Mairies communes du Pays de Fouesnant --phpcd5 ll5
Les personnages du Pays de Fouesnant - -phpa o7pfs
1. Depuis, brisé par les angoisses des
heures tragiques que nous vivons, terrassé
par la maladie, le "roitelet" (al laouenan)
comme il s'intitulait modestement, avait
cessé son chant, et il s'est éteint
doucement, comme il avait rêvé, comme il
avait vécu. C'est une grande perte que font
les lettres bretonnes, et nous devions nous
associer aux regrets de tous ceux qui l'ont
connu. "
- Du "Finistère", sous la signature d'A.
Verchin :
"Les lettres bretonnes viennent de
faire une perte cruelle en la personne de
Jos Parker. Le bon poète s'est éteint dans
son ermitage de Kergoadic, au milieu de
ses bois, en face de la mer jolie et
trompeuse qu'il avait chantée, fidèle à la
devise qu'il avait faite sienne et qui fut
directrice de sa vie :
Allaouenan a gar ato
E don a cornig ar vro.
(Le roitelet aime toujours
Son toit et son petit coin de pays.)
La chanson du "roitelet", ainsi que
s'intitulait modestement Parker, a dépassé
les limites du bocage natal et tous les
lettrés, tous ceux pour lesquels la poésie,
la vraie, est restée l'amie douce et
consolante, ont lu et relu les vers de cet
enfant d'Armor qui vécut dans l'exclusivité
même sauvage de son pays, le chanta
comme Brizeux, et comme Brizeux le fit
aimer. Le barde laisse une oeuvre
importante dans laquelle on relèvera
surtout les délicieuses pages qui
constituent "Le livre champêtre". Dans "Le
clerc de Kerne" il donna la mesure de ce
que chez lui le prosateur pouvait produire,
doublé du peintre si sincère qu'était Jos,
car comme on l'a dit de Fromentin, notre
regretté barde avait "un joli pinceau au
bout de sa plume".
Le "Journal de village" fut le dernier chant
du "roitelet"; les tristesses de l'heure
avaient chassé du bocage de Kergoadic
toute douceur et toute gaieté. Plus de joie
sous les ombrages, plus de douces rêveries
dans les allées de rhododendrons que
peuplait maintenant l’âme des hôtes de la
veille, disparus dans la fournaise. Le coeur
du poète s'est brisé, l'âme dolente du
breton s'est éteinte. Il est retourné là-bas,
aux Paradis du Rêve, dont il ne fut ici-bas
qu'un exilé. Mais il restera vivant dans la
mémoire de tous ceux qui chez nous
sentent vibrer en eux l'âme bretonne et
pour lesquels encore "Bretaigne est
poésie". "
Bien d'autres exprimèrent leurs
regrets et leur profonde émotion: nous
citerons les bardes François Gourvil de
Morlaix, Francis Even de Tréguier, René
Degoul et sa femme Madeleine
Desroseaux, directeur du "Clocher breton"
de Lorient, le druide Vallée de SaintBrieuc, André Me1lac trésorier de la
Fédération de Lorient, le barde Loeiz
Herrieu et sa femme, etc... sans oublier les
journaux comme "Le Journal de Pontivy",
"Le Progrès du Finistère", "Le Nouvelliste
du Morbihan", "Le Courrier du Finistère"...
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2. I’inauguration du lec’h
Les amis de Jos Parker se
retrouveront quelques années plus tard, le
lundi 3 septembre 1923, pour inaugurer le
"lec'h", simple pierre levée ornée d'une
croix celtique, qu'ils ont tenu à ériger sur sa
tombe. Ce fut une belle journée.
Un gai soleil succède à la brume
matinale qui a recouvert jusqu'à huit heures
la campagne fouesnantaise.
Sur la petite place de l'église
arrivent successivement, de Quimper et de
plus loin, automobiles et cars, avec tous
ceux qui à un titre quelconque ont voué au
poète et au peintre un indéfectible
souvenir. Nous remarquons, outre les
membres du comité directeur de la
Fédération :
MM. Anatole Le Braz, homme de lettres;
Berthou, de Pleuhiben, Grand Druide du
Gorseed; Daniélou et Jadé, députés du
Finistère; Pierre Mocaër, conseiller
général; Olivier, gérant de "Buhez Breiz";
Degou1, homme de lettres, fondateur du
"Clocher breton"; Madeleine Desroseaux,
femme de lettres; Kéroulin, maire de
Fouesnant; Dottin, doyen de la Faculté de
Rennes; les bardes Francis Gourvil, de
Morlaix, et Jaffrennou, de Carhaix;
Ronarc'h, notaire à Guingamp; les
docteurs Morvan, Cocheril; Dubois,
président des "Filets Bleus" à Concarneau,
etc...
La famille est représentée par Mme
Moride, soeur du poète; MM. Alexandre
Parquer père et fils; Mr et Mme ChérecParquer; et n'oublions pas la bonne vieille
servante Anna Chiquet, qui jusqu'au
dernier jour assista son maître avec un rare
dévouement.
A dix heures, un service religieux
est chanté par les enfants des colonies de
vacances de Quimper, et à onze heures
le cortège, précédé de la bannière
du Gorseed, offerte en 1907 par les
Gallois, et du drapeau de la Fédération, se
dirige vers le cimetière tout proche.
Au bout de l'allée principale s'élève
le "lec'h", destiné à résister à la fureur des
temps et à perpétuer à travers les siècles la
mémoire de Jos Parker. Le monument,
très beau dans sa simplicité, est l'oeuvre de
MM. Bouillé, architecte, et Le Quéré,
sculpteur à Pont-Aven : une simple pierre
en granit bleu de Nizon, portant en relief la
croix celtique dont les branches s'engagent
dans le cercle symbolique de l'existence.
Au pied, une couronne de feuilles de chêne
déposée par une nièce du poète et deux
bouquets de bruyère dus aux soins du
docteur Cocheril.
Mr Léon Le Berre prend le
premier la parole: il exalte le peintre et le
poète dont il fut l'ami et le confident des
derniers jours. Après avoir remercié le
maire de Fouesnant et son conseil
municipal, ainsi que les auteurs du
monument qui fixera pour toujours la
mémoire de Parker, il prononce en breton
un discours où il évoque celui qui chanta
l'éternelle beauté des pommiers en fleurs,
des frais ombrages, de la mer ensoleillée et
vibrante, des filles de Bretagne. Ce
discours, un poème en prose allitérée
caractéristique de l'art poétique breton,
vaudra à son auteur les chaudes félicitations du doyen Dottin.
Puis c'est Mr Berthou qui dit une
fort belle poésie, exaltant l'homme de la
terre, mort sur le sol même où il naquit et
où il fut tour à tour heureux et triste.
Mr Anatole Le Braz, dans une brillante
improvisation,
apporte
son
tribut
d'admiration à l'ami de la première heure.
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3. L’inauguration du « lec’h » : à l’heure des allocutions …La paysanne au premier plan serait la fidèle servante,
Anna Chiquet, que Jos Parquer appelait familièrement « Chiquette »
Il rappelle son séjour à Quimper, dans le
site paisible de Stang ar C'hoat, sa
fréquentation de Jos Parker jeune, "un
vrai Rembrandt aux yeux bleus hérités de
ses ancêtres irlandais". Parker avait le
culte de la nature, de cette nature
"naturante" qui n'est nulle part plus
féconde, ni plus exubérante qu'en ce pays
de Fouesnant. Aucun mieux que lui ne
possédait le "don celtique" et ne sut mieux
l'exprimer. Il avait pour ce faire deux arts à
sa disposition: peinture et poésie. Du
pinceau et de la plume, les accents les plus
profonds, les plus spontanés, les plus
naturels, les couleurs les plus douces sont
sortis de l'inspiration de Jos Parker. "Les
plus beaux poèmes sont ceux qui ne s'écrivent pas et résident dans le souvenir...
C'est ce souvenir du poète de Kergoadic
que je conserverai éternellement..."
Puis Jaffrenou (Taldir) dit, en un
breton très pur, toute l'admiration que l'on
doit à Jos Parker, "amant des pommes et
du cidre", et dit en français quelques
extraits de ses oeuvres.
Mr le docteur Dubois, de Concarneau, récite une ode au poète, qui fut l'un
des parrains des "Filets bleus".
Mr Pierre Mocaër, délégué des celtes
d'Outre-Manche, félicite la Fédération
Régionaliste qui a continué avec
persévérance l’oeuvre de son premier
président, lequel semait l'amitié tout autour
de lui et fut toujours fidèle à la gloire de la
Bretagne. Il adjure les fouesnantais de
consacrer au barde un monument plus
impérissable que celui élevé par la F.R.B. :
le témoignage de leur inébranlable fidélité
à la langue bretonne.
Successivement prennent la parole
le barde Yann Caroff (en breton), et Mr
Marrec, Commissaire de l'Inscription
Maritime, qui dit un poème aux vers bien
scandés.
Enfin le barde Degoul, de Lorient, dit
quelques vers de Jos Parker, en hommage
à son âme présente en ces lieux.
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5. Dès lors, biniou et
bombarde
retentissent
dans le bourg, près de
l'hôtel d'Arvor où aura lieu
le banquet. Des cartes
postales représentant le
monument sont vendues
par la petite Monique Le
Quéré et son frère Pierre,
tous deux portant l'ancien
costume de Fouesnant.
Plus de 150 personnes,
bretons bretonnants ou
touristes, s’assoient aux
tables dressées dans la
salle de danse. Au-dessus
de la table d'honneur, le
portait du poète, oeuvre de
Mr Chérec-Parquer, dessinateur artiste et cousin
de Jos.
Lemordant
se
présente: son arrivée est
saluée
par
des
applaudissements
frénétiques qui ne cessent
qu'au moment où le
célèbre artiste prend place
près d'Anatole Le Braz.
Gourvil et Yann Caroff chantent
les meilleures oeuvres de leur répertoire,
dont les refrains sont repris par toute
l'assistance.
Lemordant retenu par d'autres
obligations, doit quitter le banquet avant la
fin, et il supplie les bretons de rester "euxmêmes", fidèles au génie de la race dont
les qualités remarquables ne doivent pas
s'amoindrir. (Bravos...)
Anatole Le Braz doit partir aussi; mais il
ne quitte la salle qu’après une petite
allocution en breton fort applaudie.
Au café, Mr Choleau, président de la
Fédération Régionaliste, présente les
excuses
de
diverses
personnalités
artistiques, littéraires et politiques celles du
comte Ollivier de Gourcuff, président du
comité du monument; du marquis de
L'Estourbeillon, président de l'Union
Régionaliste, retenu à Concarneau; de
Théodore Botrel; du baron de Wismes; de
Charles Le Goffic; de Joseph Loth, retenu
à Tréguier; de François Vallée, druide
Abhervé; de MM Le Bail, Simon,
Bouilloux-Lafont,
députés;
Bénac,
Conseiller général du canton de Fouesnant;
de Mr le maire de Fouesnant, etc...
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6. Fédération et aussi de la généreuse
subvention qu'ils ont bien voulu lui
consentir. La gratitude des Fédérés va tout
particulièrement à Mr Rousseau de
Kerolland, dont l'influence fut toute à leur
service, et ils n'oublient pas leur collègue
Léon Le Berre, qui fut l’animateur de ces
fêtes du souvenir si réussies et favorisées
par un temps splendide. Dames et
demoiselles, poètes, bardes, celtisants,
associations diverses reçoivent leur tribut
d'hommages en les personnes de Mlle de
Cintré, de MM. Le Braz, Berthou,
Dottin, Mocaër. Enfin, Mr Choleau
adresse ses plus chauds remerciements aux
Bretons de Paris représentés par MM.
Marquer, Beaufrère et Gerieysse, aux
Bretons d'Algérie qui ont délégué Mr
Evenou-Norvez, inspecteur de l'Assistance
Publique, aux Amitiés Américaines en la
personne de Mme Anatole Le Braz, aux
Filets Bleus, et à la presse locale et
régionale, représentée par Mr Morvan, de
"La Dépêche de Brest". Puis Yves
Berthou dit quelques jolis vers sur le "pen
baz", Jaffrennou chante son "Angelus
breton" sur un air gallois.
Enfin Mr Dottin, doyen de la Faculté de
Rennes, s'excusant de n'être pas breton,
mais cependant doublement celte par ses
origines irlandaises, supplie les Bretons,
non pas de défendre leur langue, mais de la
maintenir pour en assurer la pérennité. Le
bilingue, en effet, a deux âmes, et il est
normal qu'il dispose de deux langues pour
exprimer ses sentiments. Le provençal est
enseigné dans certains établissements de
l'État,
Hôtel d’Arvor – Cérémonie en souvenir de Jos
Parquer
Lundi 3 septembre 1923
MENU
Homard sauce mayonnaise – PoissonLangue de bœuf sauce tomatePetits pois à la française- Poulet rôti - Salade
Crème au chocolat – Fruits - DessertVin blanc et vin rouge - Cidre bouché- CaféEau - de – vie de cidre
Le président remercie le maire et son
conseil municipal de l'accueil réservé à la
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