1. C H A P I T R E 6 : V O T E E T A P P R E N T I S S A G E D U
S U F F R A G E U N I V E R S E L
2. Chapitre 7 : Unité nationale et construction
d’une culture républicaine et laïque
Pourquoi la majorité des Français se sont ils
ralliés à une culture républicaine ?
I/ Une République baptisée dans la défaite et le
sang des Communards
7. En 1870, la France entre en guerre contre la Prusse. Alors que
l’Empire s’effondre et que la République est proclamée, une partie
des Parisiens, assiégés, se révoltent. Ils refusent la paix avec
l’Allemagne et réclament une République ouvrière et solidaire : c’est
la Commune (mars-mai 1871). Celle-ci est écrasée dans le sang
par les Républicains.
La Troisième République, proclamée le 4 septembre 1870 a donc
une naissance particulièrement difficile : elle est en effet marquée
par la lourde défaite face à la Prusse et la perte de l’Alsace-Lorraine,
mais également par les massacres des Communards.
Contestée à la fois par les royalistes et les bonapartistes, la République
parvient définitivement à s’imposer au terme de diverses élections
entre 1876 et 1879. Les Républicains vont alors se succéder au
pouvoir.
24. 1. Contexte du document : Pourquoi les deux enfants ont-
ils du quitter leur village de Lorraine ?
2. Compréhension du document : Pourquoi la République
développe-t-elle l’école et les bibliothèques ?
3. Compréhension du document : Quelle est la nature de
ce document ? À qui est-il destiné ?
4. Critique du document : À votre avis, pourquoi ce texte
enjolive-t-il la réalité ?
5. Chronologie : Quelles sont les principales lois qui
permettent le développement de l’école en France ?
6. Rédaction : Présentez, dans une réponse de 5 à 10
lignes, la place qu’occupe l’école dans la République.
25. 1. Contexte du document 2 : Pourquoi les deux enfants ont-ils du
quitter leur village de Lorraine ?
Les deux enfants doivent quitter la Lorraine parce que celle-ci a été
annexée par l’Allemagne suite à la guerre de 1870. Souhaitant rester
Français malgré tout, ils doivent donc partir de chez eux.
2. Compréhension du document 2 : Pourquoi la République
développe-t-elle l’école et les bibliothèques ?
La République développe l’école afin de permettre à tous les petits
Français de savoir lire et écrire. Cela doit permettre à chacun de
s’élever intellectuellement, et participe ainsi à la grandeur de la
patrie.
26. Jules Ferry
Compréhension du document 2 : Quelle est la nature de ce document ? À qui est-il
destiné ?
Ce document est un manuel de classe. Il doit donc être lu par de jeunes enfants.
Critique du document 2 : À votre avis, pourquoi ce texte enjolive-t-il la réalité ?
Ce document est un manuel d’éducation civique : on ne cherche pas tant à représenter
la réalité qu’un idéal. Le parcours de deux petits garçons doit servir de modèle à
tous les petits Français qui liront le manuel.
Chronologie : Quelles sont les principales lois qui encouragent le développement de
l’école en France ?
Les deux lois qui encouragent le développement de l’école en France sont :
La Loi Ferry rendant l’instruction primaire publique et gratuite (1881)
Les lois Ferry rendant l’instruction laïque et obligatoire (1882)
29. Rédaction : Présentez, dans une réponse de 5 à 10 lignes, la place
que l’école occupe au cœur de la République.
La République accorde une place centrale son école. Pourquoi cette
importance ?
Sous la IIIe République, l’école devient gratuite, laïque et obligatoire
grâce à Jules Ferry. Le manuel Le tour de France de deux enfants
montre bien que l’école doit permettre d’ancrer l’amour de la
République dans le cœur de chacun des enfants. L’instruction doit
également permettre aux enfants de développer leur intellect, et
donc de participer à la grandeur de la France.
L’école permet donc de rendre la République plus forte.
31. III/ Une République généreuse face à ses
limites
A/ Les exclus de la République (ouvriers,
étrangers)
Documents 1, 4 et 5 page 153
32.
33.
34.
35. Contexte du document 1 : La République est-elle
menacée lorsque ces différentes lois sont publiées ?
Compréhension du document 1 : Quelles sont les libertés
garanties sous la IIIe République ?
Compréhension du document 1 : Expliquez pourquoi
chacune de ces trois libertés permet de renforcer la
démocratie.
Rédaction : À l’aide des documents 4 et 5, montrez que
les libertés du document 1 sont parfois bafouées par la
République (5/10 lignes). Que pouvez-vous en conclure ?
36. Contexte du document : La République est-elle menacée
lorsque ces différentes lois sont publiées ?
La République est fermement assurée depuis 1879. Ces lois sont
publiées à partir de 1881 – elles ont pu l’être lorsque la
République était suffisamment sûre d’elle même.
Compréhension du document 1 : Quelles sont les libertés
garanties sous la IIIe République ?
Il existe trois grandes libertés : liberté de presse (1881), liberté
de se syndiquer (1884) et liberté d’association (1901).
37. Compréhension du document 1 : Expliquez pourquoi chacune
de ces trois libertés permet de renforcer la démocratie.
La liberté de la presse permet à chaque citoyen d’exprimer
librement son opinion sans être inquiété.
La liberté syndicale permet aux ouvriers de s’associer pour
défendre leurs intérêts, et ainsi ne plus être exploités par les
patrons.
La liberté d’association permet à plusieurs citoyens de se
réunir sans demander aucune autorisation. Des clubs
politiques peuvent donc s’organiser.
38. Rédaction : À l’aide des documents 4 et 5, montrez que les libertés
du document 1 sont parfois bafouées par la République (5/10
lignes). Que pouvez-vous en conclure ?
La République a proclamé plusieurs grandes libertés, mais ne les
respecte pas toujours.
La liberté de se syndiquer accordée en 1884 connaît des limites. Le
document 5 se fait ainsi l’écho de situations où les grèves sont
réprimées par l’armée. De la même manière, la liberté de circuler
peut être restreinte – les « nomades » notamment peuvent être
inquiétés par les forces de l’ordre s’ils n’ont les papiers
réglementaires (document 4).
Lorsqu’elle veut assurer l’ordre public, la République doit parfois
contrevenir à ses grands principes.
40. Devoirs
Rechercher les dates suivantes :
1881
1884
1901
Lire les documents et la chronologie page 154 – 156.
Rechercher le sens d’antisémitisme,
antiparlementarisme, ligues + intellectuels
41. B/ L’Affaire Dreyfus
Nathan page 154
§1 – Documents 1 + chronologie : Une affaire militaire
qui révèle une erreur judiciaire
§2 – Documents 2 et 3 : La France divisée en deux camps
§3 – Documents 4 et 5 : l’antisémitisme,
l’antiparlementarisme et les ligues, des menaces pour la
République
50. Loi de 1905 - extraits
Article 1
La République assure la liberté de conscience. Elle garantit
le libre exercice des cultes sous les seules restrictions
édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.
Article 2
La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne
aucun culte. En conséquence (…) seront supprimées des
budgets de l'Etat, des départements et des communes,
toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes.
51. Article 12
Les édifices qui (…) servent à l'exercice public des cultes ou au logement de leurs ministres
(cathédrales, églises, chapelles, temples, synagogues, archevêchés, évêchés, presbytères,
séminaires), (…) sont et demeurent propriétés de l'Etat.
Article 13
Les édifices servant à l'exercice public du culte (…) seront laissés gratuitement à la disposition (…)
des associations [religieuses].
Article 26
Il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l'exercice
d'un culte.
Article 28
Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les
monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices
servant au culte, (…) des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions.
NB : le mot « laïcité » n’apparaît pas une seule fois dans la loi…
52. Article 1 : Quels sont les grands principes affirmés
par la loi de 1905 ? Pourquoi ces principes sont-ils
affirmés en première position ?
Article 2 : Quelles sont les relations entre l’Église et
l’État ?
Articles 12 et 13 : À qui appartiennent les bâtiments
où ont lieu les cultes ?
Articles 26 et 28 : Que révèlent ces articles sur
l’organisation entre espace public et espace privé ?
53. Article 1 : Quels sont les grands principes affirmés par la loi de
1905 ? Pourquoi ces principes sont-ils affirmés en première
position ?
Les grands principes affirmés par la loi de 1905 sont la liberté de
conscience et le libre exercice des cultes. Autrement : chacun peut
croire ce qu’il veut et exercer le culte qu’il souhaite en France. Ces
principes sont affirmés en tout premier, parce qu’ils déterminent
l’esprit de la loi de 1905, fait de compromis et de tolérance.
Article 2 : Quelles sont les relations entre l’Église et l’État ?
Avec la loi de séparation, l’État cesse de subventionner les cultes : les
prêtres ne sont plus payés par l’État, ils passent à la charge de
l’Église. Il y a là une différence fondamentale avec le Concordat.
54. Articles 12 et 13 : À qui appartiennent les bâtiments où ont lieu les
cultes ?
Les bâtiments des cultes appartiennent à l’État qui les entretient et les
prête gracieusement aux églises. L’État ne peut normalement plus
financer la construction de lieux de culte en France.
Articles 26 et 28 : Que révèlent ces articles sur l’organisation entre
espace public et espace privé ?
Il est impossible d’organiser une réunion politique dans un lieu de
culte (article 26) et il est impossible d’afficher des signes religieux
sur un espace public (article 28). Cela s’explique car il est important
de séparer ce qui relève de la sphère publique et ce qui relève de la
sphère religieuse.
55. Ferdinand Buisson est un intellectuel protestant, député républicain, proche de Jules Ferry. Il
explique ainsi la laïcité en 1903.
Texte 1
« Nous n’entendons nullement faire la guerre à l’idée religieuse et encore moins supprimer la
liberté religieuse. Ce que nous voulons combattre [...], c’est l’idée ecclésiastique, l’organisation
cléricale [...], tout un système de contre-éducation qui, sous prétexte de religion, perpétue les
superstitions, les préjugés et les fanatismes ».
Discours de Ferdinand Buisson à la Chambre des députés, 27 janvier 1903.
Texte 2
Ce que j’entends « détruire », ce n’est ni telle croyance, ni tel culte, ni telles pratiques, c’est une
institution officielle prétendant régler ces croyances, célébrer ce culte, ordonner ces pratiques
avec un privilège spécial de l’État. Ce n’est pas la religion qu’il faut détruire, ce n’est pas même
l’association religieuse : c’est l’association [...] ayant droit aux honneurs publics comme si elle
remplissait un service public, mise au rang d’une institution de l’État.
Lettre de Ferdinand Buisson au journal L’Action, 22 aout 1903
du Parti radical (principal parti républicain), 1903.
56. Texte 3
Le premier devoir d’une République est de faire des
républicains, et l’on ne fait pas un républicain comme on
fait un catholique. […]
Pour faire un républicain, il faut prendre l’être humain si
petit et si humble qu’il soit […] et lui donner l’idée qu’il
faut penser par lui-même, qu’il ne doit ni foi, ni
obéissance à personne, que c’est à lui de rechercher la
vérité et non pas à la recevoir toute faite.
Ferdinand Buisson, Discours au congrès
57. Document 2
Textes 1 et 2
Ferdinand Buisson est-il contre la religion ?
Comment distinguer « sentiment antireligieux» et « anticléricalisme » ?
Texte 3
Par quels moyens concrets F. Buisson compte-t-il « faire des républicains » ?
Travail final
Proposez une définition de la « laïcité »
58. Ferdinand Buisson est-il contre la religion ?
Ferdinand Buisson n’est en aucun contre la religion en tant que telle. Il respecte les croyances de
chacun, mais s’érige contre le fait que certains croyants puissent vouloir imposer leurs idées aux
autres. Il défend la liberté de conscience de chacun.
Comment distinguer « sentiment antireligieux» et « anticléricalisme » ?
Le sentiment antireligieux correspondrait au fait d’être contre la religion, contre les croyances
religieuses en tant que telles. C’est l’attitude des républicains les plus extrêmes, qui veulent
éradiquer la religion par la force, en interdisant les cultes.
L’anticléricalisme consiste à respecter la liberté qu’a chacun de croire, mais à refuser que certains
imposent leurs croyances. Concrètement, cela se traduit par refuser tout rôle politique à l’Église
et au clergé.
Par quels moyens concrets F. Buisson compte-t-il « faire des républicains » ?
Ferdinand Buisson est un collaborateur de Jules Ferry. Le moyen privilégié pour « faire des
républicains » passe par l’école. Celle-ci doit permettre à chacun de se forger, en conscience, ses
propres convictions, religieuses ou non. Ce passage par l’école est le versant positif de la
laïcité.
59. Laïcité : Principe (non écrit) qui fonde la loi de 1905
• Elle a un versant négatif : elle postule la neutralité
de l’État vis-à-vis des différentes religions tout en
garantissant le libre exercice des convictions
religieuses, pourvu qu’elles ne portent pas atteinte à
l’ordre public.
• Elle a également un versant positif, puisqu’elle
suppose l’autonomie et l’indépendance de chaque
citoyen.
60. Combes et la politique anticléricale :
l’expulsion des congrégations
63. L’Église catholique et la République ont, depuis la
Révolution, une histoire conflictuelle. Attaquée par
certains révolutionnaires, l’Église a en effet toujours été
du côté des régimes autoritaires contre la République
(monarchies constitutionnelles et surtout Second
Empire). L’Église est devenue ultramontaine, et
s’oppose aux progrès démocratiques. Après de
nombreuses années d’opposition, elle avait finit par
accepter la République en 1890, mais beaucoup de
catholiques s’étaient compromis dans l’antidreyfusisme.
Le Concordat de 1801 qui régit les relations entre
l’Église et l’État est donc mal accepté.
64. En 1902, les élections portent au pouvoir E. Combes.
Celui-ci met en place une politique résolument
anticléricale. Il commence par interdire la plupart
des congrégations religieuses du territoire : 134
congrégations sont interdites. Les moines sont
expulsés manu militari et doivent s’exiler ou entrer
dans la vie laïque. E. Combes fit ainsi interdire plus
de 1.700 établissements scolaires religieux. Les
tensions avec le pape et l’Église catholiques se font
de plus en plus nombreuses et les relations
diplomatiques entre Rome et Paris cessent.
65. La brutalité d’E. Combes finit par lui être fatale, et il
doit présenter sa démission. Peu après son départ, le
Parlement vote la loi de séparation des Églises et de
l’État (9 décembre 1905) instaurant le principe de
laïcité. Cette loi fut publiée dans un esprit
d’apaisement et de compromis à l’initiative
notamment d’Aristide Briand qui refusa toute
surenchère anticléricale.
67. La loi prévoyait pourtant de faire un inventaire des biens
des églises et donc de faire ouvrir les tabernacles. Comme
le pape, nombre de catholiques s’opposèrent à
l’application de la loi et il fallut parfois faire intervenir
l’armée. Il faut attendre 1906 pour que G. Clémenceau,
pourtant farouchement anticlérical, joue à nouveau
l’apaisement, déclarant « la question de savoir si l’on
comptera ou ne comptera pas les chandeliers dans une
église ne vaut pas une vie humaine ». De leur côté, les
évêques de France, ainsi que plusieurs intellectuels
catholiques appellent également les croyants au calme.
68. En dépit d’une résistance acharnée impulsée depuis le
Saint Siège, l’Église doit céder et appliquer la loi
décidée par la République. Après plus d’un siècle de
tourmente, les relations entre catholiques et
républicains s’apaisent enfin. La laïcité devient un
fondement essentiel de la République.