FUNDP 2012 - Récit non linéaire et communication des connaissances
1. Journées doctorales en information et communication
FUNDP Namur - 22 mai 2012
Récit non linéaire
et communication des connaissances
Baptiste Campion
Université catholique de Louvain (UCL)
Institut Langage et Communication (IL&C)
Centre de recherche en communication (RECOM)
Groupe de Recherche en Médiation des Savoirs (GReMS)
Observatoire des mondes numériques en sciences humaines (OMNSH)
baptiste.campion@uclouvain.be
http://www.uclouvain.be/baptiste.campion
B.Campion - mai 2012
2. Contexte général de l’étude (1)
Usage du récit à des fins de communication
des connaissances dans les hypermédias
« éducatifs » (= à but de communication de
connaissances) :
• Effets de la narration sur la compréhension ?
• Différentes façons dʼutiliser le récit (à ces fins) ?
• Variations de la compréhension en fonction du type
de récit, de lʼinteractivité, etc. ?
B.Campion - mai 2012
3. Contexte général de l’étude (2)
Pourquoi ces questions se posent-elles ?
• Le récit est employé à divers degrés dans les dispositifs
dʼéducation non formelle, notamment de vulgarisation
scientifique
• Les effets mémoriels ou identitaires du récit sont bien
connus (Bartlett, Mandler, Bruner, Ricœur). Quid des
effets sur la compréhension ? Question peu traitée,
surtout empiriquement
• Dispositifs en ligne « interactifs » : vont à lʼencontre de la
logique linéaire classique du récit. Avec quelles
conséquences sur la compréhension ?
B.Campion - mai 2012
4. « Effets éducatifs » = compréhension
Les « effets éducatifs » sont définis en termes de
compréhension, suivant le modèle de compréhension
de texte de Van Dijk et Kintsch (1983):
Comprendre = construire une représentation
mentale de lʼobjet de connaissance
Comprendre un récit : Le récepteur doit construire
une représentation mentale de la situation évoquée
par le récit (storyworld, Herman 2002)
B.Campion - mai 2012
5. Comprendre grâce à un récit :
Modèle du « récit éducatif »
PROBLEME
MONDE
DIEGETIQUE
MICRODESIGN Evaluation
bottom-up des ressources
MODELE
RECIT STORYWORLD Opérations MENTAL
dʼextraction du domaine
de connaissance
MACRODESIGN
DOMAINE
top-down
DE CONNAIS-
SANCE
Effets des caractéristiques formelles du récit ?
B.Campion - mai 2012
6. Le « récit fantôme »
dans le récit éducatif
non linéaire
• Base théorique : Possibles narratifs Le récit est
une suite de possibles (alternatives) (Bremond
1966)
• Existence de ce « récit fantôme » prévue par les
dispositifs : branches non actualisées
• Prise en compte de ces alternatives dans le
storyworld et le modèle du domaine de
connaissances ? Prise en compte de la possibilité
d’alternatives, d’un « autre » ?
B.Campion - mai 2012 HYPOTHESE
7. Méthode et traitement des données
Quasi-expérimentations
• Public homogène: enfants de 5 et 6° primaires (11-12 ans)
• Dispositif : site web expliquant la formation dʼune carie sous
forme de récit (linéaire ou non)
• Lecture hypermédia puis questionnaire relatif au contenu
scientifique de lʼhypermédia
• Comparaison de représentations : récit linéaire >< récit
non-linéaire
• Traitement quali-quantitatif
• Travail en 2 étapes : expé 1 et expé 2
• Les résultats de lʼexpé 1 sont la base de lʼexpé 2
• Expé 1 : 43 sujets ; Expé 2 : environ 120 sujets
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8. Première expérience
Effet de la non-linéarité
sur les représentations (1)
Les sujets ayant lu un récit linéaire et ceux qui ont
lu un récit non linéaire ont-il des représentations
différentes ? Globalement, on nʼobserve… pas
grand chose !
Pas de différence dans la capacité de mobilisation
du modèle mental de situation
Compréhension (et précision) du domaine de
connaissance ne semble pas affectée par la
structure hypertextuelle du récit
B.Campion - mai 2012
9. Première expérience
Effet de la non-linéarité
sur les représentations (2)
Hypothèse non vérifiée, mais il existe des différences
intéressantes, quoique non significatives :
→ Alternatives plus fréquentes dans la condition non
linéaire, mais très rares
→ Découpage temporel du processus semble favorisé
par la non-linéarité
→ Les sujets de la condition non linéaire semblent plus
« anthropomorphiser » les agents du récit
B.Campion - mai 2012
10. Première expérience
Effet de la non-linéarité
sur les représentations (2)
B.Campion - mai 2012
11. Première expérience
Effet de la non-linéarité
sur les représentations (2)
Hypothèse non vérifiée, mais il existe des différences
intéressantes, quoique non significatives :
→ Alternatives plus fréquentes dans la condition non
linéaire, mais très rares
→ Découpage temporel du processus semble favorisé
par la non-linéarité
→ Les sujets de la condition non linéaire semblent plus
« anthropomorphiser » les agents du récit
→ Mais, paradoxe: les personnages ne sont pas
vraiment agents du récit dans le récit non linéaire
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12. Seconde expérience :
Nouvelle hypothèse
• Les personnages peuvent être agents ou patients
(cf. Bremond 1966)
• Hypothèse : la focalisation sur les personnages
dépend du rôle du personnage >< la non-linéarité
amènerait une focalisation peu importe le rôle
• Les agents apparaissent-ils plus que les patients :
• Actifs (dans le storyworld) ?
• Moteurs du mécanisme (domaine de connaissance)?
• Intérêt direct de la question en termes de conception
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13. Seconde expérience :
Résultats
• Différence entre conditions linéaire et non linéaire… à
lʼinverse de ce qui a été observé dans lʼexpé 1 :
• les personnages apparaissent plus actifs dans la condition
linéaire
• Quasiment aucune différence entre conditions non
linéaires
• Quand il y en a, aucune logique « progressive » en fonction du
statut du personnage des bactéries
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14. Discussion et conclusions (1)
• L’idée répandue que l’interactivité (non-linéarité) est utile
à l’apprentissage (car « rôle actif ») dans le cadre d’un
récit semble fortement à nuancer :
→ Pas d’effet spécifique de la non-linéarité sur la
compréhension du récit
→ Pas d’effet spécifique de la non-linéarité sur la
compréhension du contenu scientifique
→ Pas de prise en compte du « récit fantôme »
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15. Discussion et conclusions (2)
• L’interaction structure hypertextuelle / récit ne semble
pas un facteur d’entrée dans le regard porté sur les
éléments du domaine de contenu :
→ Observations minoritaires et non reproduction du
résultat
→ Ce que fait effectivement le personnage dans le
récit n’a pas d’importance
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16. Discussion et conclusions (3)
• Interprétations plus générales :
→ Cohérence avec l’idée que la compréhension du
récit est une ressource cognitive pour la
compréhension du domaine de connaissance
→ Explication possible : surcharge cognitive (il est trop
lourd de « gérer » à la fois le récit lu et le récit « non
lu »)
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17. Discussion et conclusions (4)
• Eléments non considérés par la recherche (prolongements
possibles de la recherche) :
→ Effets de la non-linéarité sur d’autres dimensions (motivation,
p.ex)
→ Effets d’usages multiples et/ou de délais plus longs
→ Impact d’autres variables (choix du lecteur, personnages,
mode d’intégration du propos éducatif à l’intrigue, âge…)
• Conséquences pour la conception de dispositifs éducatifs :
→ Si l’objectif = communiquer une représentation globale, la
structure narrative hypertextuelle, c’est compliqué pour peu
d’effet !
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18. Merci de votre attention !
Avez-vous des questions ?
Baptiste.Campion@uclouvain.be
http://www.uclouvain.be/baptiste.campion
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