Le résumé de mon intervention devant l'AG du personnel de la CAF de Pau le 24 novembre 2015. Ce document doit être utilisé avec la présentation qui porte le même titre.
1. Numérique en éducation :
quelques étapes
TNI
Les tableaux numériques interactifs se développent dans les établissements
scolaires depuis 2005 à peu près.
Nouvelles possibilités : afficher des images en couleurs, les annoter en
commun, voir des vidéos, masquer/dévoiler des éléments, enregistrer...
(vidéo Ludovia collège de Garlin). Mais le TNI ne change pas la pédagogie.
Que faut-il pour changer la pédagogie ?
Il faut une appropriation des usages possibles par les pédagogues, les
enseignants, pour que les projets impliquant le numérique soient vraiment
portés par eux et qu'ils soient d'abord des projets pédagogiques.
A cette fin, le Département organise depuis 2006 une journée annuelle
destinée à favoriser les échanges, les partages de pratiques entre
enseignants : Eidos64.
Rendre l'élève actif
Changer la pédagogie avec le numérique, c'est trouver comment utiliser le
matériel pour mettre en œuvre une pédagogie. (photo portable Irandatz :
passer la tablette à l'élève au lieu de passer l'élève au tableau).
Vidéo tablettes (Château d'Abbadia)
Classe inversée
C'est par le travail personnel qu'on apprend. La classe inversée insiste sur
2. l'activité des élèves. Inversion par rapport à un modèle classique théorique
"Cours en classe - exercices d'application à la maison".
Rien de nouveau dans la démarche pédagogique, mais le numérique facilite
cette démarche en simplifiant l'usage individuel.
Statistiques
Les sondages menés dans les collèges du département par les médiateurs
« Solidarité numérique » de l'ADN, comme les études nationales, montrent
que les jeunes scolarisés dans l'enseignement secondaire sont largement
équipés à titre personnel.
BYOD
L'usage individuel, personnel, du numérique est sans doute la clé pour le
développement d'une compétence numérique des élèves, d'une littératie.
L'utilisation du matériel personnel (BYOD pour Bring Your Own Device)
semble être une bonne solution : beaucoup de jeunes en âge d'être en
collège ou lycée sont déjà équipés de téléphones ou de tablettes. Il serait
plus judicieux d'utiliser les moyens des collectivités pour équiper les 50% qui
n'ont rien plutôt que pour fournir un second appareil aux 50% qui en ont déjà
un.
Les évaluations nationales et internationales ne montrent pas de
corrélation entre l'équipement massif et les résultats scolaires.
Il faut sans doute nuancer ce constat (ce ne sont pas forcément les
compétences développées par l'usage du numérique qui sont évaluées, un
plan d'équipement n'est pas forcément suivi d'une utilisation pédagogique et
cette utilisation pédagogique n'est pas forcément pertinente…).
Former des citoyens numériques
Ce qui est certain, toutefois, c'est que les jeunes sont amenés à vivre dans
un monde numérique, de plus en plus numérique (usages personnels,
professionnels et citoyens). L'école ne peut pas se soustraire au devoir de
leur apprendre à s'y repérer et à l'appréhender efficacement…
C'est pour répondre à ce besoin que le Département a mis en place l'action
« Citoyenneté numérique » dans son Projet Éducatif Départemental (PED),
action confiée aux médiateurs de l'ADN.
Web 2.0
● Participation/partage
● Publication
3. ● Consommation critique d'information
D'où une réflexion à avoir sur l'identité numérique, la e-réputation, la
netiquette, les questions à se poser quand on est producteur de contenu
(nous le sommes tous).
Quelques exemples :
• Dave le voyant : ce que nous publions sur le web (et notamment sur
les réseaux sociaux) peut être retrouvé, rassemblé, recoupé et donner
plus d'informations sur nous et sur notre vie privée que nous le
pensons.
• Sécurisation des mots de passe : nous utilisons de plus en plus de mots
de passe pour sécuriser l'accès à des parts importantes de nos vies.
Quelques conseils pour avoir un mot de passe fiable.
• Hoaxkiller : les réseaux sociaux permettent la diffusion rapide et
'virale' de beaucoup d'informations, vraies ou fausses. Il est nécessaire
d'exercer son esprit critique sur ce qu'on reçoit. Hoaxkiller permet
d'identifier des rumeurs répandues sur internet.
• Ressources en lignes pour se former à ces questions et pour savoir à
qui s'adresser en cas de difficulté (cyber-harcèlement etc.)
Web 3.0 : données et algorithmes
Qu'appelle-t-on big data ? Ce sont des données présentant 3 caractéristiques
(3V) : volume, vélocité, variété
Le 4ème V : la valeur
L'intérêt de cette masse de données est évidemment de trouver un sens,
une valeur. C'est à cela que servent les algorithmes.
Un algorithme est simplement une suite d'opérations
Une recette de cuisine peut être considérée comme un algorithme. Les
algorithmes dont on parle surtout sont des algorithmes destinés à extraire
des informations d'une grande masse de données : datamining, statistiques
prédictives, machine learning.
Quelques exemples
Amazon : beaucoup d'utilisateurs qui ont acheté un certain nombre de
produits en commun en ont également acheté un autre, donc je propose cet
autre à quelqu'un qui a acheté les premiers mais pas encore l'autre. (Amazon
a 209 millions de clients dans le monde). Google Flu : Google a prévu
l'évolution de l'épidémie de grippe à partir des recherches des internautes. Il
est important de comprendre qu'il n'y a aucune intelligence dans ces
4. algorithmes : on compare simplement des gros volumes d'information, sans
se préoccuper du contenu (par exemple, les recommandations d'Amazon
portent sur les achats de livres, sans aucune analyse qualitative des livres :
l'algorithme ne cherche pas des livres qui appartiennent au même genre
littéraire, à la même période ou qui parlent de la même chose).
Une nouvelle méthode scientifique ?
Chris Anderson (http://www.wired.com/2008/06/pb-theory/) : "Avec
suffisamment de données, les chiffres parlent d'eux-mêmes"
Exemple de Google translate : en rapprochant des milliers de documents
identiques dans différentes langues, on peut traduire de l'une vers l'autre
(par ex. personne ne parlait chinois dans l'équipe de Google qui a fait la
traduction chinoise).
Exemples de collecte de données par les grands acteurs du web :
• Suivi de la navigation internet par les sociétés spécialisées dans le
marketing et la publicité.
• Géolocalisation Google sur les téléphones : un historique des
déplacements de l'utilisateur est conservé.
Des risques...
Quelques exemples de risques : bulle de filtre (avec la personnalisation de
l'information, risque que l'internaute ne voie plus que ce qui le conforte dans
ses opinions, sans lui proposer de contenu divergent), frappes de signature
(frappes de drones utilisant une activité observée comme 'signature' d'un
comportement terroriste), discrimination (exemple de publicités sur Google
pour la consultation du casier judiciaire quand le prénom recherché est
surtout répandu dans parmi la population noire américaine)...
...Mais pas seulement
Google bénéficie désormais d'une position dominante parmi les moteurs de
recherche parce qu'il donne satisfaction pour la recherche. Et par exemple, il
est bien pratique que la recherche "Pizzeria Pau" donne d'abord des résultats
pour Pau dans les Pyrénées-Atlantiques quand on fait une recherche depuis
cette ville plutôt que pour Pau en Catalogne ou en Italie. Plateforme
d'assistance Crisis Text Line (http://www.crisistextline.org/) : plateforme
d'écoute par SMS à destination des adolescents américains. Cette plateforme
utilise des algorithmes pour détecter les messages prioritaires et pour aider
les opérateurs à répondre (en leur suggérant des questions à poser ou des
réponses à apporter).
5. Le retrait du monde (numérique) n'est pas une solution, surtout en
ce qui concerne l'éducation des jeunes : en restant enfermé chez lui
un enfant ne risque pas d'être victime d'un accident de la
circulation, mais ce n'est pas ainsi qu'il apprend à traverser la rue.
Il faut comprendre le numérique, les réseaux sociaux, les
algorithmes pour ne pas les subir et veiller à leur bonne utilisation
(collectivement et individuellement).
La culture générale, le souci de la justice sociale, la pédagogie, l'éducation
sont plus que jamais d'actualité. Citation de Danah Boyd (anthropologue
américaine, chercheuse chez Microsoft, spécialiste des usages du
numérique) : la réflexion sur la justice sociale et sur la technologie ne
doivent pas être séparées.