1. La littérature comparée 2014
LA LITTÉRATURE COMPARÉE
Hibah Shabkhez
La littérature comparée, qui entre sur le plan pédagogique comme matière
obligatoire universitaire en 1966, est un domaine littéraire important et divers.
On en revendique plusieurs définitions, et la terminologie elle-même est
contestée, « vu sa faiblesse de preuve prévu » (Alsaadi)
Selon P. Brunel, C.L. Pichois et A.M. Rousseau, les auteurs de Qu’est-ce que la
littérature comparée ? :
« La littérature comparée est l’art méthodologique, par la recherche de liens
d’analogie, de parenté et d’influence, de rapprocher la littérature des autres
domaines de l’expression ou de la connaissance, ou bien les faits et les textes
littéraires entre eux, disants ou non dans le temps et l’espace, pourvu qu’ils
appartiennent à plusieurs langues ou plusieurs cultures, fissent-elles partie d’une
même tradition, afin de mieux les décrire, les comprendre et les gouter. »
La comparaison et la compréhension par rapport à l’activité comparative fait
partie du fonctionnement de l’esprit humain. Pour comprendre la réalité d’un
certain objet ou phénomène, le cerveau humain se sert de comparaisons. On
n’aperçoit la lumière que par comparaison avec la nuit. On compare pour faire
toute sorte de comparaison dans la vie quotidienne : on compare les prix, les
couleurs, les plats etc. Au plan intellectuel, c’est un outil important pour la mise
en rapport, pour relier des choses ou des idées entre elles.
On distingue deux sortes de comparaisons :
1. La comparaison simple :
Mise en rapport de deux éléments du même système référentiel
Ex. Jean est aussi grand que Paul
2. La comparaison par analogie :
Appel à un univers différent de celui de l’élément comparé
Ex. La terre est bleue comme un orange
Or, la littérature comparée n’est pas seulement une comparaison de textes,
écrivains ou courants littéraires. La comparaison n’est qu’un des moyens de ce
qu’on appelle la littérature comparée. Le but, c’est de « mieux comprendre la
littérature comme fonction spécifique de l’esprit humain », que ce soit par la
« description analytique, la comparaison méthodique et différentielle » ou
« l’interprétation synthétique des phénomènes littéraires inter linguistes ou
inter culturels, par l’histoire, la critique et la philosophie » (Brunel et al.)
Selon Etiemble, l’auteur de Comparaison n’est pas raison, le comparatisme est
aussi vieux que la civilisation écrite, qu’il soit conscient ou inconscient.
Alsaadi, dans son article Autour de la littérature comparée, revendique les
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travaux comparatifs comme une partie intégrale de l’histoire littéraire.
L’importance de cette filière va, enfin, bien au-delà de la littérature. « La
littérature comparée, c’est l’humanisme » conclu Etiemble. Elle sert à
rapprocher les gens et les cultures, même les ennemis qui se sont battus dans
une guerre affreuse, comme les français et les allemands après la première
guerre mondiale.
La littérature comparée présente donc l’image d’un certain peuple connu à
travers la littérature. Elle peut servir non seulement à comprendre la littérature
d’autrui, mais sa propre littérature aussi. Pour Roumania L. Stantchéva,
Directeur de Recherches à l'Institut d'Études Balkaniques de Sofia, la littérature
comparée permet de penser les évènements littéraires d’une manière différente,
et à « corriger les représentations figées de l’histoire d’une littérature
nationale ».
Elle recherche également la transmission et évolution des idées entre époques,
entre cultures, ou entre écrivains et textes. Ainsi la littérature comparée ouvre
une nouvelle perspective de l’histoire littéraire – l’étude des relations entre la
littérature et des autres domaines de la connaissance comme l’art, la politique,
la sociologie, etc. Le but, c’est d’arriver à une compréhension plus riche du
comportement humain par moyen d’établir une idée plus approfondie des
champs de l’expression humaine.
Aujourd’hui, dans un monde globalisé par la technologie mais divisé par les
préjugés et l’intolérance, la littérature comparée à une importance particulière.
Elle peut servir du pont entre différents pays, cultures et civilisations, en
soulignant les similarités et en expliquent les différences qui sont aptes à créer
des malentendus. Étudier la littérature comparée et se rendre compte de ses
potentialités sociales est un besoin de notre temps.
Références :
1. Brunel. Pichois et Rousseau : Qu’est-ce que la littérature comparée ? Paris :
Armand Colin, 1983.
2. A.J. Alsaadi : Autour de la littérature
3. Etiemble : ‘Comparaison n'est pas raison’, ‘La crise de la littérature
comparée’ Les essais Paris : Gallimard, 1963
4. R.L. Stantchéva : Tendances actuelles de la littérature comparée en Bulgarie :
Un point de vue
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