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Diaporamas ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’
12 - La mémoire des guerres
12.f - Les guerres de Napoléon
Étienne Godinot 13.01.2024
12 - La mémoire des guerres
Sommaire (rappel)
Introduction
1 - La mémoire de guerres jusqu’à la fin du 19ème siècle
2 - La mémoire de la Première Guerre mondiale (1914-1918)
3 - La mémoire de la Deuxième Guerre mondiale (1930-1945)
4 - La mémoire des guerres de décolonisation de la France
1 - La mémoire de guerres
jusqu’à la fin du 19ème siècle
Sommaire (rappel)
1 - La mémoire de la guerre de Cent Ans (1337-1453)
2 - La mémoire de la guerre de Trente ans (1618-1648)
3 - La mémoire des guerres de Louis XIV (1635-1714)
4 - La mémoire des guerres de Vendée (1793-1832)
5 - La mémoire des guerres de Napoléon (1805-1815)
6 - La mémoire de la guerre franco-prussienne (1870-1871)
La mémoire des guerres de Napoléon
Selon certains érudits, Napoléon
Bonaparte aurait livré davantage de batailles
qu’Alexandre le Grand, Hannibal et César
réunis.
En 1812, année de son apogée, l’Empire
français compte 134 départements, dont 47
"étrangers" (situés en Espagne, en Italie, en
Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne).
Empereur des Français en 1804, Napoléon Ier
se fait couronner roi d’Italie suivante et choisit son beau-fils
Eugène de Beauharnais comme vice-roi.
Il place ses frères et sœurs sur les trônes européens : Joseph est en Espagne
(1808-1814), Jérôme en Westphalie (1807-1813), Murat, mari de Caroline, à Naples
(1808-1815). Élisa est grande-duchesse de Toscane (1809-1814). Enfin, le mariage de
Napoléon avec l’archiduchesse Marie-Louise, en 1810, resserre les liens avec l’Autri-
che, durablement vaincue en 1805.
En 1812, la Prusse participera à la guerre napoléonienne contre la Russie,
avant de rejoindre en 1813 la 6ème coalition des Alliés contre Napoléon, réunissant le
Royaume-Uni, la Russie, la Prusse, la Suède, l’Autriche et la plupart des petits États
allemands.
Carte : L’ Empire français à son apogée en 1812
1 - La campagne d’Italie (1796 et 1797)
Destinée à contrer l'influence autrichienne, la première campa-
gne d'Italie débute en 1796. Elle est menée contre les forces autri-
chiennes et sardes par le général Napoléon Bonaparte, un jeune
tacticien corse âgé alors de 28 ans, en Italie du Nord et sur le territoire
autrichien.
L'armée française vainc successivement sept armées sarde et
autrichiennes. Les batailles les plus connues sont celles de Lodi (mai
1796), Castiglione (août 1796), Arcole (nov. 1796), Rivoli (janv. 1797).
Bonaparte donne à la France une partie du Piémont, fonde deux
républiques en Lombardie, conquiert toute l’Italie, depuis le Tyrol
jusqu’au Tibre, signe des traités avec les souverains de Sardaigne, de
Parme, de Naples, de Rome. À Paris, le Directoire, dont il a éclipsé la
considération et le pouvoir, l’invite à poursuivre ses conquêtes et à
marcher sur la capitale de l’Autriche.
Images :
- Bataille de Rivoli (13 et 14 janv. 1797). Combattants France : 22 000 hommes, Autriche :
28 000. Bilan France : 3 000 morts ou blessés. Autriche : 12 000 morts, blessés ou prisonniers
- Le passage du pont d’Arcole, gravure d’Antonio Bonamore
- Par le traité de Campo-Formio (17 oct. 1797), l'Autriche cède à la France les Pays-Bas,
renonce au Milanais, et s'engage à reconnaître à la France la possession des territoires de la
rive gauche du Rhin.
2 - Les campagnes d'Égypte
et d’Autriche (1798 et 1801)
Napoléon veut freiner le commerce anglais fort lucratif avec les
Indes orientales l'Égypte. La victoire des Pyramides (juillet 1798) contre
les mamelouks égyptiens ouvre la route du Caire, mais les Anglais
anéantissent la flotte française dans la rade d'Aboukir (août 1799). Toute
retraite devient impossible. La seule solution pour Bonaparte est de
pousser ses troupes vers la Palestine dans les 6 premiers mois de 1799.
Mais l'épopée devient sanglante et désastreuse. Bonaparte est obligé de
rentrer discrètement en France afin de préparer son avenir politique et
éviter une déroute égyptienne qui porterait son nom.
Napoléon, lors du coup d'État du 18 brumaire (9 novembre 1799)
devint le premier Consul.
Il bat l'Archiduché d'Autriche lors de la bataille de Marengo (juin
1800). Après une autre défaite à Hohenlinden (déc. 1800), l'Autriche doit
se soumettre au traité de paix.
Images :
- La bataille des Pyramides (21 juillet 1798)
- La bataille navale d’Aboukir (ou bataille du Nil, 1er et 2 août 1798) remportée par l’amiral Nelson
- La bataille de Marengo (14 juin 1800) : 9 400 morts et blessés chez les Autrichiens; 4 700 morts
et blessés, 900 disparus chez les Français
3 - La guerre contre la Troisième coalition (1805)
Cette guerre oppose la France à la Russie, à l'Autriche
et au Royaume-Uni : Napoléon, désormais empereur, prépare
un plan pour envahir l’Angleterre. Il est vaincu lors des batailles
navales de cap Finisterre (juill. 1805), puis de Trafalgar (oct.
1805).
Sur le continent, la Troisième Coalition (Angleterre,
Russie, Autriche et Suède) est vaincue lors des batailles d’Ulm
(oct. 1805) et d'Austerlitz (déc. 1805). Au traité de Presbourg,
l'Autriche perd 4 de ses 24 millions de sujets (soit un sixième) et
rêve déjà de revanche.
Images :
- La bataille navale du cap Finisterre, en Espagne, oppose 15 navires anglais à 20
navires français et espagnols
- La bataille de Trafalgar (21 oct. 1805). Les Français et les Espagnols perdent au total
23 navires et comptent 4 400 marins tués ou noyés, 2 500 blessés et plus de 7 000
prisonniers. L’amiral Nelson meurt ainsi que 448 autres marins britanniques mais la
victoire britannique est totale.
- La bataille d’Austerlitz (aujourd'hui en République tchèque, 2 décembre 1805). Les
Français comptent 1 537 morts, 6 943 blessés et 573 prisonniers. Les alliés comptent
16 000 morts et blessés et 11 000 prisonniers.
- Le général Karl Mack se rendant à Napoléon après la bataille d’Ulm (15 au 20 oct.
1805). 25 000 Autrichiens sont capturés, dont 18 généraux. Les Français comptent
500 morts et 1 000 blessés.
4 - La guerre contre la Quatrième coalition (1806-1807)
En 1806, Napoléon crée la Confédération du Rhin, réunissant
tous les petits États indépendants non-prussiens d'Allemagne. Ne
voyant pas cela d'un bon oeil, une nouvelle coalition fait surface avec
les mêmes belligérants que la précédente : Angleterre, Russie,
Autriche et Suède.
La Grande Armée française écrase les Prusses en octobre
1806 à Iéna et à Auerstaedt, emporte une demi-victoire contre la
Russie à Eylau (fév. 1807) et une victoire à Friedland (juin 1807).
Le Traité de Tilsit (juill.1807) ampute la Prusse de la moitié de
son territoire.
Images :
- La bataille d’Eylau (8 février 1807). 10 000 tués ou blessés chez les Français, 12
000 morts et 14 000 blessés, chez les Russes, dont beaucoup mourront faute de soins.
Napoléon déclare le soir même : « Cette boucherie passerait l'envie à tous les princes de la
terre de faire la guerre. » Le lendemain matin, le maréchal Ney s'exclame en parcourant le
champ de bataille à cheval : « Quel massacre ! Et tout cela pour rien ! ».
- La bataille de Friedland (14 juin 1807). Les pertes françaises s'élèvent à
1 645 tués et 9 000 blessés. Les pertes russes sont énormes : 25 000 blessés, prisonniers
ou tués. Les Français font en tout 10 000 prisonniers, car dans les deux jours suivant la
bataille, les soldats russes, exténués, se couchent dans les champs et se laissent prendre.
Focus : 1806 - Iéna et Auerstaedt
La bataille d'Iéna oppose la France à la Prusse le 14 octobre 1806 à
Iéna*. Elle a lieu en parallèle de la bataille d'Auerstaedt, dans le cadre de la
campagne de Prusse et de Pologne. Les Français, commandés par Napoléon
Ier, écrasent les Prussiens commandés par le général de Hohenlohe.
Les troupes coalisées subissent de lourdes pertes : 49 généraux, 263 officiers
et 12 000 hommes, tués ou blessés, 14 000 prisonniers, 40 drapeaux et 200
canons capturés. Les Français perdent 6 087 hommes, tués ou blessés.
La bataille d'Auerstaedt* se déroule le même jour, parallèlement à celle
d'Iéna, et oppose l'armée prussienne du roi Frédéric-Guillaume III au 3e corps
d'armée français commandé par le maréchal Louis Nicolas Davout. Celui-ci,
avec 27 000 hommes, vainc les 61 000 soldats du duc de Brunswick-Lunebourg
: 3 000 prisonniers, 10 000 tués et 115 canons perdus pour l'armée prussienne.
Les Français perdent 7 000 hommes.
Après la défaite de son allié russe à Friedland, le sort de la Prusse est
décidé le 9 juillet 1807 par le second traité de Tilsit. ../..
* Iéna se situe à 22 km de Weimar, et Auerstaedt entre Erfurt et Leipzig
Images : - Napoléon à Iéna
- Le maréchal Louis-Nicolas Davout à Auerstaedt
Focus - Iéna et Auerstaedt : l’humiliation de la Prusse
et la naissance du nationalisme allemand
La Prusse est amputée de la moitié de son territoire et de la majorité de
ses places fortes (Magdebourg, Erfurt, Stettin, Graudenz, Dantzig), la plupart
à l'ouest de l'Elbe. Elle perd 5 millions d'habitants, doit payer une indemnité de
guerre d'un montant considérable de 120 millions de francs de l'époque et doit
réduire son armée à 42 000 hommes.
Talleyrand avait conseillé à Napoléon de modérer ses exigences
envers le vaincu. Ce conseil constitue une étape importante dans sa mise à
l'écart graduelle par l’empereur.
La défaite prussienne va déclencher un violent nationalisme allemand
qui conduira à l'unification de la nation allemande au cours du 19ème siècle..
Elle provoque un traumatisme au sein de l’élite prussienne et allemande. Des
réformateurs tels que Carl von Clausewitz (qui a participé à la bataille) et
Fichte prennent alors conscience de la nécessité de transformer la vieille
Allemagne en un État moderne et unifié afin de rivaliser avec la France..
Bismarck, en écrasant les Français à Sedan en septembre 1870 et en
faisant Napoléon III prisonnier, proclamera la revanche des Prussiens après
les défaites de Iéna et Auerstaedt.
Images : - Napoleonstein, monument commémoratif de la bataille de Napoléon à Iéna
- Napoléon à Tilsit avec le reine et le roi de Prusse
- Carl von Clausewitz (1780-1831), officier général et théoricien militaire
prussien.
5 - La guerre d'Espagne
(1808 à 1814)
En 1808, l'Espagne sous tutelle française, se révolte avec l’aide de l'Angleterre :
c’est le début de la guerre d'Espagne. Elle dure jusqu'en 1814 et constitue un
véritable désastre pour Napoléon qui doit envoyer sur ce front une grande partie de
son armée.
La défaite française de Bailén (juil.1808), première défaite en Espagne d'une
armée régulière de Napoléon, provoque un choc dans l'opinion. Pendant cinq ans, les
opérations ne seront qu'une suite de petits succès ou d'échecs sans lendemain,
marquée cependant par la victoire de Medellín (mars 1809) et par les sièges de
Saragosse (déc. 1808-fév. 1809) et de Cadix. La défaite de Vitoria (juin 1813)
transforme le repli français en déroute.
Dans L'Infographie de l'Empire napoléonien, les historiens Vincent Haegele et
Frédéric Bey donnent un bilan de 650 000 Espagnols tués (250 000 militaires et
400 000 civils), soit 5,5 % de la population de 1811, et 300 000 Français tués.
Images :
- La répression de l’insurrection espagnole pour son indépendance : El Tres de Mayo par Francisco de Goya
-La bataille de Vitoria (21 juin 1813) met aux prises une armée anglo-hispano-portugaise, forte de 72 000 hommes
commandée par Arthur Wellesley, premier duc de Wellington, et une armée française de 57 000 hommes,
commandée par le roi Joseph Bonaparte. Les pertes françaises (tués, blessés et prisonniers) sont de 8 000
hommes environ, et celles des alliés d’environ 5 000 hommes.
6 - La guerre contre
la Cinquième coalition (1809)
Cette guerre oppose la France aux Anglais et aux Autrichiens. Après
la défaite française d'Essling (mai 1809), Napoléon est victorieux à Wagram
(juil. 1809).
Lors du Traité de Schönbrunn (oct. 1809), l'Autriche doit céder de
nombreuses provinces à la France et son allié le duché de Varsovie, lui
faisant perdre une partie de sa population et de son armée.
L'Autriche devient aussi le nouvel allié de la France. Napoléon épouse
Marie-Louise d'Autriche en avril 1810, pensant que cela créera des liens
avec son nouvel allié.
Images :
- La bataille d’Essling (à 10 km à l’est de Vienne), les 21 et 22 mai 1809. Les pertes sont
lourdes du côté des Français : un maréchal, trois généraux, 120 officiers et 5 507 soldats ont été tués.
13 généraux, 616 officiers et 17 940 soldats sont blessés. 14 officiers et 2 474 soldats sont faits
prisonniers. Du côté des Autrichiens, l'archiduc Charles déclare que ses pertes sont de 4 200 morts et
16 000 blessés.
- La bataille de Wagram (à 10 km au nord-est de Vienne), les 5 et 6 juillet 1809. Plus de
300 000 hommes combattent sur un même champ de bataille : 137 000 Autrichiens et 165 000
Français. Selon I. Castle, les pertes autrichiennes sont de 41 250 hommes (23 750 tués ou blessés,
10 000 disparus et 7 500 capturés), alors que les pertes françaises se chiffrent à 37 500 hommes,
dont 27 500 tués ou blessés et 10 000 disparus ou capturés.
7 - Guerre contre la Sixième coalition
(1812 à 1815)
En 1812, la campagne d'Espagne tourne au désastre et les Russes
se font de plus en plus menaçants notamment envers la Pologne. Pour
éviter l'envahissement du Duché de Varsovie et pour les forcer à
maintenir le blocus envers l'Angleterre, Napoléon envoie sa Grande
Armée en Russie. La Sixième coalition réunit Russie, Angleterre, Prusse,
Suède et plus tard Autrichiens et une grande partie des États allemands.
Après les désastreuses campagne et retraite de Russie en 1812
(pertes françaises : 400 000 morts), la catastrophique campagne d'Alle-
magne et la défaite française de Leipzig (oct. 1813), la Coalition envahit
la France entre janvier et avril 1814.
La France vaincue signe le premier traité de Paris. Napoléon 1er
abdique, il est exilé à l'île d'Elbe (en Méditerranée) en avril 1804.
Images
- La bataille de la Moskova (ou de Borodino, 7 sept. 1812). Qualifiée de « bataille des
géants », elle est la plus importante et la plus sanglante bataille de la campagne de Russie,
impliquant plus de 250 000 hommes pour des pertes estimées à 74 000 hommes (30 000
Français, 44 000 Russes)
- La retraite de Russie. La politique de la terre brûlée des Russes, leur harcèlement et « le
général hiver » ont raison de l’arrogance et de l’imprudence napoléoniennes.
- La bataille de Leipzig (16 et 19 octobre 1813). Le total des pertes est incertain. La
coalition aurait perdu 90 000 soldats, et la France 60 000.
Les mises en garde faites à Napoléon
à propos de son projet de campagne de Russie
Napoléon avait tiré de sa bibliothèque l’Histoire de Charles
XII de Voltaire et y avait lu le récit de la désastreuse expédition du roi du
Suède en Russie. En 1707, le puissant souverain du Nord avait misé sur la
valeur supérieure de ses soldats et sur ses propres talents militaires pour
mettre définitivement à genoux l’empire russe. Deux ans plus tard, son
armée, épuisée par une longue errance dans l’immense pays, affaiblie par
les privations, était écrasée à Poltava, à 300 km au sud de Kiev, et Charles
XII contraint à l’exil dans l’empire ottoman. C’en était définitivement fini de la
suprématie suédoise sur l’Europe du Nord.
Armand de Caulaincourt (1773-1827), ex-ambassadeur de France en
Russie, avait déconseillé à Napoléon de faire la guerre à la Russie et de
s’engager dans une expédition militaire, prédisant un grave échec. Ses
raisons, fondées sur la connaissance du pays et sur la personnalité du tsar
Alexandre Ier , maintes fois répétées, n’ont fait qu’irriter l’Empereur.
Le colonel Charles Deponthon (1777-1849), ancien attaché militaire à
l’ambassade de France en Russie, avait eu l’audace, aux Tuileries, de formu-
ler les mêmes objections, allant jusqu’à s’agenouiller pour supplier son
maître de ne pas commettre l’erreur d’entrer en Russie.
On sait qu’Adolf Hitler a été aussi têtu que Napoléon et que sa défaite
en Russie marque le tournant de la 2ème Guerre mondiale.
Images : La bataille de la Bérézina (26 au 29 nov. 1812), Charles XII de Suède, Armand de
Caulaincourt
8 - La guerre contre la Septième coalition (1815).
De mars à juin 1815 (pendant les Cent-Jours), la guerre
reprend entre les coalisés et Napoléon, échappé de l’île d’Elbe et
revenu triomphalement en France. Elle est marquée par la désastreuse
défaite française de Waterloo (juin 1815) et la seconde abdication de
Napoléon. La France, de nouveau vaincue, doit signer le second traité
de Paris.
Le territoire français est ramené à une étendue moindre que sous
Louis XVI, le pays doit payer une lourde indemnité de guerre pour
l’entretien des troupes étrangères établies sur son sol.
Napoléon est exilé sur l’île britannique de Sainte-Hélène* où il
meurt en mai 1821.
* L’île de Ste Hélène se situe dans l’océan Atlantique sud, à 1 859 km à l'ouest des côtes de
l'Angola
Images :
- La bataille de Waterloo (18 juin 1815), en Belgique, à 20 km au sud de Bruxelles. 23 700
morts et 65 400 blessés toutes armées confondues, pertes correspondant au quart des troupes
engagées. À ces victimes humaines, il faut ajouter près de 12 000 chevaux tués.
Stratégie,
moral et équipement des troupes
En dépit de sa petite taille, de sa maigreur, d’une allure maladive,
Bonaparte révèle un magnétisme peu ordinaire*. Il se livre à des études
minutieuses sur des cartes. Avec le concours de diplomates, il s’efforce
d’établir chez l’adversaire potentiel un réseau de renseignements. Avant
d’entrer en campagne, il envoie des agents. Il attache la plus grande
importance à ses bases arrières. Dans des places fortes, il installe des
magasins, des dépôts, des hôpitaux.
« Vitesse, vitesse, vitesse ! » affirme Napoléon. Son armée se
déplace deux fois plus vite que celles de ses adversaires. Un atout autant
qu’une prouesse, tout deux supportés par un accessoire se montrant
(presque) toujours défaillant : les chaussures des soldats.
* Il s’impose d’emblée à des chefs tentés de le considérer comme un « général de rue »
depuis la répression de l’émeute du 13 vendémiaire. Il électrise une armée démoralisée, dégue-
nillée, en proie à la famine. Il trouve dès la campagne d’Italie le ton qui caractérisera jusqu’à la fin
ses ordres du jour : « Soldats ! Vous n’avez ni souliers, ni habits, ni chemises, presque pas de pain
et nos magasins sont vides. Ceux de l’ennemi regorgent de tout ; c’est à vous de les conquérir.
Vous le voulez, vous le pouvez, partons ! ».
- Image du bas : Dessin de profil et semelle d'une chaussure réglementaire dans l'armée du
Premier Empire. Pour la campagne de Russie, les soldats de la Grande Armée se voient octroyer
des chaussures en faux cuir et à semelles de carton… Les soldats sont les plus mal chaussés,
mais plus l’on s’élève dans la hiérarchie militaire, plus le confort des pieds est assuré.
Les conditions sanitaires désastreuses
Si Napoléon n’apporte que peu d’intérêt à l’amélioration
de l’armement, il modifie profondément la structure de l’armée pour
renforcer au maximum son caractère offensif, voire éventuellement
défensif. Il donne également une place entièrement nouvelle à la
cavalerie.
Une faille concerne le service de santé par insuffisance d’ambu-
lances, de chirurgiens et surtout de connaissances. L’ignorance de
l’asepsie entraîne une mortalité post-opératoire considérable. La
maladie constitue cependant le fléau le plus redoutable et enlève trois
fois plus d’hommes que les batailles. Si Napoléon fait vacciner les
troupes contre la variole, les médecins avouent leur impuissance contre
certaines affections, comme la peste en Égypte et surtout le typhus,
qui, avec la dysenterie, achèvera d’épuiser la Grande armée en 1813.
Des chercheurs* ont démontré que 30 % des soldats de la retraite de
Russie, victimes d'une mauvaise hygiène forcée, sont décédés
d'infections transmises par les poux.
* Des chercheurs du CNRS de l'université de Méditerranée, en collaboration avec une
équipe franco-lituanienne, ont analysé des résidus de terre, des tissus humains et des dents,
ainsi que des uniformes de 3 000 squelettes trouvés dans un charnier à Vilnius en nov. 2021
Images :
- Les soldats français décimés par le typhus à Mayence (automne 1813).
- Bonaparte et l’épidémie de peste à Jaffa (1799)
Le bilan
des guerres napoléoniennes
Selon le site de la ‘Fondation Napoléon’, pour environ 2,2 millions d’hommes
mobilisés par la France de 1800 à 1815, « le nombre de 900 000 à 1 000 000 tués
(dont 439 000 morts à la suite des combats ou à l’hôpital) constituerait le bilan de 15
années de conflit, avec une moyenne de près de 75 000 tués par an, et près de
50 % des pertes survenues en 1812-1814 ».
La ‘Fondation Napoléon’ précise aussi qu'il est presque impossible de chiffrer
le nombre des civils qui perdirent la vie à cause des guerres.
« Le bilan européen est également élevé : l’estimation moyenne tend à ce jour
autour de deux millions de militaires morts en réunissant les pertes humaines de la
Russie (500 000 hommes), la Prusse et l’Autriche (500 000 hommes), les Polonais
et les Italiens (200 000 hommes), les Espagnols et les Portugais (700 000 hommes)
et les Britanniques (300 000 hommes). »**
** D’après Marielle Brie, historienne de l’art pour le marché de l’art et de l’antiquité, qui s’appuie sur études.
relatives à ce sujet. Article publié sur le site napoleon-cologne.fr qui commercialise « L’Authentique Eau de
Cologne de l’Empereur Napoléon1er à Sainte-Hélène »…
Le bilan des guerres napoléoniennes
Rien que pour les campagnes de 1813 et 1814, ce serait près
de 726 000 militaires européens qui auraient été tués en 12 mois de
campagne*.
« Napoléon Bonaparte, poursuit Marielle Brie, n’est pas un saint
personnage ni un démon incarné. Il fut une personnalité ambivalente,
opportuniste et ambitieuse dans une époque bouleversée. Souvenons-
nous également que les guerres napoléoniennes sont en grande partie
(pas toutes, nous insistons : en grande partie) le prolongement des
guerres de la Révolution française qui répondaient alors aux attaques
des monarchies européennes coalisées. »
En 2023, dans L'Infographie de l'Empire napoléonien, les
historiens Vincent Haegele et Frédéric Bey donnent un bilan d'environ
1 117 000 morts causés par les guerres et les épidémies, de 1792 à
1815, soit 3,2 % de la population,
* À titre de comparaison, précise-t-elle, la guerre de Trente Ans (1618-1648) fit près de
deux millions de morts parmi les combattants et davantage encore parmi les civils. La
Première Guerre Mondiale fit quant à elle 18,6 millions de morts en quatre ans, en comptant
militaires et civils.
Un personnage controversé
Le bicentenaire de la mort de Napoléon en 2021 a soulevé
polémiques et divisions au sujet de l'héritage de celui qu’on
présente parfois comme le personnage historique préféré des
Français.
La liste des questions qui fâchent est conséquente : star
de "l’histoire-bataille", surnommé par certains "le boucher de
l’Europe", Napoléon a aussi mis fin, par un coup d’État en 1799, à
la République établie par la Révolution française. Il a rétabli
l’esclavage et consacré en France le primat de la domination
masculine.
Images :
- La Fondation Napoléon est une Fondation française créée en 1987 en grande partie
grâce au legs, en 1984, de Martial Lapeyre, et reconnue d'utilité publique en 1987. Elle
se donne pour mission de faire connaître l'histoire du Premier et du Second Empire, et
de contribuer à la mise en valeur du patrimoine napoléonien. Elle apporte également un
soutien financier à l’association ‘Souvenir napoléonien’.
- Journées napoléoniennes à Auxonne (Côte d’Or) en avril 2023 : reconstitution et
affiche.
La guerre, conséquence du despotisme
• "Cet homme, dont j’admire le génie et dont j’abhorre le
despotisme", a résumé Chateaubriand. Il s’agit ici de faire le bilan
des tentatives de conquête de Napoléon, non celui de son œuvre civile :
Le Code civil, code des lois bien rédigé, facile à interpréter, triomphe du droit écrit sur
les coutumes, bien qu’il impose modèle patriarcal et affirme l’incapacité juridique de la femme
mariée ; le cadastre; la politique de grands travaux ; l’encouragement à la science, etc.
En même temps, empereur fait étroitement surveiller la population par la police, la
presse est censurée, il favorise la noblesse d’Empire. Il veille sur l'économie, intervient dans le
domaine industriel La production agricole augmente et de nouvelles cultures sont encouragées,
comme la pomme de terre, et surtout la betterave à sucre. En revanche, le blocus continental
contre l’Angleterre perturbe les échanges, et les ports comme Marseille ou Bordeaux sont
véritablement ruinés. Dans l'ensemble, cette prospérité ne s'est pas accompagnée d'un réel
dynamisme. La France prend du retard par rapport à la modernisation de l'Angleterre.
Derrière toute la gloire napoléonienne, il y a des morts, des
estropiés, des veuves, des orphelins, des villes ravagées, des récoltes et
des fermes brulées, de chevaux à l’agonie, en France, en Égypte, en Italie,
en Espagne, en Autriche, dans la future Allemagne, en Grande-Bretagne, en
Prusse, en Russie. Et surtout la volonté de revanche des ennemis battus…
Images : - La Marche de la Garde consulaire à Marengo est composée par Guillardel. Cette
marche a été nommée d'après la bataille de Marengo (1800), et probablement composée et jouée la
première fois lors de cette bataille.
- L’incendie de Moscou, le 15 sept. 1812. Napoléon donne à Maret de faire exploser le Kremlin.
Après le retrait des Français, les pillages se poursuivent, finissant de dévaster la ville
La mémoire des guerres de Napoléon
Impérialisme et négation des droits humains
Il n’est pas anodin de constater que les deux souverains les plus
guerriers de l’histoire de France, Louis XIV et Napoléon Ier, avaient aussi
une conception très particulière des droits humains :
Le 18 octobre 1685, en son château de Fontainebleau, le roi
Louis XIV révoque totalement l'Édit de tolérance signé à Nantes par son
grand-père Henri IV en 1598, qui établissait la liberté religieuse.
Avec la loi du 20 mai 1802, Napoléon Bonaparte rétablit dans les
colonies françaises l'esclavage, qui avait été aboli le 4 février 1794 par la
Convention, une des assemblées de la Révolution française.
La mémoire des guerres de Napoléon
La mémoire louangeuse
à Paris
Images :
- Tableau Bonaparte franchissant le Grand St Bernard, par Jacques-Louis David (entre 1800 et 1803)
- Tableau Bonaparte au pont d’Arcole, par Antoine-Jean Gros (1796)
- Médaillon du général Bonaparte par David d’Anger
- L’Arc de triomphe de l’Étoile à Paris. Par un décret de février 1806, Napoléon ordonne la construction de
ce monument consacré à perpétuer le souvenir des victoires des armées françaises.
- La colonne Vendôme à Paris, érigée sur ordre de Napoléon Ier de 1806 à 1810 pour commémorer la
bataille d'Austerlitz, puis détruite lors de la Commune de Paris en 1871, avant d'être reconstruite sous sa
forme actuelle.
- Le tombeau de Napoléon aux Invalides
- Les boulevards des Maréchaux forment un ensemble continu de boulevards qui ceinturent Paris, à la
limite de la ville, sur une longueur de 33,7 kilomètres.
La mémoire des guerres de Napoléon
Musées, mémoriaux et statues en
province
Comme dans Paris, il y a dans les provinces et villes
françaises d’innombrables traces de l’épopée et des guerres
napoléoniennes : statues, monuments, fontaines, noms de
rues, de places, d’avenues, salles dans les musées, rayons
dans les bibliothèques et médiathèques, etc.
Images :
- À gauche : statue de Napoléon en consul romain à Ajaccio, statue de Napoléon
triomphateur au Musée du Louvre
- À droite : statues de Napoléon à Montereau-Faut-Yonne, à Cherbourg, à Rouen,
à Montauban, à Laffrey (Isère)
- En bas au centre : statue du général Jean-Baptiste Kléber à Strasbourg
- En bas à gauche : à Bar-le-Duc (Meuse), l’hommage à deux généraux de la Grande
Armée napoléonienne nés dans cette ville, Nicolas Oudinot (1767-1847) et Rémy
Exelmans (1744-1808)
Les musées et monuments
consacrés aux guerres napoléoniennes
Le site napoleon.org donne une liste de lieux et une carte
interactive les lieux, des monuments et des collections du monde
napoléonien, de la Corse à Sainte-Hélène, de Rome à Cuba, de
la Suède à l'Afrique du Sud.
On trouve par exemple, dans le domaine militaire :
- le Musée de l’Armée à l’Hôtel national des Invalides,
- le Musée de la Marine à Paris
- le Musée Napoléon 1er à Brienne-le-Château,
- le Musée national du château de Fontainebleau,
- le Marengo Museum en Italie,
- l’Arc de triomphe du Carroussel à Paris,
- le Musée de la Figurine Historique à Compiègne,
- le Musée du Service de Santé des Armées du Val-de-Grâce,
- le Musée des Canonniers Sédentaires de Lille,
- le Monument de la Paix à Austerlitz,
- le Museo Civico à Lodi, ../..
Images : Modèles réduits d’artillerie aux Musée de l’Armée des Invalides, Canon au
Musée des Canonnniers Sédentaires de Lille, Monument de la Paix à Austerlitz,
Colonne à Marengo (Italie),
Les musées et monuments
consacrés aux guerres napoléoniennes
- Le Museo Napoleonico d’Arcole,
- Le Museo Napoleonico de Rivoli,
- le Musée Borodino à La Moskova,
- à Kaunas (Lituanie), la plaque commémorant le passage du
Niémen par la Grande Armée,
- la route Napoléon (pendant les Cent Jours)
- La Butte du Lion et la statue de l’Aigle blessé à Waterloo,
- la Villa di San Martino sur l'île d'Elbe,
- la Longwood House à Sainte-Hélène,
- et bien sûr l’Arc de Triomphe de l’Étoile. En 1835, il fut décidé
que la voûte ornée de caissons à la romaine recevrait les noms
des 128 batailles de la République et de l’Empire ainsi que ceux
des généraux qui y participèrent. 660 noms sont ainsi gravés sur
ces parois.
Images :
- Statue sur la Route Napoléon,
- - Statue de l’aigle blessé à Waterloo,
- Butte du Lion à Waterloo,
- Longwood House à Sainte-Hélène.
La mémoire des guerres de Napoléon
Du souvenir à l’idolatrie…
Lors du retour des cendres de Napoléon aux Invalides à Paris le 15
décembre 1840, le sarcophage impérial est transporté sur un char long de
30 mètres et haut de 10 mètres, orné de 14 statues représentant les
victoires les plus éclatantes de l'Empire et tiré par 16 chevaux (image 1).
Exécuté par le sculpteur François Rude (1784-1855) , le bronze
Napoléon s'éveillant à l'immortalité est commandé au début des années
1840 par Claude Noisot (1787-1861), ancien grenadier-à-pied puis capi-
taine de la Vieille Garde. Le militaire est un fervent fidèle de l’Empereur, et
a participé aux campagnes d’Allemagne et d’Espagne en 1809, de Russie
en 1812, d’Allemagne en 1813 et de France en 1814. Il a tenu à
accompagner Napoléon en exil à Elbe puis a soutenu son retour lors des
Cent-Jours. Sa carrière militaire prend fin avec la défaite de Waterloo mais
sa dévotion pour le souverain déchu ne s’arrête pas pour autant (image 2).
Il installe un domaine en Côte-d’Or, dans la commune de Fixin, et
pour abriter le ‘Musée Napoléon Ier’ fait bâtir un édifice réplique du fortin du
palais d’I Mulini, sur l’île d’Elbe (image 3).
Noisot fait également tailler un escalier de cent marches sur son
terrain pour rappeler l’épopée des Cent-Jours (image 4). Il veut être enterré
debout "sabre au clair" face à la statue de l'empereur pour pouvoir la
regarder pour l'éternité, mais la roche trop dure ne permet pas de réaliser
cette dernière volonté…
La mémoire des guerres de Napoléon
La mémoire selon les pays en Europe
Images :
- Gares et places à Paris et à Londres
- Statue de l’amiral britannique Horatio Nelson à Londres sur une colonne qui domine Trafalgar Square à Londres
- Statue du général Mikhaïl Koutozov, général en chef des armées de Russie
- Statue du duc Wellesley of Wellington, chef des forces britanniques et alliées, co-victorieux à Waterloo
- Statue du général Gebhard Leberecht von Blücher, maréchal prussien, co-victorieux à Waterloo
- Caricature anglaise de Isaac Cruikshank : Bonaparte donne audience au pape
- Caricature d’Ivan Alekseïvitch Ivanov : Napoléon rencontre Satan après l’incendie de Moscou
L’hommage aux grognards
Face aux mauvaises conditions de vie en campagne, notam-
ment en Pologne en 1807, mais aussi en raison du versement irrégulier
de leur solde, les soldats de la Grande Armée ne cessaient d'exprimer
leur mécontentement, Napoléon les surnommant alors les "grognards".
"Grognards" est le nom donné aux soldats de ‘la Vieille Garde’ de
Napoléon, partagée en Grenadiers et Chasseurs, et par extension à
tous les soldats de la Grande Armée.
L'Empereur récompensait ses grognards les plus valeureux par des gestes
particuliers : en leur tirant les oreilles, en retirant sa propre Légion d'honneur pour
l'accrocher à l'uniforme d'un soldat qui s'était particulièrement distingué, etc.
« On estime qu'environ 2 500 000 Français ont intégré à un
moment donné l'armée napoléonienne entre 1800 et 1815. On estime
aussi qu'entre 850 000 et 800 000 d'entre eux sont morts. Cela signifie
que plus d'un 1 500 000 ont regagné leur foyer, parfois pour de courte
durée parce qu'ils reviennent blessés, invalides. Ce chiffre considérable
signifie que la société française est marquée par la présence de ces
anciens combattants », écrit Jacques-Olivier Boudon*.
* Jacques-Olivier Boudon, né en 1962, est professeur d’histoire contemporaine à la
faculté des Lettres de Sorbonne Université et président de ‘l’Institut Napoléon’.
Image : Grognard de la Vieille Garde en 1813 (par Édouard Detaille)
L’hommage aux grognards
Pierre Delanoé et Édith Piaf
Les petits, les obscurs, les sans-grade sont évoqués par Edmond
Rostand dans L’Aiglon.
« Les grognards, les grenadiers, sans grenades, sans fusils, ni
souliers » sont honorés en 1958 par un chant d’Édith Piaf sur des paroles
de Pierre Delanoé et la musique d’Hubert Giraud :
« Wagram, Iéna, Eylau, Arcole, Marengo...
ça sonne bien,
quelles jolies batailles !
Tout ce travail,
c'était pas pour rien*,
puisque les noms de rues,
les noms d'avenues
où vous marchez,
c’est avec le sang
de nos vingt ans
qu'on les a gravés. »
* Et si, Édith, c’était pour rien…, même si les noms des rues rappellent leur souvenir. Les
citoyens de l’Union européenne sont horrifiés par ces guerres fratricides, de même que les citoyens
français et britanniques qui luttent ensemble pour que leurs deux pays adhèrent au Traité sur
l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) – NDLR
Le mot de Cambronne
Le célèbre mot de Cambronne, ou Cambronne’s word, est une
expression par laquelle le général français Pierre Cambronne se serait
adressé aux Anglais, pendant la bataille de Waterloo, ou, selon d’autres
versions, à l’issue d’un combat désespéré pour sauver Paris en 1815
après la défaite de Waterloo. Cambronne aurait crié « La Garde meurt,
mais ne se rend pas ! », puis, sur l’insistance des Anglais, une réponse
aussi énergique que concise, « Merde ! ».
Depuis lors, ce mot a suscité bien des controverses autour de son authenticité.
Napoléon aurait loué l’héroïsme de son ami et subordonné et considéré ce mot
comme l’expression ultime du courage et de la bravoure. Sir Thomas Picton, lieute-
nant général des armées britanniques, aurait raconté avoir entendu Cambronne dire :
« La Garde meurt mais ne se rend pas ! ». Une version différente est citée par lord
Edward Somerset, colonel des chevau-légers britanniques, selon lequel Cambronne
aurait proféré ces mots : « Merde ! La Garde meurt ! ».
Plus tard, Cambronne niera la phrase qui lui est attribuée : « Je n'ai pas pu dire
« La Garde meurt mais ne se rend pas ! », puisque je ne suis pas mort et que je me
suis rendu. ».
En réalité, la légende doit beaucoup à Victor Hugo qui affirme dans Les
Misérables : « Cette parole du dédain titanique, Cambronne ne la jette pas seulement
à l’Europe au nom de l’Empire, ce serait peu ; il la jette au passé au nom de la
Révolution. »
Images : - Pierre Cambronne (1770-1842). En 1820, n’en déplaise à Victor Hugo…, le roi
Louis XVIII nomme Cambronne commandant de la place de Lille, puis le fait vicomte en 1822
- Affiche pour la pièce de théâtre de Sacha Guitry en 1936
La mémoire des guerres de Napoléon
La désertion de Jean-Marie Vianney
On méconnait souvent la désertion de Jean-Marie Vianney (1786-
1859), le futur saint curé d’Ars-sur-Formans.
Jean-Marie Vianney est enrôlé en 1809, à 23 ans, pour la guerre
d’Espagne qui réclame alors beaucoup de soldats. Il déserte et s'installe
sous un faux nom aux Noës, village d'un peu plus de 500 habitants, où il
donne des leçons aux enfants dans diverses familles.
Quand, le 25 mars 1810, Napoléon signe un décret amnistiant les
insoumis à condition qu'ils se mettent à la disposition des autorités dépar-
tementales, Jean-Marie Vianney décide de rester déserteur. Les autorités
impériales, qui refusent de croire que le père de Jean-Marie ignore la
cachette de son fils, lui infligent de lourdes amendes pour faire pression sur
lui, si bien que le jeune frère de Jean-Marie accepte de servir à sa place
contre une indemnité payée par le père. Il semble que le père n'ait pas
pardonné à Jean-Marie Vianney sa conduite en cette affaire.
Pourtant, le jeune Jean-Marie Vianney avait raison de refuser d’aller
combattre le peuple espagnol en lutte pour sa liberté, comme d’autres
refuseront après lui d’aller combattre le peuple algérien et obtiendront en
déc. 1963 un statut pour les objecteurs de conscience au service militaire.
Images :
- La ferme Fayot, aux Robins, près des Noës, où Jean-Marie Vianney déserteur passa 14 mois sous
le nom de Jérôme Vincent
La mémoire
des guerres de Napoléon
Livres et revues
La mémoire des guerres de Napoléon
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Films, documentaires, DVD
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  • 1. Diaporamas ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’ 12 - La mémoire des guerres 12.f - Les guerres de Napoléon Étienne Godinot 13.01.2024
  • 2. 12 - La mémoire des guerres Sommaire (rappel) Introduction 1 - La mémoire de guerres jusqu’à la fin du 19ème siècle 2 - La mémoire de la Première Guerre mondiale (1914-1918) 3 - La mémoire de la Deuxième Guerre mondiale (1930-1945) 4 - La mémoire des guerres de décolonisation de la France
  • 3. 1 - La mémoire de guerres jusqu’à la fin du 19ème siècle Sommaire (rappel) 1 - La mémoire de la guerre de Cent Ans (1337-1453) 2 - La mémoire de la guerre de Trente ans (1618-1648) 3 - La mémoire des guerres de Louis XIV (1635-1714) 4 - La mémoire des guerres de Vendée (1793-1832) 5 - La mémoire des guerres de Napoléon (1805-1815) 6 - La mémoire de la guerre franco-prussienne (1870-1871)
  • 4. La mémoire des guerres de Napoléon Selon certains érudits, Napoléon Bonaparte aurait livré davantage de batailles qu’Alexandre le Grand, Hannibal et César réunis. En 1812, année de son apogée, l’Empire français compte 134 départements, dont 47 "étrangers" (situés en Espagne, en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne). Empereur des Français en 1804, Napoléon Ier se fait couronner roi d’Italie suivante et choisit son beau-fils Eugène de Beauharnais comme vice-roi. Il place ses frères et sœurs sur les trônes européens : Joseph est en Espagne (1808-1814), Jérôme en Westphalie (1807-1813), Murat, mari de Caroline, à Naples (1808-1815). Élisa est grande-duchesse de Toscane (1809-1814). Enfin, le mariage de Napoléon avec l’archiduchesse Marie-Louise, en 1810, resserre les liens avec l’Autri- che, durablement vaincue en 1805. En 1812, la Prusse participera à la guerre napoléonienne contre la Russie, avant de rejoindre en 1813 la 6ème coalition des Alliés contre Napoléon, réunissant le Royaume-Uni, la Russie, la Prusse, la Suède, l’Autriche et la plupart des petits États allemands. Carte : L’ Empire français à son apogée en 1812
  • 5. 1 - La campagne d’Italie (1796 et 1797) Destinée à contrer l'influence autrichienne, la première campa- gne d'Italie débute en 1796. Elle est menée contre les forces autri- chiennes et sardes par le général Napoléon Bonaparte, un jeune tacticien corse âgé alors de 28 ans, en Italie du Nord et sur le territoire autrichien. L'armée française vainc successivement sept armées sarde et autrichiennes. Les batailles les plus connues sont celles de Lodi (mai 1796), Castiglione (août 1796), Arcole (nov. 1796), Rivoli (janv. 1797). Bonaparte donne à la France une partie du Piémont, fonde deux républiques en Lombardie, conquiert toute l’Italie, depuis le Tyrol jusqu’au Tibre, signe des traités avec les souverains de Sardaigne, de Parme, de Naples, de Rome. À Paris, le Directoire, dont il a éclipsé la considération et le pouvoir, l’invite à poursuivre ses conquêtes et à marcher sur la capitale de l’Autriche. Images : - Bataille de Rivoli (13 et 14 janv. 1797). Combattants France : 22 000 hommes, Autriche : 28 000. Bilan France : 3 000 morts ou blessés. Autriche : 12 000 morts, blessés ou prisonniers - Le passage du pont d’Arcole, gravure d’Antonio Bonamore - Par le traité de Campo-Formio (17 oct. 1797), l'Autriche cède à la France les Pays-Bas, renonce au Milanais, et s'engage à reconnaître à la France la possession des territoires de la rive gauche du Rhin.
  • 6. 2 - Les campagnes d'Égypte et d’Autriche (1798 et 1801) Napoléon veut freiner le commerce anglais fort lucratif avec les Indes orientales l'Égypte. La victoire des Pyramides (juillet 1798) contre les mamelouks égyptiens ouvre la route du Caire, mais les Anglais anéantissent la flotte française dans la rade d'Aboukir (août 1799). Toute retraite devient impossible. La seule solution pour Bonaparte est de pousser ses troupes vers la Palestine dans les 6 premiers mois de 1799. Mais l'épopée devient sanglante et désastreuse. Bonaparte est obligé de rentrer discrètement en France afin de préparer son avenir politique et éviter une déroute égyptienne qui porterait son nom. Napoléon, lors du coup d'État du 18 brumaire (9 novembre 1799) devint le premier Consul. Il bat l'Archiduché d'Autriche lors de la bataille de Marengo (juin 1800). Après une autre défaite à Hohenlinden (déc. 1800), l'Autriche doit se soumettre au traité de paix. Images : - La bataille des Pyramides (21 juillet 1798) - La bataille navale d’Aboukir (ou bataille du Nil, 1er et 2 août 1798) remportée par l’amiral Nelson - La bataille de Marengo (14 juin 1800) : 9 400 morts et blessés chez les Autrichiens; 4 700 morts et blessés, 900 disparus chez les Français
  • 7. 3 - La guerre contre la Troisième coalition (1805) Cette guerre oppose la France à la Russie, à l'Autriche et au Royaume-Uni : Napoléon, désormais empereur, prépare un plan pour envahir l’Angleterre. Il est vaincu lors des batailles navales de cap Finisterre (juill. 1805), puis de Trafalgar (oct. 1805). Sur le continent, la Troisième Coalition (Angleterre, Russie, Autriche et Suède) est vaincue lors des batailles d’Ulm (oct. 1805) et d'Austerlitz (déc. 1805). Au traité de Presbourg, l'Autriche perd 4 de ses 24 millions de sujets (soit un sixième) et rêve déjà de revanche. Images : - La bataille navale du cap Finisterre, en Espagne, oppose 15 navires anglais à 20 navires français et espagnols - La bataille de Trafalgar (21 oct. 1805). Les Français et les Espagnols perdent au total 23 navires et comptent 4 400 marins tués ou noyés, 2 500 blessés et plus de 7 000 prisonniers. L’amiral Nelson meurt ainsi que 448 autres marins britanniques mais la victoire britannique est totale. - La bataille d’Austerlitz (aujourd'hui en République tchèque, 2 décembre 1805). Les Français comptent 1 537 morts, 6 943 blessés et 573 prisonniers. Les alliés comptent 16 000 morts et blessés et 11 000 prisonniers. - Le général Karl Mack se rendant à Napoléon après la bataille d’Ulm (15 au 20 oct. 1805). 25 000 Autrichiens sont capturés, dont 18 généraux. Les Français comptent 500 morts et 1 000 blessés.
  • 8. 4 - La guerre contre la Quatrième coalition (1806-1807) En 1806, Napoléon crée la Confédération du Rhin, réunissant tous les petits États indépendants non-prussiens d'Allemagne. Ne voyant pas cela d'un bon oeil, une nouvelle coalition fait surface avec les mêmes belligérants que la précédente : Angleterre, Russie, Autriche et Suède. La Grande Armée française écrase les Prusses en octobre 1806 à Iéna et à Auerstaedt, emporte une demi-victoire contre la Russie à Eylau (fév. 1807) et une victoire à Friedland (juin 1807). Le Traité de Tilsit (juill.1807) ampute la Prusse de la moitié de son territoire. Images : - La bataille d’Eylau (8 février 1807). 10 000 tués ou blessés chez les Français, 12 000 morts et 14 000 blessés, chez les Russes, dont beaucoup mourront faute de soins. Napoléon déclare le soir même : « Cette boucherie passerait l'envie à tous les princes de la terre de faire la guerre. » Le lendemain matin, le maréchal Ney s'exclame en parcourant le champ de bataille à cheval : « Quel massacre ! Et tout cela pour rien ! ». - La bataille de Friedland (14 juin 1807). Les pertes françaises s'élèvent à 1 645 tués et 9 000 blessés. Les pertes russes sont énormes : 25 000 blessés, prisonniers ou tués. Les Français font en tout 10 000 prisonniers, car dans les deux jours suivant la bataille, les soldats russes, exténués, se couchent dans les champs et se laissent prendre.
  • 9. Focus : 1806 - Iéna et Auerstaedt La bataille d'Iéna oppose la France à la Prusse le 14 octobre 1806 à Iéna*. Elle a lieu en parallèle de la bataille d'Auerstaedt, dans le cadre de la campagne de Prusse et de Pologne. Les Français, commandés par Napoléon Ier, écrasent les Prussiens commandés par le général de Hohenlohe. Les troupes coalisées subissent de lourdes pertes : 49 généraux, 263 officiers et 12 000 hommes, tués ou blessés, 14 000 prisonniers, 40 drapeaux et 200 canons capturés. Les Français perdent 6 087 hommes, tués ou blessés. La bataille d'Auerstaedt* se déroule le même jour, parallèlement à celle d'Iéna, et oppose l'armée prussienne du roi Frédéric-Guillaume III au 3e corps d'armée français commandé par le maréchal Louis Nicolas Davout. Celui-ci, avec 27 000 hommes, vainc les 61 000 soldats du duc de Brunswick-Lunebourg : 3 000 prisonniers, 10 000 tués et 115 canons perdus pour l'armée prussienne. Les Français perdent 7 000 hommes. Après la défaite de son allié russe à Friedland, le sort de la Prusse est décidé le 9 juillet 1807 par le second traité de Tilsit. ../.. * Iéna se situe à 22 km de Weimar, et Auerstaedt entre Erfurt et Leipzig Images : - Napoléon à Iéna - Le maréchal Louis-Nicolas Davout à Auerstaedt
  • 10. Focus - Iéna et Auerstaedt : l’humiliation de la Prusse et la naissance du nationalisme allemand La Prusse est amputée de la moitié de son territoire et de la majorité de ses places fortes (Magdebourg, Erfurt, Stettin, Graudenz, Dantzig), la plupart à l'ouest de l'Elbe. Elle perd 5 millions d'habitants, doit payer une indemnité de guerre d'un montant considérable de 120 millions de francs de l'époque et doit réduire son armée à 42 000 hommes. Talleyrand avait conseillé à Napoléon de modérer ses exigences envers le vaincu. Ce conseil constitue une étape importante dans sa mise à l'écart graduelle par l’empereur. La défaite prussienne va déclencher un violent nationalisme allemand qui conduira à l'unification de la nation allemande au cours du 19ème siècle.. Elle provoque un traumatisme au sein de l’élite prussienne et allemande. Des réformateurs tels que Carl von Clausewitz (qui a participé à la bataille) et Fichte prennent alors conscience de la nécessité de transformer la vieille Allemagne en un État moderne et unifié afin de rivaliser avec la France.. Bismarck, en écrasant les Français à Sedan en septembre 1870 et en faisant Napoléon III prisonnier, proclamera la revanche des Prussiens après les défaites de Iéna et Auerstaedt. Images : - Napoleonstein, monument commémoratif de la bataille de Napoléon à Iéna - Napoléon à Tilsit avec le reine et le roi de Prusse - Carl von Clausewitz (1780-1831), officier général et théoricien militaire prussien.
  • 11. 5 - La guerre d'Espagne (1808 à 1814) En 1808, l'Espagne sous tutelle française, se révolte avec l’aide de l'Angleterre : c’est le début de la guerre d'Espagne. Elle dure jusqu'en 1814 et constitue un véritable désastre pour Napoléon qui doit envoyer sur ce front une grande partie de son armée. La défaite française de Bailén (juil.1808), première défaite en Espagne d'une armée régulière de Napoléon, provoque un choc dans l'opinion. Pendant cinq ans, les opérations ne seront qu'une suite de petits succès ou d'échecs sans lendemain, marquée cependant par la victoire de Medellín (mars 1809) et par les sièges de Saragosse (déc. 1808-fév. 1809) et de Cadix. La défaite de Vitoria (juin 1813) transforme le repli français en déroute. Dans L'Infographie de l'Empire napoléonien, les historiens Vincent Haegele et Frédéric Bey donnent un bilan de 650 000 Espagnols tués (250 000 militaires et 400 000 civils), soit 5,5 % de la population de 1811, et 300 000 Français tués. Images : - La répression de l’insurrection espagnole pour son indépendance : El Tres de Mayo par Francisco de Goya -La bataille de Vitoria (21 juin 1813) met aux prises une armée anglo-hispano-portugaise, forte de 72 000 hommes commandée par Arthur Wellesley, premier duc de Wellington, et une armée française de 57 000 hommes, commandée par le roi Joseph Bonaparte. Les pertes françaises (tués, blessés et prisonniers) sont de 8 000 hommes environ, et celles des alliés d’environ 5 000 hommes.
  • 12. 6 - La guerre contre la Cinquième coalition (1809) Cette guerre oppose la France aux Anglais et aux Autrichiens. Après la défaite française d'Essling (mai 1809), Napoléon est victorieux à Wagram (juil. 1809). Lors du Traité de Schönbrunn (oct. 1809), l'Autriche doit céder de nombreuses provinces à la France et son allié le duché de Varsovie, lui faisant perdre une partie de sa population et de son armée. L'Autriche devient aussi le nouvel allié de la France. Napoléon épouse Marie-Louise d'Autriche en avril 1810, pensant que cela créera des liens avec son nouvel allié. Images : - La bataille d’Essling (à 10 km à l’est de Vienne), les 21 et 22 mai 1809. Les pertes sont lourdes du côté des Français : un maréchal, trois généraux, 120 officiers et 5 507 soldats ont été tués. 13 généraux, 616 officiers et 17 940 soldats sont blessés. 14 officiers et 2 474 soldats sont faits prisonniers. Du côté des Autrichiens, l'archiduc Charles déclare que ses pertes sont de 4 200 morts et 16 000 blessés. - La bataille de Wagram (à 10 km au nord-est de Vienne), les 5 et 6 juillet 1809. Plus de 300 000 hommes combattent sur un même champ de bataille : 137 000 Autrichiens et 165 000 Français. Selon I. Castle, les pertes autrichiennes sont de 41 250 hommes (23 750 tués ou blessés, 10 000 disparus et 7 500 capturés), alors que les pertes françaises se chiffrent à 37 500 hommes, dont 27 500 tués ou blessés et 10 000 disparus ou capturés.
  • 13. 7 - Guerre contre la Sixième coalition (1812 à 1815) En 1812, la campagne d'Espagne tourne au désastre et les Russes se font de plus en plus menaçants notamment envers la Pologne. Pour éviter l'envahissement du Duché de Varsovie et pour les forcer à maintenir le blocus envers l'Angleterre, Napoléon envoie sa Grande Armée en Russie. La Sixième coalition réunit Russie, Angleterre, Prusse, Suède et plus tard Autrichiens et une grande partie des États allemands. Après les désastreuses campagne et retraite de Russie en 1812 (pertes françaises : 400 000 morts), la catastrophique campagne d'Alle- magne et la défaite française de Leipzig (oct. 1813), la Coalition envahit la France entre janvier et avril 1814. La France vaincue signe le premier traité de Paris. Napoléon 1er abdique, il est exilé à l'île d'Elbe (en Méditerranée) en avril 1804. Images - La bataille de la Moskova (ou de Borodino, 7 sept. 1812). Qualifiée de « bataille des géants », elle est la plus importante et la plus sanglante bataille de la campagne de Russie, impliquant plus de 250 000 hommes pour des pertes estimées à 74 000 hommes (30 000 Français, 44 000 Russes) - La retraite de Russie. La politique de la terre brûlée des Russes, leur harcèlement et « le général hiver » ont raison de l’arrogance et de l’imprudence napoléoniennes. - La bataille de Leipzig (16 et 19 octobre 1813). Le total des pertes est incertain. La coalition aurait perdu 90 000 soldats, et la France 60 000.
  • 14. Les mises en garde faites à Napoléon à propos de son projet de campagne de Russie Napoléon avait tiré de sa bibliothèque l’Histoire de Charles XII de Voltaire et y avait lu le récit de la désastreuse expédition du roi du Suède en Russie. En 1707, le puissant souverain du Nord avait misé sur la valeur supérieure de ses soldats et sur ses propres talents militaires pour mettre définitivement à genoux l’empire russe. Deux ans plus tard, son armée, épuisée par une longue errance dans l’immense pays, affaiblie par les privations, était écrasée à Poltava, à 300 km au sud de Kiev, et Charles XII contraint à l’exil dans l’empire ottoman. C’en était définitivement fini de la suprématie suédoise sur l’Europe du Nord. Armand de Caulaincourt (1773-1827), ex-ambassadeur de France en Russie, avait déconseillé à Napoléon de faire la guerre à la Russie et de s’engager dans une expédition militaire, prédisant un grave échec. Ses raisons, fondées sur la connaissance du pays et sur la personnalité du tsar Alexandre Ier , maintes fois répétées, n’ont fait qu’irriter l’Empereur. Le colonel Charles Deponthon (1777-1849), ancien attaché militaire à l’ambassade de France en Russie, avait eu l’audace, aux Tuileries, de formu- ler les mêmes objections, allant jusqu’à s’agenouiller pour supplier son maître de ne pas commettre l’erreur d’entrer en Russie. On sait qu’Adolf Hitler a été aussi têtu que Napoléon et que sa défaite en Russie marque le tournant de la 2ème Guerre mondiale. Images : La bataille de la Bérézina (26 au 29 nov. 1812), Charles XII de Suède, Armand de Caulaincourt
  • 15. 8 - La guerre contre la Septième coalition (1815). De mars à juin 1815 (pendant les Cent-Jours), la guerre reprend entre les coalisés et Napoléon, échappé de l’île d’Elbe et revenu triomphalement en France. Elle est marquée par la désastreuse défaite française de Waterloo (juin 1815) et la seconde abdication de Napoléon. La France, de nouveau vaincue, doit signer le second traité de Paris. Le territoire français est ramené à une étendue moindre que sous Louis XVI, le pays doit payer une lourde indemnité de guerre pour l’entretien des troupes étrangères établies sur son sol. Napoléon est exilé sur l’île britannique de Sainte-Hélène* où il meurt en mai 1821. * L’île de Ste Hélène se situe dans l’océan Atlantique sud, à 1 859 km à l'ouest des côtes de l'Angola Images : - La bataille de Waterloo (18 juin 1815), en Belgique, à 20 km au sud de Bruxelles. 23 700 morts et 65 400 blessés toutes armées confondues, pertes correspondant au quart des troupes engagées. À ces victimes humaines, il faut ajouter près de 12 000 chevaux tués.
  • 16. Stratégie, moral et équipement des troupes En dépit de sa petite taille, de sa maigreur, d’une allure maladive, Bonaparte révèle un magnétisme peu ordinaire*. Il se livre à des études minutieuses sur des cartes. Avec le concours de diplomates, il s’efforce d’établir chez l’adversaire potentiel un réseau de renseignements. Avant d’entrer en campagne, il envoie des agents. Il attache la plus grande importance à ses bases arrières. Dans des places fortes, il installe des magasins, des dépôts, des hôpitaux. « Vitesse, vitesse, vitesse ! » affirme Napoléon. Son armée se déplace deux fois plus vite que celles de ses adversaires. Un atout autant qu’une prouesse, tout deux supportés par un accessoire se montrant (presque) toujours défaillant : les chaussures des soldats. * Il s’impose d’emblée à des chefs tentés de le considérer comme un « général de rue » depuis la répression de l’émeute du 13 vendémiaire. Il électrise une armée démoralisée, dégue- nillée, en proie à la famine. Il trouve dès la campagne d’Italie le ton qui caractérisera jusqu’à la fin ses ordres du jour : « Soldats ! Vous n’avez ni souliers, ni habits, ni chemises, presque pas de pain et nos magasins sont vides. Ceux de l’ennemi regorgent de tout ; c’est à vous de les conquérir. Vous le voulez, vous le pouvez, partons ! ». - Image du bas : Dessin de profil et semelle d'une chaussure réglementaire dans l'armée du Premier Empire. Pour la campagne de Russie, les soldats de la Grande Armée se voient octroyer des chaussures en faux cuir et à semelles de carton… Les soldats sont les plus mal chaussés, mais plus l’on s’élève dans la hiérarchie militaire, plus le confort des pieds est assuré.
  • 17. Les conditions sanitaires désastreuses Si Napoléon n’apporte que peu d’intérêt à l’amélioration de l’armement, il modifie profondément la structure de l’armée pour renforcer au maximum son caractère offensif, voire éventuellement défensif. Il donne également une place entièrement nouvelle à la cavalerie. Une faille concerne le service de santé par insuffisance d’ambu- lances, de chirurgiens et surtout de connaissances. L’ignorance de l’asepsie entraîne une mortalité post-opératoire considérable. La maladie constitue cependant le fléau le plus redoutable et enlève trois fois plus d’hommes que les batailles. Si Napoléon fait vacciner les troupes contre la variole, les médecins avouent leur impuissance contre certaines affections, comme la peste en Égypte et surtout le typhus, qui, avec la dysenterie, achèvera d’épuiser la Grande armée en 1813. Des chercheurs* ont démontré que 30 % des soldats de la retraite de Russie, victimes d'une mauvaise hygiène forcée, sont décédés d'infections transmises par les poux. * Des chercheurs du CNRS de l'université de Méditerranée, en collaboration avec une équipe franco-lituanienne, ont analysé des résidus de terre, des tissus humains et des dents, ainsi que des uniformes de 3 000 squelettes trouvés dans un charnier à Vilnius en nov. 2021 Images : - Les soldats français décimés par le typhus à Mayence (automne 1813). - Bonaparte et l’épidémie de peste à Jaffa (1799)
  • 18. Le bilan des guerres napoléoniennes Selon le site de la ‘Fondation Napoléon’, pour environ 2,2 millions d’hommes mobilisés par la France de 1800 à 1815, « le nombre de 900 000 à 1 000 000 tués (dont 439 000 morts à la suite des combats ou à l’hôpital) constituerait le bilan de 15 années de conflit, avec une moyenne de près de 75 000 tués par an, et près de 50 % des pertes survenues en 1812-1814 ». La ‘Fondation Napoléon’ précise aussi qu'il est presque impossible de chiffrer le nombre des civils qui perdirent la vie à cause des guerres. « Le bilan européen est également élevé : l’estimation moyenne tend à ce jour autour de deux millions de militaires morts en réunissant les pertes humaines de la Russie (500 000 hommes), la Prusse et l’Autriche (500 000 hommes), les Polonais et les Italiens (200 000 hommes), les Espagnols et les Portugais (700 000 hommes) et les Britanniques (300 000 hommes). »** ** D’après Marielle Brie, historienne de l’art pour le marché de l’art et de l’antiquité, qui s’appuie sur études. relatives à ce sujet. Article publié sur le site napoleon-cologne.fr qui commercialise « L’Authentique Eau de Cologne de l’Empereur Napoléon1er à Sainte-Hélène »…
  • 19. Le bilan des guerres napoléoniennes Rien que pour les campagnes de 1813 et 1814, ce serait près de 726 000 militaires européens qui auraient été tués en 12 mois de campagne*. « Napoléon Bonaparte, poursuit Marielle Brie, n’est pas un saint personnage ni un démon incarné. Il fut une personnalité ambivalente, opportuniste et ambitieuse dans une époque bouleversée. Souvenons- nous également que les guerres napoléoniennes sont en grande partie (pas toutes, nous insistons : en grande partie) le prolongement des guerres de la Révolution française qui répondaient alors aux attaques des monarchies européennes coalisées. » En 2023, dans L'Infographie de l'Empire napoléonien, les historiens Vincent Haegele et Frédéric Bey donnent un bilan d'environ 1 117 000 morts causés par les guerres et les épidémies, de 1792 à 1815, soit 3,2 % de la population, * À titre de comparaison, précise-t-elle, la guerre de Trente Ans (1618-1648) fit près de deux millions de morts parmi les combattants et davantage encore parmi les civils. La Première Guerre Mondiale fit quant à elle 18,6 millions de morts en quatre ans, en comptant militaires et civils.
  • 20. Un personnage controversé Le bicentenaire de la mort de Napoléon en 2021 a soulevé polémiques et divisions au sujet de l'héritage de celui qu’on présente parfois comme le personnage historique préféré des Français. La liste des questions qui fâchent est conséquente : star de "l’histoire-bataille", surnommé par certains "le boucher de l’Europe", Napoléon a aussi mis fin, par un coup d’État en 1799, à la République établie par la Révolution française. Il a rétabli l’esclavage et consacré en France le primat de la domination masculine. Images : - La Fondation Napoléon est une Fondation française créée en 1987 en grande partie grâce au legs, en 1984, de Martial Lapeyre, et reconnue d'utilité publique en 1987. Elle se donne pour mission de faire connaître l'histoire du Premier et du Second Empire, et de contribuer à la mise en valeur du patrimoine napoléonien. Elle apporte également un soutien financier à l’association ‘Souvenir napoléonien’. - Journées napoléoniennes à Auxonne (Côte d’Or) en avril 2023 : reconstitution et affiche.
  • 21. La guerre, conséquence du despotisme • "Cet homme, dont j’admire le génie et dont j’abhorre le despotisme", a résumé Chateaubriand. Il s’agit ici de faire le bilan des tentatives de conquête de Napoléon, non celui de son œuvre civile : Le Code civil, code des lois bien rédigé, facile à interpréter, triomphe du droit écrit sur les coutumes, bien qu’il impose modèle patriarcal et affirme l’incapacité juridique de la femme mariée ; le cadastre; la politique de grands travaux ; l’encouragement à la science, etc. En même temps, empereur fait étroitement surveiller la population par la police, la presse est censurée, il favorise la noblesse d’Empire. Il veille sur l'économie, intervient dans le domaine industriel La production agricole augmente et de nouvelles cultures sont encouragées, comme la pomme de terre, et surtout la betterave à sucre. En revanche, le blocus continental contre l’Angleterre perturbe les échanges, et les ports comme Marseille ou Bordeaux sont véritablement ruinés. Dans l'ensemble, cette prospérité ne s'est pas accompagnée d'un réel dynamisme. La France prend du retard par rapport à la modernisation de l'Angleterre. Derrière toute la gloire napoléonienne, il y a des morts, des estropiés, des veuves, des orphelins, des villes ravagées, des récoltes et des fermes brulées, de chevaux à l’agonie, en France, en Égypte, en Italie, en Espagne, en Autriche, dans la future Allemagne, en Grande-Bretagne, en Prusse, en Russie. Et surtout la volonté de revanche des ennemis battus… Images : - La Marche de la Garde consulaire à Marengo est composée par Guillardel. Cette marche a été nommée d'après la bataille de Marengo (1800), et probablement composée et jouée la première fois lors de cette bataille. - L’incendie de Moscou, le 15 sept. 1812. Napoléon donne à Maret de faire exploser le Kremlin. Après le retrait des Français, les pillages se poursuivent, finissant de dévaster la ville
  • 22. La mémoire des guerres de Napoléon Impérialisme et négation des droits humains Il n’est pas anodin de constater que les deux souverains les plus guerriers de l’histoire de France, Louis XIV et Napoléon Ier, avaient aussi une conception très particulière des droits humains : Le 18 octobre 1685, en son château de Fontainebleau, le roi Louis XIV révoque totalement l'Édit de tolérance signé à Nantes par son grand-père Henri IV en 1598, qui établissait la liberté religieuse. Avec la loi du 20 mai 1802, Napoléon Bonaparte rétablit dans les colonies françaises l'esclavage, qui avait été aboli le 4 février 1794 par la Convention, une des assemblées de la Révolution française.
  • 23. La mémoire des guerres de Napoléon La mémoire louangeuse à Paris Images : - Tableau Bonaparte franchissant le Grand St Bernard, par Jacques-Louis David (entre 1800 et 1803) - Tableau Bonaparte au pont d’Arcole, par Antoine-Jean Gros (1796) - Médaillon du général Bonaparte par David d’Anger - L’Arc de triomphe de l’Étoile à Paris. Par un décret de février 1806, Napoléon ordonne la construction de ce monument consacré à perpétuer le souvenir des victoires des armées françaises. - La colonne Vendôme à Paris, érigée sur ordre de Napoléon Ier de 1806 à 1810 pour commémorer la bataille d'Austerlitz, puis détruite lors de la Commune de Paris en 1871, avant d'être reconstruite sous sa forme actuelle. - Le tombeau de Napoléon aux Invalides - Les boulevards des Maréchaux forment un ensemble continu de boulevards qui ceinturent Paris, à la limite de la ville, sur une longueur de 33,7 kilomètres.
  • 24. La mémoire des guerres de Napoléon Musées, mémoriaux et statues en province Comme dans Paris, il y a dans les provinces et villes françaises d’innombrables traces de l’épopée et des guerres napoléoniennes : statues, monuments, fontaines, noms de rues, de places, d’avenues, salles dans les musées, rayons dans les bibliothèques et médiathèques, etc. Images : - À gauche : statue de Napoléon en consul romain à Ajaccio, statue de Napoléon triomphateur au Musée du Louvre - À droite : statues de Napoléon à Montereau-Faut-Yonne, à Cherbourg, à Rouen, à Montauban, à Laffrey (Isère) - En bas au centre : statue du général Jean-Baptiste Kléber à Strasbourg - En bas à gauche : à Bar-le-Duc (Meuse), l’hommage à deux généraux de la Grande Armée napoléonienne nés dans cette ville, Nicolas Oudinot (1767-1847) et Rémy Exelmans (1744-1808)
  • 25. Les musées et monuments consacrés aux guerres napoléoniennes Le site napoleon.org donne une liste de lieux et une carte interactive les lieux, des monuments et des collections du monde napoléonien, de la Corse à Sainte-Hélène, de Rome à Cuba, de la Suède à l'Afrique du Sud. On trouve par exemple, dans le domaine militaire : - le Musée de l’Armée à l’Hôtel national des Invalides, - le Musée de la Marine à Paris - le Musée Napoléon 1er à Brienne-le-Château, - le Musée national du château de Fontainebleau, - le Marengo Museum en Italie, - l’Arc de triomphe du Carroussel à Paris, - le Musée de la Figurine Historique à Compiègne, - le Musée du Service de Santé des Armées du Val-de-Grâce, - le Musée des Canonniers Sédentaires de Lille, - le Monument de la Paix à Austerlitz, - le Museo Civico à Lodi, ../.. Images : Modèles réduits d’artillerie aux Musée de l’Armée des Invalides, Canon au Musée des Canonnniers Sédentaires de Lille, Monument de la Paix à Austerlitz, Colonne à Marengo (Italie),
  • 26. Les musées et monuments consacrés aux guerres napoléoniennes - Le Museo Napoleonico d’Arcole, - Le Museo Napoleonico de Rivoli, - le Musée Borodino à La Moskova, - à Kaunas (Lituanie), la plaque commémorant le passage du Niémen par la Grande Armée, - la route Napoléon (pendant les Cent Jours) - La Butte du Lion et la statue de l’Aigle blessé à Waterloo, - la Villa di San Martino sur l'île d'Elbe, - la Longwood House à Sainte-Hélène, - et bien sûr l’Arc de Triomphe de l’Étoile. En 1835, il fut décidé que la voûte ornée de caissons à la romaine recevrait les noms des 128 batailles de la République et de l’Empire ainsi que ceux des généraux qui y participèrent. 660 noms sont ainsi gravés sur ces parois. Images : - Statue sur la Route Napoléon, - - Statue de l’aigle blessé à Waterloo, - Butte du Lion à Waterloo, - Longwood House à Sainte-Hélène.
  • 27. La mémoire des guerres de Napoléon Du souvenir à l’idolatrie… Lors du retour des cendres de Napoléon aux Invalides à Paris le 15 décembre 1840, le sarcophage impérial est transporté sur un char long de 30 mètres et haut de 10 mètres, orné de 14 statues représentant les victoires les plus éclatantes de l'Empire et tiré par 16 chevaux (image 1). Exécuté par le sculpteur François Rude (1784-1855) , le bronze Napoléon s'éveillant à l'immortalité est commandé au début des années 1840 par Claude Noisot (1787-1861), ancien grenadier-à-pied puis capi- taine de la Vieille Garde. Le militaire est un fervent fidèle de l’Empereur, et a participé aux campagnes d’Allemagne et d’Espagne en 1809, de Russie en 1812, d’Allemagne en 1813 et de France en 1814. Il a tenu à accompagner Napoléon en exil à Elbe puis a soutenu son retour lors des Cent-Jours. Sa carrière militaire prend fin avec la défaite de Waterloo mais sa dévotion pour le souverain déchu ne s’arrête pas pour autant (image 2). Il installe un domaine en Côte-d’Or, dans la commune de Fixin, et pour abriter le ‘Musée Napoléon Ier’ fait bâtir un édifice réplique du fortin du palais d’I Mulini, sur l’île d’Elbe (image 3). Noisot fait également tailler un escalier de cent marches sur son terrain pour rappeler l’épopée des Cent-Jours (image 4). Il veut être enterré debout "sabre au clair" face à la statue de l'empereur pour pouvoir la regarder pour l'éternité, mais la roche trop dure ne permet pas de réaliser cette dernière volonté…
  • 28. La mémoire des guerres de Napoléon La mémoire selon les pays en Europe Images : - Gares et places à Paris et à Londres - Statue de l’amiral britannique Horatio Nelson à Londres sur une colonne qui domine Trafalgar Square à Londres - Statue du général Mikhaïl Koutozov, général en chef des armées de Russie - Statue du duc Wellesley of Wellington, chef des forces britanniques et alliées, co-victorieux à Waterloo - Statue du général Gebhard Leberecht von Blücher, maréchal prussien, co-victorieux à Waterloo - Caricature anglaise de Isaac Cruikshank : Bonaparte donne audience au pape - Caricature d’Ivan Alekseïvitch Ivanov : Napoléon rencontre Satan après l’incendie de Moscou
  • 29. L’hommage aux grognards Face aux mauvaises conditions de vie en campagne, notam- ment en Pologne en 1807, mais aussi en raison du versement irrégulier de leur solde, les soldats de la Grande Armée ne cessaient d'exprimer leur mécontentement, Napoléon les surnommant alors les "grognards". "Grognards" est le nom donné aux soldats de ‘la Vieille Garde’ de Napoléon, partagée en Grenadiers et Chasseurs, et par extension à tous les soldats de la Grande Armée. L'Empereur récompensait ses grognards les plus valeureux par des gestes particuliers : en leur tirant les oreilles, en retirant sa propre Légion d'honneur pour l'accrocher à l'uniforme d'un soldat qui s'était particulièrement distingué, etc. « On estime qu'environ 2 500 000 Français ont intégré à un moment donné l'armée napoléonienne entre 1800 et 1815. On estime aussi qu'entre 850 000 et 800 000 d'entre eux sont morts. Cela signifie que plus d'un 1 500 000 ont regagné leur foyer, parfois pour de courte durée parce qu'ils reviennent blessés, invalides. Ce chiffre considérable signifie que la société française est marquée par la présence de ces anciens combattants », écrit Jacques-Olivier Boudon*. * Jacques-Olivier Boudon, né en 1962, est professeur d’histoire contemporaine à la faculté des Lettres de Sorbonne Université et président de ‘l’Institut Napoléon’. Image : Grognard de la Vieille Garde en 1813 (par Édouard Detaille)
  • 30. L’hommage aux grognards Pierre Delanoé et Édith Piaf Les petits, les obscurs, les sans-grade sont évoqués par Edmond Rostand dans L’Aiglon. « Les grognards, les grenadiers, sans grenades, sans fusils, ni souliers » sont honorés en 1958 par un chant d’Édith Piaf sur des paroles de Pierre Delanoé et la musique d’Hubert Giraud : « Wagram, Iéna, Eylau, Arcole, Marengo... ça sonne bien, quelles jolies batailles ! Tout ce travail, c'était pas pour rien*, puisque les noms de rues, les noms d'avenues où vous marchez, c’est avec le sang de nos vingt ans qu'on les a gravés. » * Et si, Édith, c’était pour rien…, même si les noms des rues rappellent leur souvenir. Les citoyens de l’Union européenne sont horrifiés par ces guerres fratricides, de même que les citoyens français et britanniques qui luttent ensemble pour que leurs deux pays adhèrent au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) – NDLR
  • 31. Le mot de Cambronne Le célèbre mot de Cambronne, ou Cambronne’s word, est une expression par laquelle le général français Pierre Cambronne se serait adressé aux Anglais, pendant la bataille de Waterloo, ou, selon d’autres versions, à l’issue d’un combat désespéré pour sauver Paris en 1815 après la défaite de Waterloo. Cambronne aurait crié « La Garde meurt, mais ne se rend pas ! », puis, sur l’insistance des Anglais, une réponse aussi énergique que concise, « Merde ! ». Depuis lors, ce mot a suscité bien des controverses autour de son authenticité. Napoléon aurait loué l’héroïsme de son ami et subordonné et considéré ce mot comme l’expression ultime du courage et de la bravoure. Sir Thomas Picton, lieute- nant général des armées britanniques, aurait raconté avoir entendu Cambronne dire : « La Garde meurt mais ne se rend pas ! ». Une version différente est citée par lord Edward Somerset, colonel des chevau-légers britanniques, selon lequel Cambronne aurait proféré ces mots : « Merde ! La Garde meurt ! ». Plus tard, Cambronne niera la phrase qui lui est attribuée : « Je n'ai pas pu dire « La Garde meurt mais ne se rend pas ! », puisque je ne suis pas mort et que je me suis rendu. ». En réalité, la légende doit beaucoup à Victor Hugo qui affirme dans Les Misérables : « Cette parole du dédain titanique, Cambronne ne la jette pas seulement à l’Europe au nom de l’Empire, ce serait peu ; il la jette au passé au nom de la Révolution. » Images : - Pierre Cambronne (1770-1842). En 1820, n’en déplaise à Victor Hugo…, le roi Louis XVIII nomme Cambronne commandant de la place de Lille, puis le fait vicomte en 1822 - Affiche pour la pièce de théâtre de Sacha Guitry en 1936
  • 32. La mémoire des guerres de Napoléon La désertion de Jean-Marie Vianney On méconnait souvent la désertion de Jean-Marie Vianney (1786- 1859), le futur saint curé d’Ars-sur-Formans. Jean-Marie Vianney est enrôlé en 1809, à 23 ans, pour la guerre d’Espagne qui réclame alors beaucoup de soldats. Il déserte et s'installe sous un faux nom aux Noës, village d'un peu plus de 500 habitants, où il donne des leçons aux enfants dans diverses familles. Quand, le 25 mars 1810, Napoléon signe un décret amnistiant les insoumis à condition qu'ils se mettent à la disposition des autorités dépar- tementales, Jean-Marie Vianney décide de rester déserteur. Les autorités impériales, qui refusent de croire que le père de Jean-Marie ignore la cachette de son fils, lui infligent de lourdes amendes pour faire pression sur lui, si bien que le jeune frère de Jean-Marie accepte de servir à sa place contre une indemnité payée par le père. Il semble que le père n'ait pas pardonné à Jean-Marie Vianney sa conduite en cette affaire. Pourtant, le jeune Jean-Marie Vianney avait raison de refuser d’aller combattre le peuple espagnol en lutte pour sa liberté, comme d’autres refuseront après lui d’aller combattre le peuple algérien et obtiendront en déc. 1963 un statut pour les objecteurs de conscience au service militaire. Images : - La ferme Fayot, aux Robins, près des Noës, où Jean-Marie Vianney déserteur passa 14 mois sous le nom de Jérôme Vincent
  • 33. La mémoire des guerres de Napoléon Livres et revues
  • 34. La mémoire des guerres de Napoléon Livres et revues
  • 35. La mémoire des guerres de Napoléon Films, documentaires, DVD
  • 36. La mémoire des guerres de Napoléon Jeux ■