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LES TRAVAUX DE PERSILES ET DE SIGISMONDE
En colaboración con Susana García Hiernaux
Fictions narratives en prose de l’âge baroque. Répertoire analytique.
Deuxième partie (1611-1623). Sous la direction de Frank Greiner,
Paris: Classiques Garnier, 2014, p. 1051-1053
(ISBN: 978-2-8124-1238-7)
Cervantes (Miguel de), Les travaux de Persiles et de Sigismonde, histoire septentrionale, où parmy les
traverses amoureuses de ce Prince de Tule & de ceste Princesse de Frislandie, sont contenuës plusieurs autres Avantures
de notre temps, non moins rares & memorables, que morales & delicieuses. Composee en Espagnol par MIGUEL DE
CERVANTES SAAVEDRA, & traduite en nostre langue par FRANÇOIS DE ROSSET, Paris, Iean Richer,
1618 [Privilège du Roy, 6 septembre 1617]. [x]-740 p.; in-8. [BnF: 30213271].
Dédicace A MADAME LA DUCHESSE D’USES.
Tables de Chapitres des quatre livres. Chaque chapitre est précédé d’un sommaire ouvrant la
fiction.
Aux Lecteurs Mesdisans.
Privilege du Roy [à la fin de l’ouvrage].
Les travaux de Persiles et de Sigismonde est la dernière œuvre de Cervantès, clairement inspirée des
nouvelles byzantines dont le thème principal est l’amour. Dans cette nouvelle on raconte, en quatre
livres, les histoires de Persiles et de Sigismonde, prince et princesse nordiques qui se font passer pour
frère et sœur sous les noms de Periandre et Auristelle, avant d’arriver à Rome où ils comptent se
marier.
Le livre premier commence lorsque la Demoiselle d’Auristelle et Periandre se rencontrent, tous
deux captifs, dans le bateau d’Arnauld, fils héritier du roi du Danemark. La confidente raconte son
histoire et celle de sa Dame à Periandre (p. 9-14); à son récit, celui-ci apprend que le Prince du
Danemark est en train de chercher Auristelle, comme lui. Il dévoile à la Demoiselle qu’il est le frère
d’Auristelle et qu’il la cherche depuis un an (p. 17).
Arnauld vend Periandre, dûment travesti en femme, à des barbares afin qu’il découvre si sa
bien-aimée se trouve chez eux (p. 25):
Or il avoit auparavant resolu avec Periandre, que s’il n’y etoit forcé par le vent, il ne s’éloigneroit point
de l’Ille, sinon autant qu’il lui seroit necessaire, pour n’estre point descouvert […] et avec le signe que
Periandre dōneroit l’on pourroit sçavoir si Auristelle y etoit ou si elle n’y etoit pas (p. 25).
Quedando concertado entre Periandro y Arnaldo que, si el viento no le forzase, procuraría no desviarse de la isla sino lo
que bastase para no ser de ella descubierto […], que, con la seña que Periandro le hiciese, se sabría el sí o el no del hallazgo
de Auristela. (Éd. Carlos Romero Muñoz, Cátedra, 1997, p. 149).
À partir de ce moment-là, Periandre, qui, effectivement, trouve Auristelle dans l’île des
barbares, se croise avec différents personnages qui lui racontent leurs aventures. Mais Arnauld revient
sur l’île pour récupérer Auristelle (p. 121) et, après de longues conversations, il décide de partir avec
Auristelle et Periandre (p. 132-134). La première nuit du voyage deux soldats essayent de forcer
Auristelle (p. 149-153), ce qui provoque un duel entre deux capitaines du navire; un accident survient
et tous, Arnauld, Auristelle, Periandre et quelques autres personnages, sont transportés sur plusieurs
vaisseaux dans une nouvelle île, celle du roi Polycarpe (p. 169). [Fin du “Livre Premier”].
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Dans le deuxième livre apparaissent beaucoup de personnages nouveaux, ce qui ouvre la voie
à d’autres récits d’aventures, ceux de Polycarpe et de sa fille Symphorose, ceux de Clodio et de
Rutilius, etc. Le noyau de ce livre est l’amour du roi Polycarpe pour Auristelle et de Symphorose pour
Periandre. Suite à une proposition de mariage, Auristelle prétexte l’obligation où elle se trouve
d’épouser Arnauld:
Pour excuser ce peril qui me menace il veut que nous allions avec luy à son Royaume, et là, ayant pris
congé de luy nous prendrons le chemin à Rome pour accomplir un vœu qui nous a fait sortir de nostre
pays. […] Quand nous serons donc libres, ce nous sera une chose bien aysee de retourner sur ceste isle,
là où, ayant trompé les esperances de ce Prince, nous treuverons la fin des nostres: moy en espousant
ton pere, & mon frere en te prenant en mariage (p. 251).
Para escusar este desmán que me amenaza, ordena que nos vamos con él a su reino, desde el cual le pediremos licencia para
irnos a Roma, a cumplir un voto cuyo cumplimiento nos sacó de nuestra tierra. […] Puestos, pues, en nuestra libertad,
fácil cosa será dar la vuelta a esta isla, donde, burlando sus esperanzas, veamos el fin de las nuestras: yo, casándome con
tu padre y, mi hermano, contigo (op. cit., p. 324).
On assiste ensuite au long récit de la vie de Periandre (chap. 12 à 20). Polycarpe, jaloux de ces
aventures et pressé de se marier avec Auristelle, trahit ses hôtes, cependant sa fille les prévient et ils
échappent (p. 347). Arnauld décide que c’est le moment de retourner en Danemark (p. 386-390). [Fin
du “Second Livre”].
Avec ce troisième livre commence le vrai pèlerinage des personnages principaux vers Rome à
travers plusieurs étapes: Lisbonne (p. 394), Guadalupe, (p. 429), Tolède (p. 480), Valence (p. 521),
Barcelone (p. 537) et France (p. 548). Pendant ce long voyage ils font la connaissance de personnages
nouveaux qui racontent leurs aventures. [Fin du “Troisiesme Livre”].
Dans le quatrième livre, avant d’arriver à Rome, Auristelle assure à Periandre la pérennité de
ses amours:
Persiles, ie n’ai jamais eu qu’une volonté: & il y a tantost deux ans que sans y estre forcée, ains de mon
franc arbitre, ie te l’ay donnée. Or elle est maintenant aussi entiere& aussi ferme qu’elle l’etoit le premier
iour que ie t’en fis le possesseur (p. 630).
Sola una voluntad, ¡oh Persiles!, he tenido en toda mi vida, y ésa habrá dos años que la entregué, no forzada, sino de mi
libre albedrío; la cual tan entera y firme está agora como el primer día que te hice soñar della (op. cit., p. 628).
De nouvelles aventures avec des nouveaux personnages surgissent, et les deux amoureux
arrivent finalement à Rome. Le Prince du Danemark, courroucé et jaloux, se bat avec le Duc de
Nemours, qui voulait à tout prix obtenir le portrait où était peinte sa bien-aimée. Suit une longue et
douloureuse maladie d’Auristelle, à l’issue de laquelle est racontée sa véritable identité et celle de
Periandre. Persiles est le Prince du Royaume de Tile (Tule) (p. 721-722), et Auristelle est Sigismonde,
Princesse de Frislandie (p. 722-723); ils sont donc deux nobles habitant deux îles voisines du Nord
de l’Europe. Lorsque Sigismonde n’était qu’une enfant, sa mère l’avait envoyée à Tile pour l’éloigner
de la guerre et pour la marier avec Maximin, frère aîné de Persiles. Apprenant la nouvelle, ce dernier
tomba extrêmement malade et raconta à sa mère, la Reine, son grand malheur (p. 724). La Reine
décida alors de marier Persiles à Sigismonde pour épargner sa vie et décida de les envoyer, tous deux,
à Rome, loin de Maximin, dans l’excuse que Sigismonde devait obtenir la véritable foi catholique. Au
moment du départ, Periandre avait fait à Sigismonde la promesse de ne pas porter atteinte à son
honneur; afin d’éviter des malentendus, ils s’étaient fait passer pour frère et sœur (p. 719-737).
Le roman finit lorsque le Prince Maximin, sur son lit de mort, donne son accord au mariage
de son frère, Persiles, avec la belle Sigismonde (p. 738).
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Sources: Sans aucun souci de vraisemblance historique, le roman se donne pour l’histoire
“septentrionale” de deux jeunes amants, dans le goût des représentations nordiques des voyageurs et
écrivains du XVIIe siècle. Les Éthiopiques d’Héliodore et Les Amours de Leucippé et Clitophon de l’écrivain
grec Achille Tatios (IIe siècle) figurent parmi les modèles de l’ouvrage.
Autres éditions: Les travaux de Persiles et de Sigismonde, histoire septentrionale, où parmi les traverses
amoureuses de ce prince de Tule et de cette princesse de Frislandie, sont contenues plusieurs autres aventures de notre
temps, non moins rares et mémorables que morales et délicieuses. Composée en espagnol par Miguel de Cervantès
Saavedra, et traduite en notre langue par François de Rosset, Paris, J. Richer, 1618, in-8, vi f.-740 p.-i f. Priv.
6 sept. 1617. [BnF: Y². 11020, British Library of London: C.58.bb.15, Cerv.401, Bibliotèque
Universitaire de Barcelone: Cerv. Vitr. II-26].
Traduction moderne: Les travaux de Persille et Sigismonde [Texte imprimé]: histoire septentrionale,
Miguel de Cervantès; trad. et présenté par Maurice Molho, Paris, J. Corti, 1994, 549 p.
Sources: Sans aucun souci de vraisemblance historique, le roman se donne pour l’histoire
“septentrionale” de deux jeunes amants, dans le goût des représentations nordiques des voyageurs et
écrivains du XVIIe siècle. Les Éthiopiques d’Héliodore et Les Amours de Leucippé et Clitophon de l’écrivain
grec Achille Tatios (IIe siècle) figurent parmi les modèles de l’ouvrage.
Bibliographie: Raymond Foulché-Delbosc, Bibliographie hispano-française, 1477-1700, New
York, The Hispanic Society of America, 1912-1914 (réimpr. New York, Kraus Reprint Corporation,
1962), n 988. M. Bardon, “Don Quichotte” en France au XVIIe et au XVIIIe siècle, 1605-1815, Paris, Honoré
Champion, 2 vol., 1931, p. 9 et 39; A. Cioranescu, Bibliographie de la littérature française du dix-septième
siècle, Paris, Centre National de la Recherche Scientifique, 3 vol., 1965-1966: n 60201 et Bibliografía
francoespañola (1600-1715), Madrid, Anejos del Boletín de la Real Academia Española, 1977, n 884; H.
Lafay, La Poésie française du premier XVIIe siècle (1598-1630). Esquisse pour un tableau, Paris, Nizet, 1975,
p. 76; M. Lever, La Fiction narrative en prose au XVIIe siècle. Répertoire bibliographique du genre romanesque en
France (1600-1700), Paris, Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, 1976, p. 407; A.
Howe, “Les sources espagnoles de deux pièces d’Alexandre Hardy: Frégonde et Eusébie et René”, Revue
de Littérature Comparée, 53, 1979, p. 524-529; A. Mansau, “L’espagnolisme, «cette façon de sentir»”, in
L’Âge d’or, éd. Charles Mazouer, 1991 (p. 215), et Littératures Classiques, 13 (p. 110); G. Molinié,
“L’image de l’Espagne dans la culture romanesque baroque”, in L’Âge d’or de l’influence espagnole. La
France et l’Espagne à l’époque d’Anne d’Autriche, 1615-1666. Actes du XXe colloque du C.M.R. 17 (Bordeaux,
25-28 janvier 1990), textes recueillis et publiés par Charles MAZOUER, Mont-de-Marsan, Éditions
InterUniversitaires, 1991, p. 372; J. M. Losada, Bibliographie critique de la littérature espagnole en France au
XVIIe siècle. Présence et influence, Genève, Droz, 1999, n 194.