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Cours 3 to
1. 1
Ecole Nationale de Commerce et de Gestion Année universitaire 2020/2021
de Casablanca
Cours : Théorie des Organisations
Semestre 6
Première partie : Généralités sur l’Ecole systémique
L’école systémique se base sur la notion de système, dans lequel un ensemble de parties
indépendantes avec différents organes, procédures, et idées, sont agencées en fonction de la
réalisation d’un objectif commun et distinct de son environnement.
La théorie des systèmes se fonde donc sur l’idée que cette logique est applicable à tous ensemble
organisé quel qu’il soit, dans le but d’agir. Cette école cherche à combler les différents courants
de pensée en matière d’organisation, mais aussi à abolir les barrières séparant les autres sciences
de l’activité humaine.
C’est dans ce contexte que l’approche systémique fait son apparition au début des années 50
aux états unis et arrive en France dans les années 70. Elle se définit comme une nouvelle
discipline qui regroupe les démarches théoriques, pratiques et méthodologiques, relatives à
l’étude de ce qui est reconnu comme étant trop complexe pour pouvoir être abordé de façon
réductionniste. Elle possède des problèmes de frontières, de relations internes et externes, de
structure, de lois ou de propriétés émergentes caractérisant le système comme tel, ou des
problèmes de mode d'observation, de représentation, de modélisation ou de simulation d'une
totalité complexe.
L’approche systémique a fortement marqué les études des théories d’organisation. Elle s’appuie
principalement sur la notion du système et sa corrélation avec l’organisation du travail dans une
entreprise en interaction constante avec son environnement. La théorie des systèmes développés
par Ludwig Bon Bertalanffy a été un point de départ très important dans plusieurs disciplines.
Elle permet de visionner l’organisation comme un organisme vivant et dynamique et que
d’autre part analyser l’organisation dans sa globalité afin de tenir compte des interactions des
composantes. Ces interactions nous dirigent bien évidemment vers une causalité circulaire, le
but est de partir du principe commun, la complexité de l’organisation.
L’approche systémique est complètement différente de l’approche cartésienne dont la logique
est purement analytique.
L’approche de l’école systémique est basée sur les interactions et plus précisément analyser
l’organisation dans sa globalité donc on peut dire qu’on est face un environnement ce qui
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explique que l’école systémique est un système ouvert puisque l’environnement fait partie
également la complexité est prise par l’approche systémique qui veut dire qu’on va toujours
avoir une partie ambiguë. Donc cette complexité a créé un conflit entre les deux écoles évoquées
auparavant.
Approche analytique ; cartésienne veille sur la précision des détails, décomposition des
départements qui constituent l’organisation chacune à part qui veut dire logique statique,
causalité linéaire signifie qu’il ne prenne pas la complexité de l’environnement en considération
; enseignement par discipline.
L'approche analytique vise à réduire un système à ses éléments élémentaires afin d'étudier en
détail et de comprendre les types d'interactions qui existent entre eux. En modifiant une variable
à la fois, il essaie de déduire des lois générales qui permettront de prédire les propriétés d'un
système dans des conditions très différentes.
Le tableau suivant compare, un par un, les traits des deux approches
Source : d’après J. de Rosnay (1975, p. 119)
Un système et ses caractéristiques
Un système est un ensemble d'éléments interagissant entre eux selon certains principes ou
règles. Un système est déterminé par :
Sa frontière, c'est-à-dire le critère d'appartenance au système (déterminant si une entité
appartient au système ou fait au contraire partie de son environnement) ;
Sa mission (ses objectifs et sa raison d'être) ;
Ses interactions avec son environnement ;
Ses fonctions (qui définissent ce qu'ont le droit de faire ou non les entités faisant partie
du système, leur organisation et leurs interactions) ;
Ses ressources, qui peuvent être de natures différentes (humaine, naturelle, matérielle,
immatérielle...), leur organisation et leurs interactions.
Approche analytique Approche systémique
- Isole : se contredire sur les éléments.
- S'appuie sur la précision des détails.
- Approche efficace lorsque les interactions
sont linéaires et faibles.
- Conduit à un enseignement par discipline
- Relie : se concentre sur les interactions entre
les éléments.
- S'appuie sur la perception globale
- Approche efficace lorsque les interactions
sont non linéaires et fortes
- Conduit à un enseignement pluridisciplinaire
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Un sous-système (ou module ou composant) est un système participant à un système de rang
supérieur.
A part les sciences sociales, on trouve parmi les domaines d’application l’astronomie, la
biologie, l’informatique et l’ingénierie.
Selon la théorie systémique, l'entreprise ou l'organisation est composée du système opérant,
système pilotage et du système d'information.
Système opérant :
Un système opérant est un ensemble d'élément matériels ou immatériels en interaction
transformant par un processus des éléments (les entrées) en d'autre éléments (les sorties). Un
système opérant peut être contrôlé par un autre système dit système de pilotage.
On distingue d'abord le système opérant où les produits finaux sont fabriqués à partir d'une
certaine matière première. On réduit l'organisation à une sorte d'usine, qui travaille sur la
matière première pour fournir un produit final.
Système de pilotage :
Toute organisation est pilotée par une direction, une équipe dirigeante. Ce système de pilotage
a pour mission de conduire l'organisation vers des objectifs qui lui sont fixés, et de vérifier que
ces objectifs ont bien été atteints. Ce qui nécessite souvent un contrôle continu du
fonctionnement du système opérant et d'éventuelles modifications (recrutement,
investissement, nouveaux développements...) à apporter au système opérant.
Dans le système de pilotage, l'information va permettre à celui-ci de prendre les bonnes
décisions en étant constamment informé de ce qui se passe dans le système opérationnel.
Un système de pilotage procède au pilotage (régulation et contrôle) du système opérant en
décidant du comportement de celui-ci en fonction des objectifs fixés.
Système d’information :
Le système d'information est le véhicule de la communication dans l'organisation. Sa structure
est constituée de l'ensemble des ressources (les hommes, le matériel, les logiciels) organisées
pour : collecter, stocker, traiter et communiquer les informations. Le système d'information
coordonne grâce à l'information et lui permet ainsi d'atteindre ses objectifs.
Les principaux concepts associés à la théorie des systèmes :
• Le système ouvert et le système fermé : Un système fermé ne subit nullement
l'influence de son environnement extérieur. En revanche, un système ouvert reste en
constante relation avec son environnement extérieur
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• Le rendement et l'efficacité : Dans un système fermé, on se préoccupe uniquement de
l'utilisation interne des ressources (rationalité-rendement). Alors que dans un système
ouvert on dépasse la simple préoccupation de l'utilisation interne des ressources pour
intégrer cette interaction organisation-environnement en terme de degré d'efficacité
dans quelle mesure l'organisation répond aux besoins de l'environnement extérieur
• La complexité : Un système est complexe car on ne peut prédire son comportement
uniquement à partir de la connaissance des sous-systèmes qui le forment. La complexité
augmente rapidement avec le nombre de variables. Le système est ouvert et complexe
et le gestionnaire doit se méfier des solutions rapides et simples des problèmes qu’il a à
résoudre. Ce concept renvoie à toutes les difficultés de compréhension (flou, incertain,
imprévisible, ambiguë, aléatoire) posées par l'appréhension d'une réalité complexe et
qui se traduisent en fait pour l'observateur par un manque d'information (accessible ou
non).
• La globalité : Il s'agit d'une propriété des systèmes complexes, souvent traduite
par l'adage "le tout est plus que la somme des parties" et selon laquelle on ne peut
les connaître vraiment sans les considérer dans leur ensemble. Cette globalité
exprime à la fois l'interdépendance des éléments du système et la cohérence de
l'ensemble. Mais ce concept pourtant riche est malheureusement souvent traduit
superficiellement par la formule vague "tout est dans tout". Sous le nom
d'approche globale, le concept désigne également la voie d'entrée dans la
démarche systémique. On entend par là qu'il convient d'aborder tous les aspects
d'un problème progressivement, mais non séquentiellement : partir d'une vue
générale (globale) pour approfondir les détails, avec de nombreuses itérations et
retours en arrière pour compléter ou corriger la vision antérieure.
• L’interaction : Ce concept, un des plus riches de la systémique, complète celui
de globalité car il s'intéresse à la complexité au niveau élémentaire de chaque
relation entre les constituants du système pris deux à deux. Initialement emprunté
à la mécanique où l'interaction se réduit alors à un jeu de forces, la relation entre
constituants se traduit le plus souvent dans les systèmes complexes, par un
rapport d'influence ou
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• L'entropie : la tendance de tout système à se désorganiser, à se détériorer. Les managers
doivent ainsi recenser en permanence les sources d'entropie afin d'envisager les actions
correctives nécessaires. (Voir les travaux qui s’appuient sur la théorie du chaos)
• Les sous-systèmes: un sous-système fait partie d'un tout beaucoup plus grand que lui.
Le corps humain, par exemple, présente divers sous-systèmes, dont le système nerveux,
le système vasculaire et le système respiratoire. Or, chacun d'entre eux doit bien remplir
son rôle pour que l'ensemble de l'organisme fonctionne adéquatement
• L'équifinalité : L’existence de différentes manières de combiner des sous-systèmes
pour réaliser un objectif. Le caractère ouvert des organisations introduit le principe
d’équifinalité. Il existe alors plusieurs façons de piloter les organisations qui peuvent
aboutir au même résultat.
• La synergie le concept de synergie signifie qu'un tout représente davantage que la
somme de ses parties (1+1=3).
Les contributions et les limites de l’école systémique
• Contributions
L'approche systémique, c'est donc l'application du concept de système à la définition et à la
résolution des problèmes. Cette approche nous fournit une stratégie de prise de décisions dont
les aspects les plus évidents sont :
Une insistance marquée sur l'identification et la définition, des finalités, des buts et des
objectifs du système et une énumération de critères et d'indices suffisamment précis et
nombreux nous permettant d'en vérifier "objectivement" le degré d'atteinte ;
Un examen minutieux des différents aspects qui caractérisent les intrants ;
Une identification des meilleures alternatives possibles concernant les fonctions et les
structures favorisant l'atteinte des objectifs d'un système ;
L'identification, l'intégration et la mise en œuvre de mécanismes autocorrectifs
(rétroaction/régulation) ajustant les objectifs du système à ceux de l'environnement, et
à ceux des autres systèmes avec lesquels il interagit, les extrants aux objectifs du
système et les variables d'action en fonction de la qualité et de la validité des extrants ;
L'analyse du système global en sous-systèmes, en repérant les intrants, les variables de
transformation, les extrants de chaque unité et leurs points d'interface avec d'autres
systèmes et avec l'environnement ;
L'implantation progressive du système et l'évaluation des extrants par rapport aux
critères de performance identifiés au préalable.
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• Limites
Les relations entre les diverses formes de causalités sont loin d’être toujours claires.
L’aspect trop descriptif du système qui mène certainement à une décision, mais qu’on
ne sait pas si elle est bonne ou pas.
Une bonne organisation systémique mais qui dépend toujours de l’information et de la
décision du manager sans donner une valeur ajoutée ou même participer à la bonne prise
de décision.
Deuxième partie : Généralités sur l’Ecole sociotechnique
Cette école est un développement de l’approche systémique l’objectif est de faire le lien entre
les dimensions humaine et technique de l’organisation. L’amélioration des relations ne peut être
sauf si on change l’organisation de travail. Cette approche est née de la rencontre de 3 courants
de pensée des années 50 :
• La psychologie industrielle
• La sociologie du travail
• Les sciences de l’ingénieur
En effet, le défaut principal de l’école des relations humaines est de ne pas remettre en cause
l’organisation du travail taylorienne. Elle s’intéressait à la dynamique de groupe, aux relations
affectives dans les équipes de travail, aux motivations des subordonnés, à l’ensemble des
aspects humains, mais sans toucher à la manière dont le travail est découpé, organisé, aux
procédures techniques mises en œuvre.
En ce qui concerne les défauts du Tayloro-Fordisme, Les auteurs ont constaté de nombreux
dysfonctionnements confirmant que l’introduction de l’OST provoquaient des incidences à la
fois psychologiques et sociologiques sur les ouvriers et leur moral et rejaillissaient
indirectement sur la productivité de l’entreprise.
L’approche sociotechnique consiste à penser que l’on peut peut-être améliorer les relations
humaines dans une organisation mais, si on ne change pas l’organisation du travail, les
problèmes seront toujours là. Il faut donc intervenir à la fois sur le système technique et sur le
système social.
Des recherches réalisées par F. Emery et E. Triste à l’Aviso Institute de Londres fondent la
théorie sociotechnique de l’organisation, ils travaillaient sur le rôle des groupes restreints, des
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équipes de travail et sur l’interdépendance des facteurs techniques et humains dans le travail
Emery et Triste montrent que l’entreprise est un système ouvert composé d’un système
technique et d’un système social on parle de la notion de système sociale ; ensemble des
relations qui se développe au sein de travail, techniques ensemble des procédures des outils.
Son efficacité dépend de l’optimisation conjointe de ces 2 systèmes – Si l’un d’eux fonctionne
mal, l’organisation risque de rencontrer des problèmes/dysfonctionnements. Cette école a
critiqué l’école classique et les relations humaines en même temps. Cette approche dépasse les
visions du travail de Taylor et de Mayo car il peut exister plusieurs manières de s’organiser et
certaines combinaisons socio-productives sont plus efficaces que d’autres
Emery et Triste réalisent une expérience sur les mines de charbon en Angleterre, de nouvelles
machines sont introduites et doivent normalement conduire à doubler la production.
Étrangement, ils observent que la production baisse, notamment au sein d’une équipe de travail.
Les chercheurs observent alors le fonctionnement de 2 équipes de travail qui sont organisées.
• Dans la 1ère équipe : fonctionnement de type taylorien (tâches spécialisées et
basiques), beaucoup de conflits, absentéisme fort
• Dans la 2nde équipe : organisation du travail différente, repose sur un travail élargi
et enrichit, équipe encouragée collectivement par les objectifs à atteindre
Conclusion de la recherche : La baisse de la production est plus forte dans la première équipe
(fonctionnement taylorien), les paramètres de fonctionnement du groupe de travail exercent une
influence sur les salariés (dysfonctionnements dans le 1er groupe de travail).
Constat
Alors que les conflits et absentéisme étaient importants dans la première équipe, les conditions
de productivité et l’ambiance de travail s’amélioraient grandement au sein de la seconde équipe.
Les résultats obtenus après la mise en place de cette nouvelle organisation sont les suivants :
• Baisse des accidents,
• Baisse de la rotation du personnel,
• Baisse de l’absentéisme,
• Suppression d’un niveau hiérarchique,
• Augmentation de la productivité.
Les apports de l’approche sociotechnique :
– Montrer qu’il peut exister plusieurs organisations possibles de la production et non pas une
seule comme ne le suggèrent Taylor et Ford
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– Contribue à l’amélioration de la qualité de la vie au travail (les besoins de l’homme doivent
être satisfaits dans son travail et doivent guider la conception des tâches).
Vision des écoles passées et l’école sociotechnique
Conception ancienne Conception sociotechnique
• Homme = extension de la machine
• Homme = pièce de rechange de la machine
• Division du travail en tâches élémentaires
• Contrôle externe (contremaître)
• Style autocratique
• Seuls les buts de l’organisation
• Homme = complément de la machine
• Homme = ressource à développer
• Regroupement des tâches, qualifications
larges
• Contrôle interne (auto-régulation)
• Style participatif
• Les buts des membres et de l’organisation
comptent
Source : Rojot (2005)
Les avantages et les limites de l’école sociotechnique
D’un point de vue strict, l’approche sociotechnique cherche à optimiser à la fois l'aspect
technique et social du travail. Pour cette école, ces deux aspects sont totalement imbriqués : La
technologie définie et impose des contraintes de travail qui doivent être traitées et organisées
selon des règles sociales et psychologiques. Ce système sociotechnique est cependant mouvant
car perméable aux échanges avec l'environnement de l'entreprise. Ainsi, les théoriciens
EMERY et TRIST mènent une étude pratique sur la question d’optimiser à la fois l'aspect
technique et social du travail.
L’analyse menée par EMERY et TRIS pour mieux illustrer leur théorie, ils ont mené des études
dont la plus célèbre fut l’analyse de modes d’organisation et les comportements au travail dans
des compagnies minières de charbon en Angleterre.
D’importants conflits opposaient les employeurs et les salariés lors de la mise en place de
nouvelles machines pour augmenter la productivité : paradoxalement l’introduction de ces
nouvelles machines s’accompagnait d’une diminution de la production. EMERY et TRIST vont
alors distinguer deux équipes. La première équipe, qui travaillera avec les nouvelles machines
mais en préservant les mêmes modes d’organisations tayloriennes qu’auparavant. La deuxième
équipe va modifier son organisation en accompagnant la mise en place de nouvelles techniques
par une plus grande autonomie et une responsabilisation qui amènent les salariés à mieux
maitriser le processus global de production à atteindre.
Alors que les conflits et absentéisme étaient importants dans la première équipe, les conditions
de productivité et l’ambiance de travail s’amélioraient grandement au sein de la seconde équipe.
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Ils remarquèrent que pour une technologie donnée, ils existent donc plusieurs modes de
production possibles et non pas une seule comme avancent Taylor et Ford. L’organisation
apparaît donc comme un système ouvert ou cohabitent et interagissent un système technique et
un système social ; de multiples combinaisons entre ces systèmes peuvent amener plusieurs
modes d’organisation.