Les 17 et 18 novembre 2023, s’est tenue à Marrakech la 2ème conférence internationale sur la phénylcétonurie
Aux termes des débats, trois recommandations ont été émises visant à :
-Appliquer le dépistage systématique de cette maladie à la naissance chez tous les nouveau-nés.
Le diagnostic et le traitement de celle-ci ne tolère en effet aucun retard. Il ne faut pas attendre la survenue de symptômes pour commencer le traitement. Les dégâts sur le cerveau peuvent rapidement s’installer et être définitifs. Ce dépistage systématique est justement primordial car il permet de prendre en charge immédiatement la pathologie sans faire prendre à l’enfant le risque d’irruption de dommages au cerveau.
- Veiller à la disponibilité des aliments diététiques spécifiques
L’enfant doit suivre un régime très strict faible en protéines où on ne tolère, pour combler ses besoins en nutriments, que seulement 20 % en provenance des aliments naturels, les 80% restants devant être comblés par les aliments diététiques spécifiques. Or, ces produits qui protègent l’enfant de l’handicap mental irrévocable, ne sont pas disponibles au Maroc et leurs prix sont inaccessibles pour la majorité des familles marocaines. La plupart des enfants meurent alors littéralement de faim et deviennent dénutris pour respecter au mieux le régime et protéger ainsi, autant qu’ils le peuvent, leur cerveau de la toxicité de la phénylalanine se trouvant en excès dans leur corps.
- Donner rapidement le statut d’affection de longue durée (ALD) à cette maladie très dangereuse ; cela garantirait une prise en charge et un remboursement systématiques des produits diététiques utilisés dans la prise en charge de la maladie. Et ainsi autoriser aux enfants concernés de bénéficier d’un développement normal sans handicap quelconque.
Enfin, on signalera que ce forum a été l’occasion de permettre la signature de conventions de partenariat entre l’Alliance des Maladies Rares au Maroc (AMRM) et l’Association marocaine de phénylcétonurie SOS PKU, présidée par M. Abderrahmane Haddoura), ainsi que l’association Marocaine pour la Santé de l’Enfant et de la Mère (AMSEM) présidée par Kamal El Bissati. Ce dernier était par ailleurs le président du comité d’organisation de cette manifestation qui a connu un grand succès.
ALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET...
Problématiques des maladies rares au Maroc- Conférence internationale phénylcétonurie 2023.pdf
1. خديجة الدكتورة
موسيار
Dr MOUSSAYER Khadija
Spécialiste en médecine interne et en gériatrie
Présidente de l’Alliance des Maladies Rares au Maroc (AMRM)
congrès international PKU - Marrakech -17 Novembre
2023
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
2. Etat des lieux
Errance diagnostique
Accumulation des handicaps évitables à ceux
inévitables
Perte de vies et altération d’organes pouvant être
évitées faute de disponibilité de médicaments
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
3. Problématique N°1 : absence de
dépistage néonatal systématique
1/ Absence de dépistage néonatal systématique de
tous les nouveau-nés
2/ l’hypothyroïdie congénitale reste à l’origine
d’handicap mental et de nanisme au Maroc
3/ la phénylcétonurie non diagnostiquée à la
naissance
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
4. Dépistage néonatal au Maroc
Au Maroc, Première étude pilote sur dépistage de l'hypothyroïdie
congénitale (HC), menée dans 8 centres de santé à Rabat en 1996, a
combiné dépistage de l'HC avec analyse de la thyréostimuline (TSH) et de
la thyroxine (T4). Cette étude a rapporté une prévalence de l'HC d'environ
1/1138 nouveau-nés [1].
En 2012, un programme national de dépistage néonatal pour l’hypothyroïdie
congénitale a été établi par le ministère de la Santé avec le soutien de
l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA)
[1] S. Maniar, C. Amor, and A. Bijjou, Screening of congenital hyperthyroidism in Morocco: a pilot study.
5. Obstacles au dépistage
néonatal au Maroc
Réticence des pouvoirs publics
Difficulté de l’imposer par les médecins : ni les
pédiatres, ni les gynécologues ne peuvent prendre
cette responsabilité
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
6. Problématique N°2 : absence
de centres de références
Absence de centre de référence et de compétence
Quelques initiatives individuelles mais pas de maillage
territorial et pas de centres de compétence à proximité
des lieux de résidence de patients
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
7. insuffisance de ressources humaines et
financières
Insuffisance des ressources humaines
Un médecin pour 1 350 habitants /standard de l‘OMS:
1 médecin pour 650 habitants
La santé : 5,69 % du budget de l’Etat / standard
recommandé de l’OMS : 10 à 12 %
Insuffisant pour un taux de couverture convenables
pour les interventions essentielles en matière de soins
de santé primaires prioritaires
Source : ministère de la santé 2017
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
8. Rareté des médecins
spécialisés
Rareté des médecins qui s’occupent des maladies rares
Un nombre insuffisant de neuropédiatres
Les spécialistes en médecine interne ont déjà un
champ de compétence très large lié au nombre
important des maladies auto-immunes . Il est difficile
de l’étendre à d’autres maladies rares
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
9. Problématique intrinsèques aux
maladies rares
Nombre important des maladies rares, similitude avec
des pathologies plus courantes, pathologies qui
touchent plusieurs organes donc donnent plusieurs
symptômes
Evolution très rapide des informations au niveau du
diagnostic et du traitement
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
10. Des maladies rares mais de
nombreux malades !!!
Définition internationale (européenne) :
des affections qui touchent moins d’une
personne sur 2000
Près de 8 000 recensées
200 nouvelles décrites chaque année
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
11. Prévalence
1 personne sur 20 concernée
au moins 5 % de la population mondiale
soit environ 1,5 million de patients marocains
un médecin rencontre souvent dans sa pratique
quotidienne plus de cas de maladies rares que
de cancers ou de diabètes !
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
13. Des pathologies extrêmement
diverses
Elles empêchent de :
voir = rétinites
respirer = mucoviscidose
résister aux infections = déficits immunitaires
coaguler normalement le sang = hémophilie
grandir et développer une puberté normale =
syndrome de Turner, absence ou anomalie chez une
fille d'un des 2 chromosomes sexuels féminin X
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
14. Leurs effets
Elles provoquent :
vieillissement accéléré = progéria, une centaine de cas
dans le monde)
fractures à répétition = maladie des os de verre
transformation des muscles en os = maladie de
l’homme de pierre, 2 500 cas dans le monde
anémie par anomalie de globules rouges = bêta-
thalassémie
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15. Une catégorie particulière
Les maladies auto-immunes
Sclérodermie
Myasthénie
Sclérose en plaques
Syndrome de Stiff Man (ou maladie de l'homme raide)
Pemphigus
Pemphigoïde bulleuse
Épidermolyse bulleuse acquise
Syndrome de Goodpasture
Syndrome myasthénique de Lambert-Eaton
Anémie hémolytique auto-immune
Purpura thrombocytopénique auto-immun
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16. Problématique N°3 : pas de statut
d’ALD
Pas de statut d’affection de longue durée pour la
majorité des maladies rares
Liste arrêtée par l’ANAM (Agence Nationale
d’Assurance Maladie) d’une quarantaine de maladies
Quelques maladies rares bénéficient de ce statut
assurant une prise en charge de 100% des frais
médicaux
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17. Liste d’affections de longue
durée reconnues par l’ANAM
1-Accident vasculaire cérébral ou
médullaire ischémique ou hémorragique2-
2-Affections malignes du tissu lymphatique
ou hématopoïétique3-
3-Anémies hémolytiques chroniques sévères
4-Aplasies médullaires sévères 5-Artériopathies chroniques 6-Asthme sévère
7-Cardiopathies congénitales 8-Cirrhoses du foie 9- Diabète insulinodépendant et diabète non
insulinodépendant
10- Epilepsie grave 11- Etat de déficit mental 12- Formes graves des affections neurologiques et
neuromusculaires
13- Glaucome chronique 14- Hypertension artérielle sévère 15- Insuffisance cardiaque
16- Insuffisance rénale aiguë 17- Insuffisance rénale chronique terminale 18- Insuffisance respiratoire chronique grave
19- Lupus érythémateux aigu disséminé 20- Maladie coronaire 21- Maladie de Crohn évolutive
22- Maladie de Parkinson 23- Maladies chroniques actives du foie (hépatites
B et C)
24- Myélodysplasies sévères
25- Néphropathies graves 26- Polyarthrite rhumatoïde évolutive grave 27- Psychoses
28- Rectocolitehémorragiqueévolutive 29- Rétinopathiediabétique 30- Sclérodermiegénéralisée évolutive
31- Sclérose en plaques 32- Spondylarthriteankylosante grave 33- Syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA)
34- Syndromes néphrotiques 35- Troubles graves de la personnalité 36-Troubles héréditaires de l’hémostase
37-Troubles mentaux et/ou de personnalité dus à
une lésion, à un dysfonctionnement cérébral ou à
une lésion physique
38- Troubles permanents du rythme et de la
conductivité
39-Tumeurs malignes
40- Valvulopathie s rhumatismales 41- Vascularites
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
18. Problématique N°4 : pas de politique sanitaire en
faveur des maladies rares
Priorité donnée à la santé de la mère et de l’enfant,
aux maladies transmissibles, aux maladies chroniques
et au cancer
Absence de plan national de maladies rares
Trois maladies rares seulement prises en compte :
hémophilie, drépanocytose, thalassémie
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
19. Problématique N°5 : non disponibilité de
médicaments
Pas de statut de médicaments orphelins
La procédure de l’obtention de l’autorisation de mise
au marché est longue
Situation dramatique en cas de certaines pathologies :
angioedème héréditaire et maladies du cycle de l’urée
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
20. Médicaments orphelins
spécifiquement prescrits pour le diagnostic, la
prévention et/ou le traitement de maladies rares,
graves voire létales :
40 médicaments en 1983
400 médicaments en 2014
Près de 500 en 2018
marché mondial : 100 milliards de dollars en 2014,
175 milliards en 2020 (EvaluatePharma)
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
21. Orphan drug act
Impulsion à la recherche sur les maladies rares par
cette loi votée aux Etats-Unis en 1983
Transposition de cette loi en Europe
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
22. Le statut de médicament orphelin
offre un accès plus rapide au marché
dispense de certaines redevances et impôts
garantit exclusivité commerciale de dix ans en Europe
et sept ans aux États-Unis
Les laboratoires s’intéressent à la recherche sur les
maladies rares : cela bénéficie aussi au
traitement des maladies plus communes
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
23. Problématique N° 6 : pas de soutien
des associations de patients
Associations de patients œuvrant dans le domaine des
maladies rares sont peu nombreuses
Les associations de malades font un travail de
sensibilisation auprès du public, des milieux politiques et
des autorités. Elles interviennent dans la mise en œuvre
des politiques de santé .
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
24. Problématique N° 7 : pas de
systèmes scolaires adaptés
Pas de systèmes scolaires adaptés
Enfants de la lune
Enfants avec déficit cognitif
Enfants sourds et malvoyants
Maladies avec complications aigues
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25. Problématique N°8 : mariage
consanguin
Fréquence encore importante du mariage consanguin
qui aggrave le risque d’avoir une maladie rare
Taux de consanguinité :
Plus de 15 % au Maroc
22 à 25% en Algérie
25 % au Liban
51,3% en Arabie Saoudite
Etude du département de génétique médicale de l'Institut national d'hygiène en
2017 http://www.pharmapresse.ma/content/maroc-mariage-consanguin-ce-n%E2%80%99est-pas-toujours-le-bonheur
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26. conclusion
La situation des maladies rares est préoccupante dans
notre pays
Les maladies rares sont exigeantes tant au niveau du
diagnostic que de la prise en charge, mettre à profit
cette difficulté pour mieux structurer le système de
soins
« une mer calme n’a jamais fait de bon marin »
proverbe anglais
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
27. Conférence internationale sur la
phénylcétonurie à Marrakech
Les 17 et 18 novembre 2023, s’est tenue à Marrakech la
2ème conférence internationale sur la
phénylcétonurie, co-organisée par 4 entités :
Association Marocaine pour la Santé de l’Enfant et de
la Mère (AMSEM), HMEMSA (Home of Moroccan
Educators and Moroccan Students in America), SOS
PKU MAROC, American Moroccan Competencies
Network et avec le soutien de l’Alliance des Maladies
Rares au Maroc (AMRM).
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
28. La phénylcétonurie (PCU)
La phénylcétonurie (PCU) est une maladie héréditaire
rare qui provoque l'accumulation dangereuse dans le
cerveau d'un acide aminé appelé phénylalanine,
présent dans l’alimentation et normalement
transformé en un autre acide aminé, la tyrosine, par
une enzyme qui se trouve défectueuse chez les
porteurs de la PCU. Cette pathologie doit être dépistée
à la naissance chez tous les nouveau-nés, pour
instaurer très rapidement un régime alimentaire
spécifique et éviter ainsi aux enfants atteints un
handicap mental irréversible.
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
29. Aux termes des débats de la
conférence, trois recommandations
1 Appliquer le dépistage systématique de cette
maladie à la naissance chez tous les nouveau-nés.
Le diagnostic et le traitement de celle-ci ne tolère en
effet aucun retard. Il ne faut pas attendre la survenue
de symptômes pour commencer le traitement. Les
dégâts sur le cerveau peuvent rapidement s’installer et
être définitifs. Ce dépistage systématique est justement
primordial car il permet de prendre en charge
immédiatement la pathologie sans faire prendre à
l’enfant le risque d’irruption de dommages au cerveau.
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
30. Veiller à la disponibilité des aliments
diététiques spécifiques
L’enfant doit suivre un régime très strict faible en protéines
où on ne tolère, pour combler ses besoins en nutriments,
que seulement 20 % en provenance des aliments naturels,
les 80% restants devant être comblés par les aliments
diététiques spécifiques. Or, ces produits qui protègent
l’enfant de l’handicap mental irrévocable, ne sont pas
disponibles au Maroc et leurs prix sont inaccessibles pour
la majorité des familles marocaines. La plupart des
enfants meurent alors littéralement de faim et deviennent
dénutris pour respecter au mieux le régime et protéger
ainsi, autant qu’ils le peuvent, leur cerveau de la toxicité
de la phénylalanine se trouvant en excès dans leur corps.
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
31. Un statut d’affection de longue durée
(ALD)
Donner rapidement le statut d’affection de longue
durée (ALD) à cette maladie très dangereuse ; cela
garantirait une prise en charge et un remboursement
systématiques des produits diététiques utilisés dans la
prise en charge de la maladie. Et ainsi autoriser aux
enfants concernés de bénéficier d’un développement
normal sans handicap quelconque.
AMRM KHADIJA MOUSSAYER
32. La signature de conventions de
partenariat
Ce forum a été l’occasion de permettre la signature de
conventions de partenariat entre l’Alliance des
Maladies Rares au Maroc (AMRM) et l’Association
marocaine de phénylcétonurie SOS PKU, ainsi que
l’association Marocaine pour la Santé de l’Enfant et de
la Mère (AMSEM).
AMRM KHADIJA MOUSSAYER