SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  7
Télécharger pour lire hors ligne
1
2
Les difficultés d’évaluation des actions de préférence en Droit OHADA1
.
Par Ibrahima DIALLO
Ingénieur Patrimonial
Master 2 Droit Notarial
Diplôme Universitaire de 3ème
cycle en évaluation et transmission d’entreprise
Université Toulouse 1 Capitole
Administrateur Général CGP AFRIQUE
E-mail : papisdialo73@gmail.com
« Les investisseurs en ont réclamé, les juristes leur en ont offert, mais les actions de
préférence se sont révélées comme de véritables « patates chaudes » entre les mains
des financiers et des fiscalistes. A la complexité de la détermination de la valeur de
l’entreprise, vient se greffer celle de la valeur qu’il convient de donner à des titres
sociaux dont les prérogatives financières et politiques sont foncièrement
hétérogènes. La question est toute simple : faut-il attribuer la même valeur aux
« actions ordinaires » qu’aux actions de préférence ? Telle est la problématique que
nous comptons exposer après avoir fait une présentation des droits et avantages
pratiques (surtout pour l’industrie du private-équity) que confèrent les actions de
préférence »
L’une des innovations majeures de l’Acte Uniforme portant droit des sociétés commerciales
et du GIE révisé le 10 janvier 2014, a sans doute était la consécration des actions de
préférence. A la différence des « actions ordinaires » qui offrent des droits uniformes,
identiques et proportionnels à l’apport réalisé (55% du capital donnent droit à 55% des
bénéfices, 55% des réserves, 55% du boni de liquidation…), les actions de préférence
permettent quant à elles une modulation des prérogatives pécuniaires et extra-pécuniaires
attachées aux actions ordinaires en fonction des besoins de l’investisseur ou de la société. Il
est donc désormais possible d’augmenter, de réduire, d’aménager, de suspendre ou de
supprimer des droits adossés à une action classique. C’est ce qui résulte des dispositions de
l’article 778-1 (AUDSC-GIE) qui prévoit que « Lors de la constitution de la société ou au
cours de son existence, il peut être créé des actions de préférence, avec ou sans droit
1
Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires.
3
de vote, assorties de droits particuliers de toute nature, à titre temporaire ou
permanent …
Compte tenu de la nouveauté de ces titres financiers dans l’espace OHADA, il nous semble,
tout d’abord, important de préciser les droits qu’ils confèrent (I) de même que les nombreux
atouts qu’ils présentent sur le plan pratique (II) avant d’aborder la problématique de leur
valorisation (III).
I. Les prérogatives que confèrent les actions de préférence
Précisons tout d’abord que seules les S.A et les S.A.S peuvent émettre des actions de
préférence sur décision de l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires (AUDSC-
GIE Art. 778-2). Cette décision est précédée du rapport du commissaire aux avantages
particuliers (commissaire aux comptes) qui exposent à l’attention des actionnaires les
caractéristiques propres des actions de préférence à émettre (Art. 778-3) Cela dit, les
dispositions de l’article 778-1 semblent permettre :
1. Une augmentation de droits pécuniaires ou extra-pécuniaires. Sous ce rapport la
palette des droits susceptibles d’être augmentés est fonction de la créativité des
praticiens et des besoins de l’investisseur. Ces quels que exemples non exhaustifs
donnent un aperçu du champ des possibilités:
 dividendes préciputaires, c’est à dire distribués prioritairement aux détenteurs
d’actions de préférence avant tous autres actionnaires,
 dividendes cumulatifs (le montant des dividendes non versés lors d’un exercice
déficitaire peut-être cumulé avec les dividendes payés au cours des exercices
ultérieurs)
 dividendes majorés (30% du capital ouvrent droit à 45 % des bénéfices, cela pour
permettre à un investisseur financier de doper son taux de rentabilité durant la
période d’investissement)
 droits pécuniaires augmentés "hors dividende" (boni de liquidation, droit sur les
réserves, garanties ou prêts consentis par la société…).
 S'agissant des droits extra-pécuniaires, il peut s'agir du droit de vote double, du
droit à l'information privilégiée et rapprochée (reporting trimestriel, clause
d’audit…), d’une dispense d'agrément ou de préemption….
2. Une réduction des droits pécuniaires ou extra-pécuniaires. De notre point de vue
cette réduction ne peut s'envisager que si en contrepartie, des droits sont créés ou
augmentés sur un autre plan. Il en est ainsi d’une action au droit de vote suspendu ou
supprimé en contrepartie de dividendes préciputaires et majorés. La réduction de
droits, hors droits de vote, peut concerner les droits pécuniaires notamment des
4
obligations particulières liées à la cession des droits: agrément, préemption,
instauration d'une clause de subordination du remboursement du nominal…
3. Une modulation de la durée des droits réduits ou augmentés. Le texte de l'article
778-1 prévoit que les droits particuliers de toute nature sont attribués à titre
temporaire ou permanent ce qui laisse à la société une très grande marge en terme
d’aménagement des droits pécuniaires et extra-pécuniaires. Exemple: Attraire des
fonds propres par un dividende majoré et préciputaire sur une période de 5 ans et
assorti d’une suppression du droit de vote (intéressant pour un capital-investisseur).
Toutefois dans ce cas d’espèce, la question est de savoir si au terme de la période de
référence les actions redeviennent des actions ordinaires ? Selon nous, les actions de
préférence à la différence des avantages particuliers, consentis intuitu personae, sont
transmises au cessionnaire avec tous leurs accessoires quand bien même elles
seraient soumises à la procédure des avantages particuliers. Par conséquent elles
devraient conserver toutes leurs caractéristiques en dépit de l’arrivée d’un terme
initialement prévu ou de leur cession à un tiers.
Les seules limites fixées aux actions de préférence sont:
 l'interdiction des clauses léonines (attribuer tous les dividendes à un actionnaire ou
lui en priver entièrement. Faire supporter toute la perte à un seul actionnaire ou lui en
dispenser totalement)
 Le quantum des actions dépourvues de droit de vote (50% au plus pour les
sociétés non côtées et 25% pour les sociétés admises à la côte officielle d'une bourse)
 L'intangibilité du droit de participation (l'actionnaire doit pouvoir au moins participer
aux assemblées et recevoir l'information légale quand bien même son droit serait
suspendu ou supprimé).
 L’interdiction de verser des dividendes fictifs (absence de bénéfices distribuables
lors d’un exercice)
 L’obligation d’une préférence : Il ne semble pas admissible, de notre point de vue,
de dépouiller un actionnaire de tout ou partie de ses droits pécuniaires et politiques.
Des avantages préférentiels doivent lui être octroyés en contrepartie d’une privation de
droits sur un autre plan.
II. Intérêts pratiques des actions de préférence
Plusieurs avantages sont à relever pour la société. D’abord en émettant de tels titres
financiers amputés des droits de vote, la société se pourvoit en fonds propres nécessaires à
la réalisation de ses projets de développement sans compromettre l’équilibre des pouvoirs
5
de décision au sein des assemblées générales d’actionnaires (ce qui est de nature à
encourager les dirigeants de PME africaines qui craignent souvent une perte de contrôle de
leur entreprise). C’est aussi un excellent mécanisme permettant de faire entrer des
opérateurs en capital-investissement dans le capital d’une société. En effet, pour faire
face à leur statut d’actionnaires souvent minoritaires, ces investisseurs négocient au moment
de leur prise de participation certains avantages, notamment la délivrance d’informations
privilégiées et rapprochées, un droit de véto sur certaines décisions importantes, un siège au
sein des organes direction…. L’intérêt de prévoir ces avantages spécifiques dans ces
actions et donc dans les statuts est de les rendre opposables erga omnes (à tous),
contrairement aux pactes d’actionnaires dont les stipulations ne peuvent être opposées
qu’aux parties qui les ont souscrites (même si pour des raisons de confidentialité, les pactes
d’actionnaires peuvent avoir un intérêt évident). Enfin ces actions de préférence sont un bon
moyen de défense anti OPA2
dans la mesure où il est possible d’émettre un « capital muet
» (sans droit de vote). Or les initiateurs d’une OPA sont plutôt intéressés par le capital
donnant accès au droit de vote en vue d’évincer les dirigeants et de mettre en œuvre leur
propre système de gouvernance. Inversement le moyen de défense peut également
consister à octroyer aux actionnaires réputés les plus fidèles des actions à droit de vote
double (S.A) ou multiple (S.A.S).
III. La problématique liée à la valorisation des actions de préférence
En dépit de leurs nombreux avantages, les actions de préférence posent de véritables
problèmes d'évaluation au plan patrimonial et fiscal. La question est de savoir s'il est
pertinent d'attribuer la même valeur aux actions ordinaires qu’aux actions de préférence?
Classiquement, dans les sociétés non cotées, pour déterminer la valeur d'une action, il suffit
de diviser la valeur globale de l'entreprise par le nombre d'actions composant le capital. Mais
cela suppose que les actions soient homogènes et comparables quant aux droits pécuniaires
et politiques qu'elles offrent, ce qui n'est pas le cas des actions de préférence. Certaines
règles traditionnelles du droit des sociétés comme celle de la proportionnalité s'en trouve
profondément bouleverser. Peut-on soutenir valablement qu'en détenant 55% du capital
d'une S.A, on en détient par conséquent toute la puissance financière et politique en
présence d'actions de préférence octroyant des droits particuliers majorés?
Une action à droit de vote simple dotée d'un dividende préciputaire a-t-elle la même valeur
qu'une action à droit de vote double mais à dividende subordonné? Une action à dividende
2
Offre Publique d’Achat
6
majoré et préciputaire avec un droit de vote suspendu ou supprimé a-t-elle la même valeur
qu'une action ordinaire?
Il est vrai qu'il pourrait venir à l'esprit de certains de soutenir que pour valoriser les actions
quelles qu'elles soient, il suffit de s'en référer uniquement aux droits pécuniaires
mathématiquement évaluables, abstraction faite de la valorisation des droits extra-
pécuniaires qui conformément à l'orthodoxie juridique ne sont pas susceptibles d'une
évaluation pécuniaire. Une telle conclusion serait inappropriée de notre point de vue, car il
serait inconséquent d'affirmer que des droits qui confèrent le pouvoir de définir les
orientations stratégiques d'une entreprise, celui de pouvoir décider de la distribution ou de la
mise en réserve des bénéfices d'un exercice, celui de pouvoir décider de la fusion, de la
cession d’une branche d’activité…. sont dépourvus de valeur.
D'autres encore pourraient proposer de s'en référer à la valeur nominale du titre, mais nous
estimons qu'une telle approche est à la fois simpliste et irréaliste étant donné que cette
valeur ne traduit que celle de l'apport.
La problématique de la valorisation des titres sociaux transparait également et de façon
inévitable sur le plan fiscal. Quelle assiette retenir pour calculer les plus-values résultant
de la cession d'actions de préférence assortie de droits particuliers? Comment déterminer
l'assiette taxable des droits de mutation à titre onéreux ou à titre gratuit des actions
d'une S.A comportant des actions de préférence? Sous ce rapport la doctrine administrative
est attendue avec impatience.
En ce qui nous concerne, nous pensons que la valeur unitaire de l’action de préférence
dégagée sur la base de la valeur globale de l’entreprise doit être affinée pour tenir compte
des dispositions légales, règlementaires et statutaires ayant pour effet d’entrainer une
décote ou une surcote du titre en fonction des restrictions (suspension du droit de vote,
agrément, préemption) ou des avantages particuliers qui lui sont associés (dividende majoré
et préciputaire, droit de vote double…). La même démarche est préconisée en France par
l’Administration Fiscale qui admet une décote d’illiquidité sur des titres dont la cession est
soumise à un agrément légal ou statutaire3
. Cela dit, toute la difficulté réside dans le choix du
taux permettant d’accroitre ou de baisser la valeur vénale du titre en fonction de ses
caractéristiques.
A travers cet article, notre propos n'est pas de proposer des solutions toutes faites- nous
n’en n'avons pas la prétention-, mais plutôt de susciter la réflexion afin que les uns et les
3
L’évaluation des entreprises et des titres de sociétés, Direction des Finances Publiques, version 2006
7
autres puissent apporter des réponses idoines à une problématique qui loin d'être théorique
et éminemment pratique.

Contenu connexe

Tendances

Le statut juridique pour une start up (présentation cogite)
Le statut juridique pour une start up (présentation cogite)Le statut juridique pour une start up (présentation cogite)
Le statut juridique pour une start up (présentation cogite)Cogite coworking space
 
Déjeuner du GATE Spécial RH | Stratégies de rémunération
Déjeuner du GATE Spécial RH | Stratégies de rémunérationDéjeuner du GATE Spécial RH | Stratégies de rémunération
Déjeuner du GATE Spécial RH | Stratégies de rémunérationSherbrooke Innopole
 
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016Fabienne HOCQUET
 
Formation Quel statut juridique pour mon entreprise ?
Formation Quel statut juridique pour mon entreprise ?Formation Quel statut juridique pour mon entreprise ?
Formation Quel statut juridique pour mon entreprise ?Grain Incubation
 
Prévoyance des PME, Agefi magazine, Jérôme Chevallerau octobre 2015
Prévoyance des PME, Agefi magazine, Jérôme Chevallerau octobre 2015Prévoyance des PME, Agefi magazine, Jérôme Chevallerau octobre 2015
Prévoyance des PME, Agefi magazine, Jérôme Chevallerau octobre 2015Jérôme Chevallerau
 
Fiche pratique Croissanceplus sur la cession - transmission d'entreprise
Fiche pratique Croissanceplus sur la cession - transmission d'entrepriseFiche pratique Croissanceplus sur la cession - transmission d'entreprise
Fiche pratique Croissanceplus sur la cession - transmission d'entrepriseCroissancePlus
 
Distribution des dividendes
Distribution des dividendesDistribution des dividendes
Distribution des dividendesayoub youssfi
 
Quel statut pour les entrepreneurs du numérique ?
Quel statut pour les entrepreneurs du numérique ?Quel statut pour les entrepreneurs du numérique ?
Quel statut pour les entrepreneurs du numérique ?Aquinum
 
Fidal presse 18012010_option_finance
Fidal presse 18012010_option_financeFidal presse 18012010_option_finance
Fidal presse 18012010_option_financeAsmaa Amghar
 
La réforme du droit des sociétés et des associations
La réforme du droit des sociétés et des associationsLa réforme du droit des sociétés et des associations
La réforme du droit des sociétés et des associationsForums financiers de Wallonie
 
Le financement de la reprise
Le financement de la repriseLe financement de la reprise
Le financement de la repriseFannyJack
 
Aperçu attribuer des actions gratuites
Aperçu attribuer des actions gratuitesAperçu attribuer des actions gratuites
Aperçu attribuer des actions gratuitesSophie Roy
 
Séance 2.1 Business Finance
Séance 2.1 Business FinanceSéance 2.1 Business Finance
Séance 2.1 Business Financesciafrique
 

Tendances (17)

Le statut juridique pour une start up (présentation cogite)
Le statut juridique pour une start up (présentation cogite)Le statut juridique pour une start up (présentation cogite)
Le statut juridique pour une start up (présentation cogite)
 
Déjeuner du GATE Spécial RH | Stratégies de rémunération
Déjeuner du GATE Spécial RH | Stratégies de rémunérationDéjeuner du GATE Spécial RH | Stratégies de rémunération
Déjeuner du GATE Spécial RH | Stratégies de rémunération
 
ARTICLE LA RETRAITE DES DIRIGEANTS
ARTICLE LA RETRAITE DES DIRIGEANTSARTICLE LA RETRAITE DES DIRIGEANTS
ARTICLE LA RETRAITE DES DIRIGEANTS
 
La politique de dividende
La politique de dividende La politique de dividende
La politique de dividende
 
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016
 
Formation Quel statut juridique pour mon entreprise ?
Formation Quel statut juridique pour mon entreprise ?Formation Quel statut juridique pour mon entreprise ?
Formation Quel statut juridique pour mon entreprise ?
 
Prévoyance des PME, Agefi magazine, Jérôme Chevallerau octobre 2015
Prévoyance des PME, Agefi magazine, Jérôme Chevallerau octobre 2015Prévoyance des PME, Agefi magazine, Jérôme Chevallerau octobre 2015
Prévoyance des PME, Agefi magazine, Jérôme Chevallerau octobre 2015
 
Fiche pratique Croissanceplus sur la cession - transmission d'entreprise
Fiche pratique Croissanceplus sur la cession - transmission d'entrepriseFiche pratique Croissanceplus sur la cession - transmission d'entreprise
Fiche pratique Croissanceplus sur la cession - transmission d'entreprise
 
Amfp insights juin 2016 - n2 - Takaful
Amfp insights   juin 2016 - n2 - TakafulAmfp insights   juin 2016 - n2 - Takaful
Amfp insights juin 2016 - n2 - Takaful
 
Journée d'étude takaful amfp le 07 jan 2016
Journée d'étude takaful amfp le 07 jan 2016Journée d'étude takaful amfp le 07 jan 2016
Journée d'étude takaful amfp le 07 jan 2016
 
Distribution des dividendes
Distribution des dividendesDistribution des dividendes
Distribution des dividendes
 
Quel statut pour les entrepreneurs du numérique ?
Quel statut pour les entrepreneurs du numérique ?Quel statut pour les entrepreneurs du numérique ?
Quel statut pour les entrepreneurs du numérique ?
 
Fidal presse 18012010_option_finance
Fidal presse 18012010_option_financeFidal presse 18012010_option_finance
Fidal presse 18012010_option_finance
 
La réforme du droit des sociétés et des associations
La réforme du droit des sociétés et des associationsLa réforme du droit des sociétés et des associations
La réforme du droit des sociétés et des associations
 
Le financement de la reprise
Le financement de la repriseLe financement de la reprise
Le financement de la reprise
 
Aperçu attribuer des actions gratuites
Aperçu attribuer des actions gratuitesAperçu attribuer des actions gratuites
Aperçu attribuer des actions gratuites
 
Séance 2.1 Business Finance
Séance 2.1 Business FinanceSéance 2.1 Business Finance
Séance 2.1 Business Finance
 

Similaire à Les difficultés d'évaluation des actions de préférence

Comptabilité des société
Comptabilité des sociétéComptabilité des société
Comptabilité des sociétéJamal Ait Ahmid
 
FIDDAYS - Le pacte d'associes : Interets et points de vigilance
FIDDAYS - Le pacte d'associes : Interets et points de vigilanceFIDDAYS - Le pacte d'associes : Interets et points de vigilance
FIDDAYS - Le pacte d'associes : Interets et points de vigilanceFIDAQUITAINE
 
TRANSMISSION REPRISE - Monter son dossier : Montage par holding
TRANSMISSION REPRISE - Monter son dossier : Montage par holdingTRANSMISSION REPRISE - Monter son dossier : Montage par holding
TRANSMISSION REPRISE - Monter son dossier : Montage par holdingCCI Entreprendre
 
H2010-1-2296745.H10Seance1-Introduction.ppt
H2010-1-2296745.H10Seance1-Introduction.pptH2010-1-2296745.H10Seance1-Introduction.ppt
H2010-1-2296745.H10Seance1-Introduction.ppttoutou0071
 
Exposé Droit des Sociétés ACG 2022-2023.pptx
Exposé Droit des Sociétés ACG 2022-2023.pptxExposé Droit des Sociétés ACG 2022-2023.pptx
Exposé Droit des Sociétés ACG 2022-2023.pptxIliasAzami
 
Les sociétés holding
Les sociétés holdingLes sociétés holding
Les sociétés holdingYousra Rahmani
 
Innovations juridiques récentes suceptibles d'intéresser le marché du private...
Innovations juridiques récentes suceptibles d'intéresser le marché du private...Innovations juridiques récentes suceptibles d'intéresser le marché du private...
Innovations juridiques récentes suceptibles d'intéresser le marché du private...VTM Conseil
 
Aperçu du kit Régime social et fiscal des stock-options
Aperçu du kit Régime social et fiscal des stock-optionsAperçu du kit Régime social et fiscal des stock-options
Aperçu du kit Régime social et fiscal des stock-optionsSophie Roy
 
Investir quand on est une association une fondation ou une autre institution...
Investir quand on est une association  une fondation ou une autre institution...Investir quand on est une association  une fondation ou une autre institution...
Investir quand on est une association une fondation ou une autre institution...Groupe SFC, cabinet d'expertise comptable
 
Code de gouvernement_entreprises_afep_medef_juin_2013
Code de gouvernement_entreprises_afep_medef_juin_2013Code de gouvernement_entreprises_afep_medef_juin_2013
Code de gouvernement_entreprises_afep_medef_juin_2013Société Tripalio
 
Aperçu épargne salariale à qui s'adresser pour quels placements
Aperçu épargne salariale à qui s'adresser pour quels placementsAperçu épargne salariale à qui s'adresser pour quels placements
Aperçu épargne salariale à qui s'adresser pour quels placementsSophie Roy
 
L'optimisation de la trésorerie d'entreprise
L'optimisation de la trésorerie d'entrepriseL'optimisation de la trésorerie d'entreprise
L'optimisation de la trésorerie d'entrepriseFabrice Haehl
 
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016Interface ULg, LIEGE science park
 
Avocats : Quelle structure pour s'installer ?
Avocats : Quelle structure pour s'installer ?Avocats : Quelle structure pour s'installer ?
Avocats : Quelle structure pour s'installer ?Audrey Chemouli
 
earlegal #3 - Financez votre innovation grâce au plan start-up et au crowdfun...
earlegal #3 - Financez votre innovation grâce au plan start-up et au crowdfun...earlegal #3 - Financez votre innovation grâce au plan start-up et au crowdfun...
earlegal #3 - Financez votre innovation grâce au plan start-up et au crowdfun...Lexing - Belgium
 
BSA, BSPCE, actions gratuites ? Comment motiver ses salariés dans une start-u...
BSA, BSPCE, actions gratuites ? Comment motiver ses salariés dans une start-u...BSA, BSPCE, actions gratuites ? Comment motiver ses salariés dans une start-u...
BSA, BSPCE, actions gratuites ? Comment motiver ses salariés dans une start-u...Marseille Innovation
 

Similaire à Les difficultés d'évaluation des actions de préférence (20)

2 dif
2 dif2 dif
2 dif
 
Comptabilité des société
Comptabilité des sociétéComptabilité des société
Comptabilité des société
 
FIDDAYS - Le pacte d'associes : Interets et points de vigilance
FIDDAYS - Le pacte d'associes : Interets et points de vigilanceFIDDAYS - Le pacte d'associes : Interets et points de vigilance
FIDDAYS - Le pacte d'associes : Interets et points de vigilance
 
TRANSMISSION REPRISE - Monter son dossier : Montage par holding
TRANSMISSION REPRISE - Monter son dossier : Montage par holdingTRANSMISSION REPRISE - Monter son dossier : Montage par holding
TRANSMISSION REPRISE - Monter son dossier : Montage par holding
 
H2010-1-2296745.H10Seance1-Introduction.ppt
H2010-1-2296745.H10Seance1-Introduction.pptH2010-1-2296745.H10Seance1-Introduction.ppt
H2010-1-2296745.H10Seance1-Introduction.ppt
 
Les clés d’un carve-out réussi
Les clés d’un carve-out réussi Les clés d’un carve-out réussi
Les clés d’un carve-out réussi
 
Exposé Droit des Sociétés ACG 2022-2023.pptx
Exposé Droit des Sociétés ACG 2022-2023.pptxExposé Droit des Sociétés ACG 2022-2023.pptx
Exposé Droit des Sociétés ACG 2022-2023.pptx
 
Les sociétés holding
Les sociétés holdingLes sociétés holding
Les sociétés holding
 
Innovations juridiques récentes suceptibles d'intéresser le marché du private...
Innovations juridiques récentes suceptibles d'intéresser le marché du private...Innovations juridiques récentes suceptibles d'intéresser le marché du private...
Innovations juridiques récentes suceptibles d'intéresser le marché du private...
 
Aperçu du kit Régime social et fiscal des stock-options
Aperçu du kit Régime social et fiscal des stock-optionsAperçu du kit Régime social et fiscal des stock-options
Aperçu du kit Régime social et fiscal des stock-options
 
Investir quand on est une association une fondation ou une autre institution...
Investir quand on est une association  une fondation ou une autre institution...Investir quand on est une association  une fondation ou une autre institution...
Investir quand on est une association une fondation ou une autre institution...
 
Code de gouvernement_entreprises_afep_medef_juin_2013
Code de gouvernement_entreprises_afep_medef_juin_2013Code de gouvernement_entreprises_afep_medef_juin_2013
Code de gouvernement_entreprises_afep_medef_juin_2013
 
Aperçu épargne salariale à qui s'adresser pour quels placements
Aperçu épargne salariale à qui s'adresser pour quels placementsAperçu épargne salariale à qui s'adresser pour quels placements
Aperçu épargne salariale à qui s'adresser pour quels placements
 
L'optimisation de la trésorerie d'entreprise
L'optimisation de la trésorerie d'entrepriseL'optimisation de la trésorerie d'entreprise
L'optimisation de la trésorerie d'entreprise
 
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016
Conflits entre actionnaires - Le Point du LIEGE sceicne park - 25 novembre 2016
 
Club fiscal holding v10 dom
Club fiscal holding v10 domClub fiscal holding v10 dom
Club fiscal holding v10 dom
 
Avocats : Quelle structure pour s'installer ?
Avocats : Quelle structure pour s'installer ?Avocats : Quelle structure pour s'installer ?
Avocats : Quelle structure pour s'installer ?
 
earlegal #3 - Financez votre innovation grâce au plan start-up et au crowdfun...
earlegal #3 - Financez votre innovation grâce au plan start-up et au crowdfun...earlegal #3 - Financez votre innovation grâce au plan start-up et au crowdfun...
earlegal #3 - Financez votre innovation grâce au plan start-up et au crowdfun...
 
BSA, BSPCE, actions gratuites ? Comment motiver ses salariés dans une start-u...
BSA, BSPCE, actions gratuites ? Comment motiver ses salariés dans une start-u...BSA, BSPCE, actions gratuites ? Comment motiver ses salariés dans une start-u...
BSA, BSPCE, actions gratuites ? Comment motiver ses salariés dans une start-u...
 
Actualité de la holding animatrice - 2021 06 03
Actualité de la holding animatrice - 2021 06 03Actualité de la holding animatrice - 2021 06 03
Actualité de la holding animatrice - 2021 06 03
 

Les difficultés d'évaluation des actions de préférence

  • 1. 1
  • 2. 2 Les difficultés d’évaluation des actions de préférence en Droit OHADA1 . Par Ibrahima DIALLO Ingénieur Patrimonial Master 2 Droit Notarial Diplôme Universitaire de 3ème cycle en évaluation et transmission d’entreprise Université Toulouse 1 Capitole Administrateur Général CGP AFRIQUE E-mail : papisdialo73@gmail.com « Les investisseurs en ont réclamé, les juristes leur en ont offert, mais les actions de préférence se sont révélées comme de véritables « patates chaudes » entre les mains des financiers et des fiscalistes. A la complexité de la détermination de la valeur de l’entreprise, vient se greffer celle de la valeur qu’il convient de donner à des titres sociaux dont les prérogatives financières et politiques sont foncièrement hétérogènes. La question est toute simple : faut-il attribuer la même valeur aux « actions ordinaires » qu’aux actions de préférence ? Telle est la problématique que nous comptons exposer après avoir fait une présentation des droits et avantages pratiques (surtout pour l’industrie du private-équity) que confèrent les actions de préférence » L’une des innovations majeures de l’Acte Uniforme portant droit des sociétés commerciales et du GIE révisé le 10 janvier 2014, a sans doute était la consécration des actions de préférence. A la différence des « actions ordinaires » qui offrent des droits uniformes, identiques et proportionnels à l’apport réalisé (55% du capital donnent droit à 55% des bénéfices, 55% des réserves, 55% du boni de liquidation…), les actions de préférence permettent quant à elles une modulation des prérogatives pécuniaires et extra-pécuniaires attachées aux actions ordinaires en fonction des besoins de l’investisseur ou de la société. Il est donc désormais possible d’augmenter, de réduire, d’aménager, de suspendre ou de supprimer des droits adossés à une action classique. C’est ce qui résulte des dispositions de l’article 778-1 (AUDSC-GIE) qui prévoit que « Lors de la constitution de la société ou au cours de son existence, il peut être créé des actions de préférence, avec ou sans droit 1 Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires.
  • 3. 3 de vote, assorties de droits particuliers de toute nature, à titre temporaire ou permanent … Compte tenu de la nouveauté de ces titres financiers dans l’espace OHADA, il nous semble, tout d’abord, important de préciser les droits qu’ils confèrent (I) de même que les nombreux atouts qu’ils présentent sur le plan pratique (II) avant d’aborder la problématique de leur valorisation (III). I. Les prérogatives que confèrent les actions de préférence Précisons tout d’abord que seules les S.A et les S.A.S peuvent émettre des actions de préférence sur décision de l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires (AUDSC- GIE Art. 778-2). Cette décision est précédée du rapport du commissaire aux avantages particuliers (commissaire aux comptes) qui exposent à l’attention des actionnaires les caractéristiques propres des actions de préférence à émettre (Art. 778-3) Cela dit, les dispositions de l’article 778-1 semblent permettre : 1. Une augmentation de droits pécuniaires ou extra-pécuniaires. Sous ce rapport la palette des droits susceptibles d’être augmentés est fonction de la créativité des praticiens et des besoins de l’investisseur. Ces quels que exemples non exhaustifs donnent un aperçu du champ des possibilités:  dividendes préciputaires, c’est à dire distribués prioritairement aux détenteurs d’actions de préférence avant tous autres actionnaires,  dividendes cumulatifs (le montant des dividendes non versés lors d’un exercice déficitaire peut-être cumulé avec les dividendes payés au cours des exercices ultérieurs)  dividendes majorés (30% du capital ouvrent droit à 45 % des bénéfices, cela pour permettre à un investisseur financier de doper son taux de rentabilité durant la période d’investissement)  droits pécuniaires augmentés "hors dividende" (boni de liquidation, droit sur les réserves, garanties ou prêts consentis par la société…).  S'agissant des droits extra-pécuniaires, il peut s'agir du droit de vote double, du droit à l'information privilégiée et rapprochée (reporting trimestriel, clause d’audit…), d’une dispense d'agrément ou de préemption…. 2. Une réduction des droits pécuniaires ou extra-pécuniaires. De notre point de vue cette réduction ne peut s'envisager que si en contrepartie, des droits sont créés ou augmentés sur un autre plan. Il en est ainsi d’une action au droit de vote suspendu ou supprimé en contrepartie de dividendes préciputaires et majorés. La réduction de droits, hors droits de vote, peut concerner les droits pécuniaires notamment des
  • 4. 4 obligations particulières liées à la cession des droits: agrément, préemption, instauration d'une clause de subordination du remboursement du nominal… 3. Une modulation de la durée des droits réduits ou augmentés. Le texte de l'article 778-1 prévoit que les droits particuliers de toute nature sont attribués à titre temporaire ou permanent ce qui laisse à la société une très grande marge en terme d’aménagement des droits pécuniaires et extra-pécuniaires. Exemple: Attraire des fonds propres par un dividende majoré et préciputaire sur une période de 5 ans et assorti d’une suppression du droit de vote (intéressant pour un capital-investisseur). Toutefois dans ce cas d’espèce, la question est de savoir si au terme de la période de référence les actions redeviennent des actions ordinaires ? Selon nous, les actions de préférence à la différence des avantages particuliers, consentis intuitu personae, sont transmises au cessionnaire avec tous leurs accessoires quand bien même elles seraient soumises à la procédure des avantages particuliers. Par conséquent elles devraient conserver toutes leurs caractéristiques en dépit de l’arrivée d’un terme initialement prévu ou de leur cession à un tiers. Les seules limites fixées aux actions de préférence sont:  l'interdiction des clauses léonines (attribuer tous les dividendes à un actionnaire ou lui en priver entièrement. Faire supporter toute la perte à un seul actionnaire ou lui en dispenser totalement)  Le quantum des actions dépourvues de droit de vote (50% au plus pour les sociétés non côtées et 25% pour les sociétés admises à la côte officielle d'une bourse)  L'intangibilité du droit de participation (l'actionnaire doit pouvoir au moins participer aux assemblées et recevoir l'information légale quand bien même son droit serait suspendu ou supprimé).  L’interdiction de verser des dividendes fictifs (absence de bénéfices distribuables lors d’un exercice)  L’obligation d’une préférence : Il ne semble pas admissible, de notre point de vue, de dépouiller un actionnaire de tout ou partie de ses droits pécuniaires et politiques. Des avantages préférentiels doivent lui être octroyés en contrepartie d’une privation de droits sur un autre plan. II. Intérêts pratiques des actions de préférence Plusieurs avantages sont à relever pour la société. D’abord en émettant de tels titres financiers amputés des droits de vote, la société se pourvoit en fonds propres nécessaires à la réalisation de ses projets de développement sans compromettre l’équilibre des pouvoirs
  • 5. 5 de décision au sein des assemblées générales d’actionnaires (ce qui est de nature à encourager les dirigeants de PME africaines qui craignent souvent une perte de contrôle de leur entreprise). C’est aussi un excellent mécanisme permettant de faire entrer des opérateurs en capital-investissement dans le capital d’une société. En effet, pour faire face à leur statut d’actionnaires souvent minoritaires, ces investisseurs négocient au moment de leur prise de participation certains avantages, notamment la délivrance d’informations privilégiées et rapprochées, un droit de véto sur certaines décisions importantes, un siège au sein des organes direction…. L’intérêt de prévoir ces avantages spécifiques dans ces actions et donc dans les statuts est de les rendre opposables erga omnes (à tous), contrairement aux pactes d’actionnaires dont les stipulations ne peuvent être opposées qu’aux parties qui les ont souscrites (même si pour des raisons de confidentialité, les pactes d’actionnaires peuvent avoir un intérêt évident). Enfin ces actions de préférence sont un bon moyen de défense anti OPA2 dans la mesure où il est possible d’émettre un « capital muet » (sans droit de vote). Or les initiateurs d’une OPA sont plutôt intéressés par le capital donnant accès au droit de vote en vue d’évincer les dirigeants et de mettre en œuvre leur propre système de gouvernance. Inversement le moyen de défense peut également consister à octroyer aux actionnaires réputés les plus fidèles des actions à droit de vote double (S.A) ou multiple (S.A.S). III. La problématique liée à la valorisation des actions de préférence En dépit de leurs nombreux avantages, les actions de préférence posent de véritables problèmes d'évaluation au plan patrimonial et fiscal. La question est de savoir s'il est pertinent d'attribuer la même valeur aux actions ordinaires qu’aux actions de préférence? Classiquement, dans les sociétés non cotées, pour déterminer la valeur d'une action, il suffit de diviser la valeur globale de l'entreprise par le nombre d'actions composant le capital. Mais cela suppose que les actions soient homogènes et comparables quant aux droits pécuniaires et politiques qu'elles offrent, ce qui n'est pas le cas des actions de préférence. Certaines règles traditionnelles du droit des sociétés comme celle de la proportionnalité s'en trouve profondément bouleverser. Peut-on soutenir valablement qu'en détenant 55% du capital d'une S.A, on en détient par conséquent toute la puissance financière et politique en présence d'actions de préférence octroyant des droits particuliers majorés? Une action à droit de vote simple dotée d'un dividende préciputaire a-t-elle la même valeur qu'une action à droit de vote double mais à dividende subordonné? Une action à dividende 2 Offre Publique d’Achat
  • 6. 6 majoré et préciputaire avec un droit de vote suspendu ou supprimé a-t-elle la même valeur qu'une action ordinaire? Il est vrai qu'il pourrait venir à l'esprit de certains de soutenir que pour valoriser les actions quelles qu'elles soient, il suffit de s'en référer uniquement aux droits pécuniaires mathématiquement évaluables, abstraction faite de la valorisation des droits extra- pécuniaires qui conformément à l'orthodoxie juridique ne sont pas susceptibles d'une évaluation pécuniaire. Une telle conclusion serait inappropriée de notre point de vue, car il serait inconséquent d'affirmer que des droits qui confèrent le pouvoir de définir les orientations stratégiques d'une entreprise, celui de pouvoir décider de la distribution ou de la mise en réserve des bénéfices d'un exercice, celui de pouvoir décider de la fusion, de la cession d’une branche d’activité…. sont dépourvus de valeur. D'autres encore pourraient proposer de s'en référer à la valeur nominale du titre, mais nous estimons qu'une telle approche est à la fois simpliste et irréaliste étant donné que cette valeur ne traduit que celle de l'apport. La problématique de la valorisation des titres sociaux transparait également et de façon inévitable sur le plan fiscal. Quelle assiette retenir pour calculer les plus-values résultant de la cession d'actions de préférence assortie de droits particuliers? Comment déterminer l'assiette taxable des droits de mutation à titre onéreux ou à titre gratuit des actions d'une S.A comportant des actions de préférence? Sous ce rapport la doctrine administrative est attendue avec impatience. En ce qui nous concerne, nous pensons que la valeur unitaire de l’action de préférence dégagée sur la base de la valeur globale de l’entreprise doit être affinée pour tenir compte des dispositions légales, règlementaires et statutaires ayant pour effet d’entrainer une décote ou une surcote du titre en fonction des restrictions (suspension du droit de vote, agrément, préemption) ou des avantages particuliers qui lui sont associés (dividende majoré et préciputaire, droit de vote double…). La même démarche est préconisée en France par l’Administration Fiscale qui admet une décote d’illiquidité sur des titres dont la cession est soumise à un agrément légal ou statutaire3 . Cela dit, toute la difficulté réside dans le choix du taux permettant d’accroitre ou de baisser la valeur vénale du titre en fonction de ses caractéristiques. A travers cet article, notre propos n'est pas de proposer des solutions toutes faites- nous n’en n'avons pas la prétention-, mais plutôt de susciter la réflexion afin que les uns et les 3 L’évaluation des entreprises et des titres de sociétés, Direction des Finances Publiques, version 2006
  • 7. 7 autres puissent apporter des réponses idoines à une problématique qui loin d'être théorique et éminemment pratique.