Sur le phénomène des GIFs dans notre société.
1) Rappel historique
2) Remix culturel
3) Capitalisme de l'affect et économie de l'attention
4) Une nouvelle forme d'art
6. 1) RAPPEL HISTORIQUE
Février 2011: À la New-York Fashion
Week, Kevin BURG et Jamie BECK
inventent les « Cinemagraphs »
2012 : Première exposition consacrée
aux GIFs en Angleterre, « Born in
1987 »
2014 : Premier concours de
photographie animée
2016 : Exposition dans les rues de
Paris
7. 2) REMIX CULTUREL
Son usage est avant tout
humoristique et/ou illustrant en
images une réaction, exprimer
un sentiment ou faire un
commentaire.
La culture est au centre de
cette nouvelle pratique de
communication
8. 2) REMIX CULTUREL
Pour utiliser les GIFs, nous devons partager
une culture commune.
Ce sont des personnages connus repris, des
memes, des images issues de films, de
séries populaires, des personnages de jeux
vidéos, des chanteurs, des dessins animés
mais aussi de la culture du sport ou des
clips vidéos.
Il n’y a pas besoin de
légendes ou de
commentaires pour que le
spectateur de ce GIFs
reconnaisse
automatiquement de quoi
il s’agit.
9. 2) REMIX CULTUREL
Le GIF est devenu une amorce de discussion.
C’est une forme traditionnelle d’expression
numérique, un moyen de relayer ses sentiments
mais aussi ses pensées d’une manière qui va au-
delà des mots et même des photos.
Le besoin de l’individu, et ici de l’internaute, de
se mettre en valeur via des GIF est aussi un
moyen de prouver qu’il existe. C’est un moyen
de trouver d’autres personnes dans la même
situation, c’est un moyen de se socialiser. Le GIF
comme remix culturel est aussi un moyen de se
retrouver sous un hashtag pour partager cette
culture du sommeil que l’on transforme en
méthode socialisante.
10. 2) REMIX CULTUREL
Dans le Capitalisme du Sommeil de Crary, on peut
lire :
« Dans un mouvement d’hyperexpansion de la
logique du spectacle, on assiste à un
réassemblage du moi qui le transforme en un
nouvel hybride mêlant consommateur et objet de
consommation. Tout le monde a besoin d’une «
présence en ligne », d’une exposition 24/7, sous
peine d’inadaptation sociale ou d’échec
professionnel. Dans la dépersonnalisation du
sommeil se logent un monde en commun, un
geste partagé de retrait hors de la calamiteuse
nullité et des gaspillages d’une pratique continue
24/7. »
11. 2) REMIX CULTUREL
Les sériephiles et cinéphiles sont des
catégories spéciales de spectateurs : certains
sont devenus très spécialistes.
Les cinéphiles d’aujourd’hui ne sont plus
seulement des spectateurs, ils deviennent
des diffuseurs.
Le GIF est pour eux une expression de
l’affect mais surtout une expression de leur
passion car ce sont les fandoms ou les
fanatics qui sont totalement impliqués dans
la série, suivent les blogs, qui commentent et
contribuent aux GIFs.
12. 2) REMIX CULTUREL
Se pose la question de la propriété intellectuelle.
Notamment avec Giphy : l’hébergeur a 500 partenaires
qui donnent le droit aux utilisateurs de distribuer leurs
GIFs. Mais les GIFs qui n’appartiennent pas aux
partenaires (tels que Disney), tombent sous la règle
d’usage loyal qui dresse les différentes exceptions à
l’usage exclusif d’une oeuvre (ce qui revient à la
propriété intellectuelle en France). C’est pourquoi le
propriétaire du site, Alex Chung, a signé dès le départ
des licences pour pouvoir tout « gifer ».
13. 2) REMIX CULTUREL
C’est une forme encore plus efficace de la
communication visuelle en raison de la
circulation dans une animation qui offre
une plus grande gamme d’expression.
Le GIF est une amélioration de la valeur
informative : ce que l’on voudrait
expliquer en écrivant 1000 mots peut se
retrouver en un seul GIF.
Le remix de la culture via le GIF
transfigure notre émotion dans une autre
expression toute faite et déjà existante.
Sur Facebook, dans nos échanges SMS ou
n’importe quelle conversation numérique,
les GIFs monopolisent notre attention.
14. 3) CAPITALISME DE L’AFFECT & ECONOMIE
DE L’ATTENTION
La valeur de l'attention au sein
des circuits économiques ne
cesse de croître.
Internet a décuplé ce sentiment
de sollicitation en le rendant
omniprésent.
Se pose alors une question clé :
qu'est-ce qui va nous faire
choisir un contenu ?
L'économie de l'attention essaye
de répondre à cette
problématique.
15. 3) CAPITALISME DE L’AFFECT & ECONOMIE
DE L’ATTENTION
Jonathan CRARY fait remonter les problèmes liés à l'attention vers 1880 à
travers trois phénomènes historiques précis : l'industrialisation, la production
de masse, le développement des médias de masse.
Tony D. SAMPSON et Jussi PARIKKA évoquent certaines campagnes de
marketing qui exploitent des relations affectives existantes pour promouvoir
des marques.
Une des manières de le faire est
de réinventer et promouvoir de
nouvelles formes de sociabilité via
de nouveaux éléments de
communication: emojis, react
button.
16. 3) CAPITALISME DE L’AFFECT & ECONOMIE
DE L’ATTENTIONCamille ALLOING et Julien PIERRE s'interrogent
sur les implications de cette focalisation sur
l'affect à plusieurs niveaux :
Un niveau sémiotique : l'évolution historique
des interfaces des réseaux sociaux montre une
tendance à inciter toujours plus l'utilisateur à
interagir via l'expression de ses affects.
Un niveau technique : la manière dont ces
dispositifs implémentent des systèmes visant
à évaluer et mesurer l'affect des utilisateurs.
Les GIFs sont devenus un moyen d'expression
sur Internet et ont été totalement intégré à
l'interface de certaines plateformes web. De
plus, les GIFs ont parfois même été
catégorisés
17. 3) CAPITALISME DE L’AFFECT & ECONOMIE
DE L’ATTENTION
Parmi les problématiques que cela
soulève, on peut interroger celle de la
position de l'individu.
On attend de l'individu qu'il exprime son
ressenti direct, non pas qu'il argumente et
défende raisonnablement un point de vue.
L'expression de l'affect permet de capter
l'individu au plus proche de sa dimension
psychique.
Ça peut nous amener à la question du
« digital labour » ou travail numérique.
18. 3) CAPITALISME DE L’AFFECT & ECONOMIE
DE L’ATTENTION
Des formes de résistances doivent émerger
par rapport à cette économie de l'attention,
qu'on peut qualifier d'économie de la
distraction
Yves CITTON évoque une écologie de
l'attention :
« Aujourd’hui, le paradigme
écologique me semble beaucoup
plus utile que le paradigme
économique. Du point de vue de
l’attention, on passe ainsi d’un
questionnement en termes de
ressources à un questionnement en
termes d’environnement ».
19. 3) CAPITALISME DE L’AFFECT & ECONOMIE
DE L’ATTENTION
On peut reconfigurer
notre environnement, qui
reconfigurera notre
attention.
Il est possible de se
détacher du GIF en tant
qu'expression d'un
affect.
L'une des manières de le
faire est de détourner cet
usage premier du GIF
pour en faire autre chose,
comme une œuvre d'art
par exemple.
20. 3) UNE NOUVELLE FORME D’ART
Katrina SLUIS : le GIF pique la curiosité des artistes et incite à créer. C’est une nouvelle
manière d’exprimer son talent artistique.
Alors que la photographie saisit l’instant, les GIFs exigent un nouveau travail de l’image
pour donner vie aux situations.
Un seul détail de la photo peut être mis en avant ou bien un mouvement global dans
son ensemble.
21. 3) UNE NOUVELLE FORME D’ART
C’est le photographe de mode Jamie BECK qui lance ce mouvement
artistique, en plongeant le spectateur au cœur des grands défilés new-
yorkais avec ses « cinemagraphs ». La Fashion Week est montrée avec son
agitation, sa démesure, son souci du détail …
22. 3) UNE NOUVELLE FORME D’ART
Les artistes se sont ensuite mis à animer des œuvres célèbres, comme celles de Van
Gogh ou de Banksy.
23. 3) UNE NOUVELLE FORME D’ART
Début 2014, la Saatchi
Gallery à Londres s’est
associée à Google+ pour
lancer le « Motion
Photography Prize ».
24. 3) UNE NOUVELLE FORME D’ART
Émergent les premières expositions dans le monde.
Katrina Sluis a demandé, pour son exposition, à de
nombreux artistes de créer des GIFs, pour montrer la
diversité d’œuvres qui peuvent en découler.
L’art et les nouvelles technologies ne s’opposent pas,
qu’il n’y a pas forcément une perte d’aura de l’œuvre
et il faut faire évoluer les pratiques, ne pas rester
bloqué par le caractère « sacré » que peut
représenter le musée. Il y a une continuité. Les
musées vont devoir s’adapter car le GIF semble bien
être une évolution de l’art.