Le diabète comporte deux formes : le diabète de type 2, dit gras ou de la maturité, le plus fréquent, et le diabète de type I (précédemment connu sous le nom de diabète juvénile ou insulino-dépendant ). Le diabète de type 1 provient de la destruction par notre système immunitaire de cellules du pancréas qui produisent l’insuline. Cette hormone permet aux cellules de l’organisme de transformer le glucose en énergie et de réguler la quantité de sucre dans le sang. Pour remédier à cette destruction, il n'y a alors qu'une solution : les injections d'insuline à vie
Actuellement, il y a plus de 350 millions de diabétiques dans le monde et entre 2 et 3 millions au Maroc. Il est bien connu que l’augmentation de l’obésité a entrainé celle du nombre de personnes atteintes du diabète de type 2.
Ce que l’on sait moins, c’est que le diabète de type 1 (DTI) concerne entre 10 et 15 % des malades et progresse partout dans le monde avec un taux annuel de plus de 3%. Dans certains pays comme la Finlande (pays le plus touché au monde avec un taux de prévalence de 64/100 000 personnes), on s’attend à un doublement du nombre de ces diabètes dans les 15 ans (1). De plus, de plus en plus d’enfants en bas âge en sont frappés, alors que traditionnellement ce type, qui touche presque exclusivement les enfants et les adolescents, se manifestait en général entre 10 et 14 ans. Lors de la pose du diagnostic en France, on dénombre maintenant 25 % d’enfants entre 0 et 4 ans, environ 30 % entre 5 et 9 ans et près de 40 % entre 10 et 14 ans (2).
C’est un défi considérable pour les jeunes et leurs familles comme pour les médecins quand on sait que ces « nouveaux » malades auront une durée de vie plus longue avec la maladie et ses conséquences inéluctables. Les complications consistent en une atteinte des petits vaisseaux sanguins ( microangiopathies) en particulier de l’œil et du rein, à l’origine d’une rétinopathie et d’une néphropathie qui surviennent chez respectivement 95% et 30% des sujets atteints au bout de 15 ans d’évolution de la maladie. Les gros vaisseaux sont également touchés et à l’origine de pathologies cardiovasculaires. L’atteinte des nerfs entraîne des neuropathies dans 50 % des cas après 25 ans d’évolution, sous forme notamment de pertes de sensibilité, surtout au niveau des pieds, diarrhées, hypotension orthostatiques… De plus, certains verront leur sort aggravé par l’apparition d’autres maladies auto-immunes dans 15 % des cas, comme la maladie cœliaque, pathologie la plus fréquemment associée, de par un terrain génétique identique.
La communauté médicale ne cesse de s’interroger sur la progression de cette pathologie.
Phytochemical profile and antioxidant activity of two varieties of dates (Pho...
La hausse inexorable du diabète de type 1 au Maroc
1. Association Marocaine des Maladies Auto-immunes et Systémiques
Le Diabète de Type 1 une maladie auto-immune à la progression inexorable
L’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), présidée par le Dr
Khadija Moussayer, s’associe à la journée mondiale du diabète, le 14 novembre, pour alerter sur
sa forme moins connue, le diabète de type 1, dit juvénile ou insulinodépendant.
Le diabète comporte en effet deux formes : le diabète de type 2, le plus fréquent, dû au mode de
vie (insuffisance d’activité physique et obésité) et le diabète de type I, une maladie auto-immune.
Le diabète de type 1 provient de la destruction des cellules du pancréas qui produisent l’insuline
par notre système immunitaire, sensé pourtant nous protéger. Cette hormone permet aux cellules de
l’organisme de transformer le glucose en énergie et de réguler la quantité de sucre dans le sang.
Pour remédier à cette destruction, il n'y a alors qu'une solution : les injections d'insuline à vie. Ce
diabète juvénile concerne plus de 10 % des diabétiques, progresse partout dans le monde à un
taux annuel de près de 4 % et frappe de plus en plus les enfants en bas âge (entre 0 et 4 ans).
On peut ainsi s’attendre au Maroc à un doublement du nombre de ces malades dans un peu plus de
20 ans !
Ses premières manifestations souvent brutales (soif excessive, mictions très fréquentes, fatigue,
perte de poids, nausées) sont le signe d’un excès de sucre dans le sang aux effets potentiellement
graves, allant jusqu’au coma. Une bandelette trempée dans les urines suffit à établir le diagnostic
Son évolution se complique au bout de 15 à 20 ans par des dommages aux vaisseaux sanguins au
niveau de l’œil, des reins, des nerfs… Seule, une bonne prise en charge permet d’en éviter les
conséquences les plus graves (accidents cardiovasculaires, insuffisance rénale, amputation…). De
plus, certains verront leur sort aggravé par l’apparition d’autres maladies auto-immunes dans 15 %
des cas, comme la maladie cœliaque (intolérance au gluten). Les diabétiques de type 1 présentent
un taux de mortalité 3,5 fois plus élevé que celui de la population générale selon une étude suédoise
faite en 2014.
2. Le phénomène d’augmentation de la proportion du diabète de type 1 s’explique par l’intervention de
facteurs environnementaux : sont incriminés la pollution, des bactéries ou des virus, un apport
insuffisant en vitamine D et l’excès d’hygiène qui désoriente notre système immunitaire,
l’amenant à s’attaquer par erreur à notre corps faute d’apprendre à reconnaître ses vrais ennemis
(virus ou bactéries). Des études récentes confortent d’ailleurs cette thèse en montrant que le risque
de diabète de type 1 est accru chez les bébés nés par césarienne : elle les empêche d’avoir un
contact initial avec la flore bactérienne des muqueuses maternelles, celle-ci est en effet bénéfique
à la constitution d’une flore intestinale variée pour les nouveaux nés. Il existe par ailleurs une
prédisposition génétique à la maladie (on observe plus fréquemment que la normale une
transmission parents-enfants ou grands-parents-enfants)
Face aux inquiétudes sur ce fléau, de l’espoir est apporté par de nouveaux dispositifs. Un capteur
- lecteur de glycémie est arrivé sur le marché en 2016 : appareil d’auto-surveillance du glucose
collé à même la peau, il constitue un véritable soulagement en affranchissant les malades de la
piqure au bout du doigt pour ce contrôle de la glycémie, et en réduisant le temps passé en
hypoglycémie. Grâce à une application smartphone, il suffit d’un bref contact entre le capteur et le
téléphone pour obtenir son taux de glucose. Des pancréas artificiels seront aussi commercialisés à
partir de 2017. Le dispositif est composé d'un capteur sous-cutané mesurant le niveau de glucose
toutes les cinq minutes et d’une pompe qui, selon le chiffre obtenu, perfuse de l'insuline.
A terme, la solution viendra certainement de la thérapie cellulaire qui consiste, en une greffe de
cellules provenant de cellules-souches pour remplacer les cellules déficientes. Dans le cas du
diabète de type 1, l’espoir est de pouvoir greffer des cellules de pancréas capables de remplacer les
cellules ne produisant plus d’insuline.
Ces innovations ont malheureusement un prix encore élevé (un capteur-lecteur de glycémie revient
mensuellement à 1 300 dirhams) et prohibitif pour beaucoup de familles marocaines peu ou pas
assurées, surtout quand on sait que le coût moyen annuel de la prise en charge d’un diabète
insulinodépendant est déjà autour de 11 000 Dh !
Casablanca, le 11 Novembre 2016
Dr MOUSSAYER KHADIJA مىسيار خديجت الدكتىرة
الشيخىخت أمزاض و الباطنيت األمزاض في اختصاصيت
Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie
Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS)
والجهاسيت و الذاتيت المناعت ألمزاض المغزبيت الجمعيت رئيست
Chairwoman of Moroccan Autoimmune and Systemic Diseases Association
Vice-présidente de l’association marocaine des intolérants et allergiques au gluten (AMIAG)
Secrétaire générale de l'association des médecins internistes du grand Casablanca (AMICA).
Vice-présidente de l'association marocaine de la fièvre méditerranéenne familiale (AMFM