«Parfois, je me demande ce que ma vie aurait été si je n’avais pas eu la bibliothèque»: comment prendre en compte l’expérience des publics dans l’évaluation des bibliothèques ? , Julie LAVIELLE
Cette communication explique le rôle que peuvent jouer les méthodes qualitatives dans l’évaluation des effets des bibliothèques sur leurs usagers. Elle présente les résultats issus d’un groupe de discussion qui s’est réuni à la bibliothèque de Sotteville-lès-Rouen afin de définir les valeurs sociales et économiques de la bibliothèque.
Similaire à «Parfois, je me demande ce que ma vie aurait été si je n’avais pas eu la bibliothèque»: comment prendre en compte l’expérience des publics dans l’évaluation des bibliothèques ? , Julie LAVIELLE
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«Parfois, je me demande ce que ma vie aurait été si je n’avais pas eu la bibliothèque»: comment prendre en compte l’expérience des publics dans l’évaluation des bibliothèques ? , Julie LAVIELLE
1. « Parfois, je me demande ce que ma vie aurait été si je n’avais pas eu la bibliothèque »
Comment prendre en compte l’expérience des publics dans l’évaluation des
bibliothèques ?
Julie Lavielle
Service Etudes et recherche, Bibliothèque publique d’information
Congrès de l’AIFBD – vendredi 18 août 2023
4. • Partenariat noué en juin 2018 entre la Bibliothèque
publique d’information et le laboratoire Clersé (Université
de Lille/CNRS)
• Recherche confiée à Florence Jany-Catrice, professeure des
universités en économie
1. Contexte de la
recherche
5. 2. Enjeux de
l’étude
Peut-on proposer des mesures alternatives qui rendent compte de la
valeur sociale et économique des bibliothèques pour les acteurs qui y sont
impliqués, professionnels comme usagers ?
Qui énonce les valeurs? Qui a l’autorité pour les dire? Peut-on aller vers la
co-définition d’indicateurs pour mesurer ces valeurs?
• Quelques définitions
• Les impacts peuvent être définis comme les effets, individuels et collectifs, dans le
temps long, des actions entreprises par les bibliothèques sans pour autant avoir été
formulés comme des objectifs à atteindre (Le Quéau, Zerbib, 2019)
• Les valeurs sont un construit social traversé par différents points de vue, par différentes
positions d’acteurs sur ce qu’il faut compter et comment il faut le compter.
6. 3.
Méthodologie
• Lieu d’expérimentation: Bibliothèque municipale de Sotteville-lès-
Rouen
• Objectifs:
1) Faire participer les usagers et les personnes impliquées dans la
bibliothèque à l’évaluation des effets de la bibliothèque
2) Légitimer l’action de la bibliothèque et renforcer ses liens avec les
parties prenantes
3) Enrichir les données collectées par le ministère de la Culture,
inspirer d’autres collectivités
7. • 3 rencontres
• 20 participant·es: professionnelles et professionnels des
bibliothèques, usagers, partenaires non fréquentants, décideuses et
décideurs, partenaires économiques, sociaux et culturels, de la
chaîne du livre
• Méthode du « world café »
3.
Méthodologie
10. • Renforcement des liens entre les parties prenantes et les bibliothèques
• Nécessité de décentrer le regard sur les bibliothèques
« Ici, les patients [de l’hôpital psychiatrique] sont des individus comme les
autres. Ils ne sont plus « malades ». Je les croise le samedi, ce sont des
lecteurs comme les autres, comme moi. »
[Infirmière, service Psychiatrie, organise des ateliers de lecture avec les
patients]
5.
Conclusion
11. • Les limites des indicateurs pour rendre compte des effets des
bibliothèques
« Parfois, je me demande ce que ma vie aurait été si je n’avais pas eu la bibliothèque. C’est
difficile de donner des indicateurs. Quand j’ai mal, je sais pourquoi j’ai mal. Quand je vais
bien, je ne sais pas pourquoi, et la bibliothèque, c’est ça, la bibliothèque, ça fait partie de
mon bonheur (…) On ne pourra jamais quantifier quelqu’un qui vit bien. »
[Retraité, actif au sein du Secours Populaire, inscrit à la bibliothèque]
« Moi, j’accompagne des jeunes [jeunes migrants] et la bibliothèque est devenue une
référence pour eux. Ce sont des mineurs isolés, ils ont un parcours vraiment instable, très
difficile, violent. Et la bibliothèque pour eux, c’est la lumière, la chaleur, c’est stable, c’est
bienveillant. Je suis enseignante, je voulais faire un atelier d’écriture, mais ils ne connaissent
pas la langue. Je voulais qu’ils puissent entrer dans un lieu qui pouvait leur paraître
inaccessible. »
[Membre et intervenante de l’association Réseau Solidarité Migrants à Rouen]
5.
Conclusion
12. • L’apport des enquêtes qualitatives: l’exemple des jeunes étudiant·es qui
fréquentent la Bpi
« Les étudiants et les profs de la Sorbonne c’est des intellectuels quoi, c’est
des gens très sérieux, savants, qui aiment bien lire, qui sont dans leur bulle un
petit peu. (...) C’est pas la même ambiance, les gens sont un peu moins
accueillants. Le moindre bruit c’est waouh quoi. Limite j’ai l’impression que
mon existence elle dérange. Alors qu’à la Bpi y’a de tout, des gens de toutes
les universités, même de la Sorbonne hein j’imagine. Et de tous les âges aussi,
c’est trop cool. A la Sorbonne c’est plutôt un ou deux profs qui a 10 livres
autour, qui continue ses recherches. Là c’est vraiment… Même des vieilles
personnes qui sont en train d’écrire sur des ordinateurs et tout. Ca c’est trop
bien, l’accès à internet. C’est ce que j’aime bien, c’est le côté convivial un peu.
Et aussi ben tout le monde travaille. J’ai l’impression qu’il y a une connexion
dans le travail. L’humanité se rejoint ici pour ses études et pour ses projets.
C’est trop bien. »
[Etudiante de 20 ans en littérature à la Sorbonne, 17/04/2023]
5. Conclusion – saisir l’expérience sensible des
bibliothèques
13. « C’est pas vraiment un besoin quoi. Je suis contente d’être là. En fait
j’ai l’impression que peu importe les gens pourquoi ils sont là, si c’est
un chargé de TD qui a 50 copies à corriger, si c’est quelqu’un qui vient
après son taf parce qu’il a 40 mails à faire, si un SDF qui a besoin de se
mettre au chaud, enfin voilà… J’ai l’impression qu’on est tous
reconnaissants, peu importe les conditions de vie qu’on a, peu
longueur du trajet tout ça, juste on est tous contents d’être là, y’a des
livres qui sont parfois vraiment utiles et voilà… (…) Là maintenant, je
sens l’odeur et je suis pas venue pour travailler, ça fait trop bizarre ! En
fait on a vraiment un truc… Moi j’associe cette odeur à mon année
parce que j’ai passé mon année ici du coup et je sens l’odeur et je me
dis « wow ! j’ai envie de travailler » ça fait totalement les conditions de
travail, juste le fait de poser les pieds sur la moquette, d’être dans le
truc. »
[Etudiante de 19 ans en classe préparatoire dans le centre de Paris, 22/05/2023]