2. Virginie Despentes, née Virginie Daget le 13
juin 1969 à Nancy est une écrivaine et
réalisatrice française.
Elle a été révélée par son roman Baise-moi
(1994), dont elle a ensuite réalisé l'adaptation
cinématographique (2000). Son plus grand
succès à ce jour est la trilogie Vernon Subutex
publiée entre 2015 et 2017 et qui a été
adaptée en série télévisée.
Elle est membre de l'académie Goncourt du 5
janvier 2016 jusqu'à sa démission le 6 janvier
2020 .
3. À sa naissance, ses parents ont vingt et dix-neuf ans.
Postiers engagés dans le syndicat CGT, ils participent aux
manifestations avec leur fille. Son vrai nom est Virginie
Daget.
Sa mère lui achète les Fantômette de la Bibliothèque rose,
mais ce sont les subversifs Reiser et Wolinski qu'elle aime
lire en cachette.
Virginie Despentes découvre l'écriture auprès d'un
professeur de français original, amateur du poète
compositeur Hubert-Félix Thiéfaine et du groupe de rock
post-punk Joy Division .
À dix-sept ans, en faisant du stop, au retour d'un voyage à
Londres, Virginie Despentes est victime d'un viol, qui fera en
2006 la matière d'un chapitre de son ouvrage King Kong
Théorie.
Cet épisode douloureux constituera le
ressort du personnage de Manu dans son
premier roman, Baise-moi. Ce n'est que
vingt ans plus tard qu'elle reconnaîtra à
propos de ce viol qu'« […] il est fondateur,
de ce que je suis en tant qu'écrivain, en
tant que femme qui n'en est plus tout à fait
une. C'est à la fois ce qui me défigure et
me constitue. »
4. En 1994, Virginie Despentes est vendeuse au
rayon librairie du Virgin Megastore des
Champs-Élysées. Elle a perdu son propre
manuscrit de Baise-moi et renoncé à sa
carrière littéraire, lorsqu'un ami, à son insu, en
présente une copie à Florent Massot, un
éditeur de rares albums qui témoignent de la
contre-culture des banlieues.
Celui-ci prend le risque de publier pour la
première fois un roman, à mille, puis deux mille
exemplaires. La diffusion ne dépasse pas dans
un premier temps le réseau underground du
rock alternatif, des fanzines, des squats.
Elle ne se décourage pas et, désormais
attachée à sa condition de salariée, reste
résolue à changer de vie .
Ellle présente à une de ses idoles, Patrick
Eudeline son livre. La chronique qu'en tire le
rocker, incrédule, choqué et fasciné, parvient à
Thierry Ardisson, qui en fait la promotion dans
sa nouvelle émission Paris Dernière diffusée
sur la chaîne du câble Paris Première.
Les ventes montent à quarante mille
exemplaires.
Baise-moi devient un « phénomène branché du
samedi soir ». Les ventes passeront à plusieurs
centaines de milliers d'exemplaires.
5. Écrivaine désormais reconnue, Virginie Despentes veut s'évader du rôle
caricatural de provocatrice dans lequel le scandale l'a enfermée.
Deux ans passés, elle en prend le contre pied en donnant un quatrième
roman, Teen Spirit. Elle y aborde les thèmes optimistes de la réussite
sociale, tels que la paternité. La même année, elle publie en collaboration
avec Nora Hamdi, un roman graphique, Trois étoiles, sorte de manga sur
la violence physique et sociale faite aux femmes.
6. Après avoir vécu avec le journaliste Philippe Manœuvre, rédacteur en chef de Rock & Folk, Virginie
Despentes est, comme elle le déclarera en forme de coming out, « devenue lesbienne à 35 ans ».
Elle devient la compagne du philosophe Paul B. Preciado théoricien et adepte de la déconstruction du
sexe. Elle expliquera à propos de leur relation, qui durera dix ans, jusqu'en 2014, et de son propre
changement d'orientation sexuelle :
« Ma vision de l'amour n'a pas changé, mais ma vision du monde, oui. C'est super agréable d'être
lesbienne. Je me sens moins concernée par la féminité, par l'approbation des hommes, par tous ces
trucs qu'on s'impose pour eux. Et je me sens aussi moins préoccupée par mon âge : c'est plus dur de
vieillir quand on est hétéro. La séduction existe entre filles, mais elle est plus cool, on n'est pas déchue
à 40 ans . »
En 2006 parait King Kong Théorie, livre par lequel elle aborde le genre proprement autobiographique,
mais sous la forme d'un essai. L'œuvre est présentée comme un « manifeste pour un nouveau
féminisme »..
7. 2010 marque son retour au
roman : elle publie Apocalypse
Bébé. Le roman reçoit le prix
Trop Virilo et le prix Renaudot.
La même année, Cécile Backès
et Salima Boutebal proposent
une adaptation théâtrale de King
Kong Théorie, durant le « Off »
du Festival d'Avignon .
Elle réalise l'adaptation
cinématographique de Bye Bye
Blondie avec Béatrice Dalle et
Emmanuelle Béart.
En 2015, Virginie Despentes
entame la publication de la série
Vernon Subutex, composée de
trois volumes.
8.
9. Son œuvre, inventaire de la marginalisation
de la jeunesse, participe étroitement à la
libération des mœurs vécue par la génération
X et l'acclimatation de la pornographie à
l'espace public induite par les nouvelles
techniques de communication.
Par l'exploration transgressive des limites de
l'obscénité, la romancière comme la cinéaste
propose une critique sociale et un antidote au
nouvel ordre moral.
Plus encore, ses personnages interrogent sur
un mode identificatoire le dérangement du
sujet qui conduit de la misère et l'injustice à la
violence contre soi-même, telle que la
toxicomanie, ou contre autrui, comme le viol
ou même le terrorisme, violences dont elle a
eu elle-même à souffrir.
10.
11. Rebecca a dépassé la cinquantaine, elle
est actrice, elle est toujours aussi
séduisante. Oscar a quarante-trois ans, il
est un auteur un peu connu, il écoute du
rap en essayant d'écrire un nouveau livre.
Ils sont des transfuges de classe que la
bourgeoisie n'épate guère. Ils ont l'un
comme l'autre grandi et vieilli dans la
culture de l'artiste défoncé tourmenté et
sont experts en polytoxicomanie, mais
pressentent qu'il faudrait changer leurs
habitudes. Zoé n'a pas trente ans, elle est
féministe, elle ne veut ni oublier ni
pardonner, elle ne veut pas se protéger,
elle ne veut pas aller bien. Elle est accro
aux réseaux sociaux - ça lui prend tout son
temps
C'est une suite de lettres entre amis qui se sauvent la vie. Dans ce roman épistolaire,
Virginie Despentes revient sur le thème qui unit tous ses livres - comment l'amitié peut
naître entre personnes qui n'ont à priori rien à faire ensemble.
12. .
Ces trois-là ne sont pas fiables. Ils ont
de grandes gueules et sont
vulnérables, jusqu'à ce que l'amitié leur
tombe dessus et les oblige à baisser
les armes.
Il est question de violence des rapports
humains, de postures idéologiques
auxquelles on s'accroche quand elles
échouent depuis longtemps à saisir la
réalité, de la rapidité et de
l'irréversibilité du changement. Roman
de rage et de consolation, de colère et
d'acceptation, Cher connard présente
une galerie de portraits d'êtres
humains condamnés à bricoler comme
ils peuvent avec leurs angoisses, leurs
névroses, leurs addictions aux conflits
de tous ordres, l'héritage de la guerre,
leurs complexes, leurs hontes, leurs
peurs intimes et finalement - ce
moment où l'amitié est plus forte que la
faiblesse humaine.
13. Dans Cher connard, l’autrice de Baise-moi et de King
Kong théorie disserte beaucoup, nous parle de tout et de
rien, mais à travers la forme épistolaire elle se glisse
dans la peau des uns et des autres et fait résonner les
voix des deux côtés de la barricade.
C’est pour elle l’occasion de s’exprimer sur une quantité
de sujets de l’heure, allant de #MeToo à l’expérience du
confinement lié à la COVID-19, en passant par la
toxicomanie, le cinéma, Louis-Ferdinand Céline, le rap
(« le gangsta rap, c’est la performance du pouvoir par
ceux qu’il a écrasés »), le militantisme sur Internet (« le
fanatisme à l’état pur ») ou encore le féminisme : «
Chères soeurs, encore un effort, nous sommes déjà
presque aussi connes que des mecs. Le pouvoir en
moins. »
C’est parfois drôle, souvent irrévérencieux, que
l’écrivaine recycle l’air du temps ou qu’elle crache au
visage de l’époque. Mais au fil du temps et de lettre en
lettre, chacun des correspondants finira par être
perméable aux idées de l’autre.
Peut-être est-ce le plus grand mérite de ce roman un
peu difforme, plein de protubérances, et qui le rend plus
riche que la somme de ses parties.
Ledevoir
14.
15. Le
titre
de
Teen
Spirit
est
une
référence
à
la
chanson
Smells
Like
Teen
Spirit
de
Nirvana.
Bruno est dans la trentaine, est batteur dans un groupe de rock qui
bat de l'aile. Il végète en attendant d'écrire son roman . Il vit aux
crochets de Catherine. Agoraphobe, Bruno ne sort pas de chez lui,
s'enfile joint sur joint et se gave de calmants.
Le jour où Alice, l'une de ses ex, le rappelle, 13 ans après leur
dernière rencontre, son monde va basculer. Elle veut le revoir
d'urgence. Premier choc : il doit sortir de chez lui et affronter le
monde. Comme on pouvait s'y attendre, c'est une angoisse de
pacotille qui le tenaille. Mais la seconde surprise est de taille. Bruno
apprend qu'il est le père d'une fille, Nancy, et qu'elle est en pleine
crise d'adolescence. Après une longue hésitation, le père accepte un
rendez-vous avec "sa" fille au restaurant. La rencontre est étrange
pour tous les deux.
Bruno craint de ne pas être à la
hauteur, et réalise tout d'un coup que
son statut social prend une certaine
importance. Mais être sans le sou, se
déplacer en métro n'empêche
personne d'avoir du tempérament, et
Bruno n'en manque pas. C'est
d'ailleurs ce qui liera le père et la fille,
car tous deux se reconnaîtront dans
l'autre.
16. Babelio
Sens
Critique
Teen spirit n'est pas seulement un livre sur l'adolescence, mais aussi sur
le fait d'être parent dans la société d'aujourd'hui. Et pour ce qui est de
critiquer la société, Despentes n'y va pas de main morte. Tout y passe, à
commencer par la télé ,la bourgeoisie, le monde du travail, la société de
consommation etc...
La vision du monde de Despentes est particulièrement cynique et
pessimiste et pourtant dans l'ensemble le bouquin est plutôt tendre et
émouvant.
La situation est d'autant plus amusante que la mère de la petite est issue
de la bourgeoisie catholique, l'a élevée dans un cocon, loin des réalités
de la vie, alors que Bruno est une sorte de parasite qui squatte chez les
copains, complètement fauché.
Ceci dit, n'attendez pas de Teen spirit un moment de pure détente et de
rigolade. Certes, c'est son livre le plus léger mais tout de même !
La Despentes se met pour une fois dans la peau d'un mec et le
fait très bien, ce qui ne l'empêche pas de balancer de temps en
temps l'une de ses quatre vérités féministes dont elle a le
secret...
Il faut dire que le "héros" est un tocard et un branleur qui se voit
du jour au lendemain papa à l'insu de son plein gré d'une
chieuse de 13 piges. Pour le rappeler à la rescousse lorsque la
bizness maman fatiguée est à bout...
Le style reste égal à lui-même et à la Despentes mais nettement
moins télégraphique que dans ses précédents romans et plus
fluide.
17. Le titre est une référence à la créature du film King Kong de Peter Jackson.
« King Kong, ici, fonctionne comme la métaphore d'une sexualité d'avant la distinction des
genres telle qu'imposée politiquement autour de la fin du XIXe siècle. King Kong est au-delà
de la femelle et au-delà du mâle. Il est à la charnière, entre l'homme et l'animal, l'adulte et
l'enfant, le bon et le méchant, le primitif et le civilisé, le blanc et le noir. Hybride, avant
l'obligation du binaire [...] »
18. King Kong Théorie est à la fois un
essai autobiographique et une
réflexion. Virginie Despentes
revient sur les questions inhérentes
à ses œuvres et à son parcours
littéraire. Elle relate son expérience
de la prostitution, ainsi que le
trauma lié au viol et l'exploration
des milieux et pratiques
pornographiques. Son texte
cherche à interroger la sexualité
féminine et la définition originelle du
féminin.
Présenté par son éditeur comme
« un manifeste pour un nouveau
féminisme », King Kong Théorie
esquisse à la fois un constat du
féminin au présent et tente d'ouvrir
le champ des possibles futurs.
19. La publication de l'œuvre a très vite fait de Virginie
Despentes la « papesse » du néo-féminisme
français — et telle était sans doute l'ambition du
texte puisque présenté comme un manifeste
féministe par son éditeur. Pourtant, Virginie
Despentes se détachera, dans une certaine
mesure, de cette image en déclarant ne pas avoir
mené de combat féministe et ne pas être, à
proprement parler, militante. Elle se considère, en
quelque sorte, du côté d'un « combat écrit »,
littéraire.
Le livre reçoit des critiques hétérogènes. Le Figaro
littéraire en donne une critique négative, en
écrivant : « On aura saisi qu'il est inutile de chercher
une cohérence intellectuelle à cet essai plein de
gros mots. ». Au contraire, Libération écrit :
« Despentes s'est mise en situation de se faire haïr
par les philosophes autant que par les psys, et par
les dames patronnesses autant que par les
chiennes de garde. Le bonheur, quoi...
20. Josyane Savigneau dans Le Monde des livres, appelle à lire le livre : « On
pourrait offrir aux lecteurs, aux lectrices, tout un florilège de phrases à méditer.
Mais il vaut mieux lire tout le livre. ».
Alternative libertaire, enfin, écrit : « Il aurait été étonnant qu’un livre aussi
iconoclaste, aussi violemment dérangeant, ne suscite pas des réticences sur
certains de ses aspects. Cela ne diminue pas la jubilation qu’on a à lire les
pages féroces de ce livre qui réveille, enrage, dévaste, heurte, fait rire,
rassure, effraie, désacralise, déconstruit et ouvre les yeux. Parce que le
féminisme n’est pas une cause secondaire, "de luxe"... »