L’intelligence économique est aujourd’hui de plus en plus intégrée dans les stratégies de développement des entreprises bretonnes. Si les pratiques de la veille, première composante de l’intelligence économique, sont à présent relativement bien ancrées, la sécurisation de l’information et la mise en œuvre d’actions d’influence/de lobbying sont deux autres dimensions où existent encore des marges de progression.
En matière de veille, les entreprises peinent à transformer les informations recueillies en leviers d’action et dégagent toujours difficilement du temps pour véritablement structurer cette fonction.
La mise en œuvre de pratiques de sécurisation de l’information, encore souvent contrainte, pose des difficultés croissantes (évaluation des risques et des menaces, manque de connaissances des outils…).
Les pratiques d’influence / de lobbying tendent, quant à elles, à se développer et si les moyens sont renforcés, le manque de compétences perdure.
L'intelligence économique dans les entreprises bretonnes
1. 48,3%
50,3%
50,6%
53,3%
58,9%
59,7%
65,6%
80,6%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%
Anticiper les enjeux pour mieux définir sa stratégie
Etre à l'écoute de ses clients
Trouver de nouveaux marchés ou se diversifier
Surveiller ses concurrents ou l'arrivée de nouveaux entrants
Développer de nouveaux produits ou services
Innover
Améliorer les compétences
Connaître les normes et la réglementation (2013)
(80,3%)
(60,3%)
(52,4%)
(67,1%)
(48,5%)
(49,7%)
(43,1%)
(47,4%)
L’intelligence économique
dans les entreprises bretonnes
L’intelligence économique est aujourd’hui de plus en plus intégrée dans les stratégies de développement
des entreprises bretonnes. Si les pratiques de la veille – première composante de l’intelligence économique
– sont à présent relativement bien ancrées, la sécurisation de l’information et la mise en œuvre d’actions
d’influence/de lobbying sont deux autres dimensions où existent encore des marges de progression. En matière
de veille, les entreprises peinent à transformer les informations recueillies en leviers d’action et dégagent
toujours difficilement du temps pour véritablement structurer cette fonction. La mise en œuvre de pratiques
de sécurisation de l’information, encore souvent contrainte, pose des difficultés croissantes (évaluation des
risques et des menaces, manque de connaissances des outils…). Les pratiques d’influence / de lobbying tendent,
quant à elles, à se développer et si les moyens sont renforcés, le manque de compétences perdure.
CCI Bretagne / Septembre 2015
Septembre 2015 / N°16
Interrogées sur l’importance accordée
aux trois volets qui constituent l’intel-
ligence économique (veille, protection
de l’information, influence/lobbying),
les entreprises bretonnes confirment
la place prépondérante de la veille et
de la recherche d’information : 83,3%
des répondants jugent cette compo-
sante importante voire très importante
(contre 71,5% pour la protection de
l’information et 65,9% le lobbying).
Pour 8 entreprises bretonnes
sur 10 l’intelligence écono-
mique est un moyen de renfor-
cer sa capacité d’anticipation
Les entreprises placent les orientations
stratégiques et la veille concurrentielle
au cœur des finalités de l’intelligence
économique, mais aussi, et de plus en
plus, l’écoute client (+ 5 points depuis
l’édition 2013 de notre enquête) et la
recherche de nouveaux débouchés.
Elles sont, par ailleurs, de plus en plus
nombreuses à considérer que l’intelli-
gence économique peut avoir pour but
l’amélioration des compétences dans
l’entreprise (50,3% en 2015 contre
43,1% en 2013, soit 7 points supplé-
L’enquête sur les pratiques de veille et
d’intelligence économique des entreprises a
été conduite en juin 2015 par l’arist Bretagne
en partenariat avec les CCI de Bretagne,
les CCI de Normandie, Bourgogne, Centre,
Rhône-Alpes, Bretagne Développement
Innovation et la DIRECCTE, et avec le
concours financier de la Région Bretagne et
de la CCI Bretagne.
Elle a pour objet de recueillir et d’analyser
les pratiques de veille et d’intelligence
économique des entreprises bretonnes, de
mesurer leurs difficultés, mais également
les progrès accomplis dans ces domaines
depuis plusieurs années.
Le questionnaire a été adressé par e-mailing
ou via les sites internet des CCI et de leurs
partenaires : 616 entreprises ont répondu à
notre enquête en 2015 dont 361 entreprises
bretonnes*. A ce propos, il est intéressant
de constater que les pratiques d’intelligence
économique et de veille des entreprises
bretonnes sont relativement conformes aux
autres régions.
* (cf. typologie des répondants en page 4)
Palmarès des finalités de l’intelligence économique
(parmi celles ayant obtenu un score supérieur à 45% des répondants)
Source : enquêtes 2015 et 2013 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique
2. mentaires entre les deux vagues d’en-
quêtes). L’intelligence économique de-
vient alors un véritable outil d’agilité.
Enfin, l’innovation et la mise en confor-
mité réglementaire sont citées comme
finalités de l’intelligence économique
par une entreprise bretonne sur deux
(conformément aux résultats de 2013).
LA VEILLE
Un niveau stable de mise en
œuvre des pratiques de veille
Un peu plus d’une entreprise répon-
dante sur deux (55,3%) déclare avoir
mis en place une démarche de veille.
Cette proportion semble avoir atteint
un palier : les résultats des trois der-
nières enquêtes sont comparables.
Si les entreprises qui ne disposent
pas encore d’organisation de la veille
avancent le plus souvent comme prin-
cipaux freins le manque de temps
(49,1% d’entre elles) et le manque
de ressources (44,0%), plus d’un tiers
(37,1%) indiquent ne pas savoir com-
ment s’y prendre.
Pour 55,8% des répondants, c’est le
dirigeant lui-même qui s’occupe de
cette fonction. Dans les structures de
moins de 10 salariés, c’est encore plus
souvent le dirigeant qui se charge de
la veille. La part des entreprises qui
impliquent plusieurs collaborateurs
dans la recherche d’information pro-
gresse significativement depuis la der-
nière édition de l’enquête : 43,7% en
2015 contre 24,1% en 2013. Même si
le recours à des prestataires externes
est en hausse, il reste limité (7,0% en
2015 contre 4,9% en 2013) et le plus
souvent réservé aux plus grandes en-
treprises.
L’intelligence économique dans les entreprises bretonnes
CCI Bretagne / Septembre 2015
sensiblement moins de difficultés par
rapport à 2013 à accéder aux infor-
mations recherchées : le pourcentage
d’entreprises déclarant faire face à des
difficultés dans la recherche d’informa-
tion est plutôt en repli pour la majorité
des items proposés. Le palmarès des
informations les plus difficiles à trouver
reste quasiment identique à celui de
l’enquête précédente.
Le Web gratuit et la Presse
toujours en tête des sources
d’information
Malgré un léger recul, les services web
gratuits et la presse restent les sources
d’information les plus sollicitées (res-
pectivement par 73,8% et 59,6% des
répondants), suivis de près par les
clients (55,7%).
Les réseaux d’entreprises enregistrent
la plus forte baisse : cités par 62,6%
des entreprises répondantes en 2013,
ils ne sont plus utilisés que par 53,2%
des répondants en 2015. Même ten-
En matière de recherche
d’information, connaître ses
concurrents et ses clients reste
la priorité des entreprises
La veille concurrentielle et la recherche
de données sur les clients, bien qu’en
baisse, arrivent toujours largement en
tête des informations les plus recher-
chées (citées par deux tiers des entre-
prises répondantes). Dans un contexte
de cycles de renouvellement des pro-
duits de plus en plus rapides, l’informa-
tion permettant d’anticiper les besoins
et attentes des clients, ainsi que la sur-
veillance permanente de l’offre de ses
concurrents revêtent une importance
capitale.
La « e-réputation » devient une préoc-
cupation pour les entreprises, citée par
34,1% d’entre elles. Les informations
sur les « Nouveaux produits » et les
« Salons/Manifestations » sont de plus
en plus recherchées (+3% par rapport
à l’édition précédente de l’enquête).
Globalement les répondants éprouvent
7,0%
24,1%
43,7%
55,8%
Des prestataires
externes
Une personne ou une
équipe dédiée à la
veille
Plusieurs
collaborateurs
Le dirigeant
Source : enquête 2015 sur les pratiques de veille et d’intelligence
économique
Qui s’occupe de la veille au sein
de l’entreprise ?
Palmarès des informations les plus recherchées et les plus difficiles
à trouver (en % de l’échantillon global de répondants)
Source : enquêtes 2015 et 2013 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique
Informations les plus recherchées Informations les plus difficiles à trouver
Palmarès des sources ou organismes d’information les plus utilisés
Source : enquêtes 2015 et 2013 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique
38,4%
41,5%
42,1%
45,4%
47,6%
47,9%
53,2%
55,7%
59,6%
73,8%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%
Les org° professionnelles, centres d'innovation de transfert, technopôles
Les experts comptables et conseillers juridiques
Les collaborateurs de l'entreprise
Les fournisseurs
Les CCI, arist, creativ, EEN
Les salons
Les réseaux d'entreprise
Les clients
La presse
Les services web gratuits
(2013)
(78,5%)
(66,4%)
(56,0%)
(62,6%)
(50,3%)
(46,5%)
(53,7%)
(46,5%)
(41,3%)
31,9%
34,1%
51,2%
52,4%
55,4%
55,7%
58,7%
65,7%
65,9%
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Concurrents
Clients
Réglementation
Marché
Nouveaux produits
Salons / manifestations
Fournisseurs
E-réputation
Technologie/brevets
(73,9%)
(66,2%)
(58,7%)
(61,0%)
(52,4%)
(49,2%)
(51,7%)
(33,6%) 6,1%
8,6%
14,7%
15,0%
15,0%
17,5%
23,8%
33,2%
33,8%
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Concurrents
Clients
Réglementation
Marché
Nouveaux produits
Salons / manifestations
Fournisseurs
E-réputation
Technologie/brevets
(2013)
(38,1%)
(35,6%)
(22,2%)
(19,7%)
(17,5%)
(20,2%)
(10,2%)
(3,4%)
(nd)
(nd)
(nd)
3. 32,2%
33,6%
34,8%
38,2%
39,9%
41,1%
55,7%
77,0%
0% 20% 40% 60% 80%
Identification des sources d'informations
Evaluation de la fiabilité des informations recueillies
Manque de compétences en veille
Extraction de l'information utile parmi toutes les informations disponibles
Manque de formalisation des informations collectées
Transformation des informations de veille en leviers d'action pour l'entreprise
Difficulté à dégager du temps
Analyse, recoupement, synthèse de l'information collectée
dance observée pour les fournisseurs,
avec une chute d’environ 8 points
entre 2013 et 2015.
En matière de veille sur internet, les
entreprises ont principalement recours
aux moteurs de recherche, aux abon-
nements à des newsletters et aux
médias sociaux (Facebook, Viadeo,
twitter,…). Elles restent encore peu
familiarisées avec des outils de veille
plus « pro-actifs » sur le web comme
les outils de surveillance de pages web,
l’abonnement à des flux RSS, des pla-
teformes collaboratives ou des solu-
tions de veille payantes. Ces dernières
sont assez peu utilisées (par 10,4% des
entreprises) et limitées généralement
aux plus grandes structures.
L’intelligence économique dans les entreprises bretonnes
CCI Bretagne / Septembre 2015
Principales difficultés soulevées par les entreprises dans la mise en oeuvre
de leur démarche de veille
marche de sécurisation par obligation
(44,2%) ou après avoir été confron-
tées à une fuite d’information (pour
49,0% d’entre elles), une cyberattaque
(25,9%) ou une escroquerie (18,4%).
Il est toutefois à noter que près d’un
tiers des répondants (27,2%) ont initié
une démarche de ce type suite à des
actions de sensibilisation et d’informa-
tion sur les risques encourus (menées
par les préfectures, les gendarme-
ries,…).
Les moyens de sécurisation utilisés
sont comparables à la précédente en-
quête : la sensibilisation du personnel
arrive en tête, pratiquée par 59,0%
des entreprises interrogées, suivie
des moyens de sécurité informatique
(cryptage, mot de passe, cybersécu-
rité, signature électronique) (47,8%) et
des contrats de confidentialité (39,8%).
Des difficultés croissantes dans
la mise en œuvre de démarche
de protection des informations
Les entreprises sont plus nombreuses
(par rapport aux précédentes vagues
d’enquête) à déclarer éprouver des
LA SECURISATION
DE L’INFORMATION
Plus d’une entreprise sur deux
n’a pas engagé de moyens de
protection de ses informations
55,8% des entreprises bretonnes n’ont
pas mis en place de démarche de sécu-
risation de l’information (protection de
données, contrats de confidentialité,
sensibilisation du personnel). Celles de
moins de 10 salariés sont, en propor-
tion, encore plus nombreuses à ne pas
développer ce type de pratiques. Pour
expliquer ce constat, les entreprises
(toutes tailles confondues) avancent
le plus souvent le manque de temps
(38,3%). Viennent ensuite le manque
de ressources (31,1%) et de compé-
tences (30,6%). Il est à souligner que
34,2% des répondants ne voient pas
l’intérêt de mettre en œuvre ce type
de pratiques.
Une mise en œuvre plus sou-
vent contrainte qu’initiée
spontanément
Le plus souvent, les entreprises dé-
cident de mettre en place une dé-
La difficulté à dégager du
temps est la première entrave
au développement des dé-
marches de veille
Le manque de temps est le principal
écueil avancé dans la mise en place de
démarche veille (citée à 77,0%). Près
de 6 entreprises répondantes sur 10
(55,7%) évoquent ensuite la difficile
transformation des informations de
veille en leviers d’action.
Viennent ensuite l’analyse, le recou-
pement et la synthèse de l’information
(citée par 41,1% des répondants), le
manque de formalisation des informa-
tions collectées (39,9%) et l’extrac-
tion de l’information utile parmi toutes
celles disponibles (38,2%). Ces diffi-
cultés se révèlent avec d’autant plus
d’acuité que le web offre une profusion
d’informations sous une forme peu
structurée.
Outils les plus utilisés pour faire de
la veille sur internet
42,8%
63,6%
93,4%
Médias sociaux
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Moteurs de
recherche
Source : enquête 2015 sur les pratiques de veille et d’intelligence
économique
Source : enquête 2015 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique
Raisons de mise en place de démarche de sécurisation de l’information
Source : enquête 2015 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique
18,4%
25,9%
27,2%
44,2%
49,0%
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% 50%
Fuite d'information
Par obligation
Prise de conscience suite à une sensibilisation sur le sujet
Cyberattaque
Escroquerie