepts les plus
prometteurs et signalent des tendances qui
marqueront les constructions de demain. »
Par ailleurs, les cérémonies de remise des
prix permettent à des collaborateurs
d’horizons très différents de se découvrir et
de mieux connaître toute la diversité des
compétences au sein de l’entreprise.
Créativité et esprit d’initiative
Le concours pour les Prix de l’Innovation
VINCI se déroule en deux temps : en région,
puis à l’échelle du Groupe. Dans un premier
temps, les dossiers sont examinés par un
comitéInnovationrégional.20 %d’entreeux
passentdevantunjuryrégionalquidécerne
entre 12 et 15 prix par région. Une cinquan-
tainedecesprixrégionauxsontensuiteexa-
minés par le jury national, composé du
comitéexécutifetd’institutionspartenaires.
Les prix se déclinent selon des catégories, à
dominante technique, et selon sept
thématiques. « Si les sujets liés à la sécurité
sontetdemeurentaucœurdesinnovations,
les thématiques évoluent avec leur époque
et s’adaptent aux évolutions de l’entreprise,
remarque Maxime Trocmé. De plus en plus
de prix concernent les domaines du marke-
tingetdesservices,ainsiquelemanagement.
L’année2017inaugurelathématique“Trans-
formation digitale” pour susciter des initia-
tives liées à cette forte attente de nos clients
et partenaires. »
Innover, gagner, diffuser
Concrètes et apportant des solutions perti-
nentes, les innovations récompensées se
doivent d’être largement partagées. La caté-
goriedesprixDiffusionrécompenselesstra-
tégies les plus réussies des prix des éditions
précédentesdanscedomaine.Ainsi,l’ancrage
universel One-Shoot®, un outil qui épargne
beaucoup de déplacements et de pénibilité
auxcompagnonsayantbesoind’accéder“de
l’autrecôté”d’unmur,avaitreçulePrixspé-
cialOutilsingénieuxen2013.Systématique-
mentdiffusédanslegroupeVINCI,présenté
àd’autresgroupesdeBTPetlorsd’importants
salonsprofessionnels,ilaégalementrencon-
tré un succès commercial couronné par le
prix Diffusion Rhône-Alpes en 2015.
Prix de l’Innovation
Par leur nombre et leur diversité, les
Prix de l’Innovation révèlent à quel point
l’innovation est au cœur de l’ADN de VINCI.
Ils permettent également d’accompagner
techniquement des projets très en amont et
facilitent l’industrialisation de certains outils.
Quelques exemples :
— L’écharpe du Sahel, un couvre-chef
adapté aux conditions de travail en Afrique
subsaharienne, compatible avec le port
du casque et fabriqué par une entreprise
locale employant des femmes. Prix spécial
Équipement 2011 ;
— Greenfloor, un système qui améliore
le confort thermique des occupants
d’un immeuble en utilisant la convection
et le rayonnement des plafonds. Ce système
breveté en France et en Europe avait reçu
le Prix spécial du jury en 2013 ;
— Biocalcis, solution de biorenforcement
de sol de Soletanche Bachy, basée sur
la capacité d’une bactérie à calcifier un
terrain à la manière d’un ciment biologique,
a reçu le Grand Prix 2015 (voir 360, n° 47).
Tous les deux ans, les Prix
de l’Innovation VINCI distinguent
les meilleurs projets soumis
par les collaborateurs du monde
entier. Environ 2 000 initiatives
issues du terrain sont ainsi valorisées
pour une diffusion accélérée dans
le Groupe, voire au-delà. Depuis 2015,
ce concours est également ouvert
aux étudiants.
01 02
01 L’écharpe du Sahel, adaptée aux
conditions climatiques du désert.
02 L’affiche du Prix de l’Innovation VINCI
2017. “Innover, seul ou à plusieurs,
c'est toujours jouer collectif”.
4140
22. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
01 2 000 employés auront travaillé sur
le chantier. Ils sont équipés en fonction
de la zone où ils opèrent. La radioprotection
est une priorité absolue : grâce à un
monitoring efficace de la radioactivité et une
exposition minimale des personnels, aucun
accident sur zone n’est survenu en dix ans.
02 Le chantier de l’arche se situe au cœur
d’une vaste zone interdite à toute personne
non autorisée, en Ukraine. Une double contrainte
qui oblige chauffeurs et logisticiens
à jongler avec les procédures pour assurer
l’approvisionnement régulier du site.
Instantanés
Dix ans au cœur
de la zone interdite
26 avril 1986, 1 h 23.
Le réacteur no
4 de la centrale
nucléaire de Tchernobyl,
en République socialiste soviétique
d’Ukraine, explose puis s’enflamme.
Dans cette industrie relativement
récente, c’est une catastrophe sans
précédent, qui va nécessiter un
déploiement de moyens hors
normes pour en juguler les effets.
Quarante pays du monde entier
se mobilisent alors dans un
extraordinaire déploiement
de ressources humaines,
technologiques et matérielles
conjuguées. 29 novembre 2016 :
une arche de confinement, grande
comme le Stade de France et haute
comme la statue de la Liberté,
est inaugurée. Elle va permettre
le démantèlement du premier
sarcophage vieillissant.
Un dispositif qui assurera
la sécurisation du réacteur pour
les cent prochaines années.
Pour les équipes de Novarka,
le groupement en charge
du projet depuis 2007 (50 %
VINCI Construction et 50 %
Bouygues Travaux Publics), c’est
un chantier titanesque.
C’est aussi un défi relevé dans
des conditions extrêmes, aux enjeux
cruciaux de sécurité individuelle
et collective. Plongée en images
avec les hommes et les femmes
engagés au cœur de cette formidable
épopée au service
des générations futures.
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23. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Instantanés
03 La silhouette étincelante de l’arche s’élève au
cœur de la forêt comme une cathédrale moderne.
Pour le ripage, c’est-à-dire son déplacement sur
les 327 mètres qui la séparaient du réacteur, elle a
dû être transportée par 224 vérins, à raison de 60 cm
par poussées successives. Une opération délicate,
qui a duré 40 heures réparties sur cinq jours.
05 Fierté, c’est le maître mot qui revient le plus
souvent au sein des équipes qui ont œuvré
à la construction de cette arche de 108 mètres
de haut, 257 mètres de portée et d’un poids total
de 36 000 tonnes. Toutes intègrent des expatriés
et des collaborateurs recrutés, et pour certains
formés sur place dans des chantiers-écoles.
04 La structure métallique de l’enceinte
de confinement a été préfabriquée en pièces
détachées en Italie et assemblée sur une
zone nettoyée devant le réacteur accidenté.
L’assemblage s’est fait essentiellement au sol
pour minimiser l’exposition des ouvriers aux
radiations, puis l’arche a été levée en trois
opérations pour chaque moitié. Les deux moitiés
ont ensuite été assemblées à l’automne 2015.
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24. 360 N° 48 - LA CONSTRUCTION SOUS TOUS LES ANGLES
Histoire de bâtisseurs
Les Maîtres Bâtisseurs :
passion et transmission du métier
L’origine du compagnonnage remonte
à l’histoire la plus ancienne : au xixe
siècle
pour sa version contemporaine, voire
au Moyen Âge et même à l’Antiquité
pour les premiers corps ouvriers
du bâtiment. Héritiers de cette longue
tradition, les Maîtres Bâtisseurs
de VINCI Construction œuvrent chaque
jour à la transmission des savoirs sur
les chantiers. Issus de tous les métiers
et de tous les échelons hiérarchiques,
ils sont choisis pour leur niveau
d’excellence, leur passion du métier
et leur exemplarité. Mais surtout,
c’est le goût de transmettre qui anime
les Maîtres Bâtisseurs, grâce auquel
ils diffusent les savoir-faire et la culture
de l’entreprise et assurent la promotion
des bonnes pratiques de sécurité, de
qualité et de respect de l’environnement.
À l’origine plutôt une confrérie informelle
que l’on retrouvait dans différentes
entités qui, ensemble, allaient constituer,
entre autres, VINCI Construction France,
ces référents métier sont aujourd’hui
structurés autour de statuts officiels
et d’un code de déontologie exigeant.
C’est notamment à l’occasion
du chantier de la LGV Sud-Europe-
Atlantique que leur rôle a pris tout son
sens : avec 550 nouveaux salariés et
400 intérimaires, les Maîtres Bâtisseurs
et les tuteurs qu’ils chapeautent se sont
révélés incontournables pour former
les nouveaux venus. Aujourd’hui, ils
interviennent à la demande des chefs
de chantier pour des missions
de formation allant de quelques heures
à plusieurs semaines. Véritable vecteur
d’insertion, notamment chez les jeunes,
les métiers de la construction sont
patiemment enseignés par les Maîtres
Bâtisseurs, motivés par leur passion
et un réel esprit de générosité.
Ils transmettent leurs savoir-faire,
mais aussi les valeurs de l’entreprise
et leur application sur le terrain.
Écoutés et respectés jusqu’aux plus hauts
échelons, les Maîtres Bâtisseurs
et les tuteurs sont aujourd’hui
très impliqués dans la démarche de
développement de la polycompétence
des équipes de VINCI Construction.
Georges Paquot
Responsable opérationnel des Ressources
humaines chez VINCI Construction
Terrassement, Maître Bâtisseur.
« Les Maîtres
Bâtisseurs, c’est l’élite
de nos métiers : ils sont
à la fois la compétence,
l’expérience, l’ancienneté,
et, surtout, ils ont le goût
de transmettre leur savoir
aux autres. »
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