1. SYCODÉS Informations n° 65 - mars - avril 2001
Connaître les risques
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Les joints de dilatation plats
Toitures-terrasses accessibles aux véhicules
Le joint de dilatation “ouverture rectiligne aménagé dans un ouvrage
pour absorber les différences de mouvements ou de comportement”
est par nature difficile à étancher.
Si les joints verticaux ou les joints horizontaux posés sur costières font
l’objet d’une sinistralité que l’on pourrait qualifier d’acceptable en rai-
son de la difficulté de ce type d’ouvrage, il n’en va pas de même par
contre pour les joints dits “plats” réalisés sur les terrasses accessibles
aux piétons ou parkings protégées par des revêtements d’étanchéité
type multicouche ou asphalte.
Ces joints plats permettent une circulation sans
discontinuité de la couche de roulement. Il est à
noter qu’il existe également des joints plats dits
“surélevés” qui permettent d’assurer une telle cir-
culation, mais qui sont peu usités compte tenu des
surpaisseurs qu’ils génèrent au niveau de la protec-
tion notamment.
Les entrepreneurs d’étanchéité, membres de la
C.S.F.E. ou de l’Office des Asphaltes, sont unani-
mes pour rappeler qu’ils doivent intervenir en
réparation de ce type de joints plats, parfois à plu-
sieurs reprises, et tout particulièrement sur ceux
situés en point bas des dalles parking.
Les utilisateurs dans ce cas finissent d’ailleurs bien
souvent, compte tenu des fuites répétées, par
installer des systèmes de récupération des eaux en
sous-face des dalles pour s’affranchir des consé-
quences de ces infiltrations.
Les joints plats, comme ceux sur costières, sont
destinés à assurer la continuité du revêtement d’é-
tanchéité au droit du fractionnement de la dalle.
La largeur de l’interstice (ou hiatus) entre les deux
faces de la dalle fractionnée varie suivant les condi-
tions climatiques. En hiver, la dalle béton se
rétracte et en conséquence, l’interstice est à sa lar-
geur maximale. À l’inverse, la dilatation de la dalle
en période d’été provoque la fermeture du joint.
Outre ces variations dimensionnelles que tous les
types de joints doivent supporter, le joint plat doit
être conçu pour ne pas être blessé par le passage
des piétons, mais surtout par la circulation et le sta-
tionnement des véhicules sur les dalles parking.
Pour arriver à concilier tous ces paramètres, diverses
solutions ont été imaginées par le passé : joints
métalliques en plomb, en zinc ou en acier, costières
en métal fixées venant se recouvrir l’une sur l’autre.
Toutes ces techniques mises en œuvre avec plus ou
moins de succès ont finalement laissé place aux
joints élastomère traditionnels à soufflet dont les
caractéristiques ont été codifiées par le D.T.U. 43.1
et le D.T.U. 20.12.
Ces joints doivent être
soumis à la procédure
d’Avis Technique. Le
Néodyle, fabriqué par la
société Siplast, est celui
le plus connu sur le mar-
ché, mais bien d’autres
fabricants commerciali-
sent de tels joints (Axter,
Meple, Soprema…).
L’ouverture entre les
deux parties de la dalle
béton est pontée par
une bande d’étanchéité
en bitume élastomérisé
de 50 cm de large envi-
ron, soudée de part et
d’autre sur le revête-
ment d’étanchéité
protégeant la dalle.
Joint Néodyl de Siplast.
PhotoSiplast
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Cette bande est, d’une manière générale, posée
avec un soufflet qui vient reposer sur les deux
lèvres chanfreinées en extrémité de la dalle béton
ou de la forme de pente, conformément au croquis
type décrit aux D.T.U. 20.12. ou 43.1.
Ces bandes se soudent aisément avec les feuilles
d’étanchéité en bitume élastomère ou la couche
d’asphalte suivant le type de revêtement mis en
œuvre. La lyre est remplie par un matériau impu-
trescible pour éviter la pénétration de tout détritus
susceptible de la blesser.
La mise en œuvre du joint ne pose guère de pro-
blème, sinon qu’elle exige une pose soignée. C’est
néanmoins au niveau de la protection que les prin-
cipales difficultés sont rencontrées. Cette
protection est assurée par un feuillard métallique
pour favoriser le glissement entre le joint et la pro-
tection qui doit être démontable.
La protection finale est assurée, soit par de
l’asphalte gravillonné identique à celui venant en
protection du complexe d’étanchéité asphalte, soit
encore par des dallettes ciment.
L’étude que nous avons réalisée à la demande de
l’Agence Qualité Construction a mis en évidence
deux causes principales de sinistres :
LES DÉFAUTS D’EXÉCUTION
Ils proviennent essentiellement d’une réalisation
défectueuse des protections. Les feuillards métal-
liques ne sont pas toujours posés correctement. La
feuille d’étanchéité insérée dans le complexe en
partie courante qui vient recouvrir la bande de joint
elle-même, est parfois posée en continuité sans
être recoupée. Nous avons même pu observer un
cas où le revêtement asphalte avait été coulé en
continuité sur le joint de dilatation.
Il résulte bien entendu de telles anomalies, des ten-
sions qui conduisent inévitablement à la rupture du
joint sous-jacent. Les feuillards métalliques destinés
initialement à le protéger peuvent également, du
fait de leur déplacement, blesser le revêtement
d’étanchéité ou le joint lui-même.
NON RESPECT DES DISPOSITIONS CONSTRUCTIVES
En préambule, nous rappellerons que l’usage des
joints plats est limité. Les D.T.U. 43.1. et 20.12. sti-
pulent leur remplacement par des joints sur
costière ou des joints plats surélevés, chaque fois
que les dispositions constructives le permettent. En
conséquence, leur emploi est interdit en toiture-
terrasse inaccessible, technique et jardin.
Le D.T.U. 20.12. interdit les joints en baïonnette
ainsi que les croisements de joints. L’implantation
de jardinières est également proscrite au droit d’un
joint de dilatation.
Figure 58a
Dispositifs d’étanchéité de joints plats sur toitures-terrasses
accessibles/raccordement à un revêtement asphalte.
Figure 58b
Dispositifs d’étanchéité de joints plats sur toitures-terrasses
accessibles/raccordement à un revêtement asphalte.
Dispositif d’étanchéité du joint
faisant l’objet d’un Avis Technique
Dallette
Asphalte sablé
5 + 15 + 20 mm
5 mm asphalte pur
5 + 15 + 20 mm
Asphalte
Dalle de protection
Dispositif d’étanchéité du joint fai-
sant l’objet d’un Avis Technique
Double chanfrein Forme de pente
Décaissé
Figure 67
Principe de réservation gros œuvre pour mise en place dispositif joint plat.
Les joints de dilatation plats
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Dès lors que ces conditions ne sont pas respectées,
les joints subissent des contraintes de cisaillement
au droit des ruptures dans leur tracé, conduisant là
encore dans la plupart des cas, à leur ruine.
Il convient donc impérativement que les joints
soient rectilignes et sans interruption, de manière à
ne subir que des contraintes de traction. Il faut
également tenir compte de l’environnement dans
lequel se trouvent ces joints qui, lui aussi, a évolué
ces dernières années.
La construction de dalles parking étanchées pour
centres commerciaux et hypermarchés s’est déve-
loppée. La circulation des véhicules sur ce type
d’ouvrage est très importante, les déplacements
des véhicules étant bien entendu beaucoup plus
fréquents que ceux pour des parkings attachés à
des immeubles.
Nous rappellerons qu’il convient absolument d’évi-
ter que les joints soient disposés aux
emplacements de stationnement.
Néanmoins, compte tenu de la circulation des véhi-
cules très importante sur ce type d’ouvrage, on voit
que quel que soit leur emplacement, ces joints
seront amenés à subir des tensions pour lesquelles
malheureusement ils ne sont pas adaptés.
En outre, les dalles béton en support utilisées sont
désormais plus souvent du type “D” que du type
“A” ou “B”. Ces dalles type “D” sont plus souples,
plus déformables et génèrent en conséquence des
contraintes d’autant plus importantes au niveau
des joints.
L’ouverture maximale des joints traditionnels à
soufflet est de 20 mm. Il convient donc que le maî-
tre d’œuvre s’attache à vérifier que les variations
dimensionnelles de l’interstice entre dalles n’excè-
de pas ce seuil de 20 mm.
La conception des joints sous Avis Technique a,
pour certains d’entre eux, quelque peu évolué.
Plusieurs fabricants ont prévu en particulier de
mettre en œuvre les lyres en surélévation, ce qui
évite ainsi aux joints d’être en permanence dans
l’eau, comme c’est le cas lorsqu’ils sont disposés
dans les décaissés prévus dans les schémas type
décrits par les D.T.U. 43.1. ou 20.12. (Excek Park
ou Soprajoint).
Ce type de joints, comme les joints plats dits sur-
élevés, conduisent à des surépaisseurs, alors que
paradoxalement les revêtements d’étanchéité et
leur protection ont plutôt eu tendance à diminuer.
En dehors de ces joints à soufflet d’un coût relati-
vement économique, il existe également sur le
marché des joints métalliques ancrés au support
disposant pour la plupart de bavettes étanches.
Ces joints ont été mis au point initialement pour
assurer l’étanchéité des ouvrages d’art (tablier de
pont). Ils sont très résistants au trafic et présentent
une excellente finition.
De part leur conception, ces joints nécessitent d’as-
surer une parfaite étanchéité au droit de chaque
fixation qui traverse la bavette étanche et s’insère
dans la cheville mise en place dans la dalle béton.
Il convient en outre que les dalles béton sur les-
quelles reposent ces joints soient d’une part,
parfaitement planes compte tenu notamment de
leur rigidité, et d’autre part, rigidifiées par un fer-
raillage adéquat en about pour supporter les
charges induites par le trafic au niveau du joint lui-
même.
La mise en œuvre relève donc, comme nous le
voyons, de spécialistes qui en ont pratiquement
fait leur métier exclusif. Par ailleurs, une excellente
coordination entre les entreprises de maçonnerie
et celles chargées de réaliser des travaux d’étan-
chéité est impérative.
Ces difficultés maîtrisées, ces joints présentent une
excellente durabilité. Ils sont par contre d’un coût
beaucoup plus élevé que les joints à soufflet (3 à 4
fois plus chers).
CONCLUSION
Les joints plats sont des ouvrages délicats. Il faut
que la maîtrise d’œuvre s’assure du respect des
règles de l’art, dès la conception des supports
béton :
■ Joints rectilignes sans croisement ;
■ Ouverture maximale des joints de 20 mm ;
■ Implantation sur les points hauts des dalles.
Pour les ouvrages à fort trafic, tels que les dalles
parking rattachées à des centres commerciaux ou
hypermarchés, il convient impérativement de met-
tre en œuvre des joints mécaniques bénéficiant
d’Avis Technique. Les joints traditionnels à soufflet
s’avérant trop fragiles.
En tout état de cause, ces joints dits à soufflet sont
à proscrire chaque fois que la conception du plan
d’évacuation des eaux ne permet pas de les
implanter sur les points hauts de la dalle.
Dans ce cas, il conviendra de réaliser des joints
plats dits “surélevés” pour éviter que le joint lui-
même soit, en cas de pluie, dans l’eau en
permanence.
Jean-Pierre Morin
Les joints de dilatation plats
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