3. Le Baroque, 1550-1650
Du portugais « barocco », perle irrégulière. Le courant baroque fut un mouvement à dimension européenne, qui envahit toutes les
sphères artistiques (arts plastiques, architecture, musique...). En Italie, le baroque a succédé au classicisme
●Inquiétude et mouvement
●La sensibilité baroque est fondée sur l'instabilité, l'inquiétude et le doute. Ces sentiments agités trouvent leur origine dans cette
période de l'Histoire de France où les guerres de religion successives et la Fronde ébranlèrent les certitudes et les savoirs
traditionnels. De cette instabilité et cette inquiétude naquirent le goût du courant baroque pour le mouvement. En littérature, ce goût du
mouvement se traduit par l'abondance des scènes d'action tandis que l'architecture l'exprime dans les formes mouvantes (volutes,
arabesques). Le détour, autre forme du mouvement, est un des fondamentaux de la littérature baroque. Les romans héroïques et les
tragi-comédies se perdent en circonvolutions et en digressions excessives. L'intrigue n'est jamais simple et le détour linguistique
des périphrases très prisé. Parmi les éléments, l'eau, le plus mouvant et le plus inconstant d'entre eux, tient une place privilégiée dans
l'imaginaire baroque, en particulier dans la poésie.
● Les thèmes
●On retrouve la prédominance des sentiments d'instabilité, d'inquiétude et de doute dans les thèmes chers au courant baroque :
●Inconstance amoureuse, Vanité de l'homme, Folie, Règne du hasard et de la Fortune (le sort), Jeu de l'illusion (procédés récurrents
de mise en abyme, interventions du monde onirique, jeux de miroir, personnages déguisés, métamorphoses prodigieuses…),
Illustration de la précarité de la vie (éléments naturels éphémères : bulle, fleur, fumée…), Eau, Obsession de la mort
4. Le Classicisme
●Développée en France sous les ministères de Richelieu (1624-1642) et de
Mazarin
●(1642-1661), l’esthétique classique atteint son apogée sous le règne de Louis
XIV.
●Le terme latin « classicus » signifie qui est de premier rang, qui appartient à la
classe supérieure des citoyens. L’adjectif « classique » commence à être utilisé
à la Renaissance ; il désigne alors, par opposition à l’art gothique, une
esthétique qui s’inspire du modèle antique gréco-romain (V et IV°s av. J-C).
●Le classicisme prend sa source en Italie avec Annibal Carrache qui revient aux
sources de l’art antique et invente une nouvelle conception idéalisée de la
beauté qu’il applique notamment au genre du paysage. Le classicisme est un
mouvement culturel qui s’est imposé dans la peinture, la sculpture, l’architecture,
la littérature et la philosophie.
5. Thèmes
•Les scènes et personnages issus de la mythologie grecque
●Les scènes et les personnages bibliques
● Les scènes historiques et allégoriques qui glorifient notamment le roi Louis XIV
● Les portraits d’aristocrates
● Les paysages, construits selon les règles de la perspective (scènes pastorales
ou thème mythologique..) présentent la nature comme une force immuable par
opposition aux hommes dont le destin est éphémère.
●La peinture classique incarne un idéal de beauté à travers des sujets nobles
(personnages bibliques, figures héroïques, mythologie grecque...) Elle
symbolise le triomphe de la raison sur le désordre des passions.
6. Les règles classiques
LA REGLE DES TROIS UNITES
Boileau (Art poétique, 1674) :
« Qu'en un lieu, en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli»
La règle des trois unités vise à renforcer l'illusion théâtrale en réduisant l'écart entre action et représentation.
●L'UNITE D'ACTION
●Elle vise à supprimer les intrigues secondaires et à concentrer l'intérêt dramatique autour d'une action unique.
●L'UNITE DE TEMPS
●Elle resserre les faits et les limite à vingt-quatre heures.
●Cette règle cherche à entretenir l'illusion d'une coïncidence entre la durée de la fiction et le temps de la représentation.
●L'UNITE DE LIEU
●L'action se déroule dans un espace unique (ex. : la salle d'un palais).
●Ajoutons l'unité de ton qui découle de la volonté de séparation des genres chez les classiques (tragédie d'un côté, comédie de l'autre) et
impose à chacun sa spécificité en matière de sujet, de héros et de niveau de langue et de ton.
7. Règles complémentaires
LA VRAISEMBLANCE
Elle veut que s'impose l'impression de vérité. L'action dramatique doit être
crédible : «L'esprit n'est point ému de ce qu'il ne croit pas» (Boileau).
LA BIENSEANCE
Elle conduit au respect des usages et des conventions. Il s'agit, d'une part, de
ne pas choquer le public. D'autre part, les agissements et les sentiments du
héros doivent, naturellement, être conformes à son rang.
●Rompre les codes : L'exemple du Cid, de Corneille
8. Le théâtre, un monde de codes
Entrons, à la suite du public, dans un théâtre parisien au XVIIe siècle, dans l'après-midi.
Selon la somme que vous souhaitez débourser, vous pouvez rester debout au parterre, au milieu des
cris et des bousculades, ou chercher plus de tranquillité dans les loges et galeries. Mais n'espérez
pas vous asseoir : les premières chaises ne seront installées qu'en 1782, à l'Odéon. Seuls quelques
riches privilégiés peuvent profiter des fauteuils installés à même la scène, pour (mal) voir mais être
vu ! Le théâtre est en effet, plus qu'un lieu de culture, une occasion de rencontres et de parade. Les
spectateurs, de tous les milieux, ne restent à aucun moment silencieux mais préfèrent partager leurs
commentaires sur les décors et costumes.
Il faut dire que tout est fait pour le plaisir des yeux : le décor, unique pour répondre à la règles de
l'unité de lieu, est soigné, et souvent agrémenté d'effets de machineries impressionnants ;
généralement propriété personnelle des comédiens, les costumes peuvent être somptueux, en soie et
taffetas, sans souci des possibles anachronismes : qu'importe que le romain Cinna apparaisse en
pourpoint Renaissance?
Tout cela est éclairé tant bien que mal avec des bougies disposées sur des lustres ou sur la rampe, le
long de la scène. Cet éclairage présentait deux problèmes : tout d'abord, il fallait moucher les bougies
toutes les 20 minutes, ce qui obligeait les auteurs à diviser leurs pièces en actes pour instaurer une
pause. Ensuite, les costumes risquaient de s'enflammer, ce qui provoqua la mort de plusieurs
danseuses au XIXe s. C'est pourquoi, dit-on, les tutus furent raccourcis.
Rien de naturel également dans le jeu des acteurs, qui aimaient pratiquer une diction pleine de
lyrisme et grandiloquence. Molière se moqua de cette déclamation, préférant que ses comédiens
s'approchent de la vérité de leur personnage : «Tâchez […] de vous figurer que vous êtes ce que vous
11. Un monde de concurrence
Le Théâtre de la foire se développe au début du XVIIème siècle à Paris à l’occasion des foires annuelles de Saint-
Germain et de Saint-Laurent et, plus tard, de Saint-Ovide. Tabarin est le plus célèbre des comédiens du théâtre de la foire
du début du XVIIème. Habillé d’un manteau s’attachant à la hauteur des manches (un « tabar ») et d’un pantalon de toile
blanche, toujours coiffé d’un grand feutre, il improvisait des monologues, interpellait les passants, dialoguait avec la foule
ou encore avec un comparse (Mondor, son maître qui était en réalité son frère). Ses harangues lui donnaient également
l’occasion de vendre des baumes et remèdes. Les tabarinades étaient souvent de style pamphlétaire et incisif.
En province, les comédiens allaient de ville en ville jouer sur des scènes improvisées ou dans certains Jeux de
Paume. Les deux plus célèbres troupes ambulantes furent celle de Floridor (rentrée en 1638 au Théâtre du Marais)
et celle de Molière.
Au milieu du XVIIème siècle, quatre troupes de théâtre rivales coexistent à Paris, associées à 3 salles de spectacle
: celle du Marais, celle de l’Hôtel de Bourgogne et celle du Palais-Royal, dirigée par Molière .
Hôtel de Bourgogne
En 1548, la société des Confrères de la Passion construit dans l’Hôtel de Bourgogne une salle de spectacle pour présenter
des mystères. Après un arrêt du Parlement leur défendant de jouer des pièces religieuses, les Confrères obtiennent le
monopole des représentations théâtrales profanes sur Paris, et louent leur théâtre aux troupes itinérantes. L’Hôtel de
Bourgogne est alors la seule salle de théâtre permanente. En 1598, les « Comédiens ordinaires du Roy » créés par
Valleran Le Conte occupent la salle, qu’ils partagent à partir de 1600 avec les Gelosi, première troupe italienne en
résidence.
12. Troupes et comédiens
●Hôtel du Marais
●Pour concurrencer l’Hôtel de Bourgogne, l’acteur Montdory décide de monter son propre théâtre à Paris et s’installe en 1634 dans le
quartier très à la mode du Marais, rue Vieille-du-Temple. Dans les années 1660, elle se spécialise dans les pièces à machines, mais
reste moins fréquentée que l’Hôtel de Bourgogne et le Palais-Royal de Molière. De nombreux acteurs l’Hôtel de Bourgogne et du
Palais Royal viennent du théâtre du Marais.
●Théâtre du Palais-Royal
●Afin de casser le monopole de l’Hôtel de Bourgogne, le cardinal de Richelieu fait élever en 1637 un théâtre sur l’aile est du bâtiment
du Palais-Royal (à l’emplacement de l’actuelle Comédie-Française). L’inauguration a lieu en 1641. Le Théâtre-Italien et la troupe de
Molière se partagent la scène entre 1662 et 1673. À la mort de Molière, Lully récupère les lieux pour y fonder l’Académie
royale de musique.
●Hôtel de Guénégaud :
●Après la mort de Molière en 1673, les comédiens du Marais rejoignent sur ordre royal la troupe des comédiens de Molière, et cette
nouvelle troupe s’installe à l’Hôtel Guénégaud, rue Mazarine. Le 18 août 1680, Louis XIV signe à Charleville l’acte fondateur de la
Comédie Française qui réunit au théâtre Guénégaud, les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne à ceux qui s’y produisaient déjà.
●Le 21 octobre 1680, une lettre de cachet, signée à Versailles, consacre la fondation d’une troupe unique, composée de vingt-sept
comédiens et comédiennes choisis par le roi pour leur excellence, dans le but de « rendre les représentations des comédies plus
parfaites ». La troupe unique jouit du monopole des représentations en français à Paris et dans les faubourgs.
●Chassés de l’Hôtel Guénégaud quelques années plus tard par les Clercs du Collège des Nations – actuelle Académie Française – les
Comédiens Français investissent, dès 1689, leur nouvelle salle, située rue des Fossés Saint-Germain, aujourd’hui, rue de l’Ancienne
Comédie, à la hauteur du N° 14, face au Café Procope qui rassemblait alors les célébrités littéraires.
13. Les spectacles
●Différents genres, un public, des querelles :
●-La tragédie, genre noble
●-La comédie, ou la peinture de la société
●-La comédie-ballet : créée par Molière et Lully
●-L'opéra, créé par Lully
●-L'opéra-bouffe, venu des Italiens
●Un seul public : Le Roi, tout d'abord, puis les lettrés, les « Grands », qui reconnaissent leurs travers dans certains
personnages.
●Des querelles majeures : Querelles du Cid, Querelles des Anciens contre les modernes.
●Elles annoncent les futures querelles théoriques du XIXème siècle.