Conférence Gouvernance et ERP au Salon de l'Entreprenariat 2014
1. Le 5 Mars 2014
GOUVERNANCE ET ERP
Merci aux organisateurs du Salon « Entrepreneuriat » de nous donner
l’occasion de partager avec vous quelques connaissances que la vie nous a
apporté.
En principe, j’interviens aujourd’hui en tant que Gérant de la société LOGIDAS
pour vous parler de GOUVERNANCE et d’ERP.
LOGIDAS est une SSII Tunisienne, EDITRICE des Progiciels de Gestion
Intégrés DAS. LOGIDAS est accompagnatrice du changement en entreprise,
particulièrement au service de l’entreprise industrielle.
Mais en préparant mon topo, je me suis demandé en quoi je pourrai vous être
utile, à vous, chefs d’entreprises et autres responsables, chacun déjà riche de
connaissances et d’expériences.
Et comme il se trouve que je suis aussi industriel depuis plus de trente cinq
ans, j’ai choisi plutôt de me coller au terrain, et de vous rapporter une
expérience vécue.
Il s’agit d’une expérience dans une entreprise industrielle où Gouvernance et
ERP visent d’abord la performance globale de l’entreprise, mais visent aussi le
bien être en entreprise.
Quand je parle de gouvernance, je parle essentiellement des deux
préoccupations majeures que porte ce concept, et qui sont aussi les miennes :
- Celle d’envisager l’entreprise comme une totalité, un organisme, vivant
et dynamique, plutôt qu’un ensemble d’organes et de membres
- Et celle de prendre en compte les différents intérêts des différents
protagonistes
(actionnaires,
dirigeants,
employés,
clients,
environnement…). Ces intérêts, lorsque l’entreprise atteint une certaine
taille, deviennent si variés, et leurs interactions si complexes, qu’il n’est
plus possible d’envisager l’entreprise en tant que « totalité » sans l’aide
de l’informatique, et plus précisément de ce qu’on appelle un ERP.
En entendant ERP, certains d’entre vous pourraient penser qu’il s’agit d’outils
complexes et chers, réservés seulement aux très grandes entreprises, et ne
nous intéresseraient pas du fait que la majorité des entreprises Tunisiennes
sont petites ou moyennes. Ceci est vrai pour les ERP de renommée mondiale
qui ont déjà imposé leur marque. Mais il existe aussi des ERP Tunisiens de
bonne qualité, accessibles financièrement, adaptés aux entreprises
Tunisiennes, et capables de les accompagner vers l’excellence.
1
2. Et j’aimerai avant toute chose démystifier les concepts de « gouvernance » et
de « ERP ».
La « gouvernance d’entreprise » est une expression récente, jetée dans l’arène
économique pendant les années 1990. Ces années là ont vu la rémunération
des dirigeants exploser, les entreprises utiliser des instruments financiers
sans les maîtriser, la perte d’éthique, la déréglementation... Il en a résulté des
crises qui ont amené à la prise de conscience que la gestion séparée des
divers domaines d’une institution, même si cette gestion est bonne, provoque
des excès et endommage l’institution en tant que totalité. Et c’est pour
remédier à cela qu’on a lancé le concept de gouvernance, justement pour voir
à nouveau l’entreprise comme une totalité, malgré la diversité des intérêts qui
s’y bousculent.
Passons à « ERP ». Cette appellation s’est propagée, elle aussi, au cours des
années 1990. Il s’agit d’un ensemble d’outil informatiques que les nouvelles
technologies ont permis de réaliser, et qui visent à voir et à gérer l’entreprise
comme une totalité, malgré la diversité de ses activités, et des centres de
pouvoirs qui s’y bousculent. L’ERP ou Entreprise Ressource Planning
correspond en Français à Progiciels de Gestion Intégrés, et veut dire en gros
« organiser et gérer toutes les ressources de l’entreprise, hommes,
équipements, produits, et argent, de façon intégrée, et autour d’une même
base de données ». Cette intégration améliore la communication, et élimine les
gaspillages, comme à titre d’exemple, l’attente : En effet, dans la gestion par
activité, on se trouve souvent à attendre une information ou quelque chose qui
tarde à venir d’un autre service ; cette attente met sous tension, puis sous
stress ; et si on se met à penser que l’autre le fait exprès, alors bonjour les
conflits. C’est pourquoi, en passant à une gestion intégrée et en réseau, donc
avec un ERP, l’attente diminue, et on peut raisonnablement s’attendre à une
amélioration du bien-être.
L’intégration serait donc à la base de la bonne gouvernance et du bon vivre. Et
pour comprendre cette affirmation, il faut revisiter l’histoire, et voir comment
l’entreprise est passée d’une « totalité » à un « ensemble éclaté de domaines »,
et comment elle cherche maintenant à retrouver sa totalité ; parallèlement,
l’homme aussi a été réduit à une tâche, et il cherche maintenant à retrouver sa
dimension totale.
Prenons pour exemple une entreprise de production :
- Jusqu’au début du 18ième siècle, c’était l’artisanat. Tout est assuré par un
homme seul, qui pratique tous les métiers de façon intégrée : On peut
dire qu’il est dans la gouvernance sans le savoir.
2
3. -
-
Puis, avec l’augmentation de son marché, l’artisan s’est entouré d’autres
travailleurs et est devenu un chef d’atelier. A partir de là, ce qui était
intégré en lui a commencé à se désintégrer, marquant la naissance de la
division du travail, et avec elle l’ère industrielle. Et pendant deux siècles,
l’approche basée sur la division du travail était devenue le mode
incontournable de penser la production et la gestion. Alors l’entreprise y
a perdu un peu de sa totalité et est devenue un ensemble de territoires
où des chefs se disputent le pouvoir, et l’homme y a perdu un peu de
son humanité et a été réduit à une tâche. Ceci a engendré un manque de
visibilité et de maîtrise, d’où les excès et les abus qui ont provoqué les
crises. Cet état de fait a été mis sur le compte de la « mauvaise
gouvernance », et a mis l’entreprise devant un choix dramatique : Où
trouver de nouvelles façons de faire, ou mourir.
Ce n’est qu’au milieu du vingtième siècle, avec l’accélération du progrès
technologique, qu’il y a eu une inversion de tendances, car on est passé
d’un marché de pénurie à un marché de surproduction, et le quoi faire et
quand le faire n’est plus le privilège de l’entreprise, mais celui du client.
Dans cette inversion de tendance, c’est Toyota qui a pris les devant dès
les années 1950 et a provoqué deux changements majeurs dans les
mentalités :
o Le passage d’une gestion morcelée par activités vers une
approche processus, qui décloisonne les activités, et permet de
revoir l’entreprise dans sa totalité.
o La remise de l’homme, avec toutes ses dimensions, au cœur de
l’entreprise.
Autrement dit, les mêmes préoccupations qu’on retrouve dans le
concept de gouvernance.
En Tunisie, nous n’avons ni histoire industrielle, ni culture d’entreprise qui
fasse consensus. Mais heureusement pour nous, les connaissances ignorent
les frontières, et nous pouvons les acquérir en même temps que tout le monde.
En plus, nous partons avantagés par rapport aux pays développés, car eux ont
des habitudes qui ont marché, et maintenant qu’elles sont devenues obsolètes,
ils ont toutes les peines à s’en débarrasser.
Forts de ces constats, nous avons décidé depuis les années 1990 de voir
grand et de nous fixer une finalité supérieure très ambitieuse : « Participer au
développement du pays, par le développement de ses entreprises, par le
développement de ses hommes ». Puis, sans complexes, nous nous sommes
branchés sur la connaissance universelle, et nous avons travaillé pendant plus
de vingt ans à développer les outils informatiques nécessaires à la bonne
gouvernance. Nous avons fonctionnés comme un centre de recherches, qui a
en plus l’opportunité de s’appuyer sur le monde réel pour valider ses travaux.
Le dispositif mis en place pour cela est constitué de deux entreprises que je
dirige et à qui j’ai fait jouer les rôles suivants :
3
4. -
-
KARMEX est une entreprise industrielle, dans le domaine automobile,
entièrement exportatrice, et comptant 400 salariés ; elle vise l’excellence
et s’appuie pour cela sur LOGIDAS qui lui fournit les Progiciels de
Gestion Intégrés dont elle a besoin, et qui l’accompagne dans ses
changements.
LOGIDAS est une SSII de 20 ingénieurs et diplômés du supérieur qui
vise la diffusion de la bonne gouvernance dans les entreprises
Tunisiennes ; elle s’appuie pour cela sur KARMEX qui lui sert de
laboratoire, dans lequel elle améliore continuellement ses Progiciels et
ses connaissances.
Le résultat de cette démarche est que nous disposons aujourd’hui deux
moyens au service de la PMI :
- Un système de production qui guide l’organisation sur terrain.
- Et un ERP qui gère les ressources et les processus de l’entreprise :
DAS/HR Pour la ressource humaine, DAS/PROD pour la ressource
produit y compris la gestion de production, DAS/MS pour la ressource
équipements.
Ces deux moyens aident généralement l’entreprise à retrouver sa totalité, et à
l’homme son bien être. Et pour le cas de l’entreprise témoin, cela l’a aidée à
conserver la bonne ambiance entre ses quatre cent salariés et à poursuivre
son cheminement vers l’excellence, même après la révolution du 14 Janvier et
l’émergence de nouvelles problématiques comme celle de l’Identité,
ELHAOUYYA, et toute les autres contestations…
Pour conclure,
- Je dirai que Gouvernance et ERP, c’est un même combat vers
l’excellence ;
- que bonne gouvernance et ERP participent ensemble au bon vivre en
entreprise ;
- que ce bon vivre est un bénéfice souvent plus difficile à réaliser que le
bénéfice financier, est qu’il constitue un but social digne d’être visé.
Et pour ceux qui continuent à penser que l’entreprise n’est pas faite pour faire
du social, je leur dirai :
- Visez simplement la bonne gouvernance, et vous serez déjà sur le
chemin du social, du bien-être, et de l’excellence.
Abdeljalil TRABELSI
(Article préparé pour le salon Entrepreneuriat organisé par TPM les 4 et 5 Mars
2014)
4