Un défi pour Yump ! Transformer les jeunes pour qu’ils passent de "J’aimerais bien faire ceci" à "Je le fais". 21 jeunes de tous horizons sélectionnés sur leur simple motivation. L'accent de la formation est sur la pratique, à apprendre à surmonter les démarches administratives, à construire une entreprise et à la gérer.

1. Le Parisien
Mardi 16 juin 2015
l’accent sur la pratique. En plus de séances
immersives dans les entreprises partenaires
de Yump, comme LCL et Altran, les jeunes
apprennent à surmonter les démarches ad-
ministratives, à construi-
re une entreprise et à la
gérer. Ils montent leur
projet par étapes, et pré-
sentent chaque semaine
leur avancement à l’oral
devant leurs camarades
sous l’œil d’un coach au
regard aiguisé. En validant le programme,
ils deviennent des Yumpers et participent
au réseau de l’association. Ils peuvent alors
intervenir à leur tour dans la formation, ou
demander des conseils pour le projet qu’ils
ont concrétisé.
Un fonctionnement qui s’inscrit dans la
logique des convictions de Serge Malik.
« Mettre en valeur la formation profession-
nalisante, c’est la clé du développement
économique des quartiers populaires. La clé
du château. » Et en encourageant la créa-
tion d’entreprises sur place, l’objectif est
aussi de dynamiser les quartiers. « En plus
de relancer l’emploi localement, cela offre
aux jeunes une meilleure estime de soi, une
confiance en eux. »
Cette envie d’entreprendre qui anime les
quartiers populaires a également inspiré
Moussa Camara, le président de l’associa-
tion de quartier Agir pour réussir (AGPR).
En décembre 2014, il a lancé, avec l’appui
du Medef et de Klésia, une initiative de for-
mation pour aider les jeunes motivés à
concrétiser leur projet. Sur 15 participants à
la première session, achevée en février 2015,
cinq ont déjà lancé leur entreprise. Il espère
consolider prochainement une collabora-
tion avec les réseaux d’accompagnement de
projet comme Yump. NATHAN LOHEAC
composée de 21 jeunes de tous horizons sé-
lectionnés sur leur simple motivation.
Quinze sont allés au bout et aujourd’hui,
9 ont créé leur entreprise. Le succès de cette
première expérience mo-
tive alors l’association à
ouvrir cinq campus : à
Pantin (Seine-Saint-De-
nis), Choisy-le-Roi (Val-
de-Marne), Evry (Esson-
ne), Paris et, en avril der-
nier, Marseille (Bouches-
du-Rhône). Plus d’une centaine de jeunes
suivent ainsi le cursus qui les aidera dans la
réalisation de leur rêve.
La formation, financée à 80 % par le
conseil régional et la Caisse des dépôts, met
« DANS LES QUARTIERS, il y a de beaux
projets, des gens intelligents, et une forte
envie d’entreprendre », constate Serge Ma-
lik, qui, dans une volonté de changer l’ima-
ge souvent négative des quartiers défavori-
sés, lance Yump (pour Young Urban Move-
ment Project) pour donner aux plus moti-
vés l’occasion de concrétiser un projet. « On
veut transformer les gens, qu’ils passent de
J’aimerais bien faire ceci à Je le fais, et ce,
malgré tout les freins qui peuvent exister à
monter une entreprise dans un milieu po-
pulaire », explique celui qui a cofondé SOS
Racisme en 1985.
Serge Malik lance, entre octobre 2013 et
avril 2014, une académie pilote à Aubervil-
liers (Seine-Saint-Denis). La promotion est
Dans les cinq campus de Yump en France, plus d’une centaine de jeunes au total suivent le cursus qui les aidera à créer leur entreprise et à la gérer. (DR.)
Lesjeunesdescitésàl’école
delacréationd’entreprise
TRAVAIL. Yumpproposeuneformationetuneaideàlacréationd’entreprise
auxjeunesdesquartierspopulaires.Seulcritèredesélection:êtremotivé !
nUn bac + 5 en études d’économie « sans
passion, ni enthousiasme ». Quelques années
d’activité, et puis le chômage. A 27 ans, Rym Ben Tili
donne naissance à son premier enfant et découvre la
pâtisserie dans sa vie de maman. L’idée d’en vivre lui
trotte dans la tête, jusqu’à ce qu’elle tombe par
hasard sur un tweet parlant de Yump. Intriguée, elle
se renseigne, postule… et crée La Sweet Table.
« Je me voyais faire des pâtisseries pour particuliers ;
Yump m’a permis d’être plus ambitieuse. »
Sélectionnée par le programme, Rym a l’occasion de
mûrir son projet lors de sa formation. Aujourd’hui, elle
fait principalement du B2B, proposant aux entreprises
des pâtisseries personnalisées, de la forme à la
couleur en passant par l’inclusion du logo dans le
gâteau. Parallèlement, elle propose des ateliers de
pâtisserie dans les écoles de son quartier. Les retours
sont positifs, saluent l’originalité de l’initiative.
« C’est rassurant d’être en contact avec des
professionnels », explique la jeune femme, qui a
aujourd’hui 36 ans. « Il ne s’agit pas d’être materné,
mais de baigner dans un écosystème d’entrepreneurs.
Cela a été très positif dans mon cas. » Sans Yump,
elle aurait lancé son activité avec une certaine
maladresse, moins d’assurance. Peut-être aurait-elle
abandonné. « La création d’entreprise est un
processus solitaire, qui demande beaucoup de
rigueur. » Yump lui a offert un cadre, a permis de lui
mettre la pression dont elle avait besoin.
Après avoir bénéficié d’un incubateur cuisine pour
préparer ses pâtisseries, elle cherche aujourd’hui un
terrain où installer un conteneur pour monter son
labo-cuisine. Elle espère pouvoir un jour embaucher
un salarié. En attendant, c’est elle qui fait tout,
jusqu’à la communication de La Sweet Table
sur le Net, notamment à travers un compte Twitter
très actif.
N.L.
«Çam’apermisd’êtreplusambitieuse»
Rym Ben Tili, 36 ans, a créé La Sweet Table
Yump,acronyme de
Young Urban
Movement
Project, est né
en Suède en
2009 pour
assister les
jeunes
entrepreneurs
issus des
quartiers
défavorisés de
Malmö.
L’association a
débarqué en
France en 2012.
« En plus de relancer
l’emploi localement, cela
offre aux jeunes une
meilleure estime de soi »
Serge Malik, fondateur de Yump
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