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CREDIBILITÉ ET UTILITÉ DU QUANTIFIED-SELF
Les objets de santé connectés : phénomène de mode ou véritable innova-
tion médicale ?
————————————————
Présenté par :
Charlotte Zuber
Sous la direction de :
Christiane Peyron-Bonjan
Master 2 Information et communication, traitement des contenus numériques, parcours
santé et communication

Page 1
“ Je, soussignée Charlotte Zuber certifie que le contenu de ce mémoire est le résultat de mon tra-
vail personnel. Je certifie également que toutes les données, tous les raisonnements et toutes les
conclusions empruntés à la littérature sont soit exactement recopiés et placés entre guillemets dans
le texte, soit spécialement indiqués et référencés dans une liste bibliographique en fin de volume. Je
certifie enfin que ce document, en totalité ou pour partie, n’a pas servi antérieurement à d’autres
évaluations, et n’a jamais été publié. ”
————————————————————————-
Mes remerciements à toutes les personnes ayant répondu à mon sondage et aux médecins sans qui
je ne serais pas parvenue à terminer mes recherches.
Merci également à ma tutrice de mon mémoire Mme Peyron Bonjan pour son encadrement et ses
conseils.
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I/ Tour d’horizon du Quantified-self 8
1- Qu’est ce que le quantified-self ? 8
A) Des personnes soucieuses de leur état de santé 10
B) Des sportifs 11
C) Les personnes numériques 13
D) Des personnes malades 15
3- Pourquoi utiliser des objets du Quantified-self ? 15
A) Une meilleure connaissance de son corps 15
II/ D’où vient cette tendance à l’automesure ? 22
A) Les scandales sanitaires de ces dix dernières années 23
a- L’affaire du médiator 23
b- Le scandale des prothèses PIP 24
c- Les erreurs médicales 24
B) Le français veut prendre sa santé en main 25
A) L’orgueil français 26
B) Le français a peur du regard des autres 26
4- Quelle crédibilité pour les objets de santé connectés ? 27
III/ Peut-on avoir entièrement confiance en la machine ? 30
1) L’homme est-il une machine ? 30
A) Des similarités entre l’homme et la machine ? 30
B) L’homme éprouve des sentiments 31
C) L’homme construit la machine 31
D) L’homme doit-il avoir peur de la machine ? 31
A) La machine est mal construite 32
IV / Qu’en pensent les professionnels de la santé en France ? 36
A) Lecture des résultats du sondage 36
B- Interprétations des résultats du sondage 37
a- Ces objets aident l’individu à prendre soin de sa santé (76%) 37
b- Mais cet interêt pour ces objets ne doit pas dépasser le cadre de la forme physique
38
2- Que pensent les médecins des objets de santé liés à la prévention de certaines pa-
thologies ? 39
A) Lecture des résultats du sondage 39
B) Interprétations des résultats du sondage : de grandes défaillances dans le Quantifed-
self 39
b- Des médecins peu connectés 3.0 39
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a- L’utilisateur n’a pas les connaissances médicales nécessaires pour prévenir une
éventuelle pathologie 40
b- Le médecin trop en retrait 41
c- Le Quantified-self mélange science et technologie 41
e- Les risques d’une mauvaise interprétation des données livrées par l’outil connecté 43
Bibliographie : 48
Webographie : 48
Sondage aux utilisateurs d’objets de santé connectés : 50
Questions aux médecins, par Charlotte Zuber : 51
Page 4
Page 5
« Nous sommes à l’aube de la révolution technologique du XXième siècle » estime le sociologue
Stéphane Hugon, en parlant des objets du quantified-self.
Les objets connectés sont partout. Désormais, grâce à une simple application, nous pouvons
connaitre toutes les caractéristiques de notre corps. Les objets connectés ont le vent en poupe. Nous
avons tous un smartphone et des applications programmées. Sans le vouloir, nous avons petit à petit
fait entrer les objets connectés dans nos vies.
Les objets connectés apportent des promesses à ses utilisateurs. Ils leur promettent de vivre mieux,
de vivre dans le confort, d’améliorer leur quotidien.
Ils promettent d’améliorer notre santé et notre bien-être en calculant notre IMC, notre tension, notre
taux de sommeil. Ils nous donnent des conseils sur notre manière de manger, de consommer.
Les objets de santé connectés sont même utilisés par les patients malades. Certains grands groupes
pharmaceutiques fabriquent des piluliers connectés qui alertent la personne souffrant d’alzeihmer
qu’il est l’heure de prendre ses médicaments. Une véritable révolution dans le domaine médical.
Début 2015, Apple sortait sa dernière innovation : l’Apple Watch, une montre connectée faisant of-
fice de smartphone.
Le monde est en perpétuel évolution et les objets connectés aussi. J’ai choisi pour thème le quanti-
fied-self, car c’est un sujet à la fois intéressant et à la pointe de l’actualité. J'ai moi-même utilisé un
de ces objets pendant une courte période. J’ai abandonné un mois plus tard, déçue. Je voulais donc
savoir si d’autres utilisateurs étaient dans mon cas.
Ce sont les journalistes Gary Wolf et Kevin Kelly qui, en 2007, ont inventé l’automesure. De confé-
rences en conférences, ils en ont fait leur crédo : Surveillez vous même votre état de santé, vous
êtes le principal acteur de votre santé.
A tout instant de la journée, vous pouvez ainsi connaitre votre poids, le nombre de pas que vous
avez réalisé, le nombre de kilomètres que vous avez marché aujourd’hui, la qualité de l’air que vous
inspirez, le nombre de calories que vous avez mangé …
Toutes ces caractéristiques de votre organisme sont désormais entre vos mains.
Très vite, le marché s’est étendu sur toute la surface de la planète et a conquis de nombreux adeptes.
En 2013, on recense des millions d’utilisateurs sur ce marché.
Les multinationales qui rayonnent dans le monde comme Apple et Google ce sont très vite laissées
tenter par l’expérience et sont en train de conquérir tous les segments de ce marché. Apple est le roi
des nouveautés : son iphone 6 sera carrément un véritable carnet de santé connecté ! Ce sont
presque 900 millions d’utilisateurs d’iphone qui seront concernés par cette nouveauté.
En revanche, on ne peut pas considérer les utilisateurs des objets du quantified-self comme des pa-
tients. La plupart des utilisateurs ne sont même pas malades !
La cible des géants du quantified-self sont en réalité grand public. Le but premier n’est donc pas de
soigner, mais d’aider l’utilisateur à mieux gérer sa santé, en quelques sortes.
Aux Etats-Unis, les objets de santé connectés sont totalement entrés dans les habitudes des améri-
cains. Selon un sondage Ipos, 82% des américains utilisateurs d’objets de santé connectés pensent
qu’ils ont amélioré leur vie.
Page 6
C'est une véritable révolution, liée notamment à l’avènement du smartphone. Aujourd’hui, 80% des
français sont en possession d’un smartphone. Tous peuvent donc télécharger une application liée à
la santé.
En me documentant sur cette révolution en matière de bien-être et de santé, je me suis posée de
nombreuses questions.
Comment l’individu peut-il se soigner lui-même sans une aide médicale ? Comment une machine
peut-elle afficher des données sur notre organisme aussi précisément ?
Les publicitaires nous offrent des publicités dans lesquels les objets connectés sont perçus comme
des produits miracles, surtout en matière de santé. Mais qu’en est-il en réalité ? Les utilisateurs
sont-ils pleinement satisfaits de leurs outils de santé connecté?
Pour le savoir, j’ai élaboré un sondage et j’ai demandé à certains internautes et utilisateurs d’y ré-
pondre. Grâce aux réseaux sociaux et à quelques appels passés, j’ai pu interroger des médecins
concernés par le quantified-self. Comme nous allons le voir, leur avis sur ce phénomène sont tota-
lement partagés…
Les personnes sondées sont des gens comme vous et moi, mais la plupart sont tout de même utilisa-
teurs de ces objets connectés. Nous verrons dans mon enquête que les déçus ne se font pas rares …
Loin de là. Les objets de santé connectés sont-ils véritablement crédibles ?
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I/ Tour d’horizon du Quantified-self
Pour commencer mes recherches, j’ai répertorié des objets de santé connectés qui m’ont paru les
plus utiles. De plus, j’ai récolté plusieurs témoignages d’utilisateurs du quantified-self. Il m’a fallu
plusieurs mois afin de récolter tous ces avis. Dans cette partie, nous allons étudier le processus de
l’automesure, et les nombreux avantages que peut trouver un internaute dans son utilisation. Pour
m’aider dans cette analyse, j’ai recueilli les avis du professionnel du quantified-self et chercheur, à
l’hopital George Pompidou à Paris, Docteur Nicolas Postel-Vinay
1- Qu’est ce que le quantified-self ?
Le Quantified-self, c’est le fait de mesurer ses propres statistiques. En anglais, Quantified-self si-
gnifie « la mesure de soi ». Ainsi, il s’agit de la mise en chiffres de soi. Les chiffres de nos corps
sont nombreux. Je peux calculer ma tension, mon cholestérol, mon taux d’insuline, voire même
mon taux d’alcool dans le sang après un repas copieux. Voici la définition de l’automesure par la
CNIL :
« Le Quantified self ou le « soi quantifié » renvoie à un ensemble de pratiques variées qui ont toutes
pour point commun, de mesurer et de comparer avec d’autres personnes des variables relatives à
son mode de vie : nutrition, activités physiques, poids, sommeil… »
Emmanuel Gadenne, un expert français du Quantified-self, nous donne la définition suivante :
« Le Quantified Self correspond à une méthode qui permet de se connaître par la donnée. Par
exemple, dans le cadre du suivi du diabète, il est utile d’avoir des carnets de bord électroniques
pour le patient comme pour le médecin. La réflexion et le dialogue sont enrichis grâce à la valeur
et la précision apportées par des données chiffrées »
Nous pouvons ainsi mesurer les données de notre organisme grâce à des appareils. Il est à noter que
le Quantified-self existe depuis des décennies : le simple fait de se peser grâce à une balance relève
du Quantified-self ! Aujourd’hui, il s’agit d’applications que nous pouvons télécharger sur notre
téléphone portable, appelé aussi smartphone. Le Quantified-self évolue. Il existe de nombreux
types d’applications. Les plus accessibles sont bien sur les applications gratuites ou peu onéreuses.
Ainsi, tout propriétaire de smartphone peut télécharger l’application qui pourra lui apprendre à chif-
frer son organisme : tensiomètre, calcul de notre cholestérol, calcul de notre taux de sommeil, de
notre taux de nervosité … Les applications sont particulièrement utilisées depuis deux ans.
A gauche, une application de running utilisée par les
accrocs au footing, qui permet de calculer le nombre
de calories que nous avons perdu durant notre par-
cours. L’application coûte 2euros. Elle est capable
de s’adapter en fonction du sport pratiqué : marche,
course, vélo et même vélo-tout-terrain.
A droite, une application relativement onéreuse qui
permet de mesurer notre fréquence cardiaque à toute
heure de la journée. Elle doit être utilisée plusieurs-
fois dans la journée car elle compare les progrès ef-
fectués dans une même journée.

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Grâce au Quantified-self, le matériel médical peut-être à la portée de tous. Le site automesure.com,
géré par le Docteur Postel-velay a établi une liste de matériel médical adapté à l’usage du patient.
Ainsi, nous pouvons tous utiliser des lecteurs de glycémie, des oxymètres de pouls ou des tensio-
mètres. Nous pouvons également partager les résultats récoltés sur internet, afin des les comparer
avec d’autres utilisateurs et savoir dans quelle tranche nous sommes. Il est à savoir que les utilisa-
teurs du Quantified-self se servent de moins en moins de l’avis de leur médecin, mais des résultats
des autres utilisateurs.
Un tensiomètre vendu sur le site du groupe d’hypermarché Carrefour
Il s’agit d’une appareil que l’on met au poignet, spécialisé dans la détection
de l’arythmie.
Il est accessible à tous pour moins de trente euros, ce qui est rédhibitoire
pour un objet médical.
Voici le tensiomètre développé par la marque spécialisée dans les objets de
santé connectés Withings.
Désormais, la pression artérielle se mesure avec un téléphone portable. La
marque affirme qu’il est important de prendre sa tension et de suivre son
évolution.
L’application est gratuite et se veut simple d’utilisation.
Ainsi, le Quantified-self correspond à l’utilisation d’objets connectés. Les tensiomètres ou autre
matériel médical autrefois propriétés privées du médecin sont désormais à la portée de tous. Les
applications nous aident à prendre soin de notre santé grâce à des chiffres et à une remise en ques-
tion de nos habitudes de vie. Les smartphones et appareils de mesures médicaux sont appelés ainsi,
les objets de santé connectés.
2- Qui sont les utilisateurs du quantified-self ?
L’objectif du quantified-self est d’aider les gens à prévenir certaines pathologies, et à prendre
soin de leur santé. Les chiffres encourageants ou non, aident l’utilisateur à prendre soin de lui.
Ainsi, les applications qui peuvent nous paraitre peu crédibles peuvent tout de même permettre à
l’utilisateur de prendre conscience de son état de santé.
« En mesurant vous même votre santé, vous pouvez mieux vous soigner ou mieux prévenir certaines
maladies. » Docteur Postel-Vinay
Il existe différents types d’utilisateurs de ces objets d’un nouveau genre. Dans cette sous-partie, j’ai
recueilli plusieurs témoignages d’utilisateurs d’objets de santé connectés, grâce au sondage que
vous retrouverez en annexe. Près de 200 personnes ont ainsi répondu à mon sondage.
Il m’est apparu que les plus grands utilisateurs des objets de santé connectés étaient les individus de
20 à 30 ans. J’ai décidé de réaliser des graphiques des données que j’ai récoltées, et je les commen-
terai.
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Age des utilisateurs d’objets du quantified-self, par Char-
lotte Zuber:
Les personnes ayant eu l’amabilité de répondre à mon sondage
sont âgées de 9 à 81 ans. Ainsi, comme vous pouvez le constater
sur le schéma ci-contre, la tranche d’âge qui utilise le plus les
objets de santé connectés sont les 20-30 ans avec 35%. La
tranche des 30-40 ans représente 25% des utilisateurs d’objets
connectés et arrive en deuxième position. Sur la troisième marche
du podium, on retrouve la tranche des 40-50 ans avec 20% d’uti-
lisateurs. Les plus de 50 ans représentent 15% tandis que les
10-20 ans ne représentent que 5%. Les hommes sont le plus représentés : 62% des sondés sont de
sexe masculin, 38% sont de sexe féminin.
Ainsi, d’après leurs réponses, j’ai répertorié les différentes catégories que représentent les utilisa-
teurs du Quantified-self : Les utilisateurs sont donc soit soucieux de leur santé, soit sportifs, soit
connectés, soit malades.
A) Des personnes soucieuses de leur état de santé
Depuis quelques années, le commerce des objets de santé s’est considérablement popularisé. L’in-
dividu prend de plus en plus soin de lui et de sa santé. Les géants du numérique tels que Google
et Apple l’ont bien remarqué. Ces deux multinationales sont les principaux acteurs du marché des
objets connectés. Les smartphones regorgent d’applications liées à la santé. J’ai moi même télé-
chargé des applications de ce genre depuis quelques mois. Calculer les calories que j’allais ingérer
ou voir combien de poids j’avais perdu en marchant quelques minutes m’intéressait.
Les personnes sont soucieuses de leur état de santé. J’ai même interrogé un enfant qui avait peur
pour sa santé malgré son jeune âge. Quels que soit notre âge, notre condition physique, notre vision
de la vie nous avons peur pour notre santé. Et avec la « malbouffe » et le manque de sport, les ma-
ladies comme l’obésité ou le diabète se font de moins
en moins rares. C’est ainsi que depuis quelques an-
nées, l’individu a décidé de mieux prendre soin de
sa santé. Les joggeurs ont envahi les rues et le yoga ou
la fitness attirent de plus en plus d’adhérents. C’est
dans cette optique que sont apparues les premières ap-
plications de santé connectées. La marque Runtastic est
leader sur le marché. Le joggeur se connecte sur son
portable et pendant sa course il peut voir le nombre de
kilomètres parcourus ainsi que le nombre de calories
perdues.
Certaines personnes âgées, qui sont pour la plupart fa-
tiguées des éternels trajets chez leur médecin, sont de-
venues accrocs de leur tensiomètre ou de leur pompe à
insuline. Ils ne ratent pas le moindre recueil de données
Page 10
de leur machine et les notent ou même les enregistrent sur leur appareil. Ainsi, jeune ou âgé, l’utili-
sateur de l’objet connecté prend soin de sa santé et de son bien-être.
André, 85 ans, n’est pas malade. Pourtant, tous les jours, il prend sa tension à l’aide de son tensio-
mètre.
« C’est une habitude que j’ai prise depuis que mon médecin me l’a conseillée.» André,
85 ans
L’individu utilise les objets connectés à titre préventif. L’outil lui permet de contrôler son corps
et ses agissements. S’il mange trop vite, le téléphone va lui dire de se calmer. S’il court en tapant
trop le talon au sol, le téléphone lui dira. S’il boit trop, s’il fume trop, le téléphone lui dira. Les ob-
jets de santé connectés sont une grande opportunité pour aider l’individu à prendre soin de lui.
B) Des sportifs
Il m’est apparu beaucoup de sportifs parmi les sondés. Ce sont des sportifs amateurs qui pratiquent
un sport régulièrement, ou qui en font leur profession. Le sportif aime l’activité physique et il
connaît les bienfaits du sport sur son organisme. 12% des sondés sont des sportifs. Parmi eux, 34%
sont des femmes et 66% sont des hommes. L’âge moyen est de 35 ans.
« Mon généraliste connaît ma passion pour le sport et il m’a conseillé cette application gérée par
la marque Nike. J’ai tout de suite adoré, ça fait 2 ans que je l’utilise ! » Jérémy, 31 ans
Les médecins ne sont pas les seuls à conseiller ce type d’applications dans le cadre sportif. Les en-
traîneurs de clubs le conseillent également à leurs élèves. Le but est d’améliorer leurs perfor-
mances en compétition comme à l’entraînement. Et cela fonctionne :
« J’utilise HyHealth depuis deux ans et avec un peu de motivation j’ai gagné quelques places au
classement. » Damien, 17 ans
Les marques recèlent d’ingéniosité pour attirer les nouveaux sportifs et les publicités sont toutes
ciblées. Voici à droite la publicité de Nike que tout sportif voit s’afficher sur le fameux réseau social
Facebook :
Damien m’a expliqué l’utilisation de l’application « Running heroes ». Il s’est inscrit sur le site in-
ternet et a téléchargé l’application Runtastic. Lors de ses entraînements, il reste connecté grâce à
son smartphone. L’application récolte et enregistre toutes les données de Damien sur son téléphone.
D’après Damien, Running heroes est une grande plateforme pour les sportifs, et le suivi est une
Page 11
grande source de motivations. D’ailleurs, si vos résultats s’améliorent, de grandes marques vous
envoient des cadeaux. Un gros coup de marketing pour cette multinationale.
« J’ai reçu beaucoup de cadeaux depuis que j’ai commencé et j’ai gagné 2 minutes sur mon temps
de course. » Damien, 17 ans
Depuis ses 15 ans, Mélissa pratique l’escrime en compétition. Depuis un an maintenant, elle utilise
cette application lors de ses entraînements. Elle affirme que ces objets sont devenus tendance, un
véritable phénomène de mode dans les compétitions.
« Toutes mes adversaires l’utilisent, je me suis dis qu’il fallait que je m’y mette aussi. » Melissa, 25
ans
Alors qu’elle n’était pas convaincue au départ par l’utilité de cette application, elle y a vite pris
goût. Désormais elle utilise son objet connecté à chaque entraînement, sous les observations de son
maître d’armes, qui surveille ses performances. La jeune femme y a pris goût.
« C’est une grande source de motivation, car en voyant les résultats décevants ou encourageants,
cette application m’aide à me dépasser. J’ai gagné de nombreuses places au classement général
depuis un an et c’est peut-être grâce à ça ! » Mélissa, 25 ans
Les applications sportives attirent un grand nombre d’adeptes, et les marques de sport comme Nike
ou Adidas l’ont bien compris. Elles ont développé une série d’applications pour attirer encore plus
d’utilisateurs. La marque Heapsylon a développé Sensoria fitness, la première chaussette
connectée !
Page 12
Ainsi, les sportifs mettent leur chaussettes et installent un bracelet autour de leur cheville. Le maté-
riel est connecté à une application qui donnera les statistiques très précises. Les chaussettes
contiennent des capteurs minuscules et très puissants. Le bracelet est en fait un accéléromètre. La
marque affirme que les chaussettes sont tellement précises qu’elles dépassent largement le niveau
du marché. Elles possèdent également un analyseur d’impacts, dont les capteurs se situent sous la
voûte plantaire et un analyseur de foulées. Les chaussettes contiennent aussi un métronome de ca-
dence : le joggeur enregistre un objectif de foulées bien défini, et s’il va trop vite ou même pas as-
sez, les chaussettes lancent une alarme pour prévenir l’utilisateur ! Les ambassadeurs de la marque
préviennent que cet objet est spécialement conçu pour les pros du running, c’est-à-dire ceux qui
sont parfaitement équipés et qui ont l’habitude d’utiliser ce type d’objets connectés.
« L'application a pour vocation première de collecter et d'analyser les données de chaque coureur
en toute confidentialité, mais les objectifs comme les résultats obtenus peuvent être également par-
tagés en temps réel - ou en différé - avec d'autres utilisateurs du dispositif Sensoria Fitness. » Site
internet de Heapsylon
Il faut également préciser que la stratégie de Heapsylon a été ingénieuse : la marque a demandé les
avis des internautes grâce à un site de financement participatif. En réalité ce sont les futurs utilisa-
teurs eux-mêmes qui ont payé la campagne du produit ! Les cadres de la marque savaient donc que
leur produit allait rencontrer un certain succès. Pourtant, j’ai pu m’apercevoir plus tard que le Quan-
tified-self avait beaucoup de failles, notamment dans la fabrication des outils connectés.
C) Les personnes numériques
Nous l’avons vu précédemment, les objets connectés ont la cote depuis quelques années. Le Quanti-
fied-self est un véritable phénomène de mode, en particulier chez les utilisatrices. Elles les utilisent
parfois par souci d’esthétisme. Les femmes utilisent ces objets pour prendre soin d’elles, de leurs
corps et de leur santé. Grâce au sondage réalisé par mes soins, j’ai pu m’apercevoir que 38% des
utilisateurs d’objets de santé connectés étaient des femmes. Parmi les utilisatrices, 47% utilisent ces
objets pour prendre soin de leur corps. Ces femmes lisent des magazines féminins dans lesquels ap-
paraissent les publicités pour les produits connectés.
Ainsi, certaines utilisatrices ont adopté OKU, le scanner qui permet de soigner sa peau en profon-
deur. Il s’agit d’un petit cube que l’on pose sur la peau, un petit scanner qui analyse en détails les
pores de la peau. Le cube analyse les données de la peau comme les rides, la pigmentation, la tex-
ture ou encore l’humidité. Grâce aux résultats récoltés et à une application mobile, l’utilisatrice ob-
tiendra des conseils avisés sur la façon de soigner sa peau.
Certaines femmes sont sportives, et d’autres utilisent des objets connectés pour compter les calories
qu’elles ingèrent. Adèle utilise depuis quelques mois la fourchette Hapifork. La jeune femme avoue
que cette fourchette a changé ses habitudes alimentaires.
« La fourchette que j’utilise contrôle ce que je mange, elle m’alerte en cas d’excès … Ainsi je
connais mes limites. » Adèle, 24 ans
Cette fourchette a été inventée par Jacques Lépine. Grâce à des capteurs, elle calcule le nombre de
bouchées et de calories ingérées. Lorsque l’utilisateur de la fourchette mange trop vite, elle se met à
Page 13
vibrer ! Ces informations sont alors transmises au smartphone qui récupère les données et les
transmet à un médecin ou à un nutritionniste.
Adèle affirme qu’elle n’utilise pas cette fourchette pour gérer son poids. Elle ne transmet même pas
à son médecin ou à un nutritionniste. C’est dans les pages d’un magazine féminin qu’elle a décou-
vert cette fourchette d’un nouveau genre. Elle est en très bonne santé et son IMC est très correct.
Elle s’en sert parce que ce genre d’informations l’intéresse.
« Je l’ai acheté pour voir si elle marchait vraiment. C’est un gadget qui m’amuse et qui en plus est
très utile finalement. Je m’en sers de temps en temps et je suis contente de mon achat. En plus je
m’aperçois que je mange sainement ! » Adèle, 24 ans
Sa collègue de travail, que je n’ai pas pu joindre, a été séduite par la fourchette de sa camarade de
travail, et s’en est elle aussi procuré un exemplaire. La preuve que certains objets de santé connec-
tés deviennent un phénomène de mode.
« Quand j’ai montré ma fourchette à ma copine de travail elle a tout de suite voulu s’en acheter
une. » Adèle, 24 ans
Julien a toujours été connecté. D’après le jeune homme, nous le sommes tous. Le simple fait d’avoir
un téléphone portable fait de nous des individus connectés. Accroc à son smartphone, il a téléchargé
de nombreuses applications, dont la plupart sont gratuites. Ainsi, l’Alcootest de son Iphone est très
utilisé lors des soirées entre amis.
« Je donne mon poids, les aliments que j’ai ingérés, et le nombre de verres que j’ai bu. Je sais
maintenant quand je ne dois pas prendre le volant. » Julien, 27 ans
Ce genre d’applications trouve une certaine utilité, notamment d’un point de vue économique. Le
téléchargement est parfois payant mais son utilisation est illimitée, il s’agit d’un investissement :
plus besoin d’acheter plusieurs alcootests, qui coûtent 2 euros l’unité.
De plus, avec cette application, Julien sait le nombre de verres qu’il a bu dans le mois, car les statis-
tiques sont enregistrées sur son téléphone. Il sait désormais qu’il doit limiter les abus !
« Mon application me rappelle combien de verres j’ai bu dans le mois. Sans elle, j’aurais oublié !
Maintenant je sais que ce soir, je ne vais pas boire une goutte ! Je n’avais pas conscience de boire
autant. » Julien, 27 ans.
C’est une véritable prise de conscience qu’offre l’objet connecté.
Les jeunes sont les personnes les plus séduites par les objets connectés. Ils les utilisent partout et à
n’importe quelle heure, et il y en a pour tous les goûts.
« Je n’arrivais pas à dormir depuis quelques temps, j’ai entendu parler d’une application qui per-
mettait de gérer notre sommeil. Je l’ai donc essayé. »Marine, 28 ans
Cette application est gérée par le leader des objets connectés, Runtastic. Cette marque gère la plu-
part des objets connectés, et il s’est attaqué avec succès au marché des objets de santé connectés.
L’application s’appelle SleepBetter. Grâce à un algorithme élaboré par des chercheurs en labora-
toire, elle propose une analyse de notre sommeil. Nous entrons nos consommations de café ou
d’alcool, et l’application nous expliquera l’influence de ces facteurs sur notre sommeil. Elle pourra
aussi nous réveiller au bon moment, grâce à un réveil incorporé, qui sonnera dès que notre besoin
en sommeil sera atteint ! L’application se veut très simple d’utilisation et s’adapte à toutes les per-
sonnes.
Certains utilisateurs téléchargent ce type d’application uniquement parce qu’ils sont accrocs à la
modernité. Ces personnes utilisent les objets du Quantified-self car ils correspondent tout à fait
à leur style de vie.
Page 14
D) Des personnes malades
Nombreuses sont les personnes souffrant de pathologie à utiliser les objets du Quantified-self.
D’après les résultats de mon sondage, ce sont généralement des personnes plus âgées. Cependant,
elles n’utilisent pas uniquement des applications. Elles utilisent surtout des outils médicaux. Autre-
fois, ces appareils étaient la propriété du médecin. Désormais, nous pouvons tous les utiliser. Jean-
nette est un femme diabétique. Son médecin lui a conseillé d’acheter une pompe à insuline pour
l’aider à calculer son taux d’insuline d’elle-même. Le Quantified-self prend ici tout son sens : grâce
aux conseils de son généraliste, Jeannette mesure ses statistiques elle-même.
« Je remercie mon médecin de m’avoir prescrit cet appareil qui m’évite de nombreux allers-retours
dans son cabinet ! »Jeanette, 75 ans
Ainsi, elle calcule seule son taux d’insuline. Elle répertorie les résultats sur son ordinateur et les
transmettra à son médecin lors d’un futur rendez-vous.
J’ai remarqué suite au résultat du sondage que les personnes âgées n’étaient pas les seules à utiliser
les objets de santé pour raisons médicales. Les enfants (de 10 à 20 ans) sont également concernés
par leurs utilisations. Je n’ai pas obtenu de témoignage d’enfant malade cependant. De plus, les
autres tranches d’âge sont aussi utilisateurs des objets du Quantified-self pour raisons médicales.
Nous analyserons leur utilisation dans une prochaine partie.
3- Pourquoi utiliser des objets du Quantified-self ?
L’automesure est réputée pour son utilisation simplifiée des appareils de médecine. Nous pouvons
tous utiliser ces objets, avec plus ou moins de problèmes. Le docteur Postel-Velay explique que le
recours au mot « simple »est relatif. L’automesure ne s’effectue pas seulement autour de son objet
connecté, il y a toute une organisation derrière.
« Des usages et des contextes différents vont coexister : coaching, prévention médicale, dépistage,
démarche diagnostique, surveillance, éducation thérapeutique, adaptation des traitements, orienta-
tion du recours aux soins » Dr Nicolas Postel-Velay
Dans cette sous-partie, j’ai relevé les plus grands avantages du Quantified-self grâce au sondage que
j’ai réalisé.
A) Une meilleure connaissance de son corps
Nos téléphones portables recèlent de capteurs. Grâce à la technologie bluetooth, ces capteurs
peuvent être reliés à n’importe quel autre appareil disposant lui aussi de capteurs. Ainsi, nous pou-
vons nous connecter partout et à n’importe quel moment. Grâce à la technologie Bluetooth, nous
pouvons envoyer et recevoir facilement nos données.
Ces capteurs sont de plus en plus précis. Ainsi, les statistiques que nous délivrent les applications
sont elles aussi de plus en plus précises. Elles apportent donc une plus grande connaissance du
corps à son utilisateur.
C’est ce qu’apprécient 66% des sondés. Les objets du Quantified-self leur ont apporté des in-
formations qu’ils ne connaissaient pas auparavant.
Patrick a 53 ans, et il a téléchargé une célèbre application dont il avait vu la publicité dans un maga-
zine masculin. Elle permet de calculer son état de nervosité. Ainsi, l’homme de 53 ans a pu remar-
quer qu’il avait une consommation trop excessive de caféine. Dubitatif dans un premier temps, il a
néanmoins commencé à boire moins de café. Et il s’est aperçu qu’il était beaucoup moins stressé et
énervé.
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« Je m’étais fixé un objectif : faire ce que l’application me conseillait de faire. Quand j’ai lu que je
buvais trop de café je n’y ai pas cru, mais en fait le problème venait bien de là. » Patrick 53 ans
Les résultats ont été tout de suite plus encourageants pour Patrick. Depuis qu’il boit moins de café,
il se sent beaucoup moins nerveux, et son comportement s’en ressent, notamment vis-à-vis de ses
proches.
André a 85 ans et depuis quelques années, il a décidé de s’acheter un tensiomètre, sous les conseils
avisés de son médecin traitant. Depuis qu’il prend lui-même sa tension, l’octogénaire se sent plus à
l’aise avec son corps.
« Je connais certaines caractéristiques de mon corps que je ne connaissais pas avant d’utiliser cet
appareil. » André, 85 ans
Amandine a 28 ans et depuis la fin de ses études, elle est sans arrêt connectée. Cadre dans l’info-
rmatique, elle s’est aperçu qu’elle avait tout le temps soif alors qu’elle boit des litres d’eau par jour.
Rien n’y fait, elle était sans arrêt déshydratée. Alors qu’elle avait pris un rendez-vous chez son mé-
decin traitant, elle remarque une application dans un magazine féminin. Elle décide de la téléchar-
ger et de l’utiliser.Ses statistiques lui ont révélé qu’elle consommait beaucoup trop de sel. Pourtant,
elle ne salait jamais ses plats. Après avoir bien réfléchi, elle et son médecin se sont rendus compte
qu’elle faisait une allergie aux plats tout-préparés : elle avait pris l’habitude d’emporter un plat in-
dustriel à son travail pour la pause déjeuner. Ses plats sont beaucoup trop salés pour elle, ce qui a
causé sa déshydratation !
Ainsi, les objets de santé connectés permettent à ses utilisateurs une meilleure connaissance de
leur corps et de leur organisme.
B) Améliorer son comportement
L’utilisateur de l’objet du Quantified-self va s’apercevoir des dangers qu’il encourt pour sa santé si
son hygiène de vie est mauvaise. Les statistiques recueillies par l’application sont une sorte d’alerte.
L’individu, à partir du moment où il a analysé ses résultats, va prendre conscience qu’il faut
changer considérablement sa manière de manger, de se comporter.
Ainsi, Guillaume, 33 ans, a téléchargé une application qui mesurait sa fréquence cardiaque il y a 1
an. Il s’est vite rendu compte que ses résultats n’étaient pas aux normes. Il a tout de suite changé ses
habitudes de vie : il mange plus sainement et va courir une fois par semaine.
« Je ne suis pourtant pas gros, je n’abuse pas de repas copieux à part des déjeuners avec des
clients … J’ai été surpris du résultat. Depuis je fais beaucoup d’efforts. » Guillaume, 33 ans
Depuis, l’homme d’affaires se sent mieux dans son corps. Il affirme même être plus heureux depuis
qu’il prend soin de lui.
De même, pour les sportifs, les résultats peuvent être un signe d’échec ou d’encouragement. Mais
dans les deux cas, c’est la motivation qui prime. Le sportif change son comportement ou sa manière
de s’entraîner. Il repère ses défauts et fait tout pour les corriger. L’outil de santé connecté joue un
rôle de coach, il lui apporte toute la motivation dont le sportif a besoin.
Jordan a 18 ans et il pratique l’athlétisme en compétition. Autrefois son entraînement utilisait un
tensiomètre professionnel. Le problème, c’est qu’il pesait trop lourd, ce qui ralentissait la course de
Jordan. Désormais il utilise un tensiomètre connecté, qui mesure chaque pas et la vitesse de course
de l’athlète. L’entraîneur analyse avec Jordan les statistiques de son athlète et tout est beaucoup plus
simple.
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« J’ai gagné en vitesse et en concentration. Mon entraîneur est d’accord avec moi. C’est une
grande innovation. » Jordan, 18 ans
Plus tard, l’utilisateur va partager ses statistiques sur les réseaux sociaux. Ainsi, il va comparer ses
résultats avec d’autres utilisateurs. Il régnera un esprit de compétition entre eux, qui vont les moti-
ver et les pousser à réaliser un exploit. C’est exactement ce que recherchent les marques qui déve-
loppent ses applications de santé connectées spécialisées dans le sport et la fitness. En mettant les
gens en compétition, ils vont les pousser à aller au bout d’eux-mêmes et donc de réaliser des ex-
ploits personnels. Ces exploits vont faire une excellente publicité pour ces objets connectés, qui
vont attirer plus d’utilisateurs puisque ces applications permettent aux individus de réaliser des ex-
ploits.
Ainsi, les avantages des objets du Quantified-self sont nombreux : amélioration du comportement,
prise de conscience de l’état de santé de l’individu ou encore motivation sont les plus grands béné-
fices de ces objets d’un nouveau genre.
4- Combien d’utilisateurs en France ?
Dans cette sous-partie, je vais analyser précisément les données que j’ai récoltées grâce au sondage
que j’ai réalisé. Les objets de santé connectés ont certes des avantages, mais les inconvénients sont
tout de même nombreux.
A) Analyse des résultats
Schéma : l’utilisation des objets Schéma : l’utilisation des objets de santé
de santé par les personnes de sexe par les personnes de sexe féminin :
masculin (Charlotte Zuber):
Comme nous avons pu l’apercevoir dans la première partie, 62% des personnes sondées sont de
sexe masculin, donc 38% sont de sexe féminin. Les 4 types d’utilisateurs sont répartis de la manière
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suivante : 36% des utilisateurs les utilisent car ils sont soucieux de leur santé. 20% sont malades.
16% sont des sportifs et enfin les personnes numériques représentent 28% des sondés.
L’utilisation des objets de santé connectés diffèrent selon le sexe de la personne. Ainsi, les femmes
ont plus tendance à les utiliser parce que ses objets sont à la mode alors que les hommes les utilisent
pour le côté sportif et préventif.
Ainsi, 47% des femmes les utilisent par soucis d’esthétisme. 30% utilisent le Quantified-self pour
prendre soin de leur santé. 13% les utilisent à des fins sportives et enfin, 10% souffrent d’une patho-
logie. Concernant les hommes, 37% utilisent les objets du Quantified-self à titre préventif, 33% les
utilisent pour le sport, 21% par souci d’esthétisme et enfin, 9% sont malades.
________________________________
L’utilisation du Quantified-self diffère ainsi selon le sexe des utilisateurs. Mais au cours de mes re-
cherches, je me suis aperçu qu’elle dépendait aussi de leur âge.
Ainsi, plus une personne vieillit, plus elle a des craintes à propos de sa santé. Les plus jeunes n’uti-
lisent pas ces objets parce qu’ils craignent pour leur santé, ils les utilisent parce qu’ils appartiennent
à l’ère numérique. Plus les années passent, plus l’individu change sa manière d’utiliser les objets
connectés. Arrivé à 20 ans, l’individu s’en sert parce qu’il est sportif ou pour prendre soin de son
corps. A 30 ans, l’individu commence à ressentir des craintes concernant sa santé et il sent que ces
objets peuvent l’aider. A partir de 50 ans, l’individu n’utilise pas le Quantified-self parce qu’il est
sportif, car il se sent trop âgé pour courir ou faire de la marche à pied. Il l’utilise par souci de santé.
Ainsi, 90% des personnes de 10-20 ans utilisent le Quantified-self pour se sentir connectés, contre
10% des plus de 50 ans ! 2% des sondés utilisent ces objets parce qu’ils sont soucieux de leur santé,
contre 60% chez les plus de 50 ans ! Les 20-30 ans représentent le mieux la catégorie des sportifs
avec 35% d’adeptes. On compte tout de même des partisans du Quantified-self pour le côté sportif
chez les plus de trente ans : il n’y a pas d’âge pour le sport ou pour le footing. Mais chez les plus de
50 ans, seulement 5% des sondés sont des sportifs. Les malades sont présents dans toutes les caté-
gories. Ce sont généralement des maladies telles le diabète ou le cholestérol, mais aussi le somnam-
bulisme. Chez les 10-20 ans, 5% des sondés sont malades, contre 10% chez les personnes de 20 à
50 ans. Enfin, les malades de plus de 50 ans représentent 25% des sondés.
Ainsi, notre vision de l’objet connecté varie selon les âges, et il en est de même pour leur utilisation.
Voici un schéma de ma confection, que j’ai réalisé suite aux résultats de mon sondage. Nous pou-
vons voir que l’utilisation des objets du Quantified-self varie selon l’âge de l’utilisateur. Nous pou-
vons apercevoir que les personnes plus âgées représentent le plus les utilisateurs soucieux de leur
santé tandis que les personnes « numériques » sont représentées par les plus jeunes. Les plus spor-
tifs ont entre 20 et 30 ans et les malades sont également plus âgés.
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Schéma : l’évolution de la manière d’utiliser les objets du Quantified-seld selon l’âge de l’uti-
lisateur, par Charlotte Zuber :
B) Les utilisateurs sont-ils convaincus ?
Bien sûr, il existe des failles dans le Quantified-self. Certes, nous avons vu précédemment que ces
objets étaient d’une grande aide pour certains patients, une source de motivation pour les sportifs et
un soutien pour les personnes malades.
Mais certains résultats m’ont surprise. Dans un premier temps, 201 personnes ont répondu à mon
questionnaire. Seulement, 43% ont déjà utilisé un objet de santé connecté. Ce qui est relativement
peu pour un marché en pleine croissance. Aux Etats-Unis pourtant, le marché est en plein boom et
la plupart des américains possèdent et utilisent un objet du Quantified-self.
Mais le plus surprenant, c’est que sur les 43% qui utilisent les objets de santé connectés, 61,7%
ont abandonné leur utilisation !
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Les utilisateurs réguliers sont également peu nombreux : ils concernent 13,3% des personnes son-
dées ayant déjà utilisé un objet de santé connecté. Les utilisateurs quotidiens représentent 7,7% et
enfin, il y a les consommateurs qui les uti-
lisent « quand ils peuvent » : ces personnes
représentent 17,39%
Schéma : à quelle fréquence les consom-
mateurs d’objets de santé connectés uti-
lisent-ils le Quantified-self ? Par Charlotte
Zuber
« En fait, cet objet de m’a rien apporté de
bien et n’a rien changé à ma vie.. C’est in-
utile. » Hannah, 27 ans
Les personnes satisfaites sont généralement
les sportifs ou les personnes âgées.
Les personnes plus âgées utilisent ces objets
alors qu’ils souffrent déjà de pathologie. Leur
utilisation devient alors plus importante et peut-être que ces objets deviennent vitaux et donc consti-
tuent un pilier dans la thérapie du patient. J’ai remarqué également que les personnes de plus de
trente ans font plus attention à leur état de santé que leurs cadets. Certains patients m’ont affirmé
que leur tensiomètre ou leur lecteur glycémique représentait une véritable étape de leur traitement
qu’ils n’étaient pas prêts de mettre de côté. Ainsi, leur utilisation de ces objets se fait dans la durée.
Jamais ils n’abandonneront le Quantified-self car il est devenu important dans leur vie.
« J’ai du diabète depuis plusieurs décennies et je ne vois pas comment je pourrais me surveiller
sans ma pompe à insuline. » Jeanette, 75 ans
Ainsi, plus l’individu vieillit et plus il craint pour sa santé, moins il abandonnera le Quantified-self.
Je connais plusieurs personnes âgées souffrant de symptômes dus à la vieillesse mais qui ne se
soignent pas. Désormais, grâce aux objets de santé ils peuvent prendre soin d’eux.
Les personnes les moins satisfaites sont les personnes dites « numériques » c’est-à-dire qu’elles se
servent de leur objet de santé connecté comme d’un objet de mode. Et comme la mode est en perpé-
tuelle évolution, les utilisateurs ne gardent pas leur outil sous la main, et ils l’oublient vite.
Ces utilisateurs sont plus conquis par l’objet en tant que gadget amusant plutôt que par leur
vertu thérapeutique !
Le phénomène de mode est présent. Julien, utilisateur d’un Alcootest que nous avons vu précé-
demment, nous a même affirmé que l’application ne lui servait pas à grand chose … Mais qu’il
l’utilisait pour se sentir connecté, pas en bonne santé.
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Les plus jeunes utilisent ces applications car il s’agit d’une tendance, d’un style que l’on se donne.
Paraître sportif et en bonne santé avec un smartphone onéreux est bien vu. Les personnes connec-
tées n’ont ainsi pas les mêmes critères d’utilisation de ces objets. De plus, 62% des sondés sont des
hommes et 38% sont des femmes. La femme jeune n’hésite pas à avouer qu’elle utilise ces objets
pour l’effet de mode, les hommes beaucoup moins.
« Accrocher son smartphone autour de notre bras lorsque l’on effectue notre jogging quotidien est
un effet de mode. J’en vois de plus en plus qui le font. » Une sondée anonyme
La crédibilité des objets de santé connectés est ainsi remise en question. Le Quantified-self est-il un
effet de mode ou est-ce une véritable innovation médicale ? Doit-on le considérer pour ses vertus
thérapeutiques ou son côté gadget accessible à tous ? Quels est le véritable impact des objets du
Quantified-self sur la santé de leur utilisateur ? Ces objets sont -ils vraiment crédibles ?
La plupart des utilisateurs abandonnent car il y a encore trop de failles en ce qui concernent ces ob-
jets connectés. Face à ces chiffres décevants pour les fabricants, que doit-on attendre du Quantified-
self ? Dans cette analyse, nous étudierons en profondeur ces failles et nous tenterons de les amélio-
rer.
Sommes-nous réellement prêts à utiliser les objets de santé du Quantified-self ?
Afin de répondre à cette question, nous analyserons dans une première partie les origines de la ten-
dance des objets de santé connectés. Nous verrons que les déceptions sont grandes.
Dans une seconde partie, nous étudierons les effets de la machine sur l’homme et de l’homme sur la
machine. Je me suis en effet posé une question : peut-on avoir entièrement confiance en la
machine ?
Dans une troisième partie, nous évoquerons les analyses de médecins que j’ai interrogé. Leur avis
diffère, particulièrement concernant la façon d’utiliser ces objets.
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II/ D’où vient cette tendance à l’automesure ?
Pourquoi les français utilisent-ils les objets de santé connectés ? Afin de répondre à cette question,
j’ai interviewé plusieurs acteurs de cette tendance :
- Des utilisateurs de ces objets
- Le Docteur Sabrina Hafsi, psychologue dans la région niçoise et spécialiste du comportement.
Dans cette partie et grâce à l’aide de psychologues, j’ai tenté de comprendre pourquoi les français
utilisaient les objets de santé connectés.
1- Le souci de facilité
D’après le Docteur Hafsi, psychologue, les français utilisent les objets de santé connectés par « sou-
ci de facilité ». En 2015, 80% des français sont en possession d’un smartphone. Grâce à des appli-
cations faciles à télécharger et à utiliser, nous pouvons lire nos statistiques sur notre état de santé,
comme vu précédemment. « L’homme aime lorsque tout est plus simple » affirme le Docteur Hafsi
« Nous pouvons observer que les applications les plus téléchargées et utilisées sont gratuites, ne
nécessite pas d’installation onéreuse et sont faciles à comprendre » ajoute t-elle, en faisant notam-
ment référence à la célèbre application « Track & stats », qui bat tous les records de téléchargement
sur smartphone et tablettes tactiles.
George, utilisateur d’applications d’automesure sur son smartphone, m’a donné son avis sur la
question. Il rejoint celui du Docteur Hafsi concernant la facilité d’utilisation de ces objets et appli-
cations.
« Ce genre d’applications est une réelle innovation. Je suis connecté toute la journée, et le soir j’ai
mes propres statistiques sur mon état de santé, le tout sans faire grand chose … Pas de manipula-
tions inutiles, le tout dans la simplicité. Tout ce qu’il me faut ? Un smartphone … et une connexion
internet régulière. » George, 51 ans
Ainsi, petit à petit, avec l’amélioration et la facilité d’accès à internet et à ses multiples applications,
une personne peut agir indépendamment. Indépendamment signifie seul, donc sans son médecin,
qui est remplacé au profit du téléphone et autres objets connectés.
« J’utilise cette application car j’ai des petits soucis avec ma tension je suis un homme très stressé.
Avant, j’allais chez le médecin deux fois par mois ! Désormais, mes visites chez mon généraliste se
limitent à 2 tous les six mois ! C’est un véritable gain de temps et d’argent ! » George, 51 ans.
« Nous sommes dans une société où l’on veut avoir accès à l’information le plus rapidement pos-
sible. Et notre ami George a raison : aller chez le médecin prend du temps. Alors pourquoi faire
compliqué lorsque l’on peut faire plus simple ? C'est le credo de la société actuelle. » Docteur Hafsi
Ce souci de facilité est également présent chez les sportifs. L’entraîneur conseille à son élève
d’utiliser cet objet afin de mesurer ses statistiques. Ainsi, tous les jours, il a accès à ses données per-
sonnelles. Les sponsors conseillent de plus en plus aux athlètes d’utiliser ces objets.
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« Je l’ai conseillé à quelques-uns de mes sportifs. Ils se connectent avant l’entraînement, s’entr-
aînent. A la fin de la séance, ils ont leurs statistiques à disposition. Nous les analysons et voyons
après ce qu’il faudra corriger lors de la prochaine séance ! Une révolution ! » Jean-Phillipe, 45
ans, entraîneur d’athlétisme.
Ces objets ont dans ce cas un aspect pratique, puisque l’entraîneur a décidé de faire appel au méde-
cin sportif du club moins souvent. Les déplacements en bus du club pour aller à la pesée, par
exemple, se font de plus en plus rares. Un côté simple et pratique qui a séduit le sélectionneur.
« Il va de soit que nous allons de moins en moins souvent chez le médecin avec mes athlètes. Avant,
une fois par mois environ, nous prenions le car du club et avec tous les compétiteurs, nous nous di-
rigions vers le cabinet du médecin. Cela nous prenait une après-midi par mois. Ce qui signifiait :
une après-midi en moins pour nous entraîner ! Nous faisons l’essence moins souvent désormais. Et
le médecin est moins débordé. »
Ainsi, les objets connectés sont une innovation qui semble attirer le futur utilisateur grâce à la
facilité de son utilisation, son côté pratique et surtout économique.
2- La déception française quant à la mauvaise gestion de notre système de santé
Les français n’aiment pas les médecins. Quel enfant n’a jamais pleuré lorsqu’il allait chez le den-
tiste ? Si l’individu peut éviter d’aller chez son docteur, il le fera.
Rousseau lui-même a maintes fois affirmé son mépris envers le corps médical.
« Quand tous mes ennemis particuliers seront morts, les Médecins, les Oratoriens vivront encore, et
quand je n'aurais pour persécuteurs que ces deux corps-là, je dois être sûr qu'ils ne laisseront pas
plus de paix à ma mémoire après ma mort qu'ils n'en laissent à ma personne de mon vivant »
Oeuvres Complètes de la Pléiade, volume I, page 998 ou O.C. I, 998
A) Les scandales sanitaires de ces dix dernières années
L'affaire du médiator, la viande de boeuf remplacée par la viande de cheval, les prothèses mam-
maires défectueuses … Depuis 1945 et l’affaire du distilbène, la France a été littéralement écla-
boussée par de nombreux scandales sanitaires qui n’ont fait qu’affaiblir le système de santé de l’he-
xagone.
a- L’affaire du médiator
En 2009, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé retire le médiator du mar-
ché, médicament à l’origine prévu pour le traitement du diabète et utilisé plus tard en tant que
coupe-faim. En 2010, la pneumologue Irène Frachon publie un livre choc « Le médiator 150 mg,
combien de morts ? » dans lequel elle révèle les effets néfastes du médicament et remet également
en cause le rôle joué par l’AFSAPS qui aurait du, selon elle, ne pas autoriser le produit à être com-
mercialisé.
Le Docteur Frachon a remarqué que plusieurs de ses patients qui utilisaient le médicament médiator
montraient des signes de valvulopathie,une grave maladie qui détruit les valves cardiaques. Après
des analyses pointues, Irène Fragon parvient à démontrer que le médiator en est le principal respon-
sable. Le produit est immédiatement retiré du marché par l’AFSAPS. S’en suit alors une série de
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procès incriminant Jacques Servier, le Président des laboratoires Servier ayant commercialisé le
produit depuis 1976. On estime que le produit de santé a fait 5000 morts en France environ …
Xavier Bertrand, Ministre de la Santé à l’époque, appelle tous les consommateurs de médiator à
contacter leur médecin le plus vite possible.
b- Le scandale des prothèses PIP
Le 30 mars 2010, l’AFSAPS annonce le retrait des prothèses Poly Implants Prothèse (PIP) du mar-
ché.
Ces implants mammaires contiendraient des substances « différentes de celles annoncées lors de la
mise sur le marché ». Très vite, l’entreprise basée à la Seyne-sur-mer dans le Var se déclare en
faillite, alors qu’il était le troisième plus grand importateur au monde de prothèses mammaires.
Le parquet de Marseille avait dès lors ouvert une enquête pour « tromperie aggravée et mise en
danger de la vie d’autrui ».
Près de 400 000 femmes sont concernées par ce scandale à travers le monde. En novembre de la
même année, le parquet de Marseille annonce le décès d’une femme porteuse de prothèses PIP :
ces-dernières ont rompu, provoquant ainsi le développement d’un lymphôme.
C’est le début de l’internationalisation du scandale. Les plaintes des femmes porteuses de ces im-
plants se multiplient, en France et dans le monde.
En décembre, les autorités sanitaires recommandent aux femmes porteuses de ces implants de se les
faire retirer le plus rapidement possible. Cette annonce fait suite aux nombreux cas de cancers
s’étant développés chez des femmes porteuses de prothèses PIP, et qui auraient rompu …
La France n’est pas le seul pays concerné, puisque le Brésil, l’Italie et la Finlande en l’occurence,
préconisaient également aux patientes de se faire retirer leurs prothèses à titre préventif. Même le
Venezuela annonce le retrait gratuit dans son pays.
Les américains mènent l’enquête et constatent que le produit aurait du être retiré depuis l’an 2000
… lorsque leurs enquêteurs avaient déjà constaté de graves violations lors d’une de leurs visites
dans l’usine PIP.
En 2012, Jean-Claude Mas, le créateur de ces prothèses, prend la responsabilité des faits et avoue
avoir utilisé un produit non homologué dans la fabrication des implants mammaires.
Il a finalement été condamné à 4 ans de prison et à 100 000 euros d’amende.
« On estime à 450 000 le nombre d’erreurs médicales par an ! » Dominique Courtois, Président de
l’Association Française des victimes d’erreurs médicales
c- Les erreurs médicales
Plus étonnants encore que les scandales sanitaires, les erreurs médicales.
Ces dernières années, on recense de nombreux faits-divers relatant les erreurs médicales de méde-
cins ou de chirurgiens réputés.
Le cas du petit Maxime Walter en est un exemple plausible.
En 2008, en pleine course de Vélo-tout-terrain, Maxime fait une vilaine chute. Hospitalisé au CHU
de Strasbourg, pris en charge par le Docteur Raphael Moog, il décède deux jours plus tard.
La cause ? la prise en charge tardive du Docteur Moog et son insistance à prendre la mauvaise déci-
sion. Il avait pratiqué sur Maxime une opération consistant à enlever sa rate 24h en retard … Le pe-
tit Maxime est décédé suite à une prise en charge tardive.
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Le tribunal de Strasbourg a dès lors condamné le chirurgien à 18 mois de prison avec sursis et une
interdiction d’exercer de deux ans.
Autre cas qui attise la colère, celui de Phillipe Giardina. A sa naissance, une mauvaise manipulation
du gynécologue l’a handicapé à 100%. Aujourd’hui, il ne peut pas marcher et se nourrit à l’aide de
tubes … La famille a été indemnisée de 11 millions d’euros pour l’aider à vivre.
B) Le français veut prendre sa santé en main
Ainsi, les multiples scandales sanitaires et les erreurs médicales inquiètent l’individu. Il ne fait plus
confiance au système de santé français. Il ne fait confiance qu’à lui-même. C’est pour cela qu’il dé-
cide de prendre les choses en main. Il veut être désormais l’acteur principal de sa santé.
Finies les visites chez le médecin qui peut se tromper. L’individu prend sa santé en main. Et c’est
grâce aux objets de santé connectés qu’il peut y parvenir.
Grâce à son smartphone et à son application qui contrôle son taux de diabète, Martin n’a plus be-
soin de son médecin qu’il « voit moins souvent ».
« Mon médecin s’est trompé une fois en analysant mon taux d’insuline. J’ai été hospitalisé deux
jours … Cela peut paraître peu c’est vrai … Mais depuis j’ai peur qu’il se trompe de nouveau ! »
Martin, 67 ans
De nos jours, le médecin subit une pression constante sur ses épaules. Oui, il peut faire des erreurs,
car l’erreur est humaine. Dans le livre « l’erreur médicale » dirigé par Claude Sureau, George David
et Dominique Lecourt, plusieurs praticiens se réunissent et affirment que le patient a de moins en
moins confiance en son médecin. Le médecin prend de moins en moins la décision finale.
« Nous vivons dans une société où l’erreur médicale n’est pas envisageable, surtout du côté de la
famille du patient. » Docteur Sabrina Hafsi
Si le patient veut être l’acteur principal de sa santé, il s’intéresse de plus en plus à la médecine. A
l’image de ses sites internet qui sont plein d’imbécilités, où l’internaute qui ne connaît rien de la
médecine conseille d’autres patients qui s’y connaissent encore moins, l’utilisateur des objets
connectés se sent médecin. Le savoir médical devient plus accessible.
« Mon objet connecté me donne les mêmes résultats que mon médecin qui a Bac+12 ! Pas besoin
d’être un professionnel de la santé pour calculer sa tension. Mon tensiomètre m’aide à prendre la
bonne décision, pas mon médecin.» George, 51 ans
Les objets connectés semblent provoquer un désir chez le patient de prendre sa santé en main, pour
prendre connaissance des derniers outils liés à sa santé et surtout, afin d’ approfondir ses connais-
sances médicales. C’est aussi pour cela que le Quantified-self a trouvé des adeptes en France.
« C’est un cercle vicieux car comme nous avons tout de suite accès à l’information et aux solutions,
on s’y essaie de plus en plus ! » Docteur Hafsi, psychologue
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Ainsi, l’individu déçu par le système de santé et ses professionnels peut déverser toute sa confiance
en ces objets qui semblent l’aider à prendre sa santé en main. Sans être un spécialiste de la santé, on
peut prendre soin de soi, de sa santé, et on peut se soigner tout seul.
2- Le français est prétentieux mais doute de lui
A) L’orgueil français
Le fait de se soigner soi-même sans l’aide d’un médecin qualifié reflète l’orgueil de l’individu.
Le français est fier de lui, de sa débrouillardise, de sa connaissance : il est orgueilleux. Il ne veut
plus seulement savoir s’il va bien ou mal, il veut aussi avoir des preuves sur son état de santé, des
chiffres.
Il n’aime pas que nous lui cachions des informations et veut tout savoir. Il ne veut pas que le méde-
cin prenne sa décision à sa place. En particulier sur les sujets qui le concernent personnellement.
« Pourquoi un médecin doit-il prendre une décision qui me concerne principalement ? C’est ma
santé quand même ! C’est moi qui doit décider ! » Anthony, 24 ans, diabétique
« J’ai un objet qui me décrit mon état de santé avec précision. Il me prouve que je n’ai pas besoin
de quelqu’un d’autre pour me dire si je vais bien ou pas. Je peux me débrouiller seul. » George, 51
ans
Le français serait-il irrespectueux ? Le docteur Ludovic Chastagnier, dentiste, le pense. Il voit d’un
très mauvais oeil la mauvaise éducation récurrente chez ses patients depuis quelques années : les
enfants ne le respectent pas, les parents ne le respectent plus. « J’ai vu des parents qui m’ont ouver-
tement fait comprendre que la machine m’avait remplacé. J’ai une fois conseillé à un patient qui
avait de l’embonpoint de se mettre au sport. Il m’a répondu qu’il le savait depuis longtemps, c’est
sa Wii-fit la lui a dit un mois auparavant ! ».
Quelles en sont les véritables raisons ? la perte progressive de la confiance du patient envers son
médecin, comme nous l’avons vu précédemment.
Le patient aime choisir, du moins avoir le choix, il prend de l’importance et c’est ce qui lui plaît.
« Parfois lorsque je donne des conseils à mes patients, je sens qu'ils ont la tête ailleurs. Je les
conseille et lorsqu’ils reviennent -parfois des années plus tard- je vois qu’ils ne m’ont pas écouté. »
Docteur Ludovic Chastagnier, dentiste.
B) Le français a peur du regard des autres
Nous sommes également dans une société dans laquelle l’apparence compte énormément. Cette
société nous pousse à nous surpasser physiquement et psychologiquement.
Ainsi, le physique, la posture, notre poids, notre apparence nous importe beaucoup.
« Les autres nous jugent donc sur notre physique, et nous en faisons tout autant, de manière auto-
matique. » Sophie Cheral, psychologue
Ne préférons-nous pas ressembler au célèbre et bel acteur Hollywoodien Brad Pitt plutôt qu’à Mi-
ckey Rourke ? Ne préférons-nous pas ressembler à la belle actrice Julia Roberts plutôt qu’à Rossy
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de Palma ? L’apparence nous caractérise en premier lieu. Une personne qui lève la tête sera consi-
dérée comme une personne « fière et orgueilleuse » tandis qu’une personne svelte et sportive sera
mieux perçue et aura plus tendance à attirer de la sympathie.
« Les apparences comptent tout simplement parce qu’elles constituent la première source d’info-
rmations dont nous disposons sur une personne. » Sophie Cheral, Psychologue
Ainsi, ces dernières années ont vu se développer un culte de l’apparence. Les joggers se multiplient,
soucieux de travailler leur corps, leur plastique, leur image. Les abdominaux de Brad Pitt ne se sont
pas développés tous seuls ! Il faut donc travailler, avec acharnement parfois afin d’arriver à un ré-
sultat satisfaisant.
Et l’objet connecté lui procurant les statistiques devient une source de motivation. Telle est l’opini-
on de Pierre, étudiant de 22 ans adepte du « stats running ». Le jeune homme court 8 kilomètres par
semaine et son smartphone compte le nombre de pas, de calories perdues, de kilomètres parcourus
et le chronomètre. A chaque course, il a un objectif.
« Mon smartphone devient mon coach personnel. » Pierre, 22 ans
Et si nous courrons, c’est parce que nous avons également hâte de montrer nos prouesses sportives à
nos amis via internet. C’est un instant de fierté partagé aux yeux du public. D’ailleurs, Pierre me l’a
avoué : « avec mes amis Facebook, nous partageons nos chronomètres, nous nous félicitons, nous
nous pavanons lorsque celui-ci est très satisfaisant. Et je dois avouer que je suis très fier quand je
bats mes amis sur le même parcours ! Cet objet connecté est une grande source de motivation. Sans
lui je n’y arriverais pas. ». Ainsi, l’individu est narcissique, égocentrique, et son désir est « d’ épater
la galerie » et d’attirer les flatteries. Il se compare aux autres et tente de prouver qu’il est le plus
fort.
Et ce genre de coach trouve de plus en plus d’adeptes. Précédemment nous avons étudié le nombre
de sportifs en France. Voir un individu courir dans la rue en tenue de sport avec, autour de son bras,
son smartphone accroché calculant les statistiques, donne envie de faire comme lui. Le Quantified-
self devient dès lors un effet de mode auquel on ne doit pas échapper.
4- Quelle crédibilité pour les objets de santé connectés ?
A) Le Quantified-self : un effet placebo ?
Je me suis penchée sur la véritable utilité des objets connectés.
L’homme peut arriver à prendre soin de lui sans ces outils, pourtant il les utilise. Même si les résul-
tats sont erronés (voir partie IV) pourquoi s’en sert-il ?
Car il leur apporte toute l’aide et la motivation dont il a besoin. Avec ces objets l’utilisateur se sent
plus fort. Sans lui il n’y arrive pas. Ya t-il un effet placebo ?
« Je n’ai même pas envie d’aller courir sans mon smartphone. » Laurent, 29 ans.
Ainsi, l’utilisateur devient accroc à la machine. D’après le corps médical, cela peut entraîner des
risques parfois graves pour la santé, comme nous allons l’étudier dans la quatrième partie.
B) Quels sont les résultats sur les utilisateurs ?
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Les utilisateurs français ont beaucoup de mal avec les objets de santé connectés.
Pourtant, d’après le docteur Couhet, spécialiste du Quantified-self :
« utilisés à bonne escient et sous l’oeil du médecin traitant, ils pourraient être très pratiques. »
Mais tous les utilisateurs ne l’entendent pas de cette oreille. Beaucoup ont été déçus, jusqu’à mettre
leur outil au placard. Certains même, comme Laurent, n’en feront jamais l’acquisition. Ce jeune
homme ne voit pas l’intérêt de ces objets. Pour lui, ils ne représentent qu’un coup marketing de la
part des grandes multinationales. Pour lui, rien ne vaut un rendez-vous chez le médecin, et ces ob-
jets ne pourront pas remplacer son généraliste.
« Tout va bien pour le moment, mon médecin me conseille bien et je n’ai pas de problème particu-
lier. Alors pourquoi utiliser un objet de santé connecté ? Cela ne m’est pas adressé. » Laurent, 25
ans
Beaucoup remettent en question la véritable utilité de ces objets. En même temps, a t-on réelle-
ment besoin d’une application pour savoir que l’on fume trop ? A t-on réellement besoin de capteurs
pour savoir que l’on ne dort pas assez ? Que l’on est trop stressé ? Que l’on mange trop gras ou que
l’on boit trop de café ? Certaines applications sont considérées comme inutiles pour la plupart des
français qui les rejettent.
Nous allons le voir dans une prochaine partie, certains outils sont victimes de défaillances dans leur
programmation ou dans leurs manipulations. Certains facteurs extérieurs rendent la machine inutili-
sable, et pour les utilisateurs, c’est un risque de perte de confiance. Arnaud a acheté un tensiomètre
car il est stressé, même en période de vacances. Pourtant, le jeune homme n’a pas su le faire mar-
cher.
« Jamais ce tensiomètre ne m’a donné le moindre chiffre sur ma tension. Je l’ai ramené au maga-
sin. » Arnaud, 27 ans
Ainsi, l’utilisateur est déçu de ne pas pouvoir utiliser simplement l’objet, comme la publicité ou la
notice le prévoyait. La simplicité d’utilisation est pourtant l’argument principal des publicitaires.
Mais certains utilisateurs ont eu de réelles désillusions.
Julien est un jeune gendarme. Pour s’entraîner dans ses parcours, il a acheté une application sur son
smartphone qui lui donne tous les résultats : ses performances, son rythme cardiaque, le chrono-
mètre, le résultat parcouru …
Très content de son achat, il ne l’a pas lâché les premiers mois de son entraînement. Jusqu’à être
complètement lassé et ne plus s’en servir.
« C’est bien 5 minutes, mais au fond, quand j’oubliais de le prendre à l’entraînement, ça ne me
manquait pas. Et petit à petit je l’ai relégué au fond du placard. Ca n’est pas si utile que ça ! » Ju-
lien, 28 ans
Pauline est une jeune cadre de la région Parisienne. Souffrant d’embonpoint, elle a téléchargé une
application de running pour la coacher lors de ses entraînements.
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Au début, elle était contente de la source de motivation que lui apportait son appareil. Mais très
vite, elle a commencé à se lasser. Elle ne va plus courir que quelques fois dans le mois, sans son ap-
pareil.
« Je n’ai pas le temps d’aller courir régulièrement, or pour que cet appareil fonctionne, je dois
m’en servir régulièrement. Ca n’est pas possible pour moi, je suis très occupée. »
Pauline, 24 ans
Enfin, d’autres sondés anonymes déplorent la crédibilité de ces objets. Certains s’en servent plus
comme un gadget amusant plutôt que comme un véritable objet de santé.
Ainsi, beaucoup d’utilisateurs ont été déçus et remettent en cause la véritable utilité de ces objets
connectés.
Je pense qu’un objet de santé n’est crédible que lorsque le médecin le prend en main. Sans médecin
dans ses relations, l’objet de santé n’en est pas vraiment un.
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III/ Peut-on avoir entièrement confiance en la machine ?
Afin de répondre à ma problématique, je me suis posée la question de savoir si les machines n’ava-
ient pas un rapport avec les chiffres peu probants qu’offrent les objets de santé connectés. Il m’est
apparu évident que la machine avait un grand rôle à jouer dans l’utilisation des objets de santé
connectés, et qu’elle pouvait provoquer des erreurs, voire la plupart d’entre elles, et ainsi donner
des résultats erronés. Pour réagir à cette hypothèse, j’ai établi un plan précis. Ainsi, je me suis inter-
rogée sur un potentiel contrôle de la machine sur l’être humain. Les travaux de Descartes ou encore
de Leibniz m’ont beaucoup aidée dans cette partie.
Dans une deuxième accroche, j’ai cherché et recensé les dysfonctionnements des objets de santé
connectés, et le lecteur de mes recherches pourra ainsi constater qu’ils ne sont pas rares.
Cette première partie sera philosophique, tandis que la deuxième sera plus technique, avec l’inte-
rvention d’utilisateurs des objets du Quantified-self que j’ai interrogés.
La confiance en la machine est une question que beaucoup de scientifiques se sont posé au cours de
l’histoire. La machine intéresse les philosophes.
1) L’homme est-il une machine ?
C’est un débat qui existe depuis très longtemps, je ne suis donc pas la seule à m’être posée cette dif-
ficile question. L’homme est-il une machine ? Nous savons que le corps de l’être-humain est extrê-
mement compliqué.
A) Des similarités entre l’homme et la machine ?
Certaines précisions nous laissent penser qu’il existe des similarités entre l’homme et la machine.
Premièrement, tous deux sont programmés. Je ne vais pas me lancer dans une dissertation médicale
et scientifique, mais nous, êtres-humains, sommes programmés par notre ADN qui contient le pro-
gramme de notre vie. Dans mon ADN, il y a toutes mes informations génétiques qui font de moi la
femme que je suis.
Le smartphone qui contient des applications connectées possède quant à lui un programme dont le
but principal est d’améliorer la santé de l’utilisateur.
L’humain est programmé pour survivre et se reproduire. Je pense que le corps est une machine or-
ganique. Nos organes représentent les vis et les boulons de la machine.
La machine est difficile à comprendre comme il est difficile de comprendre le corps humain.
Enfin je voudrais donner un dernier exemple de similarité entre l’homme et la machine. Mon télé-
phone portable, pour être en état de marche, a besoin d’être rechargé. Il est ainsi relié à l’électricité
pour s’approvisionner. Mais l’homme aussi a besoin de s’approvisionner. Il doit boire, manger dor-
mir et ainsi remplir ses besoins primaires afin de continuer à vivre. Sans eau, je suis déshydratée et
cette déshydratation peut avoir des effets désastreux sur mon organisme. Sans électricité et sans bat-
terie mon téléphone ne pourra pas s’allumer. Ainsi, l’homme comme la machine doivent s’approvi-
sionner pour vivre et être en état de marche.
Ainsi, je peux conclure ce point en affirmant que l’homme n’est pas une machine, malgré les simili-
tudes. L’homme et la machine ne sont pas semblables, ils sont complexes. Le corps humain regorge
de connexions, de nerfs qu’il faut irriguer et entretenir, tout comme la machine contient des fils
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qu’il faut huiler et entretenir. Car l’organisme humain est complexe tout comme les rouages de la
machine sont complexes.
Même si le corps humain est complexe, ce n’est pas une machine d’après moi. Je vais m’appuyer
sur certains faits que j’expliquerai clairement ci-dessous.
B) L’homme éprouve des sentiments
Contrairement à la machine, nous avons une conscience, une âme qui nous permet de parler.
D’ailleurs, selon Descartes, «c’est parce que nous avons la faculté de parler que nous ne sommes
pas des machines. » C’est ce pouvoir de penser de réfléchir, qui fait que jamais une machine ne
pourra jamais égaler l’être humain.
De plus, l’homme a une conscience. L’homme ressent des émotions, et ce n’est pas la machine qui
en est capable.
La machine n’est pas capable d’aimer, de détester, de ressentir une quelconque émotion alors que ce
sont les émotions de l’homme qui font de lui l’être qu’il est devenu.
Ainsi, je ressens tout ce qui se passe dans mon corps. Mon corps et ma conscience sont parfaitement
connectés. Cependant, c’est ma conscience qui commande et mon corps qui exécute.
« Je ne suis pas dans mon corps comme un pilote en son navire » Descartes
«Notre corps nous appartient sans être néanmoins attaché à notre essence» Leibniz dans Discours
de la métaphysique
En revanche, si l’homme éprouve des sentiments comme l’amour ou la joie, il éprouve également
de la haine et de la peur. Ainsi, une machine réputée dangereuse peut effrayer l’homme et le pousser
à commettre l’irréparable.
C) L’homme construit la machine
Nous avons vu dans une première sous-partie que l’individu avait une conscience. l’homme agit de
lui-même : il est son propre guide, tandis que la machine est guidée par l’homme. En effet, si je dé-
sire utiliser cet objet, c’est à moi de choisir et à moi seule. Je suis libre. La machine elle ne l’est pas,
car c’est l’homme qui s’en sert et pas l’inverse. Même si d’après moi, la machine contrôle l’homme
par ses émotions, l’homme contrôle la machine car il est son maître, celui qui l’a créée, celui qui
l’utilise. Sans l’homme, la machine ne pourrait exister.
Ainsi, l’utilisateur d’objet est une pièce indépendante de la machine, mais cruciale pour que la ma-
chine fonctionne. Sans l’utilisateur à quoi servirait la machine ?
D) L’homme doit-il avoir peur de la machine ?
De nombreux scientifiques remettent régulièrement en cause l’intelligence de l’homme face à la
machine.
Descartes disait que l’humain était un être parlant, à la différence de la machine.
Mais je vais contredire les idées de Descartes, en affirmant que l’homme n’est plus le seul à pouvoir
émettre des sons. Certains ingénieurs au Japon ont ainsi conçu plusieurs robots capables de prendre
la parole. Ainsi, ces robots en forme d’humains exercent des métiers et vivent comme des êtres-hu-
mains. La machine a t-elle dépassé l’homme ?
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On pensait que l’homme était le seul à être doté d’intelligence, mais désormais il est capable de fa-
briquer des machines encore plus intelligentes que lui.
D’après moi, il existe un danger lorsque la machine peut me nuire. Si j’utilise trop mon téléphone
portable, les ondes peuvent provoquer un cancer. Cette affirmation a été confirmée par de nombreux
chercheurs à travers le monde.
Travailler en usine avec des scies ou des trancheuses est dangereux pour l’homme qui peut se bles-
ser s’il ne fait pas attention. Une faute d’inattention et un drame peut arriver. La machine est dange-
reuse.
D’après moi, si l’homme guide la machine, la machine peut dominer l’homme. Face à la machine,
l’homme est plein d’émotions. Lorsque l’utilisateur d’objet connecté s’aperçoit que son smartphone
ne marche plus au moment d’aller faire son footing, il ressent de la frustration, de la colère. Lorsque
le smartphone remarche, l’utilisateur est heureux et soulagé. Lorsque le smartphone lui transmet ses
résultats, l’utilisateur est curieux et s’il est utilisateur d’un outil de prévention connecté, il est an-
goissé par les mauvais résultats.
La machine domine l’homme car elle contrôle ses sentiments. L’homme ne peut vivre sans ma-
chine. Il est sous son contrôle.
De nos jours, l’individu devient obsédé par les nouvelles technologies et les objets de santé connec-
tés en font partie. L’homme sain n’a pas besoin de se soigner mais grâce à des applications il le fait
quand même.
2- D’où proviennent les dysfonctionnements ?
Le problème avec la machine, c’est donc qu’elle peut subir des dysfonctionnements. Soit elle n’a
jamais marché, soit elle s’est arrêté de fonctionner, soit elle fonctionne très mal.
Dans cette partie, j’ai recueilli des témoignages d’utilisateurs mécontents de leurs outils.
A) La machine est mal construite
Thibault fait partie de cette génération connectée. Il a 19 ans et ne rate pas les nouveautés et les
dernières innovations en santé connectée. Un de ses derniers achats est une montre connectée, fai-
sant office de tensiomètre et calcule aussi le rythme cardiaque et le nombre de calories brûlées
chaque jour.
Mas le jeune homme a très vite été déçu. Il avoue que la montre n’a pas eu sur lui l’effet escompté.
Il a très vite abandonné.
« Je m’en suis servi pendant un mois, et quand j’ai perdu l’embout je n’ai même pas voulu aller au
magasin pour le changer. » Thibault, 19 ans
Comme beaucoup d’utilisateurs de son âge, Thibault pense que ces objets de santé connectés ne
sont qu’un effet de mode qui disparaitront très vite.
Si l’embout n’a eu aucun mal à se détacher, c’est qu’il y a eu un problème dans la conception de
l’outil.
Une sondée anonyme n’est pas contente non plus. Elle a téléchargé l’application Sleepbetter sur son
téléphone. Au bout de quelques jours, son Iphone dernier-cri ne marchait plus : elle ne pouvait pas
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passer d’appels, ni recevoir correctement ses messages. Elle s’est vite aperçu que la panne venait de
l’application récemment téléchargée.
« J’ai payé une dizaine d’euros pour cette application qui a endommagé le bon fonctionnement de
mon téléphone. Je ne la conseille à personne ! » Une anonyme
En réalité, l’application était trop grosse pour être utilisée sur son téléphone. Ce n’est pas l’applica-
tion Sleepbetbter qui a provoqué le bug du portable, mais toutes ses applications contenues dans le
portable ! Le programme du téléphone était surchargé, ce qui a provoqué le bug.
Sur un forum, j’ai repéré le témoignage d’un utilisateur de chaussettes connectées pour le running,
que j’ai présentées précédemment. Grand joggeur, il a été très déçu lorsqu’il a pris connaissance de
ses premiers résultats. Son chronomètre était très médiocre comparé à d’habitude. Au bout de
quelques semaines, son temps de course était toujours très mauvais. Il est allé rendre les chaussettes
et les a échangées contre d’autres. Ses performances se sont améliorées.
« Le vendeur m’a expliqué que ce sont les capteurs de cette paire qui ne marchait pas. En plus, je
n’étais pas le seul à être venu rendre mes chaussettes. Il me les a échangées contre une autre paire,
il fallait que j’essaie, et la ça va beaucoup mieux. » Un anonyme
Enfin, notre téléphone portable est équipé de minuscules capteurs. Ce sont grâce à ses capteurs que
les objets se connectent entre-eux.
Mais quels capteurs sont utilisés pour construire votre téléphone portable ? Peut-être que ces cap-
teurs sont devenus obsolètes. Ainsi, le téléphone n’est pas capable de télécharger telle ou telle ap-
plication.
De plus, ces capteurs sont-ils suffisamment élaborés pour calculer correctement les données
de notre organisme ?
Même si les recherches continuent de progresser, il n’est pas évident que ces capteurs puissent don-
ner des données exactes à 100%. Pourtant, dans le domaine médical, mieux vaut être sûr de ces
agissements. C’est ce que déplorent la plupart des professionnels de la médecine que j’ai interrogés.
Seul un médecin peut-être capable de calculer et d’interpréter les données d’un organisme.
« De nombreux objets connectés présents sur le marché contiennent des seuils de pression artérielle
qui ne sont pas les bons … » Docteur Beaudrie
Nous avons vu précédemment que l’homme commettait des erreurs. Il en fait aussi en construisant
la machine. C’est en réalité pour cela qu’elle ne fonctionne pas. L’homme a mal construit ou pro-
grammé la machine, et elle ne marche pas. L’homme a encore beaucoup de progrès à faire pour que
sa machine gagne en crédibilité et fonctionne totalement. Les fabricants des objets de santé connec-
tés sont surtout des start-ups américaines. Peut-être qu’avec les témoignages de clients mécontents,
ils parviendront à améliorer leur outils connectés.
B) L’homme ne comprend pas
Les hommes ne possèdent pas la même intelligence. Certains sont plus intelligents que d’autres.
Penser, réfléchir, écrire ou lire correctement ne sont malheureusement pas à la portée de tous. Et il
en est de même pour l’utilisation d’objets connectés.
Parfois, ce n’est même pas une question d’intelligence. Certains sont plus doués que d’autres dans
une matière. Par exemple, je suis plus douée en français qu’en mathématiques, mais être nulle en
mathématiques ne fait pas de moi un être dépourvu d’intelligence !
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Voici le témoignage d’un utilisateur d’objet de santé connecté. Il désirait connaître les raisons de
son sommeil irrégulier. Il s’est donc procuré une application spécialisée :
«Je possède un bracelet UP24 de Jawbone et un iPhone 5S, je ne comprends pas pourquoi je reçois
tous les matins une notification de l'application UP m'invitant à aller me coucher. J'ai beau paramé-
trer l'application, l'invitation au sommeil est programmée chaque soir à 23h50, que je reçois
d'ailleurs sans souci. Celle du matin n'est pas programmée, serait-ce un bug de l'appli ? »
Il s’est avéré que non, l’outil n’était pas responsable de cette défaillance. En réalité le jeune homme
n’arrivait pas à programmer son application. Il n’y est d’ailleurs jamais parvenu et a arrêté d’utiliser
cette application …
Les préjugés existent : les femmes sont incapables de bricoler et les hommes sont incapables de
coudre. Certaines personnes sont plus habituées à travailler avec la machine que d’autres, ils s’en
servent donc mieux que d’autres. Si on utilise mal la machine, elle marchera mal.
Il peut être difficile pour certaines personnes de comprendre une notice d’utilisation. Ou peut-être
que la notice est mal rédigée ?
Un témoin anonyme a posté un message sur un forum :
« Cet objet est très utile. Même si j’ai eu des difficultés le premier mois, j’ai demandé conseil et dé-
sormais je sais le faire marcher (…) »
Ainsi, cette utilisatrice ne savait pas comment faire fonctionner l’appareil, mais après un peu de mo-
tivation et d’aide elle y est parvenue.
Mais qu’en est-il de l’interprétation des données que calcule l’outil connecté ? Avons-nous réelle-
ment les compétences nécessaires pour interpréter nos chiffres ?
Si nous ne sommes pas formés pour savoir déchiffrer des codes, nous ne parviendrons pas à les
lire ! Alors si nous ne sommes pas formés à interpréter des données médicales, nous ne pouvons pas
en connaître leur valeur. Les données médicales ne peuvent être interprétées que par un profession-
nel de santé. Si nous ne sommes pas médecin, nous ne pouvons comprendre correctement leur si-
gnification exacte.
C) La machine n’est pas adaptée pour l’individu
Jean est très souvent victime de douleur au bras droit. Alors que les crèmes de massages ne suffisent
plus, il a décidé de se procurer un patch anti-douleur connecté, capable de repérer la douleur et de la
gérer.
Mais le patch n’a jamais marché. L’hypothèse est la suivante : la douleur de Jean était trop forte et
le patch n’a pas la capacité de soigner une douleur si importante.
« Je n’ai même pas eu la motivation pour le rapporter au magasin. Il croupit au fond du placard.
J’ai dépensé 70euros pour l’avoir. » Jean, 56 ans
En fait, la douleur de Jean était tellement forte que la machine n’a pas été capable de la soigner.
Un objet connecté n’est pas adapté pour gérer une douleur aussi profonde.
Sur un forum, j’ai repéré une conversation dans laquelle une femme -qui a préféré rester anonyme-
racontait que son objet de santé lui avait posé beaucoup de problèmes. Il y a trois mois, son ophtal-
mologue lui a conseillé d’utiliser des lentilles connectées qui permettent de mesurer le taux de glu-
cose dans les larmes.
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Lorsqu’elle a posé la première lentille, tout allait bien, mais à la deuxième lentille, son oeil a com-
mencé à la gratter. Au bout d’une heure, elle a préféré retirer ses lentilles … et a téléphoné à son
ophtalmologue pour lui expliquer la situation.
« Il m’a dit que je faisais une réaction allergique, que ces lentilles n’étaient pas faites pour moi, et
qu’il allait trouver une autre solution pour mon oeil. » Une anonyme
Ainsi, cette utilisatrice anonyme est un cas particulier : c’est son corps qui ne peut pas s’adapter à
l’objet.
Enfin, nous avons vu précédemment que l’utilisateur ne se servait pas régulièrement de son
outil connecté. Or, un objet connecté nécessite une utilisation quotidienne et régulière pour
fonctionner et délivrer des résultats médicaux véridiques !
Pour conclure cette partie, les outils connectés ne peuvent pas fonctionner. Et nous pouvons donner
plusieurs raisons à cet échec :
- La machine est mal construite
- La machine est utilisée à mauvais escient ou très mal utilisée
- La machine n’est pas comprise par l’utilisateur
- La machine est obsolète
-La machine n’est pas adaptée au corps de l’individu ou à son style de vie
- Il faut une utilisation régulière pour que l’objet fonctionne !
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IV / Qu’en pensent les professionnels de la santé en France ?
Afin de connaître et d’exposer les avis des professionnels de la santé, j’ai interviewé plusieurs mé-
decins officiant en France. Ainsi j’ai pu récolter les avis de quarante-deux docteurs, et le moins que
je puisse dire, c’est que leurs avis sont partagés. Je leur ai posé les mêmes questions, que vous pou-
vez retrouver en annexe de ce mémoire.
J’ai également récolté l’avis du Docteur Nicolas Postel-Velay, fondateur et directeur du célèbre site
français www.automesure.com et médecin chercheur à l’hôpital George Pompidou à Paris.
1- Que pensent les médecins des objets connectés liés à la forme physique ?
A) Lecture des résultats du sondage
Avis des professionnels de la santé en France sur l’utilisation du Quantified-Self pour la forme
et le bien-être, par Charlotte Zuber
Voici les résultats obtenus après avoir interrogé les quarante-deux médecins qui ont répondu à mes
sollicitations. Parmi-eux, 76% sont favorables à l’utilisation des objets de santé connectés lors-
qu’ils sont utilisés pour entretenir la forme physique. Ces données sont représentées en jaune sur
le graphique ci-dessus, réalisé par mes soins. Cependant, ces 76% de docteurs favorables à l’utilisa-
tion de l’auto-mesure se divisent en deux parties distinctes : 62% sont tout-à-fait favorables, tandis
que les 14% restants sont favorables mais émettent toutefois des réserves.
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Avis des professionnels de la santé en France sur l’utilisation du Quantified-self dans le cadre
sportif, par Charlotte Zuber
Concernant la forme physique, nous avons vu précédemment que de plus en plus de sportifs de haut
niveau pratiquaient le Quantified-self . Le dépassement de soi en est la principale motivation.
Ainsi, sur les quarante-deux médecins interrogés, 82% sont favorables à l’utilisation des objets
connectés dans le cadre sportif. Parmi-eux, 31% sont favorables mais émettent des doutes.
Seulement 18% sont peu favorables à ces pratiques, ce qui est peu. La plupart des professionnels de
la santé recommandent ces objets connectés.
L’avis général est le suivant : ces objets représentent un excellent moyen de prendre soin de sa santé
et de sa forme physique. Tout ce qui peut motiver l’individu à avoir une vie plus saine et à
prendre soin de sa santé éveille l’intérêt du professionnel de santé.
B- Interprétations des résultats du sondage
SI les professionnels de santé encouragent l’utilisation de ces outils connectés, ils mettent en avant
certaines limites qui pourraient subsister et qu’il faudrait corriger.
a- Ces objets aident l’individu à prendre soin de sa santé (76%)
L’objet joue le rôle de coach et donne aux utilisateurs pour la plupart une grande source de moti-
vation. Et en cette période où la société française est morose et où la conjoncture économique et
sociale décline, voir des individus en forme et en pleine santé demeure important.
« Oui, je suis totalement pour. Je le conseille à quelques-uns de mes patients souffrant d’embonpo-
int. Ils n’ont pas la force d’y arriver seul, et se payer un coach coûte cher. Grâce à leur mobile ils
trouvent la motivation nécessaire. » Docteur Aignan, généraliste.
« Ces outils permettent aux utilisateurs de se voir progresser, ce qui est très important pour le mo-
ral. Ils peuvent continuer à s’entraîner. La volonté prime. » Docteur Girar, généraliste
De plus, ce qui plaît aux médecins, c’est que l’individu s’intéresse de plus en plus à sa forme. Le
patient ne veut plus être en surpoids, veut manger sainement et entretenir sa forme. L’utilisa-
tion de ces objets pour encourager le patient à entretenir sa santé ne peut être que prolifique.
« Ce qui me plaît, c’est que l’homme prend conscience qu’être en surpoids, boire trop, manger trop
est mauvais pour sa santé. Utiliser ses objets, c’est prendre soin de sa santé, et cela ne peut être que
profitable pour l’être humain. » Docteur Muller, généraliste
Enfin, grâce à ces objets, l’individu apprend plus sur son corps et sur ses capacités physiques. Il
prend connaissance de certains savoirs médicaux. Et dans de nombreux cas il peut se rapprocher
de son soignant. La relation patient/médecin s’améliore.
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« Un de mes patients utilise cet outil (une application de running) et nous en discutons ensemble. Il
a appris beaucoup de choses depuis qu’il s’en sert. Nous avons de vrais débats. J’ai parfois l’impr-
ession de discuter avec un collègue car son expertise est très poussée. » Docteur Liveaux, cardio-
logue
b- Mais cet interêt pour ces objets ne doit pas dépasser le cadre de la forme physique
Cependant, certains médecins avouent avoir une confiance limitée en ce type d’objets. Il peut en
effet y avoir des défaillances. D’ailleurs, pourquoi s’en servir ? Selon les 14% qui émettent des ré-
serves, l’homme n’a pas besoin de ce type de machine pour prendre soin de sa santé.
Certains médecins comme le Docteur Yanne, ne croient pas au côté motivant de ces outils. Selon
lui, l’homme est capable de se débrouiller seul car il est de nature autonome. Par exemple, courir est
quelque chose d’innée chez l’individu. Il ne croit pas que l’utilisation de ces objets puissent appor-
ter un quelconque réconfort.
« L’auto-mesure semble être une grande idée dans l’ensemble. Mais en cas de chiffres peu satisfai-
sants, la plupart des utilisateurs abandonnent. L’homme fait du sport sans avoir besoin d’aide. A
quoi ça sert réellement ? » Docteur Yanne, podologue
D’autres n’hésitent pas à conseiller à leurs patients d’utiliser ses objets, mais seulement pour la
forme physique. En effet, le nombre de calories ingérées, le taux de sommeil, ou les kilomètres par-
courus lors du dernier footing sont des connaissances dites « nobles » ; c’est-à-dire qu’elles sont
très simples à interpréter. L’individu n’a pas besoin de compétences médicales poussées. Ils
peuvent interpréter les résultats sans difficultés, sans faire trop d’erreurs.
C’est pour cette raison que les médecins sont en faveur des objets connectés utilisés pour entretenir
la forme physique. Ces connaissances sont à la portée de tous.
« Je suis d’accord pour que l’individu utilise les objets du Quantified-self pour entretenir sa forme.
Ces outils offrent plus d’autonomie. L’utilisateur peut comprendre ses données sans difficultés.
Mais au-delà, ses données deviennent trop compliquées à interpréter. Ces outils ne doivent être
utilisés que dans le cadre de la forme physique. » Docteur Mauban, cardiologue
Parmi les médecins, certains émettent des réserves quant à la véritable utilité de l’outil de santé
connecté. Mais au vue des résultats probants, en particulier sur les sportifs, ils ne peuvent que les
approuver.
L’objet connecté peut-il avoir un effet placebo sur les sujets ? J’ai posé la question aux quarante-
deux médecins et ces derniers sont unanimes : il est fort probable, en effet, que ces objets aient un
effet placebo. L’utilisateur, tant qu’il est accompagné, que ce soit par un coach, un médecin ou un
objet, est encouragé à dépasser ses limites. Il se sent aidé lorsqu’il est accompagné. Quand il est
seul, ses performances sont moins bonnes.
« Même si les résultats du sportifs ne sont pas satisfaisants, ils poussent le sujet sportif à se dépas-
ser physiquement et mentalement, chose qu’il ne peut sans doute pas faire s’il n’utilisait pas
l’objet. » Docteur Jeanne, cardiologue
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Mais les avis médicaux sont plus partagés lorsqu’il s’agit de définir leur véritable utilité. Pour la
plupart, ce ne sont pas ces objets connectés qui vont faire évoluer les choses. L’utilisateur ne va pas
se surpasser avec des appareils qui existent depuis déjà plusieurs années. Les tensiomètres, podo-
mètres et contrôleurs cardiaques utilisés par les sportifs, amateurs comme professionnels, ont déjà
fait leurs preuves.
« Les sportifs sont déjà suffisamment équipés comme ça, ils n’ont pas besoin de ces outils. Ils ont
besoin d’être accompagnés physiquement et mentalement par des personnes physiques, c’est à dire
leur coach et leur médecin. » Docteur Strauss, podologue
« Est-ce que les podomètres intelligents vont réussir à lever les barrières qui font que les gens ne
marchent pas alors que les podomètres existent depuis des décennies ? » Docteur Postel-Velay
2- Que pensent les médecins des objets de santé liés à la prévention de certaines pathologies ?
A) Lecture des résultats du sondage
Avis des médecins sur l’utilisation des objets du Quantified-self dans le cadre préventif, par
Charlotte Zuber
Contrai- r e-
ment à l’utilisation de l’auto-mesure dans le cadre du bien-être et de la forme, l’utilisation de ces
objets connectés à titre préventif a beaucoup moins conquis les professionnels de santé en France.
Tout d’abord, d’après le graphique ci-dessus réalisé par mes soins, nous pouvons constater que
seulement 41% des médecins interrogés se manifestent en faveur de ces objets connectés. Parmi ces
41%, 20% sont en leurs faveur mais y voient tout de même un inconvénient !
En revanche, 59% sont contre l’utilisation des objets du Quantified-self à titre préventif, dont 30%
sont en totale défaveur. 29% en revanche sont contres mais pensent que ces objets cachent malgré
tout un bon côté …
B) Interprétations des résultats du sondage : de grandes défaillances dans le Quantifed-self
J’ai cherché plusieurs interprétations pour ces résultats.
b- Des médecins peu connectés 3.0
Page 39
Ces pratiques sont approuvées par quelques médecins heureux d’être connectés. Ils ont confiance en
la machine et les résultats donnés peuvent être interprétés en toute confiance.
« Le Quantified-self ? Pour moi une innovation majeure dans le domaine médical » Docteur Favier,
généraliste
« Je suis un médecin connecté 3.0 et heureux dans ma pratique médicale : les objets connectés ap-
portent vraiment un plus dans la consultation médicale. C’est du temps gagné, de la convivialité
du partage et surtout un maximum de données médicales précieuses pour le médecin. » Docteur
Eric Couhet
En revanche les autres médecins ne cautionnent pas l’utilisation des objets de santé connectés pour
la médecine. Pourtant, c’est l’avenir de la médecine. Dans quelques années la plupart des cabinets
seront équipés 3.0. Mais la plupart des médecins veulent rester traditionnels.
Le médecin a eu du mal à s’habituer à son ordinateur il y a 20 ans.
Avec l’avènement du 2.0, les sites internet et forums de médecine ont envahi la Toile. Les inter-
nautes discutaient entre eux, se racontaient leurs symptômes et les interprétations étaient pour la
plupart fausses. Les médecins qualifiaient d’ailleurs ces sites de « dangereux ».
Ainsi, le corps médical ne s’est jamais accommodé à la médecine 2.0, comment peut-elle passer à la
médecine 3.0 ?
a- L’utilisateur n’a pas les connaissances médicales nécessaires pour prévenir une éventuelle
pathologie
Les médecins interrogés pointent notamment du doigt la pauvreté des connaissances médicales de
ces objets. L’outil connecté n’est pas capable de lire de façon médicale les chiffres qu’il calcule.
D’accord, il nous donne quelques résultats, mais qu’en est-il de l’interprétation de ceux-ci ? Et si les
résultats étaient faux ? Mal calculés (voir partie IV) ?
L’utilisateur reste quasiment livré à lui-même. Et s’il n’a pas les connaissances médicales néces-
saires, cet objet ne lui sert à rien.
« Ne me faites pas rire. Ces objets préventifs ne sont que de purs gadgets. Des machines à la portée
de tous qui s’improvisent médecins ? à bannir de toute urgence ! » Docteur AImard, généraliste
Le Docteur Idris Guessous a donné de nombreuses interviews à différents quotidiens français. Il est
notamment responsable de l’unité d’Epidémiologie Populationnelle du Service de Médecine de
Premier Recours aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG).
Il remet en cause l’utilité de ces objets d’un nouveau genre, en particulier lorsqu’ils sont utilisés
dans un cadre préventif.
D’après lui, nous ne pouvons pas nous appuyer dessus car ils ne sont pas programmés pour avoir
des compétences aussi pointues qu’un médecin. Le médecin est irremplaçable. Et ce n’est certai-
nement pas ces objets connectés qui l’égaleront. Seul lui peut interpréter les données de la machine.
« Prévenir les cancers ? Les maladies inflammatoires ? C’est beaucoup trop compliqué et ces ob-
jets ne font pas le poids face au matériel hospitalier ! » Docteur Guessous
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Mémoire quantified-self Charlotte Zuber

  • 1. CREDIBILITÉ ET UTILITÉ DU QUANTIFIED-SELF Les objets de santé connectés : phénomène de mode ou véritable innova- tion médicale ? ———————————————— Présenté par : Charlotte Zuber Sous la direction de : Christiane Peyron-Bonjan Master 2 Information et communication, traitement des contenus numériques, parcours santé et communication
 Page 1
  • 2. “ Je, soussignée Charlotte Zuber certifie que le contenu de ce mémoire est le résultat de mon tra- vail personnel. Je certifie également que toutes les données, tous les raisonnements et toutes les conclusions empruntés à la littérature sont soit exactement recopiés et placés entre guillemets dans le texte, soit spécialement indiqués et référencés dans une liste bibliographique en fin de volume. Je certifie enfin que ce document, en totalité ou pour partie, n’a pas servi antérieurement à d’autres évaluations, et n’a jamais été publié. ” ————————————————————————- Mes remerciements à toutes les personnes ayant répondu à mon sondage et aux médecins sans qui je ne serais pas parvenue à terminer mes recherches. Merci également à ma tutrice de mon mémoire Mme Peyron Bonjan pour son encadrement et ses conseils. Page 2
  • 3. I/ Tour d’horizon du Quantified-self 8 1- Qu’est ce que le quantified-self ? 8 A) Des personnes soucieuses de leur état de santé 10 B) Des sportifs 11 C) Les personnes numériques 13 D) Des personnes malades 15 3- Pourquoi utiliser des objets du Quantified-self ? 15 A) Une meilleure connaissance de son corps 15 II/ D’où vient cette tendance à l’automesure ? 22 A) Les scandales sanitaires de ces dix dernières années 23 a- L’affaire du médiator 23 b- Le scandale des prothèses PIP 24 c- Les erreurs médicales 24 B) Le français veut prendre sa santé en main 25 A) L’orgueil français 26 B) Le français a peur du regard des autres 26 4- Quelle crédibilité pour les objets de santé connectés ? 27 III/ Peut-on avoir entièrement confiance en la machine ? 30 1) L’homme est-il une machine ? 30 A) Des similarités entre l’homme et la machine ? 30 B) L’homme éprouve des sentiments 31 C) L’homme construit la machine 31 D) L’homme doit-il avoir peur de la machine ? 31 A) La machine est mal construite 32 IV / Qu’en pensent les professionnels de la santé en France ? 36 A) Lecture des résultats du sondage 36 B- Interprétations des résultats du sondage 37 a- Ces objets aident l’individu à prendre soin de sa santé (76%) 37 b- Mais cet interêt pour ces objets ne doit pas dépasser le cadre de la forme physique 38 2- Que pensent les médecins des objets de santé liés à la prévention de certaines pa- thologies ? 39 A) Lecture des résultats du sondage 39 B) Interprétations des résultats du sondage : de grandes défaillances dans le Quantifed- self 39 b- Des médecins peu connectés 3.0 39 Page 3
  • 4. a- L’utilisateur n’a pas les connaissances médicales nécessaires pour prévenir une éventuelle pathologie 40 b- Le médecin trop en retrait 41 c- Le Quantified-self mélange science et technologie 41 e- Les risques d’une mauvaise interprétation des données livrées par l’outil connecté 43 Bibliographie : 48 Webographie : 48 Sondage aux utilisateurs d’objets de santé connectés : 50 Questions aux médecins, par Charlotte Zuber : 51 Page 4
  • 6. « Nous sommes à l’aube de la révolution technologique du XXième siècle » estime le sociologue Stéphane Hugon, en parlant des objets du quantified-self. Les objets connectés sont partout. Désormais, grâce à une simple application, nous pouvons connaitre toutes les caractéristiques de notre corps. Les objets connectés ont le vent en poupe. Nous avons tous un smartphone et des applications programmées. Sans le vouloir, nous avons petit à petit fait entrer les objets connectés dans nos vies. Les objets connectés apportent des promesses à ses utilisateurs. Ils leur promettent de vivre mieux, de vivre dans le confort, d’améliorer leur quotidien. Ils promettent d’améliorer notre santé et notre bien-être en calculant notre IMC, notre tension, notre taux de sommeil. Ils nous donnent des conseils sur notre manière de manger, de consommer. Les objets de santé connectés sont même utilisés par les patients malades. Certains grands groupes pharmaceutiques fabriquent des piluliers connectés qui alertent la personne souffrant d’alzeihmer qu’il est l’heure de prendre ses médicaments. Une véritable révolution dans le domaine médical. Début 2015, Apple sortait sa dernière innovation : l’Apple Watch, une montre connectée faisant of- fice de smartphone. Le monde est en perpétuel évolution et les objets connectés aussi. J’ai choisi pour thème le quanti- fied-self, car c’est un sujet à la fois intéressant et à la pointe de l’actualité. J'ai moi-même utilisé un de ces objets pendant une courte période. J’ai abandonné un mois plus tard, déçue. Je voulais donc savoir si d’autres utilisateurs étaient dans mon cas. Ce sont les journalistes Gary Wolf et Kevin Kelly qui, en 2007, ont inventé l’automesure. De confé- rences en conférences, ils en ont fait leur crédo : Surveillez vous même votre état de santé, vous êtes le principal acteur de votre santé. A tout instant de la journée, vous pouvez ainsi connaitre votre poids, le nombre de pas que vous avez réalisé, le nombre de kilomètres que vous avez marché aujourd’hui, la qualité de l’air que vous inspirez, le nombre de calories que vous avez mangé … Toutes ces caractéristiques de votre organisme sont désormais entre vos mains. Très vite, le marché s’est étendu sur toute la surface de la planète et a conquis de nombreux adeptes. En 2013, on recense des millions d’utilisateurs sur ce marché. Les multinationales qui rayonnent dans le monde comme Apple et Google ce sont très vite laissées tenter par l’expérience et sont en train de conquérir tous les segments de ce marché. Apple est le roi des nouveautés : son iphone 6 sera carrément un véritable carnet de santé connecté ! Ce sont presque 900 millions d’utilisateurs d’iphone qui seront concernés par cette nouveauté. En revanche, on ne peut pas considérer les utilisateurs des objets du quantified-self comme des pa- tients. La plupart des utilisateurs ne sont même pas malades ! La cible des géants du quantified-self sont en réalité grand public. Le but premier n’est donc pas de soigner, mais d’aider l’utilisateur à mieux gérer sa santé, en quelques sortes. Aux Etats-Unis, les objets de santé connectés sont totalement entrés dans les habitudes des améri- cains. Selon un sondage Ipos, 82% des américains utilisateurs d’objets de santé connectés pensent qu’ils ont amélioré leur vie. Page 6
  • 7. C'est une véritable révolution, liée notamment à l’avènement du smartphone. Aujourd’hui, 80% des français sont en possession d’un smartphone. Tous peuvent donc télécharger une application liée à la santé. En me documentant sur cette révolution en matière de bien-être et de santé, je me suis posée de nombreuses questions. Comment l’individu peut-il se soigner lui-même sans une aide médicale ? Comment une machine peut-elle afficher des données sur notre organisme aussi précisément ? Les publicitaires nous offrent des publicités dans lesquels les objets connectés sont perçus comme des produits miracles, surtout en matière de santé. Mais qu’en est-il en réalité ? Les utilisateurs sont-ils pleinement satisfaits de leurs outils de santé connecté? Pour le savoir, j’ai élaboré un sondage et j’ai demandé à certains internautes et utilisateurs d’y ré- pondre. Grâce aux réseaux sociaux et à quelques appels passés, j’ai pu interroger des médecins concernés par le quantified-self. Comme nous allons le voir, leur avis sur ce phénomène sont tota- lement partagés… Les personnes sondées sont des gens comme vous et moi, mais la plupart sont tout de même utilisa- teurs de ces objets connectés. Nous verrons dans mon enquête que les déçus ne se font pas rares … Loin de là. Les objets de santé connectés sont-ils véritablement crédibles ? Page 7
  • 8. I/ Tour d’horizon du Quantified-self Pour commencer mes recherches, j’ai répertorié des objets de santé connectés qui m’ont paru les plus utiles. De plus, j’ai récolté plusieurs témoignages d’utilisateurs du quantified-self. Il m’a fallu plusieurs mois afin de récolter tous ces avis. Dans cette partie, nous allons étudier le processus de l’automesure, et les nombreux avantages que peut trouver un internaute dans son utilisation. Pour m’aider dans cette analyse, j’ai recueilli les avis du professionnel du quantified-self et chercheur, à l’hopital George Pompidou à Paris, Docteur Nicolas Postel-Vinay 1- Qu’est ce que le quantified-self ? Le Quantified-self, c’est le fait de mesurer ses propres statistiques. En anglais, Quantified-self si- gnifie « la mesure de soi ». Ainsi, il s’agit de la mise en chiffres de soi. Les chiffres de nos corps sont nombreux. Je peux calculer ma tension, mon cholestérol, mon taux d’insuline, voire même mon taux d’alcool dans le sang après un repas copieux. Voici la définition de l’automesure par la CNIL : « Le Quantified self ou le « soi quantifié » renvoie à un ensemble de pratiques variées qui ont toutes pour point commun, de mesurer et de comparer avec d’autres personnes des variables relatives à son mode de vie : nutrition, activités physiques, poids, sommeil… » Emmanuel Gadenne, un expert français du Quantified-self, nous donne la définition suivante : « Le Quantified Self correspond à une méthode qui permet de se connaître par la donnée. Par exemple, dans le cadre du suivi du diabète, il est utile d’avoir des carnets de bord électroniques pour le patient comme pour le médecin. La réflexion et le dialogue sont enrichis grâce à la valeur et la précision apportées par des données chiffrées » Nous pouvons ainsi mesurer les données de notre organisme grâce à des appareils. Il est à noter que le Quantified-self existe depuis des décennies : le simple fait de se peser grâce à une balance relève du Quantified-self ! Aujourd’hui, il s’agit d’applications que nous pouvons télécharger sur notre téléphone portable, appelé aussi smartphone. Le Quantified-self évolue. Il existe de nombreux types d’applications. Les plus accessibles sont bien sur les applications gratuites ou peu onéreuses. Ainsi, tout propriétaire de smartphone peut télécharger l’application qui pourra lui apprendre à chif- frer son organisme : tensiomètre, calcul de notre cholestérol, calcul de notre taux de sommeil, de notre taux de nervosité … Les applications sont particulièrement utilisées depuis deux ans. A gauche, une application de running utilisée par les accrocs au footing, qui permet de calculer le nombre de calories que nous avons perdu durant notre par- cours. L’application coûte 2euros. Elle est capable de s’adapter en fonction du sport pratiqué : marche, course, vélo et même vélo-tout-terrain. A droite, une application relativement onéreuse qui permet de mesurer notre fréquence cardiaque à toute heure de la journée. Elle doit être utilisée plusieurs- fois dans la journée car elle compare les progrès ef- fectués dans une même journée.
 Page 8
  • 9. Grâce au Quantified-self, le matériel médical peut-être à la portée de tous. Le site automesure.com, géré par le Docteur Postel-velay a établi une liste de matériel médical adapté à l’usage du patient. Ainsi, nous pouvons tous utiliser des lecteurs de glycémie, des oxymètres de pouls ou des tensio- mètres. Nous pouvons également partager les résultats récoltés sur internet, afin des les comparer avec d’autres utilisateurs et savoir dans quelle tranche nous sommes. Il est à savoir que les utilisa- teurs du Quantified-self se servent de moins en moins de l’avis de leur médecin, mais des résultats des autres utilisateurs. Un tensiomètre vendu sur le site du groupe d’hypermarché Carrefour Il s’agit d’une appareil que l’on met au poignet, spécialisé dans la détection de l’arythmie. Il est accessible à tous pour moins de trente euros, ce qui est rédhibitoire pour un objet médical. Voici le tensiomètre développé par la marque spécialisée dans les objets de santé connectés Withings. Désormais, la pression artérielle se mesure avec un téléphone portable. La marque affirme qu’il est important de prendre sa tension et de suivre son évolution. L’application est gratuite et se veut simple d’utilisation. Ainsi, le Quantified-self correspond à l’utilisation d’objets connectés. Les tensiomètres ou autre matériel médical autrefois propriétés privées du médecin sont désormais à la portée de tous. Les applications nous aident à prendre soin de notre santé grâce à des chiffres et à une remise en ques- tion de nos habitudes de vie. Les smartphones et appareils de mesures médicaux sont appelés ainsi, les objets de santé connectés. 2- Qui sont les utilisateurs du quantified-self ? L’objectif du quantified-self est d’aider les gens à prévenir certaines pathologies, et à prendre soin de leur santé. Les chiffres encourageants ou non, aident l’utilisateur à prendre soin de lui. Ainsi, les applications qui peuvent nous paraitre peu crédibles peuvent tout de même permettre à l’utilisateur de prendre conscience de son état de santé. « En mesurant vous même votre santé, vous pouvez mieux vous soigner ou mieux prévenir certaines maladies. » Docteur Postel-Vinay Il existe différents types d’utilisateurs de ces objets d’un nouveau genre. Dans cette sous-partie, j’ai recueilli plusieurs témoignages d’utilisateurs d’objets de santé connectés, grâce au sondage que vous retrouverez en annexe. Près de 200 personnes ont ainsi répondu à mon sondage. Il m’est apparu que les plus grands utilisateurs des objets de santé connectés étaient les individus de 20 à 30 ans. J’ai décidé de réaliser des graphiques des données que j’ai récoltées, et je les commen- terai. Page 9
  • 10. Age des utilisateurs d’objets du quantified-self, par Char- lotte Zuber: Les personnes ayant eu l’amabilité de répondre à mon sondage sont âgées de 9 à 81 ans. Ainsi, comme vous pouvez le constater sur le schéma ci-contre, la tranche d’âge qui utilise le plus les objets de santé connectés sont les 20-30 ans avec 35%. La tranche des 30-40 ans représente 25% des utilisateurs d’objets connectés et arrive en deuxième position. Sur la troisième marche du podium, on retrouve la tranche des 40-50 ans avec 20% d’uti- lisateurs. Les plus de 50 ans représentent 15% tandis que les 10-20 ans ne représentent que 5%. Les hommes sont le plus représentés : 62% des sondés sont de sexe masculin, 38% sont de sexe féminin. Ainsi, d’après leurs réponses, j’ai répertorié les différentes catégories que représentent les utilisa- teurs du Quantified-self : Les utilisateurs sont donc soit soucieux de leur santé, soit sportifs, soit connectés, soit malades. A) Des personnes soucieuses de leur état de santé Depuis quelques années, le commerce des objets de santé s’est considérablement popularisé. L’in- dividu prend de plus en plus soin de lui et de sa santé. Les géants du numérique tels que Google et Apple l’ont bien remarqué. Ces deux multinationales sont les principaux acteurs du marché des objets connectés. Les smartphones regorgent d’applications liées à la santé. J’ai moi même télé- chargé des applications de ce genre depuis quelques mois. Calculer les calories que j’allais ingérer ou voir combien de poids j’avais perdu en marchant quelques minutes m’intéressait. Les personnes sont soucieuses de leur état de santé. J’ai même interrogé un enfant qui avait peur pour sa santé malgré son jeune âge. Quels que soit notre âge, notre condition physique, notre vision de la vie nous avons peur pour notre santé. Et avec la « malbouffe » et le manque de sport, les ma- ladies comme l’obésité ou le diabète se font de moins en moins rares. C’est ainsi que depuis quelques an- nées, l’individu a décidé de mieux prendre soin de sa santé. Les joggeurs ont envahi les rues et le yoga ou la fitness attirent de plus en plus d’adhérents. C’est dans cette optique que sont apparues les premières ap- plications de santé connectées. La marque Runtastic est leader sur le marché. Le joggeur se connecte sur son portable et pendant sa course il peut voir le nombre de kilomètres parcourus ainsi que le nombre de calories perdues. Certaines personnes âgées, qui sont pour la plupart fa- tiguées des éternels trajets chez leur médecin, sont de- venues accrocs de leur tensiomètre ou de leur pompe à insuline. Ils ne ratent pas le moindre recueil de données Page 10
  • 11. de leur machine et les notent ou même les enregistrent sur leur appareil. Ainsi, jeune ou âgé, l’utili- sateur de l’objet connecté prend soin de sa santé et de son bien-être. André, 85 ans, n’est pas malade. Pourtant, tous les jours, il prend sa tension à l’aide de son tensio- mètre. « C’est une habitude que j’ai prise depuis que mon médecin me l’a conseillée.» André, 85 ans L’individu utilise les objets connectés à titre préventif. L’outil lui permet de contrôler son corps et ses agissements. S’il mange trop vite, le téléphone va lui dire de se calmer. S’il court en tapant trop le talon au sol, le téléphone lui dira. S’il boit trop, s’il fume trop, le téléphone lui dira. Les ob- jets de santé connectés sont une grande opportunité pour aider l’individu à prendre soin de lui. B) Des sportifs Il m’est apparu beaucoup de sportifs parmi les sondés. Ce sont des sportifs amateurs qui pratiquent un sport régulièrement, ou qui en font leur profession. Le sportif aime l’activité physique et il connaît les bienfaits du sport sur son organisme. 12% des sondés sont des sportifs. Parmi eux, 34% sont des femmes et 66% sont des hommes. L’âge moyen est de 35 ans. « Mon généraliste connaît ma passion pour le sport et il m’a conseillé cette application gérée par la marque Nike. J’ai tout de suite adoré, ça fait 2 ans que je l’utilise ! » Jérémy, 31 ans Les médecins ne sont pas les seuls à conseiller ce type d’applications dans le cadre sportif. Les en- traîneurs de clubs le conseillent également à leurs élèves. Le but est d’améliorer leurs perfor- mances en compétition comme à l’entraînement. Et cela fonctionne : « J’utilise HyHealth depuis deux ans et avec un peu de motivation j’ai gagné quelques places au classement. » Damien, 17 ans Les marques recèlent d’ingéniosité pour attirer les nouveaux sportifs et les publicités sont toutes ciblées. Voici à droite la publicité de Nike que tout sportif voit s’afficher sur le fameux réseau social Facebook : Damien m’a expliqué l’utilisation de l’application « Running heroes ». Il s’est inscrit sur le site in- ternet et a téléchargé l’application Runtastic. Lors de ses entraînements, il reste connecté grâce à son smartphone. L’application récolte et enregistre toutes les données de Damien sur son téléphone. D’après Damien, Running heroes est une grande plateforme pour les sportifs, et le suivi est une Page 11
  • 12. grande source de motivations. D’ailleurs, si vos résultats s’améliorent, de grandes marques vous envoient des cadeaux. Un gros coup de marketing pour cette multinationale. « J’ai reçu beaucoup de cadeaux depuis que j’ai commencé et j’ai gagné 2 minutes sur mon temps de course. » Damien, 17 ans Depuis ses 15 ans, Mélissa pratique l’escrime en compétition. Depuis un an maintenant, elle utilise cette application lors de ses entraînements. Elle affirme que ces objets sont devenus tendance, un véritable phénomène de mode dans les compétitions. « Toutes mes adversaires l’utilisent, je me suis dis qu’il fallait que je m’y mette aussi. » Melissa, 25 ans Alors qu’elle n’était pas convaincue au départ par l’utilité de cette application, elle y a vite pris goût. Désormais elle utilise son objet connecté à chaque entraînement, sous les observations de son maître d’armes, qui surveille ses performances. La jeune femme y a pris goût. « C’est une grande source de motivation, car en voyant les résultats décevants ou encourageants, cette application m’aide à me dépasser. J’ai gagné de nombreuses places au classement général depuis un an et c’est peut-être grâce à ça ! » Mélissa, 25 ans Les applications sportives attirent un grand nombre d’adeptes, et les marques de sport comme Nike ou Adidas l’ont bien compris. Elles ont développé une série d’applications pour attirer encore plus d’utilisateurs. La marque Heapsylon a développé Sensoria fitness, la première chaussette connectée ! Page 12
  • 13. Ainsi, les sportifs mettent leur chaussettes et installent un bracelet autour de leur cheville. Le maté- riel est connecté à une application qui donnera les statistiques très précises. Les chaussettes contiennent des capteurs minuscules et très puissants. Le bracelet est en fait un accéléromètre. La marque affirme que les chaussettes sont tellement précises qu’elles dépassent largement le niveau du marché. Elles possèdent également un analyseur d’impacts, dont les capteurs se situent sous la voûte plantaire et un analyseur de foulées. Les chaussettes contiennent aussi un métronome de ca- dence : le joggeur enregistre un objectif de foulées bien défini, et s’il va trop vite ou même pas as- sez, les chaussettes lancent une alarme pour prévenir l’utilisateur ! Les ambassadeurs de la marque préviennent que cet objet est spécialement conçu pour les pros du running, c’est-à-dire ceux qui sont parfaitement équipés et qui ont l’habitude d’utiliser ce type d’objets connectés. « L'application a pour vocation première de collecter et d'analyser les données de chaque coureur en toute confidentialité, mais les objectifs comme les résultats obtenus peuvent être également par- tagés en temps réel - ou en différé - avec d'autres utilisateurs du dispositif Sensoria Fitness. » Site internet de Heapsylon Il faut également préciser que la stratégie de Heapsylon a été ingénieuse : la marque a demandé les avis des internautes grâce à un site de financement participatif. En réalité ce sont les futurs utilisa- teurs eux-mêmes qui ont payé la campagne du produit ! Les cadres de la marque savaient donc que leur produit allait rencontrer un certain succès. Pourtant, j’ai pu m’apercevoir plus tard que le Quan- tified-self avait beaucoup de failles, notamment dans la fabrication des outils connectés. C) Les personnes numériques Nous l’avons vu précédemment, les objets connectés ont la cote depuis quelques années. Le Quanti- fied-self est un véritable phénomène de mode, en particulier chez les utilisatrices. Elles les utilisent parfois par souci d’esthétisme. Les femmes utilisent ces objets pour prendre soin d’elles, de leurs corps et de leur santé. Grâce au sondage réalisé par mes soins, j’ai pu m’apercevoir que 38% des utilisateurs d’objets de santé connectés étaient des femmes. Parmi les utilisatrices, 47% utilisent ces objets pour prendre soin de leur corps. Ces femmes lisent des magazines féminins dans lesquels ap- paraissent les publicités pour les produits connectés. Ainsi, certaines utilisatrices ont adopté OKU, le scanner qui permet de soigner sa peau en profon- deur. Il s’agit d’un petit cube que l’on pose sur la peau, un petit scanner qui analyse en détails les pores de la peau. Le cube analyse les données de la peau comme les rides, la pigmentation, la tex- ture ou encore l’humidité. Grâce aux résultats récoltés et à une application mobile, l’utilisatrice ob- tiendra des conseils avisés sur la façon de soigner sa peau. Certaines femmes sont sportives, et d’autres utilisent des objets connectés pour compter les calories qu’elles ingèrent. Adèle utilise depuis quelques mois la fourchette Hapifork. La jeune femme avoue que cette fourchette a changé ses habitudes alimentaires. « La fourchette que j’utilise contrôle ce que je mange, elle m’alerte en cas d’excès … Ainsi je connais mes limites. » Adèle, 24 ans Cette fourchette a été inventée par Jacques Lépine. Grâce à des capteurs, elle calcule le nombre de bouchées et de calories ingérées. Lorsque l’utilisateur de la fourchette mange trop vite, elle se met à Page 13
  • 14. vibrer ! Ces informations sont alors transmises au smartphone qui récupère les données et les transmet à un médecin ou à un nutritionniste. Adèle affirme qu’elle n’utilise pas cette fourchette pour gérer son poids. Elle ne transmet même pas à son médecin ou à un nutritionniste. C’est dans les pages d’un magazine féminin qu’elle a décou- vert cette fourchette d’un nouveau genre. Elle est en très bonne santé et son IMC est très correct. Elle s’en sert parce que ce genre d’informations l’intéresse. « Je l’ai acheté pour voir si elle marchait vraiment. C’est un gadget qui m’amuse et qui en plus est très utile finalement. Je m’en sers de temps en temps et je suis contente de mon achat. En plus je m’aperçois que je mange sainement ! » Adèle, 24 ans Sa collègue de travail, que je n’ai pas pu joindre, a été séduite par la fourchette de sa camarade de travail, et s’en est elle aussi procuré un exemplaire. La preuve que certains objets de santé connec- tés deviennent un phénomène de mode. « Quand j’ai montré ma fourchette à ma copine de travail elle a tout de suite voulu s’en acheter une. » Adèle, 24 ans Julien a toujours été connecté. D’après le jeune homme, nous le sommes tous. Le simple fait d’avoir un téléphone portable fait de nous des individus connectés. Accroc à son smartphone, il a téléchargé de nombreuses applications, dont la plupart sont gratuites. Ainsi, l’Alcootest de son Iphone est très utilisé lors des soirées entre amis. « Je donne mon poids, les aliments que j’ai ingérés, et le nombre de verres que j’ai bu. Je sais maintenant quand je ne dois pas prendre le volant. » Julien, 27 ans Ce genre d’applications trouve une certaine utilité, notamment d’un point de vue économique. Le téléchargement est parfois payant mais son utilisation est illimitée, il s’agit d’un investissement : plus besoin d’acheter plusieurs alcootests, qui coûtent 2 euros l’unité. De plus, avec cette application, Julien sait le nombre de verres qu’il a bu dans le mois, car les statis- tiques sont enregistrées sur son téléphone. Il sait désormais qu’il doit limiter les abus ! « Mon application me rappelle combien de verres j’ai bu dans le mois. Sans elle, j’aurais oublié ! Maintenant je sais que ce soir, je ne vais pas boire une goutte ! Je n’avais pas conscience de boire autant. » Julien, 27 ans. C’est une véritable prise de conscience qu’offre l’objet connecté. Les jeunes sont les personnes les plus séduites par les objets connectés. Ils les utilisent partout et à n’importe quelle heure, et il y en a pour tous les goûts. « Je n’arrivais pas à dormir depuis quelques temps, j’ai entendu parler d’une application qui per- mettait de gérer notre sommeil. Je l’ai donc essayé. »Marine, 28 ans Cette application est gérée par le leader des objets connectés, Runtastic. Cette marque gère la plu- part des objets connectés, et il s’est attaqué avec succès au marché des objets de santé connectés. L’application s’appelle SleepBetter. Grâce à un algorithme élaboré par des chercheurs en labora- toire, elle propose une analyse de notre sommeil. Nous entrons nos consommations de café ou d’alcool, et l’application nous expliquera l’influence de ces facteurs sur notre sommeil. Elle pourra aussi nous réveiller au bon moment, grâce à un réveil incorporé, qui sonnera dès que notre besoin en sommeil sera atteint ! L’application se veut très simple d’utilisation et s’adapte à toutes les per- sonnes. Certains utilisateurs téléchargent ce type d’application uniquement parce qu’ils sont accrocs à la modernité. Ces personnes utilisent les objets du Quantified-self car ils correspondent tout à fait à leur style de vie. Page 14
  • 15. D) Des personnes malades Nombreuses sont les personnes souffrant de pathologie à utiliser les objets du Quantified-self. D’après les résultats de mon sondage, ce sont généralement des personnes plus âgées. Cependant, elles n’utilisent pas uniquement des applications. Elles utilisent surtout des outils médicaux. Autre- fois, ces appareils étaient la propriété du médecin. Désormais, nous pouvons tous les utiliser. Jean- nette est un femme diabétique. Son médecin lui a conseillé d’acheter une pompe à insuline pour l’aider à calculer son taux d’insuline d’elle-même. Le Quantified-self prend ici tout son sens : grâce aux conseils de son généraliste, Jeannette mesure ses statistiques elle-même. « Je remercie mon médecin de m’avoir prescrit cet appareil qui m’évite de nombreux allers-retours dans son cabinet ! »Jeanette, 75 ans Ainsi, elle calcule seule son taux d’insuline. Elle répertorie les résultats sur son ordinateur et les transmettra à son médecin lors d’un futur rendez-vous. J’ai remarqué suite au résultat du sondage que les personnes âgées n’étaient pas les seules à utiliser les objets de santé pour raisons médicales. Les enfants (de 10 à 20 ans) sont également concernés par leurs utilisations. Je n’ai pas obtenu de témoignage d’enfant malade cependant. De plus, les autres tranches d’âge sont aussi utilisateurs des objets du Quantified-self pour raisons médicales. Nous analyserons leur utilisation dans une prochaine partie. 3- Pourquoi utiliser des objets du Quantified-self ? L’automesure est réputée pour son utilisation simplifiée des appareils de médecine. Nous pouvons tous utiliser ces objets, avec plus ou moins de problèmes. Le docteur Postel-Velay explique que le recours au mot « simple »est relatif. L’automesure ne s’effectue pas seulement autour de son objet connecté, il y a toute une organisation derrière. « Des usages et des contextes différents vont coexister : coaching, prévention médicale, dépistage, démarche diagnostique, surveillance, éducation thérapeutique, adaptation des traitements, orienta- tion du recours aux soins » Dr Nicolas Postel-Velay Dans cette sous-partie, j’ai relevé les plus grands avantages du Quantified-self grâce au sondage que j’ai réalisé. A) Une meilleure connaissance de son corps Nos téléphones portables recèlent de capteurs. Grâce à la technologie bluetooth, ces capteurs peuvent être reliés à n’importe quel autre appareil disposant lui aussi de capteurs. Ainsi, nous pou- vons nous connecter partout et à n’importe quel moment. Grâce à la technologie Bluetooth, nous pouvons envoyer et recevoir facilement nos données. Ces capteurs sont de plus en plus précis. Ainsi, les statistiques que nous délivrent les applications sont elles aussi de plus en plus précises. Elles apportent donc une plus grande connaissance du corps à son utilisateur. C’est ce qu’apprécient 66% des sondés. Les objets du Quantified-self leur ont apporté des in- formations qu’ils ne connaissaient pas auparavant. Patrick a 53 ans, et il a téléchargé une célèbre application dont il avait vu la publicité dans un maga- zine masculin. Elle permet de calculer son état de nervosité. Ainsi, l’homme de 53 ans a pu remar- quer qu’il avait une consommation trop excessive de caféine. Dubitatif dans un premier temps, il a néanmoins commencé à boire moins de café. Et il s’est aperçu qu’il était beaucoup moins stressé et énervé. Page 15
  • 16. « Je m’étais fixé un objectif : faire ce que l’application me conseillait de faire. Quand j’ai lu que je buvais trop de café je n’y ai pas cru, mais en fait le problème venait bien de là. » Patrick 53 ans Les résultats ont été tout de suite plus encourageants pour Patrick. Depuis qu’il boit moins de café, il se sent beaucoup moins nerveux, et son comportement s’en ressent, notamment vis-à-vis de ses proches. André a 85 ans et depuis quelques années, il a décidé de s’acheter un tensiomètre, sous les conseils avisés de son médecin traitant. Depuis qu’il prend lui-même sa tension, l’octogénaire se sent plus à l’aise avec son corps. « Je connais certaines caractéristiques de mon corps que je ne connaissais pas avant d’utiliser cet appareil. » André, 85 ans Amandine a 28 ans et depuis la fin de ses études, elle est sans arrêt connectée. Cadre dans l’info- rmatique, elle s’est aperçu qu’elle avait tout le temps soif alors qu’elle boit des litres d’eau par jour. Rien n’y fait, elle était sans arrêt déshydratée. Alors qu’elle avait pris un rendez-vous chez son mé- decin traitant, elle remarque une application dans un magazine féminin. Elle décide de la téléchar- ger et de l’utiliser.Ses statistiques lui ont révélé qu’elle consommait beaucoup trop de sel. Pourtant, elle ne salait jamais ses plats. Après avoir bien réfléchi, elle et son médecin se sont rendus compte qu’elle faisait une allergie aux plats tout-préparés : elle avait pris l’habitude d’emporter un plat in- dustriel à son travail pour la pause déjeuner. Ses plats sont beaucoup trop salés pour elle, ce qui a causé sa déshydratation ! Ainsi, les objets de santé connectés permettent à ses utilisateurs une meilleure connaissance de leur corps et de leur organisme. B) Améliorer son comportement L’utilisateur de l’objet du Quantified-self va s’apercevoir des dangers qu’il encourt pour sa santé si son hygiène de vie est mauvaise. Les statistiques recueillies par l’application sont une sorte d’alerte. L’individu, à partir du moment où il a analysé ses résultats, va prendre conscience qu’il faut changer considérablement sa manière de manger, de se comporter. Ainsi, Guillaume, 33 ans, a téléchargé une application qui mesurait sa fréquence cardiaque il y a 1 an. Il s’est vite rendu compte que ses résultats n’étaient pas aux normes. Il a tout de suite changé ses habitudes de vie : il mange plus sainement et va courir une fois par semaine. « Je ne suis pourtant pas gros, je n’abuse pas de repas copieux à part des déjeuners avec des clients … J’ai été surpris du résultat. Depuis je fais beaucoup d’efforts. » Guillaume, 33 ans Depuis, l’homme d’affaires se sent mieux dans son corps. Il affirme même être plus heureux depuis qu’il prend soin de lui. De même, pour les sportifs, les résultats peuvent être un signe d’échec ou d’encouragement. Mais dans les deux cas, c’est la motivation qui prime. Le sportif change son comportement ou sa manière de s’entraîner. Il repère ses défauts et fait tout pour les corriger. L’outil de santé connecté joue un rôle de coach, il lui apporte toute la motivation dont le sportif a besoin. Jordan a 18 ans et il pratique l’athlétisme en compétition. Autrefois son entraînement utilisait un tensiomètre professionnel. Le problème, c’est qu’il pesait trop lourd, ce qui ralentissait la course de Jordan. Désormais il utilise un tensiomètre connecté, qui mesure chaque pas et la vitesse de course de l’athlète. L’entraîneur analyse avec Jordan les statistiques de son athlète et tout est beaucoup plus simple. Page 16
  • 17. « J’ai gagné en vitesse et en concentration. Mon entraîneur est d’accord avec moi. C’est une grande innovation. » Jordan, 18 ans Plus tard, l’utilisateur va partager ses statistiques sur les réseaux sociaux. Ainsi, il va comparer ses résultats avec d’autres utilisateurs. Il régnera un esprit de compétition entre eux, qui vont les moti- ver et les pousser à réaliser un exploit. C’est exactement ce que recherchent les marques qui déve- loppent ses applications de santé connectées spécialisées dans le sport et la fitness. En mettant les gens en compétition, ils vont les pousser à aller au bout d’eux-mêmes et donc de réaliser des ex- ploits personnels. Ces exploits vont faire une excellente publicité pour ces objets connectés, qui vont attirer plus d’utilisateurs puisque ces applications permettent aux individus de réaliser des ex- ploits. Ainsi, les avantages des objets du Quantified-self sont nombreux : amélioration du comportement, prise de conscience de l’état de santé de l’individu ou encore motivation sont les plus grands béné- fices de ces objets d’un nouveau genre. 4- Combien d’utilisateurs en France ? Dans cette sous-partie, je vais analyser précisément les données que j’ai récoltées grâce au sondage que j’ai réalisé. Les objets de santé connectés ont certes des avantages, mais les inconvénients sont tout de même nombreux. A) Analyse des résultats Schéma : l’utilisation des objets Schéma : l’utilisation des objets de santé de santé par les personnes de sexe par les personnes de sexe féminin : masculin (Charlotte Zuber): Comme nous avons pu l’apercevoir dans la première partie, 62% des personnes sondées sont de sexe masculin, donc 38% sont de sexe féminin. Les 4 types d’utilisateurs sont répartis de la manière Page 17
  • 18. suivante : 36% des utilisateurs les utilisent car ils sont soucieux de leur santé. 20% sont malades. 16% sont des sportifs et enfin les personnes numériques représentent 28% des sondés. L’utilisation des objets de santé connectés diffèrent selon le sexe de la personne. Ainsi, les femmes ont plus tendance à les utiliser parce que ses objets sont à la mode alors que les hommes les utilisent pour le côté sportif et préventif. Ainsi, 47% des femmes les utilisent par soucis d’esthétisme. 30% utilisent le Quantified-self pour prendre soin de leur santé. 13% les utilisent à des fins sportives et enfin, 10% souffrent d’une patho- logie. Concernant les hommes, 37% utilisent les objets du Quantified-self à titre préventif, 33% les utilisent pour le sport, 21% par souci d’esthétisme et enfin, 9% sont malades. ________________________________ L’utilisation du Quantified-self diffère ainsi selon le sexe des utilisateurs. Mais au cours de mes re- cherches, je me suis aperçu qu’elle dépendait aussi de leur âge. Ainsi, plus une personne vieillit, plus elle a des craintes à propos de sa santé. Les plus jeunes n’uti- lisent pas ces objets parce qu’ils craignent pour leur santé, ils les utilisent parce qu’ils appartiennent à l’ère numérique. Plus les années passent, plus l’individu change sa manière d’utiliser les objets connectés. Arrivé à 20 ans, l’individu s’en sert parce qu’il est sportif ou pour prendre soin de son corps. A 30 ans, l’individu commence à ressentir des craintes concernant sa santé et il sent que ces objets peuvent l’aider. A partir de 50 ans, l’individu n’utilise pas le Quantified-self parce qu’il est sportif, car il se sent trop âgé pour courir ou faire de la marche à pied. Il l’utilise par souci de santé. Ainsi, 90% des personnes de 10-20 ans utilisent le Quantified-self pour se sentir connectés, contre 10% des plus de 50 ans ! 2% des sondés utilisent ces objets parce qu’ils sont soucieux de leur santé, contre 60% chez les plus de 50 ans ! Les 20-30 ans représentent le mieux la catégorie des sportifs avec 35% d’adeptes. On compte tout de même des partisans du Quantified-self pour le côté sportif chez les plus de trente ans : il n’y a pas d’âge pour le sport ou pour le footing. Mais chez les plus de 50 ans, seulement 5% des sondés sont des sportifs. Les malades sont présents dans toutes les caté- gories. Ce sont généralement des maladies telles le diabète ou le cholestérol, mais aussi le somnam- bulisme. Chez les 10-20 ans, 5% des sondés sont malades, contre 10% chez les personnes de 20 à 50 ans. Enfin, les malades de plus de 50 ans représentent 25% des sondés. Ainsi, notre vision de l’objet connecté varie selon les âges, et il en est de même pour leur utilisation. Voici un schéma de ma confection, que j’ai réalisé suite aux résultats de mon sondage. Nous pou- vons voir que l’utilisation des objets du Quantified-self varie selon l’âge de l’utilisateur. Nous pou- vons apercevoir que les personnes plus âgées représentent le plus les utilisateurs soucieux de leur santé tandis que les personnes « numériques » sont représentées par les plus jeunes. Les plus spor- tifs ont entre 20 et 30 ans et les malades sont également plus âgés. Page 18
  • 19. Schéma : l’évolution de la manière d’utiliser les objets du Quantified-seld selon l’âge de l’uti- lisateur, par Charlotte Zuber : B) Les utilisateurs sont-ils convaincus ? Bien sûr, il existe des failles dans le Quantified-self. Certes, nous avons vu précédemment que ces objets étaient d’une grande aide pour certains patients, une source de motivation pour les sportifs et un soutien pour les personnes malades. Mais certains résultats m’ont surprise. Dans un premier temps, 201 personnes ont répondu à mon questionnaire. Seulement, 43% ont déjà utilisé un objet de santé connecté. Ce qui est relativement peu pour un marché en pleine croissance. Aux Etats-Unis pourtant, le marché est en plein boom et la plupart des américains possèdent et utilisent un objet du Quantified-self. Mais le plus surprenant, c’est que sur les 43% qui utilisent les objets de santé connectés, 61,7% ont abandonné leur utilisation ! Page 19
  • 20. Les utilisateurs réguliers sont également peu nombreux : ils concernent 13,3% des personnes son- dées ayant déjà utilisé un objet de santé connecté. Les utilisateurs quotidiens représentent 7,7% et enfin, il y a les consommateurs qui les uti- lisent « quand ils peuvent » : ces personnes représentent 17,39% Schéma : à quelle fréquence les consom- mateurs d’objets de santé connectés uti- lisent-ils le Quantified-self ? Par Charlotte Zuber « En fait, cet objet de m’a rien apporté de bien et n’a rien changé à ma vie.. C’est in- utile. » Hannah, 27 ans Les personnes satisfaites sont généralement les sportifs ou les personnes âgées. Les personnes plus âgées utilisent ces objets alors qu’ils souffrent déjà de pathologie. Leur utilisation devient alors plus importante et peut-être que ces objets deviennent vitaux et donc consti- tuent un pilier dans la thérapie du patient. J’ai remarqué également que les personnes de plus de trente ans font plus attention à leur état de santé que leurs cadets. Certains patients m’ont affirmé que leur tensiomètre ou leur lecteur glycémique représentait une véritable étape de leur traitement qu’ils n’étaient pas prêts de mettre de côté. Ainsi, leur utilisation de ces objets se fait dans la durée. Jamais ils n’abandonneront le Quantified-self car il est devenu important dans leur vie. « J’ai du diabète depuis plusieurs décennies et je ne vois pas comment je pourrais me surveiller sans ma pompe à insuline. » Jeanette, 75 ans Ainsi, plus l’individu vieillit et plus il craint pour sa santé, moins il abandonnera le Quantified-self. Je connais plusieurs personnes âgées souffrant de symptômes dus à la vieillesse mais qui ne se soignent pas. Désormais, grâce aux objets de santé ils peuvent prendre soin d’eux. Les personnes les moins satisfaites sont les personnes dites « numériques » c’est-à-dire qu’elles se servent de leur objet de santé connecté comme d’un objet de mode. Et comme la mode est en perpé- tuelle évolution, les utilisateurs ne gardent pas leur outil sous la main, et ils l’oublient vite. Ces utilisateurs sont plus conquis par l’objet en tant que gadget amusant plutôt que par leur vertu thérapeutique ! Le phénomène de mode est présent. Julien, utilisateur d’un Alcootest que nous avons vu précé- demment, nous a même affirmé que l’application ne lui servait pas à grand chose … Mais qu’il l’utilisait pour se sentir connecté, pas en bonne santé. Page 20
  • 21. Les plus jeunes utilisent ces applications car il s’agit d’une tendance, d’un style que l’on se donne. Paraître sportif et en bonne santé avec un smartphone onéreux est bien vu. Les personnes connec- tées n’ont ainsi pas les mêmes critères d’utilisation de ces objets. De plus, 62% des sondés sont des hommes et 38% sont des femmes. La femme jeune n’hésite pas à avouer qu’elle utilise ces objets pour l’effet de mode, les hommes beaucoup moins. « Accrocher son smartphone autour de notre bras lorsque l’on effectue notre jogging quotidien est un effet de mode. J’en vois de plus en plus qui le font. » Une sondée anonyme La crédibilité des objets de santé connectés est ainsi remise en question. Le Quantified-self est-il un effet de mode ou est-ce une véritable innovation médicale ? Doit-on le considérer pour ses vertus thérapeutiques ou son côté gadget accessible à tous ? Quels est le véritable impact des objets du Quantified-self sur la santé de leur utilisateur ? Ces objets sont -ils vraiment crédibles ? La plupart des utilisateurs abandonnent car il y a encore trop de failles en ce qui concernent ces ob- jets connectés. Face à ces chiffres décevants pour les fabricants, que doit-on attendre du Quantified- self ? Dans cette analyse, nous étudierons en profondeur ces failles et nous tenterons de les amélio- rer. Sommes-nous réellement prêts à utiliser les objets de santé du Quantified-self ? Afin de répondre à cette question, nous analyserons dans une première partie les origines de la ten- dance des objets de santé connectés. Nous verrons que les déceptions sont grandes. Dans une seconde partie, nous étudierons les effets de la machine sur l’homme et de l’homme sur la machine. Je me suis en effet posé une question : peut-on avoir entièrement confiance en la machine ? Dans une troisième partie, nous évoquerons les analyses de médecins que j’ai interrogé. Leur avis diffère, particulièrement concernant la façon d’utiliser ces objets. Page 21
  • 22. II/ D’où vient cette tendance à l’automesure ? Pourquoi les français utilisent-ils les objets de santé connectés ? Afin de répondre à cette question, j’ai interviewé plusieurs acteurs de cette tendance : - Des utilisateurs de ces objets - Le Docteur Sabrina Hafsi, psychologue dans la région niçoise et spécialiste du comportement. Dans cette partie et grâce à l’aide de psychologues, j’ai tenté de comprendre pourquoi les français utilisaient les objets de santé connectés. 1- Le souci de facilité D’après le Docteur Hafsi, psychologue, les français utilisent les objets de santé connectés par « sou- ci de facilité ». En 2015, 80% des français sont en possession d’un smartphone. Grâce à des appli- cations faciles à télécharger et à utiliser, nous pouvons lire nos statistiques sur notre état de santé, comme vu précédemment. « L’homme aime lorsque tout est plus simple » affirme le Docteur Hafsi « Nous pouvons observer que les applications les plus téléchargées et utilisées sont gratuites, ne nécessite pas d’installation onéreuse et sont faciles à comprendre » ajoute t-elle, en faisant notam- ment référence à la célèbre application « Track & stats », qui bat tous les records de téléchargement sur smartphone et tablettes tactiles. George, utilisateur d’applications d’automesure sur son smartphone, m’a donné son avis sur la question. Il rejoint celui du Docteur Hafsi concernant la facilité d’utilisation de ces objets et appli- cations. « Ce genre d’applications est une réelle innovation. Je suis connecté toute la journée, et le soir j’ai mes propres statistiques sur mon état de santé, le tout sans faire grand chose … Pas de manipula- tions inutiles, le tout dans la simplicité. Tout ce qu’il me faut ? Un smartphone … et une connexion internet régulière. » George, 51 ans Ainsi, petit à petit, avec l’amélioration et la facilité d’accès à internet et à ses multiples applications, une personne peut agir indépendamment. Indépendamment signifie seul, donc sans son médecin, qui est remplacé au profit du téléphone et autres objets connectés. « J’utilise cette application car j’ai des petits soucis avec ma tension je suis un homme très stressé. Avant, j’allais chez le médecin deux fois par mois ! Désormais, mes visites chez mon généraliste se limitent à 2 tous les six mois ! C’est un véritable gain de temps et d’argent ! » George, 51 ans. « Nous sommes dans une société où l’on veut avoir accès à l’information le plus rapidement pos- sible. Et notre ami George a raison : aller chez le médecin prend du temps. Alors pourquoi faire compliqué lorsque l’on peut faire plus simple ? C'est le credo de la société actuelle. » Docteur Hafsi Ce souci de facilité est également présent chez les sportifs. L’entraîneur conseille à son élève d’utiliser cet objet afin de mesurer ses statistiques. Ainsi, tous les jours, il a accès à ses données per- sonnelles. Les sponsors conseillent de plus en plus aux athlètes d’utiliser ces objets. Page 22
  • 23. « Je l’ai conseillé à quelques-uns de mes sportifs. Ils se connectent avant l’entraînement, s’entr- aînent. A la fin de la séance, ils ont leurs statistiques à disposition. Nous les analysons et voyons après ce qu’il faudra corriger lors de la prochaine séance ! Une révolution ! » Jean-Phillipe, 45 ans, entraîneur d’athlétisme. Ces objets ont dans ce cas un aspect pratique, puisque l’entraîneur a décidé de faire appel au méde- cin sportif du club moins souvent. Les déplacements en bus du club pour aller à la pesée, par exemple, se font de plus en plus rares. Un côté simple et pratique qui a séduit le sélectionneur. « Il va de soit que nous allons de moins en moins souvent chez le médecin avec mes athlètes. Avant, une fois par mois environ, nous prenions le car du club et avec tous les compétiteurs, nous nous di- rigions vers le cabinet du médecin. Cela nous prenait une après-midi par mois. Ce qui signifiait : une après-midi en moins pour nous entraîner ! Nous faisons l’essence moins souvent désormais. Et le médecin est moins débordé. » Ainsi, les objets connectés sont une innovation qui semble attirer le futur utilisateur grâce à la facilité de son utilisation, son côté pratique et surtout économique. 2- La déception française quant à la mauvaise gestion de notre système de santé Les français n’aiment pas les médecins. Quel enfant n’a jamais pleuré lorsqu’il allait chez le den- tiste ? Si l’individu peut éviter d’aller chez son docteur, il le fera. Rousseau lui-même a maintes fois affirmé son mépris envers le corps médical. « Quand tous mes ennemis particuliers seront morts, les Médecins, les Oratoriens vivront encore, et quand je n'aurais pour persécuteurs que ces deux corps-là, je dois être sûr qu'ils ne laisseront pas plus de paix à ma mémoire après ma mort qu'ils n'en laissent à ma personne de mon vivant » Oeuvres Complètes de la Pléiade, volume I, page 998 ou O.C. I, 998 A) Les scandales sanitaires de ces dix dernières années L'affaire du médiator, la viande de boeuf remplacée par la viande de cheval, les prothèses mam- maires défectueuses … Depuis 1945 et l’affaire du distilbène, la France a été littéralement écla- boussée par de nombreux scandales sanitaires qui n’ont fait qu’affaiblir le système de santé de l’he- xagone. a- L’affaire du médiator En 2009, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé retire le médiator du mar- ché, médicament à l’origine prévu pour le traitement du diabète et utilisé plus tard en tant que coupe-faim. En 2010, la pneumologue Irène Frachon publie un livre choc « Le médiator 150 mg, combien de morts ? » dans lequel elle révèle les effets néfastes du médicament et remet également en cause le rôle joué par l’AFSAPS qui aurait du, selon elle, ne pas autoriser le produit à être com- mercialisé. Le Docteur Frachon a remarqué que plusieurs de ses patients qui utilisaient le médicament médiator montraient des signes de valvulopathie,une grave maladie qui détruit les valves cardiaques. Après des analyses pointues, Irène Fragon parvient à démontrer que le médiator en est le principal respon- sable. Le produit est immédiatement retiré du marché par l’AFSAPS. S’en suit alors une série de Page 23
  • 24. procès incriminant Jacques Servier, le Président des laboratoires Servier ayant commercialisé le produit depuis 1976. On estime que le produit de santé a fait 5000 morts en France environ … Xavier Bertrand, Ministre de la Santé à l’époque, appelle tous les consommateurs de médiator à contacter leur médecin le plus vite possible. b- Le scandale des prothèses PIP Le 30 mars 2010, l’AFSAPS annonce le retrait des prothèses Poly Implants Prothèse (PIP) du mar- ché. Ces implants mammaires contiendraient des substances « différentes de celles annoncées lors de la mise sur le marché ». Très vite, l’entreprise basée à la Seyne-sur-mer dans le Var se déclare en faillite, alors qu’il était le troisième plus grand importateur au monde de prothèses mammaires. Le parquet de Marseille avait dès lors ouvert une enquête pour « tromperie aggravée et mise en danger de la vie d’autrui ». Près de 400 000 femmes sont concernées par ce scandale à travers le monde. En novembre de la même année, le parquet de Marseille annonce le décès d’une femme porteuse de prothèses PIP : ces-dernières ont rompu, provoquant ainsi le développement d’un lymphôme. C’est le début de l’internationalisation du scandale. Les plaintes des femmes porteuses de ces im- plants se multiplient, en France et dans le monde. En décembre, les autorités sanitaires recommandent aux femmes porteuses de ces implants de se les faire retirer le plus rapidement possible. Cette annonce fait suite aux nombreux cas de cancers s’étant développés chez des femmes porteuses de prothèses PIP, et qui auraient rompu … La France n’est pas le seul pays concerné, puisque le Brésil, l’Italie et la Finlande en l’occurence, préconisaient également aux patientes de se faire retirer leurs prothèses à titre préventif. Même le Venezuela annonce le retrait gratuit dans son pays. Les américains mènent l’enquête et constatent que le produit aurait du être retiré depuis l’an 2000 … lorsque leurs enquêteurs avaient déjà constaté de graves violations lors d’une de leurs visites dans l’usine PIP. En 2012, Jean-Claude Mas, le créateur de ces prothèses, prend la responsabilité des faits et avoue avoir utilisé un produit non homologué dans la fabrication des implants mammaires. Il a finalement été condamné à 4 ans de prison et à 100 000 euros d’amende. « On estime à 450 000 le nombre d’erreurs médicales par an ! » Dominique Courtois, Président de l’Association Française des victimes d’erreurs médicales c- Les erreurs médicales Plus étonnants encore que les scandales sanitaires, les erreurs médicales. Ces dernières années, on recense de nombreux faits-divers relatant les erreurs médicales de méde- cins ou de chirurgiens réputés. Le cas du petit Maxime Walter en est un exemple plausible. En 2008, en pleine course de Vélo-tout-terrain, Maxime fait une vilaine chute. Hospitalisé au CHU de Strasbourg, pris en charge par le Docteur Raphael Moog, il décède deux jours plus tard. La cause ? la prise en charge tardive du Docteur Moog et son insistance à prendre la mauvaise déci- sion. Il avait pratiqué sur Maxime une opération consistant à enlever sa rate 24h en retard … Le pe- tit Maxime est décédé suite à une prise en charge tardive. Page 24
  • 25. Le tribunal de Strasbourg a dès lors condamné le chirurgien à 18 mois de prison avec sursis et une interdiction d’exercer de deux ans. Autre cas qui attise la colère, celui de Phillipe Giardina. A sa naissance, une mauvaise manipulation du gynécologue l’a handicapé à 100%. Aujourd’hui, il ne peut pas marcher et se nourrit à l’aide de tubes … La famille a été indemnisée de 11 millions d’euros pour l’aider à vivre. B) Le français veut prendre sa santé en main Ainsi, les multiples scandales sanitaires et les erreurs médicales inquiètent l’individu. Il ne fait plus confiance au système de santé français. Il ne fait confiance qu’à lui-même. C’est pour cela qu’il dé- cide de prendre les choses en main. Il veut être désormais l’acteur principal de sa santé. Finies les visites chez le médecin qui peut se tromper. L’individu prend sa santé en main. Et c’est grâce aux objets de santé connectés qu’il peut y parvenir. Grâce à son smartphone et à son application qui contrôle son taux de diabète, Martin n’a plus be- soin de son médecin qu’il « voit moins souvent ». « Mon médecin s’est trompé une fois en analysant mon taux d’insuline. J’ai été hospitalisé deux jours … Cela peut paraître peu c’est vrai … Mais depuis j’ai peur qu’il se trompe de nouveau ! » Martin, 67 ans De nos jours, le médecin subit une pression constante sur ses épaules. Oui, il peut faire des erreurs, car l’erreur est humaine. Dans le livre « l’erreur médicale » dirigé par Claude Sureau, George David et Dominique Lecourt, plusieurs praticiens se réunissent et affirment que le patient a de moins en moins confiance en son médecin. Le médecin prend de moins en moins la décision finale. « Nous vivons dans une société où l’erreur médicale n’est pas envisageable, surtout du côté de la famille du patient. » Docteur Sabrina Hafsi Si le patient veut être l’acteur principal de sa santé, il s’intéresse de plus en plus à la médecine. A l’image de ses sites internet qui sont plein d’imbécilités, où l’internaute qui ne connaît rien de la médecine conseille d’autres patients qui s’y connaissent encore moins, l’utilisateur des objets connectés se sent médecin. Le savoir médical devient plus accessible. « Mon objet connecté me donne les mêmes résultats que mon médecin qui a Bac+12 ! Pas besoin d’être un professionnel de la santé pour calculer sa tension. Mon tensiomètre m’aide à prendre la bonne décision, pas mon médecin.» George, 51 ans Les objets connectés semblent provoquer un désir chez le patient de prendre sa santé en main, pour prendre connaissance des derniers outils liés à sa santé et surtout, afin d’ approfondir ses connais- sances médicales. C’est aussi pour cela que le Quantified-self a trouvé des adeptes en France. « C’est un cercle vicieux car comme nous avons tout de suite accès à l’information et aux solutions, on s’y essaie de plus en plus ! » Docteur Hafsi, psychologue Page 25
  • 26. Ainsi, l’individu déçu par le système de santé et ses professionnels peut déverser toute sa confiance en ces objets qui semblent l’aider à prendre sa santé en main. Sans être un spécialiste de la santé, on peut prendre soin de soi, de sa santé, et on peut se soigner tout seul. 2- Le français est prétentieux mais doute de lui A) L’orgueil français Le fait de se soigner soi-même sans l’aide d’un médecin qualifié reflète l’orgueil de l’individu. Le français est fier de lui, de sa débrouillardise, de sa connaissance : il est orgueilleux. Il ne veut plus seulement savoir s’il va bien ou mal, il veut aussi avoir des preuves sur son état de santé, des chiffres. Il n’aime pas que nous lui cachions des informations et veut tout savoir. Il ne veut pas que le méde- cin prenne sa décision à sa place. En particulier sur les sujets qui le concernent personnellement. « Pourquoi un médecin doit-il prendre une décision qui me concerne principalement ? C’est ma santé quand même ! C’est moi qui doit décider ! » Anthony, 24 ans, diabétique « J’ai un objet qui me décrit mon état de santé avec précision. Il me prouve que je n’ai pas besoin de quelqu’un d’autre pour me dire si je vais bien ou pas. Je peux me débrouiller seul. » George, 51 ans Le français serait-il irrespectueux ? Le docteur Ludovic Chastagnier, dentiste, le pense. Il voit d’un très mauvais oeil la mauvaise éducation récurrente chez ses patients depuis quelques années : les enfants ne le respectent pas, les parents ne le respectent plus. « J’ai vu des parents qui m’ont ouver- tement fait comprendre que la machine m’avait remplacé. J’ai une fois conseillé à un patient qui avait de l’embonpoint de se mettre au sport. Il m’a répondu qu’il le savait depuis longtemps, c’est sa Wii-fit la lui a dit un mois auparavant ! ». Quelles en sont les véritables raisons ? la perte progressive de la confiance du patient envers son médecin, comme nous l’avons vu précédemment. Le patient aime choisir, du moins avoir le choix, il prend de l’importance et c’est ce qui lui plaît. « Parfois lorsque je donne des conseils à mes patients, je sens qu'ils ont la tête ailleurs. Je les conseille et lorsqu’ils reviennent -parfois des années plus tard- je vois qu’ils ne m’ont pas écouté. » Docteur Ludovic Chastagnier, dentiste. B) Le français a peur du regard des autres Nous sommes également dans une société dans laquelle l’apparence compte énormément. Cette société nous pousse à nous surpasser physiquement et psychologiquement. Ainsi, le physique, la posture, notre poids, notre apparence nous importe beaucoup. « Les autres nous jugent donc sur notre physique, et nous en faisons tout autant, de manière auto- matique. » Sophie Cheral, psychologue Ne préférons-nous pas ressembler au célèbre et bel acteur Hollywoodien Brad Pitt plutôt qu’à Mi- ckey Rourke ? Ne préférons-nous pas ressembler à la belle actrice Julia Roberts plutôt qu’à Rossy Page 26
  • 27. de Palma ? L’apparence nous caractérise en premier lieu. Une personne qui lève la tête sera consi- dérée comme une personne « fière et orgueilleuse » tandis qu’une personne svelte et sportive sera mieux perçue et aura plus tendance à attirer de la sympathie. « Les apparences comptent tout simplement parce qu’elles constituent la première source d’info- rmations dont nous disposons sur une personne. » Sophie Cheral, Psychologue Ainsi, ces dernières années ont vu se développer un culte de l’apparence. Les joggers se multiplient, soucieux de travailler leur corps, leur plastique, leur image. Les abdominaux de Brad Pitt ne se sont pas développés tous seuls ! Il faut donc travailler, avec acharnement parfois afin d’arriver à un ré- sultat satisfaisant. Et l’objet connecté lui procurant les statistiques devient une source de motivation. Telle est l’opini- on de Pierre, étudiant de 22 ans adepte du « stats running ». Le jeune homme court 8 kilomètres par semaine et son smartphone compte le nombre de pas, de calories perdues, de kilomètres parcourus et le chronomètre. A chaque course, il a un objectif. « Mon smartphone devient mon coach personnel. » Pierre, 22 ans Et si nous courrons, c’est parce que nous avons également hâte de montrer nos prouesses sportives à nos amis via internet. C’est un instant de fierté partagé aux yeux du public. D’ailleurs, Pierre me l’a avoué : « avec mes amis Facebook, nous partageons nos chronomètres, nous nous félicitons, nous nous pavanons lorsque celui-ci est très satisfaisant. Et je dois avouer que je suis très fier quand je bats mes amis sur le même parcours ! Cet objet connecté est une grande source de motivation. Sans lui je n’y arriverais pas. ». Ainsi, l’individu est narcissique, égocentrique, et son désir est « d’ épater la galerie » et d’attirer les flatteries. Il se compare aux autres et tente de prouver qu’il est le plus fort. Et ce genre de coach trouve de plus en plus d’adeptes. Précédemment nous avons étudié le nombre de sportifs en France. Voir un individu courir dans la rue en tenue de sport avec, autour de son bras, son smartphone accroché calculant les statistiques, donne envie de faire comme lui. Le Quantified- self devient dès lors un effet de mode auquel on ne doit pas échapper. 4- Quelle crédibilité pour les objets de santé connectés ? A) Le Quantified-self : un effet placebo ? Je me suis penchée sur la véritable utilité des objets connectés. L’homme peut arriver à prendre soin de lui sans ces outils, pourtant il les utilise. Même si les résul- tats sont erronés (voir partie IV) pourquoi s’en sert-il ? Car il leur apporte toute l’aide et la motivation dont il a besoin. Avec ces objets l’utilisateur se sent plus fort. Sans lui il n’y arrive pas. Ya t-il un effet placebo ? « Je n’ai même pas envie d’aller courir sans mon smartphone. » Laurent, 29 ans. Ainsi, l’utilisateur devient accroc à la machine. D’après le corps médical, cela peut entraîner des risques parfois graves pour la santé, comme nous allons l’étudier dans la quatrième partie. B) Quels sont les résultats sur les utilisateurs ? Page 27
  • 28. Les utilisateurs français ont beaucoup de mal avec les objets de santé connectés. Pourtant, d’après le docteur Couhet, spécialiste du Quantified-self : « utilisés à bonne escient et sous l’oeil du médecin traitant, ils pourraient être très pratiques. » Mais tous les utilisateurs ne l’entendent pas de cette oreille. Beaucoup ont été déçus, jusqu’à mettre leur outil au placard. Certains même, comme Laurent, n’en feront jamais l’acquisition. Ce jeune homme ne voit pas l’intérêt de ces objets. Pour lui, ils ne représentent qu’un coup marketing de la part des grandes multinationales. Pour lui, rien ne vaut un rendez-vous chez le médecin, et ces ob- jets ne pourront pas remplacer son généraliste. « Tout va bien pour le moment, mon médecin me conseille bien et je n’ai pas de problème particu- lier. Alors pourquoi utiliser un objet de santé connecté ? Cela ne m’est pas adressé. » Laurent, 25 ans Beaucoup remettent en question la véritable utilité de ces objets. En même temps, a t-on réelle- ment besoin d’une application pour savoir que l’on fume trop ? A t-on réellement besoin de capteurs pour savoir que l’on ne dort pas assez ? Que l’on est trop stressé ? Que l’on mange trop gras ou que l’on boit trop de café ? Certaines applications sont considérées comme inutiles pour la plupart des français qui les rejettent. Nous allons le voir dans une prochaine partie, certains outils sont victimes de défaillances dans leur programmation ou dans leurs manipulations. Certains facteurs extérieurs rendent la machine inutili- sable, et pour les utilisateurs, c’est un risque de perte de confiance. Arnaud a acheté un tensiomètre car il est stressé, même en période de vacances. Pourtant, le jeune homme n’a pas su le faire mar- cher. « Jamais ce tensiomètre ne m’a donné le moindre chiffre sur ma tension. Je l’ai ramené au maga- sin. » Arnaud, 27 ans Ainsi, l’utilisateur est déçu de ne pas pouvoir utiliser simplement l’objet, comme la publicité ou la notice le prévoyait. La simplicité d’utilisation est pourtant l’argument principal des publicitaires. Mais certains utilisateurs ont eu de réelles désillusions. Julien est un jeune gendarme. Pour s’entraîner dans ses parcours, il a acheté une application sur son smartphone qui lui donne tous les résultats : ses performances, son rythme cardiaque, le chrono- mètre, le résultat parcouru … Très content de son achat, il ne l’a pas lâché les premiers mois de son entraînement. Jusqu’à être complètement lassé et ne plus s’en servir. « C’est bien 5 minutes, mais au fond, quand j’oubliais de le prendre à l’entraînement, ça ne me manquait pas. Et petit à petit je l’ai relégué au fond du placard. Ca n’est pas si utile que ça ! » Ju- lien, 28 ans Pauline est une jeune cadre de la région Parisienne. Souffrant d’embonpoint, elle a téléchargé une application de running pour la coacher lors de ses entraînements. Page 28
  • 29. Au début, elle était contente de la source de motivation que lui apportait son appareil. Mais très vite, elle a commencé à se lasser. Elle ne va plus courir que quelques fois dans le mois, sans son ap- pareil. « Je n’ai pas le temps d’aller courir régulièrement, or pour que cet appareil fonctionne, je dois m’en servir régulièrement. Ca n’est pas possible pour moi, je suis très occupée. » Pauline, 24 ans Enfin, d’autres sondés anonymes déplorent la crédibilité de ces objets. Certains s’en servent plus comme un gadget amusant plutôt que comme un véritable objet de santé. Ainsi, beaucoup d’utilisateurs ont été déçus et remettent en cause la véritable utilité de ces objets connectés. Je pense qu’un objet de santé n’est crédible que lorsque le médecin le prend en main. Sans médecin dans ses relations, l’objet de santé n’en est pas vraiment un. Page 29
  • 30. III/ Peut-on avoir entièrement confiance en la machine ? Afin de répondre à ma problématique, je me suis posée la question de savoir si les machines n’ava- ient pas un rapport avec les chiffres peu probants qu’offrent les objets de santé connectés. Il m’est apparu évident que la machine avait un grand rôle à jouer dans l’utilisation des objets de santé connectés, et qu’elle pouvait provoquer des erreurs, voire la plupart d’entre elles, et ainsi donner des résultats erronés. Pour réagir à cette hypothèse, j’ai établi un plan précis. Ainsi, je me suis inter- rogée sur un potentiel contrôle de la machine sur l’être humain. Les travaux de Descartes ou encore de Leibniz m’ont beaucoup aidée dans cette partie. Dans une deuxième accroche, j’ai cherché et recensé les dysfonctionnements des objets de santé connectés, et le lecteur de mes recherches pourra ainsi constater qu’ils ne sont pas rares. Cette première partie sera philosophique, tandis que la deuxième sera plus technique, avec l’inte- rvention d’utilisateurs des objets du Quantified-self que j’ai interrogés. La confiance en la machine est une question que beaucoup de scientifiques se sont posé au cours de l’histoire. La machine intéresse les philosophes. 1) L’homme est-il une machine ? C’est un débat qui existe depuis très longtemps, je ne suis donc pas la seule à m’être posée cette dif- ficile question. L’homme est-il une machine ? Nous savons que le corps de l’être-humain est extrê- mement compliqué. A) Des similarités entre l’homme et la machine ? Certaines précisions nous laissent penser qu’il existe des similarités entre l’homme et la machine. Premièrement, tous deux sont programmés. Je ne vais pas me lancer dans une dissertation médicale et scientifique, mais nous, êtres-humains, sommes programmés par notre ADN qui contient le pro- gramme de notre vie. Dans mon ADN, il y a toutes mes informations génétiques qui font de moi la femme que je suis. Le smartphone qui contient des applications connectées possède quant à lui un programme dont le but principal est d’améliorer la santé de l’utilisateur. L’humain est programmé pour survivre et se reproduire. Je pense que le corps est une machine or- ganique. Nos organes représentent les vis et les boulons de la machine. La machine est difficile à comprendre comme il est difficile de comprendre le corps humain. Enfin je voudrais donner un dernier exemple de similarité entre l’homme et la machine. Mon télé- phone portable, pour être en état de marche, a besoin d’être rechargé. Il est ainsi relié à l’électricité pour s’approvisionner. Mais l’homme aussi a besoin de s’approvisionner. Il doit boire, manger dor- mir et ainsi remplir ses besoins primaires afin de continuer à vivre. Sans eau, je suis déshydratée et cette déshydratation peut avoir des effets désastreux sur mon organisme. Sans électricité et sans bat- terie mon téléphone ne pourra pas s’allumer. Ainsi, l’homme comme la machine doivent s’approvi- sionner pour vivre et être en état de marche. Ainsi, je peux conclure ce point en affirmant que l’homme n’est pas une machine, malgré les simili- tudes. L’homme et la machine ne sont pas semblables, ils sont complexes. Le corps humain regorge de connexions, de nerfs qu’il faut irriguer et entretenir, tout comme la machine contient des fils Page 30
  • 31. qu’il faut huiler et entretenir. Car l’organisme humain est complexe tout comme les rouages de la machine sont complexes. Même si le corps humain est complexe, ce n’est pas une machine d’après moi. Je vais m’appuyer sur certains faits que j’expliquerai clairement ci-dessous. B) L’homme éprouve des sentiments Contrairement à la machine, nous avons une conscience, une âme qui nous permet de parler. D’ailleurs, selon Descartes, «c’est parce que nous avons la faculté de parler que nous ne sommes pas des machines. » C’est ce pouvoir de penser de réfléchir, qui fait que jamais une machine ne pourra jamais égaler l’être humain. De plus, l’homme a une conscience. L’homme ressent des émotions, et ce n’est pas la machine qui en est capable. La machine n’est pas capable d’aimer, de détester, de ressentir une quelconque émotion alors que ce sont les émotions de l’homme qui font de lui l’être qu’il est devenu. Ainsi, je ressens tout ce qui se passe dans mon corps. Mon corps et ma conscience sont parfaitement connectés. Cependant, c’est ma conscience qui commande et mon corps qui exécute. « Je ne suis pas dans mon corps comme un pilote en son navire » Descartes «Notre corps nous appartient sans être néanmoins attaché à notre essence» Leibniz dans Discours de la métaphysique En revanche, si l’homme éprouve des sentiments comme l’amour ou la joie, il éprouve également de la haine et de la peur. Ainsi, une machine réputée dangereuse peut effrayer l’homme et le pousser à commettre l’irréparable. C) L’homme construit la machine Nous avons vu dans une première sous-partie que l’individu avait une conscience. l’homme agit de lui-même : il est son propre guide, tandis que la machine est guidée par l’homme. En effet, si je dé- sire utiliser cet objet, c’est à moi de choisir et à moi seule. Je suis libre. La machine elle ne l’est pas, car c’est l’homme qui s’en sert et pas l’inverse. Même si d’après moi, la machine contrôle l’homme par ses émotions, l’homme contrôle la machine car il est son maître, celui qui l’a créée, celui qui l’utilise. Sans l’homme, la machine ne pourrait exister. Ainsi, l’utilisateur d’objet est une pièce indépendante de la machine, mais cruciale pour que la ma- chine fonctionne. Sans l’utilisateur à quoi servirait la machine ? D) L’homme doit-il avoir peur de la machine ? De nombreux scientifiques remettent régulièrement en cause l’intelligence de l’homme face à la machine. Descartes disait que l’humain était un être parlant, à la différence de la machine. Mais je vais contredire les idées de Descartes, en affirmant que l’homme n’est plus le seul à pouvoir émettre des sons. Certains ingénieurs au Japon ont ainsi conçu plusieurs robots capables de prendre la parole. Ainsi, ces robots en forme d’humains exercent des métiers et vivent comme des êtres-hu- mains. La machine a t-elle dépassé l’homme ? Page 31
  • 32. On pensait que l’homme était le seul à être doté d’intelligence, mais désormais il est capable de fa- briquer des machines encore plus intelligentes que lui. D’après moi, il existe un danger lorsque la machine peut me nuire. Si j’utilise trop mon téléphone portable, les ondes peuvent provoquer un cancer. Cette affirmation a été confirmée par de nombreux chercheurs à travers le monde. Travailler en usine avec des scies ou des trancheuses est dangereux pour l’homme qui peut se bles- ser s’il ne fait pas attention. Une faute d’inattention et un drame peut arriver. La machine est dange- reuse. D’après moi, si l’homme guide la machine, la machine peut dominer l’homme. Face à la machine, l’homme est plein d’émotions. Lorsque l’utilisateur d’objet connecté s’aperçoit que son smartphone ne marche plus au moment d’aller faire son footing, il ressent de la frustration, de la colère. Lorsque le smartphone remarche, l’utilisateur est heureux et soulagé. Lorsque le smartphone lui transmet ses résultats, l’utilisateur est curieux et s’il est utilisateur d’un outil de prévention connecté, il est an- goissé par les mauvais résultats. La machine domine l’homme car elle contrôle ses sentiments. L’homme ne peut vivre sans ma- chine. Il est sous son contrôle. De nos jours, l’individu devient obsédé par les nouvelles technologies et les objets de santé connec- tés en font partie. L’homme sain n’a pas besoin de se soigner mais grâce à des applications il le fait quand même. 2- D’où proviennent les dysfonctionnements ? Le problème avec la machine, c’est donc qu’elle peut subir des dysfonctionnements. Soit elle n’a jamais marché, soit elle s’est arrêté de fonctionner, soit elle fonctionne très mal. Dans cette partie, j’ai recueilli des témoignages d’utilisateurs mécontents de leurs outils. A) La machine est mal construite Thibault fait partie de cette génération connectée. Il a 19 ans et ne rate pas les nouveautés et les dernières innovations en santé connectée. Un de ses derniers achats est une montre connectée, fai- sant office de tensiomètre et calcule aussi le rythme cardiaque et le nombre de calories brûlées chaque jour. Mas le jeune homme a très vite été déçu. Il avoue que la montre n’a pas eu sur lui l’effet escompté. Il a très vite abandonné. « Je m’en suis servi pendant un mois, et quand j’ai perdu l’embout je n’ai même pas voulu aller au magasin pour le changer. » Thibault, 19 ans Comme beaucoup d’utilisateurs de son âge, Thibault pense que ces objets de santé connectés ne sont qu’un effet de mode qui disparaitront très vite. Si l’embout n’a eu aucun mal à se détacher, c’est qu’il y a eu un problème dans la conception de l’outil. Une sondée anonyme n’est pas contente non plus. Elle a téléchargé l’application Sleepbetter sur son téléphone. Au bout de quelques jours, son Iphone dernier-cri ne marchait plus : elle ne pouvait pas Page 32
  • 33. passer d’appels, ni recevoir correctement ses messages. Elle s’est vite aperçu que la panne venait de l’application récemment téléchargée. « J’ai payé une dizaine d’euros pour cette application qui a endommagé le bon fonctionnement de mon téléphone. Je ne la conseille à personne ! » Une anonyme En réalité, l’application était trop grosse pour être utilisée sur son téléphone. Ce n’est pas l’applica- tion Sleepbetbter qui a provoqué le bug du portable, mais toutes ses applications contenues dans le portable ! Le programme du téléphone était surchargé, ce qui a provoqué le bug. Sur un forum, j’ai repéré le témoignage d’un utilisateur de chaussettes connectées pour le running, que j’ai présentées précédemment. Grand joggeur, il a été très déçu lorsqu’il a pris connaissance de ses premiers résultats. Son chronomètre était très médiocre comparé à d’habitude. Au bout de quelques semaines, son temps de course était toujours très mauvais. Il est allé rendre les chaussettes et les a échangées contre d’autres. Ses performances se sont améliorées. « Le vendeur m’a expliqué que ce sont les capteurs de cette paire qui ne marchait pas. En plus, je n’étais pas le seul à être venu rendre mes chaussettes. Il me les a échangées contre une autre paire, il fallait que j’essaie, et la ça va beaucoup mieux. » Un anonyme Enfin, notre téléphone portable est équipé de minuscules capteurs. Ce sont grâce à ses capteurs que les objets se connectent entre-eux. Mais quels capteurs sont utilisés pour construire votre téléphone portable ? Peut-être que ces cap- teurs sont devenus obsolètes. Ainsi, le téléphone n’est pas capable de télécharger telle ou telle ap- plication. De plus, ces capteurs sont-ils suffisamment élaborés pour calculer correctement les données de notre organisme ? Même si les recherches continuent de progresser, il n’est pas évident que ces capteurs puissent don- ner des données exactes à 100%. Pourtant, dans le domaine médical, mieux vaut être sûr de ces agissements. C’est ce que déplorent la plupart des professionnels de la médecine que j’ai interrogés. Seul un médecin peut-être capable de calculer et d’interpréter les données d’un organisme. « De nombreux objets connectés présents sur le marché contiennent des seuils de pression artérielle qui ne sont pas les bons … » Docteur Beaudrie Nous avons vu précédemment que l’homme commettait des erreurs. Il en fait aussi en construisant la machine. C’est en réalité pour cela qu’elle ne fonctionne pas. L’homme a mal construit ou pro- grammé la machine, et elle ne marche pas. L’homme a encore beaucoup de progrès à faire pour que sa machine gagne en crédibilité et fonctionne totalement. Les fabricants des objets de santé connec- tés sont surtout des start-ups américaines. Peut-être qu’avec les témoignages de clients mécontents, ils parviendront à améliorer leur outils connectés. B) L’homme ne comprend pas Les hommes ne possèdent pas la même intelligence. Certains sont plus intelligents que d’autres. Penser, réfléchir, écrire ou lire correctement ne sont malheureusement pas à la portée de tous. Et il en est de même pour l’utilisation d’objets connectés. Parfois, ce n’est même pas une question d’intelligence. Certains sont plus doués que d’autres dans une matière. Par exemple, je suis plus douée en français qu’en mathématiques, mais être nulle en mathématiques ne fait pas de moi un être dépourvu d’intelligence ! Page 33
  • 34. Voici le témoignage d’un utilisateur d’objet de santé connecté. Il désirait connaître les raisons de son sommeil irrégulier. Il s’est donc procuré une application spécialisée : «Je possède un bracelet UP24 de Jawbone et un iPhone 5S, je ne comprends pas pourquoi je reçois tous les matins une notification de l'application UP m'invitant à aller me coucher. J'ai beau paramé- trer l'application, l'invitation au sommeil est programmée chaque soir à 23h50, que je reçois d'ailleurs sans souci. Celle du matin n'est pas programmée, serait-ce un bug de l'appli ? » Il s’est avéré que non, l’outil n’était pas responsable de cette défaillance. En réalité le jeune homme n’arrivait pas à programmer son application. Il n’y est d’ailleurs jamais parvenu et a arrêté d’utiliser cette application … Les préjugés existent : les femmes sont incapables de bricoler et les hommes sont incapables de coudre. Certaines personnes sont plus habituées à travailler avec la machine que d’autres, ils s’en servent donc mieux que d’autres. Si on utilise mal la machine, elle marchera mal. Il peut être difficile pour certaines personnes de comprendre une notice d’utilisation. Ou peut-être que la notice est mal rédigée ? Un témoin anonyme a posté un message sur un forum : « Cet objet est très utile. Même si j’ai eu des difficultés le premier mois, j’ai demandé conseil et dé- sormais je sais le faire marcher (…) » Ainsi, cette utilisatrice ne savait pas comment faire fonctionner l’appareil, mais après un peu de mo- tivation et d’aide elle y est parvenue. Mais qu’en est-il de l’interprétation des données que calcule l’outil connecté ? Avons-nous réelle- ment les compétences nécessaires pour interpréter nos chiffres ? Si nous ne sommes pas formés pour savoir déchiffrer des codes, nous ne parviendrons pas à les lire ! Alors si nous ne sommes pas formés à interpréter des données médicales, nous ne pouvons pas en connaître leur valeur. Les données médicales ne peuvent être interprétées que par un profession- nel de santé. Si nous ne sommes pas médecin, nous ne pouvons comprendre correctement leur si- gnification exacte. C) La machine n’est pas adaptée pour l’individu Jean est très souvent victime de douleur au bras droit. Alors que les crèmes de massages ne suffisent plus, il a décidé de se procurer un patch anti-douleur connecté, capable de repérer la douleur et de la gérer. Mais le patch n’a jamais marché. L’hypothèse est la suivante : la douleur de Jean était trop forte et le patch n’a pas la capacité de soigner une douleur si importante. « Je n’ai même pas eu la motivation pour le rapporter au magasin. Il croupit au fond du placard. J’ai dépensé 70euros pour l’avoir. » Jean, 56 ans En fait, la douleur de Jean était tellement forte que la machine n’a pas été capable de la soigner. Un objet connecté n’est pas adapté pour gérer une douleur aussi profonde. Sur un forum, j’ai repéré une conversation dans laquelle une femme -qui a préféré rester anonyme- racontait que son objet de santé lui avait posé beaucoup de problèmes. Il y a trois mois, son ophtal- mologue lui a conseillé d’utiliser des lentilles connectées qui permettent de mesurer le taux de glu- cose dans les larmes. Page 34
  • 35. Lorsqu’elle a posé la première lentille, tout allait bien, mais à la deuxième lentille, son oeil a com- mencé à la gratter. Au bout d’une heure, elle a préféré retirer ses lentilles … et a téléphoné à son ophtalmologue pour lui expliquer la situation. « Il m’a dit que je faisais une réaction allergique, que ces lentilles n’étaient pas faites pour moi, et qu’il allait trouver une autre solution pour mon oeil. » Une anonyme Ainsi, cette utilisatrice anonyme est un cas particulier : c’est son corps qui ne peut pas s’adapter à l’objet. Enfin, nous avons vu précédemment que l’utilisateur ne se servait pas régulièrement de son outil connecté. Or, un objet connecté nécessite une utilisation quotidienne et régulière pour fonctionner et délivrer des résultats médicaux véridiques ! Pour conclure cette partie, les outils connectés ne peuvent pas fonctionner. Et nous pouvons donner plusieurs raisons à cet échec : - La machine est mal construite - La machine est utilisée à mauvais escient ou très mal utilisée - La machine n’est pas comprise par l’utilisateur - La machine est obsolète -La machine n’est pas adaptée au corps de l’individu ou à son style de vie - Il faut une utilisation régulière pour que l’objet fonctionne ! Page 35
  • 36. IV / Qu’en pensent les professionnels de la santé en France ? Afin de connaître et d’exposer les avis des professionnels de la santé, j’ai interviewé plusieurs mé- decins officiant en France. Ainsi j’ai pu récolter les avis de quarante-deux docteurs, et le moins que je puisse dire, c’est que leurs avis sont partagés. Je leur ai posé les mêmes questions, que vous pou- vez retrouver en annexe de ce mémoire. J’ai également récolté l’avis du Docteur Nicolas Postel-Velay, fondateur et directeur du célèbre site français www.automesure.com et médecin chercheur à l’hôpital George Pompidou à Paris. 1- Que pensent les médecins des objets connectés liés à la forme physique ? A) Lecture des résultats du sondage Avis des professionnels de la santé en France sur l’utilisation du Quantified-Self pour la forme et le bien-être, par Charlotte Zuber Voici les résultats obtenus après avoir interrogé les quarante-deux médecins qui ont répondu à mes sollicitations. Parmi-eux, 76% sont favorables à l’utilisation des objets de santé connectés lors- qu’ils sont utilisés pour entretenir la forme physique. Ces données sont représentées en jaune sur le graphique ci-dessus, réalisé par mes soins. Cependant, ces 76% de docteurs favorables à l’utilisa- tion de l’auto-mesure se divisent en deux parties distinctes : 62% sont tout-à-fait favorables, tandis que les 14% restants sont favorables mais émettent toutefois des réserves. Page 36
  • 37. Avis des professionnels de la santé en France sur l’utilisation du Quantified-self dans le cadre sportif, par Charlotte Zuber Concernant la forme physique, nous avons vu précédemment que de plus en plus de sportifs de haut niveau pratiquaient le Quantified-self . Le dépassement de soi en est la principale motivation. Ainsi, sur les quarante-deux médecins interrogés, 82% sont favorables à l’utilisation des objets connectés dans le cadre sportif. Parmi-eux, 31% sont favorables mais émettent des doutes. Seulement 18% sont peu favorables à ces pratiques, ce qui est peu. La plupart des professionnels de la santé recommandent ces objets connectés. L’avis général est le suivant : ces objets représentent un excellent moyen de prendre soin de sa santé et de sa forme physique. Tout ce qui peut motiver l’individu à avoir une vie plus saine et à prendre soin de sa santé éveille l’intérêt du professionnel de santé. B- Interprétations des résultats du sondage SI les professionnels de santé encouragent l’utilisation de ces outils connectés, ils mettent en avant certaines limites qui pourraient subsister et qu’il faudrait corriger. a- Ces objets aident l’individu à prendre soin de sa santé (76%) L’objet joue le rôle de coach et donne aux utilisateurs pour la plupart une grande source de moti- vation. Et en cette période où la société française est morose et où la conjoncture économique et sociale décline, voir des individus en forme et en pleine santé demeure important. « Oui, je suis totalement pour. Je le conseille à quelques-uns de mes patients souffrant d’embonpo- int. Ils n’ont pas la force d’y arriver seul, et se payer un coach coûte cher. Grâce à leur mobile ils trouvent la motivation nécessaire. » Docteur Aignan, généraliste. « Ces outils permettent aux utilisateurs de se voir progresser, ce qui est très important pour le mo- ral. Ils peuvent continuer à s’entraîner. La volonté prime. » Docteur Girar, généraliste De plus, ce qui plaît aux médecins, c’est que l’individu s’intéresse de plus en plus à sa forme. Le patient ne veut plus être en surpoids, veut manger sainement et entretenir sa forme. L’utilisa- tion de ces objets pour encourager le patient à entretenir sa santé ne peut être que prolifique. « Ce qui me plaît, c’est que l’homme prend conscience qu’être en surpoids, boire trop, manger trop est mauvais pour sa santé. Utiliser ses objets, c’est prendre soin de sa santé, et cela ne peut être que profitable pour l’être humain. » Docteur Muller, généraliste Enfin, grâce à ces objets, l’individu apprend plus sur son corps et sur ses capacités physiques. Il prend connaissance de certains savoirs médicaux. Et dans de nombreux cas il peut se rapprocher de son soignant. La relation patient/médecin s’améliore. Page 37
  • 38. « Un de mes patients utilise cet outil (une application de running) et nous en discutons ensemble. Il a appris beaucoup de choses depuis qu’il s’en sert. Nous avons de vrais débats. J’ai parfois l’impr- ession de discuter avec un collègue car son expertise est très poussée. » Docteur Liveaux, cardio- logue b- Mais cet interêt pour ces objets ne doit pas dépasser le cadre de la forme physique Cependant, certains médecins avouent avoir une confiance limitée en ce type d’objets. Il peut en effet y avoir des défaillances. D’ailleurs, pourquoi s’en servir ? Selon les 14% qui émettent des ré- serves, l’homme n’a pas besoin de ce type de machine pour prendre soin de sa santé. Certains médecins comme le Docteur Yanne, ne croient pas au côté motivant de ces outils. Selon lui, l’homme est capable de se débrouiller seul car il est de nature autonome. Par exemple, courir est quelque chose d’innée chez l’individu. Il ne croit pas que l’utilisation de ces objets puissent appor- ter un quelconque réconfort. « L’auto-mesure semble être une grande idée dans l’ensemble. Mais en cas de chiffres peu satisfai- sants, la plupart des utilisateurs abandonnent. L’homme fait du sport sans avoir besoin d’aide. A quoi ça sert réellement ? » Docteur Yanne, podologue D’autres n’hésitent pas à conseiller à leurs patients d’utiliser ses objets, mais seulement pour la forme physique. En effet, le nombre de calories ingérées, le taux de sommeil, ou les kilomètres par- courus lors du dernier footing sont des connaissances dites « nobles » ; c’est-à-dire qu’elles sont très simples à interpréter. L’individu n’a pas besoin de compétences médicales poussées. Ils peuvent interpréter les résultats sans difficultés, sans faire trop d’erreurs. C’est pour cette raison que les médecins sont en faveur des objets connectés utilisés pour entretenir la forme physique. Ces connaissances sont à la portée de tous. « Je suis d’accord pour que l’individu utilise les objets du Quantified-self pour entretenir sa forme. Ces outils offrent plus d’autonomie. L’utilisateur peut comprendre ses données sans difficultés. Mais au-delà, ses données deviennent trop compliquées à interpréter. Ces outils ne doivent être utilisés que dans le cadre de la forme physique. » Docteur Mauban, cardiologue Parmi les médecins, certains émettent des réserves quant à la véritable utilité de l’outil de santé connecté. Mais au vue des résultats probants, en particulier sur les sportifs, ils ne peuvent que les approuver. L’objet connecté peut-il avoir un effet placebo sur les sujets ? J’ai posé la question aux quarante- deux médecins et ces derniers sont unanimes : il est fort probable, en effet, que ces objets aient un effet placebo. L’utilisateur, tant qu’il est accompagné, que ce soit par un coach, un médecin ou un objet, est encouragé à dépasser ses limites. Il se sent aidé lorsqu’il est accompagné. Quand il est seul, ses performances sont moins bonnes. « Même si les résultats du sportifs ne sont pas satisfaisants, ils poussent le sujet sportif à se dépas- ser physiquement et mentalement, chose qu’il ne peut sans doute pas faire s’il n’utilisait pas l’objet. » Docteur Jeanne, cardiologue Page 38
  • 39. Mais les avis médicaux sont plus partagés lorsqu’il s’agit de définir leur véritable utilité. Pour la plupart, ce ne sont pas ces objets connectés qui vont faire évoluer les choses. L’utilisateur ne va pas se surpasser avec des appareils qui existent depuis déjà plusieurs années. Les tensiomètres, podo- mètres et contrôleurs cardiaques utilisés par les sportifs, amateurs comme professionnels, ont déjà fait leurs preuves. « Les sportifs sont déjà suffisamment équipés comme ça, ils n’ont pas besoin de ces outils. Ils ont besoin d’être accompagnés physiquement et mentalement par des personnes physiques, c’est à dire leur coach et leur médecin. » Docteur Strauss, podologue « Est-ce que les podomètres intelligents vont réussir à lever les barrières qui font que les gens ne marchent pas alors que les podomètres existent depuis des décennies ? » Docteur Postel-Velay 2- Que pensent les médecins des objets de santé liés à la prévention de certaines pathologies ? A) Lecture des résultats du sondage Avis des médecins sur l’utilisation des objets du Quantified-self dans le cadre préventif, par Charlotte Zuber Contrai- r e- ment à l’utilisation de l’auto-mesure dans le cadre du bien-être et de la forme, l’utilisation de ces objets connectés à titre préventif a beaucoup moins conquis les professionnels de santé en France. Tout d’abord, d’après le graphique ci-dessus réalisé par mes soins, nous pouvons constater que seulement 41% des médecins interrogés se manifestent en faveur de ces objets connectés. Parmi ces 41%, 20% sont en leurs faveur mais y voient tout de même un inconvénient ! En revanche, 59% sont contre l’utilisation des objets du Quantified-self à titre préventif, dont 30% sont en totale défaveur. 29% en revanche sont contres mais pensent que ces objets cachent malgré tout un bon côté … B) Interprétations des résultats du sondage : de grandes défaillances dans le Quantifed-self J’ai cherché plusieurs interprétations pour ces résultats. b- Des médecins peu connectés 3.0 Page 39
  • 40. Ces pratiques sont approuvées par quelques médecins heureux d’être connectés. Ils ont confiance en la machine et les résultats donnés peuvent être interprétés en toute confiance. « Le Quantified-self ? Pour moi une innovation majeure dans le domaine médical » Docteur Favier, généraliste « Je suis un médecin connecté 3.0 et heureux dans ma pratique médicale : les objets connectés ap- portent vraiment un plus dans la consultation médicale. C’est du temps gagné, de la convivialité du partage et surtout un maximum de données médicales précieuses pour le médecin. » Docteur Eric Couhet En revanche les autres médecins ne cautionnent pas l’utilisation des objets de santé connectés pour la médecine. Pourtant, c’est l’avenir de la médecine. Dans quelques années la plupart des cabinets seront équipés 3.0. Mais la plupart des médecins veulent rester traditionnels. Le médecin a eu du mal à s’habituer à son ordinateur il y a 20 ans. Avec l’avènement du 2.0, les sites internet et forums de médecine ont envahi la Toile. Les inter- nautes discutaient entre eux, se racontaient leurs symptômes et les interprétations étaient pour la plupart fausses. Les médecins qualifiaient d’ailleurs ces sites de « dangereux ». Ainsi, le corps médical ne s’est jamais accommodé à la médecine 2.0, comment peut-elle passer à la médecine 3.0 ? a- L’utilisateur n’a pas les connaissances médicales nécessaires pour prévenir une éventuelle pathologie Les médecins interrogés pointent notamment du doigt la pauvreté des connaissances médicales de ces objets. L’outil connecté n’est pas capable de lire de façon médicale les chiffres qu’il calcule. D’accord, il nous donne quelques résultats, mais qu’en est-il de l’interprétation de ceux-ci ? Et si les résultats étaient faux ? Mal calculés (voir partie IV) ? L’utilisateur reste quasiment livré à lui-même. Et s’il n’a pas les connaissances médicales néces- saires, cet objet ne lui sert à rien. « Ne me faites pas rire. Ces objets préventifs ne sont que de purs gadgets. Des machines à la portée de tous qui s’improvisent médecins ? à bannir de toute urgence ! » Docteur AImard, généraliste Le Docteur Idris Guessous a donné de nombreuses interviews à différents quotidiens français. Il est notamment responsable de l’unité d’Epidémiologie Populationnelle du Service de Médecine de Premier Recours aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). Il remet en cause l’utilité de ces objets d’un nouveau genre, en particulier lorsqu’ils sont utilisés dans un cadre préventif. D’après lui, nous ne pouvons pas nous appuyer dessus car ils ne sont pas programmés pour avoir des compétences aussi pointues qu’un médecin. Le médecin est irremplaçable. Et ce n’est certai- nement pas ces objets connectés qui l’égaleront. Seul lui peut interpréter les données de la machine. « Prévenir les cancers ? Les maladies inflammatoires ? C’est beaucoup trop compliqué et ces ob- jets ne font pas le poids face au matériel hospitalier ! » Docteur Guessous Page 40