1. La chirurgie esthétique à l’heure
d’Instagram
Charlotte HERVOT.
Société. Injections d’acide
hyaluronique, rhinoplastie… De plus
en plus de jeunes recourent à la
chirurgie esthétique. Jusqu’à vouloir
parfois ressembler à la photo
retouchée d’eux-mêmes.
On n’a jamais autant aimé jouer
avec notre image. Que ce soit en
posant des filtres sur notre visage ou
en le retouchant sur des applications
comme Facetune ou FaceApp . Et
ces pratiques ont des répercussions
hors ligne. Plus on utilise ce type
d’applis, plus on serait ouvert à la
question de la chirurgie esthétique,
dit une étude de la revue JAMA
Facial Plastic Surgery publiée fin
juin.
Cela pourrait en partie expliquer la
hausse de la chirurgie esthétique
chez les jeunes, mieux informés que
leurs aînés. En France, le nombre
d’interventions sur les 18-34 ans a
dépassé celui de la tranche des
50-60 ans relevait Le Parisien en
février. « Les millennials sont de
plus en plus soucieux de leur
image et de leur santé, mais leur
démarche est avant tout
préventive », estime Thierry Van
Hemelryck, chirurgien plasticien aux
Sables-d’Olonne et président 2020
de la Société française de chirurgie
plastique et esthétique (Sofcep).
Savoir dire non
Pour Vincent Delliere, chirurgien
esthétique à Rennes, « les
injections d’acide hyaluronique et
de botox sont devenues très
classiques » chez les jeunes.
« Grâce à de nouveaux procédés,
on peut aussi corriger des petits
défauts et temporiser une
chirurgie, explique le professionnel,
présent sur Instagram, comme
nombre de ses confrères. Et les
millennials sont au courant de
ça. » Côté chirurgie, cette
génération plébiscite la rhinoplastie,
la liposuccion, l’augmentation
mammaire et celle des lèvres.
Autre tendance : vouloir ressembler
à son image retouchée, même si on
est loin de ce qu’il se passe aux
États-Unis. « La demande
française, c’est corriger tout en
restant naturel et en préservant
son identité. On appelle ça la
french aesthetic touch . Mais j’ai
des patient(e)s qui arrivent avec
un selfie amélioré, confirme le Dr
Delliere. À moi d’expliquer que
l’opération est un travail
d’amélioration par rapport à ce
qui existe, pas une transformation.
On doit respecter la réalité
anatomique. Je ne vais pas refaire
le nez de telle ou telle star. »
Pour ça, la consultation est
primordiale et il faut savoir dire non.
Pourtant, certains médecins se plient
aux volontés des patients sans
sourciller. « Face à un refus
d’accomplir un geste, on sait que
la person ne peut aller voir
quelqu’un d’autre, observe le Dr
Van Hemelryck. Et cela crée une
espèce de nomadisme médical. »
Les injections dans les lèvres sont de
plus en plus demandées par les jeunes
femmes.
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Tous droits de reproduction réservés
PAYS :France
PAGE(S) :22;24;26;28;30
SURFACE :21 %
PERIODICITE :Quotidien
RUBRIQUE :Santé - bien-être
JOURNALISTE :Charlotte Hervot.
25 novembre 2019 - Edition Rennes Nord