Présentation par Mountaga Diallo (SOGEM) et Baldé Alpha Oumar (OMVS) dans le cadre de l'atelier régional sur le thème « Mise en œuvre des recommandations de la CEDEAO sur les grandes infrastructures hydrauliques en Afrique de l’Ouest : aspects économiques » tenu les 25 et 26 mars 2015 à Ouagadougou (Burkina Faso).
1. ATELIER REGIONAL – MISE EN ŒUVRE DES RECOMMANDATIONS
DE LA CEDEAO SUR LES INFRASTRUCTURES ET L’EAU A
GRANDE ECHELLE
PRESENTATION DE L’EVALUATION EX POST CONJOINTE DU
PROJET DE BARRAGE DE MANANTANI (OMVS)
Ouagadougou, 25 Mars 2015
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Présenté par :
-Mountaga DIALLO, SOGEM
- Baldé Alpha Oumar… , Haut
3. I . 1 Objectifs du projet
À l’origine, la construction du barrage de
Manantali (1982-1988) poursuivait trois
objectifs : (i) développer une agriculture
irriguée au Sénégal, en Mauritanie et au Mali;
(ii) fournir à ces pays l’électricité dont ils ont
besoin ; (iii) rendre le fleuve Sénégal navigable.
Ce dernier objectif a été abandonné par les
bailleurs de fonds pendant la phase de mise
en œuvre car jugé irréaliste lors de
l’évaluation préalable du projet, en 1980, au
vu du montant des investissements
nécessaires.
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4. I . 1 Objectifs du projet
Deux objectifs finaux retenus pour le
projet :
le développement de l’agriculture
irriguée;
la production d’électricité.
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5. I . 1 Objectifs du projet
L’agriculture irriguée ne faisait pas
partie du projet, au sens strict du terme,
puisque les investissements nécessaires
n’ont pas été financés dans le cadre du
projet de barrage de Manantali. Elle a été
financée dans le cadre du soutien de
plusieurs bailleurs de fonds.
Le volet «hydroélectricité » a été réalisé
entre 1997 et 2003, une fois le barrage
achevé.
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6. I.2 Les composantes du projet
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Le projet comprend deux composantes
principales :
1.Composante 1 : Investissement ;
2.Composante2: Mesures complémentaires
7. I.2 Les composantes du projet
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Composante 1 : Investissement
La construction du barrage de Manantali avec un
mur-pylône central en béton et deux digues
latérales, un réservoir de 11,3 milliards de mètres
cube sur le Bafing et du barrage de Diama, en aval,
dans le delta du fleuve Sénégal.
La construction d’une centrale de 200 MW et un
réseau composé de 12 postes de transformation et
d’environ 1650 km de lignes de transport haute
tension de 225, 150 et 90 kV, interconnectés aux
réseaux du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal.
8. I.2 Les composantes du projet
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Composante 2 : Mesures complémentaires
De l’assistance technique a été détachée
auprès de l’OMVS pour participer au
fonctionnement du barrage et à la gestion
du réservoir mais aussi pour élaborer et
mettre en œuvre le volet « énergie »
9. 9
I . 3.Coût du projet et plan de financement
Mesure Coûts évalués au moment
de l’évaluation préalable
(Millions de FCFA)
Coûts constatés pendant
l’évaluation ex post
(Millions de FCFA)
1. Barrage de Manantali 135 827 150 590
2. Déboisement 2 839 2 586
3. Barrage de Diama 36276 36276
4. Endiguement 18 958 18 958
5. Volet Energie 205 131 246 054
6. Mesures
complémentaires
12422 12140
7. Etude du fleuve Sénégal 1893 1893
TOTAL PROJET 413 346 468 497
10. I . 3. Coût du projet et plan de financement
L’agriculture irriguée ne faisant pas partie du projet de barrage
de Manantali, les coûts d’investissement associés ne sont pas
pris en compte.
le financement du projet global a été assuré par 16 bailleurs
différents dont :
l’ACDI, la (BAfD), les fonds de développement saoudien et
koweïtien, la Banque mondiale et le (PNUD) ainsi que par la
contrepartie locale de l’organisation chargée de l’exécution du
projet (9 % du coût total du volet « énergie »).
La KfW a contribué à hauteur de 14 % environ, contre 13 % pour
l’AFD. La BEI a limité son financement au volet « énergie » (3 %
du coût total du projet).
Globalement, près de 64 % des dépenses totales ont été
financées par emprunt et 36 % par dons.
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11. II- PERTINENCE DU PROJET
1- Pour l’agriculture irriguée
La vulnérabilité de l’agriculture pendant les saisons sèches , les
perspectives de revenu et d’emploi dans les zones rurales et la
contribution à une sécurité alimentaire minimale
Nécessité de développer l’agriculture irriguée pour augmenter
l’autosuffisance alimentaire.
Cependant, avec le recul, la pertinence du volet « irrigation »
paraît moins évidente qu’au moment de l’évaluation préalable
en raison des préférences des agriculteurs et l’alignement non
efficace des PTFs (Conséquence des PAS)
12. II- PERTINENCE DU PROJET
2- Pour le secteur de l’énergie
Constat: insuffisance de la fourniture d’énergie aggravée par
l’effet de l’augmentation de la demande, délestage et surcoûts
de production
Face à ce constat, ce projet d’énergie renouvelable est d’une
importance primordiale pour la région, en particulier et pour
l’Afrique de l’Ouest, c’est aussi un exemple de mise en
commun de ressources et de capacités techniques.
Dans la perspective de déficits futurs de production, ce projet
énergétique s’avérait plus que pertinent. La flambée des cours
du pétrole et l’importance accrue de la réduction des gaz à
effet de serre sont venues encore en conforter le bien-fondé.
La pertinence globale du volet « énergie » est tout à fait
acceptable.
13. III- PERFORMANCE DU PROJET
III-1 Efficacité
1- L’agriculture irriguée
Objectifs médiocrement atteints dans l’ensemble
l’extension des périmètres d’irrigation au Sénégal et en
Mauritanie a été au-delà des objectifs identifiés lors de
l’examen préalable.
Sénégal: 15 370 hectares en 1980 à 94 500 en 2006 contre
48 500 à 56 900 hectares pendant évaluation préalable.
Mauritanie: 47 000 hectares pour 2006 contre 20 350 hectares
pendant évaluation préalable.
Cependant, l’exploitation du potentiel d’irrigation fourni par
le barrage de Manantali est en-dessous des attentes
acceptables, du fait notamment du faible taux d’exploitation
(inférieur à 100 % contre 150 à 200% prévu au Sénégal) et du
maintien d’une seule et unique campagne agricole dans les
deux pays.
14. III- PERFORMANCE DU PROJET
2- Le secteur de l’énergie
Le taux moyen annuel prévu d’alimentation de 540 GWh a
été largement dépassé : les trois compagnies publiques
d’électricité ont reçu en moyenne et par an quelque 740 GWh
(+ 37 %). Les capacités sont donc pleinement exploitées.
Les données opérationnelles disponibles montrent que
depuis la mise en route de la centrale, aucune interruption
grave de service n’est intervenue. Les pertes techniques dans
les lignes de transport ont représenté environ 9 % entre 2003
et 2006 – un taux acceptable.
Malgré ces objectifs atteints, le problème de recouvrement de
créances auprès des compagnies d’électricité et les difficultés
dans la gestion de la SOGEM et de l’exploitant de la
centrale électrique mettent le projet à un niveau de
15. III- PERFORMANCE DU PROJET
III-2 Efficience
1- L’agriculture irriguée
L’évaluation menée au Sénégal, en raison de
manque de données fiables pour les autres zones,
conclut que l’efficience de la production et de
l’allocation des ressources de l’agriculture irriguée
ne sont pas acceptables.
La valeur actuelle nette et la capacité
d’autofinancement sont négatives, ce qui ne
permet pas de financer l’entretien des
infrastructures et compromet ainsi l’efficience du
16. III- PERFORMANCE DU PROJET
III-2 Efficience
2- Le secteur de l’énergie
D’un point de vue économique, la centrale hydroélectrique
installée à Manantali est de toute évidence la solution la
moins coûteuse par rapport à n’importe quelle option
thermique. En termes de rentabilité, son efficience est
excellente. En intégrant la valeur des émissions de carbone
évitées, le taux de rendement économique (TRE) augmente
de 2 à 3 %.
Cependant, la couverture des coûts totaux par les tarifs
pratiqués n’est pas garantie et conjugué aux graves difficultés
du secteur de l’énergie dans les trois pays, ce constat a des
répercussions profondes sur la situation et la viabilité
financières des partenaires du projet.
17. III- PERFORMANCE DU PROJET
III-3 Viabilité
1- L’agriculture irriguée
Au Sénégal comme en Mauritanie, le secteur de
l’irrigation restera encore longtemps tributaire des
subsides publics et de l’aide de bailleurs extérieurs.
De sorte que la viabilité – au sens où les bénéficiaires
pourront continuer à financer le projet sur leurs
propres moyens une fois l’aide extérieure arrêtée –
ne peut être tenue pour acquise.
18. III- PERFORMANCE DU PROJET
III-3 Viabilité
2- Le secteur de l’énergie
La viabilité financière semble compromise à cause du
manque de discipline financière dans les paiements
des compagnies nationales d’électricité qui fait peser
un risque financier sérieux sur le fournisseur privé
d’énergie EEM. L’importance des arriérés et le manque
de liquidité qui en résulte mettent en danger le
financement des indispensables travaux d’entretien du
barrage de Manantali et du service de la dette
contractée auprès des différents organismes de
financement. Ce qui pourrait remettre en question le
fonctionnement opérationnel de la centrale et du
19. III- PERFORMANCE DU PROJET
III-4 Aspects environnementaux
D’une manière générale, l’évaluation environnementale
et les mesures d’atténuation ont respecté les
recommandations de la Commission mondiale des
barrages de l’année 2000. Mais les problèmes
environnementaux restent importants. Les questions
concernant la réinstallation des populations et la
pêche ont été partiellement résolues mais la
diminution des zones agricoles de décrue et la
prolifération des plantes aquatiques, favorisant
notamment la propagation de la bilharziose,
présentent d’importants risques pour
l’environnement et la santé et ont un impact négatif
sur la viabilité du projet.
20. IV- IMPACT GLOBAL SUR LE DEVELOPPEMENT
L’agriculture irriguée n’a contribué que
marginalement à l’objectif général du projet
d’augmentation de l’autosuffisance. L’impact sur le
développement peut être observé à travers trois
principaux indicateurs : l’autosuffisance en culture
vivrière, la réduction de la pauvreté et la baisse de
l’émigration. Dans ces trois domaines, les progrès se
font attendre.
La centrale hydroélectrique de Manantali contribue
nettement à la fourniture d’énergie et à la
satisfaction de la demande d’électricité dans les trois
pays. Elle contribue aussi au développement des
pays en limitant leurs achats externes d’énergie
21. V- Coopération régionale et intégration
l’OMVS s’est révélée bien plus stable que les tentatives
précédentes de coopération tripartite. Le dialogue politique
institutionnalisé via l’OMVS participe largement à la
coopération transfrontalière entre les trois pays. Dans ce
cadre, l’accord qui octroie un statut international au fleuve
Sénégal pose de solides jalons pour une exploitation conjointe
de la ressource et pour déjouer les conflits entre usagers en
amont et en aval.
L’adhésion de la république de Guinée à l’OMVS et la
planification de nouvelles centrales hydroélectriques – dont
l’OMVS serait l’organe exécutif central – souligne le rôle
éminemment politique du cadre institutionnel.
Néanmoins, l’impact positif de la structure de l’OMVS sur la
coopération transfrontalière peut difficilement compenser les
déficiences identifiées dans l’agriculture d’irrigation et la
production d’énergie dans les trois pays.
22. VI- LES AVANCEES DEPUIS L’EVALUATION EX POST
CONJOINTE
Au titre de l’Agriculture irriguée
1-Amélioration sensible constatée suite à l’installation
dans la vallée des cultures de contre-saisons chaude
et humide.
2-Réalisation en cours d’importants travaux de
réhabilitation du barrage et des équipements de
Diama ainsi que des voies d’eau d’irrigation.
3-Encadrement institutionnel et gouvernance
améliorés.
23. VI- LES AVANCEES DEPUIS L’EVALUATION EX POST
CONJOINTE
Au titre du secteur de l’énergie
1- La question primordiale des arriérés de paiement a été
totalement éradiquée par les mesures contraignantes au titre de
la gouvernance qui autorise la SOGEM et son opérateur à réduire
voire interrompre totalement la fourniture d’électricité aux
sociétés nationales d’électricités défaillantes. Depuis 2010, année
de la prise de cette mesure, à ce jour, aucun arriéré n’est constaté,
améliorant ainsi la trésorerie de la SOGEM et partant la viabilité
du projet global.
2- Ajustement tarifaire décidé à partir de juin 2013.
3- Gestion financière de la SOGEM améliorée notamment par une
réduction des charges de fonctionnement et une amélioration de
la gouvernance.
Ces mesures ont permis la réalisation de tous les entretiens requis
et surtout de retrouver la confiance des bailleurs de fonds et des
24. VII- LES PERSPECTIVES
Dans le secteur de l’irrigation
Des mesures fortes sont envisagées pour permettre améliorer la viabilité de ce
secteur par l’abandon de la monoculture de riz notamment, et
l’amélioration des rendements. Toutefois, le secteur de l’agriculture
irriguée restera longtemps non viable au sens de l’autosuffisance
alimentaire tant que cette composante ne sera pas totalement intégrée au
projet global en terme d’indicateur de performance des projets
Dans le secteur de l’énergie
A l’inverse, l’amélioration du cadre institutionnel et de la gouvernance a déjà
permis de réaliser, sur la base de la confiance retrouvée avec les PTFs, de
nouveaux aménagements tels que celui de Félou (60 MW) et Gouina (135
MW en cours de démarrage).
Le retour de la Guinée dans l’organisation ouvre la voie à des projets plus
ambitieux tels que l’aménagement hydroélectrique de Koukoutamba
(280MW), Boureya (160 MW), Gourbassi (25 MW), pour ne citer que ceux-
là.
25. CONCLUSION
L’analyse de l’évaluation ex post conjointe du projet de
barrage de Manantali a permis sans conteste,
d’identifier les facteurs de succès et d’échec du projet,
d’apprécier la durabilité des résultats et des impacts,
et de tirer les leçons qui devaient être généralisées .