1. Conférence de clôture de
Robert Bisaillon
Journée sur l’engagement étudiant 15 octobre 2009
Cette synthèse des propos entendus est produite à froid, sans le recul qui permettrait que je ne me mette point en
danger; en même temps, c’est aussi le but de l’exercice. Aussi, j’essaierai de traduire ce que j’ai entendu, en espérant ne
pas trop trahir l’essentiel des présentations et des échanges. La communication qui suit se présentera en cinq temps.
PREMIER TEMPS
Le thème de votre journée
Les organisateurs de cette journée ont eu raison de parler de regards sur l’engagement. En effet, ces regards sont
multiples, différents et convergents à la fois, comme en ont fait foi les propos entendus en vox pop, que ce soit sur ce
qu’est l’engagement, sur ce qui le favorise et sur les écueils constatés. De ce point de vue, il faut se garder des définitions
normatives ou convenues qui ne couvrent que partiellement la réalité. Mais au préalable, plutôt que de parler du métier
d’étudiant comme espace de son engagement, je nous invite à jeter un premier regard sur ce qu’est un étudiant du
collège :
- Il s’agit d’un jeune adulte, tantôt plus jeune, tantôt plus adulte, c’est-à-dire encore en développement de son
identité.
- Il s’agit d’un jeune en transition à plusieurs égards et le plus souvent en rupture avec son environnement familier.
- L’étudiant possède déjà un bagage intellectuel, plus ou moins assuré selon sa formation antérieure, et qui le
dispose plus ou moins à entreprendre des études supérieures.
- Il est à la fois déjà orienté selon son projet professionnel et les mécanismes de sélection qu’il a traversés et
désorienté devant la réalité de sa nouvelle marge de manœuvre, de son nouvel encadrement et de son nouveau
milieu.
- Il aspire à concilier toutes les sphères de sa vie, sans en sacrifier aucune : études, travail, loisirs, amours.
- Il est encore en apprentissage et des défis de formation sont encore interreliés avec les défis de sa vie.
- Il est également encore à la recherche de relations significatives, sur le plan affectif comme sur le plan
intellectuel.
Le collège, face à cet étudiant, peut être un lieu difforme comme il peut être un lieu d’engagement.
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2. DEUXIÈME TEMPS
L’engagement est un construit, à travers les études ou d’autres
activités, au collège comme dans d’autres milieux.
D’ailleurs, cette notion d’engagement n’est pas univoque selon les propos que j’ai entendus.
Pour certains, l’engagement étudiant sera davantage relié aux études, surtout dans les cas où beaucoup d’heures de
cours et d’études sont requises et où des stages d’application sont proposés; il s’agit alors d’un engagement matériel ou
physique objectivement plus exigeant.
Pour d’autres, l’engagement étudiant va de pair avec le besoin ressenti à un moment donné de se prendre en charge.
Pour d’autres, cet engagement se manifestera tout simplement dans le temps passé physiquement dans les locaux du
collège, temps qui traduira un certain bien-être.
Pour d’autres, l’engagement vient du sentiment d’appartenance ressenti dans la participation à un programme, à un club
sportif, à un comité, en tant que lieux d’une prise de responsabilité.
Chez certains, l’engagement se traduira par toute forme d’aide à ses pairs, ou par la participation à des activités
parascolaires.
Mais, et ce constat rejoint 76% des étudiants et du personnel, c’est d’abord dans l’investissement consacré à ses études
que l’étudiant manifeste son engagement.
Une réserve cependant, qui témoigne peut-être de l’air du temps : il est peu question de l’engagement étudiant collectif,
militant et mobilisé.
Toujours néanmoins l’engagement se manifeste lorsqu’on voit du SENS à s’investir dans quelque chose, quand on a un
projet ou quand on est en projet.
TROISIÈME TEMPS
Les facteurs qui stimulent l’engagement
Chez les étudiants, ce sont, dans l’ordre, les enseignants, les amis et la famille.
Chez le personnel, ce sont, dans l’ordre, les amis, la famille et les enseignants.
Il s’agit d’un constat que j’ai fait tout le long de ma carrière et quel que soit l’ordre ou le milieu d’enseignement : les
enseignants ne s’attribuent jamais une influence à la hauteur de celle que les étudiants leur accordent. Constat majeur et
ambigu en même temps : nous pouvons être ou ne pas être des moteurs de l’engagement des étudiants, au moins en ce
qui concerne leurs études. Constat qui entraîne aussi une question : au fait, qu’en est-il de notre propre engagement
auprès des jeunes, de nos collègues, de la communauté du collège
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3. QUATRIÈME TEMPS
Les conditions favorables à l’engagement
Paradoxalement par rapport au constat qui vient d’être souligné, mais heureusement, selon le personnel enseignant, c’est
d’abord le soutien qu’il apporte aux étudiants qui est la condition la plus favorable, selon le sondage effectué; les activités
sportives, culturelles et communautaires suivent de très près.
Chez les étudiants, autre paradoxe : c’est l’accessibilité des lieux et l’atmosphère qui y règne qui arrivent en première
place, ensuite les activités du programme d’études et le soutien des enseignants.
En définitive, il n’y a pas vraiment de contradiction, mais une question de degré entre un facteur et une condition
favorable.
CINQUIÈME TEMPS
Les champs déterminants pour l’engagement étudiant
Sans prétendre épuiser ce sujet, qui demanderait un approfondissement, quatre champs ressortent comme des lieux
privilégiés pour l’engagement étudiant :
- La promotion des services aux étudiants, qui sont nombreux et qui constituent ensemble un puissant réseau
d’aide individuelle et collective à la vie des étudiants. Que ce soit pour des besoins relatifs à la santé, physique et
psychologique, à l’orientation ou de nature financière, du personnel engagé est à la disposition des étudiants.
- L’encadrement académique qui, au-delà du dépistage précoce des difficultés d’apprentissage, passe par
l’ouverture et l’attention aux préoccupations et besoins des étudiants et la valorisation de leurs progrès, même les
plus petits.
- La hauteur des exigences en lien avec les pratiques éducatives : c’est ici que se manifeste la valeur ajoutée
d’un collège, comme nous l’enseigne la littérature à ce sujet. Il s’agit du contrat qui lie ce qui est exigé des
étudiants et notre propre engagement professionnel. Ce contrat s’établit d’abord sur la croyance dans le
développement intellectuel des élèves plutôt que sur la critique de leur bagage antérieur. Parce que le collège se
situe dans l’enseignement supérieur bien davantage que dans l’enseignement ultérieur, il devrait privilégier le
choc cognitif et la confrontation intellectuelle afin de développer la capacité autonome de réfléchir – le savoir,
source de liberté -. À cet égard, la solidarité et la collégialité des personnels sont exemplaires pour les étudiants
et font du collège plus qu’un établissement de passage.
EN CONCLUSION
Je rappelle les propos d’une ancienne étudiante venue témoigner, lors de la plénière d’ouverture, des bienfaits de son
engagement au Cégep Limoilou : un regard critique sur elle-même et la société, des relations sociales enrichies et, selon
ses mots : « une certaine sagesse ». Bref, son engagement lui a permis de se construire.
Je reviens enfin sur la question du sens, qui doit venir de haut, être inscrite dans la mission du collège, mais surtout
traverser la solidarité professionnelle et la responsabilité institutionnelle. Ainsi, notre engagement constitue notre parole
donnée aux étudiants.
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