1. LA NUIT APRÈS LA PLUIE
Tout le meilleur pour vous tous, gens de la terre, pendus comme des breloques aux caprices d’un virus.
Des générations complètes ont ânonné la triste imitation parodique et tristounette d’un Molière d’opérette dans cette ritournelle.
« Meunier tu dors, Ton moulin ton moulin va trop vite, Meunier tu dors, Ton moulin ton moulin va trop fort »
Ou même une version purement Capitaine Crochet contre la Fée Clochette
« À bord d'une frégate, C'est la plus belle des vies, On s'dilate la rate, Quand on est pirate »
Souhaitons qu’en ces temps de pénurie de santé mentale
Et de pandémie endémique en vagues successives, bientôt la sixième pour Pâques,
Le monde sera encore là dans vingt ans, vivable et propret, comme un jardinet d’instituteur
Comme une maison bien tenue et un village bien fleuri, un vrai paradis bien fleuri.
« Guerre, ô guerre occupée au choc des escadrons, Toute pleine du bruit furieux des clairons,
Si tu ne sais, dans l’ombre où ton hasard se vautre, Défaire un empereur que pour en faire un autre ? » (Victor Hugo)
Nous en sommes au temps où on assassine en masse dans les cathédrales du Sri Lanka
Ou en escouade de jihad tout du long du Boulevard Voltaire à Paris, de La Nation à la République,
Ou encore en fumeroles particulaires qui épousent la dame Ozone dans nos villes culs-de-sac
Alors – mes pauvres – ou mes faux riches – dans vingt ans, vous serez tous justement décrépits
Et moi, et nous, déjà partis.
Mais l’important dans cette survie, c’est de savoir tirer une révérence ou bien encore simplement un trait
Bonne chance, Bonnes gens, pour la vie.
Tri-Vaccinés, jusqu’à la prochaine, À Jamais Toujours et plus encore, JC & LLN
Pour
2022
Jacques COULARDEAU
Lucretia LA NOTTE
& Annunzio COULARDEAU
ou vice versa
2. SYLVAIN L’ENFANT BOCAGE
Mes pieds se contournent, tout à l’envers
Un enfant pleure dans le pré
Un coucou sanglote en sous-bois
Un chat gris miaule vers minuit
Un chien noir jappe au front du soir
Et un hêtre pâle, vieux, long
Célèbre l’hiver dans le vent
Mes bras s’en retournent, tout de travers
Le frêne est un arbre prudent
Jamais il ne se lancerait
Seul ou en bande débridée
Au flanc des montagnes qui pentent
Le frêne est un arbre puissant
Porté massif à bout de bras
Il lance un signal de combat
A travers la plaine qui vente
Le printemps aux mille jonquilles
Ma tête bascule, jambes en l’air
Feuille à feuille il bruisse
Gland à gland il sème
Branche à branche il ombroie
Fort et noueux
Le tronc s’élance
Le front nerveux
La tête immense
Quand la forêt, chêne à chêne
S’avancera, la justice
Triomphera, chaîne à chaîne
Immense été, splendeur lisse
Des ailes me poussent, devant derrière
Le marronnier
Jeudi dernier
A déposé
ses petits crottins ronds
Dans les allées
ils roulent les marrons
Sur les pavés
piquent les bogues blondes
Près de l’entrée
au brasero flambant bon
Un garçonnet
sourit faisant des bonds
Saison sacrée
automne patachon
Je quitte le sol, à travers l’air
D’un trait je m’envole adieu la terre
Maman, en plein cœur des frondaisons
Jacques COULARDEAU
Olliergues, 2021
Annunzio COULARDEAU, aca HAL, Ambert