Verger cidricole de demain : effets des mélanges variétaux sur la maîtrise de...
Une agriculture morbihannaise toujours aussi variée
1. 14 Morbihan / 9 novembre 2012
Une agriculture morbihannaise
toujours aussi variée
Malgré les aléas et les Répartition de la valeur de la production en 2011 (1,8 milliard d'euros)
différentes crises intervenus
ces 10 dernières années, Production de services
7%
l’agriculture morbihannaise
Autres produits animaux Productions végétales
reste un pilier de l’économie 1% 24 %
départementale. La richesse
de ses productions et de
ses types d’exploitations en Gros bovins, veaux
font un des tous premiers 8%
Lait de vache
départements agricoles de 21 %
France. Portrait forcément
non exhaustif d’un secteur
qui a beaucoup évolué cette Œufs
4%
dernière décennie et qui se Porcins
17 %
prépare aux défis
Volailles
qui l’attend. 18 %
Réalisant près de 70 % du chiffre d’af-
faires agricole total en 2011, l’élevage
est sans surprise au cœur de l’agri- la plupart des productions animales ticulièrement dans la zone littorale. Il
culture morbihannaise. La production sont présentes sur le territoire. se caractérise par le poids de la vente
laitière, qui concerne un peu plus de Les productions végétales font cepen- directe dans le mode de commerciali-
la moitié des 5 600 exploitations agri- dant aussi partie du paysage départe- sation et le dynamisme de ses installa-
coles professionnelles morbihannaises, mental. Si la Bretagne est la première tions. Enfin, le bio s’est aussi développé
est l’activité structurante du départe- région légumière de France, cette acti- ces dernières années avec 380 exploi-
ment en étant présent sur la plupart du vité est bien développée sur le dépar- tations en 2011, principalement en lait
territoire. Le Morbihan s’illustre aussi tement avec plus de mille exploitations et légumes.
par ses productions hors-sol en étant qui mettent en valeur 10 800 ha de
le premier département de France en légumes. Plus de grandes cultures,
volaille de chair (900 exploitations) et le La majorité de ces surfaces est desti- moins de volailles
3e en production porcine (1 050 exploi- née à la production de légumes pour Cette rapide photographie ne permet
tations). Si on ajoute à cela des filières l’industrie de transformation. Le maraî- pas de mesurer combien la situation a
viande bovine et œufs bien développées, chage est aussi bien implanté, plus par- évolué ces dix dernières années. Ainsi,
2. / 9 novembre 2012 Morbihan 15
les exploitations se sont restructurées, Orientation des exploitations agricoles en Morbihan
à des degrés plus ou moins poussé
selon la production. Les exploitations
laitières ont un quota moyen de 350 000
litres en 2010 contre 210 000 en 2000
(+ 66 %) alors que les exploitations por-
cines naisseurs-engraisseurs comptent
en moyenne 166 truies en 2010 contre
127 truies 10 ans plus tôt (+ 31 %). En
aviculture, la restructuration est bien
plus faible du fait du durcissement de
la législation environnementale : le
nombre de m² de bâtiments par ferme
est en hausse de 15 % seulement.
En lien avec cette restructuration, on
constate le développement des formes
sociétaires ainsi qu’une augmentation
de la productivité des agriculteurs sur
la décennie. crises et les contraintes environnemen- à la base d’une industrie agro-alimen-
On peut distinguer des dynamiques dif- tales. La filière qui a sans conteste le taire très dense qui emploie plus de
férentes selon les productions. Ainsi, plus souffert est la volaille de chair, qui 15 000 salariés en 2011.
certaines sont relativement stables. a vu son parc bâtiment baisser de 30 %.
Encore sous le régime des quotas A l’opposé, les exploitations spéciali-
jusqu’en 2015, la production laitière sées dans les grandes cultures sont les
est restée aux alentours des 1 milliards seules qui voient leur nombre croître.
de litres. Le porc représente 217 000 Elles sont 432 en 2010 contre 336 en Arnaud Haye
tonnes en 2011 contre 192 000 tonnes 2000 et ont une SAU moyenne de 72 ha. Chargé d'études économiques
arnaud.haye@morbihan.chambagri.fr
en 2001 malgré plusieurs années de Enfin, l’agriculture morbihannaise est
Yves Le Gourriérec,
président de la chambre d'agriculture du Morbihan
"Nourrir les hommes est redevenu
une question prioritaire"
l Quelle est votre opinion sur l’état actuel l Comment voyez-
de l’agriculture morbihannaise et comment vous évoluer cette
jugez-vous son évolution ces dernières agriculture dans les
années ? prochaines années ?
L’agriculture reste un pilier de l’économie du départe- Depuis quelques années,
ment. A 1,8 Md d’€ en 2011, son chiffre d’affaires a pu avec l’augmentation des
varier d’une année sur l’autre mais reste relativement besoins alimentaires mondiaux et la raréfaction des res-
stable sur la décennie. Nos exploitations ont cepen- sources, nourrir les hommes est redevenu une question
dant rencontré des difficultés et ont du faire face à des prioritaire. Je pense que cette problématique va se ren-
handicaps. forcer et donc que l’agriculture aura un rôle de plus en
Ainsi, la pression environnementale a dans de nombreux plus crucial. Les agriculteurs morbihannais ont prouvé
cas bloqué tout développement. La pression sur le foncier qu’on pouvait compter sur eux en étant réactifs. Il reste
est aussi très forte sur notre territoire et grignote nos des marges d’amélioration, mais globalement nos exploi-
surfaces. Malgré cela, l’agriculture morbihannaise s’est tations sont très performantes et peuvent satisfaire aux
adaptée. Les outils de production se sont restructurés ou cahiers des charges les plus exigeants.
sont en voie de restructuration, notamment en lait et en Je suis en revanche plus inquiet pour un certain nombre
porc, même si c’est plus difficile en volaille. Ils se sont de nos outils industriels qui sont fragilisés et manquent
aussi modernisés. de compétitivité par rapport à nos concurrents. Des res-
Enfin, certains agriculteurs se sont engagés dans tructurations et des investissements sont nécessaires
d’autres formes de production ou de commercialisation dans ce secteur pour affronter l’avenir avec plus de séré-
telles que la bio et la vente en circuits courts. Tout cela a nité. 80 % de nos produits sont commercialisés par les
permis de conserver une agriculture diversifiée et dense. GMS. Je condamne la stratégie des grandes surfaces: en
Avec l’AEI (Agriculture écologique intensive), l’agricul- allant toujours dans le sens du moins cher et en refusant
ture morbihannaise regarde vers l’avenir en cherchant de prendre en compte les coûts de production et la qualité
à produire plus et mieux, en conciliant les enjeux écono- de nos produits, elles mettent en péril nos filières.
miques, sociaux et écologiques.