2. Violaine Huisman vit depuis 1998 à New York, où
elle a fait ses armes dans l’édition et se charge
actuellement des événements littéraires pour
BAM (Brooklyn Academy of Music), le plus vieux
théâtre des États-Unis. Elle a traduit Un crime
parfait de David Grann pour les éditions Allia.
Son premier roman, "Fugitive parce que reine",
publié chez Gallimard, a reçu les prix Françoise-
Sagan et Marie Claire du roman féminin 2018.
3. Violaine Huisman est née à
Paris en 1979. Elle vit et
travaille à New York depuis
vingt ans, où elle a dirigé la
série littéraire de la
Brooklyn Academy of Music
et organisé des festivals
artistiques
multidisciplinaires dans
toute la ville.
Publié à l'origine chez
Gallimard sous le titre
Fugitive parce que reine,
son premier roman Le livre
de la mère a été
récompensé par de
multiples prix littéraires,
dont le prix Françoise Saga
et le prix Marie Claire.
4. Violaine est la fille de Denis Huisman,
universitaire, professeur de philosophie et
de relation publique. En 2003, il créa
l’école française du journalisme (EFJ), il a
écrit une dizaine d’ouvrages sur la
philosophie. Il est décédé en février 2021.
Violaine présente son père comme
quelqu’un d’extrêmement rigoureux dans
ses études, dans ses pensées, dans son
appréciation de la philosophie, c’était
aussi un homme d’affaires, avec une vie
dissolue, une personnalité fantasque aux
multiples facettes. Il se maria quatre fois,
sa troisième femme, Catherine Cremnitz,
était la mère de Violaine. Ils formaient un
couple où résidait une profonde
divergence sociale et intellectuelle, deux
personnages en totale contradiction, un
terrain fertile pour la littérature.
Catherine Cremnitz fut hospitalisée en
1989, pendant de longs mois pour une
dépression. Après se séjour, elle décida
d’écrire un livre (Saxifrage). À l’opposé de
Denis Huisman, elle n’affectionnait pas ce
mode d’expression qu’elle considérait
comme un exercice périlleux.
5. Violaine fréquenta le lycée Henri IV à
Paris puis, elle suivit une première
année en faculté de lettres et à 19
ans elle s’envola pour les États-Unis.
Là-bas, elle poursuivit la deuxième
année par correspondance et obtint
une Maîtrise de Lettre Moderne.
À New York, elle travailla dans
l’édition, elle traduisit des romans,
collabora avec le théâtre BAM à
Brooklyn, organisa des événements
et des festivals pluridisciplinaires.
Sa mère vivait à Dakar à l’époque,
c’est par téléphone que Violaine lut à
Catherine Cremnitz l'intégralité de la
première version de « Fugitive parce
que reine ». La biographie romancée
de sa mère se présentait sous la
forme d'un monologue, mais
Catherine fut bouleversée
6.
7. Critiques
A la chute du mur de Berlin, à laquelle elle assiste devant
un poste de télévision, le 9 novembre 1989, la petite fille
âgée de 10 ans ne comprend pas grand-chose, « malgré
les efforts de pédagogie du speaker ». Au même moment,
une autre chute la laisse interdite : celle de sa mère, qu’elle
avait jusque-là admirée « avec un ravissement ébloui », et
qui a sombré au point de devoir être internée de force.
L’enfant peut d’autant moins saisir ce qui lui arrive que la
seule explication livrée par les adultes est une locution
mystérieuse, qui lui restera en tête « tout attachée » :
« Ta-mère-est-maniaco-dépressive. » Fugitive parce que
reine, le premier roman de Violaine Huisman, détache les
mots, déplie les phrases et les souvenirs, les faits et les
mythes familiaux, pour comprendre le mal qui rongea sa
mère et faire de cette femme excessive en tout, splendide
et pathétique, morte il y a quelques années – vingt après
la chute du mur de Berlin – un portrait bouleversant,
terriblement vivant.
Une langue à la fougue sombre et sans pathos
Un portrait, surtout, à la constante recherche de la
justesse, dans l’écriture et dans le regard. La première
partie, qui s’ouvre sur un incipit long de vingt-huit lignes,
centré sur cette chute du mur de Berlin survenue en plein
désastre personnel, est consacrée aux souvenirs de
Violaine Huisman. Employant une langue à la fougue
sombre et sans pathos, non dénuée d’humour, attachée à
ne surtout pas se plaindre, elle y évoque son enfance et
son adolescence auprès de cette mère qui lui inspirait
émerveillement, pitié, tendresse, dégoût ou crainte, mais
un amour infini.
Le monde
8.
9. "Maman était une force de la
nature et elle avait une patience
très limitée pour les jérémiades
de gamines douillettes. Nos
plaies, elle les désinfectait à
l'alcool à 90°, le Mercurochrome
apparemment était pour les
enfants gâtés. Et puis il y avait
l'éther, dans ce flacon d'un bleu
céruléen comme la sphère
vespérale. Cette couleur était la
sienne, cette profondeur du bleu
sombre où se perd le coup de
poing lancé contre Dieu."
Ce premier roman raconte
l'amour inconditionnel liant une
mère à ses filles, malgré ses
fêlures et sa défaillance. Mais
l'écriture poétique et sulfureuse
de Violaine Huisman porte aussi
la voix déchirante d'une femme,
une femme avant tout, qui n'a
jamais cessé d'affirmer son droit
à une vie rêvée, à la liberté.
Babelio