La variole du singe est due à un virus relevant de
la même famille que celui de la variole humaine,
éradiquée depuis 40 ans grâce à une campagne
de vaccination mondiale. Le virus est endémique
dans certains pays d’Afrique : des cas sont observés
sporadiquement chez l’Homme dans des régions
d’Afrique centrale et occidentale, près des forêts
tropicales humides où les contacts entre l’Homme et
les animaux infectés sont fréquents. La présentation
clinique de la maladie est semblable à celle observée
chez les patients atteints autrefois de la variole. A partir de divers animaux sauvages, l’infection
humaine est provoquée par un contact direct avec
du sang, des liquides biologiques ou des lésions
cutanées ou muqueuses d’animaux infectés. Elle
peut être également contractée suite à une morsure
ou une griffure. L’ingestion de viande d’animaux
infectés insuffi samment cuite paraît également être
un facteur de risque.
La propagation secondaire interhumaine est limitée,
se produisant principalement par les particules des
gouttelettes respiratoires et nécessitant un contact
face à face prolongé.La variole du singe est une maladie à tropisme
cutané. Les manifestations cliniques sont analogues
à celles de la variole, mais plus légères avec un risque
de mortalité très faible. Rappelons que la variole
humaine pouvait tuer jusqu’à 1/3 des personnes !
Les symptômes apparaissent après une phase de
latence moyenne de 6 à 16 jours après l’infection,
mais pouvant se prolonger jusqu’à 21 jours. Dans
les 5 premiers jours, l’infection provoque plusieurs
symptômes commençant par une fi èvre, souvent
forte, accompagnée de maux de tête, de douleurs
musculaires et de courbatures. Par la suite, après
environ 1 à 3 jours suivant l’apparition de la fi èvre,
survient une éruption cutanée sous forme de rash
débutant souvent sur le visage puis s’étendant à
d’autres parties du corps, dont les paumes des mains,
les plantes des pieds et les muqueuses (bouche et
région génitale). Les bulles se concentrent plutôt sur
le visage, les paumes des mains et les plantes des
pieds. Les personnes infectées doivent rester isolées jusqu’à
la guérison complète de leur éruption cutanée, en
évitant notamment tout contact avec des personnes
immunodéprimées et des animaux domestiques.
Il faut s’abstenir de toute activité sexuelle et de
tout contact physique étroit jusqu’à la guérison de
l’éruption cutanée.
Le traitement de la maladie est notamment
symptomatique : désinfection des lésions, administration
d’antibiothérapie en cas de surinfection, réhydratation.
Aucun traitement ou vaccin spécifi que à la variole du
singe n’a été encore développé, quoique certaines
molécules antivirales, notamment le tecovirimat,
soient actuellement en cours d’évaluation. On utilise
pour le moment le même vaccin que celui contre la
variole humaine.
L’épidémie actuelle causée par la variole n’est pas
inquiétante : aucun cas grave n’a été recensé pour le
moment
Eclairage sur la variole du singe : mode de transmission, symptômes et prise en charge
1. Revue de Médecine Générale et de Famille / N°22 • Juin - Aout 2022
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Eclairage
La variole du singe°: état des
lieux
Khadija MOUSSAYER*
Introduction
La variole du singe est due à un virus relevant de
la même famille que celui de la variole humaine,
éradiquée depuis 40 ans grâce à une campagne
de vaccination mondiale. Le virus est endémique
dans certains pays d’Afrique : des cas sont observés
sporadiquement chez l’Homme dans des régions
d’Afrique centrale et occidentale, près des forêts
tropicales humides où les contacts entre l’Homme et
les animaux infectés sont fréquents. La présentation
clinique de la maladie est semblable à celle observée
chez les patients atteints autrefois de la variole.
Nous vivons actuellement la plus grande épidémie
de variole du singe jamais observée hors d’Afrique :
des cas ont été observés dans de nombreux pays à
travers le monde avec un risque réel que le virus de la
variole du singe ou monkeypox s’implante dans des
pays non endémiques.
Le virus de la variole du singe et les
modes de sa transmission
C’est un virus qui peut infecter une grande variété
de mammifères dont les rongeurs et les humains.
Découvert pour la première fois en 1958 chez des
singes de laboratoire à Copenhague, le premier
cas humain de variole du singe a été identifié en
république démocratique du Congo en 1970.
Malgré cette appellation de variole du singe, le virus
est plutôt hébergé par des rongeurs qui représentent
vraisemblablement le principal réservoir du virus, tels
les écureuils et les gros rats d’Afrique (rat de Gambie
notamment). On en connaît deux souches, celle du
Congo ou souche d’Afrique centrale (la plus virulente)
et celle d’Afrique occidentale (moins virulente qui
semble être celle retrouvée dans les cas actuels).
A partir de ces divers animaux sauvages, l’infection
humaine est provoquée par un contact direct avec
du sang, des liquides biologiques ou des lésions
cutanées ou muqueuses d’animaux infectés. Elle
peut être également contractée suite à une morsure
ou une griffure. L’ingestion de viande d’animaux
infectés insuffisamment cuite paraît également être
un facteur de risque.
La propagation secondaire interhumaine est limitée,
se produisant principalement par les particules des
gouttelettes respiratoires et nécessitant un contact
face à face prolongé. Les autres modes de cette
transmission comprennent le contact cutané direct
avec les liquides biologiques ou la lésion, et le contact
indirect avec la lésion. On peut se contaminer en
effet au contact de l’environnement du malade, par
exemple par des vêtements, du linge de maison ou
de la vaisselle contaminés. Il est donc important que
les malades respectent un isolement pendant toute la
durée de la maladie (jusqu’à disparition des dernières
Cabinet de Médecine Interne, Casablanca. Maroc
* @ : moussayerkhadija@gmail.com
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croûtes, le plus souvent après 3 semaines d’évolution).
Malgré ces multiples modes de transmission, le risque
de contagion interhumaine de la variole du singe est
très faible dans la population. En général, le virus ne
se propage normalement pas facilement entre les
humains, si ce n’est lors d’un contact étroit. Le risque
de contagion est plus élevé chez les personnes ayant
plusieurs partenaires sexuels : les cas de variole
du singe actuellement identifiés chez l’Homme
surviennent en effet principalement chez des hommes
ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes,
ce qui suggère que la transmission peut se produire
au cours de relations intimes. L’infection par le virus
de la variole de singe n’est pas connue comme une
infection sexuellement transmise, mais le contact
direct avec une peau lésée durant un rapport sexuel
facilite la transmission.
La propagation actuelle du virus de la variole du
singe en dehors de l’Afrique est probablement due
au déclin mondial de l’immunité aux virus du genre
orthopoxvirus (responsables de la variole humaine),
suite à l’arrêt de la vaccination antivariolique, dans
les années 1980. La variole du singe pourrait donc
devenir la plus importante infection à orthopoxvirus
chez l’Homme [1].
Le virus de la variole de singe et
les risques de mutation
Le virus de la variole du singe est un virus à ADN, c’est
un virus stable et il ne mute pas facilement comme le
Sars-Cov-2 , celui du Covid-19, qui est un virus à ARN.
Les rongeurs s’infectent sans développer systéma-
tiquement des symptômes et beaucoup sont donc
porteurs sains. Le virus peut également passer
d’une espèce à l’autre, notamment en contaminant
les singes dans les forêts tropicales et équatoriales
d’Afrique du centre et de l’Ouest. Chez ces derniers
on observe alors la forme clinique de la variole avec
des lésions caractéristiques (pustules ou vésicules). Le
singe n’est pas l’hôte principal du virus mais un hôte
intermédiaire, l’appellation de “variole du singe” se
révélant donc impropre. L’institut Pasteur souligne
que le risque de propagation internationale est limité.
Des études ont démontré que la transmission inter
humaine était en effet basse avec un nombre moyen
de cas causés par un sujet infecté (appelé R0) serait
inférieur à 1. Les cas bénins de variole du singe
peuvent ne pas être détectés et représenter un
risque de transmission de personne à personne.
La présentation clinique de la
maladie
La variole du singe est une maladie à tropisme
cutané. Les manifestations cliniques sont analogues
à celles de la variole, mais plus légères avec un risque
de mortalité très faible. Rappelons que la variole
humaine pouvait tuer jusqu’à 1/3 des personnes !
Les symptômes apparaissent après une phase de
latence moyenne de 6 à 16 jours après l’infection,
mais pouvant se prolonger jusqu’à 21 jours. Dans
les 5 premiers jours, l’infection provoque plusieurs
symptômes commençant par une fièvre, souvent
forte, accompagnée de maux de tête, de douleurs
musculaires et de courbatures. Par la suite, après
environ 1 à 3 jours suivant l’apparition de la fièvre,
survient une éruption cutanée sous forme de rash
débutant souvent sur le visage puis s’étendant à
d’autres parties du corps, dont les paumes des mains,
les plantes des pieds et les muqueuses (bouche et
région génitale). Les bulles se concentrent plutôt sur
le visage, les paumes des mains et les plantes des
pieds. Cette atteinte cutanée survient en une seule
poussée, le nombre de lésions variant de quelques-
unes à plusieurs milliers et touchant :
Le visage dans 95 % des cas.
La paume des mains et la plante des pieds dans
75 % des cas.
Les muqueuses buccales dans 70 % des cas avec
des effets douloureux gênant la prise des repas.
Les organes génitaux dans 30 %
Les yeux : conjonctive ainsi que la cornée dans 20 %
Les lésions, fréquemment prurigineuses, évoluent par
las suite en macules, papules, vésicules, pustules et
3. Revue de Médecine Générale et de Famille / N°22 • Juin - Aout 2022
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Eclairage
finalement en croûtes. Lorsque les croûtes tombent,
les personnes ne sont plus contagieuses.
Certains patients présentent aussi des adénopathies
sous-maxillaires, cervicales ou au niveau des creux
axillaires, voire dans d’autres aires ganglionnaires.
Ce dernier symptôme est important, car il permet de
distinguer la variole du singe de la varicelle ou de la
variole classique.
L’éruption pose le problème du diagnostic différentiel
avec la varicelle ou la syphilis. La différence d’aspect
avec la varicelle ou la syphilis est l’évolution uniforme
des lésions [2].
Evolution de la maladie
La maladie, généralement bénigne, guérit le plus
souvent spontanément au bout de deux à trois
semaines, la plupart des patients se rétablissent avec
des soins appropriés. La maladie peut être sévère
dans certains cas, causant des décès chez 1 à 3,6 %
(clade ouest-africain) ou 10 % (clade centre-africain)
des malades en Afrique.
De manière générale, bien que les symptômes
soient plus légers que ceux de la variole, le taux
de létalité dans les épidémies de variole du singe
est de 1 à 10 %. La mortalité est plus élevée chez
les enfants et les jeunes adultes. De plus, les
personnes immunodéprimées sont particulièrement
exposées au risque de maladie grave. La maladie
peut se compliquer de surinfection des lésions
cutanées ou d’atteintes respiratoires, digestives,
ophtalmologiques ou neurologiques.
La variole du singe pendant la grossesse peut
également entraîner des complications comme la
variole du singe congénitale ou la mort du fœtus.
Les outils du diagnostic
Ces outils permettent de distinguer la variole du singe
des autres maladies infectieuses avec fièvre et éruption
cutanée : varicelle, rougeole, variole classique.
Le diagnostic repose sur l’isolement du virus sur une
lésion cutanée après avoir enlevé son toit et brossé sa
base avec un écouvillon. La reconnaissance du virus
est facile et immédiate au microscope car c’est un
gros virus. La confirmation diagnostique de variole
simienne est biologique par l’identification du virus
notamment par PCR - un test spécifique vient d’être
récemment développé - sur les prélèvements cutané
ou naso-pharyngé en cas de poussée éruptive dans
la bouche ou la gorge. Les tests antigéniques ne
permettent pas de déterminer s’il s’agit du virus de
la variole du singe ou d’autres virus apparentés [3].
La prise en charge actuelle de la
maladie
Les personnes infectées doivent rester isolées jusqu’à
la guérison complète de leur éruption cutanée, en
évitant notamment tout contact avec des personnes
immunodéprimées et des animaux domestiques.
Il faut s’abstenir de toute activité sexuelle et de
tout contact physique étroit jusqu’à la guérison de
l’éruption cutanée.
Le traitement de la maladie est notamment
symptomatique : désinfection des lésions, administration
d’antibiothérapie en cas de surinfection, réhydratation.
Aucun traitement ou vaccin spécifique à la variole du
singe n’a été encore développé, quoique certaines
molécules antivirales, notamment le tecovirimat,
soient actuellement en cours d’évaluation. On utilise
pour le moment le même vaccin que celui contre la
variole humaine.
Une vaccination massive n’étant pas à l’ordre du jour,
on vaccine plutôt les cas confirmés et leur contact.
Le vaccin est administré idéalement dans les 4 à
14 jours après le contact à risque. Deux doses sont
nécessaires, espacées de 28 jours. La vaccination
contre la variole humaine confère une protection
efficace croisée contre l’infection de la variole du
singe, allant jusqu’à 85 %, y compris après avoir été
exposé au virus.
Les personnes âgées de plus de 50 ans, même si elles
n’ont plus d’anticorps en ce moment, sont protégées
contre cette maladie parce qu’elles ont été vaccinées
contre la variole avant les années 1970. Ces personnes
sont capables de produire des anticorps de bonne
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qualité très rapidement, en quelques jours. Elles ne
peuvent, en principe, pas être contaminées [4].
Etat épidémiologique
La première épidémie de variole du singe signalée
en dehors de l’Afrique a fait suite à l’importation de
mammifères infectés en 2003 aux Etats-Unis. En 2018
et 2019, des voyageurs provenant de pays différents
et ayant séjourné au Nigeria, ont contacté la variole
du singe à la suite d’une importante épidémie dans
ce pays d’Afrique.
Plus récemment, un premier cas a été confirmé début
mai 2022 en Europe chez un individu revenu en
Angleterre depuis le Nigeria. Peu après, la maladie
a été détectée chez 9 cas n’ayant pas voyagé dans
une zone habituellement à risque. Par la suite, des
cas ont été confirmés dans d’autres pays d’Europe,
aux Etats-Unis et au Canada. Au Maroc, un cas a été
confirmé début juin 2022.
Conclusion
L’épidémie actuelle causée par la variole n’est pas
inquiétante : aucun cas grave n’a été recensé pour le
moment et la transmissibilité est faible. La situation
serait problématique si le virus mutait et devenait
aussi transmissible que la variole humaine, cela
pourrait donner de très grandes épidémies.
Conflit d’intérêt
L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt.
Références
1. Organisation Mondiale de la Santé Variole du singe
(Orthopoxvirose simienne). 2022. Disponible sur : «https://
www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/monkeypox».
2. COREB. Monkeypox Coordination opérationnelle risque
épidémique et biologique. 2022. Disponible sur : «https://www.
coreb.infectiologie.com/fr/monkeypox.html».
3. Biologie e-learning. Diagnostic Biologique de la variole du
singe. 2022. Disponible sur : «https://www.biologie-elearning.
fr/diagnostic-biologique-de-la-variole-du-singe/».
4. HAS. Avis n° 2022.0034/SESPEV du collège de la Haute Autorité
de santé relatif à la vaccination contre Monkeypox. Disponible sur :
«https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-05/
avis_n2022.0034_sespev_du_20_mai_2022_du_college_de_la_has_
relatif_a_la_vaccination_contre_la_variole_du_singe_monkeypox_vir.
pdf 2022».