LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
Sociologiedespublics abf2017
1. Sociologie des publics
en bibliothèque
Formation auxiliaire en bibliothèque
Formation ABF 2017/2018
Carole Parisot
Responsable-adjointe de la Médiathèque de Saint-Eloi
Réseau des médiathèques de Grand Poitiers
2. Plan de l’intervention
1. Qu’est-ce que la sociologie ?
2. Pratiques culturelles des Français (2008)
3. Enquête Publics et usages en bibliothèque (2016)
4. Les publics jeunes : enfants, ados, étudiants et universitaires
en BM et BU
5. Les publics cibles, dits empêchés ou spécifiques
3. 1. Qu’est-ce que la sociologie ?
Déf. (Larousse) : étude scientifique des sociétés humaines et des faits sociaux.
La sociologie cherche à comprendre et à expliquer :
> l’impact du social sur les représentations (façons de penser)
> les comportements humains (façons d’agir)
Les sociologues s’intéressent à la fois : au travail, à la famille, aux médias, aux
rapports de genre (hommes/femmes), aux relations, aux réseaux sociaux,
aux statuts et aux fonctions, aux religions ou encore aux formes de cultures
et aux ethnicités.
Par exemple : le sociologue va étudier, par croisement, les effets chez l’individu
de l’appartenance à une catégorie socioprofessionnelle dans le choix de son
habitat ou de sa pratique culturelle.
4. 1. Qu’est-ce que la sociologie ?
Les publics sont :
➢ au coeur des décisions politiques des acteurs culturels et
universitaires
➢ au centre de leurs réflexions et de leurs actions
« Le public est aujourd’hui une des raisons mêmes de l’existence de la
bibliothèque au même titre que la collection et la médiation » ainsi
débute le chapitre sur l’approche du public de Philippe Debrion dans
Le Métier de bibliothécaire (Cercle de la librairie - Edition 2007)
5. 1. Qu’est-ce que la sociologie ?
Quelques sociologues à connaître
Pierre Bourdieu (1930-2002)
En 1964, Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron publient Les Héritiers (éd. De Minuit), une analyse
détaillée des comportements culturels des étudiants. Avec La Distinction (éd. De Minuit, 1979), il rompt
avec les analyses qui isolent les groupes sociaux les uns des autres et les pratiques culturelles entre elles.
Sur le concept de l’habitus, il apporte une analyse de la mise en relation (domination et soumission) entre
groupes sociaux et pratiques culturelles.
Bernard Lahire
Professeur de sociologie à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon et membre du CNRS. Ses thèmes : les
raisons de l’échec scolaire à l’école primaire, l’histoire du problème social appelé « illettrisme », réussites
scolaires en milieu populaire et les conditions de vie et d’exercice des écrivains.
Christophe Evans
Chargé d’études en sociologie au service Etudes et recherche à la BPI. Ce service existe depuis 1976 et à
une double mission.
Les enquêtes sont en ligne sur le site de la BPI :
http://www.bpi.fr/fr/professionnels/etudes_et_recherche2.html
6. 1. Qu’est-ce que la sociologie ?
Olivier Donnat
Chercheur au Département des Etudes, de la Prospective et des
Statistiques au Ministère de la culture et de la communication
(DEPS).
Spécialiste de la sociologie culturelle, et auteur notamment de
Les Pratiques culturelles des Français à l’ère numérique (éd. De
La Découverte, 2008).
http://www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr/
> étude nationale commanditée environ tous les 8 ans depuis
1973 :
1981, 1989, 1997 et 2008.
Sociologie des pratiques culturelles
7. 1. Les organismes de statistiques à connaître
INSEE
Recensement, enquêtes conjoncturelles, données démographiques, conditions
de vie / société :
- pyramide des âges
- catégories socio-professionnelles
- données socio-économiques
- données concernant la consommation
CREDOC
(Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie)
Si les précédentes méthodes entraînent des risques d’enfermement des individus dans des
“catégories”, le CREDOC apporte un regard neuf sur les comportements.
DEPS
(Département des Etudes de la Prospective et des Statistiques au Ministères de la Culture)
Important à connaître, le DEPS est à l’origine des plus grandes enquêtes nationales sur les
pratiques culturelles des Français (notamment pour l’édition des chiffres clés).
8. 2. Pratiques culturelles des Français
Pratiques culturelles des Français à l’ère numérique
Entre 1997 et 2008 : essor de la culture numérique et de l’Internet
Plus de la moitié des foyers disposent d’une connexion haut débit à Internet (aujourd’hui, chiffre
rectifié aujourd’hui à 85 % de Français) :
✓ conditions de réception des programmes TV transformées : TV à la demande, VOD…
✓ diversification de l’offre
✓ succès du home cinéma
✓ lecteurs et graveurs numériques ont remplacé les magnétoscopes
✓ les consoles de jeux
✓ lecteurs MP3 : lecture nomade, en streaming…
✓ téléphones portables multifonctions : élargissement des possibilités de consommation…
✓ échanges et stockages de contenus audiovisuels (évolution constante depuis les années 90)
✓ nomadisme des pratiques : lié aux possibilités technologiques.
9. 2. Pratiques culturelles des Français
La montée en puissance de la culture d’écran
L’évolution technologique et l’équipement des foyers démultiplient les accès
(notamment à distance via la dématérialisation des contenus).
AVANT
appareils dédiés à une fonction.
MAINTENANT
appareils nomades et multifonctionnels,
au croisement de la culture,
du divertissement et
de la communication interpersonnelle
(réseaux sociaux et web 2.0).
✓ porosité entre culture et distraction
✓ prédominance des écrans (tout peut être visualisable)
✓ Internet : « média à tout faire »
Sources photos : www.photo-libre.com
10. Révolution numérique et générations
Pratiques difficiles à dégager clairement car le recul des jeunes est compensé par la
progression des baby-boomers (intérêt pour la culture + important que leurs aînés).
- génération née avant la Seconde Guerre mondiale :
Rien ne venait contester la suprématie de l'écrit ; pas concernée par la TV et le boom musical.
- génération des baby-boomers :
1ère à profiter de l'ouverture du système scolaire et du développement des industries
culturelles, notamment de la musique.
- génération des 30-40 ans :
a bénéficié de l'amplification des phénomènes précédents et a assisté à la transformation du
paysage audiovisuel, génération médias.
- génération des - de 30 ans et des digital natives :
Élevée dans la culture des écrans dans un contexte marqué par la dématérialisation des
contenus et la généralisation de l'Internet à haut débit.
2. Pratiques culturelles des Français
11. 3. Publics et usages en bibliothèque
Un public polymorphe
On peut distinguer plusieurs types de publics selon leurs usages
- Le public captif : les abonnés qui fréquentent la bibliothèque (unité de temps et de lieu)
- Le public captif sur place / les fréquentants : autrement dit les séjourneurs qui n’ont pas forcément de carte d’abonné,
ne consultent pas forcément de documents, cherchent un lieu pour se reposer, se divertir, se rencontrer…
- Le public captif à distance : qui utilisent les services en ligne (pas d’unité ni de temps ni de lieu)
- Le public internaute : qui viennent en bibliothèque pour se connecter à Internet
- Le public audience : présent uniquement lors des animations
- Le public occasionnel : de passage, souvent pour découvrir le lieu (plutôt dans les grandes villes)
- Le public non captif ou le “non-public” : tous ceux qui ne fréquentent pas les bibliothèques (par méconnaissance,
manque de nécessité (autosuffisance), manque de temps, par éloignement, handicap, pour des raisons physiques ou
socio-psychologiques, , etc.)
12. 3. Publics et usages en bibliothèque
Enquête Publics et usages en bibliothèque (2016)
C’est la dernière enquête du Ministère de la Culture se concentre sur les usages (très
attendue). Elle indique une évolution de la fréquentation.
Les dernières enquêtes montraient un tassement de la fréquentation des
bibliothèques par un recul net des inscriptions. Or, l'enquête de 2005 montrait
qu’un tiers des Français avait fréquenté une bibliothèque alors que c'était le cas
seulement pour un quart de Français en 1997.
A RETENIR
▪ Fréquentation (inscrits + séjourneurs) : on note une hausse de 23% de la
population depuis 2005, autrement dit une hausse de 4 millions d'usagers.
13. 3. Publics et usages en bibliothèque
Enquête Publics et usages en bibliothèque (2016)
Les usages numériques
▪ Chiffres à mettre en relation avec le pourcentage des Français de + de 15 ans qui
ont fréquenté une bibliothèque municipale une fois dans leur vie : 72% en 2005 et
87% en 2016.
Pénétration des équipements numériques dans les foyers :
✓ 85% ont un accès Internet chez eux
✓ 65% disposent d'un smartphone
✓ 40% disposent d'une tablette
Que peut-on déduire des chiffres en matière d'usages numériques ?
14. 3. Publics et usages en bibliothèque
Enquête Publics et usages en bibliothèque (2016)
Que peut-on noter sur l'adaptation des bibliothèques à l'évolution des attentes et
besoins des publics ?
Plus de fréquentants, cela peut s’expliquer par les raisons suivantes :
- une meilleure prise en compte des besoins des usagers
- un intense mouvement de création de bibliothèques (un millier)
- des équipements qui ont bénéficié de la Dotation Générale de Décentralisation
Par ailleurs, les non usagers ne sont pas indifférents aux services des bibliothèques :
- emprunt par des tiers
- consultation des sites internet de bibliothèque
15. 3. Publics et usages en bibliothèque
Enquête Publics et usages en bibliothèque (2016)
L'enquête montre aussi une progression des actions "hors-les-murs" :
- + de 76 % des bibliothèques de + de 2000 habitants.
Par quelles actions exactement ?
▪ portage à domicile
▪ visites des crèches, PMI, maisons de retraite...
▪ lectures à voix haute dans les parcs et les
▪ espaces publics
▪ Les textes chuchotés à l’oreille des passants
▪ Lectures individuelles proposées dans les bus
Exemple d’affiche de la ville d’Aubagne
16. 4. Les publics jeunes
Typologie : les différents âges
L’âge préscolaire, les tout-petits (0-3 ans) : l'éveil
L’âge de la scolarisation maternelle (3-6 ans) : la socialisation
L'âge d'apprentissage de la lecture (5-8 ans) : les découvertes
La préadolescence (10-13 ans)
L'adolescence (12-18 ans)
L'adulescence (18- 25 ans et plus...)
Attention, s'adresser à l'enfant ou ado en prenant en compte son environnement.
Les âges sont simplement indicatifs, ne surtout pas présenter des collections par âge, celui
qui lit des livres « pour les petits » risque d'être stigmatisé. Éviter de créer le malaise.
Une référence à connaître : Lecture jeune
http://www.lecturejeunesse.com/index1024.php?menu=1&page=revue_lecture
17. 4. Les publics jeunes
Le public enfant en bibliothèque
A partir de 1965
1965 : création de la Bibliothèque ronde de Clamart :
première bibliothèque destinée à accueillir exclusivement
des enfants (au départ, ne s'adresse pas encore aux tout-
petits).
Changement sociétal après 1968
> L’enfant est vraiment considéré comme une personne
> Place plus grande accordée à l'éducation
> Émergence de collections jeunesse généralisées chez
les éditeurs.
Droits réservés :
http://www.lapetitebibliothequeronde.com/Informations/Mentions-legales
www.123FR.com et Gallica.
18. 4. Les publics jeunes
Le public enfant en bibliothèque
Les années 80
> demande éducative forte de la part des parents et
des enseignants :
création des bibliothèques avec section jeunesse
et accueil de classes régulier.
Aujourd'hui
> l’enfant est au centre de la famille, il est même considéré comme étant
« la famille » selon les sociologues (familles recomposées, familles
monoparentales, union libre, etc.) Il a à sa disposition tout un champ
culturel : film, musique, télévision, produits, multimédia, livres...
Il est souvent amené à faire ses choix en matière culturelle.
Source : www.photo-libre.com
19. 4 4. Les publics jeunes
Les adolescents
Pratiques culturelles multiples et cumulées
Même si la presse et les livres sont en recul, toujours proposer ces accès :
les adolescents picorent ici ou là toutes sortes d'objets culturels.
> Concomitance de différents usages
les ados ont plusieurs pratiques simultanées
(musique + travail scolaire + chat, etc.), refuser ces usages c'est les voir déserter la
bibliothèque. Adopter plus de souplesse en essayant de réguler et de responsabiliser.
> Ne pas opposer imprimés et numériques
Ne pas tout miser sur les albums. En proposer est un plus mais peut être un écueil.
Si on ne sait pas proposer autre chose d'attractif en relais, on perdra ce lectorat.
Cultiver la polyvalence et penser aux équivalences en matière de ressources numériques.
20. 4 4. Les publics jeunes
Les adolescents
Un constat :
rupture dans la fréquentation des jeunes du collège au lycée
(13-18 ans).
Pourquoi ?
Période où ils ont d'autres centres d'intérêt : beaucoup de travail scolaire, passent du
temps au collège ou au lycée (dedans ou à proximité).
Or, ils sont présents en bibliothèque mais pas régulièrement et pas forcément inscrits.
> Leurs préoccupations sont liées à leur développement (copains, copines, flirts,
réseaux sociaux, vidéo en ligne, jeux vidéos, etc.)
Mais ce n'est pas parce qu'ils ne fréquentent pas ou peu la BM ou le CDI qu'il n'y a
plus d'usage.
(Attention à la notion d'univocité, la BM salvatrice, etc.)
21. 4. Les publics jeunes
Politiques publiques pour la lecture des jeunes en bibliothèque
▪La construction de médiathèques
▪La spécialisation des bibliothécaires médiateurs (formation continue)
▪La bibliothèque «hors les murs» (animations, partenariats...)
▪L’accueil des classes généralisé
Exemples d'équipements remarquables en matière d'accueil des jeunes :
Meuzac, Mont-de-Marsan, BFM de Limoges, BMI de Guéret et bien d'autres !
La plus grosse difficulté étant de prévoir à long terme les usages.
> Discussion avec les architectes et les élus, savoir se positionner par rapport à
sa connaissance professionnelle mais ne pas rompre le dialogue en décrétant
qu'on est expert, le résultat ne sera pas de toute façon la bibliothèque idéale,
mais le résultat d'un compromis entre les attentes de chacun avec une grosse
pondération : le budget.
22. 4. Les publics jeunes
Des pistes pour rendre la bibliothèque attractive
✓ Considérer le public dans sa globalité
✓ Prévoir des espaces ouverts, colorés et agréables (usages mixtes)
✓ S’ouvrir à ce qui fait l'intérêt des publics jeunes (jeu vidéo, Internet, etc.,)
✓ Rendre le public actif (faire participer un groupe à l'aménagement d'un espace, à la
constitution d'un nouveau fonds, prendre auprès de ces jeunes un avis d'expert… et en
tenir vraiment compte !)
✓ Permettre un va et vient sans « cassure » entre les usages personnels et scolaires, entre
les usages en ligne et papier, etc.
✓ Organiser d’autres types d'accueil de classes, dépasser la visite avec emprunt (utile
certes, mais ne s'adressant qu'au public de manière captive) : susciter plutôt l'envie.
✓ Avec les classes, mener de vrais projets avec des enseignants motivés (≠ visite
consommation).
✓ Insister sur les animations
✓ Voir ce qui se fait dans d'autres bibliothèques et le transposer à son environnement.
24. 5. Les publics cibles
Publics empêchés ou spécifiques
Depuis une vingtaine d’années, les bibliothèques développent des
actions vers les publics dits empêchés qui ne peuvent pas se
déplacer pour des raisons physiques :
- mobilité réduite ou temporaire (handicap, maladie, etc.)
- pas de moyen de transport (service de portage à domicile… )
ou pour des raisons socioculturelles :
- peur d’entrer dans un lieu culturel,
- accès aux documents problématique (souffrance psychologique,
incompréhension de l’organisation ou illettrisme)
➢Lecture d’un article paru en 2017 dans la Gazette des communes
25. 5. Les publics cibles
Exclusion physique
▪ handicaps visuels, auditifs ou moteur
▪ mobilité réduite
▪ handicaps mentaux
Les personnes en situation d’exclusion sont peu présentes en bibliothèque car
leur accueil ne peut se faire correctement qu’avec l’aide d’une personne relais
(physique ou morale). Sans l’appui d’une institution ou d’une association, sans
traducteur ou accompagnateur spécialisé, l’accueil est difficile ou
extrêmement réduit.
> Tout dépend du degré d’autonomie de l’usager.
C’est pourquoi la bibliothèque doit s’organiser, des solutions existent.
26. 5. Les publics cibles
▪ La commission Accessibib de l’ABF est un lieu d’échange et de confrontation
d’expériences dans le domaine du handicap au sein des bibliothèques. Elle réunit des
professionnels de bibliothèques publiques, universitaires et spécialisées (l’AVH).
▪La commission organise des ateliers ou des rencontres thématiques au moment du salon
du Livre de Paris ou du congrès de l’ABF autour de sujets ciblés ou d'actualité ou encore des
journées d'étude.
▪Dans la collection Médiathèmes : Bibliothèques et Handicap, enrichi en 2009 pour prendre
en compte l'actualité juridique lié au handicap, à savoir la parution des décrets d’application
de la loi Davdsi et la mise en place des diagnostics d’accessibilité liés à la loi de 2005…
Cet ouvrage décrit le contexte juridique et institutionnel actuel
et fait le point sur les collections, les services, les animations
que l'on peut proposer aux personnes handicapées en bibliothèque.
27. 5. Les publics cibles
Personnes détenues
▪ Des fonds souvent tenus par des détenus bénévoles
▪ Des documents obsolètes, fonds vieillissants
▪ Des ouvrages qui ne prennent pas en compte le taux d’illettrisme
▪ Un budget d’achat ridicule (« On a de quoi acheter un dictionnaire cette année… »)
▪ Des usages déviés (le papier de la Bible ou du Coran sert à rouler des cigarettes)
▪ Un accès à la bibliothèque trop souvent réglementé (peu d’heures d’ouverture)
▪ Dons de livres à mettre en place (sans pour autant « se débarrasser »)
Pourtant, la bibliothèque en prison est enjeu important de réinsertion.
> Convention qui définit le partenariat avec le SPIP : présence d’un bibliothécaire,
ateliers d’écriture, rencontres avec des écrivains…
28. 5. Les publics cibles
Illettrisme
10% à 20% de la population française est concernée à des degrés divers par
l’illettrisme malgré la scolarité des enfants.
Or, l’écrit a pris une place centrale, y compris sur Internet.
Il y a 20 ans, les illettrés étaient davantage assimilés et plus transparents car on
leur confiait volontiers des tâches manuelles. De plus, les garçons pouvaient
bénéficier d’une seconde chance quand leur illettrisme était détecté au service
militaire.
Aujourd’hui, facteur d’inégalité et d’exclusion : obstacle pour trouver/garder
un emploi ; pour être reconnu socialement dans toutes ses activités
personnelles.
✓Impact psychologique : image de soi négative.
✓Conséquence politique : obstacle à l’exercice de la citoyenneté.
29. 5. Les publics cibles
Illectronisme
Ce néologisme désigne l’incapacité à utiliser correctement
l’informatique de base et les nouvelles technologies.
Retirer de l’argent, acheter un titre de transport, de nombreux actes de la vie
quotidienne nous confrontent aux écrans.
Les publics touchés par cette exclusion : jeunes ou adultes faiblement qualifiés,
étrangers en cours d’alphabétisation, et les personnes en situation d’illettrisme.
les bibliothèques ont pour mission de réduire cette « fracture numérique », mais
ont-elles vraiment les moyens de mettre en place ce type de formation ?
par exemple : formation aux primo utilisateurs de la bureautique (les personnes qui
ne savent pas utiliser un ordinateur).
30. 5. Les publics cibles
Personnes mal francophones
Ce terme prend en compte tous les publics immigrés ou en asile qui ne maîtrisent pas
notre langue, et en particulier, ceux qui n’ont pas bénéficié d’une formation FLE
(Français Langue Etrangère).
Cela concerne des femmes (parfois entraînées par leurs enfants) ou des hommes (par
ex. envoyés par la Croix Rouge), les ROMS, etc.
✓ Adapter les formulaires d’inscription avec des pictogrammes
✓ Organiser des visites découvertes par groupes linguistiques (avec traducteur)
✓ Montrer comment faire une recherche documentaire sur le catalogue en ligne
✓ Orienter et aider aux choix de documents.
Bien entendu, ces actions doivent être portées par une politique avérée et des
moyens.
31. 5. Les publics cibles
Malvoyants et aveugles
Tout d’abord, constituer un fonds adapté :
▪ Livres en braille (machine pour les réaliser à la demande ou commandes spécifiques)
▪ Livres tactiles (pour les enfants principalement)
▪ Signalétique en braille (orientation et repérage des documents : jeux en braille)
▪ Textes lus / audio enregistrés sur CD (l’édition se développe)
▪ Livres en gros caractères (pour les déficiences visuelles légères)
▪ Ressources numériques à synthèse vocale (ex. Vocale Presse)
▪ Appareil de lecture au format Daisy (ex. partenariat avec la Médiathèque Valentin Haüy)
> développer des partenariats et organiser l’accueil (sur rendez-vous)
32. 5. Les publics cibles
Sourds et malentendants
Tout d’abord, constituer un fonds adapté :
▪ DVD en audiovision ou audio-description : le procédé consiste à intercaler
dans la bande-son des descriptions nécessaires à la compréhension du film.
▪ Signalétique apposée sur les documents concernés
▪ Projection en audio-description
▪ Animations traduites en Langue des signes (LSF)
> développer des partenariats et organiser des accueils (sur rendez-vous)
33. 5. Les publics cibles
Personnes à mobilité réduite
▪ Personnes en fauteuil roulant : cf. normes d’accessibilité (par exemple, 90 cm entre les
rayonnages)
▪ Rampe d’accès ou ascenseur en cas d’espaces sur plusieurs niveaux (loi de 2015)
▪ Portage à domicile : catalogue adapté, dialogue et écoute, service personnalisé.
> Eviter de confier cela au service social mais plutôt à un bibliothécaire.
▪ Tournées en services hospitaliers (partenariat avec la bibliothèque de l’hôpital)
Site du ministère à consulter :
http://www.culturecommunication.gouv.fr/Thematiques/Livre-et-
Lecture/Bibliotheques/Bibliotheques-et-accessibilite#.Whv60ZSKJeY.email
34. 5. Les publics cibles
Personnes âgées
Le vieillissement de la population augmente (même si en 2009, nous enregistrons des scores de
natalité) ; c’est une réalité qu’il faut prendre en compte.
➢ Penser à l’accessibilité physique des collections (escaliers, hauteurs d’étagères, etc.)
➢ Concevoir une signalétique adaptée (par ex. : un rayon Biographies à part)
➢ Fonds de livres en gros caractères (ou liseuses électroniques)
Attention de ne pas faire de « racisme anti-vieux » : par ex. dire Madame et non « mamie » et étendre
le choix des livres dans les conseils.
Ne pas associer un public à un usage : par ex. s’ils apprécient les romans du terroir ou romans
d’amour, proposer aussi du Giono ou du Zweig et pas seulement du Christian Signol ou du Françoise
Bourdin, les personnes âgées ont chacune leur niveau de culture.
> La notion de fidélité et de reconnaissance est importante : dialogue et proximité permettent de lutter
au quotidien contre des situations d’isolement ou de sentiment de solitude.
35. 5. Les publics cibles
Handicaps mentaux
L’accueil de ce public est particulièrement enrichissant mais aussi parfois
déstabilisant :
il faut se faire confiance et bien préparer l’accueil avec les éducateurs spécialisés.
▪ Monter un partenariat avec les IME (Instituts Médicaux Educatifs)
Important : il faut toujours la même personne pour accueillir
▪ Ces enfants ou jeunes adultes ont besoin davantage de repères que les autres
▪ Ne pas parler trop vite, prendre le temps d’un échange chaleureux (c’est ce qu’ils
retiennent le plus)
▪ Une simple lecture d’albums peut déclencher des réactions étonnantes (même les
psy sont parfois surpris).
> Un plaisir partagé comme n’importe quel groupe !
36. 5. Les publics cibles
Publics précaires, fragiles ou dépendants
La pauvreté est une réalité dans notre société de consommation.
La bibliothèque constitue pour certaines personnes en situation difficile (sans ou en
recherche emploi, fragilisées par un traumatisme, dépendantes, etc.) un lieu de
socialisation et d’apprentissage de la citoyenneté, un lieu de réconfort, mais aussi le
théâtre de tensions sociales (publics dits agressifs).
La pauvreté des ressources n’implique pas forcément une pauvreté intellectuelle, la
dernière enquête montre que beaucoup d’érudits qui fréquentent quotidiennement la
bibliothèque vivent du revenu minimum d’insertion.
Lire Des pauvres à la bibliothèque, Serge Paugam et Camila Giorgetti
Enquête parue en 2013 : http://www.enssib.fr/breves/2013/04/04/des-pauvres-la-
bibliotheque-0
37. Conclusion
L’accueil des publics : l’importance de la médiation
La médiation n’est pas un mot fourre-tout, cela correspond à un programme et une intention
à tenir afin que les publics rencontrent des objets culturels auxquels ils n’auraient pas
forcément eu accès « naturellement ».
Un bibliothécaire est un médiateur par définition puisqu’il ouvre l’accès aux documents.
Aujourd’hui, la tendance est à l’ouverture et à la transparence : la médiation consiste aussi à
montrer ce que l’on fait en coulisse, expliquer comment on gère les biens publics (et donc
l’argent public issu des impôts), et donner un rôle de contributeur au lecteur.
> Bibliothèque comme outil social et lieu de vie citoyenne (participation)
De manière générale, à l’heure où les pratiques culturelles sont le fait d’une minorité de
Français qui les cumule, il est reconnu que ces pratiques, notamment la lecture, favorisent
l’intégration.
> Intégration et sentiment d’appartenance sont importants surtout dans un contexte de crise
sociale et économique.
38. Sources
Support de formation établi d’après les supports de :
Marie Le Clanche et Antoine Prunier - ABF 2015
Les publics en bibliothèque
Publics et services en bibliothèque
Le travail de Natacha Lavergne sur la sociologie des publics jeunes
les sources du wiki Bibliopédia sur la Sociologie et les pratiques culturelles
http://www.bibliopedia.fr/index.php/Sociologie_et_Pratiques_culturelles
A LIRE
Accueillir les publics : comprendre et agir, de Marielle de Miribelle,
Cercle de la librairie, 2013 :
> le chapitre Regards sur les publics (p. 289 à p. 358).
Contact : carole.parisot@poitiers.fr – Twitter@CaroleParisot
MERCI DE VOTRE ATTENTION !