SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  520
Télécharger pour lire hors ligne
Hyperbilirubinémies et cholestases
génétiques
R. Poupon
On entend par cholestases génétiques les cholestases dues à des mutations inactivatrices portant sur les
gènes codant pour les protéines assurant le transport des acides biliaires et des phospholipides dans la
bile, respectivement ATP8B1 (ou FIC1), BSEP (ou ABCB11), MDR3 (ou ABCB11). Les tableaux cliniques
sont représentés par les cholestases familiales progressives touchant les nourrissons, les enfants, voire les
adultes jeunes, la cholestase récurrente bénigne, la lithiase biliaire de cholestérol des sujets jeunes (ou
« low phospholipid associated cholelithiasis »). La cholestase gravidique résulte de la combinaison de
variations alléliques portant sur les gènes codant les transporteurs biliaires et de facteurs hormonaux ou
d’environnement. Les hyperbilirubinémies génétiques ou constitutionnelles ne s’accompagnent pas de
cholestase. Elles relèvent d’anomalies portant sur le gène UGTA1, responsable de la conjugaison de la
bilirubine à l’acide glucuronique, étape indispensable à l’élimination biliaire, et sur le gène MRP2,
responsable du transport canaliculaire. Les principaux tableaux cliniques sont représentés par la maladie
de Gilbert, les syndromes de Crigler-Najjar et le syndrome de Dubin-Johnson.
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Cholestase ; Acides biliaires ; Acide ursodésoxycholique ; ABCB4/MDR3 ; ABCB11/BSEP ;
FIC1/ ATP8B1 ; Cholestase gravidique ; LPAC ; Cholestase familiale ; Bilirubine ; UGTA1 ; Maladie de Gilbert ;
Syndrome Crigler-Najjar ; Dubin-Johnson ; MRP2

Plan

Hépatocyte

¶ Cholestases génétiques
Anomalies héréditaires responsables de cholestase
Anomalies des transporteurs et facteurs génétiques
de susceptibilité dans les cholestases acquises

1
1

¶ Hyperbilirubinémies génétiques
Métabolisme de la bilirubine (BR)
Gène UGT1A1
Hyperbilirubinémies constitutionnelles
Implications pharmacologiques des mutations affectant
le métabolisme de la BR

2
2
3
3

2

4

Na+ NTCP
AB-

BSEP FIC1 ?PE, PS
ABABCG5
ABCG8

OATP

MRP2
OAGSH

MDR1
OC+
MDR3
PL

■ Cholestases génétiques
On entend par cholestases génétiques, les cholestases secondaires à des mutations inactivatrices des transporteurs biliaires
canaliculaires (ATP8B1 ou FIC1, ABCB11 ou BSEP, ABCB11 ou
MDR3) (Fig. 1). D’autres anomalies d’origine génétique peuvent
être responsables de syndrome cholestatique. Il s’agit du déficit
en a-1-antitrypsine, de la mucoviscidose, des anomalies des
enzymes de la synthèse des acides biliaires et d’autres formes
très rares de cholestases néonatales et de l’enfant.

Anomalies héréditaires responsables
de cholestase [1-3]
Les mutations des gènes codant pour plusieurs transporteurs
ABC sont considérées comme responsables des cholestases
familiales progressives (progressive familial intrahepatic cholestasis

AE2
HCO3ClABNa+
ASBT
Canal biliaire

ClCFTR
FIC1

Figure 1. Principaux transporteurs biliaires et leur localisation. OATP :
organic anion transporter proteins.

[PFIC]) chez l’enfant. Ainsi, les mutations d’un gène codant
pour la protéine FIC1 (ATP8B1), présente dans la membrane
¶
Microlithiase

Cholestérol

Phospholipides

Acides biliaires

Cholestérol

MDR3

Phospholipides

Acides biliaires

Cholangite
Figure 2. Expression phénotypique de mutations inactivatrices de
ABCB4 (MDR3). L’absence ou la forte diminution des phospholipides
biliaires a pour conséquences, d’une part, la précipitation de cholestérol et
la formation de microcalculs et, d’autre part, une inflammation biliaire
(cholangite) du fait de leur rôle cytoprotecteur vis-à-vis des molécules
cytotoxiques (acides biliaires).

canaliculaire et dans les cholangiocytes, mais aussi dans le
pancréas et l’intestin, sont responsables de la maladie de Byler
(cholestase familiale de type 1). Les enfants présentent une
cholestase ictérique à gamma glutamyltransférases (cGT)
normales, évoluant rapidement vers une cirrhose et une
défaillance hépatique, justifiant la transplantation hépatique.
Les mutations de FIC1 sont aussi responsables de cholestase
récurrente bénigne de type 1 (BRIC-1). Certains patients se
présentant initialement comme des BRIC-1 peuvent évoluer vers
une cirrhose biliaire, probablement du fait d’une activité
résiduelle de la protéine insuffisante ou de facteurs aggravants
surajoutés. Les mutations de FIC1 entraînent une perte de
l’asymétrie en phospholipides de la membrane canaliculaire et
rendent celle-ci très vulnérable aux effets détergents des acides
biliaires hydrophobes avec, comme conséquence, la perte des
fonctions de transport. D’autres mécanismes sont nécessaires
pour expliquer les manifestations extrahépatiques de la maladie
(surdité, diarrhée, pancréatite, lithiase rénale). La transplantation hépatique ne corrige pas les manifestations extrahépatiques de la maladie de Byler.
La cholestase familiale de type 2 est également une maladie
cholestatique sévère, conduisant à l’insuffisance hépatique. Les
mutations de BSEP sont responsables du phénotype clinique de
ces patients. Les manifestations extrahépatiques sont absentes.
L’activité sérique des cGT est normale. Dans une cohorte de
109 familles, un carcinome hépatocellulaire ou un cholangiocarcinome sont survenus chez 15 % des enfants. L’incidence
était particulièrement élevée quand les patients étaient porteurs
homozygotes de mutations non-sens. Les mutations de BSEP
sont à l’origine de la cholestase récurrente bénigne de type 2
(BRIC-2).
La cholestase familiale de type 3 est secondaire à des mutations du gène MDR3. La protéine est absente ou faiblement
exprimée dans le foie de ces patients. Au cours de cette maladie
cholestatique, il existe une inflammation et une altération des
petites voies biliaires. La bile de ces patients est caractérisée par
une concentration très basse en phospholipides. La maladie
peut se manifester comme une cirrhose biliaire apparemment
cryptogénétique chez l’adulte jeune. Les mutations faux sens,
homozygotes ou hétérozygotes ou non-sens homozygotes du
gène MDR3 sont associées à une forme récurrente de microlithiase biliaire du sujet jeune, le syndrome low phospholipid
associated cholelithiasis (LPAC), quelquefois associé à une
cholestase gravidique en fin de grossesse [4]. Les phospholipides
sont nécessaires à la formation des micelles d’acides biliaires et
la solubilisation du cholestérol. En leur absence, les acides
biliaires deviennent toxiques pour les voies biliaires et le
cholestérol précipite. La souris mdr2−/’− développe une cholangite sclérosante et une lithiase de cholestérol [5] (Fig. 2).

Anomalies des transporteurs et facteurs
génétiques de susceptibilité
dans les cholestases acquises [6, 7]
La cholestase intrahépatique de la grossesse est un bon
exemple d’anomalies de fonction des transporteurs hépatobiliaires résultant à la fois de facteurs hormonaux ou d’environnement et de facteurs génétiques de susceptibilité. Le tableau
clinique est caractérisé par un prurit associé à une perturbation
des tests biochimiques hépatiques portant préférentiellement sur
l’activité sérique des transaminases lors du troisième trimestre
de la grossesse. Le diagnostic est confirmé par l’élévation
marquée de la concentration des acides biliaires sériques. La
cholestase gravidique peut se compliquer de complications
fœtales (souffrance, mort in utero) et d’accouchement prématuré. Il en existe classiquement deux formes selon la normalité
ou non de l’activité sérique des cGT (respectivement 30 % et
70 %), suggérant deux mécanismes physiopathologiques différents. Le rôle procholestatique des estrogènes est principalement
attribué à la diminution de l’activité et de l’expression de MRP2
et BSEP. Le rôle de la progestérone et de ses métabolites repose
sur les observations suivantes :
• le déclenchement de la cholestase après administration de
progestérone dans le dernier trimestre de la grossesse ;
• l’augmentation anormale des concentrations sanguines des
dérivés sulfatés de la progestérone ;
• l’inhibition de l’activité de BSEP par certains métabolites de
la progestérone.
En dehors des facteurs hormonaux, le rôle d’un déficit en
sélénium, du virus de l’hépatite C, d’une translocatation
d’endotoxine du fait d’une anomalie de la perméabilité intestinale a été suggéré. Des mutations ou des variants des gènes
codant pour FIC1, BSEP, MDR3, MRP2 et FXR sont associés à la
cholestase gravidique indiquant une très grande variabilité
génétique du syndrome.
L’association aux mutations de MDR3 est la mieux caractérisée et la plus fréquente (environ 15 % à 20 %). Dans la plupart
des cas, mais pas constamment, l’activité cGT est élevée dans
cette situation. Le syndrome LPAC accompagne fréquemment
cette forme de cholestase gravidique. L’administration d’acide
ursodéoxycholique, dès les premiers symptômes, améliore le
prurit et permet souvent de mener la grossesse à terme avec un
risque minoré de souffrance fœtale.

■ Hyperbilirubinémies
génétiques
[8-10]

Par convention, la bilirubinémie normale est inférieure à
17 µmol/l. Les valeurs moyennes observées chez la femme
(environ 10 µmol/l) sont plus faibles que celles observées chez
l’homme (environ 13 µmol/l). L’hyperbilirubinémie (HB) peut
être le reflet d’une production exagérée ou d’un défaut d’élimination par le foie. L’HB au cours des maladies hépatiques
témoigne de leur sévérité. L’HB est observée chez 5 % à 10 %
de la population générale en l’absence de tout signe d’hémolyse
ou d’atteinte hépatique. Ces HB sont souvent familiales et
comprennent des formes allant de la maladie de Gilbert (MG),
caractérisée par une HB modérée, aux formes sévères de syndrome de Crigler-Najjar (SCN) avec lésions cérébrales (ictère
nucléaire).

Métabolisme de la bilirubine (BR) [8]

(Fig. 3)

La BR est le produit du catabolisme de l’hémoglobine des
globules rouges et des hémoprotéines dans le système réticuloendothélial, principalement dans la rate. Environ 250 mg de
BR sont ainsi formés chaque jour. La BR très lipophile, relarguée
dans le sang, est liée à l’albumine et ne passe pas dans les
urines. Elle est captée au pôle sinusoïdal des hépatocytes par un
¶
détoxification des xénobiotiques tels que rifampicine, tolbutamide, paracétamol, irinotécan et inhibiteurs des protéases antiVIH. L’expression réduite de UGTA1 pourrait expliquer la
susceptibilité aux effets toxiques de ces xénobiotiques.

Hyperbilirubinémies constitutionnelles
Maladie de Gilbert (MG)
MG (ou syndrome de Gilbert) est caractérisée par une élévation modérée et fluctuante de la bilirubinémie sous forme de BR
non conjuguée sans qu’il s’y associe de signes évidents de
maladie hépatique ou d’hyperhémolyse. L’anomalie génétique
se situe dans la TATAA box qui contient sept TA au lieu de six.
Les patients sont homozygotes pour cette mutation appelée
UGTA*28. Certains arguments suggèrent que le phénotype ne
pourrait s’expliquer que par l’existence surajoutée d’anomalie de
la captation hépatique de la BR ou d’une hémolyse infraclinique. Cette maladie ne justifie pas de traitement.

Syndromes de Crigler-Najjar

Figure 3. 250 mg de bilirubine sont formés chaque jour. La bilirubine
non conjuguée fixée à l’albumine est transportée dans l’hépatocyte par les
protéines SLC21A6, OATP2 et OATP-C. La bilirubine est conjuguée à une
puis deux molécules d’acide glucuronique dans le réticulum endoplasmique, puis excrétée dans le canalicule biliaire par MRP2. Le métabolisme
hépatique de la bilirubine est contrôlé par trois facteurs de transcription,
CAR, PXR et FXR. Rif : rifampicine ; Dex : dexaméthasone ; PBal : phénobarbital ; BA : acides biliaires ; B : bilirubine non conjuguée ; B(GA) et
B(GA)2 : bilirubine conjuguée à une et deux molécules d’acides glucuroniques ; OATP : organic anion transporter proteins.

transporteur appartenant à la famille des organic anion transporter proteins (OATP) et se fixe sur des protéines appelées ligandine
et protéine Z. Transportée dans le réticulum endoplasmique, elle
est conjuguée à l’acide glucuronique pour former des mono- et
diglucuronides. L’enzyme responsable est l’uridine diphosphoglucuronate-glucuronosyl transférase (UDP-GT). Cette conjugaison transforme la BR en un composé hydrosoluble capable
d’être excrété dans la bile, voire les urines. Une petite fraction
est prise en charge par la protéine multidrug resistance proteine 3
(MRP3) située à la membrane sinusoïdale et rejetée dans le sang.
Ce transport reverse explique la présence de bilirubine conjuguée
(jusqu’à 7 µmol/l) dans la circulation sanguine. La plus grande
partie de la BR conjuguée est excrétée dans le canalicule biliaire
par MRP2, un transporteur canaliculaire qui assure l’excrétion
de composés sulfatés, glucuronidés ou conjugués au glutathion.
Le transport canaliculaire est l’étape limitante du métabolisme.
Une petite fraction est absorbée dans l’iléon et excrétée dans les
urines sous forme d’urobiline. La conjugaison et le transport
canaliculaire sont positivement régulés par deux facteurs de
transcription, le pregnane X receptor (PXR) et le constitutive
androstane receptor (CAR). La BR stimule sa propre clairance en
activant CAR. La rifampicine et le phénobarbital sont de
puissants activateurs de PXR et CAR respectivement.

Gène UGT1A1 [8]
Le locus UGTA1 est situé dans la région q37 du chromosome
2. Il contient 13 gènes codant les UDP-GT, chacun comprenant
un exon 1 unique et quatre exons communs. Chaque exon a
son propre promoteur où se trouve une TATAA box régulant la
transcription de l’enzyme. La TATAA box contient normalement
6 TA : (TA6) TAA. En cas de mutation affectant l’exon, UDP-GT
est structurellement altérée et inefficace. Si la mutation affecte
la TATAA box du promoteur, l’activité est simplement réduite.
Outre le métabolisme de le BR, UGTA1 est impliqué dans la

Dans le type 1, la BR est très élevée, plus de 300 mg/l. Dans
le type 2, la BR se situe entre 50 et 300 mg/l. Les mutations se
situent au niveau des cinq exons communs codants. Le phénobarbital est capable de diminuer la BR dans le type 2 et peu ou
pas dans le type 1. Dans les deux types, les mutations sont
récessives. Cependant, dans le type 2, certaines mutations
pourraient apparaître comme dominante-négatives. Le traitement des formes majeures avec risque d’atteintes nucléaires
repose sur la photothérapie et la transplantation hépatique.

Ictère physiologique néonatal
La BR non conjuguée peut atteindre des concentrations de
l’ordre de 60 mg/l les 4 jours qui suivent la naissance, mais
revient en moins de 2 semaines à la normale. On attribue cet
ictère physiologique à une immaturité des transporteurs hépatiques ou à une anomalie de l’hématopoïèse.

Ictère au lait maternel
Cet ictère cesse dès la suppression du lait maternel. Il pourrait
être dû à un défaut génétique similaire à celui de la MG,
associée à la présence dans le lait maternel d’inhibiteurs de
l’activité de UDP-GT.

“

Points essentiels

• Les mutations inactivatrices de ATP8B1 (FIC1) sont
responsables de la maladie de Byler ou cholestase familiale
progressive de type 1.
• La maladie de Byler se traduit cliniquement par une
cholestase associée à une activité sérique normale des
cGT.
• Les mutations hétérozygotes de AT8B1 sont en partie
responsables des cholestases récurrentes bénignes.
• Les mutations inactivatrices de ABCB11 sont responsables de la cholestase familiale progressive de type 2.
• Les mutations hétérozygotes de ABCB11 sont en partie
responsables des cholestases récurrentes bénignes.
• Les mutations inactivatrices de ABCB4 sont responsables de la cholestase familiale progressive de type 3.
• Les mutations hétérozygotes de ABCB4 sont
responsables de lithiase biliaire cholestérolique récidivante
chez les sujets jeunes.
• Les mutations hétérozygotes des gènes codant ou
régulant les transporteurs biliaires sont à l’origine des
cholestases gravidiques.
¶
.

Syndrome de Dubin-Johnson [9]
Il s’agit d’une condition bénigne caractérisée par une élévation de la bilirubine conjuguée associée à des tests hépatiques
normaux. Le profil pharmacocinétique de la BSP est caractéristique avec une disparition initiale normale suivie d’une remontée tardive témoignant du défaut de sécrétion canaliculaire. Le
foie est noir à la cœlioscopie du fait de dépôt de lipofuchines
dans les hépatocytes. Le syndrome est associé à des mutations
de MRP2 altérant soit son routage, soit sa fonction.

Syndrome de Rotor
Cet état rarissime combine un défaut de captation et de
transport de la bilirubine. L’anomalie génétique n’est pas
connue.

Implications pharmacologiques
des mutations affectant le métabolisme
de la BR [10]
UGTA1 et MRP2 sont impliquées dans le métabolisme et la
détoxification de certains xénobiotiques. Certains effets indésirables de l’irinotécan, de l’indinavir, de l’atazanavir seraient liés
à des variations alléliques de UGTA1, et en particulier au
génotype UGTA1*28. De même, la diminution de l’activité de
MRP2 pourrait rendre compte d’effets indésirables de certains
xénobiotiques.

■ Références
[1]

Jacquemin E, Hadchouel M. Genetic basis of progressive familial
intrahepatic cholestasis. J Hepatol 1999;31:377-81.
[2] Jansen PL, Muller M. The molecular genetics of familial intrahepatic
cholestasis. Gut 2000;47:1-5.
[3] Pauli-Magnus C, Stieger B, Meier Y, Kullak-Ublick GA, Meier PJ.
Enterohepatic transport of bile salts and genetics of cholestasis.
J Hepatol 2005;43:342-57.
[4] Rosmorduc O, Hermelin B, Poupon R. MDR3 gene defect in adults
with symptomatic intrahepatic and gallbladder cholesterol
cholelithiasis. Gastroenterology 2001;120:1459-67.
[5] Fickert P, Fuchsbichler A, Wagner M, Zollner G, Kaser A, Tilg H, et al.
Regurgitation of bile acids from leaky bile ducts causes sclerosing
cholangitis in Mdr2 (Abcb4) knockout mice. Gastroenterology 2004;
127:261-74.
[6] Riely CA, Bacq Y. Intrahepatic cholestasis of pregnancy. Clin Liver Dis
2004;8:167-76.
[7] Poupon R. Intrahepatic cholestasis of pregnancy: from bedside to bench
to bedside. Liver Int 2005;25:467-8.
[8] Bosma PJ. Inherited disorders of bilirubin metabolism. J Hepatol 2003;
38:107-17.
[9] Corpechot C, Ping C, Wendum D, Matsuda F, Barbu V, Poupon R.
Identification of a novel 97C>G nonsense mutation of the
MRP2/ABCC2gene in a patient with Dubin-Johnson syndrome and
analysis of the effects of rifampicine and ursodeoxycholic acid on
serum bilirubin and bile acids. Am J Gastroenterol 2006;101:2427-32.
[10] Strassburg CP. Pharmacogenetics of Gilbert’s syndrome.
Pharmacogenomics 2008;9:705-15.
Surcharges génétiques en fer
P. Brissot, M. Latournerie, E. Bardou-Jacquet, O. Loréal, A.-M. Jouanolle, Y. Deugnier
Les surcharges génétiques en fer, encore appelées hémochromatoses, correspondent désormais à
plusieurs affections. Elles restent toutefois très largement dominées en fréquence par l’hémochromatose
liée au gène HFE. Leur diagnostic repose essentiellement sur une approche non vulnérante basée sur la
clinique, la biologie et l’imagerie. Leur traitement, longtemps basé sur la simple soustraction sanguine,
s’enrichit d’une possibilité de chélation médicamenteuse orale et surtout de perspectives thérapeutiques
innovantes directement issues des progrès dans la compréhension moléculaire de ces maladies.
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Surcharge en fer ; Hémochromatose ; HFE ; Hepcidine ; Ferroportine ; Hémojuvéline ;
Récepteur de la transferrine ; Fer non lié à la transferrine

Plan
¶ Introduction

1

¶ Nouveau domaine des surcharges génétiques en fer
Hémochromatose liée au gène HFE ou hémochromatose de type 1
Hémochromatoses non liées au gène HFE

1
1
1

¶ Physiopathologie des surcharges génétiques en fer
Mécanismes du développement de la surcharge
Mécanismes de la toxicité cellulaire du fer

2
2
2

¶ Diagnostic des surcharges héréditaires en fer
Évoquer la surcharge en fer
Affirmer la surcharge en fer
Éliminer une surcharge en fer acquise
Établir la nature génétique de la surcharge
Dresser le bilan du retentissement polyviscéral de cette surcharge

2
3
3
4
4
5

¶ Traitement des surcharges héréditaires en fer
Hémochromatose de type 1
Autres hémochromatoses

5
5
6

¶ Conclusion

6

p.Cys282Tyr) [4]. Cette affection est de transmission récessive ;
deux mutations C282Y sont donc nécessaires à son expression
phénotypique. Toutefois, il est désormais bien établi que
l’homozygotie C282Y, si elle est nécessaire, n’est nullement
suffisante à cette expression [5]. Ainsi, il a été rapporté que le
développement d’une surcharge en fer pathologique ne surviendrait que chez environ 1 % des femmes et chez 28 % des
hommes homozygotes [6]. La prévalence de la maladie hémochromatosique est donc sensiblement inférieure à celle de
l’homozygotie C282Y, laquelle est estimée en moyenne à trois
sujets sur mille.
D’autres mutations, dites « mineures », du gène HFE existent
mais ne peuvent à elles seules rendre compte d’un phénotype
hémochromatosique clinique. En particulier, la mutation H63D
(p.His63Asp) correspond à un simple polymorphisme et n’a
donc pas de signification pathologique. Lorsqu’elle est associée
à la mutation C282Y (hétérozygotie composite), tout au plus
entraîne-t-elle une élévation légère des paramètres sériques du
fer [7].

Hémochromatoses non liées au gène HFE
Elles correspondent à des affections rares ou exceptionnelles.

■ Introduction

Hémochromatose de type 2

Les surcharges génétiques en fer, ou hémochromatoses, ont
connu au cours de la période récente un profond remaniement
nosologique lié aux progrès de la biologie et de la génétique
moléculaires. Ce nouveau domaine des surcharges génétiques en
fer a été marqué par de grandes avancées de leurs approches
diagnostique et thérapeutique.

■ Nouveau domaine des surcharges
génétiques en fer
[1-3]

Hémochromatose liée au gène HFE
ou hémochromatose de type 1
Elle est due à une mutation majeure du gène HFE localisé sur
le chromosome 6, dénommée C282Y (nouvelle nomenclature :

Aussi appelée hémochromatose juvénile, cette affection
touche les adolescents ou adultes de moins de 30 ans et atteint
particulièrement les sphères cardiaque et endocrinienne. Elle est
liée à des mutations des gènes codant l’hémojuvéline (chromosome 1) [8] ou l’hepcidine (chromosome 19) [9].

Hémochromatose de type 3
Due à des mutations du gène du récepteur de la transferrine
de type 2 (RTF2) (chromosome 7) [10], elle peut donner lieu à un
tableau hémochromatosique mimant soit l’hémochromatose de
type 1 (sujet adulte), soit celle de type 2 (sujet jeune).

Hémochromatose de type 4
En rapport avec des mutations du gène SLC40A1 (chromosome 2) codant la ferroportine [11, 12], cette entité est moins rare
¶
que les hémochromatoses de types 2 et 3. Encore appelée
maladie de la ferroportine et seule forme d’hémochromatose à
transmission dominante, elle correspond, dans son expression la
plus fréquente, à une hyperferritinémie avec normalité du taux
de saturation de la transferrine plasmatique et surcharge en fer
à dominante macrophagique.

Mutations HFE (type 1)
ou non HFE (type 2 ou 3)

1

Foie

Acéruloplasminémie ou hypocéruloplasminémie
héréditaire

Hepcidine
4

Cette forme de surcharge en fer est due à des mutations du
gène de la céruloplasmine (chromosome 3) [13]. Elle entraîne,
par le biais d’une inhibition totale de la production de la
protéine (acéruloplasminémie) et/ou de son activité ferroxydase
(hypocéruloplasminémie) [14] , un tableau qui associe, à la
surcharge viscérale en fer, une hyposidérémie, une anémie et
des signes neurologiques.

Rate

7
2
5
6
FER
Sang

Autres surcharges héréditaires en fer
3

Elles sont rarissimes et correspondent à des affections anciennes telles que l’atransferrinémie héréditaire [15], ou de description récente comme les surcharges liées à des mutations des
gènes SLC11A2 codant divalent metal transporter 1 (DMT1) [16-18]
et GLRX5 codant la glutarédoxine [19].

“

Point fort

Les surcharges génétiques en fer correspondent à
plusieurs entités qui restent, chez le Caucasien, largement
dominées par l’hémochromatose liée au gène HFE.

Duodénum
8
Figure 1. Mécanisme de développement de la surcharge en fer dans les
hémochromatoses de types 1, 2 et 3 (d’après [3]). 1. Les mutations
diminuent la production hépatique d’hepcidine ; 2. diminution de l’hepcidinémie ; 3. augmentation de l’absorption duodénale du fer ; 4. diminution de l’hepcidinémie ; 5. augmentation de la libération du fer des
macrophages spléniques ; 6. hypersidérémie ; 7. hypercaptation hépatique du fer ; 8. surcharge hépatocytaire en fer (vue microscopique ;
coloration de Perls).

Déficit en ferroportine

■ Physiopathologie des surcharges
génétiques en fer

Il est en cause au cours de l’hémochromatose de type 4 et
dans l’a- (ou hypo-) céruloplasminémie. En effet, dans ces deux
affections, il se produit une rétention de fer intracellulaire du
fait d’une altération de la fonction d’export du fer assurée par
la ferroportine.

Mécanismes du développement
de la surcharge

Mécanismes de la toxicité cellulaire du fer

Deux mécanismes principaux sont à considérer [1].

Déficit en hepcidine

.

Il rend compte du développement de l’excès [20] en fer dans
les hémochromatoses 1, 2, et 3 (Fig. 1).
Il correspond à une diminution du niveau sérique d’hepcidine, conséquence d’une diminution de la synthèse hépatique
d’hepcidine active [21-23]. Il peut s’agir soit d’une absence de
synthèse comme dans l’hémochromatose juvénile (par mutation
du gène de l’hepcidine), soit d’une baisse de production
hépatique du fait d’une inhibition de la cascade de signalisation
moléculaire qui conduit à la synthèse hépatocytaire de l’hepcidine comme dans les hémochromatoses 1, 2 et 3. Cette hypohepcidinémie entraîne une augmentation de la concentration
plasmatique du fer en favorisant d’une part l’absorption
duodénale du fer, d’autre part la sortie dans le plasma du fer
splénique provenant de la dégradation physiologique des
globules rouges. Cette hypersidérémie contribue à une augmentation du taux de saturation de la transferrine et lorsque ce taux
dépasse 45 %, apparaît au niveau circulant une forme de fer
appelée « fer non lié à la transferrine » (FNLT) [24, 25]. Ce type de
fer a la particularité d’être très avidement capté par les diverses
cellules parenchymateuses, en particulier hépatiques
(c’est-à-dire les hépatocytes) [26], pancréatiques et cardiaques [27],
expliquant la surcharge en fer viscérale de ce type d’hémochromatose [28, 29].

Lorsque le taux de saturation de la transferrine dépasse 75 %,
apparaît une composante spéciale du fer non liée à la transferrine, appelée labile plasma iron (LPI) [30-32]. Ce LPI est de grande
importance dans la mesure où il représente la forme potentiellement toxique du fer circulant. Il correspond en effet à un fer
qui génère des espèces radicalaires oxygénées potentiellement
cytotoxiques. Ce mécanisme explique sans doute pourquoi le
dommage viscéral semble globalement plus marqué dans les
hémochromatoses 1, 2, 3 (formes à fer plasmatique élevé) que
dans l’hémochromatose 4 (forme à fer plasmatique bas).

“

Point fort

Les surcharges génétiques en fer impliquent deux grands
mécanismes pour expliquer l’excès en fer : l’insuffisance
en hepcidine ou l’insuffisance en ferroportine.

■ Diagnostic des surcharges
héréditaires en fer
Il comporte cinq étapes successives [1] (Fig. 2).
¶

Suspicion d'hémochromatose HFE (type 1)

Tableau 1.
Hyperferritinémies en théorie.
Hyperferritinémies avec surcharge en fer
Primitives : surcharges génétiques
Hémochromatoses (1, 2, 3, 4)

Augmentation du taux de saturation
de la transferrine (souvent > 60 %)

Acéruloplasminémie
Secondaires
Transfusions érythrocytaires multiples (surcharge marquée)

C282Y/C282Y

Autres causes (surcharge modérée) :
- syndrome polymétabolique
- cirrhose alcoolique

Ferritine/IRM
(quantification
de la surcharge)

- porphyrie cutanée tardive
- supplémentation en fer parentéral (hémodialysés)
Hyperferritinémie sans surcharge en fer
Syndrome inflammatoire

Bilan polyviscéral
et classification
en cinq grades

Maladies inflammatoires chroniques (maladie de Still)
Maladies infectieuses
Cytolyses

Quel que soit
le grade (1-4)

Grade > 2

Hépatopathies aiguës ou chroniques
Hémopathies malignes
Syndromes hémophagocytaires (activation macrophagique)

Enquête familiale

Saignées

Autres causes
Diabète

Figure 2. Arbre décisionnel. Stratégie de prise en charge d’un patient
atteint d’hémochromatose de type 1 (C282Y/C282Y). IRM : imagerie par
résonance magnétique.

Évoquer la surcharge en fer

.

Hors de la circonstance bien particulière d’un bilan systématique effectué dans le sillage de la découverte d’une surcharge
en fer au sein d’une famille, de nombreuses situations peuvent,
chez un sujet donné, correspondre à l’expression d’une surcharge en fer.
Les principaux points d’appel cliniques sont : la fatigue
chronique (qui peut être à composante sexuelle chez l’homme),
les douleurs ostéoarticulaires chroniques (arthrites diverses, très
évocatrices d’hémochromatose de type 1 lorsqu’elles touchent
les 2e et 3e métacarpophalangiennes, voire les hanches [33],
lombalgies dues à l’ostéoporose), une mélanodermie, une
hépatomégalie, un diabète, des troubles du rythme cardiaque,
voire une insuffisance cardiaque.
Biologiquement, toute hypertransaminasémie chronique
inexpliquée doit, lorsqu’elle est modérée (inférieure à 3 fois la
limite supérieure de la normale), faire penser à une surcharge en
fer. Mais c’est surtout l’hyperferritinémie (taux supérieur à
300 µg/l chez l’homme et à 200 µg/l chez la femme) qui, en
pratique, fait évoquer la surcharge. Il est impératif d’interpréter
correctement cette hyperferritinémie (Tableaux 1, 2), c’està-dire de ne lui attribuer la signification d’une surcharge en fer
qu’après avoir éliminé les quatre principales situations qui
peuvent provoquer une élévation de ce paramètre sans que pour
autant un excès en fer de l’organisme soit en cause : la cytolyse
(surtout lorsqu’elle est majeure), l’inflammation (ici aussi
lorsqu’elle est très marquée), le dysmétabolisme (en particulier
avec diabète) et l’alcoolisme (penser au sigle CIDA). L’anémie
est aussi une circonstance pouvant conduire à la découverte
d’une surcharge en fer.

Affirmer la surcharge en fer
C’est une étape qui est malheureusement parfois omise, la
tendance étant d’attribuer systématiquement à une hyperferritinémie la signification d’un excès viscéral en fer. L’affirmation de cette surcharge viscérale (hépatique et/ou splénique)

Dysthyroïdie
Maladie de Gaucher
Mutations du gène de la L-ferritine (avec ou sans cataracte)

Tableau 2.
Hyperferritinémie en pratique.
Causes les plus fréquentes
Surcharge en fer
Inflammation
Alcool
Syndrome polymétabolique
Cytolyse
Bilan pratique (hors examen clinique)
Première ligne : glycémie, uricémie, cholestérolémie, triglycéridémie,
sidérémie, saturation de la transferrine, CRP, NFS (Hb, VGM), GGT,
ASAT, ALAT
Deuxième ligne : mutation C282Y (uniquement si saturation élevée) ;
CPK
Troisième ligne : IRM (fer), céruloplasminémie, tests génétiques spécifiques
CRP : C-reactive protein ; NFS : numération-formule sanguine ; Hb : hémoglobine ;
VGM : volume globulaire moyen ; GGT : gamma-glutamyl-transpeptidase ;
ASAT : aspartate aminotransférase ; ALAT : alanine aminotransférase ; CPK :
créatine phosphokinase ; IRM : imagerie par résonance magnétique.

passe désormais par la réalisation d’une imagerie par résonance
magnétique (IRM). Pour ce faire, il suffit que le radiologue,
sans équipement spécifique, recoure à la formule de calcul
proposée sur le site web : www.radio.univ-rennes1.fr. Cette
formule concerne la quantification de la charge en fer au niveau
du foie, mais il ne faut pas oublier de prendre en compte la
présence éventuelle d’un excès de fer au niveau de la rate qui est
l’autre organe majeur de stockage du fer. La base de l’intérêt de
l’IRM pour l’évaluation de la charge en fer est que ce métal
entraîne de manière spécifique un hyposignal en T2, hyposignal
d’autant plus marqué (c’est-à-dire correspond à un assombrissement de l’image hépatique d’autant plus intense) que l’excès
viscéral en fer est plus important [34, 35]. Normalement, la
concentration hépatique en fer (CHF) est inférieure à 40 µmol/g.
¶
Tableau 3.
Grandes causes de surcharge en fer.
Surcharges acquises
Transfusions (anémies chroniques)
Apports oraux ou parentéraux excessifs
Cirrhoses évoluées
Surcharges génétiques
Hémochromatose de type 1 (mutation HFE)
Hémochromatose de type 2 (juvénile) (par mutation hémojuvéline ou
hepcidine)
Hémochromatose de type 3 (par mutation RTF2)
Hémochromatose de type 4 (par mutation ferroportine)
Acéruloplasminémie héréditaire
RTF2 : récepteur de la transferrine de type 2.

L’excès en fer peut être considéré comme modéré en dessous de
120 µmol/g, marqué de 120 à 250 µmol/g et majeur au-delà.
On voit que la grande caractéristique de cette étape d’affirmation de la surcharge est d’être devenue non vulnérante. C’est
dire que le recours à la ponction-biopsie hépatique est devenu,
dans cette indication, très limité.

Éliminer une surcharge en fer acquise
Les causes acquises de surcharge en fer sont, de loin, les plus
fréquentes. Il est indispensable de les considérer attentivement
avant d’engager le diagnostic vers une surcharge héréditaire
(Tableau 3). Le diagnostic différentiel s’appuie principalement
sur l’importance de la surcharge et son contexte clinique.

Surcharges importantes (CHF > 120 µmol/g)
Elles s’accompagnent d’ordinaire d’une élévation de la
saturation de la transferrine et sont principalement liées à :
• la cirrhose du foie qui, quelle qu’en soit la cause, est susceptible de se compliquer, à un stade évolué, d’une surcharge
parenchymateuse parfois majeure [36, 37] en lien probable avec
l’hypotransferrinémie et l’hypohepcidinémie induites par
l’insuffisance hépatocellulaire [38] ;
• certaines formes d’anémie chronique : myélodysplasies (en
particulier l’anémie sidéroblastique avec ring-sidéroblastes) [39],
thalassémies et drépanocytose. Dans ces affections, la surcharge en fer se développe par deux mécanismes principaux :
C la dysérythropoïèse responsable, par le biais d’une hyperproduction du facteur de croissance growth differentiation 15
(GDF15) [40], d’une hypohepcidinémie, elle-même à l’origine d’une surcharge parenchymateuse (hépatocytaire) ;
c’est ce premier mécanisme qui explique qu’un excès en fer
puisse être observé dans ces conditions hématologiques
avant même toute transfusion,
C l’apport transfusionnel, chaque culot transfusé apportant
200 à 250 mg de fer qui restent stockés dans l’organisme
du fait de l’incapacité du corps humain à éliminer le fer
qui lui parvient en excès ; la surcharge devient alors vite
macrophagique (donc surtout splénique).

Surcharges modérées (CHF < 120 µmol/g)
Ces surcharges s’accompagnent d’une saturation de la transferrine peu augmentée, normale, voire abaissée. Le plus souvent,
elles sont surestimées par le dosage de la ferritinémie, ce qui
souligne la nécessité de disposer d’une évaluation directe de
l’excès de fer par l’IRM, la biopsie ou la méthode rétrospective
des saignées afin de ne pas engager à tort le diagnostic vers une
cause génétique. Elles se développent dans quatre contextes
principaux :
• dans le contexte d’une supplémentation excessive en fer
(parfois associée à la vitamine C), une surcharge iatrogène

doit être discutée, surtout chez les sujets pratiquant un sport
d’endurance à un haut niveau (cyclistes, marathoniens,
etc.) [41] ;
• dans le contexte d’anomalies métaboliques, l’hyperferritinémie est une anomalie fréquente (on parle d’hyperferritinémie
dysmétabolique) qui ne témoigne qu’inconstamment d’un
réel excès de fer (on parle alors d’hépatosidérose dysmétabolique) [42, 43]. L’hépatosidérose dysmétabolique est évoquée
devant l’aspect mixte (dépôts hépatocytaires périportaux et
surcharge kupfférienne diffuse) de la surcharge et l’existence
d’un syndrome polymétabolique (hypertension artérielle,
surpoids androïde, dyslipidémie, diabète, etc.) associé,
fréquemment mais non toujours, à une stéatohépatite [44]. Sa
physiopathologie n’est pas connue mais un trouble primitif
du métabolisme de l’hepcidine ne semble pas en cause [45] ;
• dans le contexte d’une hépatopathie chronique non cirrhotique, l’hyperferritinémie est fréquente, en lien avec l’activité
nécrotico-inflammatoire. Elle peut toutefois témoigner d’une
authentique surcharge en fer, en règle mixte et discrète [46],
sous la dépendance de la cause de la maladie de foie : virus
et alcool (en partie par le biais d’une action inhibitrice sur la
synthèse d’hepcidine [47, 48]) et syndrome métabolique, le plus
souvent ;
• dans le contexte de manifestations cutanées (bullose, cicatrices dépigmentées, etc.), une porphyrie cutanée tardive doit
être évoquée.

Établir la nature génétique de la surcharge
Outre l’absence de cause acquise, deux ordres d’arguments,
complémentaires, peuvent étayer cette origine génétique.

Éléments familiaux, connus ou suggestifs,
de surcharge en fer
Ces données familiales concernent avant tout la fratrie, la
majorité de ces surcharges héréditaires étant de transmission
récessive. Une exception cependant est représentée par l’hémochromatose de type 4 (maladie de la ferroportine) dont le mode
de transmission est dominant avec, en conséquence, possibilité
de détecter des anomalies (en particulier une hyperferritinémie
avec saturation de la transferrine normale ou basse) au niveau
des parents du premier degré.

Éléments personnels
Si certaines données de terrain et de clinique peuvent orienter
(exclusion d’une hémochromatose de type 1 chez un sujet non
caucasien, possibilité d’hémochromatose juvénile chez un
patient de moins de 30 ans, possibilité d’acéruloplasminémie en
cas d’anémie et/ou de signes neurologiques...), le pivot de la
démarche diagnostique est fourni par le taux de fer (ou de
saturation de la transferrine) plasmatique (Fig. 3) :
• si ce taux est élevé (théoriquement plus de 45 % mais, en
fait, souvent plus de 60 %, voire plus de 80 %), le diagnostic
d’hémochromatose par déficit en hepcidine est très probable.
En pratique, il convient, chez un sujet de race blanche, de
commencer par la recherche (sur un prélèvement sanguin ou
salivaire) de la mutation C282Y qui reviendra positive à l’état
homozygote en cas d’hémochromatose de type 1. Si cette
recherche est négative (ou n’a pas été faite car le patient
n’était pas caucasien), il convient de demander, chez un sujet
adulte de plus de 30 ans, la recherche d’une mutation du
gène de RTF2 et, chez un sujet de moins de 30 ans, une
éventuelle mutation des gènes de l’hémojuvéline, de l’hepcidine ou de TRF2 ;
• si le taux de saturation n’est pas élevé, voire bas (< 45 %), il
convient de demander un dosage de la céruloplasminémie
qui montre un taux indétectable en cas d’acéruloplasminémie. En cas d’hypocéruloplasminémie, c’est l’effondrement de
l’activité ferroxydase plasmatique qui permet de poser le
diagnostic.
Ces études génétiques, hors celles concernant le gène HFE,
sont très spécialisées et requièrent des structures dûment
¶

= Inflammation

CRP ?

N

N

Ferritine

Fer
hépatique ?
(IRM)

Sat.Tf ?

± Dysmétabolisme
Alcoolisme
++ Ferroportine

0

L- ferritine
(cataracte)

= Hépatite aiguë ou cirrhose sévère
Transa ?

N
Anémie

Oui

= Hémo HFE

Non

= Hémo non HFE

Hb
N = Hémo

C282Y/C282Y ?

Surcharge
transfusionnelle

Figure 3. Organigramme du diagnostic d’une hyperferritinémie. Sat. Tf : saturation de la transferrine ; Transa : transaminases ; Hb : hémoglobine ;
Hémo : hémochromatose ; N : normal ; CRP : C-reactive protein.

4
Risque
vital
3
Qualité
de vie

Qualité
de vie

Ferritine

Ferritine

Ferritine

Sat.Tf

Sat.Tf

Sat.Tf

ferritinémie (> 300 µg/l chez l’homme et > 200 µg/l chez la
femme) sans toutefois de signes cliniques ; les stades 3 et
4 correspondent à l’apparition de signes cliniques, lesquels pour
le stade 3 affectent la qualité de vie (asthénie chronique,
impuissance, arthropathies) et pour le stade 4 compromettent le
pronostic vital (cirrhose avec risque de carcinome hépatocellulaire, de diabète insulinodépendant, de cardiomyopathie).
Cette classification permet de définir les modalités de prise en
charge (nature des examens à surveiller, fréquence de ces
contrôles).

2

1
Sat.Tf

“

Point fort

0

Figure 4. Classification de l’expression phénotypique de l’hémochromatose liée à HFE (d’après [1]). Sat. Tf : saturation de la transferrine.

labellisées telles que celles en lien avec le Centre de référence
des surcharges en fer rares d’origine génétique (centre hospitalier universitaire Pontchaillou, Rennes) : http://resmed.univrennes1.fr/crefer).

Dresser le bilan du retentissement
polyviscéral de cette surcharge
Ce bilan permet, dans l’hémochromatose de type 1 (et par
extension dans les hémochromatoses par déficit en hepcidine),
de classer la maladie en cinq stades de gravité croissante [1, 49]
(Fig. 4). Le stade 0 correspond à l’absence de toute expression
clinicobiologique, le stade 1 à une simple augmentation du taux
de saturation de la transferrine (> 45 %, en fait souvent > 60 %
chez l’homme et à 50 % chez la femme), le stade 2 à l’augmentation conjointe des taux de saturation de la transferrine et de

Poser le diagnostic de surcharge génétique en fer repose
sur une démarche non vulnérante associant clinique,
biologie et imagerie (IRM).

■ Traitement des surcharges
héréditaires en fer
Hémochromatose de type 1
Seul est considéré le traitement de la surcharge en fer
elle-même.
Les saignées constituent le traitement de référence [49]. Elles
ont démontré leur efficacité sur la survie des patients et la
régression (variable) de certaines des complications associées à
la surcharge martiale. Ce traitement, débuté précocement,
permet d’éviter l’installation de complications.

Indications du traitement par saignées
C’est à partir du stade 2, c’est-à-dire lorsque le sujet homozygote pour C282Y présente une augmentation du taux de
¶
ferritinémie (> 300 µg/l chez l’homme et > 200 µg/l chez la
femme), qu’il y ait des signes cliniques (stade 3 ou 4) ou non
(stade 2), que l’indication de la réalisation de saignées se trouve
posée.
Avant de les débuter, il convient de s’assurer de l’absence de
contre-indications. Ces contre-indications peuvent être permanentes (toute pathologie susceptible de menacer la santé du
patient à l’occasion de la saignée, anémie sidéroblastique et
autre anémie centrale non carentielle, thalassémie majeure,
cardiopathies sévères ou décompensées non dues à l’hémochromatose) ou temporaires (anémie par carence martiale
inférieure à 11 g/dl, hypotension artérielle - pression artérielle
systolique inférieure à 100 mmHg -, artériopathie oblitérante
sévère des membres inférieurs, antécédents d’ischémie aiguë
artérielle d’origine thrombotique d’un membre ou d’accident
vasculaire cérébral récents [moins de 6 mois], fréquence cardiaque inférieure à 50 ou supérieure à 100 battements/min,
grossesse, réseau veineux très insuffisant ou inaccessible
[membre supérieur]), la survenue d’une pathologie intercurrente
entraînant une altération de l’état général.

Modalités pratiques de réalisation et de suivi
des saignées
Volume des saignées
Le volume de sang maximal à prélever recommandé varie
avec le poids (7 ml/kg) sans dépasser 550 ml par saignée. Ce
volume doit être adapté à la tolérance du patient, à son âge, à
son état de santé (notamment à sa fonction cardiaque).
Fréquence et durée des saignées
En phase d’induction (correspondant à l’élimination de
l’excès en fer), la fréquence est en règle hebdomadaire mais doit
être adaptée à l’importance de la surcharge en fer et à la
tolérance du traitement, la fréquence pouvant ainsi aller de
deux à quatre saignées par mois. La durée est fonction de
l’atteinte de l’objectif qui est l’obtention d’un taux de ferritinémie de l’ordre de 50 µg/l. En phase d’entretien (correspondant
à l’évitement de la reconstitution de la surcharge), il est
recommandé d’effectuer une saignée régulièrement tous les 2,
3 ou 4 mois (à adapter en fonction des patients) afin de
maintenir la ferritinémie stable vers 50 µg/l. La durée est
théoriquement illimitée, le traitement déplétif ne traitant bien
sûr nullement la prédisposition génétique à la surcharge en fer.

Suivi des saignées
• Au plan de l’efficacité : en phase d’induction, il est recommandé que le contrôle de la ferritinémie soit mensuel (toutes
les quatre saignées) jusqu’à l’atteinte de la borne supérieure
de la normalité, soit 300 µg/l chez l’homme et 200 µg/l chez
la femme. Au-dessous de ces valeurs, un contrôle de la
ferritinémie toutes les deux saignées est recommandé. En
pratique, ces contrôles sont réalisés sur la tubulure en
dérivation de la poche. En phase d’entretien, la ferritinémie
est à contrôler toutes les deux saignées quel que soit l’espacement de celles-ci.
• Au plan de la tolérance : cliniquement, une évaluation est
conseillée comportant au minimum la vérification de la
bonne tolérance de la saignée précédente, de l’absence de
contre-indications pour une nouvelle saignée et un contrôle
de la pression artérielle. Biologiquement, une hémoglobinémie inférieure à 11 g/dl doit conduire à la suspension
transitoire des saignées.

Conseil génétique
Les principales recommandations de la Haute Autorité de
santé (HAS) [49] sont ici rappelées.
N’étant pas autorisé à contacter lui-même les apparentés du
probant, le médecin doit informer personnellement celui-ci sur
la maladie, lui préciser les avantages et les inconvénients d’une
démarche de dépistage pour les membres de sa famille et des
probabilités pour chacun d’entre eux d’être homozygote ou
d’être malade et lui demander d’informer tous les membres
(majeurs) de sa fratrie sur l’opportunité d’entreprendre un
contrôle des marqueurs du fer et du test HFE (mutation C282Y).
Dans la mesure où aucun traitement n’est attendu chez le
sujet mineur, il n’est pas légitime de réaliser chez lui un bilan
génétique. Tout au plus peut-on prévoir vers l’âge de 15 ans un
contrôle du taux de saturation de la transferrine et de la
ferritine. En cas de demande pressante des parents de connaître
le statut génétique de leur(s) enfant(s) mineur(s), il peut être
proposé de génotyper le conjoint du probant (en gardant à
l’esprit, si le probant est la mère, que l’interprétation du résultat
n’est valable qu’en cas de paternité biologique).

Autres hémochromatoses
Seules sont indiquées les particularités de la prise en charge
des surcharges génétiques en fer non liées au gène HFE (Fig. 2).

Lieu des saignées

Hémochromatoses de types 2 et 3

Les saignées peuvent être réalisées en centre hospitalier, dans
un Établissement français du sang, en cabinet médical ou
hospitalier. La prise en charge à domicile :
• peut être proposée en cas d’éloignement du patient d’une
structure de soins habilitée ou à la demande de celui-ci, par
exemple en vue d’une amélioration attendue de son observance ;
• est contre-indiquée en cas d’insuffisance cardiaque ou de
cardiopathie décompensée, de mauvais état général, d’antécédents de malaises à l’occasion de prélèvements sanguins
ayant nécessité l’intervention d’un médecin ;
• concerne essentiellement la phase d’entretien ;
• peut être acceptée en phase d’induction mais uniquement
après que les cinq premières saignées ont été effectuées dans
une des structures de soins précédentes (car les éventuels
problèmes de tolérance générale se situent habituellement au
début de la mise en route du traitement déplétif) ;
• implique une surveillance constante par une infirmière et la
possibilité d’intervention rapide d’un médecin ;
• doit s’accompagner de l’élaboration d’un projet thérapeutique
écrit entre les différents partenaires médicaux et paramédicaux assurant la prise en charge du patient. Le carnet de
suivi, élaboré par la Caisse national d’assurance maladie des
travailleurs salariés (CNAM-TS), constitue à cet égard un outil
pratique.

Les saignées restent la thérapeutique de référence, le recyclage
du fer à partir des zones de stockage se faisant aisément
(puisque la protéine d’export, la ferroportine, n’est pas affectée).
En cas de surcharge massive, comme il est observé dans les
hémochromatoses juvéniles, l’adjonction d’un nouveau chélateur oral du fer, le déférasirox (Exjade®) [50], peut désormais être
considérée afin de raccourcir la phase d’induction.

Hémochromatose de type 4
(maladie de la ferroportine)
Le traitement par saignées peut ici poser problème en raison
de l’altération de la fonction d’export de la ferroportine qui est
responsable d’un recyclage médiocre du fer à partir des sites de
stockage, exposant ainsi les sujets saignés au risque d’anémie. Le
déférasirox pourrait donc être indiqué. Le même problème se
trouve posé, mais avec plus d’acuité, dans l’a- (hypo-) céruloplasminémie où l’existence d’une anémie contre-indique ce
traitement.

■ Conclusion
Le domaine des surcharges génétiques a donc connu dans la
période récente de profonds bouleversements. Le champ des
¶

“

Point fort

La saignée demeure la base du traitement des surcharges
génétiques par insuffisance en hepcidine.

affections en cause s’est élargi et les moyens d’en faire le
diagnostic se sont affinés grâce aux progrès de la biologie et de
l’imagerie. Pour la plupart des entités concernées, la saignée
reste un moyen simple et performant pour éliminer le fer en
excès. Mais les progrès de la compréhension moléculaire de ces
maladies ouvrent désormais, en cas d’hepcidinodéficience, des
perspectives thérapeutiques nouvelles. En effet, en normalisant
le métabolisme du fer par restauration d’une normohepcidinémie, il deviendra possible de prévenir le développement et/ou
la reconstitution de la surcharge viscérale en fer.

Remerciements : Cet article a été réalisé en partie grâce au soutien du contrat
européen EEC FP6 Euroiron1, LSHM-CT-2006-037296 et du Centre de
dépistage des surcharges en fer rares d’origine génétique (Rennes).
.

■ Références
[1]

[2]
[3]
[4]

[5]

[6]

[7]

[8]

[9]

[10]

[11]

[12]

[13]
[14]

[15]

Brissot P, Troadec MB, Bardou-Jacquet E, Lan CL, Jouanolle AM,
Deugnier Y, et al. Current approach to hemochromatosis. Blood Rev
2008;22:195-210.
Pietrangelo A. Inherited metabolic disease of the liver. Curr Opin
Gastroenterol 2009;25:209-14.
Brissot P. Haemochromatoses. New understanding, new treatments.
Gastroenterol Clin Biol 2009;33:859-67.
Feder JN, Gnirke A, Thomas W, Tsuchihashi Z, Ruddy DA, Basava A,
et al. A novel MHC class I-like gene is mutated in patients with
hereditary haemochromatosis. Nat Genet 1996;13:399-408.
Beutler E, Felitti VJ, Koziol JA, Ho NJ, Gelbart T. Penetrance of
845G--> A (C282Y) HFE hereditary haemochromatosis mutation in
the USA. Lancet 2002;359:211-8.
Allen KJ, Gurrin LC, Constantine CC, Osborne NJ, Delatycki MB,
Nicoll AJ, et al. Iron-overload-related disease in HFE hereditary
hemochromatosis. N Engl J Med 2008;358:221-30.
Gurrin LC, Bertalli NA, Dalton GW, Osborne NJ, Constantine CC,
McLaren CE, et al. HFE C282Y/H63D compound heterozygotes are at
low risk of hemochromatosis-related morbidity. Hepatology 2009;50:
94-101.
Papanikolaou G, Samuels ME, Ludwig EH, MacDonald ML,
Franchini PL, Dube MP, et al. Mutations in HFE2 cause iron overload
in chromosome 1q-linked juvenile hemochromatosis. Nat Genet 2004;
36:77-82.
Roetto A, Papanikolaou G, Politou M, Alberti F, Girelli D, Christakis J,
et al. Mutant antimicrobial peptide hepcidin is associated with severe
juvenile hemochromatosis. Nat Genet 2003;33:21-2.
Camaschella C, Roetto A, Cali A, De Gobbi M, Garozzo G, Carella M,
et al. The gene TFR2 is mutated in a new type of haemochromatosis
mapping to 7q22. Nat Genet 2000;25:14-5.
Montosi G, Donovan A, Totaro A, Garuti C, Pignatti E, Cassanelli S,
et al.Autosomal-dominant hemochromatosis is associated with a mutation in the ferroportin (SLC11A3) gene. J Clin Invest 2001;108:619-23.
Njajou OT, Vaessen N, Joosse M, Berghuis B, van Dongen JW,
Breuning MH, et al. A mutation in SLC11A3 is associated with
autosomal dominant hemochromatosis. Nat Genet 2001;28:213-4.
Miyajima H, Takahashi Y, Kono S. Aceruloplasminemia, an inherited
disorder of iron metabolism. Biometals 2003;16:205-13.
Kono S, Suzuki H, Takahashi K, Takahashi Y, Shirakawa K,
Murakawa Y, et al. Hepatic iron overload associated with a decreased
serum ceruloplasmin level in a novel clinical type of
aceruloplasminemia. Gastroenterology 2006;131:240-5.
Knisely AS, Gelbart T, Beutler E. Molecular characterization of a third
case of human atransferrinemia. Blood 2004;104:2607.

[16] Mims MP, Guan Y, Pospisilova D, Priwitzerova M, Indrak K, Ponka P,
et al. Identification of a human mutation of DMT1 in a patient with
microcytic anemia and iron overload. Blood 2005;105:1337-42.
[17] Beaumont C, Delaunay J, Hetet G, Grandchamp B, de
Montalembert M, Tchernia G. Two new human DMT1 gene mutations
in a patient with microcytic anemia, low ferritinemia, and liver iron
overload. Blood 2006;107:4168-70.
[18] Iolascon A, d’Apolito M, Servedio V, Cimmino F, Piga A,
Camaschella C. Microcytic anemia and hepatic iron overload in a child
with compound heterozygous mutations in DMT1 (SCL11A2). Blood
2006;107:349-54.
[19] Camaschella C, Campanella A, De Falco L, Boschetto L, Merlini R,
Silvestri L, et al. The human counterpart of zebrafish shiraz shows
sideroblastic-like microcytic anemia and iron overload. Blood 2007;
110:1353-8.
[20] Andrews NC. Forging a field: the golden age of iron biology. Blood
2008;112:219-30.
[21] Pigeon C, Ilyin G, Courselaud B, Leroyer P, Turlin B, Brissot P, et al. A
new mouse liver-specific gene, encoding a protein homologous to
human antimicrobial peptide hepcidin, is overexpressed during iron
overload. J Biol Chem 2001;276:7811-9.
[22] Viatte L, Vaulont S. Hepcidin, the iron watcher. Biochimie 2009;91:
1223-8.
[23] Loreal O, Haziza-Pigeon C, Troadec MB, Detivaud L, Turlin B,
Courselaud B, et al. Hepcidin in iron metabolism. Curr Protein Pept Sci
2005;6:279-91.
[24] Hershko C, Graham G, Bates GW, Rachmilewitz EA. Non-specific
serum iron in thalassaemia: an abnormal serum iron fraction of
potential toxicity. Br J Haematol 1978;40:255-63.
[25] Hider RC. Nature of nontransferrin-bound iron. Eur J Clin Invest 2002;
32(suppl1):50-4.
[26] Brissot P, Wright TL, Ma WL, Weisiger RA. Efficient clearance of nontransferrin-bound iron by rat liver. Implications for hepatic iron loading
in iron overload states. J Clin Invest 1985;76:1463-70.
[27] Craven CM, Alexander J, Eldridge M, Kushner JP, Bernstein S,
Kaplan J. Tissue distribution and clearance kinetics of non-transferrinbound iron in the hypotransferrinemic mouse: a rodent model for
hemochromatosis. Proc Natl Acad Sci USA 1987;84:3457-61.
[28] Babitt JL, Huang FW, Wrighting DM, Xia Y, Sidis Y, Samad TA, et al.
Bone morphogenetic protein signaling by hemojuvelin regulates
hepcidin expression. Nat Genet 2006;38:531-9.
[29] Wang R, Li C, Xu X, Zheng Y, Xiao C, Zerfas P, et al. A role of SMAD4
in iron metabolism through the positive regulation of hepcidin expression. Cell Metab 2005;2:399-409.
[30] Esposito BP, Breuer W, Sirankapracha P, Pootrakul P, Hershko C,
Cabantchik ZI. Labile plasma iron in iron overload: redox activity and
susceptibility to chelation. Blood 2003;102:2670-7.
[31] Le Lan C, Loreal O, Cohen T, Ropert M, Glickstein H, Laine F, et al.
Redox active plasma iron in C282Y/C282Y hemochromatosis. Blood
2005;105:4527-31.
[32] Cabantchik ZI, Breuer W, Zanninelli G, Cianciulli P. LPI-labile plasma
iron in iron overload. Best Pract Res Clin Haematol 2005;18:277-87.
[33] Duval H, Lancien G, Marin F, Ropars M, Guggenbuhl P, Chales G. Hip
involvement in hereditary hemochromatosis: a clinical-pathologic
study. Joint Bone Spine 2009;76:412-5.
[34] Gandon Y, Olivié D, Guyader D, Aubé C, Oberti F, Sebille V, et al.
Non-invasive assessment of hepatic iron stores by MRI. Lancet 2004;
363:338-43.
[35] St Pierre TG, Clark PR, Chua-anusorn W, Fleming AJ, Jeffrey GP,
Olynyk JK, et al. Noninvasive measurement and imaging of liver iron
concentrations using proton magnetic resonance. Blood 2005;105:
855-61.
[36] Deugnier Y, Turlin B, le Quilleuc D, Moirand R, Loreal O, Messner M,
et al. A reappraisal of hepatic siderosis in patients with end-stage
cirrhosis: practical implications for the diagnosis of hemochromatosis.
Am J Surg Pathol 1997;21:669-75.
[37] Ludwig J, Hashimoto E, Porayko MK, Moyer TP, Baldus WP.
Hemosiderosis in cirrhosis: a study of 447 native livers.
Gastroenterology 1997;112:882-8.
[38] Detivaud L, Nemeth E, Boudjema K, Turlin B, Troadec MB, Leroyer P,
et al. Hepcidin levels in humans are correlated with hepatic iron stores,
hemoglobin levels, and hepatic function. Blood 2005;106:746-8.
¶
[39] Cazzola M, Della Porta MG, Malcovati L. Clinical relevance of anemia
and transfusion iron overload in myelodysplastic syndromes.
Hematology (Am Soc Hematol Educ Program) 2008:166-75.
[40] Tanno T, Bhanu NV, Oneal PA, Goh SH, Staker P, Lee YT, et al. High
levels of GDF15 in thalassemia suppress expression of the iron
regulatory protein hepcidin. Nat Med 2007;13:1096-101.
[41] Deugnier Y, Loreal O, Carre F, Duvallet A, Zoulim F, Vinel JP, et al.
Increased body iron stores in elite road cyclists. Med Sci Sports Exerc
2002;34:876-80.
[42] Moirand R, Mortaji AM, Loreal O, Paillard F, Brissot P, Deugnier Y. A
new syndrome of liver iron overload with normal transferrin saturation.
Lancet 1997;349:95-7.
[43] Mendler MH, Turlin B, Moirand R, JouanolleAM, Sapey T, Guyader D,
et al. Insulin resistance-associated hepatic iron overload. Gastroenterology 1999;117:1155-63.
[44] Turlin B, Mendler MH, Moirand R, Guyader D. Guillygomarc’h A,
Deugnier Y. Histologic features of the liver in insulin resistanceassociated iron overload. A study of 139 patients. Am J Clin Pathol
2001;116:263-70.

[45] Ruivard M, Laine F, Ganz T, Olbina G, Westerman M, Nemeth E, et al.
Iron absorption in dysmetabolic iron overload syndrome is decreased
and correlates with increased plasma hepcidin. J Hepatol 2009;50:
1219-25.
[46] Pietrangelo A. Iron in NASH, chronic liver diseases and HCC: how
much iron is too much? J Hepatol 2009;50:249-51.
[47] Nishina S, Hino K, Korenaga M, Vecchi C, Pietrangelo A, Mizukami Y,
et al. Hepatitis C virus-induced reactive oxygen species raise hepatic
iron level in mice by reducing hepcidin transcription. Gastroenterology
2008;134:226-38.
[48] Harrison-Findik DD. Is the iron regulatory hormone hepcidin a risk
factor for alcoholic liver disease? World J Gastroenterol 2009;15:
1186-93.
[49] HAS. French recommendations for management of HFE
hemochromatosis. Haute Autorité de Santé 2005; www.has-sante.fr.
[50] Cappellini MD, Cohen A, Piga A, Bejaoui M, Perrotta S, Agaoglu L,
et al. A phase 3 study of deferasirox (ICL670), a once-daily oral iron
chelator, in patients with beta-thalassemia. Blood 2006;107:3455-62.
504

SECTION I j  Section Title

Roshan Shrestha

Cirrhose
Introduction
La cirrhose et ses complications constituent l’une des 10 principales causes de mortalité aux États-Unis. La
cirrhose du foie est une altération irréversible de l’architecture hépatique, caractérisée par une fibrose diffuse
et des zones de régénération nodulaire. Ces nodules peuvent être micronodulaires (< 3 mm) ou macronodulaires (> 3 mm), ces deux types de structure étant fréquemment présents dans le même foie. Déterminer
l’étiologie n’est souvent pas possible sur base de l’aspect macro- et microscopique du foie cirrhotique. Pour y
parvenir, il faut une démarche minutieuse basée sur l’anamnèse, l’examen physique, des tests biochimiques
et sérologiques et des examens histochimiques avec colorations spéciales.

Étiologie et pathogénie
La relation entre l’abus d’alcool et la cirrhose est bien établie. L’éthanol est hépatotoxique et conduit à la stéatose
hépatique, à l’hépatite alcoolique et finalement à la cirrhose
(figure 64.1). La pathogénie peut différer selon les causes
sous-jacentes de la maladie du foie. En général, une inflammation chronique est en cours, soit en raison d’agents toxiques (alcool et drogue), d’infections (virus de l’hépatite,
parasites), de réactions auto-immunes (hépatite chronique
active, cirrhose biliaire primitive) ou d’une obstruction des
voies biliaires (lithiase du cholédoque, cholangite sclérosante primitive [CSP]) et de l’inflammation chronique
caractérisée récemment causée par une stéatose hépatique
non alcoolique (SHNA) avec développement ultérieur
d’une fibrose diffuse et d’une cirrhose (encadré 64.1).

Tableau clinique
Les patients peuvent être tout à fait asymptomatiques ou
présenter des signes généraux non spécifiques, des symptômes d’insuffisance hépatique, des complications de l’hypertension portale ou les deux.
Les symptômes non spécifiques sont : faiblesse, léthargie, anorexie, perte de poids, douleurs abdominales, perte
de libido, troubles du rythme veille-sommeil, nausées ou
vomissements. Les symptômes spécifiques dus à un dysfonctionnement de la synthèse hépatique et de l’hypertension portale sont : ictère, prurit, coagulopathie entraînant

une tendance aux ecchymoses, rétention hydrique avec
œdème des chevilles, ascite, saignement des varices gastroœsophagiennes responsables d’hématémèse ou de méléna
et symptômes d’encéphalopathie hépatique allant de la
confusion légère au coma.
À l’examen physique, les patients peuvent avoir des stigmates de maladie chronique du foie comme les contractures de Dupuytren, l’érythème palmaire, des angiomes
stellaires, une hypertrophie de la parotide et des contusions. L’examen de l’abdomen peut révéler un foie hypertrophié ou atrophié, une splénomégalie, une ascite ou des
veines superficielles dilatées de la paroi abdominale. Les
patients peuvent montrer des signes de féminisation
(gynécomastie), une atrophie des testicules et une perte des
poils. En cas d’encéphalopathie hépatique, on peut voir
survenir un mouvement de la main comparable à un battement d’ailes, appelé astérixis.

Diagnostic différentiel
L’apparition d’ascite sans antécédents ni stigmates de maladie chronique du foie peut ne pas être secondaire à une
cirrhose ni à une hypertension portale. D’autres causes
sont l’occlusion de la veine porte, un syndrome néphrotique, une entéropathie exsudative, une malnutrition
sévère, un myxœdème, des maladies ovariennes (syndrome
de Meig, goitre ovarien), une ascite pancréatique, une
ascite chyleuse, une ascite néphrogénique, une péritonite
tuberculeuse ou un cancer secondaire.
j

Figure 64.1 Cirrhose septale.

Stade stéatosique
de la cirrhose septale

Cirrhose
septale
(de Laennec)

Le diagnostic différentiel pour une hématémèse et un
méléna comprend l’ulcère duodénal, l’ulcère gastrique,
une œsophagite, une gastrite, le syndrome de MalloryWeiss, une hémobilie, un ulcère anastomotique et la maladie de Ménétrier.

Démarche diagnostique
Après une anamnèse et un examen physique complets,
après l’obtention de tous les résultats des analyses de
laboratoire et de la radiologie, des études histologiques
peuvent être nécessaires pour établir le diagnostic de la
cause la plus probable de la cirrhose.
L’hémogramme peut montrer une anémie, une leucopénie ou une thrombopénie. L’hypersplénisme cause à

la fois une leucopénie et une thrombocytopénie. Des
pertes sanguines chroniques et une carence en vitamine A
peuvent causer une anémie. L’allongement du temps de
prothrombine est secondaire à une carence en vitamine K ou à une synthèse déficiente des facteurs de
coagulation.
La biochimie sérique montre souvent un taux élevé de
bilirubine et un taux bas d’albumine. Certains patients
atteints de cirrhose peuvent avoir des concentrations
normales d’aspartate aminotransférase (ASAT) et d’alanine aminotransférase (ALAT). Les ASAT et ALAT sont
augmentées chez les patients atteints d’hépatite autoimmune, d’hépatite virale, d’hépatite alcoolique et d’hépatite médicamenteuse. Chez les patients souffrant d’une
maladie hépatique cholestatique, la phosphatase alcaline,
j

Encadré 64.1 Causes de cirrhose
j 

j 

j 

j 

j 

j 

j 

j 

Infections : hépatite B, hépatite C, éventuellement
d’autres virus, schistosomiase
Médicaments et toxines : alcool, méthyldopa,
méthotrexate, isoniazide, amiodarone
Obstruction des voies biliaires : cholangite
sclérosante primaire et secondaire, fibrose kystique,
atrésie des voies biliaires, lithiase dans le cholédoque
Troubles métaboliques : hémochromatose héréditaire,
maladie de Wilson, déficit en α-1-antitrypsine, fibrose
kystique, glycogénose
Maladies auto-immunes : hépatite chronique active,
cirrhose biliaire primitive
Système cardiovasculaire : insuffisance cardiaque
droite chronique, syndrome de Budd-Chiari, maladie
veino-occlusive
Divers : stéatose hépatique non alcoolique, sarcoïdose,
pontage jéjuno-iléal, hépatite néonatale
Cryptogénique : cause inconnue

la γ-glutamyltransférase et la bilirubine conjuguée sont
habituellement élevées.
Plusieurs autres tests sérologiques sont nécessaires pour
déterminer la cause : sérologie virale de l’hépatite B (Ag HBs),
C (anticorps anti-VHC) et mesures quantitatives de l’ADN
et de l’ARN, respectivement, pour évaluer le degré d’activité ; dosage du fer sérique et analyse du gène HFE, marqueur de l’hémochromatose héréditaire ; dosages du cuivre
dans le sérum et dans l’urine de 24 h ainsi que de la céruloplasmine pour la détection d’une éventuelle maladie de
Wilson ; dosage et génotypage de l’α-1-antitrypsine pour
la recherche d’un déficit en cette protéine. La mise en évidence d’autoanticorps sériques (anticorps antinucléaires,
anti-muscles lisses, anti-mitochondries et anti-microsomes
hépatiques et rénaux) et d’une augmentation du taux d’immunoglobulines sériques peut contribuer au diagnostic des
maladies hépatiques auto-immunes. Des dosages périodiques des marqueurs tumoraux sont indiqués pour le dépistage précoce d’un carcinome hépatocellulaire primitif
pouvant compliquer la cirrhose ; ces marqueurs sont
l’α-fœtoprotéine et la combinaison des antigènes carcinoembryonnaire et CA 19-9. Un suivi pour le dépistage d’un
cholangiocarcinome est recommandé chez les patients
atteints d’une cirrhose compliquant une CSP.
L’imagerie médicale par échographie avec ou sans effet
Doppler, par tomodensitométrie ou par résonance magnétique fournit des informations diagnostiques supplémentaires. Bien que ces examens ne soient pas toujours
nécessaires, ils sont utiles au dépistage du carcinome
hépatocellulaire primitif et du cholangiocarcinome. Ils
fournissent des informations communément associées à la
cirrhose, quelle qu’en soit la cause, et différentes de celles
fournies par les marqueurs tumoraux sériques.
L’examen histologique d’une biopsie hépatique offre
souvent la clé du diagnostic. Dans une cirrhose alcoolique,
on observe des micronodules, une infiltration graisseuse et
les corps hyalins de Mallory. La cirrhose biliaire primitive,

la cholangite sclérosante primaire et secondaire et l’hépatite auto-immune ont des caractéristiques histologiques
typiques. Des colorations spéciales comme le bleu de
Prusse pour le fer et l’acide périodique Schiff avant et après
diastase pour les globules caractéristiques de déficience en
α-1-antitrypsine peuvent confirmer le diagnostic. La biopsie hépatique est nécessaire pour la stadification de la maladie, pour le pronostic et pour le choix du traitement
optimal. On dispose de diverses méthodes non invasives
d’évaluation de la fibrose hépatique par dosage de marqueurs de tissu conjonctif. Cependant, la sensibilité et la
spécificité des marqueurs sériques (acide hyaluronique,
peptide du procollagène de type III, etc.) pour le dépistage
de la fibrose extensive ne sont pas acceptables. La mesure
de la rigidité du foie par élastographie transitoire et sa
corrélation avec la fibrose ont été validées dans l’hépatite
virale et les maladies cholestatiques. On disposerait donc
d’un moyen simple et fiable non invasif et prometteur pour
évaluer le degré de fibrose hépatique. Cependant, son utilité en pratique clinique en remplacement de la biopsie
hépatique reste à prouver.

Soins et traitement
En général, la prise en charge de la cirrhose comprend les
éléments suivants :
• retrait de l’agent causal (par exemple alcool, médicaments) ;
• traitement de la cause spécifique sous-jacente (par
exemple traitement antiviral de l’hépatite virale, prednisone ou azathioprine pour l’hépatite auto-immune,
saignées pour l’hémochromatose, D-pénicillamine ou
trientine pour la maladie de Wilson) ;
• traitement des risques sous-jacents de SHNA (obésité, diabète, hyperlipidémie, médicaments) ;
• traitement de la cirrhose décompensée : ascite, infection, hémorragie digestive, encéphalopathie hépatique, syndrome hépatorénal ;
•	 transplantation hépatique orthotopique de foie pour
cirrhose décompensée, si le patient est un candidat
approprié.
Ascite
Les patients atteints de cirrhose chez lesquels se développe
une ascite doivent subir une paracentèse abdominale diagnostique (10 à 20 ml). Les indications sont une ascite
d’apparition récente, une aggravation clinique avec de la
fièvre, des douleurs abdominales et des changements dans
l’état mental. Les facteurs de production d’ascite dans la
cirrhose sont : un taux protéique sérique trop faible, un
blocage de la sortie hépatique de la lymphe et l’hypertension veineuse portale. L’ascite peut être légère, modérée ou
sévère selon le volume de liquide accumulé dans la cavité
péritonéale (figures 64.2 et 64.3).
j

Figure 64.2 Ascite.

Stade I : démontrable par échographie

Stade II : signe du flot

Stade III :
distension marquée,
angiomes stellaires,
tête de méduse,
émaciation

Stade IV : distension tendue et
douloureuse avec amaigrissement marqué

Traitement optimal
Le traitement initial comporte une restriction de l’apport
de sodium alimentaire et l’utilisation de diurétiques oraux.
Environ 20 % des patients réagissent à la restriction sodique seule. Le sodium est généralement limité à 2 g (90 mEq)
par jour. Les diurétiques incluent la spironolactone et le
furosémide. Plus de 90 % des patients répondent à ce
traitement combiné. La dose de spironolactone maximale
est de 400 mg/j, et pour le furosémide, 160 mg/j.
L’amiloride, 10 à 20 mg/j, est une alternative à la spironolactone s’il ya des effets secondaires comme une gynécomastie sensible.

Environ 10 % des patients atteints de cirrhose ont une
ascite réfractaire au traitement médical de routine, comportant la restriction sodée et le traitement diurétique.
Une paracentèse thérapeutique peut être utilisée avant les
traitements alternatifs comme l’anastomose portosystémique intrahépatique transjugulaire (APIT ou TIPS,
Transjugular Intrahepatic Portal Systemic Shunt) ou l’anastomose péritonéoveineuse. L’APIT est un procédé non
chirurgical relativement sûr qui est efficace dans la réduction de l’hypertension portale. Ce traitement est indiqué
chez les patients cirrhotiques avec ascite réfractaire qui
ont besoin d’une paracentèse thérapeutique plus de 2 ou
j

Figure 64.3 Physiopathologie de la formation d’ascite.
Veine cave
inférieure
Veines centrales comprimées et obstruées par la fibrose
et les nodules de régénération, ce qui réduit le flux
de retour veineux
Pression sinusoïdale
élevée

Veine
hépatique

Canal thoracique
La lymphe est évacuée par les lymphatiques
subdiaphragmatiques et péritonéaux dans
le canal thoracique dont la capacité est limitée

Un peu de lymphe
accède au canal
thoracique

Barorécepteurs
sinusoïdaux stimulés

Augmentation de la
formation
de lymphe
Exsudation
transcapsulaire

Veine centrale

Vaisseaux
collatéraux
porto-systémiques

Veine porte engorgée ;
pression augmentée

L’augmentation
du flux
lymphatique
splanchnique
augmente
l’ascite

Lymphe en partie
résorbée par les
lymphatiques
péritonéaux et
subdiaphragmatiques

Si la formation de lymphe dépasse la
réabsorption, l’excès s’accumule dans
la cavité péritonéale sous forme d’ascite
Contribue à la contraction
du volume plasmatique

3 fois par mois. Comparé aux paracentèses répétées,
l’APIT avec placement d’une endoprothèse non couverte
s’avère plus efficace pour empêcher la reconstitution de
l’ascite ; toutefois, une augmentation de l’incidence de
l’encéphalopathie hépatique et de la fréquence de dysfonctionnement de l’anastomose est une complication
sérieuse. Une nouvelle prothèse couverte de polytétrafluoroéthylène pourrait réduire la fréquence des dysfonctionnements et améliorer la survie des patients. L’APIT a
trouvé sa place dans le traitement des patients atteints de
cirrhose avancée en permettant l’attente d’une transplantation hépatique. Si l’APIT est contre-indiquée, on
peut avoir recours à une anastomose péritonéoveineuse
(LeVeen/Denver).

Éviter les erreurs de traitement
Poser un diagnostic approprié avant de lancer le traitement
est essentiel. On devra utiliser les diurétiques avec prudence
et de façon graduelle afin d’éviter un grave déséquilibre
électrolytique et hydrique potentiel ainsi qu’une dysfonction rénale. Pour les patients avec ascite réfractaire, il faudra
peser de manière approfondie les risques et les avantages
d’une anastomose péritonéoveineuse ou d’une APIT.
Hémorragie gastro-intestinale
Le saignement des varices gastro-œsophagiennes est la
complication la plus grave de la cirrhose (voir la figure
64.4).
j

Figure 64.4 Aspect endoscopique de varices œsophagiennes montrant des signes d’hémorragie récente.

Traitement optimal

Encéphalopathie hépatique

Si l’on suspecte une hémorragie variqueuse, la prise en
charge nécessite une hospitalisation immédiate afin que
le volume sanguin puisse être restauré et les voies respiratoires protégées d’une hémorragie massive. Si le diagnostic est raisonnablement certain, un traitement à la
somatostatine ou son analogue, l’octréotide, peut être
lancé. Si l’endoscopie confirme la présence de varices
œsophagiennes, le traitement endoscopique avec ligature
ou sclérose des varices est indiqué. On peut ainsi contrôler le saignement aigu des varices chez 80 à 95 % des
patients, un taux de réussite supérieur aux agents
pharmacologiques ou à la tamponnade par ballonnet. Le
risque d’hémorragie variqueuse récurrente est de 50 à
80 %. Les options pour prévenir l’hémorragie variqueuse
récurrente comprennent la ligature ou sclérose endoscopique, des β-bloquants non sélectifs (propranolol, nadolol), des anastomoses chirurgicales, une APIT et une
transplantation hépatique.
L’APIT est une des thérapies les plus prometteuses
pour le contrôle d’une hémorragie variqueuse aiguë.
Son objectif est de ramener le gradient veineux hépatique à moins de 12 mm Hg et de diminuer ou de faire
disparaître l’opacification des varices par le produit de
contraste. L’APIT est réservée aux patients qui résistent
à un traitement endoscopique combiné à la pharmacothérapie ou qui ont une hémorragie grave et aiguë des
varices gastriques. Le taux de réussite technique et de
contrôle de l’hémorragie variqueuse aiguë excède 90 %
(figure 64.4).

L’encéphalopathie hépatique se manifeste par une constellation de signes et symptômes neurologiques réversibles
compliquant une insuffisance hépatique grave ou une
anastomose portosystémique importante. La pathogénie
de l’encéphalopathie hépatique reste floue. Elle est partiellement imputable à des composés toxiques qui dérivent du
métabolisme de substrats azotés intestinaux et qui contournent le foie par une anastomose anatomique et fonctionnelle. Les quatre stades de l’encéphalopathie hépatique
sont définis sur base de l’état mental et des signes neurologiques :
• stade 1 : légère confusion et incoordination ;
• stade 2 : astérixis avec changements évidents de personnalité ;
• stade 3 : somnolence et désorientation au réveil ;
•	 étape 4 : coma.
Les facteurs précipitants sont le plus souvent la détérioration de la fonction hépatique, une hémorragie gastrointestinale, une consommation excessive de protéines ou
d’alcool, la prise d’un sédatif ou d’un hypnotique, une
intervention chirurgicale, un hépatome, une infection, la
déshydratation, un déséquilibre électrolytique (hypokaliémie), la constipation et la réalisation d’une anastomose
chirurgicale ou d’une APIT.

Éviter les erreurs de traitement
En cas d’hémorragie gastro-œsophagienne, la morbidité et
la mortalité sont élevées ; ces patients à haut risque requièrent une prise en charge urgente permettant une réanimation énergique et les interventions thérapeutiques
adéquates. Il faut notamment protéger les poumons par
une assistance respiratoire afin d’éviter la pneumonie d’aspiration chez des patients agités et victimes d’une hémorragie massive.

Traitement optimal
La prise en charge commence par l’identification et la correction de tout facteur déclenchant, la restriction alimentaire en protéines à 40 g/j et l’administration de lactulose.
Des antibiotiques pour décontaminer l’intestin, comme la
néomycine, le métronidazole, l’amoxicilline et la rifaximine,
peuvent être ajoutés, si le régime alimentaire et le lactulose
n’ont pas suffi ou si le patient est intolérant au lactulose. La
rifaximine, un antibiotique non aminoglycoside dérivé de
la rifamycine, est de plus en plus utilisée, car elle n’est pas
absorbée par l’intestin, ce qui élimine la toxicité potentielle
propre aux autres antibiotiques (insuffisance rénale, ototoxicité et neuropathie périphérique), et elle est active sur
j

un large spectre de bactéries. Les patients atteints
d’encéphalopathie hépatique grave et qui résiste au traitement nécessitent une transplantation hépatique d’urgence.
Éviter les erreurs de traitement
L’identification correcte des facteurs déclenchants est la clé
du traitement de l’encéphalopathie hépatique. Afin d’assurer une efficacité optimale du lactulose, il faut expliquer au
patient et aux membres de sa famille comment bien l’utiliser. Si les consignes thérapeutiques sont respectées, les
effets secondaires potentiels seront évités. Si l’on recourt
à des antibiotiques résorbables, il faut les administrer avec
prudence afin de prévenir leurs effets toxiques potentiels.
Syndrome hépatorénal
Le syndrome hépatorénal est une forme distincte d’insuffisance rénale aiguë progressive qui se développe chez un
patient atteint de cirrhose et chez lequel toutes les autres
causes de dysfonctionnement rénal ont été exclues. Il s’agit
d’un type fonctionnel d’insuffisance rénale. Si la maladie
du foie s’améliore, la fonction rénale redevient normale.
La pathogénie du syndrome hépatorénal est inconnue. Sa
probabilité en cas de cirrhose est d’environ 20 % en 1 an
et de 40 % en 5 ans. L’hyponatrémie et l’urémie sont
caractéristiques. La concentration urinaire de sodium est
inférieure à 10 mEq/l. Le sédiment urinaire est sans particularité. D’autres constatations importantes sont, d’une
part, un rapport des taux de créatinine dans l’urine et le
plasma supérieur à 30 et, d’autre part, un rapport d’osmolalité dans l’urine et le plasma supérieur à 1.
Traitement optimal
Lors de la prise en charge d’un syndrome hépatorénal, il
faut d’abord exclure les causes spécifiques d’insuffisance
rénale (par exemple une nécrose tubulaire aiguë, une azotémie extrarénale par déplétion du volume intravasculaire,
une néphrotoxicité médicamenteuse ou une maladie rénale
chronique préexistante). Un traitement de substitution
rénale doit être envisagé chez les candidats potentiels à une
transplantation hépatique. Parmi les thérapies expérimentales, on peut citer la prostaglandine E1, la dopamine, la
terlipressine, l’anastomose péritonéoveineuse et l’APIT.
Éviter les erreurs de traitement
Le syndrome hépatorénal a une mortalité élevée, et la
transplantation hépatique peut inverser le syndrome. Par
conséquent, une évaluation rapide et complète du patient
afin de planifier une transplantation hépatique est importante lors de sa prise en charge.
Transplantation hépatique
Traitement optimal
La transplantation hépatique n’est plus expérimentale ; elle
est considérée comme le traitement optimal pour les

patients atteint de cirrhose avancée. Avec une technique
chirurgicale améliorée et de meilleurs médicaments immunosuppresseurs, cette thérapie a un taux de succès remarquable en cas d’insuffisance hépatique terminale ; la survie
à long terme atteint près de 90 % et procure une excellente
qualité de vie. Malheureusement, l’écart entre le nombre
des donneurs décédés et celui des bénéficiaires continue à
se creuser.
La transplantation hépatique à partir d’un donneur
vivant (THDV) est pratiquée par de nombreux centres de
transplantation dans le monde. D’abord utilisée chez un
enfant en 1989, la THDV est devenue une alternative
viable pour les receveurs pédiatriques. Au cours des
10 dernières années, la THDV a été appliquée avec succès
chez les adultes, avec des survies du greffon et du patient
similaires à celles de la greffe de foie de donneur décédé.
Le facteur limitant est la disponibilité des donneurs adéquats. Avec une sélection appropriée du donneur et du
receveur, le perfectionnement de la technique chirurgicale
et une expérience accrue, la THDV pourrait donner des
résultats supérieurs. Environ 5 à 10 % des greffes hépatiques aux États-Unis ont fait appel à des donneurs
vivants.
Éviter les erreurs de traitement
La transplantation hépatique est le seul traitement définitif
dans la cirrhose décompensée. Environ 18 000 patients aux
États-Unis sont sur la liste d’attente du United Network
of Organ Sharing et le nombre augmente de 25 % par an,
alors que, chaque année aux États-Unis, l’on ne peut effectuer que 5000 à 6000 transplantations de foie à partir de
donneurs décédés en raison de la longueur de la liste d’attente ; il est donc capital de choisir minutieusement les
receveurs.

Futures directions
D’importantes améliorations dans les techniques de diagnostic permettent maintenant un diagnostic plus précoce
des maladies chroniques du foie. L’amélioration des agents
pharmacologiques, notamment des médicaments antiviraux (hépatites B et C), contribuera à prévenir la progression vers la cirrhose.
La transplantation hépatique est une option très efficace
dans le traitement d’une cirrhose avancée. Les hépatocytes,
les cellules souches et la xénotransplantation pourraient
fournir d’autres options thérapeutiques dans le traitement
de la maladie hépatique au stade terminal.

Ressources supplémentaires
Rossle M, Haag K, Ochs A, et al. The transjugular intrahepatic portosystemic stent-shunt procedure for variceal bleeding. N Engl J Med
1994 ; 330 : 165-71. PMID : 8264738.
C’est l’un des premiers articles publiés sur l’usage de l’APIT pour le traite­
ment de l’hémorragie variqueuse. Il décrit la technique et montre le succès du
procédé.
j

Runyon BA. Care of patients with ascites. N Engl J Med 1994 ; 330 :
337-42. PMID : 8277955.
L’auteur propose une revue exhaustive des traitements subis par les patients
avec ascite.
Starzl TE, Demetris AJ, Van Thiel D. Liver transplantation (1). N Engl
J Med 1989 ; 321 : 1014-22. PMID : 2674716.
Starzl TE, Demetris AJ, Van Thiel D. Liver transplantation (2). N Engl
J Med 1989 ; 321 : 1092-9. PMID : 2677722.
Ces deux articles fournissent la documentation originale sur les succès de la
transplantation hépatique chez les patients atteints de maladie du foie à un
stade terminal.
Stiegmann GV, Goff JS, Michaletz-Onody PA, et al. Endoscopic sclerotherapy as compared with endoscopic ligation for bleeding esophageal
varices. N Engl J Med 1992 ; 326 : 1527-32. PMID : 1579136.
Ceci est l’un des principaux articles décrivant deux techniques endoscopiques
différentes dans le traitement des hémorragies des varices œsophagiennes. Les
auteurs démontrent la supériorité de la ligature endoscopique, qui permet
également de diminuer les complications possibles du traitement endoscopique.

Données probantes
1. Garcia-Tsao G. The transjugular intrahepatic portosystemic shunt
for the management of cirrhotic refractory ascites. Nat Clin Pract
Gastroenterol Hepatol 2006 ; 3 : 380-9.
Cette revue décrit la physiopathologie et l’utilité de l’APIT chez les
patients ayant une ascite réfractaire. Elle rassemble toutes les études cli­
niques pertinentes.
2. Rector WG Jr. Complications of liver disease. Saint Louis : MosbyYear ; 1992.
Ce livre décrit toutes les complications potentielles des maladies hépa­
tiques ; il s’avère très accessible.
3. The Organ Procurement and Transplantation Network Website.
Accessible à http://www.optn.org. Consulté le 14 août 2006.
Ce site fournit des informations sur toutes les activités liées à la trans­
plantation, y compris les données provenant des centres de transplantation,
des régions et du pays tout entier.
Cirrhose alcoolique
R. Moirand, M. Latournerie, E. Bardou-Jacquet, C. Le Lan, P. Brissot
La cirrhose du foie se définit histologiquement comme une maladie diffuse du foie, avec présence d’une
fibrose arciforme enserrant des nodules de régénération. Elle correspond à l’évolution ultime de la plupart
des maladies chroniques du foie, et la consommation excessive d’alcool en est la cause la plus fréquente
en France. Cependant, seul un tiers des buveurs excessifs développent une cirrhose au cours de la vie. La
cirrhose alcoolique est longtemps asymptomatique, compensée. Elle peut être totalement inapparente ou
se traduire par un foie dur à bord inférieur tranchant, la présence d’angiomes stellaires, une baisse
modérée du taux de prothrombine ou une thrombopénie. Elle est diagnostiquée à l’occasion du bilan de la
consommation excessive d’alcool ou fortuitement. Il faut réaliser une fibroscopie digestive haute à la
recherche de varices œsophagiennes, une échographie abdominale avec Doppler, et éliminer une autre
étiologie (dysmétabolisme, hépatites virales B et C ou surcharge en fer principalement). Il faut tenter
d’obtenir l’arrêt de la consommation excessive grâce à la prise en charge addictologique et mettre en
place une surveillance régulière (dépistage du carcinome hépatocellulaire et des varices à risque
hémorragique). La cirrhose devient décompensée lorsqu’apparaît une complication, comme l’ascite,
l’hémorragie digestive ou une infection. La décompensation est grevée d’une lourde mortalité, mais si le
facteur déclenchant est traité et si le patient s’arrête de boire, le retour à une cirrhose compensée et à une
espérance de vie correcte est possible. Cependant, le risque de survenue d’un carcinome hépatocellulaire
persiste. La cirrhose alcoolique représente une des indications les plus fréquentes de transplantation
hépatique, en cas soit de décompensation persistante malgré le sevrage, soit de survenue d’un carcinome
hépatocellulaire de petite taille. Il faut insister sur la prévention de la cirrhose : repérage précoce du
mésusage d’alcool permettant une prise en charge addictologique avant la constitution de la cirrhose.
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Cirrhose ; Mésusage d’alcool ; Ascite ; Hypertension portale ; Insuffisance hépatocellulaire

Plan
¶ Introduction

1

¶ Physiopathologie
Insuffisance hépatocellulaire (IHC)
Hypertension portale (HTP)
Ascite
Encéphalopathie hépatique

2
2
2
2
2

¶ Histoire naturelle de la cirrhose alcoolique et données
épidémiologiques

2

¶ Prise en charge diagnostique
Circonstances de découverte
Bilan d’une cirrhose compensée
Comment porter le diagnostic de cirrhose
Comment rapporter la cirrhose à l’alcool

3
3
3
3
4

¶ Prise en charge de la cirrhose en médecine ambulatoire
Prise en charge addictologique
Médicaments au cours de la cirrhose
Vaccinations
Chirurgie programmée

5
5
6
7
7

Surveillance
Affection de longue durée (ALD) et éducation thérapeutique
Transplantation hépatique

7
7
7

¶ Complications de la cirrhose
Infections bactériennes
Décompensation œdémato-ascitique
Hémorragie digestive
Encéphalopathie hépatique
Ictère
Carcinome hépatocellulaire
Hépatite alcoolique grave

7
8
8
9
9
10
10
10

¶ Conclusion

10

■ Introduction
La cirrhose du foie est une définition histologique. Elle
correspond à l’évolution ultime de la plupart des maladies
chroniques du foie. En France, la consommation excessive
d’alcool en est la cause de loin la plus fréquente. Sa traduction
clinique est variable, car la plupart des signes témoignent en fait
de ses complications (insuffisance hépatocellulaire, hypertension
portale) ou de son étiologie.
¶

■ Physiopathologie
La fibrose hépatique (dont la forme la plus sévère est la
cirrhose) est due au dépôt de matériel fibreux dans le parenchyme hépatique, par augmentation de la production et du
dépôt des protéines de la matrice (fibrogénèse) et diminution de
la dégradation de ces protéines (fibrolyse).
Au stade de cirrhose, on observe les conséquences décrites
ci-après.

Insuffisance hépatocellulaire (IHC)
Due à la diminution de la masse fonctionnelle des hépatocytes (nécrose) et à la modification de la vascularisation qui gêne
les échanges entre hépatocytes et système vasculaire, elle se
traduit par une baisse des fonctions hépatiques de synthèse,
parfois associée à une atteinte des fonctions d’épuration et de
sécrétion biliaire (cholestase d’insuffisance hépatocellulaire).

Hypertension portale (HTP)
Les changements de l’architecture hépatique et la compression des veines sus-hépatiques par les nodules de régénération
entraînent une gêne au passage du sang à travers le foie,
responsable d’une augmentation de la pression dans le système
de la veine porte. On observe l’apparition d’un gradient de
pression entre la veine porte et la veine cave, qui a pour
conséquences possibles l’apparition d’une splénomégalie et la
formation de voies de dérivations anormales (shunts) entre les
systèmes porte et cave. Les varices œsophagiennes et gastriques
sont les plus redoutables. Ces shunts permettent à une partie du
flux sanguin venant du tube digestif d’atteindre directement la
circulation générale sans passer par le foie, avec comme
conséquences le risque accru d’encéphalopathie hépatique et la
diminution du métabolisme de certains médicaments.

Ascite
L’association de l’HTP et de l’IHC entraîne une vasodilatation
artérielle splanchnique responsable d’une hypovolémie efficace
et, secondairement, de l’activation des systèmes rénineangiotensine-aldostérone, vasoconstricteurs du système nerveux
sympathique et du système vasopressine-hormone antidiurétique. D’où une rétention hydrosodée qui vise à corriger l’hypovolémie relative.
Dans un premier temps, la volémie efficace est restaurée et la
cirrhose reste compensée. Si l’IHC et l’HTP s’aggravent, il y a
persistance de l’activation excessive des systèmes compensateurs : la rétention hydrosodée se majore et se localise préférentiellement au péritoine ; la cirrhose se décompense.
La physiopathologie de l’ascite cirrhotique permet de comprendre la mauvaise tolérance et l’efficacité très limitée du
régime pauvre en sel et des diurétiques. Seule l’amélioration de
l’état hépatique, permise par le sevrage, est réellement efficace.

Encéphalopathie hépatique
C’est une encéphalopathie métabolique sans lésion cérébrale
organique, dont les mécanismes sont mal connus. On suppose
une arrivée au niveau du cerveau de substances neurotoxiques
non épurées par le foie.

■ Histoire naturelle de la cirrhose
alcoolique et données
épidémiologiques
Le risque de survenue d’une maladie alcoolique du foie (MAF)
chez un consommateur excessif d’alcool est variable selon les
individus [1]. Globalement, il apparaît à partir de la consommation de 4 unités standard (40 g d’alcool) par jour chez l’homme
et 3 chez la femme. Le risque relatif augmente de façon
exponentielle avec la quantité consommée, quel que soit le type
de boissons. Cependant, moins d’un tiers des consommateurs à

risque évoluent jusqu’à la cirrhose. À quantité égale, le fait
d’être une femme, l’obésité [2] et bien sûr l’association à une
hépatite virale, en particulier C [3] , augmente le risque de
développer une cirrhose. Récemment, il a été démontré qu’un
variant du gène PNPLA3 était très significativement associé à la
survenue d’une cirrhose chez un patient buveur excessif [4].
Le premier stade de la MAF est la stéatose, accumulation de
vésicules de triglycérides dans les hépatocytes. Puis apparaît
l’hépatite alcoolique, définie par l’apparition de lésions hépatocytaires (ballonisation, nécrose acidophile), d’un infiltrat
inflammatoire caractérisé par la présence de polynucléaires et,
inconstamment, par des corps de Mallory [5] . Ces lésions
anatomopathologiques, le plus souvent asymptomatiques, ont
pour traduction biologique une augmentation des transaminases, modérée et prédominant sur les aspartates aminotransférases (ASAT), et une augmentation importante de la gammaglutamyl transférase (cGT), contrastant avec des phosphatases
alcalines (PALC) quasi normales [6]. Stéatose et hépatite alcoolique peuvent ou non s’accompagner de l’apparition d’une
fibrose cicatricielle, qui évolue en quatre stades, le dernier
correspondant à la cirrhose. Une fois installée, la cirrhose est
classiquement irréversible. En fait, il a été décrit des cas de
réversion, lorsque la cirrhose a été diagnostiquée précocement,
sur une biopsie hépatique, et que le facteur étiologique a été
pris en charge de façon efficace, en particulier hépatite C [7] ou
surcharge en fer [8].
Il est important de différencier la cirrhose compensée,
asymptomatique, de la cirrhose décompensée, qui est définie
par l’apparition de complications dont les plus fréquentes sont
l’ascite, l’hémorragie digestive, l’encéphalopathie ou le carcinome hépatocellulaire. La cirrhose compensée s’installe progressivement et surtout insidieusement. Elle est découverte
fortuitement ou lors du bilan d’un mésusage d’alcool. Si le
patient revient à une consommation sans risque, elle reste non
compliquée, compatible avec une espérance de vie prolongée, le
patient étant toutefois soumis au risque de carcinome hépatocellulaire (CHC).
En cas de persistance de l’intoxication alcoolique, la cirrhose
se décompense de façon volontiers brutale, révélant souvent la
maladie hépatique. Les tableaux classiques sont, autour de la
cinquantaine, la décompensation œdématoascitique avec ou
sans ictère, déclenchée par une hépatite alcoolique ou une
infection, ainsi que l’hémorragie digestive par rupture de varices
œsophagiennes ; et à un âge plus tardif, la révélation d’une
cirrhose auparavant méconnue par un CHC.
Le taux de survie à 5 ans des patients présentant une cirrhose
alcoolique compensée est de 50 %, il est meilleur en cas de
sevrage [9]. Après une décompensation, le retour à une cirrhose
compensée est fréquent en cas d’abstinence prolongée. Mais
souvent, l’évolution se fait par poussées en fonction des
rechutes alcooliques, avec évolution vers l’aggravation progressive et le décès (par coma hépatique, hémorragie ou CHC).
Rarement, l’aggravation se fait d’un seul tenant vers le décès
malgré le sevrage. La survie après une première décompensation
sévère de la cirrhose alcoolique est de l’ordre de 30 % à 1 an, la
persistance ou non de la consommation d’alcool étant le facteur
pronostique le plus important [10].
En France, la prévalence estimée de la cirrhose est de 150 000
cas, dont un tiers asymptomatiques et méconnus, et la mortalité
annuelle de 10 000 à 17 000. La consommation excessive
d’alcool est responsable de 70 % à 75 % des cas, associée dans
10 % des cas à une hépatite virale C.

“

Point important

La cirrhose est une complication inconstante de la
consommation chronique excessive d’alcool, qui peut
survenir à partir de 4 unités standard (40 g d’alcool pur)
chez l’homme et 3 chez la femme.
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie
Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie

Contenu connexe

En vedette

Le manuel du généraliste 2 dermatologie
Le manuel du généraliste 2 dermatologieLe manuel du généraliste 2 dermatologie
Le manuel du généraliste 2 dermatologiedrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 gynécologie obstétrique
Le manuel du généraliste 2 gynécologie   obstétriqueLe manuel du généraliste 2 gynécologie   obstétrique
Le manuel du généraliste 2 gynécologie obstétriquedrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 orl
Le manuel du généraliste 2 orlLe manuel du généraliste 2 orl
Le manuel du généraliste 2 orldrmouheb
 
Alternatives à la biopsie hépatique  Elastométrie.ppt
Alternatives à la biopsie hépatique  Elastométrie.pptAlternatives à la biopsie hépatique  Elastométrie.ppt
Alternatives à la biopsie hépatique  Elastométrie.pptodeckmyn
 
Ponction Biopsie Hépatique.ppt
Ponction Biopsie Hépatique.pptPonction Biopsie Hépatique.ppt
Ponction Biopsie Hépatique.pptodeckmyn
 
Munteanu PréSentation Fibroscan Du 2009 2
Munteanu PréSentation Fibroscan Du 2009 2Munteanu PréSentation Fibroscan Du 2009 2
Munteanu PréSentation Fibroscan Du 2009 2odeckmyn
 
Hémochromatose aasld 2008
Hémochromatose aasld 2008Hémochromatose aasld 2008
Hémochromatose aasld 2008vdimartino
 
Maladies génétiques du foie
Maladies génétiques du foieMaladies génétiques du foie
Maladies génétiques du foievdimartino
 
Atteintes hépatiques-au-cours-des-mici
Atteintes hépatiques-au-cours-des-miciAtteintes hépatiques-au-cours-des-mici
Atteintes hépatiques-au-cours-des-miciVincent Di Martino
 
Prise en charge de la dénutrition n chapelle
Prise en charge de la dénutrition n chapellePrise en charge de la dénutrition n chapelle
Prise en charge de la dénutrition n chapellevdimartino
 
Hemochromatosis case study
Hemochromatosis case studyHemochromatosis case study
Hemochromatosis case studyEmily Rada
 
Lansac obst-presentation front-face
Lansac obst-presentation front-faceLansac obst-presentation front-face
Lansac obst-presentation front-facemai13
 
Derrmatologie 40 cas-clin.ms.corrige
Derrmatologie 40 cas-clin.ms.corrigeDerrmatologie 40 cas-clin.ms.corrige
Derrmatologie 40 cas-clin.ms.corrigewahranisamir
 
Hereditary Hemochromatosis
Hereditary HemochromatosisHereditary Hemochromatosis
Hereditary Hemochromatosislalaj ruchiranga
 
Les techniques chirurgicales en gynécologie
Les techniques chirurgicales en gynécologieLes techniques chirurgicales en gynécologie
Les techniques chirurgicales en gynécologiemalikboukerrou
 
PREVENTION TRANSMISSION MERE ENFANT DU VIH
PREVENTION TRANSMISSION MERE ENFANT DU VIHPREVENTION TRANSMISSION MERE ENFANT DU VIH
PREVENTION TRANSMISSION MERE ENFANT DU VIHamel ouyahia
 

En vedette (20)

Le manuel du généraliste 2 dermatologie
Le manuel du généraliste 2 dermatologieLe manuel du généraliste 2 dermatologie
Le manuel du généraliste 2 dermatologie
 
Le manuel du généraliste 2 gynécologie obstétrique
Le manuel du généraliste 2 gynécologie   obstétriqueLe manuel du généraliste 2 gynécologie   obstétrique
Le manuel du généraliste 2 gynécologie obstétrique
 
Le manuel du généraliste 2 orl
Le manuel du généraliste 2 orlLe manuel du généraliste 2 orl
Le manuel du généraliste 2 orl
 
Alternatives à la biopsie hépatique  Elastométrie.ppt
Alternatives à la biopsie hépatique  Elastométrie.pptAlternatives à la biopsie hépatique  Elastométrie.ppt
Alternatives à la biopsie hépatique  Elastométrie.ppt
 
Ponction Biopsie Hépatique.ppt
Ponction Biopsie Hépatique.pptPonction Biopsie Hépatique.ppt
Ponction Biopsie Hépatique.ppt
 
Munteanu PréSentation Fibroscan Du 2009 2
Munteanu PréSentation Fibroscan Du 2009 2Munteanu PréSentation Fibroscan Du 2009 2
Munteanu PréSentation Fibroscan Du 2009 2
 
Teaser cnu 2016
Teaser cnu 2016Teaser cnu 2016
Teaser cnu 2016
 
Hémochromatose aasld 2008
Hémochromatose aasld 2008Hémochromatose aasld 2008
Hémochromatose aasld 2008
 
Maladies génétiques du foie
Maladies génétiques du foieMaladies génétiques du foie
Maladies génétiques du foie
 
Atteintes hépatiques-au-cours-des-mici
Atteintes hépatiques-au-cours-des-miciAtteintes hépatiques-au-cours-des-mici
Atteintes hépatiques-au-cours-des-mici
 
Maladies génétiques du foie
Maladies génétiques du foieMaladies génétiques du foie
Maladies génétiques du foie
 
Prise en charge de la dénutrition n chapelle
Prise en charge de la dénutrition n chapellePrise en charge de la dénutrition n chapelle
Prise en charge de la dénutrition n chapelle
 
Hemochromatosis case study
Hemochromatosis case studyHemochromatosis case study
Hemochromatosis case study
 
Iron overload
Iron overloadIron overload
Iron overload
 
Lansac obst-presentation front-face
Lansac obst-presentation front-faceLansac obst-presentation front-face
Lansac obst-presentation front-face
 
Ed3 pratique médicale
Ed3 pratique médicaleEd3 pratique médicale
Ed3 pratique médicale
 
Derrmatologie 40 cas-clin.ms.corrige
Derrmatologie 40 cas-clin.ms.corrigeDerrmatologie 40 cas-clin.ms.corrige
Derrmatologie 40 cas-clin.ms.corrige
 
Hereditary Hemochromatosis
Hereditary HemochromatosisHereditary Hemochromatosis
Hereditary Hemochromatosis
 
Les techniques chirurgicales en gynécologie
Les techniques chirurgicales en gynécologieLes techniques chirurgicales en gynécologie
Les techniques chirurgicales en gynécologie
 
PREVENTION TRANSMISSION MERE ENFANT DU VIH
PREVENTION TRANSMISSION MERE ENFANT DU VIHPREVENTION TRANSMISSION MERE ENFANT DU VIH
PREVENTION TRANSMISSION MERE ENFANT DU VIH
 

Similaire à Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie

Cholestase aigue gravidique sce gastroentérologie CHU Tlemcen
Cholestase aigue gravidique  sce gastroentérologie CHU TlemcenCholestase aigue gravidique  sce gastroentérologie CHU Tlemcen
Cholestase aigue gravidique sce gastroentérologie CHU TlemcenArbaoui Bouzid
 
ictére du nouveau né
ictére du nouveau néictére du nouveau né
ictére du nouveau nélaamlove
 
Troubles du métabolisme des lipides chez l'enfant 2014
Troubles du métabolisme des lipides chez l'enfant 2014Troubles du métabolisme des lipides chez l'enfant 2014
Troubles du métabolisme des lipides chez l'enfant 2014Nouhoum L Traore
 
Branche-technical report 1
Branche-technical report 1Branche-technical report 1
Branche-technical report 1Emilie Branche
 
Avitaminose B12 en Neurologie
Avitaminose B12 en NeurologieAvitaminose B12 en Neurologie
Avitaminose B12 en Neurologiesaddek khellaf
 
Maladie coeliaque, une maladie caméléon à large spectre clinique
Maladie coeliaque, une maladie caméléon à large spectre cliniqueMaladie coeliaque, une maladie caméléon à large spectre clinique
Maladie coeliaque, une maladie caméléon à large spectre cliniqueKhadija Moussayer
 
CHOLANGITE BILIAIRE PRIMITIVE (CIRRHOSE BILIAIRE PRIMITIVE) : DIAGNOSTIC ET T...
CHOLANGITE BILIAIRE PRIMITIVE (CIRRHOSE BILIAIRE PRIMITIVE) : DIAGNOSTIC ET T...CHOLANGITE BILIAIRE PRIMITIVE (CIRRHOSE BILIAIRE PRIMITIVE) : DIAGNOSTIC ET T...
CHOLANGITE BILIAIRE PRIMITIVE (CIRRHOSE BILIAIRE PRIMITIVE) : DIAGNOSTIC ET T...Claude EUGENE
 
grossesse foie 2022.pdf
grossesse foie 2022.pdfgrossesse foie 2022.pdf
grossesse foie 2022.pdfClaude EUGENE
 
M2 hemoglobinopathies
M2 hemoglobinopathiesM2 hemoglobinopathies
M2 hemoglobinopathiesIdrissou Fmsb
 
Anemies du nouveau ne
Anemies du nouveau neAnemies du nouveau ne
Anemies du nouveau neAmel Ammar
 
les cirrhoses hépatiques et leurs étiologies
les cirrhoses hépatiques et leurs étiologiesles cirrhoses hépatiques et leurs étiologies
les cirrhoses hépatiques et leurs étiologiesBenJohnsonJUSTE1
 
ANOMALIES DU BILAN HEPATIQUE Conduite à tenir
ANOMALIES DU BILAN HEPATIQUE Conduite à tenirANOMALIES DU BILAN HEPATIQUE Conduite à tenir
ANOMALIES DU BILAN HEPATIQUE Conduite à tenirClaude EUGENE
 
Anémie héréditaire : drépanocytose et thalassémie
Anémie héréditaire : drépanocytose et thalassémie Anémie héréditaire : drépanocytose et thalassémie
Anémie héréditaire : drépanocytose et thalassémie Kîïmâã Šîímâã
 

Similaire à Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie (20)

Hugo.Cazenave
Hugo.CazenaveHugo.Cazenave
Hugo.Cazenave
 
Cholestase aigue gravidique sce gastroentérologie CHU Tlemcen
Cholestase aigue gravidique  sce gastroentérologie CHU TlemcenCholestase aigue gravidique  sce gastroentérologie CHU Tlemcen
Cholestase aigue gravidique sce gastroentérologie CHU Tlemcen
 
ictére du nouveau né
ictére du nouveau néictére du nouveau né
ictére du nouveau né
 
Les maladies pédiatriques que les hépatologues doivent connaître - Emmanuel G...
Les maladies pédiatriques que les hépatologues doivent connaître - Emmanuel G...Les maladies pédiatriques que les hépatologues doivent connaître - Emmanuel G...
Les maladies pédiatriques que les hépatologues doivent connaître - Emmanuel G...
 
Troubles du métabolisme des lipides chez l'enfant 2014
Troubles du métabolisme des lipides chez l'enfant 2014Troubles du métabolisme des lipides chez l'enfant 2014
Troubles du métabolisme des lipides chez l'enfant 2014
 
Cholestases néonatales, définitions
Cholestases néonatales, définitionsCholestases néonatales, définitions
Cholestases néonatales, définitions
 
Branche-technical report 1
Branche-technical report 1Branche-technical report 1
Branche-technical report 1
 
LITHIASE 2023.pdf
LITHIASE 2023.pdfLITHIASE 2023.pdf
LITHIASE 2023.pdf
 
Avitaminose B12 en Neurologie
Avitaminose B12 en NeurologieAvitaminose B12 en Neurologie
Avitaminose B12 en Neurologie
 
Maladie coeliaque, une maladie caméléon à large spectre clinique
Maladie coeliaque, une maladie caméléon à large spectre cliniqueMaladie coeliaque, une maladie caméléon à large spectre clinique
Maladie coeliaque, une maladie caméléon à large spectre clinique
 
CHOLANGITE BILIAIRE PRIMITIVE (CIRRHOSE BILIAIRE PRIMITIVE) : DIAGNOSTIC ET T...
CHOLANGITE BILIAIRE PRIMITIVE (CIRRHOSE BILIAIRE PRIMITIVE) : DIAGNOSTIC ET T...CHOLANGITE BILIAIRE PRIMITIVE (CIRRHOSE BILIAIRE PRIMITIVE) : DIAGNOSTIC ET T...
CHOLANGITE BILIAIRE PRIMITIVE (CIRRHOSE BILIAIRE PRIMITIVE) : DIAGNOSTIC ET T...
 
grossesse foie 2022.pdf
grossesse foie 2022.pdfgrossesse foie 2022.pdf
grossesse foie 2022.pdf
 
Le diabète néonatal
Le diabète néonatalLe diabète néonatal
Le diabète néonatal
 
M2 hemoglobinopathies
M2 hemoglobinopathiesM2 hemoglobinopathies
M2 hemoglobinopathies
 
Maladie de Wilson rodolphe Sobesky.pdf
Maladie de Wilson rodolphe Sobesky.pdfMaladie de Wilson rodolphe Sobesky.pdf
Maladie de Wilson rodolphe Sobesky.pdf
 
Anemies du nouveau ne
Anemies du nouveau neAnemies du nouveau ne
Anemies du nouveau ne
 
NAFLD COEUR.pdf
NAFLD COEUR.pdfNAFLD COEUR.pdf
NAFLD COEUR.pdf
 
les cirrhoses hépatiques et leurs étiologies
les cirrhoses hépatiques et leurs étiologiesles cirrhoses hépatiques et leurs étiologies
les cirrhoses hépatiques et leurs étiologies
 
ANOMALIES DU BILAN HEPATIQUE Conduite à tenir
ANOMALIES DU BILAN HEPATIQUE Conduite à tenirANOMALIES DU BILAN HEPATIQUE Conduite à tenir
ANOMALIES DU BILAN HEPATIQUE Conduite à tenir
 
Anémie héréditaire : drépanocytose et thalassémie
Anémie héréditaire : drépanocytose et thalassémie Anémie héréditaire : drépanocytose et thalassémie
Anémie héréditaire : drépanocytose et thalassémie
 

Plus de drmouheb

L'ecg pour les nuls (pédagogie de l'ecg)
L'ecg pour les nuls (pédagogie de l'ecg)L'ecg pour les nuls (pédagogie de l'ecg)
L'ecg pour les nuls (pédagogie de l'ecg)drmouheb
 
Endoc diabète ern omnipratique aout 2013
Endoc diabète ern omnipratique aout 2013Endoc diabète ern omnipratique aout 2013
Endoc diabète ern omnipratique aout 2013drmouheb
 
Radiographie thoracique du livre manuel pratique d'anesthésie
Radiographie thoracique du livre manuel pratique d'anesthésieRadiographie thoracique du livre manuel pratique d'anesthésie
Radiographie thoracique du livre manuel pratique d'anesthésiedrmouheb
 
Ecg livre manuel pratique d'anesthésie
Ecg livre manuel pratique d'anesthésieEcg livre manuel pratique d'anesthésie
Ecg livre manuel pratique d'anesthésiedrmouheb
 
Rhumato annales rhumato
Rhumato annales rhumatoRhumato annales rhumato
Rhumato annales rhumatodrmouheb
 
Sémiologie qroc soraya ayoub
Sémiologie qroc soraya ayoubSémiologie qroc soraya ayoub
Sémiologie qroc soraya ayoubdrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 maladies systémiques
Le manuel du généraliste 2 maladies systémiquesLe manuel du généraliste 2 maladies systémiques
Le manuel du généraliste 2 maladies systémiquesdrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 pathologies dites fonctionnelles
Le manuel du généraliste 2 pathologies dites fonctionnellesLe manuel du généraliste 2 pathologies dites fonctionnelles
Le manuel du généraliste 2 pathologies dites fonctionnellesdrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 ophtalmologie
Le manuel du généraliste 2 ophtalmologieLe manuel du généraliste 2 ophtalmologie
Le manuel du généraliste 2 ophtalmologiedrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 urologie néphrologie
Le manuel du généraliste 2 urologie   néphrologieLe manuel du généraliste 2 urologie   néphrologie
Le manuel du généraliste 2 urologie néphrologiedrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 endocrinologie metabolisme
Le manuel du généraliste 2 endocrinologie   metabolismeLe manuel du généraliste 2 endocrinologie   metabolisme
Le manuel du généraliste 2 endocrinologie metabolismedrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 du symptôme au diagnostic
Le manuel du généraliste 2 du symptôme au diagnosticLe manuel du généraliste 2 du symptôme au diagnostic
Le manuel du généraliste 2 du symptôme au diagnosticdrmouheb
 
Bases de cardiologie
Bases de cardiologieBases de cardiologie
Bases de cardiologiedrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 maladies infectieuses et virales
Le manuel du généraliste 2 maladies infectieuses et viralesLe manuel du généraliste 2 maladies infectieuses et virales
Le manuel du généraliste 2 maladies infectieuses et viralesdrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 la pratique de l'irm
Le manuel du généraliste 2 la pratique de l'irmLe manuel du généraliste 2 la pratique de l'irm
Le manuel du généraliste 2 la pratique de l'irmdrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 de l'antibiotique a l'antibiothérapie
Le manuel du généraliste 2 de l'antibiotique a l'antibiothérapieLe manuel du généraliste 2 de l'antibiotique a l'antibiothérapie
Le manuel du généraliste 2 de l'antibiotique a l'antibiothérapiedrmouheb
 
Le manuel du généraliste 2 allergologie
Le manuel du généraliste 2 allergologieLe manuel du généraliste 2 allergologie
Le manuel du généraliste 2 allergologiedrmouheb
 
Le manuel du généralist 2 pneumologie
Le manuel du généralist 2 pneumologieLe manuel du généralist 2 pneumologie
Le manuel du généralist 2 pneumologiedrmouheb
 
Residanat en poche 2011-tome i - qcm - qcs
Residanat en poche   2011-tome  i - qcm - qcsResidanat en poche   2011-tome  i - qcm - qcs
Residanat en poche 2011-tome i - qcm - qcsdrmouheb
 
Douleur la douleur lombaire
Douleur la douleur lombaireDouleur la douleur lombaire
Douleur la douleur lombairedrmouheb
 

Plus de drmouheb (20)

L'ecg pour les nuls (pédagogie de l'ecg)
L'ecg pour les nuls (pédagogie de l'ecg)L'ecg pour les nuls (pédagogie de l'ecg)
L'ecg pour les nuls (pédagogie de l'ecg)
 
Endoc diabète ern omnipratique aout 2013
Endoc diabète ern omnipratique aout 2013Endoc diabète ern omnipratique aout 2013
Endoc diabète ern omnipratique aout 2013
 
Radiographie thoracique du livre manuel pratique d'anesthésie
Radiographie thoracique du livre manuel pratique d'anesthésieRadiographie thoracique du livre manuel pratique d'anesthésie
Radiographie thoracique du livre manuel pratique d'anesthésie
 
Ecg livre manuel pratique d'anesthésie
Ecg livre manuel pratique d'anesthésieEcg livre manuel pratique d'anesthésie
Ecg livre manuel pratique d'anesthésie
 
Rhumato annales rhumato
Rhumato annales rhumatoRhumato annales rhumato
Rhumato annales rhumato
 
Sémiologie qroc soraya ayoub
Sémiologie qroc soraya ayoubSémiologie qroc soraya ayoub
Sémiologie qroc soraya ayoub
 
Le manuel du généraliste 2 maladies systémiques
Le manuel du généraliste 2 maladies systémiquesLe manuel du généraliste 2 maladies systémiques
Le manuel du généraliste 2 maladies systémiques
 
Le manuel du généraliste 2 pathologies dites fonctionnelles
Le manuel du généraliste 2 pathologies dites fonctionnellesLe manuel du généraliste 2 pathologies dites fonctionnelles
Le manuel du généraliste 2 pathologies dites fonctionnelles
 
Le manuel du généraliste 2 ophtalmologie
Le manuel du généraliste 2 ophtalmologieLe manuel du généraliste 2 ophtalmologie
Le manuel du généraliste 2 ophtalmologie
 
Le manuel du généraliste 2 urologie néphrologie
Le manuel du généraliste 2 urologie   néphrologieLe manuel du généraliste 2 urologie   néphrologie
Le manuel du généraliste 2 urologie néphrologie
 
Le manuel du généraliste 2 endocrinologie metabolisme
Le manuel du généraliste 2 endocrinologie   metabolismeLe manuel du généraliste 2 endocrinologie   metabolisme
Le manuel du généraliste 2 endocrinologie metabolisme
 
Le manuel du généraliste 2 du symptôme au diagnostic
Le manuel du généraliste 2 du symptôme au diagnosticLe manuel du généraliste 2 du symptôme au diagnostic
Le manuel du généraliste 2 du symptôme au diagnostic
 
Bases de cardiologie
Bases de cardiologieBases de cardiologie
Bases de cardiologie
 
Le manuel du généraliste 2 maladies infectieuses et virales
Le manuel du généraliste 2 maladies infectieuses et viralesLe manuel du généraliste 2 maladies infectieuses et virales
Le manuel du généraliste 2 maladies infectieuses et virales
 
Le manuel du généraliste 2 la pratique de l'irm
Le manuel du généraliste 2 la pratique de l'irmLe manuel du généraliste 2 la pratique de l'irm
Le manuel du généraliste 2 la pratique de l'irm
 
Le manuel du généraliste 2 de l'antibiotique a l'antibiothérapie
Le manuel du généraliste 2 de l'antibiotique a l'antibiothérapieLe manuel du généraliste 2 de l'antibiotique a l'antibiothérapie
Le manuel du généraliste 2 de l'antibiotique a l'antibiothérapie
 
Le manuel du généraliste 2 allergologie
Le manuel du généraliste 2 allergologieLe manuel du généraliste 2 allergologie
Le manuel du généraliste 2 allergologie
 
Le manuel du généralist 2 pneumologie
Le manuel du généralist 2 pneumologieLe manuel du généralist 2 pneumologie
Le manuel du généralist 2 pneumologie
 
Residanat en poche 2011-tome i - qcm - qcs
Residanat en poche   2011-tome  i - qcm - qcsResidanat en poche   2011-tome  i - qcm - qcs
Residanat en poche 2011-tome i - qcm - qcs
 
Douleur la douleur lombaire
Douleur la douleur lombaireDouleur la douleur lombaire
Douleur la douleur lombaire
 

Le manuel du généraliste 2 hepato gastro-enterologie

  • 1.
  • 2.
  • 3. Hyperbilirubinémies et cholestases génétiques R. Poupon On entend par cholestases génétiques les cholestases dues à des mutations inactivatrices portant sur les gènes codant pour les protéines assurant le transport des acides biliaires et des phospholipides dans la bile, respectivement ATP8B1 (ou FIC1), BSEP (ou ABCB11), MDR3 (ou ABCB11). Les tableaux cliniques sont représentés par les cholestases familiales progressives touchant les nourrissons, les enfants, voire les adultes jeunes, la cholestase récurrente bénigne, la lithiase biliaire de cholestérol des sujets jeunes (ou « low phospholipid associated cholelithiasis »). La cholestase gravidique résulte de la combinaison de variations alléliques portant sur les gènes codant les transporteurs biliaires et de facteurs hormonaux ou d’environnement. Les hyperbilirubinémies génétiques ou constitutionnelles ne s’accompagnent pas de cholestase. Elles relèvent d’anomalies portant sur le gène UGTA1, responsable de la conjugaison de la bilirubine à l’acide glucuronique, étape indispensable à l’élimination biliaire, et sur le gène MRP2, responsable du transport canaliculaire. Les principaux tableaux cliniques sont représentés par la maladie de Gilbert, les syndromes de Crigler-Najjar et le syndrome de Dubin-Johnson. © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Cholestase ; Acides biliaires ; Acide ursodésoxycholique ; ABCB4/MDR3 ; ABCB11/BSEP ; FIC1/ ATP8B1 ; Cholestase gravidique ; LPAC ; Cholestase familiale ; Bilirubine ; UGTA1 ; Maladie de Gilbert ; Syndrome Crigler-Najjar ; Dubin-Johnson ; MRP2 Plan Hépatocyte ¶ Cholestases génétiques Anomalies héréditaires responsables de cholestase Anomalies des transporteurs et facteurs génétiques de susceptibilité dans les cholestases acquises 1 1 ¶ Hyperbilirubinémies génétiques Métabolisme de la bilirubine (BR) Gène UGT1A1 Hyperbilirubinémies constitutionnelles Implications pharmacologiques des mutations affectant le métabolisme de la BR 2 2 3 3 2 4 Na+ NTCP AB- BSEP FIC1 ?PE, PS ABABCG5 ABCG8 OATP MRP2 OAGSH MDR1 OC+ MDR3 PL ■ Cholestases génétiques On entend par cholestases génétiques, les cholestases secondaires à des mutations inactivatrices des transporteurs biliaires canaliculaires (ATP8B1 ou FIC1, ABCB11 ou BSEP, ABCB11 ou MDR3) (Fig. 1). D’autres anomalies d’origine génétique peuvent être responsables de syndrome cholestatique. Il s’agit du déficit en a-1-antitrypsine, de la mucoviscidose, des anomalies des enzymes de la synthèse des acides biliaires et d’autres formes très rares de cholestases néonatales et de l’enfant. Anomalies héréditaires responsables de cholestase [1-3] Les mutations des gènes codant pour plusieurs transporteurs ABC sont considérées comme responsables des cholestases familiales progressives (progressive familial intrahepatic cholestasis AE2 HCO3ClABNa+ ASBT Canal biliaire ClCFTR FIC1 Figure 1. Principaux transporteurs biliaires et leur localisation. OATP : organic anion transporter proteins. [PFIC]) chez l’enfant. Ainsi, les mutations d’un gène codant pour la protéine FIC1 (ATP8B1), présente dans la membrane
  • 4. ¶ Microlithiase Cholestérol Phospholipides Acides biliaires Cholestérol MDR3 Phospholipides Acides biliaires Cholangite Figure 2. Expression phénotypique de mutations inactivatrices de ABCB4 (MDR3). L’absence ou la forte diminution des phospholipides biliaires a pour conséquences, d’une part, la précipitation de cholestérol et la formation de microcalculs et, d’autre part, une inflammation biliaire (cholangite) du fait de leur rôle cytoprotecteur vis-à-vis des molécules cytotoxiques (acides biliaires). canaliculaire et dans les cholangiocytes, mais aussi dans le pancréas et l’intestin, sont responsables de la maladie de Byler (cholestase familiale de type 1). Les enfants présentent une cholestase ictérique à gamma glutamyltransférases (cGT) normales, évoluant rapidement vers une cirrhose et une défaillance hépatique, justifiant la transplantation hépatique. Les mutations de FIC1 sont aussi responsables de cholestase récurrente bénigne de type 1 (BRIC-1). Certains patients se présentant initialement comme des BRIC-1 peuvent évoluer vers une cirrhose biliaire, probablement du fait d’une activité résiduelle de la protéine insuffisante ou de facteurs aggravants surajoutés. Les mutations de FIC1 entraînent une perte de l’asymétrie en phospholipides de la membrane canaliculaire et rendent celle-ci très vulnérable aux effets détergents des acides biliaires hydrophobes avec, comme conséquence, la perte des fonctions de transport. D’autres mécanismes sont nécessaires pour expliquer les manifestations extrahépatiques de la maladie (surdité, diarrhée, pancréatite, lithiase rénale). La transplantation hépatique ne corrige pas les manifestations extrahépatiques de la maladie de Byler. La cholestase familiale de type 2 est également une maladie cholestatique sévère, conduisant à l’insuffisance hépatique. Les mutations de BSEP sont responsables du phénotype clinique de ces patients. Les manifestations extrahépatiques sont absentes. L’activité sérique des cGT est normale. Dans une cohorte de 109 familles, un carcinome hépatocellulaire ou un cholangiocarcinome sont survenus chez 15 % des enfants. L’incidence était particulièrement élevée quand les patients étaient porteurs homozygotes de mutations non-sens. Les mutations de BSEP sont à l’origine de la cholestase récurrente bénigne de type 2 (BRIC-2). La cholestase familiale de type 3 est secondaire à des mutations du gène MDR3. La protéine est absente ou faiblement exprimée dans le foie de ces patients. Au cours de cette maladie cholestatique, il existe une inflammation et une altération des petites voies biliaires. La bile de ces patients est caractérisée par une concentration très basse en phospholipides. La maladie peut se manifester comme une cirrhose biliaire apparemment cryptogénétique chez l’adulte jeune. Les mutations faux sens, homozygotes ou hétérozygotes ou non-sens homozygotes du gène MDR3 sont associées à une forme récurrente de microlithiase biliaire du sujet jeune, le syndrome low phospholipid associated cholelithiasis (LPAC), quelquefois associé à une cholestase gravidique en fin de grossesse [4]. Les phospholipides sont nécessaires à la formation des micelles d’acides biliaires et la solubilisation du cholestérol. En leur absence, les acides biliaires deviennent toxiques pour les voies biliaires et le cholestérol précipite. La souris mdr2−/’− développe une cholangite sclérosante et une lithiase de cholestérol [5] (Fig. 2). Anomalies des transporteurs et facteurs génétiques de susceptibilité dans les cholestases acquises [6, 7] La cholestase intrahépatique de la grossesse est un bon exemple d’anomalies de fonction des transporteurs hépatobiliaires résultant à la fois de facteurs hormonaux ou d’environnement et de facteurs génétiques de susceptibilité. Le tableau clinique est caractérisé par un prurit associé à une perturbation des tests biochimiques hépatiques portant préférentiellement sur l’activité sérique des transaminases lors du troisième trimestre de la grossesse. Le diagnostic est confirmé par l’élévation marquée de la concentration des acides biliaires sériques. La cholestase gravidique peut se compliquer de complications fœtales (souffrance, mort in utero) et d’accouchement prématuré. Il en existe classiquement deux formes selon la normalité ou non de l’activité sérique des cGT (respectivement 30 % et 70 %), suggérant deux mécanismes physiopathologiques différents. Le rôle procholestatique des estrogènes est principalement attribué à la diminution de l’activité et de l’expression de MRP2 et BSEP. Le rôle de la progestérone et de ses métabolites repose sur les observations suivantes : • le déclenchement de la cholestase après administration de progestérone dans le dernier trimestre de la grossesse ; • l’augmentation anormale des concentrations sanguines des dérivés sulfatés de la progestérone ; • l’inhibition de l’activité de BSEP par certains métabolites de la progestérone. En dehors des facteurs hormonaux, le rôle d’un déficit en sélénium, du virus de l’hépatite C, d’une translocatation d’endotoxine du fait d’une anomalie de la perméabilité intestinale a été suggéré. Des mutations ou des variants des gènes codant pour FIC1, BSEP, MDR3, MRP2 et FXR sont associés à la cholestase gravidique indiquant une très grande variabilité génétique du syndrome. L’association aux mutations de MDR3 est la mieux caractérisée et la plus fréquente (environ 15 % à 20 %). Dans la plupart des cas, mais pas constamment, l’activité cGT est élevée dans cette situation. Le syndrome LPAC accompagne fréquemment cette forme de cholestase gravidique. L’administration d’acide ursodéoxycholique, dès les premiers symptômes, améliore le prurit et permet souvent de mener la grossesse à terme avec un risque minoré de souffrance fœtale. ■ Hyperbilirubinémies génétiques [8-10] Par convention, la bilirubinémie normale est inférieure à 17 µmol/l. Les valeurs moyennes observées chez la femme (environ 10 µmol/l) sont plus faibles que celles observées chez l’homme (environ 13 µmol/l). L’hyperbilirubinémie (HB) peut être le reflet d’une production exagérée ou d’un défaut d’élimination par le foie. L’HB au cours des maladies hépatiques témoigne de leur sévérité. L’HB est observée chez 5 % à 10 % de la population générale en l’absence de tout signe d’hémolyse ou d’atteinte hépatique. Ces HB sont souvent familiales et comprennent des formes allant de la maladie de Gilbert (MG), caractérisée par une HB modérée, aux formes sévères de syndrome de Crigler-Najjar (SCN) avec lésions cérébrales (ictère nucléaire). Métabolisme de la bilirubine (BR) [8] (Fig. 3) La BR est le produit du catabolisme de l’hémoglobine des globules rouges et des hémoprotéines dans le système réticuloendothélial, principalement dans la rate. Environ 250 mg de BR sont ainsi formés chaque jour. La BR très lipophile, relarguée dans le sang, est liée à l’albumine et ne passe pas dans les urines. Elle est captée au pôle sinusoïdal des hépatocytes par un
  • 5. ¶ détoxification des xénobiotiques tels que rifampicine, tolbutamide, paracétamol, irinotécan et inhibiteurs des protéases antiVIH. L’expression réduite de UGTA1 pourrait expliquer la susceptibilité aux effets toxiques de ces xénobiotiques. Hyperbilirubinémies constitutionnelles Maladie de Gilbert (MG) MG (ou syndrome de Gilbert) est caractérisée par une élévation modérée et fluctuante de la bilirubinémie sous forme de BR non conjuguée sans qu’il s’y associe de signes évidents de maladie hépatique ou d’hyperhémolyse. L’anomalie génétique se situe dans la TATAA box qui contient sept TA au lieu de six. Les patients sont homozygotes pour cette mutation appelée UGTA*28. Certains arguments suggèrent que le phénotype ne pourrait s’expliquer que par l’existence surajoutée d’anomalie de la captation hépatique de la BR ou d’une hémolyse infraclinique. Cette maladie ne justifie pas de traitement. Syndromes de Crigler-Najjar Figure 3. 250 mg de bilirubine sont formés chaque jour. La bilirubine non conjuguée fixée à l’albumine est transportée dans l’hépatocyte par les protéines SLC21A6, OATP2 et OATP-C. La bilirubine est conjuguée à une puis deux molécules d’acide glucuronique dans le réticulum endoplasmique, puis excrétée dans le canalicule biliaire par MRP2. Le métabolisme hépatique de la bilirubine est contrôlé par trois facteurs de transcription, CAR, PXR et FXR. Rif : rifampicine ; Dex : dexaméthasone ; PBal : phénobarbital ; BA : acides biliaires ; B : bilirubine non conjuguée ; B(GA) et B(GA)2 : bilirubine conjuguée à une et deux molécules d’acides glucuroniques ; OATP : organic anion transporter proteins. transporteur appartenant à la famille des organic anion transporter proteins (OATP) et se fixe sur des protéines appelées ligandine et protéine Z. Transportée dans le réticulum endoplasmique, elle est conjuguée à l’acide glucuronique pour former des mono- et diglucuronides. L’enzyme responsable est l’uridine diphosphoglucuronate-glucuronosyl transférase (UDP-GT). Cette conjugaison transforme la BR en un composé hydrosoluble capable d’être excrété dans la bile, voire les urines. Une petite fraction est prise en charge par la protéine multidrug resistance proteine 3 (MRP3) située à la membrane sinusoïdale et rejetée dans le sang. Ce transport reverse explique la présence de bilirubine conjuguée (jusqu’à 7 µmol/l) dans la circulation sanguine. La plus grande partie de la BR conjuguée est excrétée dans le canalicule biliaire par MRP2, un transporteur canaliculaire qui assure l’excrétion de composés sulfatés, glucuronidés ou conjugués au glutathion. Le transport canaliculaire est l’étape limitante du métabolisme. Une petite fraction est absorbée dans l’iléon et excrétée dans les urines sous forme d’urobiline. La conjugaison et le transport canaliculaire sont positivement régulés par deux facteurs de transcription, le pregnane X receptor (PXR) et le constitutive androstane receptor (CAR). La BR stimule sa propre clairance en activant CAR. La rifampicine et le phénobarbital sont de puissants activateurs de PXR et CAR respectivement. Gène UGT1A1 [8] Le locus UGTA1 est situé dans la région q37 du chromosome 2. Il contient 13 gènes codant les UDP-GT, chacun comprenant un exon 1 unique et quatre exons communs. Chaque exon a son propre promoteur où se trouve une TATAA box régulant la transcription de l’enzyme. La TATAA box contient normalement 6 TA : (TA6) TAA. En cas de mutation affectant l’exon, UDP-GT est structurellement altérée et inefficace. Si la mutation affecte la TATAA box du promoteur, l’activité est simplement réduite. Outre le métabolisme de le BR, UGTA1 est impliqué dans la Dans le type 1, la BR est très élevée, plus de 300 mg/l. Dans le type 2, la BR se situe entre 50 et 300 mg/l. Les mutations se situent au niveau des cinq exons communs codants. Le phénobarbital est capable de diminuer la BR dans le type 2 et peu ou pas dans le type 1. Dans les deux types, les mutations sont récessives. Cependant, dans le type 2, certaines mutations pourraient apparaître comme dominante-négatives. Le traitement des formes majeures avec risque d’atteintes nucléaires repose sur la photothérapie et la transplantation hépatique. Ictère physiologique néonatal La BR non conjuguée peut atteindre des concentrations de l’ordre de 60 mg/l les 4 jours qui suivent la naissance, mais revient en moins de 2 semaines à la normale. On attribue cet ictère physiologique à une immaturité des transporteurs hépatiques ou à une anomalie de l’hématopoïèse. Ictère au lait maternel Cet ictère cesse dès la suppression du lait maternel. Il pourrait être dû à un défaut génétique similaire à celui de la MG, associée à la présence dans le lait maternel d’inhibiteurs de l’activité de UDP-GT. “ Points essentiels • Les mutations inactivatrices de ATP8B1 (FIC1) sont responsables de la maladie de Byler ou cholestase familiale progressive de type 1. • La maladie de Byler se traduit cliniquement par une cholestase associée à une activité sérique normale des cGT. • Les mutations hétérozygotes de AT8B1 sont en partie responsables des cholestases récurrentes bénignes. • Les mutations inactivatrices de ABCB11 sont responsables de la cholestase familiale progressive de type 2. • Les mutations hétérozygotes de ABCB11 sont en partie responsables des cholestases récurrentes bénignes. • Les mutations inactivatrices de ABCB4 sont responsables de la cholestase familiale progressive de type 3. • Les mutations hétérozygotes de ABCB4 sont responsables de lithiase biliaire cholestérolique récidivante chez les sujets jeunes. • Les mutations hétérozygotes des gènes codant ou régulant les transporteurs biliaires sont à l’origine des cholestases gravidiques.
  • 6. ¶ . Syndrome de Dubin-Johnson [9] Il s’agit d’une condition bénigne caractérisée par une élévation de la bilirubine conjuguée associée à des tests hépatiques normaux. Le profil pharmacocinétique de la BSP est caractéristique avec une disparition initiale normale suivie d’une remontée tardive témoignant du défaut de sécrétion canaliculaire. Le foie est noir à la cœlioscopie du fait de dépôt de lipofuchines dans les hépatocytes. Le syndrome est associé à des mutations de MRP2 altérant soit son routage, soit sa fonction. Syndrome de Rotor Cet état rarissime combine un défaut de captation et de transport de la bilirubine. L’anomalie génétique n’est pas connue. Implications pharmacologiques des mutations affectant le métabolisme de la BR [10] UGTA1 et MRP2 sont impliquées dans le métabolisme et la détoxification de certains xénobiotiques. Certains effets indésirables de l’irinotécan, de l’indinavir, de l’atazanavir seraient liés à des variations alléliques de UGTA1, et en particulier au génotype UGTA1*28. De même, la diminution de l’activité de MRP2 pourrait rendre compte d’effets indésirables de certains xénobiotiques. ■ Références [1] Jacquemin E, Hadchouel M. Genetic basis of progressive familial intrahepatic cholestasis. J Hepatol 1999;31:377-81. [2] Jansen PL, Muller M. The molecular genetics of familial intrahepatic cholestasis. Gut 2000;47:1-5. [3] Pauli-Magnus C, Stieger B, Meier Y, Kullak-Ublick GA, Meier PJ. Enterohepatic transport of bile salts and genetics of cholestasis. J Hepatol 2005;43:342-57. [4] Rosmorduc O, Hermelin B, Poupon R. MDR3 gene defect in adults with symptomatic intrahepatic and gallbladder cholesterol cholelithiasis. Gastroenterology 2001;120:1459-67. [5] Fickert P, Fuchsbichler A, Wagner M, Zollner G, Kaser A, Tilg H, et al. Regurgitation of bile acids from leaky bile ducts causes sclerosing cholangitis in Mdr2 (Abcb4) knockout mice. Gastroenterology 2004; 127:261-74. [6] Riely CA, Bacq Y. Intrahepatic cholestasis of pregnancy. Clin Liver Dis 2004;8:167-76. [7] Poupon R. Intrahepatic cholestasis of pregnancy: from bedside to bench to bedside. Liver Int 2005;25:467-8. [8] Bosma PJ. Inherited disorders of bilirubin metabolism. J Hepatol 2003; 38:107-17. [9] Corpechot C, Ping C, Wendum D, Matsuda F, Barbu V, Poupon R. Identification of a novel 97C>G nonsense mutation of the MRP2/ABCC2gene in a patient with Dubin-Johnson syndrome and analysis of the effects of rifampicine and ursodeoxycholic acid on serum bilirubin and bile acids. Am J Gastroenterol 2006;101:2427-32. [10] Strassburg CP. Pharmacogenetics of Gilbert’s syndrome. Pharmacogenomics 2008;9:705-15.
  • 7. Surcharges génétiques en fer P. Brissot, M. Latournerie, E. Bardou-Jacquet, O. Loréal, A.-M. Jouanolle, Y. Deugnier Les surcharges génétiques en fer, encore appelées hémochromatoses, correspondent désormais à plusieurs affections. Elles restent toutefois très largement dominées en fréquence par l’hémochromatose liée au gène HFE. Leur diagnostic repose essentiellement sur une approche non vulnérante basée sur la clinique, la biologie et l’imagerie. Leur traitement, longtemps basé sur la simple soustraction sanguine, s’enrichit d’une possibilité de chélation médicamenteuse orale et surtout de perspectives thérapeutiques innovantes directement issues des progrès dans la compréhension moléculaire de ces maladies. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Surcharge en fer ; Hémochromatose ; HFE ; Hepcidine ; Ferroportine ; Hémojuvéline ; Récepteur de la transferrine ; Fer non lié à la transferrine Plan ¶ Introduction 1 ¶ Nouveau domaine des surcharges génétiques en fer Hémochromatose liée au gène HFE ou hémochromatose de type 1 Hémochromatoses non liées au gène HFE 1 1 1 ¶ Physiopathologie des surcharges génétiques en fer Mécanismes du développement de la surcharge Mécanismes de la toxicité cellulaire du fer 2 2 2 ¶ Diagnostic des surcharges héréditaires en fer Évoquer la surcharge en fer Affirmer la surcharge en fer Éliminer une surcharge en fer acquise Établir la nature génétique de la surcharge Dresser le bilan du retentissement polyviscéral de cette surcharge 2 3 3 4 4 5 ¶ Traitement des surcharges héréditaires en fer Hémochromatose de type 1 Autres hémochromatoses 5 5 6 ¶ Conclusion 6 p.Cys282Tyr) [4]. Cette affection est de transmission récessive ; deux mutations C282Y sont donc nécessaires à son expression phénotypique. Toutefois, il est désormais bien établi que l’homozygotie C282Y, si elle est nécessaire, n’est nullement suffisante à cette expression [5]. Ainsi, il a été rapporté que le développement d’une surcharge en fer pathologique ne surviendrait que chez environ 1 % des femmes et chez 28 % des hommes homozygotes [6]. La prévalence de la maladie hémochromatosique est donc sensiblement inférieure à celle de l’homozygotie C282Y, laquelle est estimée en moyenne à trois sujets sur mille. D’autres mutations, dites « mineures », du gène HFE existent mais ne peuvent à elles seules rendre compte d’un phénotype hémochromatosique clinique. En particulier, la mutation H63D (p.His63Asp) correspond à un simple polymorphisme et n’a donc pas de signification pathologique. Lorsqu’elle est associée à la mutation C282Y (hétérozygotie composite), tout au plus entraîne-t-elle une élévation légère des paramètres sériques du fer [7]. Hémochromatoses non liées au gène HFE Elles correspondent à des affections rares ou exceptionnelles. ■ Introduction Hémochromatose de type 2 Les surcharges génétiques en fer, ou hémochromatoses, ont connu au cours de la période récente un profond remaniement nosologique lié aux progrès de la biologie et de la génétique moléculaires. Ce nouveau domaine des surcharges génétiques en fer a été marqué par de grandes avancées de leurs approches diagnostique et thérapeutique. ■ Nouveau domaine des surcharges génétiques en fer [1-3] Hémochromatose liée au gène HFE ou hémochromatose de type 1 Elle est due à une mutation majeure du gène HFE localisé sur le chromosome 6, dénommée C282Y (nouvelle nomenclature : Aussi appelée hémochromatose juvénile, cette affection touche les adolescents ou adultes de moins de 30 ans et atteint particulièrement les sphères cardiaque et endocrinienne. Elle est liée à des mutations des gènes codant l’hémojuvéline (chromosome 1) [8] ou l’hepcidine (chromosome 19) [9]. Hémochromatose de type 3 Due à des mutations du gène du récepteur de la transferrine de type 2 (RTF2) (chromosome 7) [10], elle peut donner lieu à un tableau hémochromatosique mimant soit l’hémochromatose de type 1 (sujet adulte), soit celle de type 2 (sujet jeune). Hémochromatose de type 4 En rapport avec des mutations du gène SLC40A1 (chromosome 2) codant la ferroportine [11, 12], cette entité est moins rare
  • 8. ¶ que les hémochromatoses de types 2 et 3. Encore appelée maladie de la ferroportine et seule forme d’hémochromatose à transmission dominante, elle correspond, dans son expression la plus fréquente, à une hyperferritinémie avec normalité du taux de saturation de la transferrine plasmatique et surcharge en fer à dominante macrophagique. Mutations HFE (type 1) ou non HFE (type 2 ou 3) 1 Foie Acéruloplasminémie ou hypocéruloplasminémie héréditaire Hepcidine 4 Cette forme de surcharge en fer est due à des mutations du gène de la céruloplasmine (chromosome 3) [13]. Elle entraîne, par le biais d’une inhibition totale de la production de la protéine (acéruloplasminémie) et/ou de son activité ferroxydase (hypocéruloplasminémie) [14] , un tableau qui associe, à la surcharge viscérale en fer, une hyposidérémie, une anémie et des signes neurologiques. Rate 7 2 5 6 FER Sang Autres surcharges héréditaires en fer 3 Elles sont rarissimes et correspondent à des affections anciennes telles que l’atransferrinémie héréditaire [15], ou de description récente comme les surcharges liées à des mutations des gènes SLC11A2 codant divalent metal transporter 1 (DMT1) [16-18] et GLRX5 codant la glutarédoxine [19]. “ Point fort Les surcharges génétiques en fer correspondent à plusieurs entités qui restent, chez le Caucasien, largement dominées par l’hémochromatose liée au gène HFE. Duodénum 8 Figure 1. Mécanisme de développement de la surcharge en fer dans les hémochromatoses de types 1, 2 et 3 (d’après [3]). 1. Les mutations diminuent la production hépatique d’hepcidine ; 2. diminution de l’hepcidinémie ; 3. augmentation de l’absorption duodénale du fer ; 4. diminution de l’hepcidinémie ; 5. augmentation de la libération du fer des macrophages spléniques ; 6. hypersidérémie ; 7. hypercaptation hépatique du fer ; 8. surcharge hépatocytaire en fer (vue microscopique ; coloration de Perls). Déficit en ferroportine ■ Physiopathologie des surcharges génétiques en fer Il est en cause au cours de l’hémochromatose de type 4 et dans l’a- (ou hypo-) céruloplasminémie. En effet, dans ces deux affections, il se produit une rétention de fer intracellulaire du fait d’une altération de la fonction d’export du fer assurée par la ferroportine. Mécanismes du développement de la surcharge Mécanismes de la toxicité cellulaire du fer Deux mécanismes principaux sont à considérer [1]. Déficit en hepcidine . Il rend compte du développement de l’excès [20] en fer dans les hémochromatoses 1, 2, et 3 (Fig. 1). Il correspond à une diminution du niveau sérique d’hepcidine, conséquence d’une diminution de la synthèse hépatique d’hepcidine active [21-23]. Il peut s’agir soit d’une absence de synthèse comme dans l’hémochromatose juvénile (par mutation du gène de l’hepcidine), soit d’une baisse de production hépatique du fait d’une inhibition de la cascade de signalisation moléculaire qui conduit à la synthèse hépatocytaire de l’hepcidine comme dans les hémochromatoses 1, 2 et 3. Cette hypohepcidinémie entraîne une augmentation de la concentration plasmatique du fer en favorisant d’une part l’absorption duodénale du fer, d’autre part la sortie dans le plasma du fer splénique provenant de la dégradation physiologique des globules rouges. Cette hypersidérémie contribue à une augmentation du taux de saturation de la transferrine et lorsque ce taux dépasse 45 %, apparaît au niveau circulant une forme de fer appelée « fer non lié à la transferrine » (FNLT) [24, 25]. Ce type de fer a la particularité d’être très avidement capté par les diverses cellules parenchymateuses, en particulier hépatiques (c’est-à-dire les hépatocytes) [26], pancréatiques et cardiaques [27], expliquant la surcharge en fer viscérale de ce type d’hémochromatose [28, 29]. Lorsque le taux de saturation de la transferrine dépasse 75 %, apparaît une composante spéciale du fer non liée à la transferrine, appelée labile plasma iron (LPI) [30-32]. Ce LPI est de grande importance dans la mesure où il représente la forme potentiellement toxique du fer circulant. Il correspond en effet à un fer qui génère des espèces radicalaires oxygénées potentiellement cytotoxiques. Ce mécanisme explique sans doute pourquoi le dommage viscéral semble globalement plus marqué dans les hémochromatoses 1, 2, 3 (formes à fer plasmatique élevé) que dans l’hémochromatose 4 (forme à fer plasmatique bas). “ Point fort Les surcharges génétiques en fer impliquent deux grands mécanismes pour expliquer l’excès en fer : l’insuffisance en hepcidine ou l’insuffisance en ferroportine. ■ Diagnostic des surcharges héréditaires en fer Il comporte cinq étapes successives [1] (Fig. 2).
  • 9. ¶ Suspicion d'hémochromatose HFE (type 1) Tableau 1. Hyperferritinémies en théorie. Hyperferritinémies avec surcharge en fer Primitives : surcharges génétiques Hémochromatoses (1, 2, 3, 4) Augmentation du taux de saturation de la transferrine (souvent > 60 %) Acéruloplasminémie Secondaires Transfusions érythrocytaires multiples (surcharge marquée) C282Y/C282Y Autres causes (surcharge modérée) : - syndrome polymétabolique - cirrhose alcoolique Ferritine/IRM (quantification de la surcharge) - porphyrie cutanée tardive - supplémentation en fer parentéral (hémodialysés) Hyperferritinémie sans surcharge en fer Syndrome inflammatoire Bilan polyviscéral et classification en cinq grades Maladies inflammatoires chroniques (maladie de Still) Maladies infectieuses Cytolyses Quel que soit le grade (1-4) Grade > 2 Hépatopathies aiguës ou chroniques Hémopathies malignes Syndromes hémophagocytaires (activation macrophagique) Enquête familiale Saignées Autres causes Diabète Figure 2. Arbre décisionnel. Stratégie de prise en charge d’un patient atteint d’hémochromatose de type 1 (C282Y/C282Y). IRM : imagerie par résonance magnétique. Évoquer la surcharge en fer . Hors de la circonstance bien particulière d’un bilan systématique effectué dans le sillage de la découverte d’une surcharge en fer au sein d’une famille, de nombreuses situations peuvent, chez un sujet donné, correspondre à l’expression d’une surcharge en fer. Les principaux points d’appel cliniques sont : la fatigue chronique (qui peut être à composante sexuelle chez l’homme), les douleurs ostéoarticulaires chroniques (arthrites diverses, très évocatrices d’hémochromatose de type 1 lorsqu’elles touchent les 2e et 3e métacarpophalangiennes, voire les hanches [33], lombalgies dues à l’ostéoporose), une mélanodermie, une hépatomégalie, un diabète, des troubles du rythme cardiaque, voire une insuffisance cardiaque. Biologiquement, toute hypertransaminasémie chronique inexpliquée doit, lorsqu’elle est modérée (inférieure à 3 fois la limite supérieure de la normale), faire penser à une surcharge en fer. Mais c’est surtout l’hyperferritinémie (taux supérieur à 300 µg/l chez l’homme et à 200 µg/l chez la femme) qui, en pratique, fait évoquer la surcharge. Il est impératif d’interpréter correctement cette hyperferritinémie (Tableaux 1, 2), c’està-dire de ne lui attribuer la signification d’une surcharge en fer qu’après avoir éliminé les quatre principales situations qui peuvent provoquer une élévation de ce paramètre sans que pour autant un excès en fer de l’organisme soit en cause : la cytolyse (surtout lorsqu’elle est majeure), l’inflammation (ici aussi lorsqu’elle est très marquée), le dysmétabolisme (en particulier avec diabète) et l’alcoolisme (penser au sigle CIDA). L’anémie est aussi une circonstance pouvant conduire à la découverte d’une surcharge en fer. Affirmer la surcharge en fer C’est une étape qui est malheureusement parfois omise, la tendance étant d’attribuer systématiquement à une hyperferritinémie la signification d’un excès viscéral en fer. L’affirmation de cette surcharge viscérale (hépatique et/ou splénique) Dysthyroïdie Maladie de Gaucher Mutations du gène de la L-ferritine (avec ou sans cataracte) Tableau 2. Hyperferritinémie en pratique. Causes les plus fréquentes Surcharge en fer Inflammation Alcool Syndrome polymétabolique Cytolyse Bilan pratique (hors examen clinique) Première ligne : glycémie, uricémie, cholestérolémie, triglycéridémie, sidérémie, saturation de la transferrine, CRP, NFS (Hb, VGM), GGT, ASAT, ALAT Deuxième ligne : mutation C282Y (uniquement si saturation élevée) ; CPK Troisième ligne : IRM (fer), céruloplasminémie, tests génétiques spécifiques CRP : C-reactive protein ; NFS : numération-formule sanguine ; Hb : hémoglobine ; VGM : volume globulaire moyen ; GGT : gamma-glutamyl-transpeptidase ; ASAT : aspartate aminotransférase ; ALAT : alanine aminotransférase ; CPK : créatine phosphokinase ; IRM : imagerie par résonance magnétique. passe désormais par la réalisation d’une imagerie par résonance magnétique (IRM). Pour ce faire, il suffit que le radiologue, sans équipement spécifique, recoure à la formule de calcul proposée sur le site web : www.radio.univ-rennes1.fr. Cette formule concerne la quantification de la charge en fer au niveau du foie, mais il ne faut pas oublier de prendre en compte la présence éventuelle d’un excès de fer au niveau de la rate qui est l’autre organe majeur de stockage du fer. La base de l’intérêt de l’IRM pour l’évaluation de la charge en fer est que ce métal entraîne de manière spécifique un hyposignal en T2, hyposignal d’autant plus marqué (c’est-à-dire correspond à un assombrissement de l’image hépatique d’autant plus intense) que l’excès viscéral en fer est plus important [34, 35]. Normalement, la concentration hépatique en fer (CHF) est inférieure à 40 µmol/g.
  • 10. ¶ Tableau 3. Grandes causes de surcharge en fer. Surcharges acquises Transfusions (anémies chroniques) Apports oraux ou parentéraux excessifs Cirrhoses évoluées Surcharges génétiques Hémochromatose de type 1 (mutation HFE) Hémochromatose de type 2 (juvénile) (par mutation hémojuvéline ou hepcidine) Hémochromatose de type 3 (par mutation RTF2) Hémochromatose de type 4 (par mutation ferroportine) Acéruloplasminémie héréditaire RTF2 : récepteur de la transferrine de type 2. L’excès en fer peut être considéré comme modéré en dessous de 120 µmol/g, marqué de 120 à 250 µmol/g et majeur au-delà. On voit que la grande caractéristique de cette étape d’affirmation de la surcharge est d’être devenue non vulnérante. C’est dire que le recours à la ponction-biopsie hépatique est devenu, dans cette indication, très limité. Éliminer une surcharge en fer acquise Les causes acquises de surcharge en fer sont, de loin, les plus fréquentes. Il est indispensable de les considérer attentivement avant d’engager le diagnostic vers une surcharge héréditaire (Tableau 3). Le diagnostic différentiel s’appuie principalement sur l’importance de la surcharge et son contexte clinique. Surcharges importantes (CHF > 120 µmol/g) Elles s’accompagnent d’ordinaire d’une élévation de la saturation de la transferrine et sont principalement liées à : • la cirrhose du foie qui, quelle qu’en soit la cause, est susceptible de se compliquer, à un stade évolué, d’une surcharge parenchymateuse parfois majeure [36, 37] en lien probable avec l’hypotransferrinémie et l’hypohepcidinémie induites par l’insuffisance hépatocellulaire [38] ; • certaines formes d’anémie chronique : myélodysplasies (en particulier l’anémie sidéroblastique avec ring-sidéroblastes) [39], thalassémies et drépanocytose. Dans ces affections, la surcharge en fer se développe par deux mécanismes principaux : C la dysérythropoïèse responsable, par le biais d’une hyperproduction du facteur de croissance growth differentiation 15 (GDF15) [40], d’une hypohepcidinémie, elle-même à l’origine d’une surcharge parenchymateuse (hépatocytaire) ; c’est ce premier mécanisme qui explique qu’un excès en fer puisse être observé dans ces conditions hématologiques avant même toute transfusion, C l’apport transfusionnel, chaque culot transfusé apportant 200 à 250 mg de fer qui restent stockés dans l’organisme du fait de l’incapacité du corps humain à éliminer le fer qui lui parvient en excès ; la surcharge devient alors vite macrophagique (donc surtout splénique). Surcharges modérées (CHF < 120 µmol/g) Ces surcharges s’accompagnent d’une saturation de la transferrine peu augmentée, normale, voire abaissée. Le plus souvent, elles sont surestimées par le dosage de la ferritinémie, ce qui souligne la nécessité de disposer d’une évaluation directe de l’excès de fer par l’IRM, la biopsie ou la méthode rétrospective des saignées afin de ne pas engager à tort le diagnostic vers une cause génétique. Elles se développent dans quatre contextes principaux : • dans le contexte d’une supplémentation excessive en fer (parfois associée à la vitamine C), une surcharge iatrogène doit être discutée, surtout chez les sujets pratiquant un sport d’endurance à un haut niveau (cyclistes, marathoniens, etc.) [41] ; • dans le contexte d’anomalies métaboliques, l’hyperferritinémie est une anomalie fréquente (on parle d’hyperferritinémie dysmétabolique) qui ne témoigne qu’inconstamment d’un réel excès de fer (on parle alors d’hépatosidérose dysmétabolique) [42, 43]. L’hépatosidérose dysmétabolique est évoquée devant l’aspect mixte (dépôts hépatocytaires périportaux et surcharge kupfférienne diffuse) de la surcharge et l’existence d’un syndrome polymétabolique (hypertension artérielle, surpoids androïde, dyslipidémie, diabète, etc.) associé, fréquemment mais non toujours, à une stéatohépatite [44]. Sa physiopathologie n’est pas connue mais un trouble primitif du métabolisme de l’hepcidine ne semble pas en cause [45] ; • dans le contexte d’une hépatopathie chronique non cirrhotique, l’hyperferritinémie est fréquente, en lien avec l’activité nécrotico-inflammatoire. Elle peut toutefois témoigner d’une authentique surcharge en fer, en règle mixte et discrète [46], sous la dépendance de la cause de la maladie de foie : virus et alcool (en partie par le biais d’une action inhibitrice sur la synthèse d’hepcidine [47, 48]) et syndrome métabolique, le plus souvent ; • dans le contexte de manifestations cutanées (bullose, cicatrices dépigmentées, etc.), une porphyrie cutanée tardive doit être évoquée. Établir la nature génétique de la surcharge Outre l’absence de cause acquise, deux ordres d’arguments, complémentaires, peuvent étayer cette origine génétique. Éléments familiaux, connus ou suggestifs, de surcharge en fer Ces données familiales concernent avant tout la fratrie, la majorité de ces surcharges héréditaires étant de transmission récessive. Une exception cependant est représentée par l’hémochromatose de type 4 (maladie de la ferroportine) dont le mode de transmission est dominant avec, en conséquence, possibilité de détecter des anomalies (en particulier une hyperferritinémie avec saturation de la transferrine normale ou basse) au niveau des parents du premier degré. Éléments personnels Si certaines données de terrain et de clinique peuvent orienter (exclusion d’une hémochromatose de type 1 chez un sujet non caucasien, possibilité d’hémochromatose juvénile chez un patient de moins de 30 ans, possibilité d’acéruloplasminémie en cas d’anémie et/ou de signes neurologiques...), le pivot de la démarche diagnostique est fourni par le taux de fer (ou de saturation de la transferrine) plasmatique (Fig. 3) : • si ce taux est élevé (théoriquement plus de 45 % mais, en fait, souvent plus de 60 %, voire plus de 80 %), le diagnostic d’hémochromatose par déficit en hepcidine est très probable. En pratique, il convient, chez un sujet de race blanche, de commencer par la recherche (sur un prélèvement sanguin ou salivaire) de la mutation C282Y qui reviendra positive à l’état homozygote en cas d’hémochromatose de type 1. Si cette recherche est négative (ou n’a pas été faite car le patient n’était pas caucasien), il convient de demander, chez un sujet adulte de plus de 30 ans, la recherche d’une mutation du gène de RTF2 et, chez un sujet de moins de 30 ans, une éventuelle mutation des gènes de l’hémojuvéline, de l’hepcidine ou de TRF2 ; • si le taux de saturation n’est pas élevé, voire bas (< 45 %), il convient de demander un dosage de la céruloplasminémie qui montre un taux indétectable en cas d’acéruloplasminémie. En cas d’hypocéruloplasminémie, c’est l’effondrement de l’activité ferroxydase plasmatique qui permet de poser le diagnostic. Ces études génétiques, hors celles concernant le gène HFE, sont très spécialisées et requièrent des structures dûment
  • 11. ¶ = Inflammation CRP ? N N Ferritine Fer hépatique ? (IRM) Sat.Tf ? ± Dysmétabolisme Alcoolisme ++ Ferroportine 0 L- ferritine (cataracte) = Hépatite aiguë ou cirrhose sévère Transa ? N Anémie Oui = Hémo HFE Non = Hémo non HFE Hb N = Hémo C282Y/C282Y ? Surcharge transfusionnelle Figure 3. Organigramme du diagnostic d’une hyperferritinémie. Sat. Tf : saturation de la transferrine ; Transa : transaminases ; Hb : hémoglobine ; Hémo : hémochromatose ; N : normal ; CRP : C-reactive protein. 4 Risque vital 3 Qualité de vie Qualité de vie Ferritine Ferritine Ferritine Sat.Tf Sat.Tf Sat.Tf ferritinémie (> 300 µg/l chez l’homme et > 200 µg/l chez la femme) sans toutefois de signes cliniques ; les stades 3 et 4 correspondent à l’apparition de signes cliniques, lesquels pour le stade 3 affectent la qualité de vie (asthénie chronique, impuissance, arthropathies) et pour le stade 4 compromettent le pronostic vital (cirrhose avec risque de carcinome hépatocellulaire, de diabète insulinodépendant, de cardiomyopathie). Cette classification permet de définir les modalités de prise en charge (nature des examens à surveiller, fréquence de ces contrôles). 2 1 Sat.Tf “ Point fort 0 Figure 4. Classification de l’expression phénotypique de l’hémochromatose liée à HFE (d’après [1]). Sat. Tf : saturation de la transferrine. labellisées telles que celles en lien avec le Centre de référence des surcharges en fer rares d’origine génétique (centre hospitalier universitaire Pontchaillou, Rennes) : http://resmed.univrennes1.fr/crefer). Dresser le bilan du retentissement polyviscéral de cette surcharge Ce bilan permet, dans l’hémochromatose de type 1 (et par extension dans les hémochromatoses par déficit en hepcidine), de classer la maladie en cinq stades de gravité croissante [1, 49] (Fig. 4). Le stade 0 correspond à l’absence de toute expression clinicobiologique, le stade 1 à une simple augmentation du taux de saturation de la transferrine (> 45 %, en fait souvent > 60 % chez l’homme et à 50 % chez la femme), le stade 2 à l’augmentation conjointe des taux de saturation de la transferrine et de Poser le diagnostic de surcharge génétique en fer repose sur une démarche non vulnérante associant clinique, biologie et imagerie (IRM). ■ Traitement des surcharges héréditaires en fer Hémochromatose de type 1 Seul est considéré le traitement de la surcharge en fer elle-même. Les saignées constituent le traitement de référence [49]. Elles ont démontré leur efficacité sur la survie des patients et la régression (variable) de certaines des complications associées à la surcharge martiale. Ce traitement, débuté précocement, permet d’éviter l’installation de complications. Indications du traitement par saignées C’est à partir du stade 2, c’est-à-dire lorsque le sujet homozygote pour C282Y présente une augmentation du taux de
  • 12. ¶ ferritinémie (> 300 µg/l chez l’homme et > 200 µg/l chez la femme), qu’il y ait des signes cliniques (stade 3 ou 4) ou non (stade 2), que l’indication de la réalisation de saignées se trouve posée. Avant de les débuter, il convient de s’assurer de l’absence de contre-indications. Ces contre-indications peuvent être permanentes (toute pathologie susceptible de menacer la santé du patient à l’occasion de la saignée, anémie sidéroblastique et autre anémie centrale non carentielle, thalassémie majeure, cardiopathies sévères ou décompensées non dues à l’hémochromatose) ou temporaires (anémie par carence martiale inférieure à 11 g/dl, hypotension artérielle - pression artérielle systolique inférieure à 100 mmHg -, artériopathie oblitérante sévère des membres inférieurs, antécédents d’ischémie aiguë artérielle d’origine thrombotique d’un membre ou d’accident vasculaire cérébral récents [moins de 6 mois], fréquence cardiaque inférieure à 50 ou supérieure à 100 battements/min, grossesse, réseau veineux très insuffisant ou inaccessible [membre supérieur]), la survenue d’une pathologie intercurrente entraînant une altération de l’état général. Modalités pratiques de réalisation et de suivi des saignées Volume des saignées Le volume de sang maximal à prélever recommandé varie avec le poids (7 ml/kg) sans dépasser 550 ml par saignée. Ce volume doit être adapté à la tolérance du patient, à son âge, à son état de santé (notamment à sa fonction cardiaque). Fréquence et durée des saignées En phase d’induction (correspondant à l’élimination de l’excès en fer), la fréquence est en règle hebdomadaire mais doit être adaptée à l’importance de la surcharge en fer et à la tolérance du traitement, la fréquence pouvant ainsi aller de deux à quatre saignées par mois. La durée est fonction de l’atteinte de l’objectif qui est l’obtention d’un taux de ferritinémie de l’ordre de 50 µg/l. En phase d’entretien (correspondant à l’évitement de la reconstitution de la surcharge), il est recommandé d’effectuer une saignée régulièrement tous les 2, 3 ou 4 mois (à adapter en fonction des patients) afin de maintenir la ferritinémie stable vers 50 µg/l. La durée est théoriquement illimitée, le traitement déplétif ne traitant bien sûr nullement la prédisposition génétique à la surcharge en fer. Suivi des saignées • Au plan de l’efficacité : en phase d’induction, il est recommandé que le contrôle de la ferritinémie soit mensuel (toutes les quatre saignées) jusqu’à l’atteinte de la borne supérieure de la normalité, soit 300 µg/l chez l’homme et 200 µg/l chez la femme. Au-dessous de ces valeurs, un contrôle de la ferritinémie toutes les deux saignées est recommandé. En pratique, ces contrôles sont réalisés sur la tubulure en dérivation de la poche. En phase d’entretien, la ferritinémie est à contrôler toutes les deux saignées quel que soit l’espacement de celles-ci. • Au plan de la tolérance : cliniquement, une évaluation est conseillée comportant au minimum la vérification de la bonne tolérance de la saignée précédente, de l’absence de contre-indications pour une nouvelle saignée et un contrôle de la pression artérielle. Biologiquement, une hémoglobinémie inférieure à 11 g/dl doit conduire à la suspension transitoire des saignées. Conseil génétique Les principales recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) [49] sont ici rappelées. N’étant pas autorisé à contacter lui-même les apparentés du probant, le médecin doit informer personnellement celui-ci sur la maladie, lui préciser les avantages et les inconvénients d’une démarche de dépistage pour les membres de sa famille et des probabilités pour chacun d’entre eux d’être homozygote ou d’être malade et lui demander d’informer tous les membres (majeurs) de sa fratrie sur l’opportunité d’entreprendre un contrôle des marqueurs du fer et du test HFE (mutation C282Y). Dans la mesure où aucun traitement n’est attendu chez le sujet mineur, il n’est pas légitime de réaliser chez lui un bilan génétique. Tout au plus peut-on prévoir vers l’âge de 15 ans un contrôle du taux de saturation de la transferrine et de la ferritine. En cas de demande pressante des parents de connaître le statut génétique de leur(s) enfant(s) mineur(s), il peut être proposé de génotyper le conjoint du probant (en gardant à l’esprit, si le probant est la mère, que l’interprétation du résultat n’est valable qu’en cas de paternité biologique). Autres hémochromatoses Seules sont indiquées les particularités de la prise en charge des surcharges génétiques en fer non liées au gène HFE (Fig. 2). Lieu des saignées Hémochromatoses de types 2 et 3 Les saignées peuvent être réalisées en centre hospitalier, dans un Établissement français du sang, en cabinet médical ou hospitalier. La prise en charge à domicile : • peut être proposée en cas d’éloignement du patient d’une structure de soins habilitée ou à la demande de celui-ci, par exemple en vue d’une amélioration attendue de son observance ; • est contre-indiquée en cas d’insuffisance cardiaque ou de cardiopathie décompensée, de mauvais état général, d’antécédents de malaises à l’occasion de prélèvements sanguins ayant nécessité l’intervention d’un médecin ; • concerne essentiellement la phase d’entretien ; • peut être acceptée en phase d’induction mais uniquement après que les cinq premières saignées ont été effectuées dans une des structures de soins précédentes (car les éventuels problèmes de tolérance générale se situent habituellement au début de la mise en route du traitement déplétif) ; • implique une surveillance constante par une infirmière et la possibilité d’intervention rapide d’un médecin ; • doit s’accompagner de l’élaboration d’un projet thérapeutique écrit entre les différents partenaires médicaux et paramédicaux assurant la prise en charge du patient. Le carnet de suivi, élaboré par la Caisse national d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAM-TS), constitue à cet égard un outil pratique. Les saignées restent la thérapeutique de référence, le recyclage du fer à partir des zones de stockage se faisant aisément (puisque la protéine d’export, la ferroportine, n’est pas affectée). En cas de surcharge massive, comme il est observé dans les hémochromatoses juvéniles, l’adjonction d’un nouveau chélateur oral du fer, le déférasirox (Exjade®) [50], peut désormais être considérée afin de raccourcir la phase d’induction. Hémochromatose de type 4 (maladie de la ferroportine) Le traitement par saignées peut ici poser problème en raison de l’altération de la fonction d’export de la ferroportine qui est responsable d’un recyclage médiocre du fer à partir des sites de stockage, exposant ainsi les sujets saignés au risque d’anémie. Le déférasirox pourrait donc être indiqué. Le même problème se trouve posé, mais avec plus d’acuité, dans l’a- (hypo-) céruloplasminémie où l’existence d’une anémie contre-indique ce traitement. ■ Conclusion Le domaine des surcharges génétiques a donc connu dans la période récente de profonds bouleversements. Le champ des
  • 13. ¶ “ Point fort La saignée demeure la base du traitement des surcharges génétiques par insuffisance en hepcidine. affections en cause s’est élargi et les moyens d’en faire le diagnostic se sont affinés grâce aux progrès de la biologie et de l’imagerie. Pour la plupart des entités concernées, la saignée reste un moyen simple et performant pour éliminer le fer en excès. Mais les progrès de la compréhension moléculaire de ces maladies ouvrent désormais, en cas d’hepcidinodéficience, des perspectives thérapeutiques nouvelles. En effet, en normalisant le métabolisme du fer par restauration d’une normohepcidinémie, il deviendra possible de prévenir le développement et/ou la reconstitution de la surcharge viscérale en fer. Remerciements : Cet article a été réalisé en partie grâce au soutien du contrat européen EEC FP6 Euroiron1, LSHM-CT-2006-037296 et du Centre de dépistage des surcharges en fer rares d’origine génétique (Rennes). . ■ Références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] Brissot P, Troadec MB, Bardou-Jacquet E, Lan CL, Jouanolle AM, Deugnier Y, et al. Current approach to hemochromatosis. Blood Rev 2008;22:195-210. Pietrangelo A. Inherited metabolic disease of the liver. Curr Opin Gastroenterol 2009;25:209-14. Brissot P. Haemochromatoses. New understanding, new treatments. Gastroenterol Clin Biol 2009;33:859-67. Feder JN, Gnirke A, Thomas W, Tsuchihashi Z, Ruddy DA, Basava A, et al. A novel MHC class I-like gene is mutated in patients with hereditary haemochromatosis. Nat Genet 1996;13:399-408. Beutler E, Felitti VJ, Koziol JA, Ho NJ, Gelbart T. Penetrance of 845G--> A (C282Y) HFE hereditary haemochromatosis mutation in the USA. Lancet 2002;359:211-8. Allen KJ, Gurrin LC, Constantine CC, Osborne NJ, Delatycki MB, Nicoll AJ, et al. Iron-overload-related disease in HFE hereditary hemochromatosis. N Engl J Med 2008;358:221-30. Gurrin LC, Bertalli NA, Dalton GW, Osborne NJ, Constantine CC, McLaren CE, et al. HFE C282Y/H63D compound heterozygotes are at low risk of hemochromatosis-related morbidity. Hepatology 2009;50: 94-101. Papanikolaou G, Samuels ME, Ludwig EH, MacDonald ML, Franchini PL, Dube MP, et al. Mutations in HFE2 cause iron overload in chromosome 1q-linked juvenile hemochromatosis. Nat Genet 2004; 36:77-82. Roetto A, Papanikolaou G, Politou M, Alberti F, Girelli D, Christakis J, et al. Mutant antimicrobial peptide hepcidin is associated with severe juvenile hemochromatosis. Nat Genet 2003;33:21-2. Camaschella C, Roetto A, Cali A, De Gobbi M, Garozzo G, Carella M, et al. The gene TFR2 is mutated in a new type of haemochromatosis mapping to 7q22. Nat Genet 2000;25:14-5. Montosi G, Donovan A, Totaro A, Garuti C, Pignatti E, Cassanelli S, et al.Autosomal-dominant hemochromatosis is associated with a mutation in the ferroportin (SLC11A3) gene. J Clin Invest 2001;108:619-23. Njajou OT, Vaessen N, Joosse M, Berghuis B, van Dongen JW, Breuning MH, et al. A mutation in SLC11A3 is associated with autosomal dominant hemochromatosis. Nat Genet 2001;28:213-4. Miyajima H, Takahashi Y, Kono S. Aceruloplasminemia, an inherited disorder of iron metabolism. Biometals 2003;16:205-13. Kono S, Suzuki H, Takahashi K, Takahashi Y, Shirakawa K, Murakawa Y, et al. Hepatic iron overload associated with a decreased serum ceruloplasmin level in a novel clinical type of aceruloplasminemia. Gastroenterology 2006;131:240-5. Knisely AS, Gelbart T, Beutler E. Molecular characterization of a third case of human atransferrinemia. Blood 2004;104:2607. [16] Mims MP, Guan Y, Pospisilova D, Priwitzerova M, Indrak K, Ponka P, et al. Identification of a human mutation of DMT1 in a patient with microcytic anemia and iron overload. Blood 2005;105:1337-42. [17] Beaumont C, Delaunay J, Hetet G, Grandchamp B, de Montalembert M, Tchernia G. Two new human DMT1 gene mutations in a patient with microcytic anemia, low ferritinemia, and liver iron overload. Blood 2006;107:4168-70. [18] Iolascon A, d’Apolito M, Servedio V, Cimmino F, Piga A, Camaschella C. Microcytic anemia and hepatic iron overload in a child with compound heterozygous mutations in DMT1 (SCL11A2). Blood 2006;107:349-54. [19] Camaschella C, Campanella A, De Falco L, Boschetto L, Merlini R, Silvestri L, et al. The human counterpart of zebrafish shiraz shows sideroblastic-like microcytic anemia and iron overload. Blood 2007; 110:1353-8. [20] Andrews NC. Forging a field: the golden age of iron biology. Blood 2008;112:219-30. [21] Pigeon C, Ilyin G, Courselaud B, Leroyer P, Turlin B, Brissot P, et al. A new mouse liver-specific gene, encoding a protein homologous to human antimicrobial peptide hepcidin, is overexpressed during iron overload. J Biol Chem 2001;276:7811-9. [22] Viatte L, Vaulont S. Hepcidin, the iron watcher. Biochimie 2009;91: 1223-8. [23] Loreal O, Haziza-Pigeon C, Troadec MB, Detivaud L, Turlin B, Courselaud B, et al. Hepcidin in iron metabolism. Curr Protein Pept Sci 2005;6:279-91. [24] Hershko C, Graham G, Bates GW, Rachmilewitz EA. Non-specific serum iron in thalassaemia: an abnormal serum iron fraction of potential toxicity. Br J Haematol 1978;40:255-63. [25] Hider RC. Nature of nontransferrin-bound iron. Eur J Clin Invest 2002; 32(suppl1):50-4. [26] Brissot P, Wright TL, Ma WL, Weisiger RA. Efficient clearance of nontransferrin-bound iron by rat liver. Implications for hepatic iron loading in iron overload states. J Clin Invest 1985;76:1463-70. [27] Craven CM, Alexander J, Eldridge M, Kushner JP, Bernstein S, Kaplan J. Tissue distribution and clearance kinetics of non-transferrinbound iron in the hypotransferrinemic mouse: a rodent model for hemochromatosis. Proc Natl Acad Sci USA 1987;84:3457-61. [28] Babitt JL, Huang FW, Wrighting DM, Xia Y, Sidis Y, Samad TA, et al. Bone morphogenetic protein signaling by hemojuvelin regulates hepcidin expression. Nat Genet 2006;38:531-9. [29] Wang R, Li C, Xu X, Zheng Y, Xiao C, Zerfas P, et al. A role of SMAD4 in iron metabolism through the positive regulation of hepcidin expression. Cell Metab 2005;2:399-409. [30] Esposito BP, Breuer W, Sirankapracha P, Pootrakul P, Hershko C, Cabantchik ZI. Labile plasma iron in iron overload: redox activity and susceptibility to chelation. Blood 2003;102:2670-7. [31] Le Lan C, Loreal O, Cohen T, Ropert M, Glickstein H, Laine F, et al. Redox active plasma iron in C282Y/C282Y hemochromatosis. Blood 2005;105:4527-31. [32] Cabantchik ZI, Breuer W, Zanninelli G, Cianciulli P. LPI-labile plasma iron in iron overload. Best Pract Res Clin Haematol 2005;18:277-87. [33] Duval H, Lancien G, Marin F, Ropars M, Guggenbuhl P, Chales G. Hip involvement in hereditary hemochromatosis: a clinical-pathologic study. Joint Bone Spine 2009;76:412-5. [34] Gandon Y, Olivié D, Guyader D, Aubé C, Oberti F, Sebille V, et al. Non-invasive assessment of hepatic iron stores by MRI. Lancet 2004; 363:338-43. [35] St Pierre TG, Clark PR, Chua-anusorn W, Fleming AJ, Jeffrey GP, Olynyk JK, et al. Noninvasive measurement and imaging of liver iron concentrations using proton magnetic resonance. Blood 2005;105: 855-61. [36] Deugnier Y, Turlin B, le Quilleuc D, Moirand R, Loreal O, Messner M, et al. A reappraisal of hepatic siderosis in patients with end-stage cirrhosis: practical implications for the diagnosis of hemochromatosis. Am J Surg Pathol 1997;21:669-75. [37] Ludwig J, Hashimoto E, Porayko MK, Moyer TP, Baldus WP. Hemosiderosis in cirrhosis: a study of 447 native livers. Gastroenterology 1997;112:882-8. [38] Detivaud L, Nemeth E, Boudjema K, Turlin B, Troadec MB, Leroyer P, et al. Hepcidin levels in humans are correlated with hepatic iron stores, hemoglobin levels, and hepatic function. Blood 2005;106:746-8.
  • 14. ¶ [39] Cazzola M, Della Porta MG, Malcovati L. Clinical relevance of anemia and transfusion iron overload in myelodysplastic syndromes. Hematology (Am Soc Hematol Educ Program) 2008:166-75. [40] Tanno T, Bhanu NV, Oneal PA, Goh SH, Staker P, Lee YT, et al. High levels of GDF15 in thalassemia suppress expression of the iron regulatory protein hepcidin. Nat Med 2007;13:1096-101. [41] Deugnier Y, Loreal O, Carre F, Duvallet A, Zoulim F, Vinel JP, et al. Increased body iron stores in elite road cyclists. Med Sci Sports Exerc 2002;34:876-80. [42] Moirand R, Mortaji AM, Loreal O, Paillard F, Brissot P, Deugnier Y. A new syndrome of liver iron overload with normal transferrin saturation. Lancet 1997;349:95-7. [43] Mendler MH, Turlin B, Moirand R, JouanolleAM, Sapey T, Guyader D, et al. Insulin resistance-associated hepatic iron overload. Gastroenterology 1999;117:1155-63. [44] Turlin B, Mendler MH, Moirand R, Guyader D. Guillygomarc’h A, Deugnier Y. Histologic features of the liver in insulin resistanceassociated iron overload. A study of 139 patients. Am J Clin Pathol 2001;116:263-70. [45] Ruivard M, Laine F, Ganz T, Olbina G, Westerman M, Nemeth E, et al. Iron absorption in dysmetabolic iron overload syndrome is decreased and correlates with increased plasma hepcidin. J Hepatol 2009;50: 1219-25. [46] Pietrangelo A. Iron in NASH, chronic liver diseases and HCC: how much iron is too much? J Hepatol 2009;50:249-51. [47] Nishina S, Hino K, Korenaga M, Vecchi C, Pietrangelo A, Mizukami Y, et al. Hepatitis C virus-induced reactive oxygen species raise hepatic iron level in mice by reducing hepcidin transcription. Gastroenterology 2008;134:226-38. [48] Harrison-Findik DD. Is the iron regulatory hormone hepcidin a risk factor for alcoholic liver disease? World J Gastroenterol 2009;15: 1186-93. [49] HAS. French recommendations for management of HFE hemochromatosis. Haute Autorité de Santé 2005; www.has-sante.fr. [50] Cappellini MD, Cohen A, Piga A, Bejaoui M, Perrotta S, Agaoglu L, et al. A phase 3 study of deferasirox (ICL670), a once-daily oral iron chelator, in patients with beta-thalassemia. Blood 2006;107:3455-62.
  • 15. 504 SECTION I j  Section Title Roshan Shrestha Cirrhose Introduction La cirrhose et ses complications constituent l’une des 10 principales causes de mortalité aux États-Unis. La cirrhose du foie est une altération irréversible de l’architecture hépatique, caractérisée par une fibrose diffuse et des zones de régénération nodulaire. Ces nodules peuvent être micronodulaires (< 3 mm) ou macronodulaires (> 3 mm), ces deux types de structure étant fréquemment présents dans le même foie. Déterminer l’étiologie n’est souvent pas possible sur base de l’aspect macro- et microscopique du foie cirrhotique. Pour y parvenir, il faut une démarche minutieuse basée sur l’anamnèse, l’examen physique, des tests biochimiques et sérologiques et des examens histochimiques avec colorations spéciales. Étiologie et pathogénie La relation entre l’abus d’alcool et la cirrhose est bien établie. L’éthanol est hépatotoxique et conduit à la stéatose hépatique, à l’hépatite alcoolique et finalement à la cirrhose (figure 64.1). La pathogénie peut différer selon les causes sous-jacentes de la maladie du foie. En général, une inflammation chronique est en cours, soit en raison d’agents toxiques (alcool et drogue), d’infections (virus de l’hépatite, parasites), de réactions auto-immunes (hépatite chronique active, cirrhose biliaire primitive) ou d’une obstruction des voies biliaires (lithiase du cholédoque, cholangite sclérosante primitive [CSP]) et de l’inflammation chronique caractérisée récemment causée par une stéatose hépatique non alcoolique (SHNA) avec développement ultérieur d’une fibrose diffuse et d’une cirrhose (encadré 64.1). Tableau clinique Les patients peuvent être tout à fait asymptomatiques ou présenter des signes généraux non spécifiques, des symptômes d’insuffisance hépatique, des complications de l’hypertension portale ou les deux. Les symptômes non spécifiques sont : faiblesse, léthargie, anorexie, perte de poids, douleurs abdominales, perte de libido, troubles du rythme veille-sommeil, nausées ou vomissements. Les symptômes spécifiques dus à un dysfonctionnement de la synthèse hépatique et de l’hypertension portale sont : ictère, prurit, coagulopathie entraînant une tendance aux ecchymoses, rétention hydrique avec œdème des chevilles, ascite, saignement des varices gastroœsophagiennes responsables d’hématémèse ou de méléna et symptômes d’encéphalopathie hépatique allant de la confusion légère au coma. À l’examen physique, les patients peuvent avoir des stigmates de maladie chronique du foie comme les contractures de Dupuytren, l’érythème palmaire, des angiomes stellaires, une hypertrophie de la parotide et des contusions. L’examen de l’abdomen peut révéler un foie hypertrophié ou atrophié, une splénomégalie, une ascite ou des veines superficielles dilatées de la paroi abdominale. Les patients peuvent montrer des signes de féminisation (gynécomastie), une atrophie des testicules et une perte des poils. En cas d’encéphalopathie hépatique, on peut voir survenir un mouvement de la main comparable à un battement d’ailes, appelé astérixis. Diagnostic différentiel L’apparition d’ascite sans antécédents ni stigmates de maladie chronique du foie peut ne pas être secondaire à une cirrhose ni à une hypertension portale. D’autres causes sont l’occlusion de la veine porte, un syndrome néphrotique, une entéropathie exsudative, une malnutrition sévère, un myxœdème, des maladies ovariennes (syndrome de Meig, goitre ovarien), une ascite pancréatique, une ascite chyleuse, une ascite néphrogénique, une péritonite tuberculeuse ou un cancer secondaire.
  • 16. j Figure 64.1 Cirrhose septale. Stade stéatosique de la cirrhose septale Cirrhose septale (de Laennec) Le diagnostic différentiel pour une hématémèse et un méléna comprend l’ulcère duodénal, l’ulcère gastrique, une œsophagite, une gastrite, le syndrome de MalloryWeiss, une hémobilie, un ulcère anastomotique et la maladie de Ménétrier. Démarche diagnostique Après une anamnèse et un examen physique complets, après l’obtention de tous les résultats des analyses de laboratoire et de la radiologie, des études histologiques peuvent être nécessaires pour établir le diagnostic de la cause la plus probable de la cirrhose. L’hémogramme peut montrer une anémie, une leucopénie ou une thrombopénie. L’hypersplénisme cause à la fois une leucopénie et une thrombocytopénie. Des pertes sanguines chroniques et une carence en vitamine A peuvent causer une anémie. L’allongement du temps de prothrombine est secondaire à une carence en vitamine K ou à une synthèse déficiente des facteurs de coagulation. La biochimie sérique montre souvent un taux élevé de bilirubine et un taux bas d’albumine. Certains patients atteints de cirrhose peuvent avoir des concentrations normales d’aspartate aminotransférase (ASAT) et d’alanine aminotransférase (ALAT). Les ASAT et ALAT sont augmentées chez les patients atteints d’hépatite autoimmune, d’hépatite virale, d’hépatite alcoolique et d’hépatite médicamenteuse. Chez les patients souffrant d’une maladie hépatique cholestatique, la phosphatase alcaline,
  • 17. j Encadré 64.1 Causes de cirrhose j  j  j  j  j  j  j  j  Infections : hépatite B, hépatite C, éventuellement d’autres virus, schistosomiase Médicaments et toxines : alcool, méthyldopa, méthotrexate, isoniazide, amiodarone Obstruction des voies biliaires : cholangite sclérosante primaire et secondaire, fibrose kystique, atrésie des voies biliaires, lithiase dans le cholédoque Troubles métaboliques : hémochromatose héréditaire, maladie de Wilson, déficit en α-1-antitrypsine, fibrose kystique, glycogénose Maladies auto-immunes : hépatite chronique active, cirrhose biliaire primitive Système cardiovasculaire : insuffisance cardiaque droite chronique, syndrome de Budd-Chiari, maladie veino-occlusive Divers : stéatose hépatique non alcoolique, sarcoïdose, pontage jéjuno-iléal, hépatite néonatale Cryptogénique : cause inconnue la γ-glutamyltransférase et la bilirubine conjuguée sont habituellement élevées. Plusieurs autres tests sérologiques sont nécessaires pour déterminer la cause : sérologie virale de l’hépatite B (Ag HBs), C (anticorps anti-VHC) et mesures quantitatives de l’ADN et de l’ARN, respectivement, pour évaluer le degré d’activité ; dosage du fer sérique et analyse du gène HFE, marqueur de l’hémochromatose héréditaire ; dosages du cuivre dans le sérum et dans l’urine de 24 h ainsi que de la céruloplasmine pour la détection d’une éventuelle maladie de Wilson ; dosage et génotypage de l’α-1-antitrypsine pour la recherche d’un déficit en cette protéine. La mise en évidence d’autoanticorps sériques (anticorps antinucléaires, anti-muscles lisses, anti-mitochondries et anti-microsomes hépatiques et rénaux) et d’une augmentation du taux d’immunoglobulines sériques peut contribuer au diagnostic des maladies hépatiques auto-immunes. Des dosages périodiques des marqueurs tumoraux sont indiqués pour le dépistage précoce d’un carcinome hépatocellulaire primitif pouvant compliquer la cirrhose ; ces marqueurs sont l’α-fœtoprotéine et la combinaison des antigènes carcinoembryonnaire et CA 19-9. Un suivi pour le dépistage d’un cholangiocarcinome est recommandé chez les patients atteints d’une cirrhose compliquant une CSP. L’imagerie médicale par échographie avec ou sans effet Doppler, par tomodensitométrie ou par résonance magnétique fournit des informations diagnostiques supplémentaires. Bien que ces examens ne soient pas toujours nécessaires, ils sont utiles au dépistage du carcinome hépatocellulaire primitif et du cholangiocarcinome. Ils fournissent des informations communément associées à la cirrhose, quelle qu’en soit la cause, et différentes de celles fournies par les marqueurs tumoraux sériques. L’examen histologique d’une biopsie hépatique offre souvent la clé du diagnostic. Dans une cirrhose alcoolique, on observe des micronodules, une infiltration graisseuse et les corps hyalins de Mallory. La cirrhose biliaire primitive, la cholangite sclérosante primaire et secondaire et l’hépatite auto-immune ont des caractéristiques histologiques typiques. Des colorations spéciales comme le bleu de Prusse pour le fer et l’acide périodique Schiff avant et après diastase pour les globules caractéristiques de déficience en α-1-antitrypsine peuvent confirmer le diagnostic. La biopsie hépatique est nécessaire pour la stadification de la maladie, pour le pronostic et pour le choix du traitement optimal. On dispose de diverses méthodes non invasives d’évaluation de la fibrose hépatique par dosage de marqueurs de tissu conjonctif. Cependant, la sensibilité et la spécificité des marqueurs sériques (acide hyaluronique, peptide du procollagène de type III, etc.) pour le dépistage de la fibrose extensive ne sont pas acceptables. La mesure de la rigidité du foie par élastographie transitoire et sa corrélation avec la fibrose ont été validées dans l’hépatite virale et les maladies cholestatiques. On disposerait donc d’un moyen simple et fiable non invasif et prometteur pour évaluer le degré de fibrose hépatique. Cependant, son utilité en pratique clinique en remplacement de la biopsie hépatique reste à prouver. Soins et traitement En général, la prise en charge de la cirrhose comprend les éléments suivants : • retrait de l’agent causal (par exemple alcool, médicaments) ; • traitement de la cause spécifique sous-jacente (par exemple traitement antiviral de l’hépatite virale, prednisone ou azathioprine pour l’hépatite auto-immune, saignées pour l’hémochromatose, D-pénicillamine ou trientine pour la maladie de Wilson) ; • traitement des risques sous-jacents de SHNA (obésité, diabète, hyperlipidémie, médicaments) ; • traitement de la cirrhose décompensée : ascite, infection, hémorragie digestive, encéphalopathie hépatique, syndrome hépatorénal ; • transplantation hépatique orthotopique de foie pour cirrhose décompensée, si le patient est un candidat approprié. Ascite Les patients atteints de cirrhose chez lesquels se développe une ascite doivent subir une paracentèse abdominale diagnostique (10 à 20 ml). Les indications sont une ascite d’apparition récente, une aggravation clinique avec de la fièvre, des douleurs abdominales et des changements dans l’état mental. Les facteurs de production d’ascite dans la cirrhose sont : un taux protéique sérique trop faible, un blocage de la sortie hépatique de la lymphe et l’hypertension veineuse portale. L’ascite peut être légère, modérée ou sévère selon le volume de liquide accumulé dans la cavité péritonéale (figures 64.2 et 64.3).
  • 18. j Figure 64.2 Ascite. Stade I : démontrable par échographie Stade II : signe du flot Stade III : distension marquée, angiomes stellaires, tête de méduse, émaciation Stade IV : distension tendue et douloureuse avec amaigrissement marqué Traitement optimal Le traitement initial comporte une restriction de l’apport de sodium alimentaire et l’utilisation de diurétiques oraux. Environ 20 % des patients réagissent à la restriction sodique seule. Le sodium est généralement limité à 2 g (90 mEq) par jour. Les diurétiques incluent la spironolactone et le furosémide. Plus de 90 % des patients répondent à ce traitement combiné. La dose de spironolactone maximale est de 400 mg/j, et pour le furosémide, 160 mg/j. L’amiloride, 10 à 20 mg/j, est une alternative à la spironolactone s’il ya des effets secondaires comme une gynécomastie sensible. Environ 10 % des patients atteints de cirrhose ont une ascite réfractaire au traitement médical de routine, comportant la restriction sodée et le traitement diurétique. Une paracentèse thérapeutique peut être utilisée avant les traitements alternatifs comme l’anastomose portosystémique intrahépatique transjugulaire (APIT ou TIPS, Transjugular Intrahepatic Portal Systemic Shunt) ou l’anastomose péritonéoveineuse. L’APIT est un procédé non chirurgical relativement sûr qui est efficace dans la réduction de l’hypertension portale. Ce traitement est indiqué chez les patients cirrhotiques avec ascite réfractaire qui ont besoin d’une paracentèse thérapeutique plus de 2 ou
  • 19. j Figure 64.3 Physiopathologie de la formation d’ascite. Veine cave inférieure Veines centrales comprimées et obstruées par la fibrose et les nodules de régénération, ce qui réduit le flux de retour veineux Pression sinusoïdale élevée Veine hépatique Canal thoracique La lymphe est évacuée par les lymphatiques subdiaphragmatiques et péritonéaux dans le canal thoracique dont la capacité est limitée Un peu de lymphe accède au canal thoracique Barorécepteurs sinusoïdaux stimulés Augmentation de la formation de lymphe Exsudation transcapsulaire Veine centrale Vaisseaux collatéraux porto-systémiques Veine porte engorgée ; pression augmentée L’augmentation du flux lymphatique splanchnique augmente l’ascite Lymphe en partie résorbée par les lymphatiques péritonéaux et subdiaphragmatiques Si la formation de lymphe dépasse la réabsorption, l’excès s’accumule dans la cavité péritonéale sous forme d’ascite Contribue à la contraction du volume plasmatique 3 fois par mois. Comparé aux paracentèses répétées, l’APIT avec placement d’une endoprothèse non couverte s’avère plus efficace pour empêcher la reconstitution de l’ascite ; toutefois, une augmentation de l’incidence de l’encéphalopathie hépatique et de la fréquence de dysfonctionnement de l’anastomose est une complication sérieuse. Une nouvelle prothèse couverte de polytétrafluoroéthylène pourrait réduire la fréquence des dysfonctionnements et améliorer la survie des patients. L’APIT a trouvé sa place dans le traitement des patients atteints de cirrhose avancée en permettant l’attente d’une transplantation hépatique. Si l’APIT est contre-indiquée, on peut avoir recours à une anastomose péritonéoveineuse (LeVeen/Denver). Éviter les erreurs de traitement Poser un diagnostic approprié avant de lancer le traitement est essentiel. On devra utiliser les diurétiques avec prudence et de façon graduelle afin d’éviter un grave déséquilibre électrolytique et hydrique potentiel ainsi qu’une dysfonction rénale. Pour les patients avec ascite réfractaire, il faudra peser de manière approfondie les risques et les avantages d’une anastomose péritonéoveineuse ou d’une APIT. Hémorragie gastro-intestinale Le saignement des varices gastro-œsophagiennes est la complication la plus grave de la cirrhose (voir la figure 64.4).
  • 20. j Figure 64.4 Aspect endoscopique de varices œsophagiennes montrant des signes d’hémorragie récente. Traitement optimal Encéphalopathie hépatique Si l’on suspecte une hémorragie variqueuse, la prise en charge nécessite une hospitalisation immédiate afin que le volume sanguin puisse être restauré et les voies respiratoires protégées d’une hémorragie massive. Si le diagnostic est raisonnablement certain, un traitement à la somatostatine ou son analogue, l’octréotide, peut être lancé. Si l’endoscopie confirme la présence de varices œsophagiennes, le traitement endoscopique avec ligature ou sclérose des varices est indiqué. On peut ainsi contrôler le saignement aigu des varices chez 80 à 95 % des patients, un taux de réussite supérieur aux agents pharmacologiques ou à la tamponnade par ballonnet. Le risque d’hémorragie variqueuse récurrente est de 50 à 80 %. Les options pour prévenir l’hémorragie variqueuse récurrente comprennent la ligature ou sclérose endoscopique, des β-bloquants non sélectifs (propranolol, nadolol), des anastomoses chirurgicales, une APIT et une transplantation hépatique. L’APIT est une des thérapies les plus prometteuses pour le contrôle d’une hémorragie variqueuse aiguë. Son objectif est de ramener le gradient veineux hépatique à moins de 12 mm Hg et de diminuer ou de faire disparaître l’opacification des varices par le produit de contraste. L’APIT est réservée aux patients qui résistent à un traitement endoscopique combiné à la pharmacothérapie ou qui ont une hémorragie grave et aiguë des varices gastriques. Le taux de réussite technique et de contrôle de l’hémorragie variqueuse aiguë excède 90 % (figure 64.4). L’encéphalopathie hépatique se manifeste par une constellation de signes et symptômes neurologiques réversibles compliquant une insuffisance hépatique grave ou une anastomose portosystémique importante. La pathogénie de l’encéphalopathie hépatique reste floue. Elle est partiellement imputable à des composés toxiques qui dérivent du métabolisme de substrats azotés intestinaux et qui contournent le foie par une anastomose anatomique et fonctionnelle. Les quatre stades de l’encéphalopathie hépatique sont définis sur base de l’état mental et des signes neurologiques : • stade 1 : légère confusion et incoordination ; • stade 2 : astérixis avec changements évidents de personnalité ; • stade 3 : somnolence et désorientation au réveil ; • étape 4 : coma. Les facteurs précipitants sont le plus souvent la détérioration de la fonction hépatique, une hémorragie gastrointestinale, une consommation excessive de protéines ou d’alcool, la prise d’un sédatif ou d’un hypnotique, une intervention chirurgicale, un hépatome, une infection, la déshydratation, un déséquilibre électrolytique (hypokaliémie), la constipation et la réalisation d’une anastomose chirurgicale ou d’une APIT. Éviter les erreurs de traitement En cas d’hémorragie gastro-œsophagienne, la morbidité et la mortalité sont élevées ; ces patients à haut risque requièrent une prise en charge urgente permettant une réanimation énergique et les interventions thérapeutiques adéquates. Il faut notamment protéger les poumons par une assistance respiratoire afin d’éviter la pneumonie d’aspiration chez des patients agités et victimes d’une hémorragie massive. Traitement optimal La prise en charge commence par l’identification et la correction de tout facteur déclenchant, la restriction alimentaire en protéines à 40 g/j et l’administration de lactulose. Des antibiotiques pour décontaminer l’intestin, comme la néomycine, le métronidazole, l’amoxicilline et la rifaximine, peuvent être ajoutés, si le régime alimentaire et le lactulose n’ont pas suffi ou si le patient est intolérant au lactulose. La rifaximine, un antibiotique non aminoglycoside dérivé de la rifamycine, est de plus en plus utilisée, car elle n’est pas absorbée par l’intestin, ce qui élimine la toxicité potentielle propre aux autres antibiotiques (insuffisance rénale, ototoxicité et neuropathie périphérique), et elle est active sur
  • 21. j un large spectre de bactéries. Les patients atteints d’encéphalopathie hépatique grave et qui résiste au traitement nécessitent une transplantation hépatique d’urgence. Éviter les erreurs de traitement L’identification correcte des facteurs déclenchants est la clé du traitement de l’encéphalopathie hépatique. Afin d’assurer une efficacité optimale du lactulose, il faut expliquer au patient et aux membres de sa famille comment bien l’utiliser. Si les consignes thérapeutiques sont respectées, les effets secondaires potentiels seront évités. Si l’on recourt à des antibiotiques résorbables, il faut les administrer avec prudence afin de prévenir leurs effets toxiques potentiels. Syndrome hépatorénal Le syndrome hépatorénal est une forme distincte d’insuffisance rénale aiguë progressive qui se développe chez un patient atteint de cirrhose et chez lequel toutes les autres causes de dysfonctionnement rénal ont été exclues. Il s’agit d’un type fonctionnel d’insuffisance rénale. Si la maladie du foie s’améliore, la fonction rénale redevient normale. La pathogénie du syndrome hépatorénal est inconnue. Sa probabilité en cas de cirrhose est d’environ 20 % en 1 an et de 40 % en 5 ans. L’hyponatrémie et l’urémie sont caractéristiques. La concentration urinaire de sodium est inférieure à 10 mEq/l. Le sédiment urinaire est sans particularité. D’autres constatations importantes sont, d’une part, un rapport des taux de créatinine dans l’urine et le plasma supérieur à 30 et, d’autre part, un rapport d’osmolalité dans l’urine et le plasma supérieur à 1. Traitement optimal Lors de la prise en charge d’un syndrome hépatorénal, il faut d’abord exclure les causes spécifiques d’insuffisance rénale (par exemple une nécrose tubulaire aiguë, une azotémie extrarénale par déplétion du volume intravasculaire, une néphrotoxicité médicamenteuse ou une maladie rénale chronique préexistante). Un traitement de substitution rénale doit être envisagé chez les candidats potentiels à une transplantation hépatique. Parmi les thérapies expérimentales, on peut citer la prostaglandine E1, la dopamine, la terlipressine, l’anastomose péritonéoveineuse et l’APIT. Éviter les erreurs de traitement Le syndrome hépatorénal a une mortalité élevée, et la transplantation hépatique peut inverser le syndrome. Par conséquent, une évaluation rapide et complète du patient afin de planifier une transplantation hépatique est importante lors de sa prise en charge. Transplantation hépatique Traitement optimal La transplantation hépatique n’est plus expérimentale ; elle est considérée comme le traitement optimal pour les patients atteint de cirrhose avancée. Avec une technique chirurgicale améliorée et de meilleurs médicaments immunosuppresseurs, cette thérapie a un taux de succès remarquable en cas d’insuffisance hépatique terminale ; la survie à long terme atteint près de 90 % et procure une excellente qualité de vie. Malheureusement, l’écart entre le nombre des donneurs décédés et celui des bénéficiaires continue à se creuser. La transplantation hépatique à partir d’un donneur vivant (THDV) est pratiquée par de nombreux centres de transplantation dans le monde. D’abord utilisée chez un enfant en 1989, la THDV est devenue une alternative viable pour les receveurs pédiatriques. Au cours des 10 dernières années, la THDV a été appliquée avec succès chez les adultes, avec des survies du greffon et du patient similaires à celles de la greffe de foie de donneur décédé. Le facteur limitant est la disponibilité des donneurs adéquats. Avec une sélection appropriée du donneur et du receveur, le perfectionnement de la technique chirurgicale et une expérience accrue, la THDV pourrait donner des résultats supérieurs. Environ 5 à 10 % des greffes hépatiques aux États-Unis ont fait appel à des donneurs vivants. Éviter les erreurs de traitement La transplantation hépatique est le seul traitement définitif dans la cirrhose décompensée. Environ 18 000 patients aux États-Unis sont sur la liste d’attente du United Network of Organ Sharing et le nombre augmente de 25 % par an, alors que, chaque année aux États-Unis, l’on ne peut effectuer que 5000 à 6000 transplantations de foie à partir de donneurs décédés en raison de la longueur de la liste d’attente ; il est donc capital de choisir minutieusement les receveurs. Futures directions D’importantes améliorations dans les techniques de diagnostic permettent maintenant un diagnostic plus précoce des maladies chroniques du foie. L’amélioration des agents pharmacologiques, notamment des médicaments antiviraux (hépatites B et C), contribuera à prévenir la progression vers la cirrhose. La transplantation hépatique est une option très efficace dans le traitement d’une cirrhose avancée. Les hépatocytes, les cellules souches et la xénotransplantation pourraient fournir d’autres options thérapeutiques dans le traitement de la maladie hépatique au stade terminal. Ressources supplémentaires Rossle M, Haag K, Ochs A, et al. The transjugular intrahepatic portosystemic stent-shunt procedure for variceal bleeding. N Engl J Med 1994 ; 330 : 165-71. PMID : 8264738. C’est l’un des premiers articles publiés sur l’usage de l’APIT pour le traite­ ment de l’hémorragie variqueuse. Il décrit la technique et montre le succès du procédé.
  • 22. j Runyon BA. Care of patients with ascites. N Engl J Med 1994 ; 330 : 337-42. PMID : 8277955. L’auteur propose une revue exhaustive des traitements subis par les patients avec ascite. Starzl TE, Demetris AJ, Van Thiel D. Liver transplantation (1). N Engl J Med 1989 ; 321 : 1014-22. PMID : 2674716. Starzl TE, Demetris AJ, Van Thiel D. Liver transplantation (2). N Engl J Med 1989 ; 321 : 1092-9. PMID : 2677722. Ces deux articles fournissent la documentation originale sur les succès de la transplantation hépatique chez les patients atteints de maladie du foie à un stade terminal. Stiegmann GV, Goff JS, Michaletz-Onody PA, et al. Endoscopic sclerotherapy as compared with endoscopic ligation for bleeding esophageal varices. N Engl J Med 1992 ; 326 : 1527-32. PMID : 1579136. Ceci est l’un des principaux articles décrivant deux techniques endoscopiques différentes dans le traitement des hémorragies des varices œsophagiennes. Les auteurs démontrent la supériorité de la ligature endoscopique, qui permet également de diminuer les complications possibles du traitement endoscopique. Données probantes 1. Garcia-Tsao G. The transjugular intrahepatic portosystemic shunt for the management of cirrhotic refractory ascites. Nat Clin Pract Gastroenterol Hepatol 2006 ; 3 : 380-9. Cette revue décrit la physiopathologie et l’utilité de l’APIT chez les patients ayant une ascite réfractaire. Elle rassemble toutes les études cli­ niques pertinentes. 2. Rector WG Jr. Complications of liver disease. Saint Louis : MosbyYear ; 1992. Ce livre décrit toutes les complications potentielles des maladies hépa­ tiques ; il s’avère très accessible. 3. The Organ Procurement and Transplantation Network Website. Accessible à http://www.optn.org. Consulté le 14 août 2006. Ce site fournit des informations sur toutes les activités liées à la trans­ plantation, y compris les données provenant des centres de transplantation, des régions et du pays tout entier.
  • 23. Cirrhose alcoolique R. Moirand, M. Latournerie, E. Bardou-Jacquet, C. Le Lan, P. Brissot La cirrhose du foie se définit histologiquement comme une maladie diffuse du foie, avec présence d’une fibrose arciforme enserrant des nodules de régénération. Elle correspond à l’évolution ultime de la plupart des maladies chroniques du foie, et la consommation excessive d’alcool en est la cause la plus fréquente en France. Cependant, seul un tiers des buveurs excessifs développent une cirrhose au cours de la vie. La cirrhose alcoolique est longtemps asymptomatique, compensée. Elle peut être totalement inapparente ou se traduire par un foie dur à bord inférieur tranchant, la présence d’angiomes stellaires, une baisse modérée du taux de prothrombine ou une thrombopénie. Elle est diagnostiquée à l’occasion du bilan de la consommation excessive d’alcool ou fortuitement. Il faut réaliser une fibroscopie digestive haute à la recherche de varices œsophagiennes, une échographie abdominale avec Doppler, et éliminer une autre étiologie (dysmétabolisme, hépatites virales B et C ou surcharge en fer principalement). Il faut tenter d’obtenir l’arrêt de la consommation excessive grâce à la prise en charge addictologique et mettre en place une surveillance régulière (dépistage du carcinome hépatocellulaire et des varices à risque hémorragique). La cirrhose devient décompensée lorsqu’apparaît une complication, comme l’ascite, l’hémorragie digestive ou une infection. La décompensation est grevée d’une lourde mortalité, mais si le facteur déclenchant est traité et si le patient s’arrête de boire, le retour à une cirrhose compensée et à une espérance de vie correcte est possible. Cependant, le risque de survenue d’un carcinome hépatocellulaire persiste. La cirrhose alcoolique représente une des indications les plus fréquentes de transplantation hépatique, en cas soit de décompensation persistante malgré le sevrage, soit de survenue d’un carcinome hépatocellulaire de petite taille. Il faut insister sur la prévention de la cirrhose : repérage précoce du mésusage d’alcool permettant une prise en charge addictologique avant la constitution de la cirrhose. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Cirrhose ; Mésusage d’alcool ; Ascite ; Hypertension portale ; Insuffisance hépatocellulaire Plan ¶ Introduction 1 ¶ Physiopathologie Insuffisance hépatocellulaire (IHC) Hypertension portale (HTP) Ascite Encéphalopathie hépatique 2 2 2 2 2 ¶ Histoire naturelle de la cirrhose alcoolique et données épidémiologiques 2 ¶ Prise en charge diagnostique Circonstances de découverte Bilan d’une cirrhose compensée Comment porter le diagnostic de cirrhose Comment rapporter la cirrhose à l’alcool 3 3 3 3 4 ¶ Prise en charge de la cirrhose en médecine ambulatoire Prise en charge addictologique Médicaments au cours de la cirrhose Vaccinations Chirurgie programmée 5 5 6 7 7 Surveillance Affection de longue durée (ALD) et éducation thérapeutique Transplantation hépatique 7 7 7 ¶ Complications de la cirrhose Infections bactériennes Décompensation œdémato-ascitique Hémorragie digestive Encéphalopathie hépatique Ictère Carcinome hépatocellulaire Hépatite alcoolique grave 7 8 8 9 9 10 10 10 ¶ Conclusion 10 ■ Introduction La cirrhose du foie est une définition histologique. Elle correspond à l’évolution ultime de la plupart des maladies chroniques du foie. En France, la consommation excessive d’alcool en est la cause de loin la plus fréquente. Sa traduction clinique est variable, car la plupart des signes témoignent en fait de ses complications (insuffisance hépatocellulaire, hypertension portale) ou de son étiologie.
  • 24. ¶ ■ Physiopathologie La fibrose hépatique (dont la forme la plus sévère est la cirrhose) est due au dépôt de matériel fibreux dans le parenchyme hépatique, par augmentation de la production et du dépôt des protéines de la matrice (fibrogénèse) et diminution de la dégradation de ces protéines (fibrolyse). Au stade de cirrhose, on observe les conséquences décrites ci-après. Insuffisance hépatocellulaire (IHC) Due à la diminution de la masse fonctionnelle des hépatocytes (nécrose) et à la modification de la vascularisation qui gêne les échanges entre hépatocytes et système vasculaire, elle se traduit par une baisse des fonctions hépatiques de synthèse, parfois associée à une atteinte des fonctions d’épuration et de sécrétion biliaire (cholestase d’insuffisance hépatocellulaire). Hypertension portale (HTP) Les changements de l’architecture hépatique et la compression des veines sus-hépatiques par les nodules de régénération entraînent une gêne au passage du sang à travers le foie, responsable d’une augmentation de la pression dans le système de la veine porte. On observe l’apparition d’un gradient de pression entre la veine porte et la veine cave, qui a pour conséquences possibles l’apparition d’une splénomégalie et la formation de voies de dérivations anormales (shunts) entre les systèmes porte et cave. Les varices œsophagiennes et gastriques sont les plus redoutables. Ces shunts permettent à une partie du flux sanguin venant du tube digestif d’atteindre directement la circulation générale sans passer par le foie, avec comme conséquences le risque accru d’encéphalopathie hépatique et la diminution du métabolisme de certains médicaments. Ascite L’association de l’HTP et de l’IHC entraîne une vasodilatation artérielle splanchnique responsable d’une hypovolémie efficace et, secondairement, de l’activation des systèmes rénineangiotensine-aldostérone, vasoconstricteurs du système nerveux sympathique et du système vasopressine-hormone antidiurétique. D’où une rétention hydrosodée qui vise à corriger l’hypovolémie relative. Dans un premier temps, la volémie efficace est restaurée et la cirrhose reste compensée. Si l’IHC et l’HTP s’aggravent, il y a persistance de l’activation excessive des systèmes compensateurs : la rétention hydrosodée se majore et se localise préférentiellement au péritoine ; la cirrhose se décompense. La physiopathologie de l’ascite cirrhotique permet de comprendre la mauvaise tolérance et l’efficacité très limitée du régime pauvre en sel et des diurétiques. Seule l’amélioration de l’état hépatique, permise par le sevrage, est réellement efficace. Encéphalopathie hépatique C’est une encéphalopathie métabolique sans lésion cérébrale organique, dont les mécanismes sont mal connus. On suppose une arrivée au niveau du cerveau de substances neurotoxiques non épurées par le foie. ■ Histoire naturelle de la cirrhose alcoolique et données épidémiologiques Le risque de survenue d’une maladie alcoolique du foie (MAF) chez un consommateur excessif d’alcool est variable selon les individus [1]. Globalement, il apparaît à partir de la consommation de 4 unités standard (40 g d’alcool) par jour chez l’homme et 3 chez la femme. Le risque relatif augmente de façon exponentielle avec la quantité consommée, quel que soit le type de boissons. Cependant, moins d’un tiers des consommateurs à risque évoluent jusqu’à la cirrhose. À quantité égale, le fait d’être une femme, l’obésité [2] et bien sûr l’association à une hépatite virale, en particulier C [3] , augmente le risque de développer une cirrhose. Récemment, il a été démontré qu’un variant du gène PNPLA3 était très significativement associé à la survenue d’une cirrhose chez un patient buveur excessif [4]. Le premier stade de la MAF est la stéatose, accumulation de vésicules de triglycérides dans les hépatocytes. Puis apparaît l’hépatite alcoolique, définie par l’apparition de lésions hépatocytaires (ballonisation, nécrose acidophile), d’un infiltrat inflammatoire caractérisé par la présence de polynucléaires et, inconstamment, par des corps de Mallory [5] . Ces lésions anatomopathologiques, le plus souvent asymptomatiques, ont pour traduction biologique une augmentation des transaminases, modérée et prédominant sur les aspartates aminotransférases (ASAT), et une augmentation importante de la gammaglutamyl transférase (cGT), contrastant avec des phosphatases alcalines (PALC) quasi normales [6]. Stéatose et hépatite alcoolique peuvent ou non s’accompagner de l’apparition d’une fibrose cicatricielle, qui évolue en quatre stades, le dernier correspondant à la cirrhose. Une fois installée, la cirrhose est classiquement irréversible. En fait, il a été décrit des cas de réversion, lorsque la cirrhose a été diagnostiquée précocement, sur une biopsie hépatique, et que le facteur étiologique a été pris en charge de façon efficace, en particulier hépatite C [7] ou surcharge en fer [8]. Il est important de différencier la cirrhose compensée, asymptomatique, de la cirrhose décompensée, qui est définie par l’apparition de complications dont les plus fréquentes sont l’ascite, l’hémorragie digestive, l’encéphalopathie ou le carcinome hépatocellulaire. La cirrhose compensée s’installe progressivement et surtout insidieusement. Elle est découverte fortuitement ou lors du bilan d’un mésusage d’alcool. Si le patient revient à une consommation sans risque, elle reste non compliquée, compatible avec une espérance de vie prolongée, le patient étant toutefois soumis au risque de carcinome hépatocellulaire (CHC). En cas de persistance de l’intoxication alcoolique, la cirrhose se décompense de façon volontiers brutale, révélant souvent la maladie hépatique. Les tableaux classiques sont, autour de la cinquantaine, la décompensation œdématoascitique avec ou sans ictère, déclenchée par une hépatite alcoolique ou une infection, ainsi que l’hémorragie digestive par rupture de varices œsophagiennes ; et à un âge plus tardif, la révélation d’une cirrhose auparavant méconnue par un CHC. Le taux de survie à 5 ans des patients présentant une cirrhose alcoolique compensée est de 50 %, il est meilleur en cas de sevrage [9]. Après une décompensation, le retour à une cirrhose compensée est fréquent en cas d’abstinence prolongée. Mais souvent, l’évolution se fait par poussées en fonction des rechutes alcooliques, avec évolution vers l’aggravation progressive et le décès (par coma hépatique, hémorragie ou CHC). Rarement, l’aggravation se fait d’un seul tenant vers le décès malgré le sevrage. La survie après une première décompensation sévère de la cirrhose alcoolique est de l’ordre de 30 % à 1 an, la persistance ou non de la consommation d’alcool étant le facteur pronostique le plus important [10]. En France, la prévalence estimée de la cirrhose est de 150 000 cas, dont un tiers asymptomatiques et méconnus, et la mortalité annuelle de 10 000 à 17 000. La consommation excessive d’alcool est responsable de 70 % à 75 % des cas, associée dans 10 % des cas à une hépatite virale C. “ Point important La cirrhose est une complication inconstante de la consommation chronique excessive d’alcool, qui peut survenir à partir de 4 unités standard (40 g d’alcool pur) chez l’homme et 3 chez la femme.