1962-1964 : première loi d'orientation agricole. 1980 : seconde loi d'orientation agricole. Ensuite, la cadence s'accélère : 1999, 2005 et, en 2010, la loi de modernisation de l'agriculture. Ballottée dans toutes ces directions, il n'est pas étonnant que l'agriculture française soit désorientée.
Depuis plus de 40 ans, les Safer ont mis en place des observatoires des marchés agricoles et ruraux. Depuis 2014, le groupe Safer a décidé de mieux valoriser cette connaissance unique. C’est la raison de cette édition de synthèse du magazine Le prix des terres. Elle est destinée aux décideurs et acteurs du territoire afin qu’ils disposent de données les aidant à la mise en place de politiques d’aménagement des territoires adaptées.
Osons réformer l’OMC pour un développement équitable Fatimata Kone
Dans ce livret, le ROPPA invite l’OMC à repenser cinq (5) règles pour garantir la souveraineté alimentaire :
(i) reautoriser les exceptions agricoles du GATT sur la protection à l’importation ;
(ii) reformer la définition du dumping dans le GATT et l’accord anti-dumping ;
(iii) abolir la distinction des subventions dans l’AsA selon leur niveau supposé de distorsion des échanges ;
(iv) réécrire l’article 9 dans l’AsA : « toutes les subventions internes aux produits exportés sont des subventions à l’exportation » ;
(v) changer les règles de l’AsA sur les stocks publics
Depuis plus de 40 ans, les Safer ont mis en place des observatoires des marchés agricoles et ruraux. Depuis 2014, le groupe Safer a décidé de mieux valoriser cette connaissance unique. C’est la raison de cette édition de synthèse du magazine Le prix des terres. Elle est destinée aux décideurs et acteurs du territoire afin qu’ils disposent de données les aidant à la mise en place de politiques d’aménagement des territoires adaptées.
Osons réformer l’OMC pour un développement équitable Fatimata Kone
Dans ce livret, le ROPPA invite l’OMC à repenser cinq (5) règles pour garantir la souveraineté alimentaire :
(i) reautoriser les exceptions agricoles du GATT sur la protection à l’importation ;
(ii) reformer la définition du dumping dans le GATT et l’accord anti-dumping ;
(iii) abolir la distinction des subventions dans l’AsA selon leur niveau supposé de distorsion des échanges ;
(iv) réécrire l’article 9 dans l’AsA : « toutes les subventions internes aux produits exportés sont des subventions à l’exportation » ;
(v) changer les règles de l’AsA sur les stocks publics
Inter-réseaux Développement rural. Bulletin de synthèse n°16 - Le paradoxe de l'élevage au Sahel : forts enjeux, faibles soutiens
Les grands pays d’élevage du Sahel (comme le Niger, le Mali ou le Burkina Faso) soutiennent très peu le secteur de l’élevage, en proportion du budget général de l’Etat et des soutiens accordés à l’agriculture végétale. C’est le constat unanime que portent les analystes, depuis la Banque mondiale à la FAO, en passant par les organisations d’éleveurs et... les ministères de l’Elevage de ces pays eux-mêmes. C’est surprenant dans ces pays qu’on présente pourtant comme des bons élèves dans le respect des engagements de Maputo (engagement des Etats africains à dédier 10% du budget national à l’agriculture, élevage compris). C’est surtout étonnant dans des « pays à vocation agropastorale » pour lesquels les filières animales sont considérées par tous comme stratégiques, porteuses ou prioritaires. Enfin il y a lieu de se demander pourquoi les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) n’investissent pas davantage sur ces filières sensibles qui, selon les politiques adoptées, pourraient devenir soit un socle de l’intégration régionale soit une sérieuse pomme de discorde. Cette synthèse, réalisée en partenariat avec le réseau Apess, se base principalement sur des données récoltées dans 4 pays : Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal.
Concurrence acharnée, exploitation sociale et cultures peu écologiques sont des maux bien connus de la production de bananes. Mais qu'en est-il aujourd'hui de ces taches brunes sur l’« or vert » ? Et quel est le rôle joué par le commerce équitable ?
releve conclusions du RPCA de decembre 2015 à daka-fr_finalFatimata Kone
Relevé des conclusions
31e RÉUNION annuelle du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) - Sahel et Afrique de l’Ouest
Dakar, Sénégal, 14-15 décembre 2015
Llamado a la solidaridad internacional con los y las obreras agrícolas desped...Crónicas del despojo
Compartimos un llamado a la acción en solidaridad con la lucha sindical de las y los jornaleros agrícolas en Marruecos, cuyos derechos están siendo violados por una empresa francesa, que produce además tomate para Europa.
Asimismo, aquí abajo, encontrarán un artículo con más información y análisis, realizado por miembros de Attac-Maroc, CADTM y de l'ODG.
Y al final la misma información en francés
Une masterclass sur la transformation digitale de l'apiculture, faite par 5 étudiants du MBA Digital Marketing & Business de l'EFAP à Paris !
#Transfonum #beekeeping #apiculture #MBADMB
Nous sommes un pure player indépendant spécialisé sur le média digital.
Notre métier : conseiller et produire des dispositifs digitaux innovants et pérennes.
Notre ADN : être indépendant c’est aussi la possibilité de gérer ses projets, ses clients et ses équipes différemment.
Valtech - L’impact des médias sociaux sur les Mutuelles et les Assurances Valtech
L’impact des médias sociaux sur les Mutuelles et les Assurances
Christophe Gazeau, Directeur Conseil Entreprise 2.0 - Valtech
christophe.gazeau@valtech.fr
Inter-réseaux Développement rural. Bulletin de synthèse n°16 - Le paradoxe de l'élevage au Sahel : forts enjeux, faibles soutiens
Les grands pays d’élevage du Sahel (comme le Niger, le Mali ou le Burkina Faso) soutiennent très peu le secteur de l’élevage, en proportion du budget général de l’Etat et des soutiens accordés à l’agriculture végétale. C’est le constat unanime que portent les analystes, depuis la Banque mondiale à la FAO, en passant par les organisations d’éleveurs et... les ministères de l’Elevage de ces pays eux-mêmes. C’est surprenant dans ces pays qu’on présente pourtant comme des bons élèves dans le respect des engagements de Maputo (engagement des Etats africains à dédier 10% du budget national à l’agriculture, élevage compris). C’est surtout étonnant dans des « pays à vocation agropastorale » pour lesquels les filières animales sont considérées par tous comme stratégiques, porteuses ou prioritaires. Enfin il y a lieu de se demander pourquoi les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) n’investissent pas davantage sur ces filières sensibles qui, selon les politiques adoptées, pourraient devenir soit un socle de l’intégration régionale soit une sérieuse pomme de discorde. Cette synthèse, réalisée en partenariat avec le réseau Apess, se base principalement sur des données récoltées dans 4 pays : Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal.
Concurrence acharnée, exploitation sociale et cultures peu écologiques sont des maux bien connus de la production de bananes. Mais qu'en est-il aujourd'hui de ces taches brunes sur l’« or vert » ? Et quel est le rôle joué par le commerce équitable ?
releve conclusions du RPCA de decembre 2015 à daka-fr_finalFatimata Kone
Relevé des conclusions
31e RÉUNION annuelle du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) - Sahel et Afrique de l’Ouest
Dakar, Sénégal, 14-15 décembre 2015
Llamado a la solidaridad internacional con los y las obreras agrícolas desped...Crónicas del despojo
Compartimos un llamado a la acción en solidaridad con la lucha sindical de las y los jornaleros agrícolas en Marruecos, cuyos derechos están siendo violados por una empresa francesa, que produce además tomate para Europa.
Asimismo, aquí abajo, encontrarán un artículo con más información y análisis, realizado por miembros de Attac-Maroc, CADTM y de l'ODG.
Y al final la misma información en francés
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L’impact des médias sociaux sur les Mutuelles et les Assurances
Christophe Gazeau, Directeur Conseil Entreprise 2.0 - Valtech
christophe.gazeau@valtech.fr
El documento describe el concepto de crowdsourcing, que implica la externalización de tareas a una gran comunidad de personas a través de Internet. Se menciona que empresas como Lego, Wikipedia y FIAT han adoptado con éxito modelos de crowdsourcing para desarrollar nuevos productos y resolver problemas. El documento también analiza los beneficios y desafíos del crowdsourcing para las empresas.
Este documento promueve la compra de muñecos sexuales como alternativa a los hombres reales, destacando sus ventajas como que siempre están disponibles para el sexo, no se quejan, no envejecen ni engordan, y cuestan solo $7,000 con una durabilidad de 6 años.
Guide méthodologique réalisé par le Cluster Green & Connected Cities pour monter un écocentre, tiers-lieu nouvelle génération, hub de services de proximité
Slideshare of the first ever Datapero from April 26th, 2012.
Slides are, in order of appearance, about OpenStreetMap and the OpenStreetMap data re-users : Altic -the open source BI specialist, the French city of Orange, and OpenDataSoft.
Speakers were :
Gael Musquet, OpenStreetMap.org
Charly Clairmont, Altic.org
Jean-Louis Zimmerman, French city of Orange (reprenseted by Gael Musquet)
Jean-Marc Lazard, OpenDataSoft
The document discusses the benefits of exercise for mental health. Regular physical activity can help reduce anxiety and depression and improve mood and cognitive functioning. Exercise causes chemical changes in the brain that may help protect against mental illness and improve symptoms.
La Unión Europea ha propuesto un nuevo paquete de sanciones contra Rusia que incluye un embargo al petróleo ruso. El embargo se aplicaría gradualmente durante seis meses para el petróleo crudo y ocho meses para los productos refinados. Este paquete de sanciones requiere la aprobación unánime de los 27 estados miembros de la UE.
El poema narra la historia de un hombre que escucha un golpe en su puerta una noche. Al abrir, no encuentra a nadie. Más tarde, un cuervo entra volando por la puerta y se posa en el dintel. El hombre intenta que el cuervo hable, y este sólo repite la palabra "nunca más". El hombre se da cuenta de que el cuervo representa la pérdida de su amada Leonora, de quien nunca podrá reencontrarse. El cuervo se niega a irse y permanece posado en el dintel, at
El poema expresa el profundo amor eterno del autor por Yanina. Declara su amor por ella de forma romántica y apasionada, diciendo que la necesita y que su soledad desaparece cuando está a su lado. El autor se siente desnudado y abierto por los siete motivos por los que la ama, y que si alguna vez se siente derrotado, solo desea ver su cara para seguir adelante.
El informe predice que las economías de los países emergentes superarán a las del G7 para 2050. India tendrá el mayor crecimiento anual promedio de PIB a 7.6%, mientras que China se convertirá en la segunda economía mundial. La economía española crecerá a una tasa anual promedio de alrededor del 2.3% hasta 2050, pero se desacelerará después de 2015 debido al envejecimiento de la población.
1) El documento discute los desastres naturales y antrópicos, y la necesidad de pensar en el futuro de las ciudades ante múltiples amenazas.
2) Se describen cinco vectores de catástrofes contemporáneas y se argumenta que la seguridad humana debe estar vinculada a la solidaridad más que a acciones defensivas.
3) Se enfatiza la importancia de formar una cultura de protección a través de campañas de información continuas para construir un futuro más seguro.
Le Salon de l'Agriculture s'est terminé sur une note positive : une forte hausse de visiteurs.
Il reste un carrefour d'influence incontournable.
Ici, l'essentiel à retenir de l'édition #SIA2018
Le gouvernement a de son côté prévu de mettre au point avec les partenaires sociaux un ensemble de cinq réformes qui ont fait
l’objet d’une lettre de cadrage. Instituer une indemnisation pour les démissionnaires et pour les travailleurs indépendants est à
la fois non souhaitable et contre-indiqué financièrement. La troisième réforme concernant la limitation par pénalisation des CDD
courts n’a qu'un enjeu limité, et lorsque nécessaire, devrait plutôt conduire à diminuer l'indemnisation qu'à pénaliser l'employeur.
Le contrôle accru des chômeurs est en revanche souhaitable. Enfin, le remplacement de certaines cotisations par la CSG ne saurait
justifier la participation de l’État à la gouvernance de l’Unedic.
Mais le gouvernement se garde bien d’évoquer certains autres sujets de fond qui fâchent, à savoir que de moins en moins
l’assurance chômage conserve son caractère assurantiel, dans la mesure où l’État exige de l’Unedic, dont les ressources pèsent
directement sur le coût du travail marchand, qu’elle finance des politiques publiques de solidarité qui devraient reposer sur l’impôt.
Ce faisant, l’État est responsable des déficits de l’Unedic, et ne craint pas de les augmenter encore avec l’indemnisation annoncée
des démissionnaires et des travailleurs indépendants. Nos préconisations prioritaires sont les suivantes :
❙ équilibrer le financement par l’Unedic des points de retraite acquis pendant les périodes de chômage (déséquilibre de 2 milliards) ;
❙ annuler ou réduire fortement le financement par l’Unedic de Pôle emploi (3,3 milliards) ;
❙ faire participer les entreprises publiques à l’assurance chômage (plusieurs milliards) ;
❙ mettre à la charge de l’État les indemnisations qui ressortissent à un objectif de solidarité nationale : intermittents du spectacle,
exonérations spéciales et éviter les subventions croisées (1 milliard pour les intermittents, 1 milliard pour les autres subventions).
Enfin des réformes paramétriques devraient aussi être menées :
❙ augmenter le ratio d’éligibilité en passant la durée minimum d’affiliation de 4 à 6 mois, et ultérieurement à 8 mois, sur une période
de 18 mois (1,8 milliard) ;
❙ baisser, au minimum, à 0,9 de jour indemnisé pour un jour cotisé le taux de transformation (1,2 milliard) ;
❙ supprimer les revenus de remplacement proches des revenus du travail ou supérieurs ;
❙ et en fonction de la mise en oeuvre des réformes ci-dessus, baisser le taux des cotisations patronales et salariales.
Une démarche inquiétante, alors que les résultats de l’incursion directe de l’État dans la politique industrielle de l’énergie (Areva, Alstom, EDF, éolien, solaire, agrocarburants) devraient inciter les gouvernements à se concentrer sur la fixation d’objectifs et non pas à la façon dont les acteurs les atteignent. Deuxième producteur mondial d’électricité, EDF est une entreprise prestigieuse, mais le niveau de son cours de bourse, 8 à 10 euros contre 32 en 2005 à l’ouverture de son capital, donne la mesure de son affaiblissement. Une situation d’autant plus inquiétante que le paysage énergétique est bouleversé : fin probable des tarifs réglementés, liberté de choix des consommateurs, concurrents français et étrangers, nouveaux modes de production, contestation du nucléaire et des éoliennes, surcoût des énergies renouvelables. Et des doutes existent sur le fondement même de la transition énergétique, le dernier bilan prévisionnel du gestionnaire du réseau de transport électrique (RTE) présentant des scénarios où la consommation d’électricité augmenterait au lieu de diminuer comme décidé dans la loi de 2015.
Avec 85 % du capital d’EDF, l’État français peut difficilement esquiver sa responsabilité. Une stratégie de l’État actionnaire caractérisée par le court-termisme, utilisant EDF pour enjoliver, jusqu’aux élections suivantes, le taux de chômage, l’inflation, le niveau de vie des Français ou le budget de l’État. Une tentation irrésistible quand il n’existe pas de contre-pouvoirs diversifiés comme le sont les actionnaires privés des grandes entreprises. Pour surmonter définitivement ces dysfonctionnements et redonner confiance aux salariés, aux clients et aux actionnaires, le seul levier efficace au niveau français consiste à réduire les interventions de l’État. Au niveau européen, c’est l’application à l’électricité des règles classiques du commerce international.
France : définir un chemin réaliste de transition énergétique.
Ramener immédiatement à 70 % la part de l’État au capital d’EDF.
Nommer une majorité d’administrateurs indépendants de l’État, français et étrangers.
Séparer les activités régulées de réseau des activités concurrentielles de production et de vente d’électricité : privatiser les réseaux électriques et leurs gestionnaires.
Voter une loi engageant l’État à réduire à 30 % sa part dans le capital d’EDF en 2022, après la mise en route des trois premières centrales EPR (Flamanville, Finlande, Chine).
Europe : faire appliquer par Bruxelles les règles de la concurrence internationale, ouverture du marché de l'électricité, mais interdiction des politiques de subventions-dumping qui perturbent les systèmes électriques étrangers.
Protection sociale : Faire baisser les 42 milliards de coûts de gestion Fondation iFRAP
En France, les dépenses de protection sociale atteignent 746,6 milliards d’euros en 2015. Au titre des seuls coûts de gestion la France
se situe à 4,31 % des dépenses de prestations selon Eurostat là où l’Union européenne est à 3 % et la zone euro à 15 pays à 3,51 %, soit
de 5 à 9 milliards d’euros de coûts supplémentaires par rapport à nos partenaires européens. Et encore, ces dépenses ne tiennent pas
compte des frais financiers, ni des frais de gestion liés au versement des prestations sociales financées par l’État et les collectivités
locales, frais conventionnellement estimés à… 0. Les coûts de gestion réels restent donc largement sous-évalués.
La Fondation iFRAP est parvenue à l’évaluation suivante : les coûts de gestion réels de la protection sociale représentent au
moins 42 milliards d’euros. Un montant substantiel qui laisse envisager d’importantes pistes d’économies, insuffisamment
exploitées, alors qu’elles sont souvent relayées dans des rapports parlementaires, rapports d’inspection ou de la Cour des
comptes. Par exemple, notre enquête sur l’absentéisme dans les CPAM montre un nombre de jours d’absences très élevé, en
moyenne de 36,8 jours par agent.
Ces chantiers, auxquels aucun gouvernement n’a pour l’heure osé s’attaquer, ont déjà été lancés chez nos voisins anglais,
allemands ou néerlandais, lesquels ont su réformer leur système de protection sociale afin d’en améliorer l’efficience. Aujourd’hui,
la maîtrise des frais de gestion est indissociable d’une réforme en profondeur de notre modèle social.
Emmanuel Macron avait durant sa campagne déclaré vouloir créer un versement social unique et automatique en matière d’aides
sociales pour lutter contre le non-recours. Il s’est aussi déclaré pour un régime universel de retraites pour en finir avec la
complexité du système. La Fondation iFRAP estime qu’il est possible à l’horizon du quinquennat d’envisager au moins 5 milliards
d’euros d’économies annuelles sur la gestion de notre système social.
Les coûts de gestion de la protection sociale représentent 42 milliards d’euros dont 6,9 milliards de frais financiers et au moins
4,1 milliards pour les frais liés aux prestations de l’État et des collectivités locales.
Il est possible d’économiser de 5 à 9,5 milliards d’euros sur les coûts de gestion à l'horizon 2025 une fois que toutes les
réformes d'ampleur de la protection sociale auront été menées, dont :
❙ 2 à 3 milliards d’euros sur les retraites ;
❙ 2,5 milliards d'euros sur les prestations de solidarité logement-pauvreté-famille et 5 milliards à terme avec une réforme
complète de l'allocation sociale unique (ASU) ;
❙ santé : 0 à 1 milliard d'euros ;
❙ emploi : 0,5 milliard d'euros.
Réformer le syndicalisme : mandats, financement, représentativité Fondation iFRAP
Dans quelle mesure la paix qui a présidé dans les négociations ayant abouti à la réforme n’a-t-elle pas eu pour contrepartie l’assurance donnée aux syndicats qu’on ne changerait rien au syndicalisme ? Quoi qu’il en soit, il y a à regretter que la réforme ambitieuse du droit du travail ne se soit pas accompagnée de son indispensable complément. Raison de plus pour s’atteler à la tâche.
Les propositions de la Fondation iFRAP
Mesures concernant le fonctionnement du syndicalisme dans les entreprises :
❙ En complément des réformes bienvenues des ordonnances en faveur des TPE et PME, augmenter les seuils d’application, augmenter les matières où les dérogations aux accords de branches sont autorisées, permettre les consultations par les employeurs jusqu’à 50 salariés, supprimer la différenciation entre DP mandatés et DP non mandatés.
Supprimer le monopole de présentation au premier tour des élections professionnelles.
Diminuer les heures légales et supprimer les heures extra-légales de délégation dans les secteurs public et privé.
Limiter à un seul renouvellement de 4 ans les mandats des représentants du personnel et supprimer la règle de l’insaisissabilité des biens des syndicats.
Interdire pour une seule personne le cumul d'heures de délégation supérieur à 50 % du temps de travail.
Objectif : diminuer d'un tiers le nombre de mandats de représentants des salariés.
Mesures concernant le financement des syndicats :
Assurer une véritable transparence financière à tous les niveaux syndicaux.
Supprimer les financements extra-légaux, les « caisses noires », les financements restants provenant du paritarisme, et le financement de l’AGFPN.
Tout mettre en oeuvre pour assurer un financement par les cotisations des adhérents qui doit remplacer l’audience électorale comme critère d’attribution des ressources.
Instaurer sous certaines conditions le « chèque syndical ».
Modernisation de la vie publique : les propositions de la Fondation iFRAPFondation iFRAP
la suppression de la réserve parlementaire ;
l’interdiction des emplois familiaux ;
le non-cumul des mandats – que nous proposons toutefois d’étendre aux mandats de même nature et non plus
seulement identiques ;
la mise en place d’un registre des déports – en attirant cependant l’attention sur les cas de conflits d’intérêts
public-public ;
l’encadrement des activités parallèles de conseil.
Nous proposons d’aller plus loin avec :
une réduction du nombre de parlementaires : une des propositions phare de modernisation des institutions du candidat Macron, pour l’heure « oubliée ». Il s’agit selon nous de faire passer le nombre de députés de 577 à 350 et le nombre de sénateurs de 348 à 150. Cette mesure permettrait 256 millions d’euros d’économies ;
les fonds ainsi dégagés seraient utilisés à la revalorisation du traitement des parlementaires liée au renforcement de leurs attributions (pouvoirs d’évaluation et de contrôle) ;
un renforcement des sanctions pour les absentéistes ;
la transparence totale des indemnités (pour les parlementaires et les élus locaux) et la centralisation de la gestion des crédits collaborateurs ;
un renforcement du contrôle éthique au Parlement ;
le perfectionnement du registre des représentants d’intérêts.
Le quinquennat à venir porte la lourde responsabilité de mener les réformes nécessaires au pays. Il faut non seulement un exécutif efficace, mais aussi – et c’est essentiel – un pouvoir législatif rénové, qui inspire confiance aux Français et se montre exemplaire en toutes circonstances.
Etat actionnaire : 33 milliards d'euros de privatisations Fondation iFRAP
L’État actionnaire, c’est 1 750 participations directes, pour une valeur comptable de 98,9 milliards d’euros et 538,6 milliards de chiffre d’affaires en 2015. Au sein de l’OCDE, la France est de loin le pays dans lequel les entreprises publiques emploient le plus (800 000 personnes soit 3,3 % des emplois salariés contre 2,5 % en moyenne pour l’OCDE).
Le ministère de la Défense est le ministère qui s’est le plus réformé et réorganisé ces dernières décennies, sous la pression des coupes budgétaires successives. Avec les conséquences que l’on sait : même si notre armée reste théoriquement capable de mener n’importe quel type de mission, les nombreuses baisses d’effectifs dans les forces de combat et surtout dans les fonctions de soutien, mettent clairement en danger notre capacité à gagner les guerres présentes et à venir.
Alors que les menaces et risques s’accroissent, diminuer sans cesse notre effort nous rendrait incapables de conserver à terme un outil militaire capable d’engagements de haute intensité. Même si les attentats récents ont brutalement remis en lumière ces questions dans nos sociétés occidentales, inverser la tendance sur le long terme nécessitera d’y investir un capital politique très conséquent. Il est temps de modifier profondément les équilibres. La question se pose alors : quelle est la trajectoire budgétaire envisageable pour atteindre l’objectif de 2% du PIB en dépenses annuelles de Défense ? Il existe deux trajectoires possibles, l’une pour atteindre cet objectif dès 2022, l’autre en 2025.
C’est en faveur de la première que nous nous positionnons. Concrètement, nous proposons une impulsion budgétaire importante une fois les élections présidentielles achevées : il s’agirait de réaliser et de voter une nouvelle loi de programmation militaire 2018-2023 à l’automne 2017, comprenant quelque 240 milliards d’euros (constants 2017) sur sa période d’exécution. Cela représenterait quelque 50 milliards d’euros supplémentaires par rapport à la loi de programmation militaire initiale 2014-2019. Notons que le critère des 2% n’est pas suffisant, particulièrement à cause de notre dissuasion nucléaire. À terme, c’est certainement les 3% du PIB qu’il faut viser comme seuil des dépenses militaires, soit quelque 65 milliards d’euros par an. Mais les 2% sont déjà une étape indispensable.
Objectifs généraux de la prochaine LPM :
Atteindre un budget de Défense annuel correspondant à 2% du PIB en 2022 et adopter ce chiffre comme plancher absolu ;
Adapter notre outil militaire aux engagements actuels et futurs, notamment en poursuivant l’augmentation des forces de combat et le soutien qui y sont associés ;
Résorber les déficits capacitaires en totalité sans aucunement délaisser les investissements concernant la préparation de l’avenir et les équipements de générations suivantes, y compris les équipements liés à la dissuasion nucléaire.
Plus que d'un grand soir fiscal, il s'agit d'envoyer un message fort à nos fortunes (expatriées ou non), nos créateurs et nos talents pour leur redonner confiance et libérer leur potentiel d’innovation. D’urgentes mesures de réforme de la fiscalité du patrimoine s’imposent alors que la France figure parmi les pays où la fiscalité est la plus lourde dans ce domaine. Pour frapper fort, nous proposons de supprimer l’ISF et l’exit tax dès 2017, de revenir au prélèvement forfaitaire libératoire, de renforcer les mesures favorisant l’investissement au capital des entreprises et de mettre en place un plafonnement global à 60 %. D’autre part, notre impôt sur le revenu se caractérise par une grande complexité et une très forte concentration sur la minorité de foyers qui y sont soumis (45%). La première mesure à prendre est l'abandon du projet fou du prélèvement à la source, une «usine à gaz» qui viendrait étouffer, dans une nouvelle couche de complexité inutile, nos entreprises. Ensuite, il faut préparer une réforme de l’impôt sur le revenu pour l'appuyer sur une assiette clarifiée et sur un nombre plus important de contributeurs, notamment en s’assurant qu’un euro perçu au titre de la solidarité soit imposé comme un euro issu du travail (avec comme idée, qu'à terme, notre système de redistribution et de solidarité passe dans une logique de crédit d'impôt pour les foyers concernés). Pour préparer ces chantiers et fixer un cadre pour la prochaine mandature, il est nécessaire d’agir dès les premiers mois et d’envoyer des signaux forts aux Français et aux investisseurs. C’est pour cela que nous recommandons de graver dans le marbre d'une loi de finances rectificative 2017 (en juillet 2017), les premières mesures de ce choc fiscal. Attendre le projet de budget 2018 pour réformer, c'est prendre le risque de manquer encore une fois l'occasion d'assainir les finances publiques françaises. Souvenons-nous lorsqu'un Premier ministre nous promettait une remise à plat fiscale en 2013 : nous l'attendons toujours. Voici pourquoi dès 2017 nous proposons de :
Supprimer l'ISF ;
Supprimer l'exit tax ;
Renforcer l’investissement en faveur du financement des entreprises ;
Mettre en place un plafonnement fiscal global à 60%;
Abroger le prélèvement à la source ;
Réformer et simplifier l'impôt sur le revenu ;
Revenir au prélèvement forfaitaire libératoire ;
Imposer au premier euro les droits sociaux ;
Baisser les dotations aux collectivités locales.
Le cadrage budgétaire de ces mesures est présenté en page 24 et le texte de la loi de finance.
Bilan 2007-2017 : Fiscalité, dette, dépenses publiques, chômageFondation iFRAP
Au moment crucial de la préparation de la mandature 2017-2022, il est temps pour les candidats de réfléchir aux réformes qu’ils souhaitent mettre en oeuvre au cours du prochain quinquennat pour redresser notre économie et restaurer notre indépendance financière. Nous avons pris le parti de regarder cette décennie passée à l’aune des indicateurs suivants : dépenses publiques et emploi public, prélèvements obligatoires, dette et déficit, chômage et emplois aidés, emploi marchand et création d’entreprises, simplification. Des thèmes sur lesquels, les présidents avaient pris des engagements sur les deux derniers quinquennats.
Avec un décryptage des mesures engagées et de l’évolution de ces indicateurs dans d’autres pays d’Europe, nous voulons montrer que diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de prélèvements obligatoires pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, tout cela est possible et nécessite une stratégie. Si le prochain gouvernement veut voir le fruit de son travail se réaliser sur le quinquennat, il devra mettre en oeuvre les réformes nécessaires, et ce, dès les premiers jours de son mandat.
Intérieur, Renseignement, Défense, Justice : La nécessaire remise à niveauFondation iFRAP
Malheureusement, il apparaît que l’État ne se donne plus les moyens de telles ambitions dans le domaine, et ce depuis plusieurs années déjà. Les dépenses régaliennes dans le périmètre retenu dans cette étude, à savoir l’Intérieur, le Renseignement, la Défense, la Justice3 n’ont cessé de diminuer depuis des décennies. Si elles représentaient 6,5 % de la richesse nationale en 1965, elles avaient chuté à 4,5 % au début des années 1990 avant de tomber à à peine 2,8 % du PIB en 2015. Cette diminution est symptomatique et liée au fait que, sous le poids accru des transferts sociaux, l’État-providence a progressivement relégué l’État régalien au second plan. Dans une perspective internationale, la comparaison des dépenses régaliennes avec nos voisins européens met également en évidence notre retard. Comparable à la France par son poids économique, sa population mais aussi les menaces qui pèsent sur lui, le Royaume-Uni a consacré 2,2 % de son PIB à la Défense en 2014 là où la France dépensait 1,7 % et 2 % aux missions de sécurité et d'ordre public là où la France n'investissait que 1,6 % de son PIB.
Dans cette étude, la Fondation iFRAP dresse un panorama de l'État régalien en passant au crible les moyens mis à sa disposition et les effets des réformes de ces dernières années. Pour chacun des trois ministères régaliens nous formulerons des recommandations pour renforcer l'efficacité de ces missions essentielles dans le contexte exigeant qui est le nôtre aujourd'hui.
Ces recommandations demandent un effort budgétaire important de l'ordre de 2,1 milliards d'euros de dépenses supplémentaires annuelles entre 2018 et 2022, qui se concentre dans des investissements supplémentaires en matière pénitentiaire (500 millions d'euros), seule façon de parvenir à un objectif d'encellulement individuel en 2025 et dans la Défense (accélération du renouvellement des matériels en cours) pour 1,6 milliard d'euros. Cet effort s'accompagnera également d'embauches d'environ 15 000 agents dans les ministères régaliens (Justice, Défense, Police/Gendarmerie) d'ici 2022. Et pourra en partie s'appuyer sur des ressources tirées d'une réorganisation des personnels et des conditions de travail, de la mutualisation ou de l'externalisation de fonctions support, de la rationalisation/redéfinition de certaines missions des forces de sécurité
Les systèmes de retraite et de santé français constituent les postes de dépenses de loin les plus importants de notre protection sociale. Et avec respectivement 14 % et 12 % du PIB, ils se situent parmi les plus chers des pays d’Europe. Compte tenu du vieillissement de la population et des changements dans les risques sanitaires que ce vieillissement entraîne (prédominance des maladies chroniques et liées à la dépendance), mais aussi compte tenu du poids de la dette sociale (135 milliards d’euros restent à amortir par la Cades) ces deux piliers de notre protection sociale doivent être réformés, ce qui implique de ne pas avoir peur de repenser notre modèle social.
Mais les réformes à mener ne sont pas les mêmes : la retraite est un risque au sens de la Sécurité sociale certain. Le gérant doit assurer un travail simple: collecter les cotisations, prévoir le nombre d’actifs et de retraités, verser les retraites en appliquant des règles précises. Il doit surtout assurer l’équilibre en fonction de paramètres limités et, pour certains, sur lesquels il ne peut quasiment pas agir (démographie). Il dispose de peu de latitude : l’âge, le montant de la pension et le taux de cotisation. Le déficit de compétitivité de la France écarte la possibilité d’augmenter les cotisations pour financer le système. Dès lors, il faut :
Reporter l’âge l’égal à 65 ans en 2028 ;
Créer un régime unique et universel par points ;
Aligner les systèmes de retraite public et privé ;
Introduire une part de capitalisation sans augmenter le montant total des cotisations.
La santé est un risque aléatoire et la qualité de la prestation de soin (hôpital, médecine de ville, médicaments) est très variable. La responsabilité du gérant d’un système d’assurance maladie est très différente puisqu’il va devoir choisir, parmi un large panel de solutions, la meilleure solution au meilleur coût. La santé est par ailleurs un domaine où – contrairement à la retraite – l’innovation joue un rôle essentiel. Face à cela, le gérant doit se poser plusieurs questions : quel prix accepter de payer ? Quel fournisseur de soins recommander à ses assurés ? Quels progrès thérapeutiques encourager ? C’est ce rôle complexe qui justifie une diversité de gérants de l’assurance maladie et leur mise en concurrence par les assurés. D’où nos propositions :
Mandats politiques : Passer de 645 000 à 114 000 élusFondation iFRAP
Dans le cadre des élections présidentielles, les candidats commencent à parler d’une baisse du nombre de parlementaires. La réduction du nombre de députés à environ 350 et du nombre de sénateurs autour de 150 est devenue une évidence. Mais la France ne doit pas être en reste et le prochain quinquennat sera l’occasion d’entamer avec courage la baisse du nombre de strates et du nombre de mandats locaux.
À commencer par les communes ! Il faudra réduire le nombre de conseillers dans les grandes villes mais aussi fusionner les communes de moins de 5 000 habitants avec, d’ici à 2020, 10 000 supercommunes de 5 000 habitants au lieu des 36 000 communes que l’on compte actuellement. Cette refonte de la carte communale s’accompagnerait d’une suppression de l’échelon intercommunal. Cela permettrait aussi de renforcer l’indemnisation des conseillers municipaux pour ne plus les inciter à multiplier les mandats. La France se singularise encore par une pratique quasi généralisée du cumul des mandats. 80 % des parlementaires français cumulent leur mandat avec une fonction exécutive locale, contre 24 % en Allemagne et 3 % au Royaume-Uni. Il sera nécessaire également de réduire le très grand nombre de conseillers régionaux aujourd’hui au nombre de 1 880. Le bon objectif serait d’arriver à environ 660 conseillers régionaux, soit une cinquantaine par région. Avec de telles réformes, le nombre d’élus baisserait substantiellement de 645 124 à 114 000 élus et ramènerait la France dans un taux de représentation équivalent à celui de l’Allemagne ou des États-Unis, soit environ un élu pour 600 habitants.
Les propositions de la Fondation iFRAP ;
1 élu pour 100 habitants en France contre 1 élu pour 500 en Allemagne et 1 pour 600 aux États-Unis ;
La France compte 645 124 élus, objectif : réduire à 114 000 d’ici 2022, soit un élu pour 600 habitants ;
Pour y parvenir, supprimer les strates intercommunales et départementales ;
Réduire le nombre de maires et de conseillers municipaux mais mieux les indemniser en regroupant les communes de façon à atteindre 5 000 habitants minimum ;
Réduire le nombre de parlementaires à 350 députés et 150 sénateurs ;
Enfin, pour permettre le renouvellement de la vie politique, il faut introduire une limitation des mandats dans le temps (deux ou trois consécutifs) et au même titre l’obligation de démission de la fonction publique dans le cadre d’un engagement politique d’un agent public.
Refonder la croissance énergétique sans oublier la croissance ! Fondation iFRAP
Réduire les émissions de CO2 de 40 % en 2030 et 75 % en 2050, par rapport à 1990 ;
Réduire la consommation finale d’énergie de 20 % en 2030, 50 % en 2050 ;
Porter la part des énergies renouvelables à 23 % en 2020, 32 % en 2030 ;
Réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 33 % d’ici 2025.
Un plan qui n’aurait pas dû négliger deux objectifs essentiels :
Minimiser les prix de l’énergie pour les consommateurs ;
Maximiser l’indépendance énergétique de la France.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES, principalement le CO2) est un objectif clair, mais les méthodes imposées pour y parvenir soulèvent de sérieux doutes. La faisabilité de la baisse de la consommation d’énergie est peu crédible. Elle n’est pas effective malgré dix ans de crise économique, d’investissements dans les économies
d’énergie et de campagnes massives de communication. De son côté, le coût brut des nouvelles énergies renouvelables, de deux à huit fois supérieur au niveau du marché de gros en ce qui concerne l’électricité, est insupportable pour les ménages et les entreprises. Quant à la baisse d’un tiers de la part du nucléaire d’ici 2025, elle est contradictoire avec l’objectif CO2 et irréaliste.
La consommation française d’énergie est modérée par rapport aux autres pays industrialisés, et ses émissions de gaz à effet de serre sont très faibles. Avec 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, notre pays ne peut pas sacrifier seul son économie.
Libérer nos écoles, nos collèges et nos lycéesFondation iFRAP
En juillet dernier, une hausse du budget éducation de 2 milliards d’euros a été annoncée pour 2017. Une annonce qui résume bien la politique éducative des derniers gouvernements successifs : le saupoudrage de chèques, c’est la seule solution quand on ne veut pas lancer les réformes nécessaires et qu’on craint des grèves d’enseignants particulièrement médiatisées. Et pourtant, plus personne n’est satisfait : ni élèves, ni enseignants, ni parents d’élèves. Tous se plaignent des classes surchargées. Et pourtant, 855 028 enseignants, cela revient à compter 15,3 élèves par enseignant. Tous se plaignent du manque de moyens. Et pourtant, en comparant la dépense d’éducation des enseignements public et privé, on constate que ce dernier produit le même résultat pour 34,5 milliards d’euros de moins. La vérité, c’est que la France a fait le choix d’une fausse décentralisation. On a multiplié les strates, les niveaux de décision avec l’État qui emploie les enseignants aux travers de ses 30 académies (et 17 nouvelles régions académiques !) et 97 directions académiques. Les communes ont en charge uniquement les bâtiments des écoles et leurs effectifs techniques, les départements pour leur part, les bâtiments des collèges et les transports d’élèves handicapés, les régions supervisent les bâtiments des lycées et les effectifs techniques, une partie de la formation en alternance, des lycées professionnels et des transports scolaires… Une organisation unique en son genre et que personne ne nous envie. La réforme de notre système éducatif est une question capitale à laquelle les gouvernements n’ont pas voulu s’atteler. Plus inquiétant, pour l’instant on entend trop peu les candidats à la présidence de la République proposer vraiment des réformes structurelles.
Pourtant, si nous voulons un système éducatif dont les résultats ne s’enfoncent plus année après année, les maîtres mots doivent être :
La décentralisation du pilotage de l’Éducation au niveau des régions et des communes ;
La responsabilisation des chefs d’établissement qui doivent devenir les vrais managers des équipes ;
L’autonomisation grandissante des établissements sur la gestion RH et la gestion du budget ;
La délégation de gestion des établissements publics doit être possible quand les décideurs locaux le souhaitent ;
La suppression du « plafond de verre » des accords Lang-Couplet (1993) qui fixent les moyens du privé sous contrat à 20 % du budget global de l’action éducatrice de l’État ;
L’innovation en encourageant la créativité pédagogique des enseignants et en facilitant la création d’écoles hors contrat.
Fonction publique : Statut, primes, évaluation, temps de travailFondation iFRAP
Réformera ou réformera pas ? S’agissant de la fonction publique, beaucoup a été dit, peu a été fait. Le nombre d’agents et le coût pour les finances publiques augmentent invariablement quel que soit le Gouvernement au pouvoir. Nous comptions 5,2 millions d’agents dans les trois fonctions publiques (État, collectivités locales, hôpitaux publics) en 2008 et 5,4 en 2014.
Avec 278 milliards d’euros de dépenses en 2014, la masse salariale des personnels publics de la France représente toujours 13 % de notre richesse nationale quand les Allemands sont à 7,7 % et les Britanniques, à 9,5 %. On constate que tous les pays, y compris les plus connus pour leur État-providence, sont passés à des embauches de leurs personnels publics non plus sous statut, mais sous contrat et donc sans emploi « à vie ». La Suède compte plus de 99 % d’agents contractuels, le Royaume-Uni, 90 %, l’Allemagne, 60 %, quand la France en compte à peine 17 %.
Dans la perspective de 2017, les objectifs doivent être les suivants :
Réduire de 440 000 le nombre de postes d’ici 2022 dans les trois fonctions publiques (sauf dans le régalien où nous prévoyons d’embaucher 15 000 agents) ;
Ramener à 11 % le poids des rémunérations des agents publics dans le PIB, soit 15 milliards d’euros d’économies d’ici 2022.
Pour cela, la Fondation iFRAP formule 15 propositions parmi lesquelles :
Geler les embauches pendant cinq ans ;
Embaucher sous contrat de droit privé les nouveaux entrants dans la fonction publique et permettre à ceux qui veulent passer du statut au contrat de le faire ;
Favoriser les départs volontaires et créer une bourse locale de l’emploi public ;
Mettre fin au principe d’unicité de la fonction publique en matière de points d’indice et introduire une part de rémunération au mérite ;
Réduire le pouvoir devenu trop important des commissions paritaires ;
Remonter le temps de travail des agents à 1 750 heures annuelles contre 1 607 heures théoriques actuellement.
La trajectoire 2017-2027 des finances publiques pour la croissanceFondation iFRAP
Les objectifs à atteindre ? Diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de pré- lèvements obligatoires. Non pas pour faire plaisir à la Commission européenne mais pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, ce dont nous sommes loin depuis 2012. Pour cela, il faut une stratégie. Chaque projet de réforme devra être accompagné d’un chiffrage et d’un calendrier précis. L'erreur faite en 2012 a été de lancer des augmentations d’impôts tous azimuts pour redresser les comptes publics sans avoir calculé ce que cela créerait comme mauvais chocs sur notre économie. Si le gouvernement a compris que le matraquage fiscal décidé était allé trop loin, le virage a été trop tardif pour en voir les fruits avant la fin du quinquennat. Si le prochain gouvernement ne veut pas travailler pour le suivant, il devra mettre à profit tout le temps imparti dès les premiers jours. La Fondation iFRAP propose dans cette étude une modélisation de la trajectoire des finances publiques pour 2017-2027 pour retrouver le plein-emploi et la croissance. Cette trajectoire consiste en : ❙ des économies de dépenses (100 milliards d’euros de baisse, dont 23 milliards de cessions d’immobilier de l’État ou des collectivités) concentrées sur la période 2017-2022 sauf pour ce qui concerne les retraites où les réformes durent jusqu’en 2027 ; ❙des baisses de prélèvements obligatoires (environ 90 milliards d’euros) étalées jusqu’en 2024 ; ❙des cessions d’actifs venant augmenter exceptionnellement les recettes publiques (20 milliards d’euros d’ici 2024) pour accélérer le désendettement et atteindre moins de 80 % de dette par rapport au PIB dès 2026. Nous proposons de fixer un maximum de 50 % de dépenses publiques par rapport au PIB en 2022. Dès les cinq premières années, la baisse des prélèvements obligatoires donnera la priorité à la baisse de la fiscalité sur le capital et à la diminution de la fiscalité sur les entreprises. Le plan de redressement modélisé par la Fondation iFRAP offre un motif d’espoir. Si nos pré- conisations sont appliquées, le PIB marchand de la France devrait remonter fortement d’ici à 2022 et atteindre, cette année-là, 1 723 milliards d’euros. C’est fondamental car la création de valeur ajoutée marchande permet la création d’emplois marchands : 739 000 d’ici 2022. Nous ne sommes pas condamnés au marasme
Le résultat n’est pourtant pas à la hauteur de cet effort. Dans les zones tendues, où la crise du logement se concentre, la puissance publique est incapable de trancher entre loger les plus pauvres et « faire de la mixité sociale ». D’où un paradoxe stupéfiant. En zone urbaine, les locataires les plus pauvres (premier décile de revenus) sont majoritairement logés dans le parc privé tandis que 25 % des occupants de logements sociaux appartiennent aux cinq derniers déciles de revenus.
Dès lors, la construction de logements sociaux est une fuite en avant : il en faut toujours plus. Entre 1985 et 2011, on observe une augmentation de 53 % du parc social. Sur la même période, les bailleurs privés ont été peu à peu dégoûtés à cause d’une fiscalité exorbitante passée de 37 milliards d’euros en 2000 à 63 milliards en 2013. Avec la loi SRU renforcée en 2013 et aujourd’hui le projet de loi « égalité et citoyenneté », c’est une nouvelle étape qui est franchie dans la bureaucratisation du logement. On a trop longtemps stérilisé l’épargne des Français en canalisant subventions et prêts sur fonds du livret A. Simplification des structures, simplification des financements, baisse des coûts de gestion, il est temps de poser la question de la réforme du logement social.
La politique publique du logement coûte 2,3 % du PIB, un chiffre deux fois supérieur à la moyenne européenne ;
500 organismes de logement social gère un parc de 4,7 millions de logements. En Île-de-France ils sont 143 organismes ;
Les aides publiques en direction des bailleurs sociaux représentent 9 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 7 milliards d’aides personnelles que perçoivent directement les bailleurs sociaux ;
Les HLM présentent une trésorerie égale à sept mois de loyers, soit 10 milliards d’euros, ou l’équivalent de 20 années d’aides à la pierre ;
Les aides personnelles au logement sont avant tout des aides sociales : leur montant (17 milliards d’euros) est supérieur aux allocations familiales (12,5 Mds) ou encore au RSA socle (7,8 Mds).
1. Agriculture :
les agriculteurs sont
des entrepreneurs
D O S S I E R ❚ Agriculture
Société Civile n° 106 ❚ Octobre 2010
1962-1964 : première loi d’orientation agricole. 1980 : seconde loi d’orientation agricole. Ensuite, la cadence
s’accélère : 1999, 2005 et, en 2010, la loi de modernisation de l’agriculture. Ballottée dans toutes ces directions,
il n’est pas étonnant que l’agriculture française soit désorientée. Les crises à répétition avaient révélé le
mécontentement et même le désespoir de nombreux agriculteurs, malgré ou à cause des 25 milliards d’euros
de subventions qu’ils reçoivent chaque année. En dépit de ces avertissements, il aura fallu que l’Allemagne
devance la France comme premier exportateur européen de produits agricoles pour démontrer qu’en Europe,
en 2010, chez ce voisin économiquement et socialement très avancé, il est possible de faire mieux que
dans notre pays. Les explications sont certainement multiples, mais la différence la plus frappante entre la
France et les autres pays est l’omniprésence de multiples administrations dans la gestion de l’agriculture
française. Et loin de fixer une stratégie claire et à long terme, les centaines d’articles de la loi de 2010,
comme ceux des trois lois précédentes, tentent de colmater des problèmes ponctuels urgents (exemple : la
crise du lait français en 2010) et de satisfaire des demandes catégorielles (exemple : augmenter la subvention
de l’État à l’assurance récolte). À quand la loi de libération dont les agriculteurs français ont besoin ?
L’explosion de la productivité agricole❚❚
La chute du nombre d’agriculteurs❚❚
L’agriculture : 4 % des actifs et 2 % du PIB❚❚
Des crises plus fréquentes et plus profondes que dans les autres pays européens❚❚
Les agriculteurs face à 7 niveaux d’administration❚❚
L’évolution des structures agricoles : forte mais inadaptée❚❚
La confusion entre le social et l’économie❚❚
Les propositions de la Fondation iFRAP❚❚
Dossier réalisé par Philippe FRANçOIS ▪ ▪ ▪
2. 12
Société Civile n° 106 ❚ Octobre 2010
D O S S I E R ❚ Agriculture
12
1. Allemagne, révélateur de notre problème agricole
Depuis des décennies, on s’était habitué à voir en
France de plus en plus de produits agricoles étran-
gers : les fruits espagnols à cause du climat et du
faible coût de la main-d’œuvre, les fleurs hollan-
daises avantagées par une spécialisation historique
et par le prix du gaz naturel ou les produits hors
saisons parce que de plus en plus de Français ont
accès à une alimentation variée. Mais en 2008, on a
découvert que l’Allemagne avait dépassé la France
pour les exportations agricoles et agroalimentaires.
La production agricole croît plus vite en Allemagne
qu’en France et représente déjà les deux tiers de
la production française. Le lait, par exemple, coûte
régulièrement en Allemagne de 10 à 15 % de moins
qu’en France. Résultat : les exportations de lait
allemand ont massivement augmenté, y compris
vers notre pays. Idem pour les porcs ou les cultures
maraîchères.
« La régulation massive des marchés agricoles par
l’État est une chose du passé. Ce qui est important
maintenant, c’est de reconnaître très tôt les signaux
du marché et d’y répondre. »
Ilse Aigner, ministre fédéral de l’Agriculture
Exportations de produits agricoles et agroalimentaires en Mds € courants
1980 en $ 1990 en $ 2000 2005 2006 2007 2008 2009
Allemagne 11 20 30 37 40 45 50 50
France 18 34 37 41 44 47 51 44
Le tableau ci-dessus de l’Insee montre que, depuis
10 ans, la performance de la France est nettement
inférieure à celle de l’Allemagne. Elle l’est aussi par
rapport à celle du Royaume-Uni : 28 % de la viande
de mouton consommée en France provient d’outre-
Manche à des prix inférieurs aux nôtres. Cette perte
de compétitivité vis-à-vis de pays européens est un
signal inquiétant puisque les six premiers clients
de la France sont membres de l’Union européenne,
zone destination des trois quarts de nos exporta-
tions agroalimentaires. Elle l’est aussi au moment
où nos ventes de produits agricoles vers les autres
pays seront de plus en plus concurrencées par les
nouveaux producteurs (Ukraine, Russie, Brésil, Inde).
En 2009, l’Allemagne a exporté plus de fromage que
la France. Passe encore pour les automobiles haut de
gamme et les machines outils, mais une situation
inimaginable dans le domaine agricole.
C’est souvent dans les phases de changements
rapides que les cartes se redistribuent entre
concurrents. Et l’agriculture vit justement une
telle période. L’explosion du rendement du blé
en France depuis les années 1950 est un exem-
ple typique d’une révolution qui se poursuit : en
2009, le rendement du blé a été de 76,6 q/ha. La
plupart des autres grandes productions agricoles
ont connu des progrès similaires. La production
moyenne d’une vache laitière, qui était par exem-
ple de 1 800 litres de lait par an en 1955, est
de 6 450 litres en 2007. Au Danemark, elle est
de 8 350 litres indiquant que cette évolution n’est
pas terminée. L’amélioration de la productivité des
plantes ou des animaux n’est pas le seul facteur de
changement. Le machinisme agricole et l’amélio-
ration des outils de gestion constituent les autres
moteurs de cette révolution.
0
1815 1850 1900 1950 2000
10
20
30
40
50
60
70
72,8
80
90
qx/ha
source:INSEE
2,9 % par an
de 1949 à 2000
0,5 % par an
de 1915 à 1940
Le rendement du blé en France
Face à cette révolution impressionnante, les syndicats
agricoles français,les gouvernements et l’administration
ont refusé les règles du marché et ont mis en place une
organisation corporatiste similaire à celles qui régnaient
avant 1789. Plus grave même que le contrôle des prix
et les subventions, l’accès à la profession d’agriculteur
a été strictement réglementé. Des commissions admi-
nistrativo-syndicalistes décident de :
1. qui peut acheter une exploitation,
2. qui peut l’exploiter,
3. ce que l’exploitant est autorisé à produire,
4. parfois même combien il est autorisé à produire.
3. Une réponse corporatiste
2. La révolution verte
3. 13
Société Civile n° 106 ❚ Octobre 2010
D O S S I E R ❚ Agriculture
13
La procédure ci-dessus constitue le cas le plus simple.
Les règles concernant par exemple les attributions,
échanges et reprises des quotas laitiers font pen-
ser au trafic de tickets de rationnement qui existait
dans certains régimes communistes. Et si l’agricul-
teur cédant veut en plus vendre son exploitation,
un troisième joueur, la Société d’aménagement et
de développement de l’espace rural (Safer) de la
région intervient en amont pour décider qui peut
acheter l’exploitation. Cette méthode en apparence
très logique correspond exactement à la définition
de la bureaucratie : des commissions s’interposent
entre le vendeur et l’acheteur dans le but de guider
l’agriculture française et de trouver le « meilleur »
repreneur. Une prétention insupportable de la part
de personnes dont la compétence pour décider de
ces choix est douteuse, qui ne porteront aucune
responsabilité en cas de succès ou d’échec et qui
risquent de faire passer leurs convictions, leurs inté-
rêts propres ou ceux de leurs organisations avant
celles de l’agriculture. Le « localisme » (favoriser ses
copains du coin), reconnu comme une des plaies
du recrutement dans les universités françaises, joue
à plein dans ces commissions où se retrouvent les
acteurs très consanguins, dominés par les syndicats
agricoles. Les fonctionnaires, en principe chargés
de veiller au bon déroulement de ces tractations,
ne souhaitent surtout pas aller contre les décisions
de la corporation.
Les problèmes rencontrés par l’agriculture en
France, notamment par les jeunes agriculteurs,
montrent que ces multiples commissions d’amé-
nagement et d’orientation de l’agriculture sont
désormais nuisibles à une époque où ce sont la
flexibilité et l’anticipation des marchés d’avenir
qui sont déterminants.
Note : les ADASEA sont financées par des subventions publiques (14 millions d’euros par an) et sont gérées par les syndicats agricoles.
Les CDOA sont des commissions d’une trentaine de participants réunissant des fonctionnaires de préfecture et des personnels des
chambres d’agriculture, des Safer, des syndicats agricoles, des Crédit agricole, Groupama, d’ONG, de représentants des artisans et de
diverses personnalités.
L’agriculteur cédant
❚ Doit faire inscrire son intention de céder son exploitation sur
le registre tenu par l’Association départementale d’adaptation
des structures des exploitations agricoles (ADASEA).
❚ Percevra une subvention de 3 000 à 5 000 euros s’il s’inscrit au
moins un an avant de quitter son exploitation et de 1 500 euros
pour faire réaliser un audit.
L’agriculteur candidat repreneur
❚ Doit faire inscrire sa candidature à une
exploitation dans un département sur
le registre tenu par l’ADASEA.
L’ADASEA
❚ L’ADASEA (900 salariés) com-
pare les offres et les demandes
et propose au(x) candidat(s) les
exploitations qui lui semblent
leur convenir.
❚ L’ADASEA examine la renta-
bilité de l’exploitation avec le
candidat repreneur, construit
un plan de financement, pro-
cure les subventions.
❚ L’ADASEA négocie avec le can-
didat repreneur et le vendeur
le prix de cession des stocks,
des machines et du fonds de
commerce.
La CDOA
❚ Tous les mois, la Commission
départementale pour l’orienta-
tion de l’agriculture (CDOA) se
réunit, choisit un des candidats
pour chacune des exploitations
disponibles et délivre l’autorisa-
tion à exploiter.
❚ Le candidat soutenu par l’ADA-
SEA a beaucoup plus de chan-
ces que les indépendants,
même si ceux-ci sont préférés
par le cédant.
Les 3 étapes de la procédure de cession d’une exploitation agricole
La façon dont un agriculteur partant par exemple
à la retraite et les candidats repreneurs peuvent se
mettre d’accord fournit un exemple typique de
la bureaucratie mise en place. Dans ce cas-ci, le
cédant recherche un successeur à qui louer son
exploitation.
Habitués à cette procédure depuis des décennies,
les intéressés prennent difficilement conscience de
l’étrangeté de cette méthode et des dégâts qu’elle
cause : comment fonctionneraient les restaurants
ou les garages si les acheteurs des fonds de com-
merce à vendre étaient choisis par des commissions
placées sous l’autorité du Préfet et dominées par
le syndicat des restaurateurs ou des garagistes du
département ?
Après un demi-siècle d’application, les résultats
de l’organisation de l’agriculture française sont
pourtant mesurables : un bond de la production
4. Les résultats du corporatisme
4. 14
Société Civile n° 106 ❚ Octobre 2010
D O S S I E R ❚ Agriculture
14
mais une performance globale insuffisante comme
on l’a vu ci-dessus, de trop faibles revenus pour
les actifs et les retraités, un coût (subventions)
considérable pour la société. Le tout aboutissant
à décevoir et humilier les agriculteurs dont le
taux de suicides est deux fois plus élevé que la
moyenne française.
Des revenus insuffisants en moyenne
Dans tous les domaines, des progrès de produc-
tivité aussi importants peuvent se traduire soit
par des profits considérables, soit par la misère
selon l’évolution du niveau de consommation et
des structures de production. Or, depuis 50 ans,
la consommation alimentaire augmente, mais
beaucoup moins vite que les revenus : en 2009,
les Français ne consacrent plus que 14 % de leur
budget à l’alimentation contre le double en 1960.
Et ces chiffres comprennent les dépenses de res-
taurants et de restauration collective qui ont beau-
coup augmenté mais qui incluent une grande part
de dépenses, de main-d’œuvre et de bâtiments qui
n’est pas liée aux produits agroalimentaires.
Les résultats des exploitations professionnelles
montrent bien qu’en 2007, année pourtant très
favorable, 10 % des exploitations sont en déficit
malgré les multiples subventions qu’elles perçoi-
vent et que la distribution est anormalement déca-
lée vers les faibles bénéfices. Ce taux est monté à
16 % en 2008. La majorité des exploitations rap-
portent moins de 30 000 € par an. En supposant
même qu’il n’y ait qu’un seul exploitant (pas de co-
exploitant), ce revenu correspond à 2 500 euros par
mois, très faible et insuffisant pour un entrepreneur
qui travaille 50 à 60 heures par semaine, a investi
son capital et assume des risques importants.
Pour l’évolution du revenu des actifs agricoles, la
France fait moins bien que l’Allemagne, le Royau-
me-Uni et la moyenne des 27 pays de l’Union euro-
péenne depuis 10 ans.
Des revenus très variés et très variables
Les évolutions des cours des produits agricoles ou
des niveaux de production ont des conséquences
très variées pour les différents acteurs du monde
agricole. En 2009, par exemple, le revenu par
salarié agricole est resté stable, la valeur globale
de la production agricole française a baissé de
8,5 % et le revenu des non-salariés (c’est-à-dire
les exploitants) de 34 %. Les revenus agricoles
dépendent aussi beaucoup du type de production.
Cette même année, la production en valeur du lait
a baissé de 18,1 %, celle des céréales de 25,5 %,
mais celle des vins a augmenté de 2,4 %. En 2007,
au contraire, les prix des céréales et du lait avaient
flambé à des niveaux records pendant que le vin
subissait une crise profonde.
60
1980 1985 1990 1995 2000 2005
2008
70
80
90
100
110
120
Indice 100
en 2000
Résultat agricole net
par actif en termes réels
Moyenne mobile sur 5 ans
Seule une étude lissée sur 5 ans au moins, comme
celle de l’Insee ci-dessus, permet de juger de l’évolu-
tion du niveau des revenus des agriculteurs. Depuis
30 ans,le revenu moyen des agriculteurs a donc nette-
ment augmenté,mais moins que celui des autres Fran-
çais et avec de très fortes variations. En regardant les
résultats sur un an, on risque de tirer des conclusions
complètement erronées d’événements ponctuels. En
2007, la situation semblait bonne puisque, de 1980 à
2007, le revenu par actif avait augmenté de 69 % en
euros constants, soit plus de 2 % par an. En 2009, au
contraire, la situation semblait catastrophique puis-
que, de 1980 à 2009, le revenu n’a augmenté que de
20 %, soit nettement moins que les salaires du secteur
privé et de la fonction publique.
Enfin, l’évolution des revenus varie beaucoup d’une
région à l’autre. En 2008, par exemple, autre très
mauvaise année en général : le revenu net agricole
par actif a baissé de 60,7 % en Languedoc-Rous-
sillon et augmenté de 3,2 % en Basse-Normandie.
Ces fortes variations plaident aussi pour la consti-
tution d’exploitations suffisamment capitalisées et
gérées comme de véritables entreprises.
Une forte baisse
du nombre d’exploitations…
Avec une productivité en progrès très rapide et une
consommation qui augmente moins vite, la seule
solution pour maintenir le niveau de vie des agri-
Depuis 30 ans, le revenu moyen des agriculteurs
a donc nettement augmenté, mais moins que celui
des autres Français et avec de très fortes variations.
Seule une étude lissée sur 5 ans au moins permet
de juger de l’évolution du niveau des revenus des agriculteurs.
5. 15
Société Civile n° 106 ❚ Octobre 2010
D O S S I E R ❚ Agriculture
15
culteurs, et même pour l’augmenter comme celui
des autres Français, est soit d’exporter, mais nos
coûts de production limitent cette possibilité, soit
encore de produire des produits à plus haute valeur
ajoutée, soit de diminuer très fortement le nombre
d’agriculteurs. En se mêlant de décider du niveau
de ces différents paramètres, l’État et les syndicats
ont rendu un très mauvais service aux agriculteurs
et aux Français. En 1955, plus d’un actif sur quatre
travaillait dans l’agriculture, contre un sur vingt-
cinq en 2009. Pour la première fois cette année, le
nombre d’exploitations agricoles va passer nettement
en dessous des 500 000 et celui du nombre de tra-
vailleurs (en équivalent plein-temps) en dessous de
700 000. Ces baisses se poursuivent au rythme de
2,5 à 3 % par an.
1955 1988 2000 2005 2007 2010 - Estimation
Nombre d’exploitations 2 300 000 1 017 000 664 000 545 000 508 000 466 000
Nombre d’actifs
(équivalent plein-temps)
4 500 000 1 445 000 990 000 753 000 708 000 660 000
Source : Insee, « L’agriculture nouveaux défis », 2007.
Sur des cas précis, les bouleversements apparaissent
encore plus frappants et la tendance persiste : le
nombre de producteurs de lait a par exemple dimi-
nué de 30 % au cours des 10 dernières années.
Nombre d’exploitations
productrices en milliers
1979 2000 2005
Bovins (bœufs et veaux) 736 282 227
Vaches laitières 520 128 103
Porcs 319 60 46
Poulets de chair 453 126 80
Source : Insee, « L’agriculture nouveaux défis », 2007.
Exemple d’un projet d’installation de taille « moyenne » mais à risque
Monsieur et Madame Martin ont décidé de prendre leur
retraite et de louer leur exploitation, estimée à environ
1 million d’euros, pour compléter leur retraite : 80 hectares,
60 vaches, un logement et 1 000 m2
de bâtiments agricoles,
environ 30 000 euros de subventions annuelles.
Monsieur Roger, 28 ans, le repreneur choisi par le Centre
de développement et d’orientation agricole (CDOA), ne dis-
pose que de 10 000 € de capital. Il doit verser une reprise
de 230 000 € correspondant au prix des bovins, des maté-
riels et des stocks. Le remboursement des prêts sera de
22 000 euros par an auquel s’ajoutera le montant du fermage
à verser aux époux Martin. Le conseiller du CDOA admet que
l’installation est tendue et le banquier a dit avoir accordé un
coup de pouce à ce candidat. La chambre d’agriculture et
l’ADASEA ont travaillé 18 mois sur le dossier. Le repreneur
était salarié d’une coopérative agricole locale et président
d’un organisme local des jeunes agriculteurs. On souhaite sa
réussite, mais est-on certain que cette procédure adminis-
trative de recrutement a permis de sélectionner le candidat
ayant le plus de chance de faire face à la concurrence des
40 prochaines années ?
De nombreux outils sont mis en œuvre par l’État et les collecti-
vités locales pour aider à l’installation de nouveaux agriculteurs
et principalement de « jeunes » de moins de 40 ans :
❚ dotation jeunes agriculteurs en capital de 8 000 à 35 000 euros,
❚ réduction des taux d’intérêt (économie de 11 800 à 22 000 euros)
dans le cadre de prêts bonifiés à l’installation,
❚ programme pour l’installation dans le cadre du Fonds d’incita-
tion et de communication pour l’installation en agriculture,
❚ appui aux associations départementales pour l’aménagement
des structures des exploitations agricoles,
❚ exonération de taxe foncière pendant 5 ans,
❚ réduction du taux d’impôt sur le revenu pendant 5 ans,
❚ réduction des taux de cotisations sociales pendant 5 ans,
❚ prime à l’installation du Conseil général,
❚ gratification de stage pendant 6 mois du Conseil régional.
L’administration et les syndicats agricoles se sont fixé un taux
de remplacement (taux d’installations par rapport aux départs)
d’environ 50 %. Un objectif qui ne repose sur aucune justifi-
cation économique. Le coût de ces mesures est limité (150 à
200 millions d’euros par an). Mais dès leur installation, les jeunes
agriculteurs sont plongés dans un monde où les subventions et
les procédures administratives sont plus importantes que les
règles économiques. Et pour approcher de l’objectif de 50 %,
les organismes sont conduits à favoriser le maintien d’exploi-
tations qui seront très difficilement viables et qui justifieront de
nouvelles interventions de leur part au lieu de permettre le déve-
loppement d’exploitations compétitives, libres et autonomes.
6. 16
Société Civile n° 106 ❚ Octobre 2010
D O S S I E R ❚ Agriculture
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Une définition trompeuse
des exploitations
Mais même ces chiffres sont trompeurs. Les défini-
tions des catégories d’exploitations agricoles datent
de 1955 et ne sont plus adaptées. Comment consi-
dérer qu’une exploitation n’ayant qu’une seule vache
constitue une exploitation agricole et qu’une ferme de
12 hectares de blé est une exploitation professionnelle
« pouvant assurer les revenus d’une famille » ?
Selon ces définitions, sur les
466 000 exploitations existantes en
2010, 295 000 sont professionnelles
et 171 000 non professionnelles. Ces
définitions minimalistes surestiment
considérablement le nombre de véri-
tables « entreprises agricoles ». Avec
cette nomenclature, les exploitations
agricoles n’emploient en moyenne
que 2,2 actifs à plein-temps dont
70 % familiaux. Ce chiffre com-
prend les exploitants eux-mêmes et
leurs salariés, les travailleurs temporaires, ceux des
entreprises de travaux agricoles et des coopératives
d’utilisation de matériel agricole.
Le nombre des exploitations non professionnelles
diminue plus rapidement que celui des profession-
nelles, mais compte encore 37 % du nombre total
d’exploitations tout en représentant moins de 4 % de
la production agricole française. Elles sont diverses,
mais un très grand nombre a des objectifs économi-
ques limités, étant exploitées par des retraités, à titre
de loisirs ou par des pluri-actifs1
. Ces exploitations
sont légitimes, mais les aides qui leur sont fournies
le seraient, uniquement quand elles sont nécessaires,
de façon plus juste et plus économique à travers les
circuits existants d’aides sociales plutôt qu’au titre
des subventions agricoles.
On ne dispose pas de statistiques indiquant com-
bien d’exploitations sont vraiment « professionnel-
les », c’est-à-dire dégageant un chiffre d’affaires et
un revenu « normaux » (par exemple un revenu
mensuel moyen par actif correspondant au Smic).
Sans doute moins de 250 000. Les syndicats agri-
coles, les administrations qui gèrent
l’agriculture et de nombreux respon-
sables politiques s’abritent derrière
cette surestimation du nombre de
véritables exploitations pour pré-
server leurs prés carrés. Réformer
cette classification est indispensable
pour appréhender la réalité de l’agri-
culture française et pouvoir traiter
chacune des catégories suivant leurs
véritables besoins.
… alors qu’il n’existe pas
de modèle unique
Les statistiques européennes montrent que la super-
ficie moyenne des exploitations agricoles n’est pas
un critère absolu de réussite. Le Royaume-Uni est le
seul pays européen où la taille moyenne des exploi-
tations professionnelles est nettement supérieure
(60 %) à celle de la France. L’Allemagne réussit
mieux que la France avec une taille moyenne des
exploitations légèrement inférieure à celle de notre
pays, et les autres pays ne semblent pas rencontrer
de problèmes majeurs malgré des exploitations net-
tement plus petites.
Données 2007 Nombre d’exploitations Dont professionnelles
Surface par exploitation
professionnelle en hectares
Royaume-Uni 300 000 109 000 119
France 527 000 375 000 71
Allemagne 370 000 231 000 69
Espagne 1 044 000 449 000 45
Pologne 2 391 000 245 000 33
Pays-Bas 77 000 68 000 28
Italie 1 679 000 468 000 21
Source : Eurostat.
Définitions d’une « exploitation agricole »
et d’une « exploitation agricole professionnelle »
❚ Une unité économique est dite « exploitation agricole » si elle
participe à la production agricole et utilise au moins 1 hectare de
superficie agricole ou bien possède un autre élément de produc-
tion supérieur à un minimum (1 vache, 10 ruches, 6 brebis mères,
10 lapines mères, 2 000 m2
de cultures spécialisées…).
❚ Une exploitation agricole est dite « professionnelle » si elle
a une dimension économique d’au moins 12 hectares équi-
valent-blé et utilise au minimum l’équivalent d’une personne
occupée à trois quarts de temps pendant l’année.
1
Étude Chatelier, Bazin,
Wavresky : Les exploitations
non professionnelles, 2000.
La superficie
moyenne des
exploitations
n’est pas un
critère absolu
de réussite.
7. 17
Société Civile n° 106 ❚ Octobre 2010
D O S S I E R ❚ Agriculture
17L’exemple des pays étrangers montre que plusieurs
types d’exploitations agricoles sont viables,à condition
de ne pas se tromper de marché. Les grandes cultu-
res doivent disposer de vastes étendues en centaines
d’hectares.D’abord pour utiliser de façon optimale des
équipements agricoles très coûteux, mais aussi pour
pouvoir investir de la compétence, du temps et de
l’argent dans la fonction vente des produits. Dans ce
secteur,un agriculteur qui n’a pas la capacité de choisir
au mieux ce qu’il va produire et vendre (au comp-
tant ou à terme) a peu de chance d’être rentable. Ces
grandes exploitations doivent donc pouvoir s’agrandir
au lieu d’être bridées. Dans les domaines du lait, du
porc et des bovins, l’analyse des causes du manque
de compétitivité des exploitations françaises faite en
2010 a montré qu’elles sont trop petites. Comme l’a
dit le sénateur Jean Bizet dans son rapport de 2009 sur
la crise du lait : « Malgré la marche forcée des éleveurs
français, la France n’a pas été le plus rapide à se restruc-
turer. » C’est un euphémisme puisque le diagramme
qui illustre son rapport montre que la France a été la
plus lente de tous les autres pays concernés, et de très
loin. Il n’est donc pas étonnant que la France ait été la
plus touchée par la crise du lait de 2009.
À condition d’avoir un environnement
compétitif
À côté de ces grandes exploitations, il existe des
créneaux pour de nombreux autres types d’exploi-
tations soit spécialisées sur des marchés pointus
(bio, proximité, luxe), soit exploitées de façon
différente, notamment en multi-activité (salarié/
exploitant, tourisme, productions de produits éla-
borés). Pour l’agriculture, il n’existe donc pas de
modèle unique, et chaque pays, chaque région
doit découvrir celui qui lui convient. Mais pour
cela, il faut d’abord laisser les intéressés le décou-
vrir. À eux tout seuls, les agriculteurs étrangers
ont été plus perspicaces que les multiples admi-
nistrations françaises. Ce ne sont pas des com-
missions surveillées par des fonctionnaires qui
sont capables d’identifier ces marchés difficiles à
cerner et mobiles. Par exemple, la quasi-totalité
du lait bio vendu en France est importé d’Alle-
magne, sans doute parce que les CDOA avaient
décidé que ce n’était pas un secteur d’avenir.
La seconde condition est que nos règles sanitaires,
environnementales et sociales soient comparables
à celles de nos partenaires européens. Sur les deux
premiers sujets, il semble que la France veuille tou-
jours faire de la surenchère par rapport aux normes
européennes et à des pays comme l’Allemagne dont
les produits sont pourtant parfaitement sains : c’est
le cas pour les normes concernant le lait comme
pour la taille des zones enherbées obligatoires. Bruno
Lemaire, ministre de l’Agriculture, s’est prononcé
contre ce zèle excessif : « Que les nouvelles mesu-
res environnementales soient compatibles avec la réa-
lité économique des exploitations. (…) J’en discuterai
directement avec Jean-Louis Borloo. » Mais enchaînant
malheureusement avec une illusion bien française :
« Que les autres pays européens adoptent les mêmes
règles environnementales que nous ».
L’agriculture, autre victime du chômage français
Avec un taux voisin des 10 % depuis 30 ans, le chômage français
est atypique parmi les grands pays développés. Contrairement
à ce qui se passait jusqu’en 1974, où les enfants d’agriculteurs
trouvaient facilement un emploi dans les services ou l’industrie, la
menace du chômage les pousse maintenant à rester ou à revenir
sur l’exploitation de leurs parents puis à la reprendre, même si
elle est difficilement viable. Les jeunes venant des autres milieux
qui ne trouvent pas de travail sont aussi attirés par un travail
« indépendant » et « dans la nature ». Ces HCF, « hors cadre
familiaux », comme les appellent les statistiques, sont d’ailleurs
très majoritaires (75 %) dans l’enseignement technique agricole,
même s’ils ont très peu de chances de pouvoir s’installer comme
exploitants agricoles. Dans l’espoir de contenir la montée du
chômage, les gouvernements ont plutôt encouragé ce ralentisse-
ment de l’exode agricole. Une méthode qui conduit des jeunes à
s’installer dans des conditions économiques intenables et l’État
à les subventionner pendant les 40 prochaines années au lieu
d’investir dans des activités d’avenir.
Au lieu de simplifier le système, la France a réussi
à lui conserver une grande partie de sa complexité,
de son opacité et de son instabilité.
Plutôt deux exploitations
pas rentables qu’une rentable
« Cette aide est destinée à encourager les futurs
cédants à s’inscrire au répertoire départemental
à l’installation afin de trouver un repreneur jeune
agriculteur et à éviter que les terres libérées
servent à l’agrandissement d’exploitations déjà
existantes. »
Formulaire Cerfa 51222#02
du ministère de l’Agriculture
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Société Civile n° 106 ❚ Octobre 2010
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Pour les conditions sociales, il aura fallu la « crise de
la mirabelle » en 2009 pour que la France prenne
des mesures dérogatoires et ramène le prix de la
main-d’œuvre agricole à un niveau comparable à
celui de l’Allemagne. En 2005, le Premier minis-
tre avait pourtant déjà demandé un rapport sur
« À quel niveau se situe le coût du travail dans le
secteur agricole en Allemagne, Espagne, Italie, et
Pays-Bas et existe-t-il des dispositifs d’allégement
du coût du travail ? ». Les 75 pages du rapport du
député Jacques Le Guen traitaient effectivement
les sujets imposés, mais n’ont pas conduit à des
décisions. La baisse des charges décidées en 2009
reste ponctuelle – elle ne concerne que les saison-
niers – et ne traite pas du problème de fond, le coût
de la protection sociale en France.
Une agriculture sous perfusion
L’agriculture française reçoit 25 milliards d’euros
de subvention par an (hors enseignement et
recherche, forêts et dépenses de fonctionnement
du ministère) dont la moitié pour l’activité agri-
cole et l’autre moitié pour combler les déficits de
ses régimes sociaux.
12 milliards de subventions officielles❚❚
à la production
Au titre de la politique agricole commune (Pac),
l’Union européenne verse 9 milliards d’euros de
subventions par an à la France, de loin la première
bénéficiaire de cette politique. Elle reçoit 50 % de
plus que l’Allemagne et 30 % de plus que l’Es-
pagne, une situation que plusieurs pays trouvent
difficilement supportable. Trois autres milliards
sont financés directement par la France.
Avec l’introduction en 2004 des droits à paiement
unique (DPU) par exploitation, les subventions
devaient être fortement simplifiées et dépendre
uniquement de la surface cultivée et du montant
perçu par l’agriculteur les années précédant la
réforme. En réalité, à la demande de la France,
la possibilité de maintenir toute une panoplie
d’aides a été maintenue. Sur les 12 milliards de
subvention, seulement 5,8 sont forfaitaires. Et
même ces 5,8 milliards sont distribués en fonc-
tion de plusieurs sous-paramètres. On est donc
très loin du mot « unique » et il existe encore des
dizaines, probablement plus de cent, subventions
différentes.
Au lieu de simplifier le système, la France a réussi
à lui conserver une grande partie de sa complexité,
de son opacité et de son instabilité. Les 300 millions
d’euros « rendus » en 2010 aux céréaliers consti-
tuent un exemple type de cette politique. Parce
qu’en 2007 et 2008, les cours des céréales étaient
très élevés, Michel Barnier, alors ministre de l’Agri-
culture, avait décidé début 2009 de rééquilibrer les
subventions entre filières et de diminuer celles des
céréaliers de 1,3 milliards d’euros pour les donner
aux fruits et légumes et à l’élevage. Début 2010,
le prix des céréales ayant au contraire beaucoup
baissé, le nouveau ministre a décidé, après quelques
manifestations de tracteurs à Paris, d’augmenter de
300 millions d’euros la subvention accordée aux
céréaliers. Comme il fallait trouver un prétexte :
« Afin de favoriser la diversification des assolements,
le secteur des grandes cultures bénéficiera d’une aide
rotationnelle de 300 millions d’euros sur cinq ans. »
La mesure est effective fin 2010… quand le cours
du blé a retrouvé des sommets historiques.
Résultat : une nouvelle subvention de 300 millions
d’euros, plus de bureaucratie pour des agriculteurs
qui n’avaient sans doute pas attendu le ministère
pour savoir quels assolements sont préférables, plus
de fonctionnaires pour vérifier que ceux qui tou-
chent la prime respectent bien ces rotations. Et le
risque de voir cultiver certaines céréales dont ce
sera « le tour » même si les consommateurs ont
besoin d’autres sortes cette année-là.
Les 10 grandes catégories de subventions officielles à l’agriculture
Régulation
des marchés
Aides aux
produits
Maîtrise
de l’offre
Droits à paie-
ment unique
Organisation
des filières
Promotion et qua-
lité des produits
Aide
alimentaire
Gestion des aléas et
allégement des charges
Développe-
ment rural
Sécurité
sanitaire
Total
468 2 500 300 5 800 100 87 111 271 1 521 381 11 539
Source : les concours publics à l’agriculture en 2009, en millions d’euros par an.
Les deux façons de compter les revenus des agriculteurs
On entend souvent les agriculteurs déclarer : « Cette année, je ne
me sers qu’un salaire de 800 € (ou moins) par mois », ce qui est
en effet très peu. Le jeune en cours d’installation (voir ci-dessus)
prévoit même de « ne prendre aucun salaire sur l’entreprise la pre-
mière année ». Mais dans le même temps, cet agriculteur rembour-
sera le prêt qui lui permettra d’acquérir un capital constitué des
bovins, machines et stocks de son prédécesseur, souvent aussi
d’acquérir les terres et les bâtiments de son exploitation agricole.
Ce double aspect du revenu des agriculteurs explique pourquoi
ce sont souvent les jeunes qui rencontrent des problèmes finan-
ciers – ce qui était visible dans la crise du lait. Une fois (s’ils y
arrivent) leur capital financé, leur situation est plus normale.
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Exemples de subventions Estimation iFRAP en millions € Source de financement
Taux préférentiel des droits de mutation 800 État
Taux préférentiel d’ISF 40 État
Exonération/dégrèvement de taxe foncière 450 État
Subventions et exonérations en faveur des Safer 100 État
Aides spéciales MSA 100 État
Exonération cotisations sociales nouveaux exploitants 200 État
Réduction d’impôt sur le revenu jeunes agriculteurs 60 État
Taux réduit sur les carburants 600 État
Biocarburants 650 État
Contrôle des loyers des exploitations agricoles 1 500 Propriétaires bailleurs
Contrôle des loyers des maisons d’habitation 1 000 Propriétaires bailleurs
Énergie éolienne2
et énergie photovoltaïque3
400 Consommateurs
Biocarburants 100 Consommateurs
2
Le loyer d’un hectare
de terre agricole, qui est
généralement de 100 € par
an, passe à plusieurs milliers
d’euros par an pour installer
des éoliennes.
3
Les projets d’installation de
panneaux photovoltaïques
ont dû être suspendus fin
2009, trop de nouveaux
bâtiments agricoles étant
construits uniquement pour
y installer ces panneaux.
La viticulture : un cas exemplaire
160 litres de vin par an en 1970, mais 60 seulement en 2010.
C’est ce que chaque Français de plus de 15 ans consomme
en moyenne. Et entre-temps, la production s’est développée
dans de nombreux pays.
Contrairement à d’autres secteurs agricoles, la viticulture
reçoit très peu d’aides régulières. Mais l’État n’a pas pu être
surpris par cet effondrement de la consommation puisqu’il
y a contribué par de nombreux règlements et campagnes de
(contre) publicité. Qu’a-t-il fait ? Rien. Toujours le même trafic
de droit à planter et de primes à l’arrachage. En 2008-2009,
40 000 hectares de vignes auront été définitivement arrachés
en échange de subventions. Cela dure depuis 1907.
En Australie, Afrique du Sud, Chili, Nouvelle-Zélande, États-
Unis, pas de droit à planter, pas de primes à l’arrachage,
pas de marché des droits à planter, pas de distillation rui-
neuse, pas de fonctionnaires pour tenter de vérifier tout
cela sur le terrain, juste la liberté et la responsabilité des
entrepreneurs.
Systèmes sociaux :❚❚
plus de 13 milliards de déficit par an
La Mutualité sociale agricole (MSA) assure à elle
seule tous les risques des agriculteurs exploitants :
maladie, vieillesse, famille et retraite de base et
complémentaire. Sa situation démographique étant
particulièrement déséquilibrée (quatre fois plus de
retraités que d’actifs), la MSA est en très fort déficit.
En 2009, les cotisations des non-salariés agricoles
produisent 2,8 milliards d’euros pour 17,8 milliards
d’euros de dépenses. Les concours publics se mon-
tent à 13,1 milliards d’euros, laissant un déficit de
1,9 milliard d’euros. Dans 40 ans, en 2050, le défi-
cit du régime de retraite des exploitants agricoles
(non salariés) sera encore de 2,5 milliards d’euros
(source : COR, 2005). En 2010, la pension moyenne,
hors réversion, est de 350 € par mois. De nombreux
conjoints ayant travaillé sur l’exploitation sans avoir
pu être rémunéré(e)s, et sans avoir pu payer de coti-
sation, ne bénéficient d’aucune retraite. Ces déficits
gigantesques et ces retraites minimes montrent à
quel point la démographie et l’économie de ce sec-
teur ont été saccagées par des décisions politico-
syndicales irresponsables. Malheureusement, on ne
peut rien faire pour améliorer l’héritage de ce passé.
Comme pour les mineurs de charbon, la société
française devra porter la charge de ces erreurs.
Pour les salariés véritablement agricoles et ceux des
autres organismes (coopératives, Crédit agricole…),
la MSA est l’opérateur sur le terrain des Caisses
nationales d’assurance-maladie ou vieillesse, mais
n’a aucune responsabilité dans l’équilibre financier
de la branche agricole. Avec la baisse inéluctable
du nombre d’adhérents à la MSA, ses coûts de ges-
tion et d’intervention sur toute la France dupli-
quent ceux des autres caisses de Sécurité sociale et
peuvent de moins en moins être justifiés, d’autant
plus que ses adhérents sont de moins en moins des
agriculteurs.
Des subventions publiques et privées cachées❚❚
Les listes des « concours » publiés dans les docu-
ments officiels recensent les subventions versées
directement (par exemple : prime à l’hectare
ou prime nationale supplémentaire à la vache
allaitante). Par rapport aux autres activités éco-
nomiques, l’agriculture bénéficie de nombreuses
et discrètes exemptions. Certaines sont finan-
cées par la collectivité, entre 3 et 4 milliards
d’euros, d’autres par des membres de la société
civile et d’autres encore par les consommateurs.
Elles sont nombreuses et difficiles à recenser,
mais leur montant total dépasse les 6 milliards
d’euros par an.
10. 20
Société Civile n° 106 ❚ Octobre 2010
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20
Pour gérer cette complexité mise en place par
l’État et les syndicats, sept strates de bureaucratie
se sont développées : le ministère de l’Agriculture
et ses services dans les préfectures, les opérateurs
d’État, les services des régions, des départements
et des communes, les organismes syndicaux et
professionnels et la Commission à Bruxelles. La
centaine de milliers de salariés de ces diverses
structures sont des fonctionnaires ou de qua-
si-fonctionnaires, dont les métiers et les risques
encourus sont très éloignés de ceux des agriculteurs.
Leurs revenus sont pourtant en moyenne supé-
rieurs à ceux des agriculteurs qui les entretiennent.
Le processus de fixation des dates de début des ven-
danges dans chacun des départements viticoles et pour
chacune desAOC fournit un exemple typique de cette
complexité où se mélangent syndicats agricoles,admi-
nistration préfectorale et services techniques.On ima-
gine la difficulté qu’il y aurait à vérifier l’application
stricte de ces règles, alors que c’est la responsabilité et
l’intérêt de chaque producteur ou de sa cave coopéra-
tive que le raisin soit récolté à la date optimale.
Comme l’ont fait remarquer les producteurs de lait
pendant la crise de 2009, cette sur-administration
coûte cher en elle-même, mais génère aussi des coûts
pour les agriculteurs qui passent de plus en plus de
temps à des travaux administratifs (une activité très
différente de la véritable gestion) et de moins en
moins sur leur exploitation.
L’administration d’État
Avec cinq fois moins d’exploitations agricoles et
d’agriculteurs, et une baisse de moitié de la part de
l’agriculture dans le PIB français, on s’attendrait à une
baisse parallèle des effectifs et du budget de fonc-
tionnement du ministère de l’Agriculture. Il n’en est
cependant rien. En réponse à une question du député
de Paris Bernard Plassait, le ministre de l’Agriculture
avait répondu que, de 1982 à 2002, les effectifs de
son ministère avaient diminué de 1,5 % pendant que
le nombre d’agriculteurs baissait de 50 %. En 2010,
ce nombre dépassait les 33 000 en équivalent plein-
temps travaillé, en légère baisse par rapport à 2009.
Des organismes comme l’Institut national de recher-
Le préfet de Maine-et-Loire,
chevalier de la Légion d’honneur
❚ Vu le Code rural et notamment son article R.641-90 relatif à la fixation de la date de début des
vendanges,
❚ Vu l’arrêté préfectoral DAPI/BCC 2008-1479 du 18 décembre 2008 portant délégation de signa-
ture au bénéfice du directeur départemental de l’Équipement et de l’Agriculture,
❚ Vu l’arrêté préfectoral 49/SG/2009 portant délégation de signature du directeur départemental
de l’Équipement et de l’Agriculture au chef de service d’économie agricole,
❚ Vu les résultats des inventaires de maturités,
❚ Vu les avis des syndicats viticoles concernés et en accord avec ces premiers,
❚ Sur la proposition du directeur départemental de l’Équipement et de l’Agriculture de Maine-
et-Loire,
Arrêté :
❚ Article 1er
: Le ban des vendanges 2009 est fixé comme suit pour le département de Maine-
et-Loire
AOVDQS Coteaux d’Ancenis 6 octobre 2009
Cépages chenin, cabernet franc et cabernet sauvignon
❚ Article 2 : Cette date correspond à la maturation des parcelles les plus précoces. Toutefois, si
des accidents climatiques nécessitaient localement d’anticiper cette date, des dérogations indivi-
duelles pourraient éventuellement être accordées par Monsieur l’ingénieur conseiller technique de
l’INAO. Les vins issus de vendanges récoltées avant la date fixée sans avoir obtenu de dérogation
de l’INAO ne pourront avoir droit aux appellations mentionnées à l’article 1er
du présent arrêté.
❚ Article 3 : Le secrétaire général de la préfecture de Maine-et-Loire, le directeur départemental de
l’Équipement et de l’Agriculture de Maine-et-Loire, le directeur interrégional des Douanes, le direc-
teur régional de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes, l’ingénieur
conseiller technique de l’INAO sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du pré-
sent arrêté qui sera publié au recueil des actes administratifs de la préfecture de Maine-et-Loire.
Angers, le 5 octobre 2009
Pour le préfet, et par délégation le chef du service d’économie régionale
Signé : Avril Gommmard
5. Sept niveaux d’administration « au service » des agriculteurs
11. 21
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21
che agronomique (Inra, 8 000 salariés), le Centre de
coopération international en recherche agronomique
et développement (Cirad, 1 800 salariés) et le Centre
national du machinisme agricole, du génie rural, des
eaux et des forêts (Cemagref,1 600 salariés) transformé
soudain en « Institut de recherche en sciences et tech-
nologies pour l’environnement » dépendent à la fois du
ministère de l’Agriculture et de celui de la Recherche
ou de la Santé. Leurs effectifs ne sont pas tous comp-
tabilisés dans ceux du ministère de l’Agriculture.
2010 Effectifs
Ministère de l’Agriculture 33 795
dont enseignement agricole 15 384
dont enseignement supérieur et recherche agricoles 2 676
En 2009, la Cour des comptes constate que « l’effectif
du seul ministère s’est accru de 6,5 % de 1980 à 2008,
mais a doublé si on intègre les agents des opérateurs ».
Cette remarque n’a pas eu plus d’effet que la ques-
tion du député, comme en témoigne la présentation à
la Commission des finances de l’Assemblée nationale,
le 12 janvier 2010, de M.Alain Pichon, président de
la 4e
Chambre : « Bien souvent, des modes d’action
indirects se sont substitués à des modes d’intervention
directs. Par exemple, les agents du ministère de l’Agricul-
ture, qui remplissaient des tâches d’ingénierie, d’appui
technique et d’animation, n’ont pas disparu à la suite
de la mise en place de la politique européenne et de la
diminution de leur activité : ils se sont recentrés sur
d’autres missions telles que le versement d’aides ou la
mise en place des dispositifs de soutien économique à la
production et le contrôle de leur utilisation. Ils ont utilisé
un stratagème extraordinairement subtil et habile pour
demeurer en place. Les contrôles de second niveau se sont
développés, l’État contrôlant désormais les contrôleurs.
(…) Je rappelle à M. de Courson que notre rapport
portait sur les effectifs de l’État. C’est une synthèse, mais
elle s’appuie sur des analyses sectorielles. Ainsi, dans
l’agriculture – un cas pathologique –, les effectifs de
fonctionnaires n’ont pas diminué alors que la population
agricole et le produit intérieur brut agricole ont baissé, et
que la politique européenne s’est développée. Les agents
se sont inventé de nouvelles missions. »
Des termes extraordinairement durs de la part
d’un fonctionnaire de la Cour de très haut niveau
envers ses collègues du ministère ou des politiques
qui ont toléré ces agissements. Dans son interven-
tion, Alain Pichon mettait ensuite en garde contre
le développement des « opérateurs du ministère »,
sortes de filiales à 100 % du ministère.
Les « opérateurs » du ministère
de l’Agriculture
En plus des ministères, se sont développés des « opé-
rateurs » de l’État qui apportent de la flexibilité à la
gestion, mais ont tendance à croître de façon anarchi-
que. La règle du non-remplacement d’un salarié sur
deux partant à la retraite ne leur a pas été appliquée
avant 2010. Les opérateurs pilotés par le ministère
de l’Agriculture comptent 16 206 salariés, soit autant
que le ministère de l’Agriculture hors enseignement
agricole. Les principaux opérateurs sont : l’Office
national des forêts (10 000 salariés), l’Agence de
service et de paiement ex-CNASEA (1 800), Fran-
ceAgriMer (1 350), les Haras nationaux et l’École
nationale d’équitation (1 300), l’Agence française
de sécurité sanitaire des aliments (1 145), l’Institut
national de l’origine et de la qualité (250).
Les administrations régionales,
départementales et communales
Les conseillers régionaux sont élus et veulent donc
être reconnus pour leurs actions en faveur de l’agricul-
ture, comme l’affirme le président du conseil régional
de Basse-Normandie dans une pétition de principe :
« Par leur dimension et leurs compétences, les conseils
régionaux apparaissent comme le niveau pertinent pour
développer une politique alimentaire et agricole répon-
dant aux enjeux de développement durable, exigeante
en matière de qualité, de sécurité et d’environnement et
soucieuse de compétitivité économique et d’innovation. »
Un exemple frappant de la façon dont les Régions
doublonnent l’action de l’État : « Chaque année, notre
Des ministres complices de leurs administrés et de leur administration
Budget 2010
« Le projet de loi de finances initiale pour l’année 2010 prévoit de
doter le ministère de 5,021 milliards d’euros, soit une hausse de
5,9 % par rapport au plafond de crédit prévu dans le cadre des pers-
pectives budgétaires pluriannuelles pour la période 2009-2011. »
Cette introduction au budget 2010 est destinée à convain-
cre les agriculteurs et les fonctionnaires du ministère que
leur ministre a arraché un budget formidable, plus élevé
que les augmentations du PIB et de l’inflation réunies. Et
bien meilleur que celui de ses collègues ministres. En règle
générale, cette attitude est puérile. Dans le cadre de la crise
actuelle, elle est choquante, signifiant qu’on ne respecte pas
ses engagements et qu’on ne contribue pas au redressement
du budget de l’État.
« L’effectif du ministère de l’Agriculture s’est accru de 6,5 % de 1980
à 2008, mais a doublé si on intègre les agents des opérateurs ».
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région consacre environ 10 millions d’euros à l’agricul-
ture, principalement dans ces trois directions :
❚ l’appui aux filières (animales, équine, végétales,
forêt-bois), que ce soit au travers d’appui technique,
de recherche-expérimentation ou d’investissements en
faveur des agriculteurs ;
❚ la valorisation et la qualité des produits agricoles et
agroalimentaires ;
❚ l’emploi agricole et l’installation des jeunes agriculteurs.
Concrètement, sont mis en place des dispositifs d’aide
en faveur des :
❚ entreprises et des exploitants ;
❚ structures interprofessionnelles ;
❚ associations et des organismes agricoles. »
Le rôle des conseils généraux n’est pas vraiment
de s’occuper de l’économie en général, et donc de
l’agriculture. Néanmoins, comme les autres conseils
généraux, celui du Vaucluse subventionne huit asso-
ciations agricoles (dont 35 000 € pour « Bienvenue à
la ferme Vaucluse », 18 000 euros pour la FNSEA) et
consacre 45 000 € pour l’aide à l’installation des jeu-
nes agriculteurs. Au total, il débloque en 2010 plus
de 2,4 millions d’euros pour le secteur agricole.
Si les mairies des grandes villes n’ont pas de services
agricoles dans leurs organigrammes, les communes
rurales interviennent également en soutenant de
nombreuses associations du monde agricole pour
des montants évidemment très inférieurs.
Les structures contrôlées
par les syndicats
En plus des fonctionnaires du ministère de l’Agricul-
ture et des quasi-fonctionnaires des opérateurs, de
ceux des régions et des départements, de nombreux
organismes technico-professionnels aux mains des
syndicats agricoles et principalement de la FNSEA,
gravitent autour de l’agriculture. Tous ont des mis-
sions d’aide, de support, d’encouragement et de
soutien aux agriculteurs. Comme pour les effectifs
des organismes d’État, ceux de ces organismes syn-
dicaux-professionnels n’ont jamais diminué malgré
la chute du nombre d’exploitations agricoles. Pour
les chambres d’agriculture (budget de 650 millions
d’euros par an), organismes en principe très proches
du terrain, il aura fallu que l’État exige leur refonte à
l’occasion de la revue générale des politiques publi-
ques (RGPP) de 2008-2009, pour que l’étude d’un
plan de réorganisation soit lancée. Leur nouveau
président a admis que les agriculteurs ne compre-
naient plus à quoi leur servaient les chambres d’agri-
culture qu’ils financent en partie et dont la Cour
des comptes avait dénoncé dès 2001 la « trésorerie
pléthorique et les dépenses parfois contestables ». Il est
à craindre que la réorganisation en cours soit surtout
cosmétique, mettant en avant de nouvelles activités
assez floues (entretien du paysage), plutôt qu’une
division par deux de leurs effectifs. Leur précédent
président, Luc Guyau, avait pourtant pu se rendre
compte des problèmes de ses « clients », les agri-
culteurs, puisqu’il avait présidé la FNSEA pendant
10 ans avant de diriger les chambres d’agriculture
pendant 9 ans. Il préside maintenant le conseil de
la Food and Agriculture Organization (FAO) et est
vice-président du Conseil économique, social et
environnemental.
En plus des chambres d’agriculture, il existe pour
chaque type de production, des instituts techniques
chargés de faire le lien entre la recherche, de type
Inra (par exemple, l’Institut français de la vigne et
du vin), et la pratique des exploitants agricoles. Ces
instituts sont financés par des taxes affectées, par des
subventions publiques et par une curiosité : des coti-
sations volontaires obligatoires (CVO) payées par les
agriculteurs. Les exploitants de chaque secteur sont
aussi regroupés dans des fédérations d’exploitants
chargés de défendre leurs intérêts spécifiques (par
exemple : Association générale des producteurs de
blé et autres céréales). La loi votée en 2009 sur la
transparence du financement des syndicats dont le
budget dépasse 230 000 euros s’appliquera aussi aux
syndicats agricoles, la subvention directe de l’État
aux syndicats agricoles étant de 20 millions d’euros
par an. Cela permettra, à partir de 2011, de mieux
appréhender comment ces multiples organismes
interagissent.
Principaux organismes Effectifs
99 ADASEA 900
27 Safer 1 000
99 chambres d’agriculture 7 700
MSA 18 000
Trame, Provea, FAFSEA, ANEFA... ?
21 instituts techniques 2 000
30 fédérations de producteurs 800
Une création très originale :
Les « contributions volontaires obligatoires »
L’administration bruxelloise
On sait qu’il y a à Bruxelles un commissaire à l’Agri-
culture et on imagine bien qu’il a besoin d’un cabinet
d’une vingtaine de personnes pour faire son travail.
Ce qu’on ne voit jamais, c’est qu’il dispose d’une
administration de 1 000 personnes à l’organigramme
impressionnant.Tout comme leurs collègues français,
ces fonctionnaires étudient, subventionnent, organi-
sent et contrôlent l’agriculture des différents pays.
Mais loin d’avoir permis de supprimer des fonction-
naires à Paris, le ministère de Bruxelles en a suscité
de nouveaux. Une partie significative de l’activité
du ministère français consiste à lutter contre celui
de Bruxelles : obtenir plus de subventions, s’opposer
aux sanctions de Bruxelles, contourner les réglemen-
tations (par exemple : 10 années de subventions
illégales aux fruits et légumes), ralentir la réforme de
la Pac, contrer l’action de Bruxelles à l’OMC…
13. 23
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6. Conclusion
La seule véritable loi d’orientation de l’agricul-
ture est celle de 1960-1962, qui a mis en place
les fondements de l’organisation actuelle de ce
secteur. Ni La Fin des paysans, le livre d’Henri
Mendras publié en 1967, ni le rapport Vedel4
de
1969 n’ont été écoutés. Malheureusement, la loi
de 1962 a envoyé l’agriculture française dans la
mauvaise direction, celle du corporatisme dirigé
par le syndicalisme agricole avec la bénédiction de
l’État. En croyant les protéger, cette loi a conduit
les agriculteurs dans une impasse. C’est un phé-
nomène courant, les dockers ou les ouvriers du
livre parisien ont aussi défendu leurs statuts, mais
ont mis en danger leurs entreprises, l’économie
française et leur avenir personnel.
Certains attribuent à l’organisation de 1962 la
hausse de la production agricole et la fin de la
pénurie alimentaire. Autant féliciter le coq pour
le lever du soleil. Tout comme les industriels (par
exemple : automobiles) ou les commerçants (par
exemple : hypermarchés), les agriculteurs ont su
tirer parti des formidables progrès techniques
devenus soudain disponibles pour répondre à
la demande des consommateurs. Mais très loin
d’avoir optimisé la restructuration du tissu agri-
cole, cette loi l’a ralentie ou orientée dans une
mauvaise direction. Elle constitue maintenant un
terrible handicap dans le monde dynamique et
mouvant du XXIe
siècle diamétralement opposé
à la planification. C’est ce que constate la Cour
des comptes dans un rapport très critique sur l’ef-
ficacité et la transparence des organismes publics
et semi-publics en charge de définir l’avenir de
l’agriculture française et de guider les agricul-
teurs : « Dans le reste de l’Europe, le dévelop-
pement agricole est de plus en plus souvent une
activité privée et concurrentielle avec paiement
par les agriculteurs des conseils qui leur sont
donnés. À défaut de suivre cette voie qui a des
avantages non négligeables, il conviendrait,
comme y invite le Conseil économique et social
dans son avis du 14 février 2007, de reposer
la question des objectifs de cette politique et de
l’organisation et des moyens à mettre en place
pour les atteindre. »
Comme tous les entrepreneurs, les agriculteurs sont
les mieux placés pour découvrir seuls quels sont
les produits voulus par les clients et le type et le
nombre d’exploitations permettant à terme à ces
entreprises de vivre sans subventions. Ce ne sont
surtout pas les 100 000 conseilleurs des organisa-
tions agricoles qui pourront les sauver, et encore
moins des lois d’orientation destinées à protéger
les strates d’administration en place.
4
Le rapport Vedel, établi par
une commission d’experts
gouvernementaux animée
par le doyen Vedel, eut un
grand retentissement. Il
préconisait de repenser la
politique agricole française
et de pousser à une
restructuration plus efficace
des exploitations agricoles.
Propositions de l’iFRAP
Relever fortement les seuils des exploitations agricoles professionnelles et non professionnelles de❚❚
façon à clairement séparer les véritables entreprises agricoles des activités agricoles marginales.
Traiter les problèmes sociaux des exploitants agricoles non professionnels par des mesures sociales❚❚
classiques (RSA, allocation vieillesse…) et non plus par des subventions agricoles.
Déréglementer le marché des terres et des exploitations agricoles pour que les installations et exten-❚❚
sions se fassent selon des critères économiques et non plus selon des critères sociaux qui enferment
l’agriculture dans la dépendance aux subventions ou, pire, selon des critères opaques qui jettent le
discrédit sur le système.
Appliquer complètement la réforme de la forfaitisation (découplage) des aides.❚❚
Réduire le nombre et la taille des structures de support publiques et para-publiques en prenant en❚❚
compte la réduction du nombre d’exploitations – 4 fois moins nombreuses en 50 ans – et les simplifi-
cations apportées par l’application des quatre propositions ci-dessus.
Annoncer et réduire le niveau des subventions existantes de 4 % par an en euros constants de façon❚❚
à ce que les candidats à l’installation sachent clairement dans quel type de contrat ils s’engagent avec
la société : pratiquement zéro subvention dans 40 ans. Maintenir les aides sociales liées au déséquilibre
démographique.
Conserver un filet de sécurité sous la forme d’un régime d’intervention précisément défini à l’avance❚❚
en cas de crise imprévisible et exceptionnelle dépassant ce qui est normalement supportable par une
entreprise intégrant déjà les aléas naturels du secteur agricole, et ce qui est assurable par les compa-
gnies d’assurance.
Ouvrir les métiers du conseil et de l’orientation du secteur agricole au secteur privé et concurrentiel,❚❚
et supprimer les subventions aux organismes publics et semi-publics fournissant ces services.
Confier à la MSA la gestion sociale de tout le monde rural (y compris les non-agriculteurs) ou l’in-❚❚
tégrer dans le régime général. Avec la disparition des générations les plus nombreuses d’agriculteurs
à la retraite et la baisse du nombre d’actifs, la situation de la Mutualité sociale agricole va s’aggraver :
perte de son utilité et perte des recettes.