Avec la fondation des grandes civilisations, naissent les épopées, les récits et les conceptions de l’Univers, autour de deux concepts, issus du culte des forces célestes et du culte des ancêtres, évaluant vers le culte de la vie et le culte de la mort, concrétisés dans l’écriture inventée, dans les images peintes, gravées ou sculptées, et dans les édifices religieux et royaux.
Chapitre I: Vers une évolution culturelle- 3- Les civilisations maritimes- La...Azzam Madkour
Les civilisations maritimes, malgré parfois les champs qu’elles cultivent, sont préoccupées inlassablement par la pèche dans les hautes mers et la navigation téméraire à la recherche de nouvelles terres.
Chapitre I: Vers une évolution culturelle- 1- Les bases de la culture- La Des...Azzam Madkour
Dans son essence, l'art constitue un équilibre adéquat entre la religion et la science, entre le sentiment et la raison. Dans sa naissance, il débute par le jeu, le divertissement et l'expression spontanée...
Chapitre I: Vers une évolution culturelle- 3- Les civilisations maritimes- La...Azzam Madkour
Les civilisations maritimes, malgré parfois les champs qu’elles cultivent, sont préoccupées inlassablement par la pèche dans les hautes mers et la navigation téméraire à la recherche de nouvelles terres.
Chapitre I: Vers une évolution culturelle- 1- Les bases de la culture- La Des...Azzam Madkour
Dans son essence, l'art constitue un équilibre adéquat entre la religion et la science, entre le sentiment et la raison. Dans sa naissance, il débute par le jeu, le divertissement et l'expression spontanée...
« Cet essai, La Destinée de l’Art, se veut une synthèse historique et formelle de mes études sur la culture et la civilisation. Il s’articule autour du phénomène artistique, en tant qu’activité humaine élaborée depuis des millénaires par l’homme pour communiquer avec ses semblables et participer à établir pour eux, selon les milieux et les époques, un art de vivre… »
Chapitre I: Vers une évolution culturelle- 4- Le monde médiéval et la ferveur...Azzam Madkour
A côté de l’architecture, autour de laquelle s’ordonnent plusieurs arts, tels la sculpture, la peinture, la mosaïque, le vitrail, l’épigraphie, etc. va se développer,surtout dans l’époque de l’empire islamique, un art propre au livre, engendré par le livre saint, le Coran ou l’Evangile, un art qui contient ou englobe l’art de l’écriture ou la calligraphie, avec les différents styles, l’enluminure et la miniature, un art sacré repris par les moines de l’Europe occidentale, auquel ils ajoutent l’icône, et orienté selon les religions et les cultes.
Chapitre III: Vers une épuration de l'art- 1- Les bases de l'épuration au déb...Azzam Madkour
Une autre époque commençait, plus violente que la précédente, penchée toutefois, vers la raison et la méthode. Elle commençait, justement, par la simplification et la mise en ordre,
engageant la culture et la civilisation.
J'utilise ce support de cours en BTS Communication dans la discipline Cultures de la Communication. Il vise à présenter des exemples de publicités utilisant les codes propres à des époques de notre histoire.
Pour en savoir plus sur la non-violence et sur la résolution non-violente de conflits , sur les « chercheurs d’humanité » (non-violence, alternatives économiques, écologie, changement sociétal, spiritualité) : www.irnc.org, rubrique « Diaporamas »
Quelle part de notre nature voulons-nous choisir et développer ? Les violences du 20ème siècle : dictatures, guerres, massacres et génocides. La violence du système économique actuel.
Les violences que l'humanité a abolies depuis deux millénaires, celles qu'elle est en train d'abolir.
« Cet essai, La Destinée de l’Art, se veut une synthèse historique et formelle de mes études sur la culture et la civilisation. Il s’articule autour du phénomène artistique, en tant qu’activité humaine élaborée depuis des millénaires par l’homme pour communiquer avec ses semblables et participer à établir pour eux, selon les milieux et les époques, un art de vivre… »
Chapitre I: Vers une évolution culturelle- 4- Le monde médiéval et la ferveur...Azzam Madkour
A côté de l’architecture, autour de laquelle s’ordonnent plusieurs arts, tels la sculpture, la peinture, la mosaïque, le vitrail, l’épigraphie, etc. va se développer,surtout dans l’époque de l’empire islamique, un art propre au livre, engendré par le livre saint, le Coran ou l’Evangile, un art qui contient ou englobe l’art de l’écriture ou la calligraphie, avec les différents styles, l’enluminure et la miniature, un art sacré repris par les moines de l’Europe occidentale, auquel ils ajoutent l’icône, et orienté selon les religions et les cultes.
Chapitre III: Vers une épuration de l'art- 1- Les bases de l'épuration au déb...Azzam Madkour
Une autre époque commençait, plus violente que la précédente, penchée toutefois, vers la raison et la méthode. Elle commençait, justement, par la simplification et la mise en ordre,
engageant la culture et la civilisation.
J'utilise ce support de cours en BTS Communication dans la discipline Cultures de la Communication. Il vise à présenter des exemples de publicités utilisant les codes propres à des époques de notre histoire.
Pour en savoir plus sur la non-violence et sur la résolution non-violente de conflits , sur les « chercheurs d’humanité » (non-violence, alternatives économiques, écologie, changement sociétal, spiritualité) : www.irnc.org, rubrique « Diaporamas »
Quelle part de notre nature voulons-nous choisir et développer ? Les violences du 20ème siècle : dictatures, guerres, massacres et génocides. La violence du système économique actuel.
Les violences que l'humanité a abolies depuis deux millénaires, celles qu'elle est en train d'abolir.
AUX ORIGINES RELIGIEUSES DE L'HUMANITE (p.1)
Chapitre 1 - La religion orginelle (p.2)
Chapitre 2 - Quand Dieu était une femme (p.4)
Chapitre 3 - Les dieux de la cité (p.7)
Chapitre 4 - Les dieux du monde (p.10)
Chapitre 5 - La période axiale de l'humanité (p.13)
LES GRANDES VOIES PRE-CHRETIENNES DU SALUT (p.15)
Chapitre unique - Naissance du Monthéisme (p.16)
NAISSANCE DU CHRISTIANISME (p.22)
Prologue - "Pour vous, qui suis-je?" (p.23)
Chapitre 1 - Jésus vu par ses contemporains (p.24)
Chapitre 2 - Jésus au pluriel (p.35)
Chapitre 3 - L'homme-Dieu (p.47)
Epilogue - "Je crois..." (p.61)
Chapitre V- Vers une réalisation de l'art- 2- Un art au service de l'industrieAzzam Madkour
Suite de la partie 1: Le malaise de la société industrielle
- Un art décoratif pour les "Années folles"
-Les Années folles
- Un style artificiel
Deuxième partie : Un art au service de l'industrie
-Pour une définition du design
Chapitre III: Vers une épuration de l'art- 2- L'abstraction et l'épuration de...Azzam Madkour
- Prélude à la fièvre de la guerre
-Des recherches audacieuses
- Le futurisme plastique
- La libération totale
- Le degré zéro de la création
- Mondrian et De Stijl
- De Monet à Mondrian
Chapitre II: Vers une autonomie de l'art- 2- Le baroque et le classicisme/ 3-...Azzam Madkour
l’art hollandais se distingue par sa tranquillité sereine, sa force d’esprit et sa sensibilité raffinée, loin des dogmes religieux ou étatiques, loin aussi des tourbillons baroques
Chapitre II: Vers une autonomie de l'art- 2- Le baroque et le classicisme/ 3-...
Chapitre I: Vers une évolution culturelle- 2- Les civilisations agraires
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1
“
2- Les civilisations agraires
CHAPITRE I
Vers une évolution culturelle
2. 28
Les mythes et les symboles qui orientent l’art, se renouvellent aussi; l’image
du guerrier armé supplante celle de la femme, et les cultes solaires prennent
de l’importance.
Ce premier legs culturel de la Préhistoire, exprimant les sources originelles
de l’humanité, influencera les premières civilisations, ainsi que d’autres
peuplades non touchées par la révolution urbaine.
Ces peuplades non évoluées, dispersées en groupes, en tribus minoritaires,
dans les régions arides ou dans les forêts vierges, dans certaines régions
de l’Afrique-berceau de l’humanité-de l’Amérique latine et en Océanie,
resteront primitives plus ou moins dans leurs relations humaines, dans leurs
sentiments religieux et dans leur culture archaïque, spontanées dans leurs
formes d’art, statisées et figées dans leur phase préhistorique, transmettant
de générationen génération leur maigre savoir-faire artisanal, avec des
changements très lents et à peine perceptibles.
2- Les civilisations agraires :
Au bord des grands fleuves, commencent les grandes agglomérations qui
aboutissent à la fondation de la civilisation dans le Croissant fertile et à
l’Indus. L’Antiquité est caractérisée ainsi dans sa révolution agraire, par
l’écriture, la naissance de la royauté, de la société urbaine, de la cité-Etat
puis de l’Empire.
Les premières grandes civilisations, à savoir celle de la Mésopotamie et
celle de l’Indus, ont préservé ce legs archaïque de la Préhistoire, dans leurs
tâtonnements primaires, pour fonder la royauté divine, leurs mythes, leurs
cultes religieux et la conception de leur culture.L’influence de la Préhistoire
se précise dans l’assimilation des forces de la nature, toujours dominant
les hommes, mais des forces valorisées par des noms, des figures et des
attributs ; cette influence se précise, également, dans l’architecture, à travers
le concept de l’élévation : l’image balbutiante des mégalithes, de l’enclos et
3. 29
de l’enceinte rudimentaire, va pousser ces civilisations antiques à imaginer
et réaliser des monuments religieux élevés et gigantesques, conformes à
la valeur donnée à leur dieux, maintenant, plus précisés, mais manquant
encore d’épuration formelle, puisqu’ils deviennent zoomorphes, attachés
toujours à la bête, tout en accentuant l’aspect anthropomorphique de la
figure artistique.
Il arrive que la conception artistique se statise un long moment de l’histoire
et dans une région isolée distincte, où dominent les canons imposés par
les prêtres et les rois. La civilisation de l’Indus, qui a légué son héritage
culturel à l’Inde, a connu une uniformité implacable et indéchiffrable pour
les sciences humaines. L’évolution culturelle formulée dans les autres
civilisations, ne concorde nullement avec son statisme mystérieux. Ce
mystère couvre également, plusieurs civilisations disparues ou décimées,
comme dans l’Ile de Paques, en Asie et dans le continent américain. Toutefois
on admet que dans toutes ces régions dispersées, où il reste à peine
des traces archéologiques, il y a eu une naissance de la culture, avec ses
tâtonnements, et des échanges influents, ce qui a pu donner ce caractère
grossier et compact dans leurs figures sacrées.
Cependant, l’épuration des formes, des couleurs, des techniques et des
conceptions, en général, ne peut s’effectuer que dans la phase analytique,
c’est-à-dire après le passage de la culture dans son évolution, par les
tâtonnements archaïques, puis par l’influence des règles imposées par les
prêtres et les souverains. Dans ce contexte, on peut dire que tous les arts de
l’Antiquité dans le croissant fertile et dans l’Indus n’ont pas pu accomplir leur
évolution jusqu’à la phase de l’analyse et de la synthèse. Ces arts sont restés
interminablement soumis aux mythes et au pouvoir absolu des souverains,
jusqu’à leur colonisation par les envahisseurs grecs et romains.
Ces arts semblent être destinés à servir la royauté divine qui s’est imposée
durement mais lentement après le Néolithique, gravant dans l’esprit
4. 30
humain les premières structures de l’imaginaire, en concrétisant les mythes
nébuleux, tout en décorant la vie et la mort des souverains. Dans les
balbutiements de l’art, après la grande spontanéité et la liberté expressive,
nées avec l’homme préhistorique, et transmises plus ou moins dans son
état brut et sauvage à l’homme primitif, la civilisation a étouffé cette liberté
et cette spontanéité, en les soumettant à ses règles de plus en plus sévères
et rigides; dès la naissance de la royauté, avec les légendes entourant
Gilgamesh et Ménès, la civilisation a orienté toutes les activités humaines
vers la divination des souverains, dans une structuration hiérarchique
inébranlable, mêlant la religion et la politique dans un même contenu, dans
une même conception.
Avec la fondation des grandes civilisations, naissent les épopées, les récits
et les conceptions de l’Univers, autour de deux concepts, issus du culte
des forces célestes et du culte des ancêtres, évaluant vers le culte de la vie
et le culte de la mort, concrétisés dans l’écriture inventée, dans les images
peintes, gravées ou sculptées, et dans les édifices religieux et royaux. Les
techniques de l’art et de l’artisanat, mêlées ensemble, étaient consacrées à
tous les ouvrages de la construction, du mobilier, des armes, des bijoux, etc.
Dans ces ouvrages, réservés exclusivement au temple et à la cité royale,
l’expression, soumise totalement aux dogmes des mythes, du souverain et
du prêtre, s’étouffait presque. Aucune liberté n’était donnée au bâtisseur,
au tailleur de pierre ou au peintre. L’art était au service de la religion et de
l’empire, un art sacré et étatisé.
Dès le début de l’antiquité, l’art nous a montrés ses deux faces, ses deux
courants initiaux, issus des deux concepts cités. Avec les premières cités
du Croissant fertile, commence l’histoire, une histoire tournée vers le sang
et la domination. En terre de la Mésopotamie, berceau des civilisations,
tous les éléments et tous les concepts du monde, les dieux qui règnent et
5. 31
protègent les rois divins et leurs cités prestigieuses, l’écriture, la sculpture
et l’architecture qui glorifient les dieux et les rois, tout en les éternisant,
les dogmes, les règles et les lois, qui soumettent le citoyen et l’esclave aux
ordres divins, les sciences au service des mythes et de la cour royale, l’armée
qui défend les cités royales et colonise d’autres. Mais cette terre entre les
fleuves, est sillonnée durant toute son histoire (jusqu’à maintenant) par les
migrations ; sans frontières naturelles, elle est ravagée par les conquêtes,
les invasions et les guerres.
Manquant de pierre, elle n’a que l’argile pour bâtir. Cette terre en grande
effervescence, en conflits permanents, avec ses rois sanguinaires toujours
en guerre, avec ses dieux, à l’image des hommes, en conflits aussi, la culture
n’est que le reflet de cette mouvance perpétuelle, où prédominent la crainte
des dieux et des rois, mais en même temps, comme création humaine, les
conflits des dieux et des rois, l’ambition effrénée de l’homme de défier les
dieux et la nature, et même d’espérer à l’immortalité, un art visant l’éternité,
mais fait avec de l’argile.
A travers cette crainte et ce défi, s’est constituée la dualité des contrastes,
une dualité issue initialement de l’image de la sagaie et de la blessure
préhistorique, puis du culte des forces célestes et du culte des ancêtres, et
enfin du culte de la vie et de la mort. Avec la civilisation mésopotamienne,
les divinités, à l’image des astres, des hommes et des bêtes à la fois, sont
des protecteurs bienfaisants, des dieux de la lumière et du bien, ou de
redoutables génies malfaisants, dieux des ténèbres et du mal.
Toutes les civilisations du monde fondées après la Mésopotamie, vont se
baser plus ou moins sur la vision antagonique, autour de la lumière et des
ténèbres, du bien et du mal, de la vie avec sa fraîcheur et sa force, et de
la mort avec ses cauchemars et ses terreurs fantomatiques, chacune sa
6. 32
propre vision, formulant, toutefois, un équilibre adéquat, conforme à la
religion pratiquée, au système politique et social, au relief et au climat ou
elles sont établies.
Voisine à cette première civilisation, l’Egypte ancienne gardait son calme
statique dans toutes ses activités artistiques, dominée par ses mythes, sa
religion et ses prêtres. La vie urbaine s’était installée le long du Nil, où les
migrations et les invasions étaient rares, où la civilisation était fondée avec
sa grande hiérarchie statique autour du pharaon, fils du dieu Râ, le soleil. La
culture n’était prononcée en Egypte que pour servir les dieux et leurs fils,
les pharaons, dans des ordres immuables, durant trois millénaires.
Ainsi voit-on une civilisation voisine à la première, mais tellement différente
qu’elle apparaisse comme son « négatif ». Comme les Mésopotamiens, les
Egyptiens anciens étaient préoccupés par le désir d’éternité, mais comme
ils avaient découvert l’immortalité de l’âme, et comme ils étaient fidèles
à leur religion polythéiste, ils avaient introduit les mythes cycliques dans
leur conception du monde, des mythes influencés par les crues du Nil. La
vie et la mort, les périodes prospères du rayonnement pharaonique, et les
périodes sèches aggravées par les invasions et les troubles, y sont alternées,
dans leur conception religieuse et politique, leur mode de vie et leur art.
Au contraire de la Mésopotamie, dont les peuples étaient fascinés par le
culte de la vie et du sang, les Egyptiens se vouaient au culte de la mort, à la
vie après la mort, à la pyramide immense tombeau du pharaon momifié.
Ainsi, va s’élaborer la vision antique, introduite avec tout son système
nébuleux, vénérant les mythes et la vie des souverains, les entourant d’un
voile magique, une vision symbolique basée sur le mystère, le vague et
l’opacité. Il est vrai que cette vision s’est diversifiée à travers les époques
historiques et les régions, qu’elle a évolué aussi, sous le commandement
7. 33
du roi divin et du prêtre, sous la contrainte du site, du climat et du matériau
local, propres à chaque civilisation, ainsi qu’aux échanges commerciaux et
culturels entre les pays.
Cette vision a fait distinguer l’antagonisme conçu entre les dieux, entre la
lumière et les ténèbres en Mésopotamie et en Perse. En même temps, dans
un défi surprenant, l’architectureascensionnelle apparait,tout d’abord dans
la ziggourat, puis dans la plupart des monuments religieux, donnant une
grande valeur spirituelle au concept de l’élévation. Par contre, en Egypte,
avec les mythes cycliques mis en évidence avec les crues du Nil, en rapport
sans doute avec l’alternance des phases impériales et les phases troublantes
subies par le régime pharaonique, avec aussi la divination du pharaon,
on s’est penché vers le culte de la mort et vers l’architecture souterraine,
une conception valorisée par la sècheresse du climat, et l’union des deux
matériaux disponibles dans le pays, mais contrastés : la pierre et le sable.
Dans notre ouvrage, «Culture et civilisation à travers l’histoire », on a analysé
ces concepts qui ont donné la force à cette vision antique, et comment ils
ont pu se diversifier et rayonner dans les autres civilisations. Ces concepts,
antagoniques pour la plupart du temps, ont été réunis dans l’Inde, selon
des mythes fantastiques et une imagination en délire, et en Chine selon
une sagesse parfaite et une harmonie entre les contrastes. Seulement cette
vision antique, en se diversifiant à travers les régions, s’est prononcée, sous
les dogmes religieux et étatiques, en une vision originale propre à chaque
pays.
Ainsi, l’uniformité statique peut couvrir l’art dans une région donnée,
sans pouvoir s’établir dans d’autres ; et même en analysant l’art d’un pays
connu pour être statique, comme l’Egypte ancienne, on peut y distinguer
toute une évolution, à travers les longs millénaires qu’il a vécus, avec ses
premiers tâtonnements, sa maîtrise technique et sa maturité, et enfin son
déclin sous la botte romaine.
8. 34
Pendant que le prêtre dictait les règles canoniques à l’art, l’artisan ou
l’esclave exécutait les règles avec une technique connue par tous les artisans
et les maitres-d ‘art, mais de plus en plus perfectionnée à travers les âges.
Cette perfection réalisée dans toutes les formes d’art et dans tous les
matériaux disponibles, du granit au papyrus, devait valoriser l’éternité
des dieux et des pharaons, dans des formes immuables, c’est-à-dire une
idéalisation formelle d’après une esthétique dogmatique conçue et maîtrisée
par le maitre-d ‘art lui-même, d’après les ordres abstraits du prêtre.
Mais cette idéalisation serait incomplète et confuse si on ne reconnaissait
pas la divinité désignée dans l’image, ainsi que le pharaon peint ou
sculpté. Ainsi, l’image du totem schématisé qu’avait vénéré une des tribus
égyptiennes dans le Néolithique, un totem local qui représentait un animal
sacré, se fixait dans une divinité, mi-homme, mi- bête, soumise aux règles
établies, comme Ptah, Anubis ou Horus.
Cette conception était créée aussi certainement et répandue à travers
les civilisations, chacune selon sa vision et ses règles, dans un inconscient
collectif, sans doute, une conception qui s’articulait autour de deux notions
antagoniques : l’idéalisation et la ressemblance. Et c’est cette conception qui
va être reprise par les philosophes et les artistes grecs, pour être analysée,
développée et épurée dans deux courants esthétiques opposés.
Il faut préciser que l’idéalisation est issue de la passion, du senti et de
l’élan spirituel, c’est-à-dire du mouvant ; la ressemblance, par contre, est
issue de la raison objective, du pensé et des règles canoniques, c’est-à-dire
du statique. On revient toujours à ces concepts antagoniques qui se
confrontent, se complètent, s’alternent ou s’assimilent.
A travers l’histoire des civilisations, le statique et le mouvant, après leur
naissance en Mésopotamie et en Egypte, vont se développer, tout se mêlant
9. 35
ensemble ou se confrontant encore, pour s’assimiler dans des arts épanouis,
mais durement soumis au prêtre et au souverain. Comme la vie reste la
préoccupation majeure de tout art, de toute culture et de toute civilisation,
plusieurs peuples vont adopter son culte, héritant de la Mésopotamie ses
mythes, sa conception du monde, son désir d’éternité et son art mouvant,
comme la Perse.
Mais d’autres peuples, dans leur conception tourmentée, même ayant des
échanges culturels et commerciaux avec la Mésopotamie, se sont arrivés
à mêler les deux cultes, celui de la vie et celui de la mort, dans des mythes
fantastiques, introduisant dans leurs religions multiples, non seulement les
mythes cycliques, mais aussi la réincarnation, le culte de la vie intérieure et
de l’illumination, comme en Inde.
Ainsi, le mouvant, comme concept, débuté par l’expression, va s’articuler
autour du senti, c’est-à-dire l’expression des sensations, des passions, des
instincts, des phantasmes et des sentiments, tandis que le statique, débuté
par la raison, va s’articuler autour du pensé, c’est-à-dire la conception
logique, la méthode et l’application rigoureuse des canons et des règles.
Mais, comme le mouvant peut mener, dans son extension, au spirituel ou à
la folie des orgies et des passions, le statique peut mener à la sagesse, dans
sa quête de la vérité, ou au contraire, à la résignation totale, à la soumission
amorphe et à la mort de la création, à force de se résigner aux règles.
3- Les civilisations maritimes :
Le sentiment religieux exprimé dans la Préhistoire par la soumission de
l’homme aux forces de la nature, voit son épuration progressive dans le
polythéisme antique, puis dans le monothéisme. Les forces polythéistes,
constituées d’animaux et d’astres distincts, trouvent leur valorisation dans
des figures typiques qui les expriment, selon la mentalité et les horizons