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bac 2022 - correction SES jour 2
1. BAC GÉNÉRAL 2022
Épreuve de spécialité SES
Jeudi 12 mai
DISSERTATION
Comment peut-on expliquer le commerce international ?
Introduction
Entrée en matière possible : les confinements en Chine compliquent aujourd’hui le fonctionnement
complexe des chaînes de valeur mondiale des firmes multinationales, et le processus de production
dans certains secteurs (dans la high tech et l’informatique notamment).
Définition du mot clé du sujet : le commerce international concerne les opérations d’achats et de
ventes de marchandises réalisées entre économies nationales. Il est mesuré, en valeur et en volume,
par le montant total des exportations ou des importations de marchandises qui sont enregistrées
dans la balance commerciale.
Problématique possible : quels sont les facteurs explicatifs des échanges internationaux entre des
nations hétérogènes en termes de spécialisation internationale, et entre pays comparables ?
I. Le commerce international est déterminé par la spécialisation internationale des nations
A. La spécialisation internationale fondée sur les avantages comparatifs permet un gain mutuel
à l’échange entre les pays.
● Le modèle des avantages comparatifs en économie montre que deux pays ont toujours
intérêt à échanger et à se spécialiser, même si un des deux pays est plus productif que
l’autre dans la fabrication des deux types de biens.
● Cela implique que chaque nation a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle
son coût relatif est plus faible que celui de l’autre pays, et à se procurer le bien qu’elle ne
produit plus par l’échange international.
● Ainsi, puisque chaque pays se spécialise dans la production où il est relativement le meilleur
ou relativement le moins mauvais, l’allocation des ressources est améliorée et la production
mondiale augmente par rapport à une situation où les pays n’échangeraient pas entre eux.
● Le document 1 du sujet montrait cette diversité des avantages comparatifs, la France ayant
comme premier avantage comparatif l’aéronautique et l’espace, tandis que le Brésil peut
miser sur les produits agricoles et le minerais de fer parmi ses avantages comparatifs les
plus solides.
2. B. Les dotations factorielles et technologiques diverses des nations déterminent l’échange
international
● Le commerce international entre les pays s’explique aussi par les différences de dotation
factorielle, à l’origine de la spécialisation productive des pays.
● Cette explication du commerce international suppose que, par exemple, dans un premier
pays, le facteur travail est relativement abondant, et le facteur capital relativement rare
(comme la Chine). Dès lors, le prix du facteur travail, par rapport au facteur capital, sera
faible. Ce pays aura donc intérêt à se spécialiser dans la production du bien requérant
beaucoup de travail et économisant du capital.
● À l’inverse, dans un pays où la main-d’œuvre est relativement rare et le capital relativement
abondant (comme les États-Unis), il sera plus avantageux de se spécialiser dans les
productions de biens intensives en capital. La raison en est que le coût du capital,
relativement au travail, y est plus faible.
● Le document 2 du sujet montrait que, selon la Banque Mondiale, la part des exportations de
haute technologie dans les exportations de biens manufacturés était, en 2019, de 32%
environ en Corée du Sud, contre seulement 5% en Afrique du Sud.
● En assurant une meilleure allocation des facteurs de production, le commerce international
est facteur de gains à l’échange pour les deux pays.
● De plus, dans des économies développées où la croissance dépend fortement de la capacité
à stimuler l’innovation, les différences internationales de dotations technologiques et de
capital humain représentent par conséquent des sources importantes d’avantages
comparatifs.
Transition possible : le commerce international s’explique par des échanges entre des nations aux
structures et aux dotations très différentes, mais il dépend aussi du commerce entre des pays
comparables.
II. Le commerce international s’explique aussi par les échanges entre pays comparables.
A. La différenciation des produits justifie un échange intrabranche de biens similaires
● Le commerce dit intrabranche, c’est-à-dire le commerce croisé de produits similaires,
occupe une place importante dans le commerce mondial de nos jours. Il représentait
seulement 10 % du commerce mondial en 1960, contre près de 40% aujourd’hui.
● Cela signifie que des pays comparables en termes de niveau de développement échangent
de plus en plus entre eux des produits similaires (comme des automobiles par exemple
entre la France et l’Allemagne).
● On constate ainsi dans le document 4 du sujet que, selon l’INSEE, la France qui possède
d’importants constructeurs automobiles, a importé en 2019 67 milliards d’euros courants de
produits automobiles, et en a exporté seulement pour 51 milliards d’euros courants.
● Les échanges commerciaux concernent aussi des produits similaires mais de qualités
différentes. La diversité des produits proposés fait augmenter la satisfaction des
consommateurs qui ont accès à une variété plus grande de produits et de biens innovants.
3. ● Échanger des produits similaires permet également aux entreprises d’augmenter la taille de
leur marché, de réaliser des économies d’échelle et d’améliorer leur compétitivité
́ prix.
B. Les firmes multinationales ont déployé une fragmentation des chaînes de valeur dans le
commerce mondial.
● La fragmentation de la chaîne de valeur déployée par les firmes multinationales provoque
une interdépendance des économies nationales, et entraîne une croissance des échanges
entre les filiales des firmes multinationales au sein de réseaux de production (commerce
intra-firme).
● La fragmentation de la chaîne de valeur mondiale consiste à décomposer les différentes
tâches du processus de production, et à faire réaliser par des sous-traitants ou des filiales à
l’étranger certaines de ces tâches.
● Le document 3 du sujet montrait ainsi que, selon la Banque mondiale, la part des chaînes de
valeur mondiales dans les échanges mondiaux est passée de 37% en 1970, à 48% environ en
2015.
● Grâce à la fragmentation des chaînes de valeur, les firmes peuvent bénéficier des avantages
comparatifs respectifs des différents territoires dans le monde. Cette fragmentation de la
chaîne de valeur génère le développement d’échanges intra-branches de produits semi-
finis.
● L’importance prise par les échanges de consommations intermédiaires (biens utilisés par les
entreprises pour produire) explique pourquoi, après la crise financière mondiale de
2007-2008, ou à la suite des confinements dans les pays émergents comme la Chine durant
la crise sanitaire, le commerce international ne s’est pas effondré. Mais il a pu néanmoins
subir des ralentissements et des pénuries dans certains secteurs. Ces phénomènes sont en
effet de nature à perturber les chaînes de valeur mondiale et les chaînes
d’approvisionnement (supply chain) des entreprises (comme les constructeurs
informatiques qui ont besoin de puces informatiques par exemple).
Conclusion
Réponse possible à la problématique : le commerce international s’explique aujourd’hui par une
pluralité de facteurs dans le cadre de la spécialisation internationale : avantages comparatif,
dotations factorielles et technologiques, échanges intra-branche, stratégies des firmes
multinationales dans le cadre de la fragmentation des chaînes de valeur mondiales… Tous ces
déterminants expliquent la spécialisation internationale des nations.
Ouverture possible pour élargir le sujet : les tensions géopolitiques entre les grandes puissances
commerciales et le conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine pourraient perturber les échanges
internationaux, modifier à terme les spécialisations internationales, et inciter certains pays à réduire
leur dépendance aux importations d’hydrocarbures.
4. ÉPREUVE COMPOSÉE
SUJET A
Première partie : mobilisation des connaissances
Si les enquêtes de sciences politiques montrent une défiance grandissante des citoyens face aux
institutions et aux élus, ainsi que le déclin de la participation politique conventionnelle (vote,
adhésion à un parti politique), cela ne doit pas masquer le fait que l’engagement politique actif sur
les questions de société reste important :
● L’engagement politique peut prendre les formes d’une participation conventionnelle : les
récentes élections présidentielles 2022, malgré un taux d’abstention relativement élevé, ont
montré une mobilisation d’un certain nombre de citoyens pour aller voter, voire s’engager
dans l’adhésion à des partis politiques, avec des actes militants tout au long de la campagne.
● Mais ces formes conventionnelles de l’engagement n’empêchent pas l’émergence de
nouvelles formes de participation politique que l’on appelle protestataires (ou non
conventionnelles), et de nombreuses enquêtes sociologiques montrent que le potentiel
protestataire des citoyens reste élevé (manifestations, signatures de pétition, appels sur les
réseaux sociaux, etc.)
Deuxième partie : étude de documents
Question 1.
En s’appuyant sur les données statistiques du document, on constate que pour l’année 2019, la
croissance du PIB du Danemark a été de 2,8%.
Lorsque l’on décrypte les contributions à la croissance du PIB du Danemark cette année-là, on
constate que c’est la productivité globale des facteurs (PGF) qui a été, avec 1,4 point de %, la
principale contribution à la croissance totale du PIB.
La seconde plus forte contribution a été apportée par le facteur travail (avec 0,9 point de %), puis par
le facteur capital (avec 0,5 point de %).
Question 2.
● Les économistes s’accordent sur les facteurs suivants pour expliquer les origines du
processus de croissance économiques dans le long terme : les ressources naturelles, le
facteur travail, l’accumulation de capital physique, le progrès technique au sens large et les
institutions.
● Mais les économistes insistent sur le rôle du progrès technique pour expliquer le rythme de
la croissance du PIB. Le progrès technique est une notion très large, car il s’applique à
l’ensemble des innovations entraînant une amélioration qualitative des facteurs de
production mais aussi des méthodes de production, de l’organisation du travail ou des
marchés.
● Dans tous les cas, le progrès technique améliore la « productivité globale des facteurs »
(PGF), c’est-à-dire le rapport entre la production et le volume total de facteurs utilisé : la
5. croissance de la PGF est alors la croissance de la production qui n’est expliquée, ni par la
croissance de l’emploi, ni par celle du stock de capital productif.
● La hausse de la PGF s’explique par l’augmentation du stock de capital technologique,
c’est-à-dire de l’ensemble des connaissances humaines adaptées à la sphère de la
production, grâce aux innovations. Elle provient également de l’accumulation du capital
humain (l’ensemble des compétences et savoirs que possèdent les travailleurs). Enfin, cette
hausse résulte de l’accumulation de capital public, c’est-à- dire des infrastructures routières,
de télécommunication, d’énergie, de la recherche fondamentale, financées par l’État.
● Or, si les facteurs traditionnels sont indispensables, la croissance de la PGF est un facteur
primordial de la croissance du PIB à long terme : l’exemple du Danemark en 2019 dans le
document de l’OCDE montre que le principal moteur de la croissance a été la PGF cette
année-là.
● De plus, si l’on observe le cas de la Corée du Sud, la PGF a contribué à hauteur de 1,1 point de
% en 2019, soit la principale contribution, tandis que cette contribution de la PGF est restée
très modeste en France à la fois en 2018 et en 2019.
Troisième partie : raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
Introduction possible :
● Les résultats de l’élection présidentielle 2022 ont très récemment suscité des analyses sur le
vote par catégorie sociale, notamment en ce qui concerne le second tour, entre les deux
finalistes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
● Le sujet invite à insister sur la complexité de la société française contemporaine, et sur la
difficulté à la comprendre en termes de classes sociales.
● Le terme de «classes sociales » est ici le mot clé du sujet. On peut définir les classes sociales
comme un groupe social de grande taille dont les membres partagent des positions
similaires dans le système productif et qui ont des conditions de vie et des valeurs proches.
Ces groupes sociaux n’ont toutefois pas d’existence officielle et légale. Dans le programme
de SES elles renvoient notamment aux analyses de Karl Marx et Max Weber.
● Quelles sont les explications sociologiques qui conduisent à remettre en cause ce type
d’approche en termes de classes sociales ?
Éléments attendus dans le développement (connaissances et illustrations obligatoires par les
documents) :
● Les sociologues parlent souvent d’un brouillage des classes sociales avec la multiplication
des critères d’appartenance des individus dans les sociétés contemporaines.
● Le sujet invite dès lors à développer les éléments qui montrent une remise en cause de la
lecture de la société en termes de classes sociales, comme les sociologues Max Weber et
Karl Marx, cités par le programme de SES, ont pu notamment les évoquer.
● Le document 2 montrait, selon une enquête de TNS-SOFRES, que le sentiment
d’appartenance aux classes moyennes a augmenté de 25 points entre 1966 et 2015, mais
celui de faire partie de la classe ouvrière a chuté de 17 points sur la même période.
● Beaucoup d’analystes ont associé, avec la hausse des niveaux de vie moyens, un
rapprochement des modes de vie et de consommation, sur l’émergence d’une vaste classe
6. moyenne pendant les Trente Glorieuses (1945-1973). Ces analyses ont pu laisser penser à la
fin des classes sociales. Le sociologue Henri Mendras a notamment d’une « moyennisation
de la société française » à partir de cette période, notamment en termes de consommation.
● Le document 3 montre, pour étayer ce dernier argument, que les taux d’équipements des
ménages selon la catégorie socio-professionnelle en 2019, sont très similaires sur certains
biens durables : le taux d’équipement en téléviseur couleur des ouvriers (97,1%) est ainsi
supérieur à celui des cadres (88,9%), tandis que le taux d’équipement en téléphone portable
des cadres est supérieur à celui des ouvriers que de seulement 0,2 point.
● La plupart des travaux sociologiques allant dans ce sens se sont portés sur le déclin de la
classe ouvrière, car c’est surtout autour d’elle que s’est développée la vision d’un monde
scindé en groupes opposés (comme dans le cadre de l’analyse de Karl Marx).
● Au sens traditionnel marxiste, cette classe peut être considérée comme obsolète pour
diverses raisons : baisse numérique de la catégorie sociale des ouvriers, déclin du
mouvement ouvrier à la suite du recul de l’influence du Parti communiste, crise du
syndicalisme.
● Dans cette logique, on assisterait à l’émergence d’une société moins inégalitaire et plus
individualisée, où chacun choisit son style de vie en fonction de ses goûts et de ses
aspirations (la position occupée en termes de classes sociales passerait au second plan).
● De plus, dans les sociétés post-industrielles, une multitude de critères est nécessaire pour
définir un individu, au-delà du critère économique, et de l’appartenance à une classe sociale.
Dès lors, la profession et la catégorie sociale sont certes importantes, mais l’âge, le sexe, ou le
mode de vie le sont tout aussi.
● Le document 1 extrait d’un ouvrage du sociologue Danilo Martucelli, montre ainsi que nous
sommes de moins en moins déterminés par des « identités sociales », mais par des
« singularités » (âge, choix de style de vie, sociabilité sur les réseaux sociaux…).
Synthèse :
La société française peut être appréhendée par les sociologues en mobilisant de nombreux
instruments, mais l'analyse classique en termes de classes sociales peine à cerner les évolutions
récentes, dans une société fondée sur la primauté des choix individuels.
Ouverture possible : il n'en demeure pas moins que le concept de classes sociales est défendu par
d'autres auteurs, qui en montrent la pertinence pour comprendre certains enjeux, comme l'évolution
des inégalités économiques.
SUJET B
Première partie : mobilisation des connaissances
Question 1.
Les sociétés modernes ont fait du travail un fondement majeur de l’intégration sociale :
● L’individu acquiert son statut social à travers son activité professionnelle. Cette dernière
apporte à l’individu un revenu qui lui permet de consommer, une intégration dans un réseau
7. de relations sociales (une sociabilité), et une reconnaissance sociale liée à sa participation à la
production ;
● Le travail va même devenir le fondement du lien social dans le cadre de la « société
salariale » qui se construit après 1945, avec les progrès du droit du travail, la mise en œuvre
du système de protection sociale, dont le financement repose largement sur les cotisations
des salariés (accès à la sécurité sociale).
Question 2.
● Certains économistes font valoir que le progrès technique et les innovations dans la
production de biens et services peuvent permettre de préserver l’environnement et de
favoriser une croissance « verte ».
● Dans ce cadre d’analyse, il s’agit de faire confiance aux entreprises qui sauront développer
des innovations pour substituer, au capital naturel détruit, du capital physique, humain et
technologique. Les pouvoirs publics pourraient favoriser cette transition en mobilisant divers
instruments (subventions, fiscalité écologique, etc.)
● Dans cette perspective, le progrès technique permettra de répondre aux effets néfastes de la
destruction du capital naturel, un des principaux défis de la croissance.
● On peut imaginer que le développement des voitures électriques pourra offrir des solutions
techniques pour réduire les émissions de dioxyde de carbone au sein de nos économies.
Question 3.
● Il s’agit ici d’insister dans le cadre de cette question sur les risques de désincitation, évoqués
par le programme de SES : l’action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale peut
être créatrice d’inefficacités.
● En effet, par exemple, la hausse de la fiscalité pour financer la redistribution des richesses,
au nom de la justice sociale, peut comprimer le revenu disponible des ménages et réduire
leur consommation. Les carnets de commandes des entreprises sont alors impactés
négativement.
● Par ailleurs, la hausse des taxes peut faire diminuer les profits des entreprises, décourager
l’investissement productif, l’innovation, et finalement freiner la croissance et l’emploi. La
hausse du chômage qui en résulte, qui frappe prioritairement et statistiquement les
catégories les moins diplômées, peut alors aggraver les inégalités économiques et sociales. Il
s’agit bien alors d’un effet pervers.
Deuxième partie : raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
Voir la correction de cette partie dans le sujet A.