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Diaporamas ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’
12 - La mémoire des guerres
12.d - Les guerres de Louis 14
Étienne Godinot 29.11.2023
12 - La mémoire des guerres
Sommaire (rappel)
Introduction
1 - La mémoire de guerres jusqu’à la fin du 19ème siècle
2 - La mémoire de la Première Guerre mondiale (1914-1918)
3 - La mémoire de la Deuxième Guerre mondiale (1930-1945)
4 - La mémoire des guerres de décolonisation de la France
1 - La mémoire de guerres
jusqu’à la fin du 19ème siècle
Sommaire (rappel)
1 - La mémoire de la guerre de Cent Ans (1337-1453)
2 - La mémoire de la guerre de Trente ans (1618-1648)
3 - La mémoire des guerres de Louis XIV (1635-1714)
4 - La mémoire de la guerre de Vendée (1793-1796)
5 - La mémoire des guerres de Napoléon (1805-1815)
6 - La mémoire de la guerre franco-prussienne (1870-1871)
La guerre,
conséquence de l’absolutisme royal
L’histoire du fait militaire, qui a bénéficié d’un profond renouvel-
lement ces dernières décennies, apparaît aujourd’hui comme l’un des
champs de recherche les plus fertiles et les plus dynamiques sur
l’histoire de la France et de l’Europe de la période moderne. Les travaux
pionniers sur l’organisation et l’histoire sociale des armées ont ouvert la
voie à des études d’histoire institutionnelle, politique et culturelle qui ont
réévalué l’importance du phénomène guerrier dans les sociétés et les
représentations.
Ces analyses ont éclairé d’un nouveau jour la construction de
l’État moderne et l’affirmation de l’absolutisme, l’administration de la
guerre et la direction des conflits se révélant également comme
d’excellents observatoires des rouages du gouvernement monarchique.
La guerre, dans sa préparation et sa conduite, a été de très loin la
plus grosse dépense de la monarchie française. À la veille de la
Révolution, la dette devint incontrôlable, son service absorbant la moitié
des dépenses.
La mémoire des guerres de Louis XIV
(1635-1714)
Pendant les 72 années de règne de Louis XIV (1643-1715), la
France connaît 46 ans de combats.
Roi guerrier, Louis XIV veut renvoyer l’image d’un roi victorieux et,
paradoxalement, protecteur de la paix. On peut ainsi le voir sous les
traits du Dieu de la guerre Mars, ou sur un certain nombre de ses
bustes ou de ses portraits figurer l’emblème de la couronne de lauriers,
attribuées par les romains aux généraux victorieux ; de même, de
chaque côté de la Galerie des Glaces est disposé un « Salon » ; l’un est
celui de la Paix, et l’autre, celui de la Guerre.
Enfin, la guerre est un des éléments de ce que les historiens dési-
gnent comme l’absolutisme, l’idée selon laquelle un roi de droit divin
dirige seul. Pour ce faire, le souverain doit disposer d’une très forte
autorité, ce qui implique une armée solide et, pour fédérer ses sujets
autour de lui, un état de guerre quasi-permanent. La guerre est donc
centrale dans la vision politique de Louis XIV.
Image : Louis XIV en costume de sacre, par Hyacinthe Rigaud (1701)
Un chef de guerre bien entouré
Comme la plupart des rois de France, Louis XIV est un chef de
guerre. Il reçoit une solide formation militaire auprès de Turenne (un des
meilleurs généraux sous Louis XIII, puis lors de la première partie du règne
de Louis XIV). À la bataille des Dunes en juin 1658, sous le commande-
ment de Turenne, il a 20 ans lorsqu’il dirige lui-même l’armée à Dunkerque.
Il réorganise profondément l’armée. Ce n’est que depuis Richelieu,
sous Louis XIII, qu’existe un ministère de la guerre et que les armées
privées sont interdites. L’organisation d’une armée royale permanente et
puissante sera l’œuvre de Michel Le Tellier, secrétaire d’État à la Guerre, et
du fils de celui-ci, Louvois, qui lui succède en 1677. Elle passe par l’amélio-
ration du recrutement, l’unification des soldes et aussi la création de l’hôtel
des Invalides pour abriter les invalides de retour des champs de bataille.
Enfin Louis XIV s’attache les services de Vauban, qui révolutionne l’art
de faire la guerre et entoure la France d’une ceinture de fortifications.
Images :
- Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne (1611- 1675)
- Michel Le Tellier, marquis de Barbezieux (1603-1685)
- François Michel Le Tellier, marquis de Louvois (1641-1691)
- Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban (1633-1707)
Innovations et réorganisations
Le Royaume de France est le plus peuplé d’Europe à
l’époque, avec à peu près 20 millions d’habitants, soit un quart
de la population européenne. Cela permet à Louis XIV de
disposer d’une armée massive.
Selon l’historien André Corvisier, l’armée de Louis XIV compte
380 000 hommes, sans compter la milice. Avec la marine, c’est donc en
permanence un homme adulte sur 10 qui est mobilisé.
L’armée subit par ailleurs sous le règne de Louis XIV d’importantes
réorganisations. La chaîne de commandement est rationalisée et norma-
lisée, avec par exemple la mise en place d’un tableau d’avancements
fondé sur l’ancienneté et non plus la naissance. La baïonnette et
l’uniforme (différent suivant le régiment) sont adoptés, les piques sont
abandonnées. Enfin, le ravitaillement est lui aussi réorganisé, afin de
moins dépendre des réquisitions et du pillage, et de pouvoir disposer
d’armées plus nombreuses.
Images : - L'usage de la baïonnette, sorte de petite épée qui s'adapte au bout du fusil, est
généralisé par Vauban en 1703. Elle sera considérée jusqu'en 1914 comme l'arme par excellence
de l'infanterie au corps-à-corps.
- Un fort de Vauban : la citadelle de Port-Louis (Morbihan)
- C'est sous le règne de Louis XIV et sous l'impulsion de Gustave-Adolphe, roi de Suède, que naît
l'uniforme militaire, vers 1632. Il se caractérise par l'emploi d'une même étoffe pour un régiment,
un même nombre de boutons, des garnitures identiques. Ici, tambour et grenadier.
Guerre de siège, marine, dépenses militaires
Louis XIV et ses collaborateurs mettent au point la guerre de
siège, les armées marchant de siège en siège, de ville en ville, obtenant
la reddition de l’une avant de s’attaquer à l’autre et permettant chaque fois
l’entrée majestueuse du roi vainqueur recevant les clés de la ville et
faisant célébrer un Te Deum*. Les villes de la frontière du royaume sont
fortifiées afin de faire du royaume, selon la propre expression de Vauban,
un "pré-carré".
L’effort se porte aussi sur la marine. Avec Colbert, secrétaire d’État
à la Marine, il mobilise d’énormes moyens humains et financiers pour
constituer une flotte capable de rivaliser avec la toute puissance de la
flotte anglaise.
L’état de guerre quasi permanent coûte cher au budget de l’État :
près de 50 % en temps de paix et 75 % en temps de guerre à la fin du
règne de Louis XIV. Il oblige à accroître la pression fiscale et à créer de
nouveaux impôts qui touchent aussi la noblesse (impôts de la capitation et
du dixième).
* hymne latin chrétien. Te Deum laudamus signifie « Nous te louons, ô Dieu ». Le célèbre Te
Deum en ré majeur (H.146) de Marc-Antoine Charpentier aurait été exécuté à la suite de la victoire
de Steinkerque (1692) ou en 1696 pour la célébration du traité de Turin. Le Te Deum à quatre voix
(H.147) pourrait être attribué à la reddition de Charleroi (1693).
Images :
- Coupe d'un vaisseau à trois-ponts de 104 canons vers 1690 ayant « rang d'amiral »
- Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), secrétaire d'État de la Marine
Les guerres de Louis XIV
Louis XIV affirme la puissance de son royaume en l’engageant
dans une série de guerres :
- guerre franco-espagole (1635-1659, pendant la guerre de Trente Ans),
- guerre de Dévolution (1667-1668),
- guerre de Hollande (1672-1678),
- guerre des Réunions (1683-1684),
- guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697),
- et enfin guerre de Succession d'Espagne (1701-1714).
1667-1668 : la guerre de Dévolution
Adversaires de la F. : Espagne puis Angleterre, Provinces-Unies et Suède.
À la mort de son beau-père Philippe IV d'Espagne, Louis XIV réclame, au
nom de son épouse Marie-Thérèse, une partie des Pays-Bas et la Franche-Comté,
en vertu du droit de dévolution en usage au Brabant. En mai 1667, il fait envahir la
Flandre par Turenne, qui s'empare de douze places, puis fait occuper la Franche-
Comté par Condé en février 1668.
Mais, devant la menace de la Triple-Alliance conclue contre la France, entre
l'Angleterre, les Provinces-Unies et la Suède (janvier 1668), il signe le traité d'Aix-
la-Chapelle (mai 1668) par lequel il restitue la Franche-Comté à l'Espagne, mais
conserve les douze places conquises par Turenne en Flandre, dont Lille, Tournai,
Douai, Charleroi et Armentières.
Image : Louis XIV et Marie Thérèse à Arras en 1667, par Adam Frans van der Meulen.
Les guerres de Louis XIV
1672-1678 : la guerre de Hollande
Adversaires de la France : Provinces-Unies, Saint-Empire germanique,
Espagne, Brandebourg, Danemark, Norvège.
La France veut mettre à genoux les Provinces-Unies qui sont un redoutable
concurrent commercial, un état trop tolérant avec les Protestants et qui s’oppose à
l’expansion française vers les Pays-Bas espagnol. Il s’allie pour ce faire à
l’Angleterre. 1672 : Passage du Rhin par Louis XIV et ses troupes. Une coalition
européenne (Provinces-Unies, Espagne, Lorraine puis Autriche) se forme contre la
France.
Après une campagne-éclair brillante des armées de Louis XIV, les Hollandais
sont contraints d’ouvrir les digues et d’inonder leur pays pour arrêter l’avance des
troupes françaises.
Par les traités de Nimègue (1676-1679), la France conserve la Franche-
Comté et quelques territoires au nord-est du royaume pour renforcer la frontière(
villes d’Ypres, Valenciennes, Cambrai entre autres), mais la guerre a fortement pesé
sur ses finances.
Pour financer la guerre, Louis XIV crée de nouveaux impôts indirects. En
1673 et 1674, il taxe la consommation du tabac, l'utilisation de la vaisselle en étain
et surtout l'utilisation du papier timbré qui sert à officialiser les affaires entre les
particuliers. Cette augmentation des impôts royaux va provoquer en 1675 la révolte
des Bonnets rouges en Bretagne.
Image du haut : Le traité de Nimègues, le 17 septembre 1678, entre la France et
l’Espagne
Les guerres de Louis XIV
La guerre des Réunions : 1683-1684
Adversaire de la France : Espagne. Objectif : compléter la ceinture de
places fortes élaborées par Vauban.
En novembre 1683, Louis XIV s'empare de Courtrai dans les Pays-
Bas espagnols, et en juin 1684 de Luxembourg . En mai 1684, la flotte
française bombarde et incendie le port de Gênes en Italie, ville soutenant
l'Espagne avec sa marine. Devant une telle détermination française, les
Provinces-Unies, pourtant menacées par l'avancée de la France dans les
Pays-Bas espagnols, rompent leur alliance avec l’Espagne des Habsbourg
(29 juin 1684).
L'empereur Léopold Ier, par la Trêve de Ratisbonne, ou Trêve de Vingt
Ans (août 1684), accepte les acquisitions de Louis XIV en Alsace et recon-
nait celles des Pays-Bas espagnols. L'Espagne, n'ayant pas d'autres choix
et face à son isolement, fait de même le 20 août.
Ces acquisitions sont conclues pour un délai de vingt ans. Ce qui
signifie que les puissances, occupées par le péril ottoman, reconnaissent à
la France son droit à occuper Luxembourg, Strasbourg, le nord de l'Alsace
et la Sarre jusqu'en 1704.
Image du haut : Le bombardement de Gênes en 1684
Les guerres de Louis XIV
La guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697)
La guerre de la Ligue d'Augsbourg, également appelée guerre de Neuf
Ans, guerre de la Succession palatine ou guerre de la Grande Alliance, a
lieu de 1688 à 1697.
Adversaires de la France : Provinces-Unies, Angleterre, Saint-Empire,
Savoie, Espagne, Suède (jusqu'en 1691).
Les succès de Louis XIV et ses annexions irritent l’Europe entière, qui
se réunit en 1686 à Augsbourg et signe un traité d’alliance contre la France.
C’est la Ligue d’Augsbourg. Les princes allemands et les grandes puissan-
ces européennes forment une alliance pour contrer la politique d’expansion
et de persécution religieuse de la France qui se retrouve diplomatiquement
très isolée.
La France lance une campagne en Allemagne dans le but d’effrayer
l’Europe et de dissoudre la Ligue, qui réagit au contraire violemment.
S’ensuit une longue guerre, difficile, sans alliés, alors que le
Royaume connaît une grave crise économique et frumentaire.
Au Traité de Ryswick (sept. 1797), complexe, où le diplomate
suédois Nils Lillieroot remplit la fonction de médiateur, la France restitue
Luxembourg, Fribourg et la Lorraine mais garde Sarrelouis, Strasbourg et
l’ouest de Saint-Domingue. Le résultat de la guerre est donc très mitigé.
Images :
- Siège de Mons (1691)
- Les navires français en feu lors de la bataille de la Hougue (23 mai 1692). Peinture
d'Adriaen van Diest
- La chambre du médiateur du traité de Ryswick
Durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697),
le sac du Palatinat (1688-1689)
Le sac du Palatinat, aussi appelé second ravage du Palatinat (en référence au premier ravage,
exercé en 1674 par Turenne…), serait considéré de nos jours comme crime de guerre. C’est une
opération de destruction méthodique menée par les armées de Louis XIV en 1688-1689 dans le sud-
ouest du Saint-Empire romain germanique, à l’initiative du ministre de la guerre Louvois (1641-1691),
pour effrayer l’Europe et dissoudre la ligue d’Augsbourg.
En septembre 1688, l'armée du Rhin pénètre sans déclaration de guerre formelle sur les hauteurs
dominant le Palatinat et sur la rive gauche du Rhin, et s’enfonce jusqu'en Bade. Les villes de Heilbronn,
Heidelberg et Mannheim (le 10 novembre) sont enlevées, puis celles de Frankenthal, Worms, Speir et
les fortifications de Philippsbourg sont prises d'assaut. Les villes, les villages, les châteaux, les églises
sont systématiquement rasés, les ponts détruits, les populations chassées.
Images :
- Louis XIV. Le passage du Rhin par l’armée du Rhin
- L’incendie de Pforzheim le 21 janvier 1689 par le général Ézéchiel de Mélac
- La face non restaurée du château de Heidelberg
1688-1689 - Le sac du Palatinat
Dans Les soupirs de la France esclave qui aspire après la liberté, Pierre
Jurieu écrit : « Les Français passaient autrefois pour une nation honnête,
humaine, civile, d'un esprit opposé aux barbaries ; mais aujourd'hui un français et
un cannibale, c'est à peu près la même chose dans l'esprit des voisins ». En plus
de l'opinion, cet acte incite les princes allemands à se joindre à l'empereur et à
renforcer la coalition opposée à la France.
Voltaire écrit : « C’était pour la seconde fois que ce beau pays était désolé
sous Louis XIV ; mais les flammes dont Turenne avait brûlé deux villes et vingt
villages du Palatinat n’étaient que des étincelles, en comparaison de ce dernier
incendie. L’Europe en eut horreur. Les officiers qui l’exécutèrent étaient honteux
d’être les instruments de ces duretés. »
Au vingtième siècle, il arrivait encore aux Allemands de nommer leur chien
de garde ‘Mélac’, en mémoire de l’incendiaire Ézéchiel de Mélac.
Photos :
- Saccage de Heidelberg (1674) « Ils ont miné et fait sauter avec de la poudre les murs et les
tours sans défense, (…) mis le feu aux villes et aux villages à la façon des pires assassins et
des pires incendiaires. (…) Quelques fillettes, dont l’une n’avait que quatorze ans, ont été
violées en pleine rue en présence d’enfants et de vieillards. »
- Zone d'action des troupes françaises au cours de la campagne du Palatinat.
- François Michel Le Tellier, marquis de Louvois (1641-1691), ministre de la Guerre de Louis
XIV. En 1689, il convainc le ‘Roi Soleil’ de la nécessité d'un second ravage du Palatinat.
Les guerres de Louis XIV
1701-1714 : la guerre de succession d’Espagne
En 1700, le petit-fils de Louis XIV accède au trône d’Espagne. Versailles
et Madrid désormais alliés doivent faire face à l’Europe coalisée.
Adversaires de la France : Provinces-Unies, Angleterre, Saint-Empire
germanique, Savoie, Portugal, Autriche, Prusse.
C’est la guerre la plus longue et la plus difficile du règne de Louis XIV.
Août 1704 : défaite française à Höchstädt-Blenheim en Bavière face au
duc de Marlborough et au prince Eugène de Savoie. Avec la défaite de Ramillies
(1706) et la chute de Lille (1708), elle marque le recul français. À Denain, en
juillet 1712, le maréchal de Villars remporte une victoire sur les forces impériales
et néerlandaises. Louis XIV repasse à l'offensive dès 1713 : les armées françai-
ses repassent le Rhin et prennent Fribourg-en-Brisgau.
La paix est conclue par le traité d’Utrecht en 1713, complété à Rastatt en
1714 entre France et Autriche : Philippe devient roi d’une Espagne dépecée
entre les alliés (à condition de renoncer au trône de France), et la France cède
les villes de Tournai et d’Ypres, ainsi que des colonies au Canada.
En 1713-1714, après plus de dix ans de conflit, l’Angleterre est donc le
principal bénéficiaire de la paix. L’Espagne est amoindrie. Les Provinces-Unies
n’obtiennent rien. La Prusse devient un acteur de premier plan.
Images :
- La bataille de Höchstädt-an-der-Donau/Blenheim (13 août 1704)
- La bataille de Denain (24 juillet 1712)
Bilan des guerres de Louis XIV
Le bilan territorial est positif pour la France : Louis XIV repousse la
frontière du Nord en gagnant Lille et plusieurs autres villes importantes. Il
rajoute à ses domaines la Franche-Comté et Strasbourg. En revanche, la
Lorraine occupée presque en permanence par les troupes françaises, devra
être rendue en 1697 à son duc légitime.
Les conflits militaires accompagnent la modernisation de l'État : amé-
lioration de l'administration, de l'encadrement, des procédures comptables
et de contrôle, etc. Mais, revers de la médaille, la guerre se durcit et
s'internationalise dès la guerre de Hollande. Elle a pour effet de déséquili-
brer les finances de l'État et d'imposer une charge fiscale excessive, notam-
ment par la taille. Le déficit est vertigineux jusqu'à la fin du règne et au-delà.
Si Louis XIV a été un roi guerrier et tacticien, ses victoires lui mettent à
dos l’Europe entière. Elles épuisent la France démographiquement. La
guerre hante les esprits, à tel point que, s’adressant sur son lit de mort à
son héritier le futur Louis XV, le Roi-Soleil aurait, selon Voltaire, dit ces
mots : « Tâchez de conserver la paix avec vos voisins. J’ai trop aimé la
guerre ; ne m’imitez pas en cela […] Soulagez vos peuples le plus tôt que
vous pourrez, et faites ce que j’ai eu le malheur de ne pouvoir faire moi-
même. »
Les guerres qu’il a menées et la révocation de l’édit de Nantes
mettant fin à la liberté religieuse sont ses deux plus grandes fautes.
La mémoire des guerres de Louis XIV
Livres
La mémoire des guerres de Louis XIV
Livres et revues
La mémoire des guerres de Louis XIV
Films, documentaires, jeux
La mémoire des guerres de Louis XIV
L’hôtel des Invalides
En souverain protecteur de ses soldats, Louis XIV crée en
1670 une institution destinée à recevoir les officiers et soldats
invalides, vieux ou sans ressources. L'Hôtel national des Invalides
abrite aujourd'hui le Musée de l‘Armée, parmi les plus grands
musées d'art et d'histoire militaire au monde.
Les riches collections du musée de l'Armée montrent la constitution de la plus
grande force militaire d'Europe par Louis XIV, secondé par le ministre de la Guerre Louvois.
Après la victoire de Rocroi en 1643, on découvre la création de l'armée moderne à travers
les armes, les uniformes, les décorations, les trophées, les pièces d'apparat, mais aussi les
portraits du monarque et des hommes de guerre de son temps. De la personne du roi à la
vie quotidienne des soldats, ces objets font vivre l'un des règnes les plus guerriers de
l'histoire de France.
Images :
- Les Invalides, vue d’ensemble
- La cour d’honneur des Invalides
- Fusil à silex de Louis XIV par Foullois le Jeune
- Armure de Louis XIV. Présent diplomatique de la République de Venise destiné à obtenir
l’aide (en argent et en hommes) du roi de France pour combattre les Turcs. L’armure,
réalisée dans les ateliers de Brescia par les frères Garbagnate, n’a vraisemblablement
jamais été portée par le roi, l’usage de l’armure complète ayant été abandonné à la guerre
depuis une quinzaine d’années.
La mémoire guerrière
On ne s’étonne pas que les artistes officiels au service
du roi Louis XIV ou, par la suite, zélateurs d’une idée conqué-
rante de la France, aient glorifié sa personne et ses campagnes.
Images : - Louis XIV terrassant ses ennemis, par le peintre Charles le Brun
- La statue équestre de Louis XIV, place des Victoires à Paris, réalisée par le sculpteur
Martin Desjardins, et représente le roi en pied, vêtu à l'antique, couronné d'une cou-
ronne de laurier et écrasant ses ennemis représentés enchaînés sur le socle.
- Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, réalisé en 1825 par le sculpteur
François-Frédéric Lemot.
- La Porte Saint Denis, premier arc de triomphe parisien édifié en 1672, sur les plans de
l'architecte François Blondel, s'inspire de l'arc de Titus à Rome. Louis XIV, roi Soleil,
monarque absolu, revendique l'héritage des empereurs romains conquérants.
- Les sculptures inscrites sur l’arc de triomphe de la porte du Peyrou à Montpellier, érigé
en 1691, évoquent dans son ensemble la vision politique, les conquêtes et les victoires
de Louis XIV. La révocation de l’édit de Nantes est célébrée par l’inscription Extincta
heresi …
- Le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier. Il semble que le musicien ait composé ou
au moins exécuté cette pièce pour la célébration de la bataille de Steinkerque en août
1692, ou encore en 1696 pour la célébration du traité de Turin.
La mémoire critique
La lecture critique du règne de Louis XIV, amorcée
bien avant l’âge des Lumières, est venue irriguer le flot
des nationalismes européens au cours du 19ème siècle, avant de se
renouveler radicalement à partir du 20ème siècle, sous l’influence de
nouvelles percées méthodologiques. Une réflexion est menée sur
l’existence d’un décalage persistant entre une approche française et non-
française (ou parfois anti-française) du règne de Louis XIV.
Images :
- Bernard Picart (1673-1733), Gravure La cruauté française envers Bodegraave et
Swammerdam en 1672, (pendant la guerre de Hollande) Rijksmuseum, Amsterdam,
- Le Maréchal Vauban (1633-1707) est un esprit libre et audacieux, généreux et tolérant.
Fidèle au pouvoir, il interpelle Louis XIV avec vigueur. Contre l’indigne oppression religieuse et
l’expulsion des Protestants, au nom de la liberté d’opinion et de conscience. Contre les inéquités et
les injustices qui frappent un peuple plongé dans la misère, il défend un projet de réforme de la
fiscalité fondée sur une contribution générale éliminant tous les intermédiaires véreux.
- Le livre de Jean-Pierre Rorive Les affres de la guerre sous Louis XIV - Un demi-siècle de
vallée de larmes (2020) raconte les calamités des guerres du Roi Soleil en Belgique et
particulièrement à Huy, incendiée en 1689. « Le Roi aurait-il été à ce point Soleil éblouissant que le
sort de la masse des gens, victimes innocentes de ses conflits, fut relégué dans l'ombre si
longtemps ? Ce qui fut pour les uns le Grand Siècle fut pour d'autres le Siècle de malheur, en raison
des conflits quasi permanents et de leur cortège de misères. De 1668 à 1713, Louis XIV exporta
l'essentiel de ses guerres sur le territoire de la Belgique actuelle. »
La mémoire critique
Un exemple à Hirsau
La ville de Hirsau, en Forêt Noire (Bade Württemberg) garde
un souvenir particulièrement amer des troupes françaises et
commémore leurs crimes par une statue en souvenir du général
Mélac.
- Ézéchiel du Mas, comte de Mélac (1630-1704). Chargé par Louis XIV de dévaster
le Palatinat ("Brûlez le Palatinat ! "), le général Mélac fait systématiquement mettre à feu et à
sang Mannheim, Heidelberg, Pforzheim, Spire (y compris sa célèbre cathédrale), Baden-
Baden, Worms, Oppenheim, Durlach et plusieurs autres villes et villages.
Ayant pris sa retraite après les guerres de la Ligue d’Augsbourg, il touchera jusqu’à sa
mort une juteuse rente du roi.
Dans l'ouest de l'Allemagne, le nom de Mélac reste synonyme depuis des siècles
d'incendiaire meurtrier (« Mordbrenner »), et les habitants du Palatinat le maudissent. Il n'était
pas rare, encore au 20ème siècle, que les Allemands appellent leur chien Melac. L'insulte
"Lackel" usitée dans le Palatinat remonterait également au nom de l'"Incendiaire".
- Le général Mélac avec une torche incendiaire, œuvre du sculpteur Peter Lenk à
Hirsau.
- Statue de Mélac à Hirsau : la tête ■

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Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12d. Mémoire des guerres : les guerres de Louis XIV

  • 1. Diaporamas ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’ 12 - La mémoire des guerres 12.d - Les guerres de Louis 14 Étienne Godinot 29.11.2023
  • 2. 12 - La mémoire des guerres Sommaire (rappel) Introduction 1 - La mémoire de guerres jusqu’à la fin du 19ème siècle 2 - La mémoire de la Première Guerre mondiale (1914-1918) 3 - La mémoire de la Deuxième Guerre mondiale (1930-1945) 4 - La mémoire des guerres de décolonisation de la France
  • 3. 1 - La mémoire de guerres jusqu’à la fin du 19ème siècle Sommaire (rappel) 1 - La mémoire de la guerre de Cent Ans (1337-1453) 2 - La mémoire de la guerre de Trente ans (1618-1648) 3 - La mémoire des guerres de Louis XIV (1635-1714) 4 - La mémoire de la guerre de Vendée (1793-1796) 5 - La mémoire des guerres de Napoléon (1805-1815) 6 - La mémoire de la guerre franco-prussienne (1870-1871)
  • 4. La guerre, conséquence de l’absolutisme royal L’histoire du fait militaire, qui a bénéficié d’un profond renouvel- lement ces dernières décennies, apparaît aujourd’hui comme l’un des champs de recherche les plus fertiles et les plus dynamiques sur l’histoire de la France et de l’Europe de la période moderne. Les travaux pionniers sur l’organisation et l’histoire sociale des armées ont ouvert la voie à des études d’histoire institutionnelle, politique et culturelle qui ont réévalué l’importance du phénomène guerrier dans les sociétés et les représentations. Ces analyses ont éclairé d’un nouveau jour la construction de l’État moderne et l’affirmation de l’absolutisme, l’administration de la guerre et la direction des conflits se révélant également comme d’excellents observatoires des rouages du gouvernement monarchique. La guerre, dans sa préparation et sa conduite, a été de très loin la plus grosse dépense de la monarchie française. À la veille de la Révolution, la dette devint incontrôlable, son service absorbant la moitié des dépenses.
  • 5. La mémoire des guerres de Louis XIV (1635-1714) Pendant les 72 années de règne de Louis XIV (1643-1715), la France connaît 46 ans de combats. Roi guerrier, Louis XIV veut renvoyer l’image d’un roi victorieux et, paradoxalement, protecteur de la paix. On peut ainsi le voir sous les traits du Dieu de la guerre Mars, ou sur un certain nombre de ses bustes ou de ses portraits figurer l’emblème de la couronne de lauriers, attribuées par les romains aux généraux victorieux ; de même, de chaque côté de la Galerie des Glaces est disposé un « Salon » ; l’un est celui de la Paix, et l’autre, celui de la Guerre. Enfin, la guerre est un des éléments de ce que les historiens dési- gnent comme l’absolutisme, l’idée selon laquelle un roi de droit divin dirige seul. Pour ce faire, le souverain doit disposer d’une très forte autorité, ce qui implique une armée solide et, pour fédérer ses sujets autour de lui, un état de guerre quasi-permanent. La guerre est donc centrale dans la vision politique de Louis XIV. Image : Louis XIV en costume de sacre, par Hyacinthe Rigaud (1701)
  • 6. Un chef de guerre bien entouré Comme la plupart des rois de France, Louis XIV est un chef de guerre. Il reçoit une solide formation militaire auprès de Turenne (un des meilleurs généraux sous Louis XIII, puis lors de la première partie du règne de Louis XIV). À la bataille des Dunes en juin 1658, sous le commande- ment de Turenne, il a 20 ans lorsqu’il dirige lui-même l’armée à Dunkerque. Il réorganise profondément l’armée. Ce n’est que depuis Richelieu, sous Louis XIII, qu’existe un ministère de la guerre et que les armées privées sont interdites. L’organisation d’une armée royale permanente et puissante sera l’œuvre de Michel Le Tellier, secrétaire d’État à la Guerre, et du fils de celui-ci, Louvois, qui lui succède en 1677. Elle passe par l’amélio- ration du recrutement, l’unification des soldes et aussi la création de l’hôtel des Invalides pour abriter les invalides de retour des champs de bataille. Enfin Louis XIV s’attache les services de Vauban, qui révolutionne l’art de faire la guerre et entoure la France d’une ceinture de fortifications. Images : - Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne (1611- 1675) - Michel Le Tellier, marquis de Barbezieux (1603-1685) - François Michel Le Tellier, marquis de Louvois (1641-1691) - Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban (1633-1707)
  • 7. Innovations et réorganisations Le Royaume de France est le plus peuplé d’Europe à l’époque, avec à peu près 20 millions d’habitants, soit un quart de la population européenne. Cela permet à Louis XIV de disposer d’une armée massive. Selon l’historien André Corvisier, l’armée de Louis XIV compte 380 000 hommes, sans compter la milice. Avec la marine, c’est donc en permanence un homme adulte sur 10 qui est mobilisé. L’armée subit par ailleurs sous le règne de Louis XIV d’importantes réorganisations. La chaîne de commandement est rationalisée et norma- lisée, avec par exemple la mise en place d’un tableau d’avancements fondé sur l’ancienneté et non plus la naissance. La baïonnette et l’uniforme (différent suivant le régiment) sont adoptés, les piques sont abandonnées. Enfin, le ravitaillement est lui aussi réorganisé, afin de moins dépendre des réquisitions et du pillage, et de pouvoir disposer d’armées plus nombreuses. Images : - L'usage de la baïonnette, sorte de petite épée qui s'adapte au bout du fusil, est généralisé par Vauban en 1703. Elle sera considérée jusqu'en 1914 comme l'arme par excellence de l'infanterie au corps-à-corps. - Un fort de Vauban : la citadelle de Port-Louis (Morbihan) - C'est sous le règne de Louis XIV et sous l'impulsion de Gustave-Adolphe, roi de Suède, que naît l'uniforme militaire, vers 1632. Il se caractérise par l'emploi d'une même étoffe pour un régiment, un même nombre de boutons, des garnitures identiques. Ici, tambour et grenadier.
  • 8. Guerre de siège, marine, dépenses militaires Louis XIV et ses collaborateurs mettent au point la guerre de siège, les armées marchant de siège en siège, de ville en ville, obtenant la reddition de l’une avant de s’attaquer à l’autre et permettant chaque fois l’entrée majestueuse du roi vainqueur recevant les clés de la ville et faisant célébrer un Te Deum*. Les villes de la frontière du royaume sont fortifiées afin de faire du royaume, selon la propre expression de Vauban, un "pré-carré". L’effort se porte aussi sur la marine. Avec Colbert, secrétaire d’État à la Marine, il mobilise d’énormes moyens humains et financiers pour constituer une flotte capable de rivaliser avec la toute puissance de la flotte anglaise. L’état de guerre quasi permanent coûte cher au budget de l’État : près de 50 % en temps de paix et 75 % en temps de guerre à la fin du règne de Louis XIV. Il oblige à accroître la pression fiscale et à créer de nouveaux impôts qui touchent aussi la noblesse (impôts de la capitation et du dixième). * hymne latin chrétien. Te Deum laudamus signifie « Nous te louons, ô Dieu ». Le célèbre Te Deum en ré majeur (H.146) de Marc-Antoine Charpentier aurait été exécuté à la suite de la victoire de Steinkerque (1692) ou en 1696 pour la célébration du traité de Turin. Le Te Deum à quatre voix (H.147) pourrait être attribué à la reddition de Charleroi (1693). Images : - Coupe d'un vaisseau à trois-ponts de 104 canons vers 1690 ayant « rang d'amiral » - Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), secrétaire d'État de la Marine
  • 9. Les guerres de Louis XIV Louis XIV affirme la puissance de son royaume en l’engageant dans une série de guerres : - guerre franco-espagole (1635-1659, pendant la guerre de Trente Ans), - guerre de Dévolution (1667-1668), - guerre de Hollande (1672-1678), - guerre des Réunions (1683-1684), - guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697), - et enfin guerre de Succession d'Espagne (1701-1714). 1667-1668 : la guerre de Dévolution Adversaires de la F. : Espagne puis Angleterre, Provinces-Unies et Suède. À la mort de son beau-père Philippe IV d'Espagne, Louis XIV réclame, au nom de son épouse Marie-Thérèse, une partie des Pays-Bas et la Franche-Comté, en vertu du droit de dévolution en usage au Brabant. En mai 1667, il fait envahir la Flandre par Turenne, qui s'empare de douze places, puis fait occuper la Franche- Comté par Condé en février 1668. Mais, devant la menace de la Triple-Alliance conclue contre la France, entre l'Angleterre, les Provinces-Unies et la Suède (janvier 1668), il signe le traité d'Aix- la-Chapelle (mai 1668) par lequel il restitue la Franche-Comté à l'Espagne, mais conserve les douze places conquises par Turenne en Flandre, dont Lille, Tournai, Douai, Charleroi et Armentières. Image : Louis XIV et Marie Thérèse à Arras en 1667, par Adam Frans van der Meulen.
  • 10. Les guerres de Louis XIV 1672-1678 : la guerre de Hollande Adversaires de la France : Provinces-Unies, Saint-Empire germanique, Espagne, Brandebourg, Danemark, Norvège. La France veut mettre à genoux les Provinces-Unies qui sont un redoutable concurrent commercial, un état trop tolérant avec les Protestants et qui s’oppose à l’expansion française vers les Pays-Bas espagnol. Il s’allie pour ce faire à l’Angleterre. 1672 : Passage du Rhin par Louis XIV et ses troupes. Une coalition européenne (Provinces-Unies, Espagne, Lorraine puis Autriche) se forme contre la France. Après une campagne-éclair brillante des armées de Louis XIV, les Hollandais sont contraints d’ouvrir les digues et d’inonder leur pays pour arrêter l’avance des troupes françaises. Par les traités de Nimègue (1676-1679), la France conserve la Franche- Comté et quelques territoires au nord-est du royaume pour renforcer la frontière( villes d’Ypres, Valenciennes, Cambrai entre autres), mais la guerre a fortement pesé sur ses finances. Pour financer la guerre, Louis XIV crée de nouveaux impôts indirects. En 1673 et 1674, il taxe la consommation du tabac, l'utilisation de la vaisselle en étain et surtout l'utilisation du papier timbré qui sert à officialiser les affaires entre les particuliers. Cette augmentation des impôts royaux va provoquer en 1675 la révolte des Bonnets rouges en Bretagne. Image du haut : Le traité de Nimègues, le 17 septembre 1678, entre la France et l’Espagne
  • 11. Les guerres de Louis XIV La guerre des Réunions : 1683-1684 Adversaire de la France : Espagne. Objectif : compléter la ceinture de places fortes élaborées par Vauban. En novembre 1683, Louis XIV s'empare de Courtrai dans les Pays- Bas espagnols, et en juin 1684 de Luxembourg . En mai 1684, la flotte française bombarde et incendie le port de Gênes en Italie, ville soutenant l'Espagne avec sa marine. Devant une telle détermination française, les Provinces-Unies, pourtant menacées par l'avancée de la France dans les Pays-Bas espagnols, rompent leur alliance avec l’Espagne des Habsbourg (29 juin 1684). L'empereur Léopold Ier, par la Trêve de Ratisbonne, ou Trêve de Vingt Ans (août 1684), accepte les acquisitions de Louis XIV en Alsace et recon- nait celles des Pays-Bas espagnols. L'Espagne, n'ayant pas d'autres choix et face à son isolement, fait de même le 20 août. Ces acquisitions sont conclues pour un délai de vingt ans. Ce qui signifie que les puissances, occupées par le péril ottoman, reconnaissent à la France son droit à occuper Luxembourg, Strasbourg, le nord de l'Alsace et la Sarre jusqu'en 1704. Image du haut : Le bombardement de Gênes en 1684
  • 12. Les guerres de Louis XIV La guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) La guerre de la Ligue d'Augsbourg, également appelée guerre de Neuf Ans, guerre de la Succession palatine ou guerre de la Grande Alliance, a lieu de 1688 à 1697. Adversaires de la France : Provinces-Unies, Angleterre, Saint-Empire, Savoie, Espagne, Suède (jusqu'en 1691). Les succès de Louis XIV et ses annexions irritent l’Europe entière, qui se réunit en 1686 à Augsbourg et signe un traité d’alliance contre la France. C’est la Ligue d’Augsbourg. Les princes allemands et les grandes puissan- ces européennes forment une alliance pour contrer la politique d’expansion et de persécution religieuse de la France qui se retrouve diplomatiquement très isolée. La France lance une campagne en Allemagne dans le but d’effrayer l’Europe et de dissoudre la Ligue, qui réagit au contraire violemment. S’ensuit une longue guerre, difficile, sans alliés, alors que le Royaume connaît une grave crise économique et frumentaire. Au Traité de Ryswick (sept. 1797), complexe, où le diplomate suédois Nils Lillieroot remplit la fonction de médiateur, la France restitue Luxembourg, Fribourg et la Lorraine mais garde Sarrelouis, Strasbourg et l’ouest de Saint-Domingue. Le résultat de la guerre est donc très mitigé. Images : - Siège de Mons (1691) - Les navires français en feu lors de la bataille de la Hougue (23 mai 1692). Peinture d'Adriaen van Diest - La chambre du médiateur du traité de Ryswick
  • 13. Durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697), le sac du Palatinat (1688-1689) Le sac du Palatinat, aussi appelé second ravage du Palatinat (en référence au premier ravage, exercé en 1674 par Turenne…), serait considéré de nos jours comme crime de guerre. C’est une opération de destruction méthodique menée par les armées de Louis XIV en 1688-1689 dans le sud- ouest du Saint-Empire romain germanique, à l’initiative du ministre de la guerre Louvois (1641-1691), pour effrayer l’Europe et dissoudre la ligue d’Augsbourg. En septembre 1688, l'armée du Rhin pénètre sans déclaration de guerre formelle sur les hauteurs dominant le Palatinat et sur la rive gauche du Rhin, et s’enfonce jusqu'en Bade. Les villes de Heilbronn, Heidelberg et Mannheim (le 10 novembre) sont enlevées, puis celles de Frankenthal, Worms, Speir et les fortifications de Philippsbourg sont prises d'assaut. Les villes, les villages, les châteaux, les églises sont systématiquement rasés, les ponts détruits, les populations chassées. Images : - Louis XIV. Le passage du Rhin par l’armée du Rhin - L’incendie de Pforzheim le 21 janvier 1689 par le général Ézéchiel de Mélac - La face non restaurée du château de Heidelberg
  • 14. 1688-1689 - Le sac du Palatinat Dans Les soupirs de la France esclave qui aspire après la liberté, Pierre Jurieu écrit : « Les Français passaient autrefois pour une nation honnête, humaine, civile, d'un esprit opposé aux barbaries ; mais aujourd'hui un français et un cannibale, c'est à peu près la même chose dans l'esprit des voisins ». En plus de l'opinion, cet acte incite les princes allemands à se joindre à l'empereur et à renforcer la coalition opposée à la France. Voltaire écrit : « C’était pour la seconde fois que ce beau pays était désolé sous Louis XIV ; mais les flammes dont Turenne avait brûlé deux villes et vingt villages du Palatinat n’étaient que des étincelles, en comparaison de ce dernier incendie. L’Europe en eut horreur. Les officiers qui l’exécutèrent étaient honteux d’être les instruments de ces duretés. » Au vingtième siècle, il arrivait encore aux Allemands de nommer leur chien de garde ‘Mélac’, en mémoire de l’incendiaire Ézéchiel de Mélac. Photos : - Saccage de Heidelberg (1674) « Ils ont miné et fait sauter avec de la poudre les murs et les tours sans défense, (…) mis le feu aux villes et aux villages à la façon des pires assassins et des pires incendiaires. (…) Quelques fillettes, dont l’une n’avait que quatorze ans, ont été violées en pleine rue en présence d’enfants et de vieillards. » - Zone d'action des troupes françaises au cours de la campagne du Palatinat. - François Michel Le Tellier, marquis de Louvois (1641-1691), ministre de la Guerre de Louis XIV. En 1689, il convainc le ‘Roi Soleil’ de la nécessité d'un second ravage du Palatinat.
  • 15. Les guerres de Louis XIV 1701-1714 : la guerre de succession d’Espagne En 1700, le petit-fils de Louis XIV accède au trône d’Espagne. Versailles et Madrid désormais alliés doivent faire face à l’Europe coalisée. Adversaires de la France : Provinces-Unies, Angleterre, Saint-Empire germanique, Savoie, Portugal, Autriche, Prusse. C’est la guerre la plus longue et la plus difficile du règne de Louis XIV. Août 1704 : défaite française à Höchstädt-Blenheim en Bavière face au duc de Marlborough et au prince Eugène de Savoie. Avec la défaite de Ramillies (1706) et la chute de Lille (1708), elle marque le recul français. À Denain, en juillet 1712, le maréchal de Villars remporte une victoire sur les forces impériales et néerlandaises. Louis XIV repasse à l'offensive dès 1713 : les armées françai- ses repassent le Rhin et prennent Fribourg-en-Brisgau. La paix est conclue par le traité d’Utrecht en 1713, complété à Rastatt en 1714 entre France et Autriche : Philippe devient roi d’une Espagne dépecée entre les alliés (à condition de renoncer au trône de France), et la France cède les villes de Tournai et d’Ypres, ainsi que des colonies au Canada. En 1713-1714, après plus de dix ans de conflit, l’Angleterre est donc le principal bénéficiaire de la paix. L’Espagne est amoindrie. Les Provinces-Unies n’obtiennent rien. La Prusse devient un acteur de premier plan. Images : - La bataille de Höchstädt-an-der-Donau/Blenheim (13 août 1704) - La bataille de Denain (24 juillet 1712)
  • 16. Bilan des guerres de Louis XIV Le bilan territorial est positif pour la France : Louis XIV repousse la frontière du Nord en gagnant Lille et plusieurs autres villes importantes. Il rajoute à ses domaines la Franche-Comté et Strasbourg. En revanche, la Lorraine occupée presque en permanence par les troupes françaises, devra être rendue en 1697 à son duc légitime. Les conflits militaires accompagnent la modernisation de l'État : amé- lioration de l'administration, de l'encadrement, des procédures comptables et de contrôle, etc. Mais, revers de la médaille, la guerre se durcit et s'internationalise dès la guerre de Hollande. Elle a pour effet de déséquili- brer les finances de l'État et d'imposer une charge fiscale excessive, notam- ment par la taille. Le déficit est vertigineux jusqu'à la fin du règne et au-delà. Si Louis XIV a été un roi guerrier et tacticien, ses victoires lui mettent à dos l’Europe entière. Elles épuisent la France démographiquement. La guerre hante les esprits, à tel point que, s’adressant sur son lit de mort à son héritier le futur Louis XV, le Roi-Soleil aurait, selon Voltaire, dit ces mots : « Tâchez de conserver la paix avec vos voisins. J’ai trop aimé la guerre ; ne m’imitez pas en cela […] Soulagez vos peuples le plus tôt que vous pourrez, et faites ce que j’ai eu le malheur de ne pouvoir faire moi- même. » Les guerres qu’il a menées et la révocation de l’édit de Nantes mettant fin à la liberté religieuse sont ses deux plus grandes fautes.
  • 17. La mémoire des guerres de Louis XIV Livres
  • 18. La mémoire des guerres de Louis XIV Livres et revues
  • 19. La mémoire des guerres de Louis XIV Films, documentaires, jeux
  • 20. La mémoire des guerres de Louis XIV L’hôtel des Invalides En souverain protecteur de ses soldats, Louis XIV crée en 1670 une institution destinée à recevoir les officiers et soldats invalides, vieux ou sans ressources. L'Hôtel national des Invalides abrite aujourd'hui le Musée de l‘Armée, parmi les plus grands musées d'art et d'histoire militaire au monde. Les riches collections du musée de l'Armée montrent la constitution de la plus grande force militaire d'Europe par Louis XIV, secondé par le ministre de la Guerre Louvois. Après la victoire de Rocroi en 1643, on découvre la création de l'armée moderne à travers les armes, les uniformes, les décorations, les trophées, les pièces d'apparat, mais aussi les portraits du monarque et des hommes de guerre de son temps. De la personne du roi à la vie quotidienne des soldats, ces objets font vivre l'un des règnes les plus guerriers de l'histoire de France. Images : - Les Invalides, vue d’ensemble - La cour d’honneur des Invalides - Fusil à silex de Louis XIV par Foullois le Jeune - Armure de Louis XIV. Présent diplomatique de la République de Venise destiné à obtenir l’aide (en argent et en hommes) du roi de France pour combattre les Turcs. L’armure, réalisée dans les ateliers de Brescia par les frères Garbagnate, n’a vraisemblablement jamais été portée par le roi, l’usage de l’armure complète ayant été abandonné à la guerre depuis une quinzaine d’années.
  • 21. La mémoire guerrière On ne s’étonne pas que les artistes officiels au service du roi Louis XIV ou, par la suite, zélateurs d’une idée conqué- rante de la France, aient glorifié sa personne et ses campagnes. Images : - Louis XIV terrassant ses ennemis, par le peintre Charles le Brun - La statue équestre de Louis XIV, place des Victoires à Paris, réalisée par le sculpteur Martin Desjardins, et représente le roi en pied, vêtu à l'antique, couronné d'une cou- ronne de laurier et écrasant ses ennemis représentés enchaînés sur le socle. - Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, réalisé en 1825 par le sculpteur François-Frédéric Lemot. - La Porte Saint Denis, premier arc de triomphe parisien édifié en 1672, sur les plans de l'architecte François Blondel, s'inspire de l'arc de Titus à Rome. Louis XIV, roi Soleil, monarque absolu, revendique l'héritage des empereurs romains conquérants. - Les sculptures inscrites sur l’arc de triomphe de la porte du Peyrou à Montpellier, érigé en 1691, évoquent dans son ensemble la vision politique, les conquêtes et les victoires de Louis XIV. La révocation de l’édit de Nantes est célébrée par l’inscription Extincta heresi … - Le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier. Il semble que le musicien ait composé ou au moins exécuté cette pièce pour la célébration de la bataille de Steinkerque en août 1692, ou encore en 1696 pour la célébration du traité de Turin.
  • 22. La mémoire critique La lecture critique du règne de Louis XIV, amorcée bien avant l’âge des Lumières, est venue irriguer le flot des nationalismes européens au cours du 19ème siècle, avant de se renouveler radicalement à partir du 20ème siècle, sous l’influence de nouvelles percées méthodologiques. Une réflexion est menée sur l’existence d’un décalage persistant entre une approche française et non- française (ou parfois anti-française) du règne de Louis XIV. Images : - Bernard Picart (1673-1733), Gravure La cruauté française envers Bodegraave et Swammerdam en 1672, (pendant la guerre de Hollande) Rijksmuseum, Amsterdam, - Le Maréchal Vauban (1633-1707) est un esprit libre et audacieux, généreux et tolérant. Fidèle au pouvoir, il interpelle Louis XIV avec vigueur. Contre l’indigne oppression religieuse et l’expulsion des Protestants, au nom de la liberté d’opinion et de conscience. Contre les inéquités et les injustices qui frappent un peuple plongé dans la misère, il défend un projet de réforme de la fiscalité fondée sur une contribution générale éliminant tous les intermédiaires véreux. - Le livre de Jean-Pierre Rorive Les affres de la guerre sous Louis XIV - Un demi-siècle de vallée de larmes (2020) raconte les calamités des guerres du Roi Soleil en Belgique et particulièrement à Huy, incendiée en 1689. « Le Roi aurait-il été à ce point Soleil éblouissant que le sort de la masse des gens, victimes innocentes de ses conflits, fut relégué dans l'ombre si longtemps ? Ce qui fut pour les uns le Grand Siècle fut pour d'autres le Siècle de malheur, en raison des conflits quasi permanents et de leur cortège de misères. De 1668 à 1713, Louis XIV exporta l'essentiel de ses guerres sur le territoire de la Belgique actuelle. »
  • 23. La mémoire critique Un exemple à Hirsau La ville de Hirsau, en Forêt Noire (Bade Württemberg) garde un souvenir particulièrement amer des troupes françaises et commémore leurs crimes par une statue en souvenir du général Mélac. - Ézéchiel du Mas, comte de Mélac (1630-1704). Chargé par Louis XIV de dévaster le Palatinat ("Brûlez le Palatinat ! "), le général Mélac fait systématiquement mettre à feu et à sang Mannheim, Heidelberg, Pforzheim, Spire (y compris sa célèbre cathédrale), Baden- Baden, Worms, Oppenheim, Durlach et plusieurs autres villes et villages. Ayant pris sa retraite après les guerres de la Ligue d’Augsbourg, il touchera jusqu’à sa mort une juteuse rente du roi. Dans l'ouest de l'Allemagne, le nom de Mélac reste synonyme depuis des siècles d'incendiaire meurtrier (« Mordbrenner »), et les habitants du Palatinat le maudissent. Il n'était pas rare, encore au 20ème siècle, que les Allemands appellent leur chien Melac. L'insulte "Lackel" usitée dans le Palatinat remonterait également au nom de l'"Incendiaire". - Le général Mélac avec une torche incendiaire, œuvre du sculpteur Peter Lenk à Hirsau. - Statue de Mélac à Hirsau : la tête ■