3. Témoignage d’un élève « décrocheur », Le Monde de l’Education, décembre 1998
« Pour que je reste, il aurait fallu déjà à la base que j’apprenne plein de
choses qu’on ne m’a jamais apprises. Déjà au collège dès que je suis
rentré en 6ème, j’aurais dû apprendre à pas parler mal au copain (...),
j’aurais aimé apprendre à me comporter, à bien parler, tout ça (...). On a
appris le français, on ne m’a jamais appris à bien parler le français... »
5. L’oral s’oppose souvent à l’écrit.
Langage : capacité propre à l’espèce humaine de
communiquer au moyen d’un système de signes (et par delà
au moyen de signes écrits)
Référence au socle commun : les langages pour penser et
communiquer
Langue : OUTIL permettant de communiquer
Système complexe (ensemble de mots + ensemble de règles)
Parole : manière dont chaque individu utilise la langue. Prend
en compte la prononciation, l’accent, le système, le rythme,
l’intonation…
Verbal : qui se fait de vive voix
Terminologie
6. Les ENJEUX à long terme
Des enjeux civiques et sociaux : aider les élèves à apprendre
les maniements de l’oral, c’est leur donner des outils pour
participer efficacement aux débats citoyens et acquérir des
attitudes dont ils devront faire preuve pour être des acteurs
sociaux responsables : débattre, écouter les autres, faire valoir
ses arguments
Des enjeux d’insertion professionnelle :
Épreuves orales de recrutement, entretiens d’embauche, poids
de la communication dans certaines filières (métiers de la
vente, de l’accueil…)
7. Ils renvoient à la posture de l’élève, devenir élève, c’est
apprendre comment participer à une communauté de
travail, comment vivre avec d’autres pour travailler avec eux
(échanger, coopérer, être contredit…).
La participation fait partie du métier d’élève. C’est une
attitude fondamentale, dont l’élève n’est pas assez
conscient.
... à court terme ...
« Les félicitations sont publiques, les bêtises sont privées ».
M. Brigaudiot
8. Leur faire dépasser l’illusion qu’on peut se comprendre avec un
langage minimal, mais l’école a besoin d’un langage construit,
explicite et structuré.
Permettre aux élèves de passer de l’oral familier qui suffit pour
la compréhension dans notre environnement familier aux oraux
dont la réussite scolaire a besoin.
Adapter le comportement langagier et le niveau de langue
adaptés à la situation est fondamental pour la réussite scolaire.
Enjeu déterminant pour l’égalité des chances
... à court terme ...
9. L’homme est génétiquement programmé pour acquérir et
utiliser le langage oral. Au contact de sa famille, l’enfant
développe des capacités langagières très vite
opérationnelles.
OR : écrit est un acquis culturel qui doit être enseigné (des
compétences linguistiques, par exemple : connaître les
règles de grammaire) + des compétences langagières (lire,
écrire).
Oral / écrit sont souvent pensés en terme
de concurrence ou de soumission.
ORAL ≠ ECRIT
10. Ecrit : résultat d’une pensée achevée
Oral : pensée en mouvement
Phrase est non –opératoire à l’oral.
Ce sont l’un et l’autre des modes de production verbale qui
exigent des efforts cognitifs, des acquisitions culturelles, une
sensibilité à l’altérité, et qui jouent conjointement un rôle
fondateur car ils sont les instruments de la pensée et de la
communication, même s’ils ne fonctionnent pas exactement
de la même façon.
D’où la nécessité d’accorder à chacun d’eux une place
éminente dans la classe.
11. Les programmes 2016 ambitionnent de définir ce qu'est ou
peut être un programme d'enseignement de l'oral (savoirs
spécifiques et compétences langagières à construire par les
élèves, etc.) en s'appuyant sur les apports de la recherche.
Importance de la compréhension de l’oral (comme LVE)
Enseigner l’oral :
- Compétences langagières
- Compétences linguistiques
Pourquoi des programmes de l’enseignement de
l’oral ?
12.
13. Genres : conte, débat, interview, exposé, présentation orale,
etc. doivent faire l'objet d'un enseignement explicite et
progressif.
Enfin, l'enseignement de l'oral prend également en compte la
lecture à haute voix et l'oralisation des textes littéraires qui
permettent tout à la fois de s'approprier et de faire entendre
une langue riche, de s'entraîner à dire en public mais aussi de
partager des lectures dans l'espace social de la classe, voire
au-delà.
14.
15. Quand on a que 400 mots, on cogne ...
Article de Jean-Louis Calvet
« Quand on n’a pas les mots et qu’on a tous les maux,
il reste le passage à l’acte violent. »
16. Comprendre et s’exprimer à l’oral
Parler en prenant en compte son auditoire
Ecouter pour comprendre un message
oral, un propos, un discours, un texte lu
Participer à des échanges dans des
situations diversifiées
Adopter une attitude critique par rapport
au langage produit
17. Les attendus de
fin de cycle 3
Interagir de façon
constructive avec d’autres
élèves dans un groupe pour
confronter des réactions ou
des points de vue
Réaliser une courte
présentation orale en
prenant appui sur des notes
ou sur un diaporama ou
autre outil numérique
Dire de mémoire un texte à
voix haute
Ecouter un récit et
manifester sa
compréhension en
répondant à des questions
sans se reporter au texte
Attendus de
fin de cycle
19. Oral : difficultés liées à la nature de l’objet.
Ajoutons qu’agir sur le langage oral une fois qu’il est installé parait
une mission impossible tant les manières de s’exprimer semblent
enracinées dans les individus.
L’oral rend publiques les différences entre les élèves et expose ceux qui
auraient le plus à apprendre au regard et au jugement des autres
Ce qui nécessite un travail de régulation et d’éducation très important
pour ne pas les mettre en danger.
20. Pas UN oral mais des oraux :
- À la fois « outil au service des apprentissages » et « objet
d’apprentissage » (pour améliorer la qualité des apprentissages)
OUTIL :
Accent mis sur les contenus disciplinaires, exposé, discuter avec ses pairs,
débattre…
OBJET d’apprentissage :
Si ces situations donnent lieu à des conseils, des observations, ou des
analyses en vue d’améliorer la qualité et l’efficacité des prestations
orales.
INUTILE d’envisager l’oral comme des leçons à apprendre mais un
ensemble de savoir-faire qui s’ancre dans l’analyse et la pratique
21. ORAL : marqueur social, il indique à quelle communauté appartient
l’élève. les traits phonologiques (l’« accent banlieue » ou au contraire
le soin mis à faire les liaisons par exemple) permettent d’identifier
immédiatement l’appartenance d’un locuteur à un groupe social ou
générationnel.
L’école est une autre communauté (qui a pour projet d’apprendre
ensemble) et on veut leur montrer qu’ils appartiennent à plusieurs
communautés.
1- Oral du travail de groupe
2- Les oraux auxquels tout le monde participe (au sein de la classe)
3- Les oraux de prestige de la classe (pas seulement des exposés, mais
par exemple des moments de synthèse à la fin d’une leçon
(importance des modèles acceptables par eux : des situations de
journalistes scientifiques faire comme si on était un journaliste, un
animateur de radio. Travail sur la formulation et pas seulement sur les
contenus des propos).
23. Faire évoluer les pratiques de l’oral : COMMENT ?
On leur demande de répondre immédiatement aux consignes.
Rarement des petits temps de réflexion qui permettent de conscientiser leur activité.
Importance de micro-situations :
Effet pervers de la « classe-mitraillette » : quand on leur demande immédiatement
après la lecture de redonner les éléments après une histoire lue, par ex. Ne profite
qu’à ceux qui savent déjà.
MAIS : leur demander de retourner le texte, de penser dans leur tête à ce qu’ils
vont dire
Leur laisser le temps de réfléchir, de sortir de ces interactions dans l’immédiateté
Pour les élèves en difficultés : leur donner du temps, leur permettre d’être dans la
distance, car ce qu’ils ne savent pas faire, c’est :
- Convoquer
- Actualiser des savoirs
- Se souvenir
24. Faire évoluer les pratiques de l’oral : COMMENT ?
Enseignement de l’oral passe par des TEMPS DE SILENCE.
Ne pas parler à sa place, mais répéter, reformuler et rien que cela,
cela lui permet de poursuivre son cheminement.
25. Apprentissage explicite
Régularité, fréquence
Importance de la régularité, et même la ritualisation
Retour sur leur production (méta langage), se regarder faire
Connaissances des critères de réussite
Progressions
Micro situation par rapport aux situations prestiges :
- Rappels en début de séance
- Présentation construite d’un travail de groupe
- Résumé de fin de séance
- Élaboration orale de la trace écrite
26. Travailler le vocabulaire à l’oral
Si exposé : travailler sur un contenu déjà connu pour ne se
concentrer que sur le langage
Jouer aux journalistes, demander de raconter une histoire lue
la veille.
Une nouvelle à présenter (une nouvelle humoristique)
JEU du TABOU
27. I- s’enregistrer pour proposer une balado-diffusion aux parents pour une
exposition
Après avoir travaillé sur l’histoire du quartier, l’école décide d’organiser une
exposition en baladodiffusion ayant comme support les images et traces du quartier
tel qu’il était auparavant. A chaque trace exposée est associé un commentaire
d’élève enregistré sur une piste audio. L’enseignant décide de faire écouter certaines
pistes enregistrées dans d’autres classes sur des traces inconnues par la classe et de
mener un travail sur l’organisation du propos : « Comment l’élève nous apprend-t-il
quelque chose sur cette vieille photo ? Qu’est-ce qui nous aide à comprendre ce qu’il
dit ? Qu’est-ce qui nous gène pour comprendre ce qu’il dit ? ».
28.
29. Evaluation sélection, c’est renvoyer à l’enfant que ce qu’il dit est
nul.
C’est dans le feedback qu’on améliore les produits langagiers (ouiii
tu as raison c’est avec le couteau que tu vas couper)
30. Le débat en classe
Quel enjeu de l’école ?
Former le citoyen
Lui permettre de participer aux échanges et de prendre sa place dans
l’espace démocratique où chacun doit pouvoir dire ce qui lui semble
juste ou légitime.
A l’école : le débat est un moyen d’apprendre ensemble et de
construire collectivement des connaissances.
31. Comment permettre aux élèves de confronter les interprétations d'un
texte pour en explorer la complexité ?
Lecture à haute voix du texte
Faire dessiner 4 images qui illustrent les moments importants du récit.
Consigne volontairement floue.
- Dessins illustratifs
- Dessins narratifs
- D’autres reprennent une anecdote
Les élèves choisissent un dessin et expliquent leur choix.
Cette situation d'oral permet, à partir de la confrontation des
interprétations des différents "je", de construire un savoir collectif sur le
texte.
32. Comment permettre aux élèves de construire le sens d'un texte ?
Cette activité, qui permet aux élèves de partager leur compréhension d'un texte, est
organisée par groupe de quatre.
- Lecture du texte par un élève 1 ou 2 fois.
- Un élève prend la parole et essaie de la raconter, de mémoire.
- Deux autres ont pour tâche de l’accompagner, de le corriger, l’aider à reconstruire le
sens le plus précisément possible.
- Le 4ème élève (texte sous les yeux), relance, propose, corrige les propositions des 3
autres.
- Relecture individuelle de vérification.
OU
Noter sur un bout de papier « 10 mots mémoires », en tant que traces de lecture.
Comparer ces mots mémoire et justifier ces choix.
Elèves en difficultés : « Ceux qui ne lisent pas tout » Les laisser prendre la parole sur le
début du texte (sur les quelques lignes qu’ils ont lues) et les laisser entendre les passages
qu’ils n’ont pas eus la possibilité de lire.
33. Comment préparer les élèves à une situation d’oral
monogérée ?
Les élèves sont par 3.
Un journaliste choisit un article
Un contrôleur
Un auditeur
Les deux lisent l’article.
Le journaliste expose le contenu de l’article à
l’auditeur de son groupe qui pose toutes les
questions qu’il souhaite
Le contrôleur peut aider le journaliste.
Présentation de l’article à toute la classe.
34. Le vocabulaire
Lexique : ensemble des mots faisant partie de la langue
française
Vocabulaire : sous-ensemble du lexique, mots employés
par un individu
35. Pourquoi est- ce important d’enseigner le
vocabulaire ?
Trois variables clés prédisent la réussite :
la connaissance des phonèmes
la taille du vocabulaire oral
la présence de livres dans l’environnement
36. Non, l’imprégnation laissée au hasard de la conversation et la
lecture ne suffit pas à développer le vocabulaire.
Non, on ne travaille pas le vocabulaire seulement au hasard des
rencontres avec les textes, sauf dans le cas, non majoritaire,
d’enfants bons lecteurs issus de milieux cultivés.
37. Non, il ne faut pas attendre qu’un enfant demande le sens d’un
mot pour le lui révéler.
Oui, les enfants sont capables d’abstraction bien plus qu’il ne
nous semble : ainsi, rien de plus abstrait que des mots comme
chose, truc ou machin, exploités à foison par les jeunes, ou que
l’apprentissage, pourtant précoce, de l’addition et de la
soustraction.
Les leçons de vocabulaire peuvent être faites selon des
principes simples, et de façon aussi systématique.
38.
39. Travail en petits groupes (comme en maternelle) où les élèves expriment leurs
questionnements, leurs hypothèses, en présence de l’enseignant.
- Pendant les activités de lecture : faire des collections de mots sur des
affiches
- En activité décrochée de la séance de lecture : reprendre les mots
collectés pour les trier, catégoriser (= activités de base du vocabulaire).
- En activité ritualisée quotidienne : mémoriser les mots sur ardoise : les faire
écrire (mots récents ou plus lointains). Plus les récupérations en mémoire
seront nombreuses, meilleur et plus durable sera le stockage, plus dense le
maillage. Réactiver en fonction de la fréquence des mots (cf : EOLE)
- En activité d’écriture : faire utiliser les mots en production de phrases.
- Quels outils pour les élèves ?
Répertoire alphabétique : pas recommandé. Renvoie l’idée fausse du
lexique comme une liste de mots isolés.
Garder les mots en réseaux : mots de l’école, de la maison, de l’expérience
40. - Quels outils pour les élèves ?
Répertoire alphabétique : pas recommandé. Renvoie l’idée fausse du
lexique comme une liste de mots isolés.
Garder les mots en réseaux : mots de l’école, de la maison, de l’expérience
scientifique sur les escargots…
Faire jouer les enfants : jeu du mistigri