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Virginie Efira, maîtresse de
cérémonie du Festival
COUPEZ !
De Michel Hazanavicius
 Un tournage de film de zombies dans un bâtiment
désaffecté. Entre techniciens blasés et acteurs pas
vraiment concernés, seul le réalisateur semble
investi de l'énergie nécessaire pour donner vie à un
énième film d'horreur à petit budget. L'irruption
d'authentiques morts-vivants va perturber le
tournage…
 « COUPEZ ! est un film high concept. C'est un film
qui commence de manière catastrophique, et dont le
concept se révèle à mesure que l'histoire avance,
pour finir de manière très inattendue. Se présentant
au départ comme un film de zombies de sous-
catégorie il va progressivement passer au
détournement de films de zombies, puis se
transformer en comédie de situations, pour finir
dans un genre nouveau, qui, en s'apparentant à un
faux making of, réunit toutes les facettes que le film
a explorées jusque-là dans un final explosif. C'est
un film où le spectateur commence par se demander
ce qu'il est en train de regarder, et où il finit en se
disant que c'est non seulement drole, mais aussi
malin, enfin je l'espère ! »
 Michel Hazanavicius - Dossier de Presse
Film d'ouverture du Festival de Cannes
Rosy de Palma
Barbara Lennie
Le Jury du Festival de Cannes 2022
Le président sera Vincent Lindon
Il sera secondé par l'actrice
britannique Rebecca Hall, l'actrice
indienne Deepika, l'actrice suédoise
Noomi Rapace, l'actrice italienne
Jasmine Trinca, le réalisateur iranien
Asghar Farhadi, le réalisateur français
Ladj Ly , le réalisateur américain Jeff
Nichols et le réalisateur norvégien
Joachim Trier.
« La Femme de Tchaïkovski », de Kirill
Serebrennikov. Un film qui évoque
l’épouse du compositeur homosexuel
Russie, 19ème siècle.
Antonina Miliukova,
jeune femme aisée et
brillante, épouse le
compositeur Piotr
Tchaïkovski. Mais
l’amour qu’elle lui
porte tourne à
l’obsession et la jeune
femme est
violemment rejetée.
Consumée par ses
sentiments, Antonina
accepte de tout
endurer pour rester
auprès de lui.
«Armageddon Time», James Gray
 S’il fallait prendre son titre au pied de la
lettre, on préciserait que le nouveau film de
James Gray se déroule sur la montagne de
Megiddo, à cet endroit historique du
royaume d’Israël où le livre de l’Apocalypse
situe la grande bataille finale entre le bien le
mal lors de la parousie du Christ.
 Plus prosaïquement, le terme est emprunté à
un bref passage du film où le gouverneur
Ronald Reagan, à la veille d’être élu
président des Etats-Unis et de faire basculer
le pays dans une ère conservatrice, emploie
ce terme à des fins électorales.
 Plus prosaïquement encore, c’est à l’aune de
ce bouleversement politique que se déroule
le roman de formation du jeune héros de ce
film, Paul Graff, préadolescent issu d’une
paisible famille juive du Queens dans les
années 1980.
 Sa vision du monde va basculer en l’espace
des quelques mois décisifs que dure l’action
de ce récit d’inspiration autobiographique.
L’articulation du familial au social, du micro
au macro, constitue l’un des principaux paris
de ce film.
«Hi-Han», Jerzy Skolimowski
 EO, la fable poétique et métaphorique
de Skolimowski.
 Une narration chaotique pour un film
d’une grande beauté formelle sur les
pas d’un âne de cirque privé de scène.
Eo lorgne du côté de Godard et Malick
dans une expérimentation visuelle plus
ennuyeuse que fascinante.
 Jerzy Skolimowski a beau ambitionner
de rendre hommage à Au hasard
Balthazar, de Robert Bresson, il
semble avoir avalé du Terrence Malick.
Très gros plans sur la nature et des
bouts de peau, des ralentis en veux-tu
en voilà, des travellings somptueux, un
rendu de l’image volontiers pictural, le
grand cinéaste polonais explore une
large palette de champs sensoriels.
Frère et soeur
Arnaud Desplechin
Le long-métrage, tourné
dans la région natale du
réalisateur, est une
plongée dans l'un de ses
sujets de prédilection : la
famille.
La haine et le pardon.
Dans son nouveau film,
Arnaud Desplechin
ausculte la fratrie et
l'hostilité qui oppose une
sœur à son frère. Le
réalisateur renoue ainsi
avec la veine de Rois et
Reine (2004) et Un conte
de Noël (2008) et
continue son exploration
de la famille. Secrets,
mensonges, trahisons et
autres blessures profondes
sont les ingrédients de
Frère et sœur.
Frère et soeur
Arnaud Desplechin
 « Familles, je vous hais ! », on connaît la phrase d’André
Gide. Dans Frère et sœur, qu’il présente ce vendredi à
Cannes et qui sort dans la foulée, Arnaud Desplechin la
transforme en un simple : « Je crois que je te hais ». Des
mots qui, dans la bouche de Marion Cotillard à l’adresse
de Melvil Poupaud, font l’effet d’une détonation. Pourquoi
tant de haine entre la sœur, célèbre comédienne, et son
frère, prof et poète ? Nul ne le sait et « ce ne serait même
pas très moral d’en parler », concède Melvil Poupaud dans
le film.
 Son meilleur ami psy (étonnant Timsit à contre-emploi)
ne peut que constater les dégâts, impuissant même à
soulager Marion Cotillard venue le consulter pour ce
ressentiment apparu le jour où la sœur a vu son frère si
fier de remporter un prix littéraire. Elle lui propose de lire
ses textes sur scène. Il refuse, prétexte la pudeur sans se
rendre compte à quel point il l’a vexée. « Plus sa notoriété
grandissait, plus j’étais déchirée », dira-t-elle
 On ne dira rien des péripéties qui émaillent cette histoire,
sinon qu’elles sont particulièrement cruelles. Et que se
pose à un moment la question du pardon, « la fin de la
haine » comme l’appelle Desplechin soulignant, comme
peut le faire toute famille qui en souffre, « la haine est
toujours est une perte de temps ».
«Boy from heaven»
Tarik Saleh
Adam, simple fils de pêcheur,
intègre la prestigieuse université
Al-Azhar du Caire, épicentre du
pouvoir de l'Islam sunnite. Le
jour de la rentrée, le Grand Imam
à la tête de l'institution meurt
soudainement. Adam se retrouve
alors, à son insu, au cœur d'une
lutte de pouvoir implacable entre
les élites religieuse et politique du
pays.
Au final, Boy From Heaven
souffre sans doute de ses
énormes ambitions de
vouloir se positionner à la
fois comme un thriller
paranoïaque grand public,
un commentaire sur une
situation politico-religieuse
opaque et une réflexion
philosophique et
théologique sur
l’apprentissage de l’Islam. En
résulte un film forcément bancal
qui ne convainc jamais à 100%
sur l’un de ces tableaux et
navigue constamment entre des
sentiments
contradictoires : stimulant et
épuisant, profond et vain.
TRIANGLE OF SADNESS - SANS FILTRE
RUBEN ÖSTLUND
 Après la Fashion Week, Carl
et Yaya, couple de
mannequins et influenceurs,
sont invités sur un yacht pour
une croisière de luxe. Tandis
que l’équipage est aux petits
soins avec les vacanciers, le
capitaine refuse de sortir de
sa cabine alors que le fameux
dîner de gala approche.
 Les événements prennent une
tournure inattendue et les
rapports de force s'inversent
lorsqu'une tempête se lève et
met en danger le confort des
passagers.
R.M.N.
CRISTIAN
MUNGIU
Quelques jours avant Noël,
Matthias est de retour dans son
village natal, multiethnique, de
Transylvanie, après avoir quitté
son emploi en Allemagne. Il
s’inquiète pour son fils, Rudi,
qui grandit sans lui, pour son
père, Otto, resté seul et il
souhaite revoir Csilla, son ex-
petite amie. Il tente de
s'impliquer davantage dans
l'éducation du garçon qui est
resté trop longtemps à la charge
de sa mère, Ana, et veut l’aider
à surpasser ses angoisses
irrationnelles. Quand l’usine
que Csilla dirige décide de
recruter des employés
étrangers, la paix de la petite
communauté est troublée, les
angoisses gagnent aussi les
adultes. Les frustrations, les
conflits et les passions refont
surface, brisant le semblant de
paix dans la communauté.
Les Nuits de Mashhad (Holy
Spider)
Ali Abbasi
Thriller social fascinant
dénonçant la misogynie
de la société iranienne,
les Nuits de Mashhad
s’inspirent d’un fait
divers, l’assassinat de
seize prostituées par un
tueur en série.
On peut assassiner 16
femmes et être considéré
comme un héros. Prenez
l’Iran. À Mashhad, la
deuxième ville la plus
peuplée du pays, un
tueur en série, auteur de
16 féminicides, est
soutenu par une partie
de la population et des
autorités.
Il revendique de mener le djihad contre le vice dans ce lieu saint pour les chiites.
Terrible et pourtant bien réel. Cette affaire du début des années 2000 a inspiré Ali
Abbasi pour les Nuits de Mashhad, son deuxième long métrage. Le cinéaste,
originaire d’Iran et installé depuis près de vingt ans en Europe, a voulu braquer sa
caméra sur les lieux du crime. Faute d’autorisations, il a dû se retrancher en
Jordanie.
Le récit inclut un véritable personnage de
fiction, Rahimi (Zahra Amir Ebrahimi), une
journaliste de Téhéran, venue enquêter sur
ces meurtres. Car les investigations
policières sont au point mort, donnant
toute latitude au tueur en série pour
poursuivre son parcours criminel. À moto,
il choisit ses proies, qu’il attire dans sa toile
avant de les étouffer.
Patrick Chéreau et le théâtre de
Nanterre
 C’était quoi, l’école des Amandiers ? Une foudroyante
comète qui traversa le ciel du théâtre français, le temps
de deux promotions, au mitan des années 80.
Scintillant sous l’aura du metteur en scène Patrice
Chéreau, qui dirigeait le théâtre du même nom
l’abritant, elle essaima une pluie de futures vedettes
(Valeria Bruni-Tedeschi, Agnès Jaoui, Marianne
Denicourt, Vincent Perez, Bruno Todeschini, Thibault
de Montalembert…) dont le passé commun les lie,
encore aujourd’hui, «comme des anciens gagnants
d’une Coupe du monde» (ainsi que le résuma Laurent
Grévill au Monde en 2018). La légende a imprimé une
bande de jeunes filles et jeunes gens bénis des dieux,
vivant et respirant le théâtre, sous l’égide d’un exigeant
génie.
 La comédienne et cinéaste Valeria Bruni-Tedeschi fut
de la partie, et, poursuivant son entreprise entêtée
d’autobiographie filmée et rêvée, la voilà qui décide de
raconter ce que ce fut, conservant et transformant,
comme à son habitude.
 Fulgurance, coup de génie, tant c’est bien, les
Amandiers, de loin son meilleur film, apparaissant telle
la pièce manquante d’un puzzle dont on ne soupçonnait
pas l’existence, jusqu’à faire étrangement écho.
« Les Amandiers » de Valeria Bruni Tedeschi,
«Les Crimes du futur» Cronenberg
 On entend des mouches dans la nuit. Est-ce
possible ? C’est un vieil homme qui revient, nous
reparler d’une ou deux choses. Il sort d’un silence qui
a duré plusieurs années. Le monde n’a jamais été
aussi prêt à l’entendre. Notre siècle, de toute
évidence, est terminalement cronenberguien. Ce
n’est plus à Cronenberg de le prouver, de nous en
«donner des nouvelles». Ses films l’avaient fait, en
leur temps, c’est réglé. Il revient nous parler de lui, il
nous fait son portrait du vieil homme en artiste, à
l’adresse d’un monde déserté. «J’aurais bien su te
parler/de moi et de mon cher corps/de la chaleur des
rochers/dommage que tu sois mort…» Nous sommes
morts – c’est mort pour nous – et il est vivant.
 Tout ce qui l’intéresse, c’est l’avenir, et ça l’intéresse
encore plus au moment où il n’y en a plus du tout.
Qu’est-ce qu’il reste ? La pensée de l’avenir. Elle naît
dans un corps qui s’épuise. Cronenberg, c’est facile à
dire, est le cinéaste de la pensée, il n’a jamais filmé
que ça, la pensée comme prothèse du corps, comme
organe en plus ou en trop, le cerveau comme cet
organe qui produit sans cesse de l’inorganique. En
guise de pensée de l’avenir, voici donc les Crimes du
futur : un film érotique et abstrait. Tranchant,
irrespirable, incorporel. Presque pas un film, une
idée.
Libération
«Decision to Leave», Park Chan-wook
 Bonne nouvelle, Park Chan-wook pense un
peu contre son cinéma, qui semblait à deux
doigts de s’enferrer dans une caricature de
maniérisme sadique. S’il reste tout de même
lardé d’habituelles irruptions de violence, le
mouvement général qui préside à Decision to
Leave n’est plus celui de l’entrechoquement
(des corps) mais le parallélisme. Une danse
de l’effleurement platonique plutôt qu’une
roucoulade vulgaire, comme le très raté
Mademoiselle, présenté à Cannes en 2016.
 Le film débute autour d’une enquête sans
envergure. Obligé de lâcher sa chasse au
criminel endurci, le détective Hae-joon se
retrouve chargé de déterminer si c’est la
gravité et la faute à pas de chance qui ont tué
un riche homme d’affaires en plein trip
d’escalade ou si son épouse chinoise n’a pas
quelque chose à avoir avec la chute. A un
premier interrogatoire très pro succède deux,
puis trois, tête-à-tête de moins en moins dans
les clous. La parole se relâche et de petites
attentions laissent poindre la naissance d’une
affinité déplacée entre l’enquêteur et sa
suspecte.
LES HUIT MONTAGNES
Charlotte Vandermeersch, Felix
Van Groeningen
Pietro est un garçon de
la ville, Bruno est le
dernier enfant à vivre
dans un village oublié du
Val d’Aoste. Ils se lient
d’amitié dans ce coin
caché des Alpes qui leur
tient lieu de royaume. La
vie les éloigne sans
pouvoir les séparer
complètement. Alors que
Bruno reste fidèle à sa
montagne, Pietro
parcourt le monde. Cette
traversée leur fera
connaître l’amour et la
perte, leurs origines et
leurs destinées, mais
surtout une amitié à la
vie à la mort.
«Tori et Lokita»
Frères Dardenne
 L’histoire déchirante de deux jeunes exilés aux prises
avec un système d’accueil défaillant. Du Dardenne sec et
blessant de vérité.
 Tori aime sa grande sœur, Lokita, Lokita aime son petit
frère, Tori, avec l’innocence des justes. C’est simple
comme bonjour, cela pourrait être une comptine qu’ils
se chanteraient pour dormir. Ils la chanteraient peut-
être en italien, car c’est en Sicile que les a d’abord
conduits leur exil avant l’arrivée en Belgique, et chaque
fois qu’ils fredonnent ensemble dans cette langue, c’est
comme la communion.
 Lui, orphelin, a déjà obtenu ses papiers, ayant échappé
au destin qui menace les enfants accusés de sorcellerie
au Bénin. Elle, sur qui le film se focalise en premier,
peine en revanche à surmonter l’entretien de demande
d’asile, l’administration remettant en cause son lien de
parenté plus qu’incertain avec Tori.
 On se persuade, pendant une heure trente écrite serrée,
que leur amour peut soulever des montagnes, peut-être
même sauver le monde. A la différence des frères
Dardene, qui savent bien que le film ne pourra rien
sauver du tout, pas même ses personnages, quand bien
même sont-ils vibrants de pureté toute crue dans une
réalité dégueulasse. Personne ici n’est le mal incarné,
mais on préférerait évidemment que Tori et Lokita ne
triment pas sous la coupe d’un restaurateur et trafiquant
italien, pour le compte duquel ils dealent un soir par
semaine, moyennant un pauvre billet et quelques parts
de foccacia.
«Nostalgia» Mario Martone
 Etymologiquement, la nostalgie est la
souffrance du retour. Le terme serait
apparu au XVIIe siècle au bon soin d’un
psychiatre alsacien, Johannes Hofer‚
confronté aux dépressions des soldats
envoyés à l’étranger, évoquant chez eux
un «dérèglement de l’imagination» qui
s’obnubile de tristesse par le mal (et le
manque) du pays d’origine, dominé par
l’impression que seul le remède «du
retour dans la patrie» peut les sortir
d’affaire. Dans le nouveau film de
Mario Martone, Felice Lasco s’est tenu
éloigné pendant quarante ans de sa
ville natale et de ses proches. Il a vécu
au Liban, en Afrique du Sud, avant de
se marier au Caire avec une médecin et
de créer une entreprise de bâtiment,
s’octroyant au passage, lui, l’enfant du
quartier populaire de la Sanità, fils
d’une couturière, une ascension sociale
d’autodidacte.
«Stars at Noon» Claire Denis
Le seizième long de Claire Denis,
miroitant objet aux influences
«eighties», immerge une journaliste
américaine paumée dans un Nicaragua
bordélique.
On vous a entendu soupirer, vous les
spectateurs (hommes), pendant les
scènes d’amour de Stars at Noon,
seizième long-métrage de la cinéaste
française Claire Denis, première
sélection en compète, inspiré du livre
de l’Américain Denis Johnson sur son
expérience malheureuse au Nicaragua
pendant la révolution sandiniste en
1984. Soupirez encore, jetez-nous une
tomate : on le défendra mordicus, cet
étrange objet à la sauce eighties, mais
avec une femme en personnage
principal.
C’est Margaret Qualley dégoulinante
idem, sexy idem, tête à claques et dans
la dèche, qui arpente les rues de la
capitale du Nicaragua de 2021 (un
décor comme un autre, qui signifie
bordel moite) en se drapant de son
américanité comme d’un passe-droit
qui ne sert à rien, et appelant les
barmen Luis, Miguel ou Roberto
jusqu’à trouver le bon prénom.
Leila et ses frères Saeed Roustaee
 Leila a dédié toute sa vie à ses parents
et ses quatre frères. Très touchée par
une crise économique sans précédent,
la famille croule sous les dettes et se
déchire au fur et à mesure de leurs
désillusions personnelles. Afin de les
sortir de cette situation, Leila élabore
un plan : acheter une boutique pour
lancer une affaire avec ses frères.
 Chacun y met toutes ses économies,
mais il leur manque un dernier soutien
financier. Au même moment et à la
surprise de tous, leur père Esmail
promet une importante somme
d’argent à sa communauté afin d’en
devenir le nouveau parrain, la plus
haute distinction de la tradition
persane.
 Peu à peu, les actions de chacun de ses
membres entrainent la famille au bord
de l’implosion, alors que la santé du
patriarche se détériore.
«Close» Lukas Dhont
 En 2018, Lukas Dhont présentait son
premier film dans la sélection Un certain
regard et décrochait la Caméra d’or. Girl
racontait la discipline que s’imposait une
jeune ado trans dans une école de danse
classique tout en étant accompagnée dans
son changement de sexe aussi bien par ses
parents que par diverses institutions
sociales toutes bienveillantes.
 Il s’agissait d’emblée d’un récit
d’apprentissage comme l’est à nouveau
Close qui est propulsé en compétition, un
cursus rapide pour ce cinéaste belge de tout
juste 31 ans.
 Cette fois, le film se concentre sur l’amitié
entre Léo et Remi, 13 ans, fusionnelle
jusqu’à ce qu’au collège, des questions de
camarades curieux et légèrement
malveillants sur leur niveau réel de
proximité (est-ce qu’ils sont en couple ?)
entament l’unité du duo, tout
particulièrement Léo qui décide de prendre
ses distances. Un drame qui confronte le
gamin à la culpabilité et à la perte.
«Close» Lukas Dhont
« Tourment sur les
îles »
Albert Serra
Un cliché à la peau dure voudrait
que le cinéma ne serve qu’à
raconter des histoires. Il se peut
aussi qu’il soit là pour ne pas les
raconter, mais tourner autour et
laisser au spectateur le soin de
flairer que quelque chose de
louche se trame à l’écran. C’est
dans cette zone de flou entre la
fiction et son envers que se situe
le dernier et extraordinaire long-
métrage du dandy catalan Albert
Serra (La Mort de Louis
XIV, Liberté), ce bandit de grand
chemin, classe et impudent,
promu pour la première fois en
compétition. Il faut dire que le
film, ample de ses cent soixante-
trois minutes, a de quoi créer la
berlue par son alliage
d’ingrédients inattendus : soit la
star Benoît Magimel, plongée en
plein Pacifique, en Polynésie
française, dans une soupe obscure
de « thriller politique » qui
pourrait bien n’en avoir que le
nom.
« Tourment sur les îles », le
fascinant paradis perdu d’Albert
Serra
Avec un Benoît Magimel en
état de grâce, le nouveau
film du réalisateur catalan
est un magnifique thriller
paranoïaque sur fond de
politique-fiction.
A Tahiti, un dénommé De
Roller (Magimel en état de
grâce) se promène en
costume crème, chemises
bariolées et lunettes fumées
bleu curaçao, serrant les
pognes, recueillant les
doléances, exerçant à droite,
à gauche son tranquille
entregent.
Dans l’alliance de la nature
et du synthétique, c’est la
propre déliquescence du
personnage qui se joue.
« Les Bonnes Etoiles » Hirokazu Kore-eda
 De l’abandon d’un nourrisson et de
la recherche de parents adoptifs, le
Japonais Hirokazu Kore-eda fait
un road-movie brinquebalant et
donne une véritable leçon d’amitié.
 Il n’a pas beaucoup de sourcils.
Mais sinon, qu’il est mignon. Une
jeune prostituée dépose son
nouveau-né devant une «boîte à
bébés» où un organisme recueille
les nourrissons abandonnés. Il est
aisé de deviner ce qu’aurait donné
un film des Dardenne sur un sujet
pareil (ils l’ont d’ailleurs plus ou
moins déjà fait). Ici, le contraire
s’impose. Hirokazu Kore-eda a de
la justesse et de la fantaisie. Il
n’ignore pas que la vie, si
dramatique fût-elle, contient ses
moments d’apesanteur et
d’allégresse.
« Showing Up »
Kelly Reichardt
En suivant une
sculptrice quelques jours
avant l’ouverture de son
exposition, la réalisatrice
américaine interroge,
par le biais de l’intime et
l’infime, le statut de
l’artiste et les tourments
de la création.
De l’artiste, Kelly
Reichardt sape ici la
légende dorée, extirpe
toute conception
romantique.
Avant le vernissage de
son exposition, le
quotidien d'une artiste et
son rapport aux autres,
le chaos de sa vie va
devenir sa source
d'inspiration...
 Showing Up, huitième long-métrage de
Kelly Reichardt, est aussi le premier à
s’inviter dans les rangs de la
compétition cannoise, reconnaissance
tardive pour cette œuvre de tout
premier ordre.
 Il a fallu en effet du temps pour que ce
cinéma à décoction lente émerge du
brouillard de la production
indépendante américaine, aux
afféteries minimalistes de laquelle il a
souvent été assimilé.
 Or, le terme « minimal » sied mal au
travail de Reichardt qui, il est vrai,
s’attache à des personnages modestes,
voire marginaux, pris dans des
situations infimes. A son échelle de
proximité, il apparaît au contraire
imbibé des matières et des
bruissements du monde, empli de
présences humaines et animales,
innervé de récits du quotidien, et donc
infiniment riche de toutes autres
choses.
« Un petit frère »Léonor Serraille
 Fresque familiale sur une mère venue en France de Côte
d’Ivoire, le second long-métrage de Léonor Serraille touche
par son humanité et son exaltation de l’émancipation
individuelle.
 Un petit frère évoque le destin d’une famille
originaire de Côte d’Ivoire qui s’installe en
France en 1989, jusqu’à nos jours. Un
fragment de famille serait un terme plus juste.
Rose, la mère, trentenaire. Et ses deux
enfants, Jean, l’aîné, et Ernest, le cadet. Deux
autres frères sont restés en Afrique. Du père,
on n’entend plus parler.
 C’est, d’emblée, situer le dilemme de Rose, la
mère, superbement interprétée par Annabelle
Lengronne. Aspirer à devenir une femme
indépendante, socialement,
sentimentalement et sexuellement, qui
conduit fermement son destin.
 Et élever dignement deux enfants dans des
conditions sociales très difficiles. C’est sur ce
fil funambulique que Léonor Serraille fait
avancer le film, distille trente ans d’une vie
farouche et précaire dans un triptyque d’une
sobriété et d’une finesse exemplaire.
Tirailleurs
Mathieu Vadepied
1917. Bakary Diallo
s'enrôle dans l'armée
française pour rejoindre
Thierno, son fils de 17
ans, qui a été recruté de
force. Envoyés sur le
front, père et fils vont
devoir affronter la
guerre ensemble.
Galvanisé par la fougue
de son officier qui veut le
conduire au cœur de la
bataille, Thierno va
s'affranchir et apprendre
à devenir un homme,
tandis que Bakary va
tout faire pour l'arracher
aux combats et le
ramener sain et sauf.
Corsage
Marie Creuzer
Le cinquième long métrage de Marie
Kreutzer propose un portrait féministe,
sinon anachronique, de l’impératrice
d’Autriche jouée autrefois comme une
princesse de conte de fées par Romy
Schneider. Un film étrange mais
fascinant.
Un jour, Sissi a eu quarante
ans. Corsage, le cinquième film de
Marie Kreutzer, présenté à Un certain
regard, raconte ce début de la fin, soit
quelques mois dans la vie de
l’impératrice d’Autriche, en 1877, avant
qu’elle ne s’éclipse volontairement –
dans le scénario, du moins, qui prend
des libertés radicales avec les faits.
Corsage, en effet, n’émarge pas
vraiment au genre du biopic,
s’apparentant plutôt à un récit
d’émancipation fantasmé à l’aune du
féminisme contemporain. On doute que
la souveraine ait jamais quitté un dîner
officiel en faisant un doigt d’honneur ou
traité le valet de son époux de « gros
connard »… Mais la cinéaste
autrichienne a le droit, elle aussi, de
réécrire l’histoire par la magie du
cinéma.
Les Pires
Lise Akoka et Romane Gueret
Les Pires est un peu la
prolongation de Chasse Royale,
leur premier court-métrage, à la
différence que leur court-métrage
se concentre sur le moment du
casting, tandis que le long
raconte le tournage qui en
découle.
Elles sont toutes deux entrées
dans le secteur du cinéma par le
biais du casting sauvage, en
travaillant sur des films en tant
que directrices de casting et
coachs d’enfants, avant de
réaliser Chasse Royale, qui
s’inspire de nos expériences.
Pour préparer Les Pires elles sont
retournées dans ce quartier de
Valenciennes (le court métrage
porte son nom) qui leur avait
tant inspirées, avec l’envie de
continuer à faire dialoguer deux
milieux que tout semble opposer
: celui d’un quartier populaire et
celui du cinéma. Mais à la base
de ces deux films, il y a surtout
leur passion commune pour le
monde de l’enfance accidentée,
qui fait écho à des
préoccupations intimes pour
chacune d’elles
Les enfants du
silence
Agnieszka
Smoczynska
Au début des années 70,
au Pays de Galles, June et
Jennifer Gibbons, deux
sœurs jumelles
totalement fusionnelles,
ont peu à peu résolu de se
murer dans le silence vis-
à-vis de leur famille et du
monde extérieur. Tandis
que leur scolarité semble
de plus en plus
incertaine, elles
s’inventent, dans leur
chambre, un univers
parallèle où elles laissent
libre cours à leur
imagination
foisonnante…
Joyland, de
Saim Sadiq
“Au Pakistan, les femmes
trans sont très visibles et
très importantes”.
Un événement à plusieurs
titres. C’est la première fois
que le festival accueille un
film pakistanais en
sélection officielle. Avec,
comme héroïne, Biba
(Alina Khan), une
époustouflante femme
trans. Cette danseuse dans
un cabaret érotique va
bouleverser la vie de
Haider (Ali Junejo), un
homme qui peine à exister
dans sa famille à l’équilibre
étouffant, entre domination
masculine et désirs enfouis.
 Avec Joyland, je pense, j’espère ! qu’on a fait du
bon boulot. À la fin de la projection, lundi, deux
jeunes garçons venus spécialement du Pakistan
m’ont pris dans leurs bras, ils étaient en larmes.
L’un d’entre eux n’arrivait plus à parler. Selon moi,
leur émotion allait bien au-delà de celle suscitée
par la fiction. Je pense qu’ils se sont reconnus à
l’écran. Enfin on les regardait…
«Godland»
Hlynur
Palmason
 Suivant le chemin d’un prêtre sur les terres vierges de
l’Islande du XIXesiècle, Hlynur Palmason signe une ode
majeure à la nature et au cinéma.
 Au neuvième jour du Festival, on avait presque oublié qu’on
en faisait encore des comme ça. Des films devant lesquels
tomber à genoux, des films qui nous sauvent et nous
guérissent de tous les faux-semblants déployés ailleurs – par
les films-formats, les films-formules, les films-frime, les
films-fardés… On découvre devant Godland combien cela
urgeait de respirer un autre air. Cet air est celui de la
redoutable Islande, dans les confins sauvages du monde où
Hlynur Palmason a tourné pendant plusieurs années.
 Déjà à l’époque de son précédent film, Un jour si blanc, le
cinéaste expliquait à Libé avoir passé deux ans en amont du
tournage à enregistrer le passage des saisons autour de la
maison qui lui tenait de décor. Ici, un même recours au
timelapse capture les mille et uns visages d’une vue de
glacier, filmé pendant deux années.
 Ou encore, déroule les étapes de la décomposition d’un
cheval gisant en pleine nature, pris dans une gangue de glace
en hiver, se dissolvant lentement avec les premières fontes
pour ne laisser que son squelette. Le stupéfiant rapport à la
durée de Palmason se pose là, comme celui d’un
collectionneur de l’infime.
«Le Bleu du caftan» Maryam Touzani
Broderie dans un film tout en délicatesse,
Maryam Touzani dépeint un triangle
d’amours contrariées.
 Penché sur une généreuse pièce de tissu bleu
pétrole, un couturier tend une paire de
ciseaux à son apprenti en lui pointant la
petite marge qui sépare la ligne de découpe et
le patron du caftan qu’il devra assembler.
«C’est le centimètre du mâalem», dit le
maître artisan. C’est dans cette bande étroite
que Halim mène sa vie. Dans la médina de
Salé, au Maroc, ce sosie sexy d’Edwy Plenel
(le Palestinien Saleh Bakri) est le dernier
artisan à perpétuer un savoir-faire
traditionnel dans l’assemblage et la broderie
de tuniques. Tandis qu’il passe ses journées
affairé en silence dans l’arrière-boutique, sa
femme, Mina, douche avec splendeur les
petits caprices de la bourgeoisie marocaine
peu habituée aux délais qu’impose le travail
manuel. Tout irait pour le mieux si Halim
n’aimait pas les hommes et si Mina n’était
consumée par un cancer hors de contrôle. Si
le désir de Halim n’était pas déconnecté de
l’amour qu’il porte à Mina.
LA QUINZAINE DES RÉALISATEURS
L'Envol réalisé par Pietro Marcello
avec Juliette Jouan, Louis Garrel,
Noémie Lvovsky, Yolande Moreau.
Adaptation libre du roman
Alye parusa d’Aleksandr
Grin.
Quelque part dans le Nord
de la France, Juliette
grandit seule avec son
père, Raphaël, un soldat
rescapé de la Première
Guerre mondiale.
Passionnée par le chant et
la musique, la jeune fille
solitaire fait un été la
rencontre d’une
magicienne qui lui promet
que des voiles écarlates
viendront un jour
l’emmener loin de son
village. Juliette ne cessera
jamais de croire en la
prophétie.
L'envol de Pietro Marcello
« El Agua »,
l’envoûtant cinéma
de légende d’Elena
Lopez Riera
Le cinéma espagnol se porte
bien, en témoigne la
prodigieuse récolte de films
émanant de jeunes
réalisateurs – Jonas Trueba,
Carla Simon, lauréate de
l’Ours d’or à la Berlinale, en
février, avec Alcarras.
On peut désormais ajouter le
nom d’Elena Lopez Riera,
dont le premier long-métrage,
El Agua, présenté à la
Quinzaine des réalisateurs,
provoque un véritable
envoûtement. Ce film, qui
concourt pour la Caméra d’or
– récompensant chaque
année une première œuvre –,
embrasse toute une région,
celle de Valence où a grandi la
cinéaste.
Personne ne prétend détenir la vérité de l’histoire, mais en voici
les grandes lignes : des femmes disparaîtraient au lendemain
d’inondations, l’eau entrant dans leur corps et les entraînant à
jamais. Cette croyance populaire habite les jeunes comédiens du
film, pour la plupart des non-professionnels, tandis que des
femmes des villages alentour témoignent face caméra, donnant
chacune sa version du récit, sur un mode documentaire.
 Los que desean, «ceux qui désirent», c’était le titre d’un court-métrage d’Elena López
Riera, avant El Agua, son premier long, présenté à la Quinzaine des réalisateurs. Dans
son village natal d’Orihuela, dans la province espagnole de Valence, la cinéaste filmait le
rituel d’une course de pigeons, perpétué de père en fils par les hommes du coin, qui
peignent leurs ailes de vives couleurs pour les reconnaître en plein vol. El Agua –
«l’eau», tout simplement – revient au village, et passe des ébats du ciel au lit de la rivière,
menaçant dès le début de déborder. Des bruits courent dans la petite ville, rumeurs liées
à une ancienne légende. Le río, disent-elles, peut tomber amoureux, élire une jeune fille
des environs, et vouloir la garder pour lui, si d’aventure elle en aime un autre. Alors ça
déborde. Ça arrive, plusieurs fois par siècle. El Agua, pendant ce temps, a rendez-vous
avec Ana (Luna Pamies), son personnage, une fille de 17 ans, qui vit avec sa grand-mère
(Nieve de Medina) et sa mère (Bárbara Lennie), derrière le bar que tient celle-ci. Un
mythe prêt à revenir, une héroïne qui apparaît, ça fait deux personnages, autant de
forces, l’eau et Ana : un film va pouvoir commencer. Il s’écrira à leur rencontre.
Les Harkis de Philippe Faucon
 .  Les Harkis n’est pas un film de guerre, pas
non plus un film sur la guerre. Il y a plusieurs
raisons à cela. Avant tout, c’est un film sur la
guerre d’Algérie, une histoire singulière qu’il
n’universalise pas, ne prend pas de haut ni de
loin au nom de toute l’humanité.
 Au contraire, il y va, il entre, et il précise. Son
sujet, dès son titre, il n’en fait pas mystère: à
la fois historique et brûlant, venu d’un passé
qui ne passe pas, de blessures mal refermées.
Comment elles furent ouvertes, et par qui, il
raconte.
 On saura d’ailleurs, à chaque plan, de quoi il
parle, ce qu’il montre. Les Harkis, son titre
l’annonce, sera un portrait de groupe. C’est
un titre de tragédie grecque. On saura qui
compose ce groupe. On saura, dans chaque
cadre, tout de suite, où regarder, quoi voir,
qui entendre. On verra, pour chaque
personnage, chaque acteur, le plus fugace,
qui est là.
 C’est à ça qu’on reconnaît encore le cinéma,
en Philippe Faucon, toujours, un cinéaste, en
les Harkis un grand film.
Théo Cholbi
Clara Sola de Nathalie Álvarez Mesén
 Dans un village reculé du Costa-
Rica, une femme de 40 ans
renfermée sur elle-même,
entreprend de se libérer des
conventions religieuses et
sociales répressives qui ont
dominé sa vie, la menant à un
éveil sexuel et spirituel.
 Nathalie Álvarez Mesén vient
d’une famille nombreuse
composée principalement de
femmes. Malgré cela, des normes
patriarcales qu'elle qualifie de
"malsaines" sur la façon dont une
femme devrait ou ne devrait pas
se comporter lui ont été
transmises.
« Un beau matin » Mia Hansen-Løve.
 « Un beau matin », un conte à la Rohmer sur la fin
de vie
 Dans le rôle d’un vieil homme placé en Ehpad, Pascal
Greggory illumine le film de Mia Hansen-Løve.
 Sandra, traductrice et célibataire (Léa Seydoux), vit à
Paris avec sa fille, et rend visite dès qu’elle peut à
Georg, son père vieillissant (Pascal Greggory). Georg
vit dans un petit appartement, rempli de livres, c’est
sa vie. L’ancien professeur est un homme doux et ses
étudiants l’adorent. Atteint d’une maladie
neurodégénérative, il accepte sa défaite de vieux
monsieur qui perd la tête. Sandra, elle, veut profiter
de leurs derniers moments de complicité. Mais l’état
de Georg s’aggrave et elle se met en quête de trouver
un établissement d’accueil, correct, pas trop cher et
situé dans la capitale. Une mission difficile, qui va
mener la famille d’Ehpad en Ehpad, et le spectateur
avec, dans une veine réaliste, avec une attention pour
le travail des soignants.
 Des résidants errent, se trompent de chambre, sont
reconduits gentiment. Autant d’images et de
questionnement devenus familiers ces dernières
années, que le cinéma commence à explorer – on
pense aussi au beau documentaire de Valeria Bruni
Tedeschi et Yann Coridian, Une jeune fille de 90 ans,
diffusé sur Arte en 2017.
«Les Années Super 8», la mémoire
de film d’Annie Ernaux
Formé par l’écrivaine et son fils
à partir d’images familiales, le
documentaire est une plongée
dans l’image figée d’une époque
et d’un milieu, et un regard sur
la construction d’une écrivaine.
«Saisir les choses», se situer
«dans la mémoire d’un présent
sans avenir» – ainsi Annie
Ernaux élucidait-elle son travail
d’écrivaine, lors d’un entretien
donné à Libération à la sortie de
Mémoire de fille en 2016. La
mémoire d’un présent qui n’a
pas encore d’avenir, c’est
justement ce qu’enregistrent les
films de famille, attrapant au
vol tout ce qui «n’arrivera pas
deux fois», les 10 ans du grand,
la première descente à ski du
cadet, sitôt vécus sitôt emportés
par le vent.
C’est ce à quoi Annie Ernaux a
décidé de se mesurer, en
signant avec son fils David
Ernaux-Briot les Années Super
8, film d’une heure présenté à la
Quinzaine des réalisateurs –
elle à la narration, lui à la
réalisation.
«Feu follet»
João Pedro Rodrigues
 Cannes, sans le savoir, n’attendait que
ça, et iel n’était du tout prêt. Une heure
et sept minutes de rires incrédules –
joyeux, nerveux, irrépressibles –
allaient secouer les murs du théâtre
Croisette, caserne de la Quinzaine de
Réalisateurs, un soir de giboulée de
mai, soudain changée en pluie de foutre
et de neige carbonique.
 Dès les premières scènes de Feu follet
le nouveau João Pedro Rodrigues,
cinéaste portugais qu’on ne présente
plus ou de moins en moins, ça se
frottait les yeux d’étonnement.
 Les oreilles aussi, si Feu follet est bien
la «fantaisie musicale» annoncée par
son générique. C’est surtout une
comédie politique, et le meilleur film de
pompiers depuis Flammes d’Adolfo
Arrieta, en 1978.
« Alma Viva », le
regard d’une enfant
sur le village de ses
ancêtres
Metteuse en scène de théâtre,
puis réalisatrice de
documentaires et de films
courts, Cristèle Alves Meira
– née à Montreuil (Seine-Saint-
Denis), en 1983 – signe un
premier long-métrage qui l’a
ramenée au pays. Celui de ses
origines, le Portugal. Un retour
gagnant qui lui vaut d’être en
compétition à la Semaine de la
critique pour une histoire
simple et âpre, dont le
déroulement nous retient dans
un village niché au creux des
montagnes. Un village que les
hommes ont quelque peu
déserté, mais où les femmes ont
du caractère, les croyances la vie
dure, le verbe de la truculence.
Ce que l’on ressent parfois de l’«
âme d’un lieu » – que la cinéaste
s’évertue à rendre légèrement
étrange, un brin décalée – nous
est offert ici par la grâce d’une
lumière, la vitalité du récit et la
magie d’une image pittoresque.
Yamabuki, cette petite fleur jaune qui pousse
entre les pierres. Juichiro Yamasaki filme un
Japon inattendu, où l’on croise un ouvrier
coréen et une lycéenne qui manifestent pour
la paix. Un film délicat et puissant comme les
yamabuki.
L’action se déroule à
Maniwa, petite ville
minière dans les
montagnes de l’ouest du
Japon. Paysages gris,
poussiéreux, d’immenses
pelleteuses broient la
montagne dans un ballet
savamment orchestré. Les
pierres arrachées
s’engouffrent dans des
tapis qui sillonnent le
paysage jusqu’à être
concassées et devenir
gravier. Chang-Su est
ouvrier dans cette mine à
ciel ouvert. Coréen, il s‘est
exilé dans cet endroit
perdu pour rembourser
une dette familiale. Il
partage sa vie dans une
modeste bicoque avec
Minami et sa petite fille
qui ont fui un mari
violent.
«Grand Paris» Martin Jauvat
Ça dit quoi, la comédie
française ? Comme dans la
moitié des dialogues de
l’égayant Grand Paris, ça dirait
sûrement entre deux gorgées de
Capri-Sun : «On est là, hein !»
Vu de l’Acid, on serait tentée
d’affirmer que ça va même
plutôt très bien. Premier long
métrage d’un joyeux luron d’à
peine 26 ans, joueur de ping-
pong à la retraite (on ne fait que
se fier à la bio), détenteur de
moult fringues flashy et déjà
auteur de plusieurs courts,
Grand Paris n’aurait pas volé la
palme de la comédie la plus
sympatoche du festival. Voire la
mention «meilleure bromance»
– sans rancune, les Huit
montagnes ! Martin Jauvat,
présent des deux côtés de la
caméra, a écrit un film pastel
qui semble avoir sniffé trop de
colle Uhu, l’équivalent en fiction
d’une nuit de foncedalle,
croisement entre le Mandibules
de Quentin Dupieux et la série
Bloqués d’Orelsan.
Cannes Première
«Don Juan» Serge Bozon
Le séducteur ne saurait vouloir se
marier car ce serait figer l’infinie
succession des rencontres dans
l’arbitraire d’un amour unique et
une manière artificielle de
prolonger l’intensité fugace de la
passion érotique dans le temps
long d’une règle sociale. Et
pourtant ici, c’est bien à la mairie
que l’on découvre le Don Juan de
Serge Bozon. Laurent (Tahar
Rahim) s’apprête à passer la bague
au doigt de Julie (Virginie Efira)
qui finalement ne viendra pas. Elle
était dans la rue, en bas, et l’a
simplement surpris en train de
poser un regard pénétrant sur une
passante.
L’homme immédiatement infidèle
au serment de fidélité que pourtant
il semblait vouloir endosser ou
simple surinterprétation d’un
regard vague et peut-être rêveur ?
Du moins, elle se casse, disparaît et
lui reste seul avec son chagrin, un
amour désemparé et errant qui lui
fait peu à peu croiser la même
évadée sous différents aspects,
d’autres personnages parfaitement
dissemblables (coiffures,
vêtements, manières de parler…)
mais interprétés par la même
actrice.
As Bestas
Rodrigo Sorogoyen
Le cinéaste espagnol,
Rodrigo Sorogoyen, auteur
des excellents El Reino ou
encore Madre, raconte la
fracture sociale dans un
petit village de Galice dans
un terrifiant et grandiose
thriller.
Le meilleur film de la
sélection cannoise n’est pas
en compétition. Dommage.
Présenté en section «
Cannes Premières »,
ovationné lors de sa
projection officielle, « As
Bestas », le nouveau thriller
politico-social du talentueux
Rodrigo Sorogoyen, a roulé
sur la Croisette.
Un couple de Français qu’on
devine embourgeoisés,
campés par Marina Foïs et
Denis Ménochet, s’est
installé dans un hameau
reculé et pauvre au coeur
des montagnes de Galice.
Cordes
Estibaliz
Urresola
 Le cinéma basque sera représenté au Festival de Cannes
avec « Cuerdas » (Cordes), réalisé par Estibaliz
Urresola, qui sera projeté à la Semaine de la Critique.
 Ce projet, produit par Sirimiri Films en collaboration
avec Gariza Films et Katz Estudio, montre l'histoire d'un
chœur de femmes en danger de dissolution après avoir
perdu une subvention municipale leur permettant de
louer la salle de répétition. Pour y suppléer, il serait
tentant d’accepter l’offre de parrainage d'une des plus
grosses entreprises de la vallée, mais très polluante...
 La jeune réalisatrice (38 ans) Estibaliz Urresola
Solaguren est diplômée en Communication
Audiovisuelle (UPV-Bilbao), en Théorie du Montage
(EICTV Cuba), et obtient deux masters, un en
Réalisation et un autre en Production
Cinématographique à l’ESCAC. Auteur de plusieurs
courts-métrages et du long-métrage documentaire «
Voix de papier » présenté au Festival de Saint-
Sébastien, ses films avaient été sélectionnés dans divers
festivals dont ceux de Guadalajara, Bruxelles et Malaga.
Elle produit actuellement son premier long métrage
20,000 Especies de abejas, sélectionné par le Berlinale
Coproduction Market, Premiers Plans et la Incubadora.
Le cinéma basque sera
également présent au
Marché du Film avec des
créations de María
Elorza et Ane
Berriotxoa réalisées par
Basque Audiovisual, en
particulier « A los libros
y a las mujeres canto »
qui participera aux
projections du marché
espagnol.
Produit par Txintxua
Films, cette réalisation
avait remporté les prix
FIDBA et Festival de
Málaga-WIP España.
Le Marché du
Film montrera également
le court
métrage « Bat » d'Ane
Berriotxoa et de l'Ecole
de Cinéma du Pays
Basque, qui fera partie du
catalogue 2Cool4School.
Estibaliz Urresola
María Elorza
Ane Berriotxoa
Riposte féministe
Marie Perennès, Simon Depardon
 Élise à Brest, Alexia à Saint-Etienne,
Cécile à Compiègne ou encore Jill à
Marseille : elles sont des milliers de
jeunes femmes à dénoncer les
violences sexistes, le harcèlement de
rue et les remarques machistes
qu’elles subissent au quotidien. La
nuit, armées de feuilles blanches et
de peinture noire, elles collent des
messages de soutien aux victimes et
des slogans contre les féminicides.
Certaines sont féministes de longue
date, d’autres n’ont jamais milité,
mais toutes se révoltent contre ces
violences qui ont trop souvent
bouleversé leurs vies. Le sexisme est
partout, elles aussi !
Séance spéciale
Le palmarès Cannes 2022
Le Rail
d’Or
Créés par Jean Roy et
l’association des
cheminots cinéphiles ceux
du rail, ces récompenses
ont couronné deux
femmes cinéastes:
- Emmanuelle Nicot pour
Dalva, récit de la
reconstruction d’une jeune
fille victime d’inceste.
-Estíbaliz Urresola pour
Cuerdas. Elle y confronte
une chorale de femmes
après l’arrêt de
subventions municipales
Palm
Queer
La Queer Palm a été
décernée à "Joyland", du
Pakistanais Saim Sadiq.
Ce film raconte l'histoire
d'un jeune homme qui
rejoint un théâtre de
danse érotique et tombe
amoureux d'une
personne transgenre.
"C'est un film
extrêmement fort, qui
représente tout ce que
nous défendons", a
déclaré la réalisatrice
Catherine Corsini,
présidente de l'édition
2022 de la Queer Palm à
Cannes.
La Queer Palm revient au
film pakistanais
"Joyland"
Un Certain
Regard
Il s'agit d'une catégorie
qui récompense des
films, "un cinéma
d’auteur et de
découverte". Parmi les
20 films sélectionnés,
"Les Pires" de Lise
Akoka et Romane
Guéret a remporté le
prix Un Certain Regard.
Le film pakistanais
"Joyland" de Saim
Sadiq a reçu le prix du
Jury. C'est le premier
film pakistanais
sélectionné au Festival
de Cannes.
La Quinzaine
des
Réalisateurs
"Un beau matin" de
Mia Hansen-Løve a
reçu le Label Europa
Cinemas.
le Carrosse d'Or" a été
attribué à Kelly
Reichardt, la
réalisatrice de
« Showing Up »
Un beau matin
Showing Up
Palme d’Or
CLOSE
Lukas DHONT
STARS AT NOON
Claire DENIS
Grand Prix (ex-aequo)
Prix de la mise en scène
Prix du scénario
Boy from Heaven de Tarik SALEH
Les huit montagnes
Felix VAN GROENINGEN, Charlotte
VANDERMEERSCH
Eo
Jerzy SKOLIMOWSKI
Prix du Jury (ex-aequo)
Prix du 75e
TORI ET LOKITA des DARDENNE
Prix d'interprétation féminine
Zar AMIR EBRAHIMI
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SONG Kang Ho
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  • 1.
  • 2.
  • 3. Virginie Efira, maîtresse de cérémonie du Festival
  • 4.
  • 5. COUPEZ ! De Michel Hazanavicius  Un tournage de film de zombies dans un bâtiment désaffecté. Entre techniciens blasés et acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur semble investi de l'énergie nécessaire pour donner vie à un énième film d'horreur à petit budget. L'irruption d'authentiques morts-vivants va perturber le tournage…  « COUPEZ ! est un film high concept. C'est un film qui commence de manière catastrophique, et dont le concept se révèle à mesure que l'histoire avance, pour finir de manière très inattendue. Se présentant au départ comme un film de zombies de sous- catégorie il va progressivement passer au détournement de films de zombies, puis se transformer en comédie de situations, pour finir dans un genre nouveau, qui, en s'apparentant à un faux making of, réunit toutes les facettes que le film a explorées jusque-là dans un final explosif. C'est un film où le spectateur commence par se demander ce qu'il est en train de regarder, et où il finit en se disant que c'est non seulement drole, mais aussi malin, enfin je l'espère ! »  Michel Hazanavicius - Dossier de Presse Film d'ouverture du Festival de Cannes
  • 6.
  • 8.
  • 9. Le Jury du Festival de Cannes 2022 Le président sera Vincent Lindon Il sera secondé par l'actrice britannique Rebecca Hall, l'actrice indienne Deepika, l'actrice suédoise Noomi Rapace, l'actrice italienne Jasmine Trinca, le réalisateur iranien Asghar Farhadi, le réalisateur français Ladj Ly , le réalisateur américain Jeff Nichols et le réalisateur norvégien Joachim Trier.
  • 10. « La Femme de Tchaïkovski », de Kirill Serebrennikov. Un film qui évoque l’épouse du compositeur homosexuel Russie, 19ème siècle. Antonina Miliukova, jeune femme aisée et brillante, épouse le compositeur Piotr Tchaïkovski. Mais l’amour qu’elle lui porte tourne à l’obsession et la jeune femme est violemment rejetée. Consumée par ses sentiments, Antonina accepte de tout endurer pour rester auprès de lui.
  • 11. «Armageddon Time», James Gray  S’il fallait prendre son titre au pied de la lettre, on préciserait que le nouveau film de James Gray se déroule sur la montagne de Megiddo, à cet endroit historique du royaume d’Israël où le livre de l’Apocalypse situe la grande bataille finale entre le bien le mal lors de la parousie du Christ.  Plus prosaïquement, le terme est emprunté à un bref passage du film où le gouverneur Ronald Reagan, à la veille d’être élu président des Etats-Unis et de faire basculer le pays dans une ère conservatrice, emploie ce terme à des fins électorales.  Plus prosaïquement encore, c’est à l’aune de ce bouleversement politique que se déroule le roman de formation du jeune héros de ce film, Paul Graff, préadolescent issu d’une paisible famille juive du Queens dans les années 1980.  Sa vision du monde va basculer en l’espace des quelques mois décisifs que dure l’action de ce récit d’inspiration autobiographique. L’articulation du familial au social, du micro au macro, constitue l’un des principaux paris de ce film.
  • 12. «Hi-Han», Jerzy Skolimowski  EO, la fable poétique et métaphorique de Skolimowski.  Une narration chaotique pour un film d’une grande beauté formelle sur les pas d’un âne de cirque privé de scène. Eo lorgne du côté de Godard et Malick dans une expérimentation visuelle plus ennuyeuse que fascinante.  Jerzy Skolimowski a beau ambitionner de rendre hommage à Au hasard Balthazar, de Robert Bresson, il semble avoir avalé du Terrence Malick. Très gros plans sur la nature et des bouts de peau, des ralentis en veux-tu en voilà, des travellings somptueux, un rendu de l’image volontiers pictural, le grand cinéaste polonais explore une large palette de champs sensoriels.
  • 13. Frère et soeur Arnaud Desplechin Le long-métrage, tourné dans la région natale du réalisateur, est une plongée dans l'un de ses sujets de prédilection : la famille. La haine et le pardon. Dans son nouveau film, Arnaud Desplechin ausculte la fratrie et l'hostilité qui oppose une sœur à son frère. Le réalisateur renoue ainsi avec la veine de Rois et Reine (2004) et Un conte de Noël (2008) et continue son exploration de la famille. Secrets, mensonges, trahisons et autres blessures profondes sont les ingrédients de Frère et sœur.
  • 14. Frère et soeur Arnaud Desplechin  « Familles, je vous hais ! », on connaît la phrase d’André Gide. Dans Frère et sœur, qu’il présente ce vendredi à Cannes et qui sort dans la foulée, Arnaud Desplechin la transforme en un simple : « Je crois que je te hais ». Des mots qui, dans la bouche de Marion Cotillard à l’adresse de Melvil Poupaud, font l’effet d’une détonation. Pourquoi tant de haine entre la sœur, célèbre comédienne, et son frère, prof et poète ? Nul ne le sait et « ce ne serait même pas très moral d’en parler », concède Melvil Poupaud dans le film.  Son meilleur ami psy (étonnant Timsit à contre-emploi) ne peut que constater les dégâts, impuissant même à soulager Marion Cotillard venue le consulter pour ce ressentiment apparu le jour où la sœur a vu son frère si fier de remporter un prix littéraire. Elle lui propose de lire ses textes sur scène. Il refuse, prétexte la pudeur sans se rendre compte à quel point il l’a vexée. « Plus sa notoriété grandissait, plus j’étais déchirée », dira-t-elle  On ne dira rien des péripéties qui émaillent cette histoire, sinon qu’elles sont particulièrement cruelles. Et que se pose à un moment la question du pardon, « la fin de la haine » comme l’appelle Desplechin soulignant, comme peut le faire toute famille qui en souffre, « la haine est toujours est une perte de temps ».
  • 15. «Boy from heaven» Tarik Saleh Adam, simple fils de pêcheur, intègre la prestigieuse université Al-Azhar du Caire, épicentre du pouvoir de l'Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Imam à la tête de l'institution meurt soudainement. Adam se retrouve alors, à son insu, au cœur d'une lutte de pouvoir implacable entre les élites religieuse et politique du pays. Au final, Boy From Heaven souffre sans doute de ses énormes ambitions de vouloir se positionner à la fois comme un thriller paranoïaque grand public, un commentaire sur une situation politico-religieuse opaque et une réflexion philosophique et théologique sur l’apprentissage de l’Islam. En résulte un film forcément bancal qui ne convainc jamais à 100% sur l’un de ces tableaux et navigue constamment entre des sentiments contradictoires : stimulant et épuisant, profond et vain.
  • 16. TRIANGLE OF SADNESS - SANS FILTRE RUBEN ÖSTLUND  Après la Fashion Week, Carl et Yaya, couple de mannequins et influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Tandis que l’équipage est aux petits soins avec les vacanciers, le capitaine refuse de sortir de sa cabine alors que le fameux dîner de gala approche.  Les événements prennent une tournure inattendue et les rapports de force s'inversent lorsqu'une tempête se lève et met en danger le confort des passagers.
  • 17. R.M.N. CRISTIAN MUNGIU Quelques jours avant Noël, Matthias est de retour dans son village natal, multiethnique, de Transylvanie, après avoir quitté son emploi en Allemagne. Il s’inquiète pour son fils, Rudi, qui grandit sans lui, pour son père, Otto, resté seul et il souhaite revoir Csilla, son ex- petite amie. Il tente de s'impliquer davantage dans l'éducation du garçon qui est resté trop longtemps à la charge de sa mère, Ana, et veut l’aider à surpasser ses angoisses irrationnelles. Quand l’usine que Csilla dirige décide de recruter des employés étrangers, la paix de la petite communauté est troublée, les angoisses gagnent aussi les adultes. Les frustrations, les conflits et les passions refont surface, brisant le semblant de paix dans la communauté.
  • 18. Les Nuits de Mashhad (Holy Spider) Ali Abbasi Thriller social fascinant dénonçant la misogynie de la société iranienne, les Nuits de Mashhad s’inspirent d’un fait divers, l’assassinat de seize prostituées par un tueur en série. On peut assassiner 16 femmes et être considéré comme un héros. Prenez l’Iran. À Mashhad, la deuxième ville la plus peuplée du pays, un tueur en série, auteur de 16 féminicides, est soutenu par une partie de la population et des autorités.
  • 19. Il revendique de mener le djihad contre le vice dans ce lieu saint pour les chiites. Terrible et pourtant bien réel. Cette affaire du début des années 2000 a inspiré Ali Abbasi pour les Nuits de Mashhad, son deuxième long métrage. Le cinéaste, originaire d’Iran et installé depuis près de vingt ans en Europe, a voulu braquer sa caméra sur les lieux du crime. Faute d’autorisations, il a dû se retrancher en Jordanie. Le récit inclut un véritable personnage de fiction, Rahimi (Zahra Amir Ebrahimi), une journaliste de Téhéran, venue enquêter sur ces meurtres. Car les investigations policières sont au point mort, donnant toute latitude au tueur en série pour poursuivre son parcours criminel. À moto, il choisit ses proies, qu’il attire dans sa toile avant de les étouffer.
  • 20. Patrick Chéreau et le théâtre de Nanterre
  • 21.  C’était quoi, l’école des Amandiers ? Une foudroyante comète qui traversa le ciel du théâtre français, le temps de deux promotions, au mitan des années 80. Scintillant sous l’aura du metteur en scène Patrice Chéreau, qui dirigeait le théâtre du même nom l’abritant, elle essaima une pluie de futures vedettes (Valeria Bruni-Tedeschi, Agnès Jaoui, Marianne Denicourt, Vincent Perez, Bruno Todeschini, Thibault de Montalembert…) dont le passé commun les lie, encore aujourd’hui, «comme des anciens gagnants d’une Coupe du monde» (ainsi que le résuma Laurent Grévill au Monde en 2018). La légende a imprimé une bande de jeunes filles et jeunes gens bénis des dieux, vivant et respirant le théâtre, sous l’égide d’un exigeant génie.  La comédienne et cinéaste Valeria Bruni-Tedeschi fut de la partie, et, poursuivant son entreprise entêtée d’autobiographie filmée et rêvée, la voilà qui décide de raconter ce que ce fut, conservant et transformant, comme à son habitude.  Fulgurance, coup de génie, tant c’est bien, les Amandiers, de loin son meilleur film, apparaissant telle la pièce manquante d’un puzzle dont on ne soupçonnait pas l’existence, jusqu’à faire étrangement écho. « Les Amandiers » de Valeria Bruni Tedeschi,
  • 22. «Les Crimes du futur» Cronenberg  On entend des mouches dans la nuit. Est-ce possible ? C’est un vieil homme qui revient, nous reparler d’une ou deux choses. Il sort d’un silence qui a duré plusieurs années. Le monde n’a jamais été aussi prêt à l’entendre. Notre siècle, de toute évidence, est terminalement cronenberguien. Ce n’est plus à Cronenberg de le prouver, de nous en «donner des nouvelles». Ses films l’avaient fait, en leur temps, c’est réglé. Il revient nous parler de lui, il nous fait son portrait du vieil homme en artiste, à l’adresse d’un monde déserté. «J’aurais bien su te parler/de moi et de mon cher corps/de la chaleur des rochers/dommage que tu sois mort…» Nous sommes morts – c’est mort pour nous – et il est vivant.  Tout ce qui l’intéresse, c’est l’avenir, et ça l’intéresse encore plus au moment où il n’y en a plus du tout. Qu’est-ce qu’il reste ? La pensée de l’avenir. Elle naît dans un corps qui s’épuise. Cronenberg, c’est facile à dire, est le cinéaste de la pensée, il n’a jamais filmé que ça, la pensée comme prothèse du corps, comme organe en plus ou en trop, le cerveau comme cet organe qui produit sans cesse de l’inorganique. En guise de pensée de l’avenir, voici donc les Crimes du futur : un film érotique et abstrait. Tranchant, irrespirable, incorporel. Presque pas un film, une idée. Libération
  • 23. «Decision to Leave», Park Chan-wook  Bonne nouvelle, Park Chan-wook pense un peu contre son cinéma, qui semblait à deux doigts de s’enferrer dans une caricature de maniérisme sadique. S’il reste tout de même lardé d’habituelles irruptions de violence, le mouvement général qui préside à Decision to Leave n’est plus celui de l’entrechoquement (des corps) mais le parallélisme. Une danse de l’effleurement platonique plutôt qu’une roucoulade vulgaire, comme le très raté Mademoiselle, présenté à Cannes en 2016.  Le film débute autour d’une enquête sans envergure. Obligé de lâcher sa chasse au criminel endurci, le détective Hae-joon se retrouve chargé de déterminer si c’est la gravité et la faute à pas de chance qui ont tué un riche homme d’affaires en plein trip d’escalade ou si son épouse chinoise n’a pas quelque chose à avoir avec la chute. A un premier interrogatoire très pro succède deux, puis trois, tête-à-tête de moins en moins dans les clous. La parole se relâche et de petites attentions laissent poindre la naissance d’une affinité déplacée entre l’enquêteur et sa suspecte.
  • 24. LES HUIT MONTAGNES Charlotte Vandermeersch, Felix Van Groeningen Pietro est un garçon de la ville, Bruno est le dernier enfant à vivre dans un village oublié du Val d’Aoste. Ils se lient d’amitié dans ce coin caché des Alpes qui leur tient lieu de royaume. La vie les éloigne sans pouvoir les séparer complètement. Alors que Bruno reste fidèle à sa montagne, Pietro parcourt le monde. Cette traversée leur fera connaître l’amour et la perte, leurs origines et leurs destinées, mais surtout une amitié à la vie à la mort.
  • 25. «Tori et Lokita» Frères Dardenne  L’histoire déchirante de deux jeunes exilés aux prises avec un système d’accueil défaillant. Du Dardenne sec et blessant de vérité.  Tori aime sa grande sœur, Lokita, Lokita aime son petit frère, Tori, avec l’innocence des justes. C’est simple comme bonjour, cela pourrait être une comptine qu’ils se chanteraient pour dormir. Ils la chanteraient peut- être en italien, car c’est en Sicile que les a d’abord conduits leur exil avant l’arrivée en Belgique, et chaque fois qu’ils fredonnent ensemble dans cette langue, c’est comme la communion.  Lui, orphelin, a déjà obtenu ses papiers, ayant échappé au destin qui menace les enfants accusés de sorcellerie au Bénin. Elle, sur qui le film se focalise en premier, peine en revanche à surmonter l’entretien de demande d’asile, l’administration remettant en cause son lien de parenté plus qu’incertain avec Tori.  On se persuade, pendant une heure trente écrite serrée, que leur amour peut soulever des montagnes, peut-être même sauver le monde. A la différence des frères Dardene, qui savent bien que le film ne pourra rien sauver du tout, pas même ses personnages, quand bien même sont-ils vibrants de pureté toute crue dans une réalité dégueulasse. Personne ici n’est le mal incarné, mais on préférerait évidemment que Tori et Lokita ne triment pas sous la coupe d’un restaurateur et trafiquant italien, pour le compte duquel ils dealent un soir par semaine, moyennant un pauvre billet et quelques parts de foccacia.
  • 26.
  • 27. «Nostalgia» Mario Martone  Etymologiquement, la nostalgie est la souffrance du retour. Le terme serait apparu au XVIIe siècle au bon soin d’un psychiatre alsacien, Johannes Hofer‚ confronté aux dépressions des soldats envoyés à l’étranger, évoquant chez eux un «dérèglement de l’imagination» qui s’obnubile de tristesse par le mal (et le manque) du pays d’origine, dominé par l’impression que seul le remède «du retour dans la patrie» peut les sortir d’affaire. Dans le nouveau film de Mario Martone, Felice Lasco s’est tenu éloigné pendant quarante ans de sa ville natale et de ses proches. Il a vécu au Liban, en Afrique du Sud, avant de se marier au Caire avec une médecin et de créer une entreprise de bâtiment, s’octroyant au passage, lui, l’enfant du quartier populaire de la Sanità, fils d’une couturière, une ascension sociale d’autodidacte.
  • 28. «Stars at Noon» Claire Denis Le seizième long de Claire Denis, miroitant objet aux influences «eighties», immerge une journaliste américaine paumée dans un Nicaragua bordélique. On vous a entendu soupirer, vous les spectateurs (hommes), pendant les scènes d’amour de Stars at Noon, seizième long-métrage de la cinéaste française Claire Denis, première sélection en compète, inspiré du livre de l’Américain Denis Johnson sur son expérience malheureuse au Nicaragua pendant la révolution sandiniste en 1984. Soupirez encore, jetez-nous une tomate : on le défendra mordicus, cet étrange objet à la sauce eighties, mais avec une femme en personnage principal. C’est Margaret Qualley dégoulinante idem, sexy idem, tête à claques et dans la dèche, qui arpente les rues de la capitale du Nicaragua de 2021 (un décor comme un autre, qui signifie bordel moite) en se drapant de son américanité comme d’un passe-droit qui ne sert à rien, et appelant les barmen Luis, Miguel ou Roberto jusqu’à trouver le bon prénom.
  • 29. Leila et ses frères Saeed Roustaee  Leila a dédié toute sa vie à ses parents et ses quatre frères. Très touchée par une crise économique sans précédent, la famille croule sous les dettes et se déchire au fur et à mesure de leurs désillusions personnelles. Afin de les sortir de cette situation, Leila élabore un plan : acheter une boutique pour lancer une affaire avec ses frères.  Chacun y met toutes ses économies, mais il leur manque un dernier soutien financier. Au même moment et à la surprise de tous, leur père Esmail promet une importante somme d’argent à sa communauté afin d’en devenir le nouveau parrain, la plus haute distinction de la tradition persane.  Peu à peu, les actions de chacun de ses membres entrainent la famille au bord de l’implosion, alors que la santé du patriarche se détériore.
  • 30. «Close» Lukas Dhont  En 2018, Lukas Dhont présentait son premier film dans la sélection Un certain regard et décrochait la Caméra d’or. Girl racontait la discipline que s’imposait une jeune ado trans dans une école de danse classique tout en étant accompagnée dans son changement de sexe aussi bien par ses parents que par diverses institutions sociales toutes bienveillantes.  Il s’agissait d’emblée d’un récit d’apprentissage comme l’est à nouveau Close qui est propulsé en compétition, un cursus rapide pour ce cinéaste belge de tout juste 31 ans.  Cette fois, le film se concentre sur l’amitié entre Léo et Remi, 13 ans, fusionnelle jusqu’à ce qu’au collège, des questions de camarades curieux et légèrement malveillants sur leur niveau réel de proximité (est-ce qu’ils sont en couple ?) entament l’unité du duo, tout particulièrement Léo qui décide de prendre ses distances. Un drame qui confronte le gamin à la culpabilité et à la perte.
  • 32. « Tourment sur les îles » Albert Serra Un cliché à la peau dure voudrait que le cinéma ne serve qu’à raconter des histoires. Il se peut aussi qu’il soit là pour ne pas les raconter, mais tourner autour et laisser au spectateur le soin de flairer que quelque chose de louche se trame à l’écran. C’est dans cette zone de flou entre la fiction et son envers que se situe le dernier et extraordinaire long- métrage du dandy catalan Albert Serra (La Mort de Louis XIV, Liberté), ce bandit de grand chemin, classe et impudent, promu pour la première fois en compétition. Il faut dire que le film, ample de ses cent soixante- trois minutes, a de quoi créer la berlue par son alliage d’ingrédients inattendus : soit la star Benoît Magimel, plongée en plein Pacifique, en Polynésie française, dans une soupe obscure de « thriller politique » qui pourrait bien n’en avoir que le nom.
  • 33. « Tourment sur les îles », le fascinant paradis perdu d’Albert Serra Avec un Benoît Magimel en état de grâce, le nouveau film du réalisateur catalan est un magnifique thriller paranoïaque sur fond de politique-fiction. A Tahiti, un dénommé De Roller (Magimel en état de grâce) se promène en costume crème, chemises bariolées et lunettes fumées bleu curaçao, serrant les pognes, recueillant les doléances, exerçant à droite, à gauche son tranquille entregent. Dans l’alliance de la nature et du synthétique, c’est la propre déliquescence du personnage qui se joue.
  • 34. « Les Bonnes Etoiles » Hirokazu Kore-eda  De l’abandon d’un nourrisson et de la recherche de parents adoptifs, le Japonais Hirokazu Kore-eda fait un road-movie brinquebalant et donne une véritable leçon d’amitié.  Il n’a pas beaucoup de sourcils. Mais sinon, qu’il est mignon. Une jeune prostituée dépose son nouveau-né devant une «boîte à bébés» où un organisme recueille les nourrissons abandonnés. Il est aisé de deviner ce qu’aurait donné un film des Dardenne sur un sujet pareil (ils l’ont d’ailleurs plus ou moins déjà fait). Ici, le contraire s’impose. Hirokazu Kore-eda a de la justesse et de la fantaisie. Il n’ignore pas que la vie, si dramatique fût-elle, contient ses moments d’apesanteur et d’allégresse.
  • 35. « Showing Up » Kelly Reichardt En suivant une sculptrice quelques jours avant l’ouverture de son exposition, la réalisatrice américaine interroge, par le biais de l’intime et l’infime, le statut de l’artiste et les tourments de la création. De l’artiste, Kelly Reichardt sape ici la légende dorée, extirpe toute conception romantique. Avant le vernissage de son exposition, le quotidien d'une artiste et son rapport aux autres, le chaos de sa vie va devenir sa source d'inspiration...
  • 36.  Showing Up, huitième long-métrage de Kelly Reichardt, est aussi le premier à s’inviter dans les rangs de la compétition cannoise, reconnaissance tardive pour cette œuvre de tout premier ordre.  Il a fallu en effet du temps pour que ce cinéma à décoction lente émerge du brouillard de la production indépendante américaine, aux afféteries minimalistes de laquelle il a souvent été assimilé.  Or, le terme « minimal » sied mal au travail de Reichardt qui, il est vrai, s’attache à des personnages modestes, voire marginaux, pris dans des situations infimes. A son échelle de proximité, il apparaît au contraire imbibé des matières et des bruissements du monde, empli de présences humaines et animales, innervé de récits du quotidien, et donc infiniment riche de toutes autres choses.
  • 37. « Un petit frère »Léonor Serraille  Fresque familiale sur une mère venue en France de Côte d’Ivoire, le second long-métrage de Léonor Serraille touche par son humanité et son exaltation de l’émancipation individuelle.
  • 38.  Un petit frère évoque le destin d’une famille originaire de Côte d’Ivoire qui s’installe en France en 1989, jusqu’à nos jours. Un fragment de famille serait un terme plus juste. Rose, la mère, trentenaire. Et ses deux enfants, Jean, l’aîné, et Ernest, le cadet. Deux autres frères sont restés en Afrique. Du père, on n’entend plus parler.  C’est, d’emblée, situer le dilemme de Rose, la mère, superbement interprétée par Annabelle Lengronne. Aspirer à devenir une femme indépendante, socialement, sentimentalement et sexuellement, qui conduit fermement son destin.  Et élever dignement deux enfants dans des conditions sociales très difficiles. C’est sur ce fil funambulique que Léonor Serraille fait avancer le film, distille trente ans d’une vie farouche et précaire dans un triptyque d’une sobriété et d’une finesse exemplaire.
  • 39.
  • 40. Tirailleurs Mathieu Vadepied 1917. Bakary Diallo s'enrôle dans l'armée française pour rejoindre Thierno, son fils de 17 ans, qui a été recruté de force. Envoyés sur le front, père et fils vont devoir affronter la guerre ensemble. Galvanisé par la fougue de son officier qui veut le conduire au cœur de la bataille, Thierno va s'affranchir et apprendre à devenir un homme, tandis que Bakary va tout faire pour l'arracher aux combats et le ramener sain et sauf.
  • 41. Corsage Marie Creuzer Le cinquième long métrage de Marie Kreutzer propose un portrait féministe, sinon anachronique, de l’impératrice d’Autriche jouée autrefois comme une princesse de conte de fées par Romy Schneider. Un film étrange mais fascinant. Un jour, Sissi a eu quarante ans. Corsage, le cinquième film de Marie Kreutzer, présenté à Un certain regard, raconte ce début de la fin, soit quelques mois dans la vie de l’impératrice d’Autriche, en 1877, avant qu’elle ne s’éclipse volontairement – dans le scénario, du moins, qui prend des libertés radicales avec les faits. Corsage, en effet, n’émarge pas vraiment au genre du biopic, s’apparentant plutôt à un récit d’émancipation fantasmé à l’aune du féminisme contemporain. On doute que la souveraine ait jamais quitté un dîner officiel en faisant un doigt d’honneur ou traité le valet de son époux de « gros connard »… Mais la cinéaste autrichienne a le droit, elle aussi, de réécrire l’histoire par la magie du cinéma.
  • 42. Les Pires Lise Akoka et Romane Gueret Les Pires est un peu la prolongation de Chasse Royale, leur premier court-métrage, à la différence que leur court-métrage se concentre sur le moment du casting, tandis que le long raconte le tournage qui en découle. Elles sont toutes deux entrées dans le secteur du cinéma par le biais du casting sauvage, en travaillant sur des films en tant que directrices de casting et coachs d’enfants, avant de réaliser Chasse Royale, qui s’inspire de nos expériences. Pour préparer Les Pires elles sont retournées dans ce quartier de Valenciennes (le court métrage porte son nom) qui leur avait tant inspirées, avec l’envie de continuer à faire dialoguer deux milieux que tout semble opposer : celui d’un quartier populaire et celui du cinéma. Mais à la base de ces deux films, il y a surtout leur passion commune pour le monde de l’enfance accidentée, qui fait écho à des préoccupations intimes pour chacune d’elles
  • 43. Les enfants du silence Agnieszka Smoczynska Au début des années 70, au Pays de Galles, June et Jennifer Gibbons, deux sœurs jumelles totalement fusionnelles, ont peu à peu résolu de se murer dans le silence vis- à-vis de leur famille et du monde extérieur. Tandis que leur scolarité semble de plus en plus incertaine, elles s’inventent, dans leur chambre, un univers parallèle où elles laissent libre cours à leur imagination foisonnante…
  • 44. Joyland, de Saim Sadiq “Au Pakistan, les femmes trans sont très visibles et très importantes”. Un événement à plusieurs titres. C’est la première fois que le festival accueille un film pakistanais en sélection officielle. Avec, comme héroïne, Biba (Alina Khan), une époustouflante femme trans. Cette danseuse dans un cabaret érotique va bouleverser la vie de Haider (Ali Junejo), un homme qui peine à exister dans sa famille à l’équilibre étouffant, entre domination masculine et désirs enfouis.  Avec Joyland, je pense, j’espère ! qu’on a fait du bon boulot. À la fin de la projection, lundi, deux jeunes garçons venus spécialement du Pakistan m’ont pris dans leurs bras, ils étaient en larmes. L’un d’entre eux n’arrivait plus à parler. Selon moi, leur émotion allait bien au-delà de celle suscitée par la fiction. Je pense qu’ils se sont reconnus à l’écran. Enfin on les regardait…
  • 45. «Godland» Hlynur Palmason  Suivant le chemin d’un prêtre sur les terres vierges de l’Islande du XIXesiècle, Hlynur Palmason signe une ode majeure à la nature et au cinéma.  Au neuvième jour du Festival, on avait presque oublié qu’on en faisait encore des comme ça. Des films devant lesquels tomber à genoux, des films qui nous sauvent et nous guérissent de tous les faux-semblants déployés ailleurs – par les films-formats, les films-formules, les films-frime, les films-fardés… On découvre devant Godland combien cela urgeait de respirer un autre air. Cet air est celui de la redoutable Islande, dans les confins sauvages du monde où Hlynur Palmason a tourné pendant plusieurs années.  Déjà à l’époque de son précédent film, Un jour si blanc, le cinéaste expliquait à Libé avoir passé deux ans en amont du tournage à enregistrer le passage des saisons autour de la maison qui lui tenait de décor. Ici, un même recours au timelapse capture les mille et uns visages d’une vue de glacier, filmé pendant deux années.  Ou encore, déroule les étapes de la décomposition d’un cheval gisant en pleine nature, pris dans une gangue de glace en hiver, se dissolvant lentement avec les premières fontes pour ne laisser que son squelette. Le stupéfiant rapport à la durée de Palmason se pose là, comme celui d’un collectionneur de l’infime.
  • 46. «Le Bleu du caftan» Maryam Touzani Broderie dans un film tout en délicatesse, Maryam Touzani dépeint un triangle d’amours contrariées.  Penché sur une généreuse pièce de tissu bleu pétrole, un couturier tend une paire de ciseaux à son apprenti en lui pointant la petite marge qui sépare la ligne de découpe et le patron du caftan qu’il devra assembler. «C’est le centimètre du mâalem», dit le maître artisan. C’est dans cette bande étroite que Halim mène sa vie. Dans la médina de Salé, au Maroc, ce sosie sexy d’Edwy Plenel (le Palestinien Saleh Bakri) est le dernier artisan à perpétuer un savoir-faire traditionnel dans l’assemblage et la broderie de tuniques. Tandis qu’il passe ses journées affairé en silence dans l’arrière-boutique, sa femme, Mina, douche avec splendeur les petits caprices de la bourgeoisie marocaine peu habituée aux délais qu’impose le travail manuel. Tout irait pour le mieux si Halim n’aimait pas les hommes et si Mina n’était consumée par un cancer hors de contrôle. Si le désir de Halim n’était pas déconnecté de l’amour qu’il porte à Mina.
  • 47.
  • 48. LA QUINZAINE DES RÉALISATEURS
  • 49. L'Envol réalisé par Pietro Marcello avec Juliette Jouan, Louis Garrel, Noémie Lvovsky, Yolande Moreau. Adaptation libre du roman Alye parusa d’Aleksandr Grin. Quelque part dans le Nord de la France, Juliette grandit seule avec son père, Raphaël, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. Passionnée par le chant et la musique, la jeune fille solitaire fait un été la rencontre d’une magicienne qui lui promet que des voiles écarlates viendront un jour l’emmener loin de son village. Juliette ne cessera jamais de croire en la prophétie. L'envol de Pietro Marcello
  • 50. « El Agua », l’envoûtant cinéma de légende d’Elena Lopez Riera Le cinéma espagnol se porte bien, en témoigne la prodigieuse récolte de films émanant de jeunes réalisateurs – Jonas Trueba, Carla Simon, lauréate de l’Ours d’or à la Berlinale, en février, avec Alcarras. On peut désormais ajouter le nom d’Elena Lopez Riera, dont le premier long-métrage, El Agua, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, provoque un véritable envoûtement. Ce film, qui concourt pour la Caméra d’or – récompensant chaque année une première œuvre –, embrasse toute une région, celle de Valence où a grandi la cinéaste. Personne ne prétend détenir la vérité de l’histoire, mais en voici les grandes lignes : des femmes disparaîtraient au lendemain d’inondations, l’eau entrant dans leur corps et les entraînant à jamais. Cette croyance populaire habite les jeunes comédiens du film, pour la plupart des non-professionnels, tandis que des femmes des villages alentour témoignent face caméra, donnant chacune sa version du récit, sur un mode documentaire.
  • 51.  Los que desean, «ceux qui désirent», c’était le titre d’un court-métrage d’Elena López Riera, avant El Agua, son premier long, présenté à la Quinzaine des réalisateurs. Dans son village natal d’Orihuela, dans la province espagnole de Valence, la cinéaste filmait le rituel d’une course de pigeons, perpétué de père en fils par les hommes du coin, qui peignent leurs ailes de vives couleurs pour les reconnaître en plein vol. El Agua – «l’eau», tout simplement – revient au village, et passe des ébats du ciel au lit de la rivière, menaçant dès le début de déborder. Des bruits courent dans la petite ville, rumeurs liées à une ancienne légende. Le río, disent-elles, peut tomber amoureux, élire une jeune fille des environs, et vouloir la garder pour lui, si d’aventure elle en aime un autre. Alors ça déborde. Ça arrive, plusieurs fois par siècle. El Agua, pendant ce temps, a rendez-vous avec Ana (Luna Pamies), son personnage, une fille de 17 ans, qui vit avec sa grand-mère (Nieve de Medina) et sa mère (Bárbara Lennie), derrière le bar que tient celle-ci. Un mythe prêt à revenir, une héroïne qui apparaît, ça fait deux personnages, autant de forces, l’eau et Ana : un film va pouvoir commencer. Il s’écrira à leur rencontre.
  • 52. Les Harkis de Philippe Faucon  .  Les Harkis n’est pas un film de guerre, pas non plus un film sur la guerre. Il y a plusieurs raisons à cela. Avant tout, c’est un film sur la guerre d’Algérie, une histoire singulière qu’il n’universalise pas, ne prend pas de haut ni de loin au nom de toute l’humanité.  Au contraire, il y va, il entre, et il précise. Son sujet, dès son titre, il n’en fait pas mystère: à la fois historique et brûlant, venu d’un passé qui ne passe pas, de blessures mal refermées. Comment elles furent ouvertes, et par qui, il raconte.  On saura d’ailleurs, à chaque plan, de quoi il parle, ce qu’il montre. Les Harkis, son titre l’annonce, sera un portrait de groupe. C’est un titre de tragédie grecque. On saura qui compose ce groupe. On saura, dans chaque cadre, tout de suite, où regarder, quoi voir, qui entendre. On verra, pour chaque personnage, chaque acteur, le plus fugace, qui est là.  C’est à ça qu’on reconnaît encore le cinéma, en Philippe Faucon, toujours, un cinéaste, en les Harkis un grand film. Théo Cholbi
  • 53. Clara Sola de Nathalie Álvarez Mesén  Dans un village reculé du Costa- Rica, une femme de 40 ans renfermée sur elle-même, entreprend de se libérer des conventions religieuses et sociales répressives qui ont dominé sa vie, la menant à un éveil sexuel et spirituel.  Nathalie Álvarez Mesén vient d’une famille nombreuse composée principalement de femmes. Malgré cela, des normes patriarcales qu'elle qualifie de "malsaines" sur la façon dont une femme devrait ou ne devrait pas se comporter lui ont été transmises.
  • 54. « Un beau matin » Mia Hansen-Løve.  « Un beau matin », un conte à la Rohmer sur la fin de vie  Dans le rôle d’un vieil homme placé en Ehpad, Pascal Greggory illumine le film de Mia Hansen-Løve.  Sandra, traductrice et célibataire (Léa Seydoux), vit à Paris avec sa fille, et rend visite dès qu’elle peut à Georg, son père vieillissant (Pascal Greggory). Georg vit dans un petit appartement, rempli de livres, c’est sa vie. L’ancien professeur est un homme doux et ses étudiants l’adorent. Atteint d’une maladie neurodégénérative, il accepte sa défaite de vieux monsieur qui perd la tête. Sandra, elle, veut profiter de leurs derniers moments de complicité. Mais l’état de Georg s’aggrave et elle se met en quête de trouver un établissement d’accueil, correct, pas trop cher et situé dans la capitale. Une mission difficile, qui va mener la famille d’Ehpad en Ehpad, et le spectateur avec, dans une veine réaliste, avec une attention pour le travail des soignants.  Des résidants errent, se trompent de chambre, sont reconduits gentiment. Autant d’images et de questionnement devenus familiers ces dernières années, que le cinéma commence à explorer – on pense aussi au beau documentaire de Valeria Bruni Tedeschi et Yann Coridian, Une jeune fille de 90 ans, diffusé sur Arte en 2017.
  • 55. «Les Années Super 8», la mémoire de film d’Annie Ernaux Formé par l’écrivaine et son fils à partir d’images familiales, le documentaire est une plongée dans l’image figée d’une époque et d’un milieu, et un regard sur la construction d’une écrivaine. «Saisir les choses», se situer «dans la mémoire d’un présent sans avenir» – ainsi Annie Ernaux élucidait-elle son travail d’écrivaine, lors d’un entretien donné à Libération à la sortie de Mémoire de fille en 2016. La mémoire d’un présent qui n’a pas encore d’avenir, c’est justement ce qu’enregistrent les films de famille, attrapant au vol tout ce qui «n’arrivera pas deux fois», les 10 ans du grand, la première descente à ski du cadet, sitôt vécus sitôt emportés par le vent. C’est ce à quoi Annie Ernaux a décidé de se mesurer, en signant avec son fils David Ernaux-Briot les Années Super 8, film d’une heure présenté à la Quinzaine des réalisateurs – elle à la narration, lui à la réalisation.
  • 56. «Feu follet» João Pedro Rodrigues  Cannes, sans le savoir, n’attendait que ça, et iel n’était du tout prêt. Une heure et sept minutes de rires incrédules – joyeux, nerveux, irrépressibles – allaient secouer les murs du théâtre Croisette, caserne de la Quinzaine de Réalisateurs, un soir de giboulée de mai, soudain changée en pluie de foutre et de neige carbonique.  Dès les premières scènes de Feu follet le nouveau João Pedro Rodrigues, cinéaste portugais qu’on ne présente plus ou de moins en moins, ça se frottait les yeux d’étonnement.  Les oreilles aussi, si Feu follet est bien la «fantaisie musicale» annoncée par son générique. C’est surtout une comédie politique, et le meilleur film de pompiers depuis Flammes d’Adolfo Arrieta, en 1978.
  • 57.
  • 58. « Alma Viva », le regard d’une enfant sur le village de ses ancêtres Metteuse en scène de théâtre, puis réalisatrice de documentaires et de films courts, Cristèle Alves Meira – née à Montreuil (Seine-Saint- Denis), en 1983 – signe un premier long-métrage qui l’a ramenée au pays. Celui de ses origines, le Portugal. Un retour gagnant qui lui vaut d’être en compétition à la Semaine de la critique pour une histoire simple et âpre, dont le déroulement nous retient dans un village niché au creux des montagnes. Un village que les hommes ont quelque peu déserté, mais où les femmes ont du caractère, les croyances la vie dure, le verbe de la truculence. Ce que l’on ressent parfois de l’« âme d’un lieu » – que la cinéaste s’évertue à rendre légèrement étrange, un brin décalée – nous est offert ici par la grâce d’une lumière, la vitalité du récit et la magie d’une image pittoresque.
  • 59.
  • 60. Yamabuki, cette petite fleur jaune qui pousse entre les pierres. Juichiro Yamasaki filme un Japon inattendu, où l’on croise un ouvrier coréen et une lycéenne qui manifestent pour la paix. Un film délicat et puissant comme les yamabuki. L’action se déroule à Maniwa, petite ville minière dans les montagnes de l’ouest du Japon. Paysages gris, poussiéreux, d’immenses pelleteuses broient la montagne dans un ballet savamment orchestré. Les pierres arrachées s’engouffrent dans des tapis qui sillonnent le paysage jusqu’à être concassées et devenir gravier. Chang-Su est ouvrier dans cette mine à ciel ouvert. Coréen, il s‘est exilé dans cet endroit perdu pour rembourser une dette familiale. Il partage sa vie dans une modeste bicoque avec Minami et sa petite fille qui ont fui un mari violent.
  • 61. «Grand Paris» Martin Jauvat Ça dit quoi, la comédie française ? Comme dans la moitié des dialogues de l’égayant Grand Paris, ça dirait sûrement entre deux gorgées de Capri-Sun : «On est là, hein !» Vu de l’Acid, on serait tentée d’affirmer que ça va même plutôt très bien. Premier long métrage d’un joyeux luron d’à peine 26 ans, joueur de ping- pong à la retraite (on ne fait que se fier à la bio), détenteur de moult fringues flashy et déjà auteur de plusieurs courts, Grand Paris n’aurait pas volé la palme de la comédie la plus sympatoche du festival. Voire la mention «meilleure bromance» – sans rancune, les Huit montagnes ! Martin Jauvat, présent des deux côtés de la caméra, a écrit un film pastel qui semble avoir sniffé trop de colle Uhu, l’équivalent en fiction d’une nuit de foncedalle, croisement entre le Mandibules de Quentin Dupieux et la série Bloqués d’Orelsan.
  • 63. «Don Juan» Serge Bozon Le séducteur ne saurait vouloir se marier car ce serait figer l’infinie succession des rencontres dans l’arbitraire d’un amour unique et une manière artificielle de prolonger l’intensité fugace de la passion érotique dans le temps long d’une règle sociale. Et pourtant ici, c’est bien à la mairie que l’on découvre le Don Juan de Serge Bozon. Laurent (Tahar Rahim) s’apprête à passer la bague au doigt de Julie (Virginie Efira) qui finalement ne viendra pas. Elle était dans la rue, en bas, et l’a simplement surpris en train de poser un regard pénétrant sur une passante. L’homme immédiatement infidèle au serment de fidélité que pourtant il semblait vouloir endosser ou simple surinterprétation d’un regard vague et peut-être rêveur ? Du moins, elle se casse, disparaît et lui reste seul avec son chagrin, un amour désemparé et errant qui lui fait peu à peu croiser la même évadée sous différents aspects, d’autres personnages parfaitement dissemblables (coiffures, vêtements, manières de parler…) mais interprétés par la même actrice.
  • 64. As Bestas Rodrigo Sorogoyen Le cinéaste espagnol, Rodrigo Sorogoyen, auteur des excellents El Reino ou encore Madre, raconte la fracture sociale dans un petit village de Galice dans un terrifiant et grandiose thriller. Le meilleur film de la sélection cannoise n’est pas en compétition. Dommage. Présenté en section « Cannes Premières », ovationné lors de sa projection officielle, « As Bestas », le nouveau thriller politico-social du talentueux Rodrigo Sorogoyen, a roulé sur la Croisette. Un couple de Français qu’on devine embourgeoisés, campés par Marina Foïs et Denis Ménochet, s’est installé dans un hameau reculé et pauvre au coeur des montagnes de Galice.
  • 65.
  • 66. Cordes Estibaliz Urresola  Le cinéma basque sera représenté au Festival de Cannes avec « Cuerdas » (Cordes), réalisé par Estibaliz Urresola, qui sera projeté à la Semaine de la Critique.  Ce projet, produit par Sirimiri Films en collaboration avec Gariza Films et Katz Estudio, montre l'histoire d'un chœur de femmes en danger de dissolution après avoir perdu une subvention municipale leur permettant de louer la salle de répétition. Pour y suppléer, il serait tentant d’accepter l’offre de parrainage d'une des plus grosses entreprises de la vallée, mais très polluante...  La jeune réalisatrice (38 ans) Estibaliz Urresola Solaguren est diplômée en Communication Audiovisuelle (UPV-Bilbao), en Théorie du Montage (EICTV Cuba), et obtient deux masters, un en Réalisation et un autre en Production Cinématographique à l’ESCAC. Auteur de plusieurs courts-métrages et du long-métrage documentaire « Voix de papier » présenté au Festival de Saint- Sébastien, ses films avaient été sélectionnés dans divers festivals dont ceux de Guadalajara, Bruxelles et Malaga. Elle produit actuellement son premier long métrage 20,000 Especies de abejas, sélectionné par le Berlinale Coproduction Market, Premiers Plans et la Incubadora.
  • 67. Le cinéma basque sera également présent au Marché du Film avec des créations de María Elorza et Ane Berriotxoa réalisées par Basque Audiovisual, en particulier « A los libros y a las mujeres canto » qui participera aux projections du marché espagnol. Produit par Txintxua Films, cette réalisation avait remporté les prix FIDBA et Festival de Málaga-WIP España. Le Marché du Film montrera également le court métrage « Bat » d'Ane Berriotxoa et de l'Ecole de Cinéma du Pays Basque, qui fera partie du catalogue 2Cool4School.
  • 69. Riposte féministe Marie Perennès, Simon Depardon  Élise à Brest, Alexia à Saint-Etienne, Cécile à Compiègne ou encore Jill à Marseille : elles sont des milliers de jeunes femmes à dénoncer les violences sexistes, le harcèlement de rue et les remarques machistes qu’elles subissent au quotidien. La nuit, armées de feuilles blanches et de peinture noire, elles collent des messages de soutien aux victimes et des slogans contre les féminicides. Certaines sont féministes de longue date, d’autres n’ont jamais milité, mais toutes se révoltent contre ces violences qui ont trop souvent bouleversé leurs vies. Le sexisme est partout, elles aussi ! Séance spéciale
  • 70.
  • 72. Le Rail d’Or Créés par Jean Roy et l’association des cheminots cinéphiles ceux du rail, ces récompenses ont couronné deux femmes cinéastes: - Emmanuelle Nicot pour Dalva, récit de la reconstruction d’une jeune fille victime d’inceste. -Estíbaliz Urresola pour Cuerdas. Elle y confronte une chorale de femmes après l’arrêt de subventions municipales
  • 73. Palm Queer La Queer Palm a été décernée à "Joyland", du Pakistanais Saim Sadiq. Ce film raconte l'histoire d'un jeune homme qui rejoint un théâtre de danse érotique et tombe amoureux d'une personne transgenre. "C'est un film extrêmement fort, qui représente tout ce que nous défendons", a déclaré la réalisatrice Catherine Corsini, présidente de l'édition 2022 de la Queer Palm à Cannes. La Queer Palm revient au film pakistanais "Joyland"
  • 74. Un Certain Regard Il s'agit d'une catégorie qui récompense des films, "un cinéma d’auteur et de découverte". Parmi les 20 films sélectionnés, "Les Pires" de Lise Akoka et Romane Guéret a remporté le prix Un Certain Regard. Le film pakistanais "Joyland" de Saim Sadiq a reçu le prix du Jury. C'est le premier film pakistanais sélectionné au Festival de Cannes.
  • 75. La Quinzaine des Réalisateurs "Un beau matin" de Mia Hansen-Løve a reçu le Label Europa Cinemas. le Carrosse d'Or" a été attribué à Kelly Reichardt, la réalisatrice de « Showing Up » Un beau matin Showing Up
  • 77. CLOSE Lukas DHONT STARS AT NOON Claire DENIS Grand Prix (ex-aequo)
  • 78. Prix de la mise en scène
  • 79. Prix du scénario Boy from Heaven de Tarik SALEH
  • 80. Les huit montagnes Felix VAN GROENINGEN, Charlotte VANDERMEERSCH Eo Jerzy SKOLIMOWSKI Prix du Jury (ex-aequo)
  • 81. Prix du 75e TORI ET LOKITA des DARDENNE