2. 34-800-A-10 Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) Radiodiagnostic
¦ Système de compression mammaire
La compression est un autre élément de diminution du rayonnement
diffusé, facteur d’amélioration du contraste.
Le mammographe doit comporter une compression motorisée avec
commande au pied (laissant les deux mains de la manipulatrice
libres pour un meilleur positionnement de la patiente et du sein),
automatique, lente, mesurable, avec une sécurité limitant la pression
maximale.
La décompression doit être automatique, immédiate après la prise
du cliché.
Par la diminution d’épaisseur, la compression réduit la dose, le
diffusé et le flou géométrique.
Par l’immobilisation du sein, elle réduit le flou cinétique.
¦ Diaphragme
Il n’est réellement utile que pour la réalisation de clichés localisés.
¦ Récepteur de l’image [20]
Le mammographe conventionnel est équipé d’un Potter standard
de 18 ´ 24 cm et d’un Potter 24 ´ 30 cm pour les hypertrophies
mammaires.
La distance foyer-film doit être supérieure ou égale à 600 mm
(diminution du flou géométrique).
En mammographie conventionnelle, le récepteur de l’image est
constitué par un écran renforçateur postérieur associé à un film
monocouche de haute résolution, permettant d’obtenir une
résolution spatiale théorique de 12 à 18 paires de lignes par
millimètre.
L’efficacité quantique de détection est estimée à 20 %.
Le contraste du récepteur est conditionné par le film et le
développement.
Chaque film a une courbe caractéristique [21]. Les films de très haut
contraste ont pour désavantage de réduire la latitude
d’exposition [43]. Les films doivent être stockés en position verticale,
à température et humidité adéquates, à l’abri des rayons X et de la
lumière.
¦ Cellule d’exposition automatique
La cellule d’exposition automatique permet de sélectionner le
kilovoltage optimal en fonction de la combinaison foyer-filtre, de
l’épaisseur et de la densité du sein.
Il est possible de choisir entre un programme privilégiant la
diminution de la dose (dépistage), un programme privilégiant le
contraste (diagnostic) et un programme intermédiaire « standard ».
La cellule doit permettre d’obtenir une densité optique moyenne
satisfaisante, reproductible, quelle que soit la morphologie du sein.
Le mammographe doit être équipé d’une correction de
noircissement par réglage des points de la cellule.
Le positionnement de la cellule est essentiel, le plus souvent dans le
tiers antérieur du sein.
La cellule doit être débrayable pour permettre un réglage manuel
des constantes dans les cas où elle peut être prise en défaut,
notamment les petits seins, les prothèses mammaires (silicone) et
certains seins opérés et irradiés.
¦ Développement
Il s’agit d’une étape fondamentale conditionnant la qualité du cliché
mammographique [83].
Le contrôle de qualité est primordial et nécessite une sensitométrie
quotidienne.
La chambre noire doit être parfaitement protégée des rayons X et de
la lumière du jour, et éclairée par une lumière inactinique.
Le marquage des films doit préciser au minimum le nom, le prénom
de la patiente, le centre où est réalisé l’examen, la date de l’examen
et l’incidence.
La densité optique doit être comprise entre 1,3 et 1,8 (base et voile
inclus), selon le type de film.
¦ Négatoscopes
Les négatoscopes utilisés en dépistage et diagnostic doivent être
dédiés à la mammographie (alimentation haute fréquence) et
conformes à la norme IN 6856 du 1er avril 1994, première partie.
La lecture doit se faire dans une pièce peu éclairée (luminosité
ambiante inférieure à 50 lux), sur des négatoscopes dédiés
comportant des volets opaques pour occulter toute la surface
lumineuse non recouverte par les films et permettant, au minimum,
de comparer deux films 24 ´ 30.
Des systèmes électroniques de négatoscopes « intelligents » pilotés
par informatique ont été proposés par certains constructeurs. Ils
optimisent la lecture des radiographies en général et des
mammographies en particulier. Cependant, leur encombrement et
leur prix actuels limitent leur diffusion.
La luminance moyenne doit être de 2 000 à 6 000 cd/m2 à
4 500-6 500 °K (3 000 cd/m2 souhaitables) et ses variations doivent
être inférieures à 15 % à 10 cm du bord éclairé.
Un spot lumineux est nécessaire pour l’exploration des zones les
plus sombres.
La lecture à l’aide d’une loupe est indispensable, notamment pour
la recherche et l’analyse des microcalcifications.
MAMMOGRAPHIE NUMÉRIQUE [81]
¦ Écrans radioluminescents à mémoire (ERLM)
Cette première technique numérique est apparue au milieu des
années 1980 pour l’exploration de différents organes (os, poumons
etc).
Son utilisation en mammographie a débuté en France vers 1991 mais
n’a pas été retenue pour la pratique clinique dans les autres pays
occidentaux.
Le récepteur est constitué d’un fluorohalogénure de baryum dopé à
l’europium.
Elle conserve l’énergie photonique reçue lors de l’irradiation X.
Il s’agit d’une technique de numérisation directe mais de lecture
différée.
En effet, le support numérique de l’image latente est lu par laser,
restituant une émission lumineuse dont l’intensité est
proportionnelle à celle du faisceau X d’origine [14].
Cette énergie lumineuse est transmise à un photomultiplicateur et à
un convertisseur numérique-analogique.
Comme toute image numérique, les ERLM ont pour avantage, par
rapport au couple écran-film, d’offrir une meilleure dynamique.
Mais ses faibles performances en mammographie, après un
engouement passager, l’ont fait rapidement abandonner dans cette
indication.
Sa résolution spatiale et surtout sa faible efficacité quantique de
détection (de l’ordre de 15-20 %) ne permettaient pas une bonne
détectabilité et une analyse satisfaisante des microcalcifications.
Elle a d’ailleurs été supprimée de la nomenclature générale des actes
professionnels dans toutes ses indications mammaires, sauf la
surveillance des prothèses.
¦ Mammographie numérique plein champ
À l’inverse des ERLM, il s’agit de la véritable déclinaison spécifique
de la technologie numérique, dédiée exclusivement à la
mammographie.
Plusieurs constructeurs développent des systèmes dédiés de
mammographie numérique plein champ.
Certains utilisent un détecteur unique, d’autres la juxtaposition de
plusieurs détecteurs numériques [15].
2
3. Radiodiagnostic Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) 34-800-A-10
En France, un seul système est commercialisé, depuis 1999, par
General Electric Medical Systems, deux sites ayant commencé à
fonctionner début 2000 (Paris et Clermont-Ferrand).
La Food and Drug Administration (FDA) a agréé son utilisation
clinique et sa commercialisation aux États-Unis.
Ce système possède un détecteur plein champ unique mesurant
19 ´ 23 cm.
La taille du pixel de 87 μm interpolés à 100 μm.
Chaque pixel du détecteur est constitué d’une photodiode en
silicone amorphe, couplée à un transistor.
La conversion des rayons X en photons lumineux est réalisée grâce
à un scintillateur structuré, fait de cristaux d’iodide de césium.
Ce scintillateur permet une absorption élevée des rayons X, une
conversion élevée des rayons X en lumière et une haute résolution
spatiale.
La lumière émise est convertie en charge par le détecteur.
La conversion en données numériques se fait sur 14 bits, soit
16 000 niveaux de gris.
Les avantages de ces détecteurs sont une plus grande dynamique,
une efficacité quantique de détection nettement plus élevée, une
meilleure fonction de transfert de modulation [70].
L’efficacité quantique de détection est proche de 55 %, largement
supérieure à celle de la mammographie conventionnelle et des
ERLM.
L’EQD (efficacité quantique de détection) constitue le meilleur
paramètre objectif pour exprimer la qualité de l’image d’un
récepteur car il compare le rapport signal sur bruit à l’entrée et à la
sortie du détecteur.
La dynamique d’image est environ quatre fois supérieure à celle du
couple film-écran.
L’augmentation de la résolution en contraste permet une meilleure
visualisation des différences parfois subtiles entre les tissus, surtout
dans les seins denses et épais.
L’amélioration du rapport signal sur bruit permet, à qualité égale,
une diminution de la dose.
Les images prévisualisées sur la console d’acquisition en moins de
10 secondes sont transférées simultanément sur la station de
visualisation et vers les reprographes.
Les images peuvent être traitées par différents utilitaires et
programmes sur la console de visualisation (agrandissement,
mesure, inversion etc).
La station de revue se compose de deux moniteurs très haute
résolution 2 000 ´ 2 500 pixels avec un pixel de 100 μm permettant
l’affichage d’un sein par moniteur en pleine résolution. Une image
mammographique numérique occupe 9 mégaoctets (Mo).
En pratique, les avantages de la mammographie numérique plein
champ sont :
– l’acquisition, quasiment en temps réel, des images réduisant le
temps d’attente lié habituellement au développement, donc le temps
total de l’examen ;
– la suppression des contraintes liées à l’entretien des cassettes et
des machines à développer conventionnelles, et leurs conséquences
possibles sur la qualité de l’image ;
– l’analyse automatique de la densité du sein dans sa totalité,
éliminant la nécessité de positionnement de la cellule [62] ;
– le traitement numérique, qui permet un ajustement automatique
ou manuel du niveau et de la largeur de fenêtre de visualisation,
évitant d’avoir à refaire des clichés dans la quasi-totalité des cas ;
– l’algorithme spécifique de traitement de l’image qui permet la
visualisation sur le cliché de tous les constituants du sein, de la peau
jusqu’au gril costal, chacun avec une pénétration adéquate et
optimale, de sorte que l’utilisation d’une lampe forte pour analyser
les zones superficielles ou sombres est en règle inutile.
Il s’agit du premier appareillage indiquant la dosimétrie sur chaque
cliché (dose d’entrée et dose moyenne glandulaire), ce qui va dans
le sens de la transparence et des recommandations de la circulaire
Euratom 97/43 du Conseil de l’union européenne du 30 juin 1997,
relative à la radioprotection en médecine (mise en application en
France en 2000) [55].
L’imagerie numérique offre l’accès aux applications de diagnostic
assisté par ordinateur, dont les modalités sont en cours d’élaboration
pour certaines et d’évaluation pour d’autres :
– détection automatique des microcalcifications et des opacités
anormales [28] ;
– analyse de forme des microcalcifications et stéréotaxie 3D ;
– tomosynthèse ;
– angiomammographie [72].
L’imagerie numérique donne accès à toutes les modalités d’imagerie
en réseau, d’archivage et de télétransmission [77].
La reprographie est assurée par des reprographes laser à
développement chimique et surtout secs, offrant une haute
résolution (508 à 656 dpi), un pixel de 39 μm, une matrice
5 025 ´ 6 200 et 1 024 niveaux de gris sur des films 20 ´ 25 cm.
Les images brutes ou traitées peuvent être données sur tout autre
support informatique (CD-ROM).
TECHNIQUE
Quelle que soit l’incidence, le positionnement du sein doit être
parfait, grâce à une traction et une compression optimales du sein.
La compression, tout en restant supportable par la patiente, est
fondamentale car elle permet de diminuer :
– l’épaisseur du sein, permettant une meilleure détection des petites
anomalies ;
– le flou géométrique ;
– le flou cinétique (immobilisation du sein) ;
– le rayonnement diffusé (amélioration du contraste) ;
– la dose.
Les incidences doivent être parfaitement symétriques.
Il ne doit pas exister de plis cutanés ou d’artefacts.
¦ Incidences standards
En diagnostic, trois incidences sont en règle pratiquées : incidence
de face ou craniocaudale, incidence de profil externe et incidence
oblique externe.
Incidence de face ou craniocaudale (fig 1)
La réalisation du cliché et la réduction de la douleur liée à la
compression du sein sont facilitées par l’élévation du porte-cassette.
Il faut plutôt privilégier légèrement la partie externe du sein, car il
est de toute façon impossible d’avoir à la fois la totalité des
quadrants internes et externes sur cette incidence.
Les critères de qualité sont : le sein au centre du film, la visibilité du
pectoral en arrière, le mamelon bien orienté vers l’avant ou
légèrement en dedans.
Incidence de profil externe (fig 2)
Les critères de qualité sont : le mamelon sur une ligne horizontale,
la visibilité du pectoral, la visibilité du sillon sous-mammaire.
L’incidence de profil est toujours nécessaire pour l’analyse d’un
foyer de microcalcifications car elle seule peut montrer le caractère
éventuellement déclive, cupuliforme, des calcifications, preuve de
leur bénignité (fig 3). Elle est utile pour localiser précisément une
image infraclinique.
Incidence médiolatérale oblique (fig 4)
Elle est parfois utilisée seule en dépistage (ou couplée à une
incidence de face).
3
4. *A *B
Le muscle pectoral doit faire un angle de 40° à 50° avec le bord du
film et être visible jusqu’au niveau d’une ligne horizontale passant
par le mamelon. Ce dernier doit se projeter en avant. Le sillon sous-mammaire,
le prolongement axillaire et la lame graisseuse
rétroglandulaire doivent être visibles.
C’est l’incidence qui explore le plus de tissu mammaire, à l’exception
d’une partie interne de la glande.
¦ Autres incidences
Incidence caudocrâniale
Elle est parfois utile pour les lésions des quadrants inférieurs (sillon
sous-mammaire) et chez les patientes présentant une importante
cyphose dorsale.
Face externe, face interne
Ces deux incidences permettent de privilégier l’analyse des
quadrants externes ou des quadrants internes (lésion profondément
située et/ou très périphérique).
Profil interne
Il est utile pour mieux explorer les lésions des quadrants internes.
1 Incidences de face droite (A) et gauche (B) : sein bien placé au centre du film ; ma-melon
bien dégagé en avant, pectoral visible en arrière, incidences symétriques.
2 Réalisation technique d’une incidence
de profil (A) et critères de qualité des clichés :
visibilité du sillon sous-mammaire et du
muscle pectoral (B, C).
*A
*B *C
3 Microcalcifications bé-nignes.
Intérêt du cliché
de profil strict : sur le cliché
de face, les calcifications ap-paraissent
arrondies, de
densité modérée (A), tandis
que sur l’incidence de profil,
elles sont arciformes (en
« tasse de thé »), de plus
forte densité (B) (sédiments
calciques).
*A
*B
34-800-A-10 Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) Radiodiagnostic
4
5. Radiodiagnostic Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) 34-800-A-10
Incidences tangentielles
Elles permettent de confirmer le siège superficiel d’une lésion.
Clichés localisés et agrandis
· Étude des microcalcifications
Il faut utiliser un foyer fin de 0,1 mm et des clichés localisés agrandis
5 Microcalcifications bé-nignes
: calcifications ar-rondies
régulières mono-morphes
(type 2).
pour l’analyse des microcalcifications dépistées par les clichés
standards.
Le risque de flou géométrique lié à la suppression de la grille est
compensé par le phénomène de l’air-gap.
L’augmentation théorique de la dose est compensée par la
suppression de la grille.
L’agrandissement permet une meilleure analyse des caractères
quantitatifs, morphologiques et topographiques des micro-calcifications,
et une meilleure comparaison d’un examen à l’autre.
Les microcalcifications sont classées selon la classification modifiée
de Le Gal (fig 5, 6).
– Type 1 : annulaires ou arciformes, horizontales ou semi-lunaires,
sédimentées sur le profil, losangiques.
– Type 2 : rondes et régulières.
– Type 3 : poussiéreuses.
– Type 4 : punctiformes, irrégulières, granulaires, de contours
anguleux.
– Type 5 : vermiculaires, ramifiées.
· Étude des opacités
L’agrandissement n’est pas toujours indispensable, mais le plus
souvent utile.
La compression localisée sur la zone d’intérêt peut désarticuler une
image de sommation fibreuse et montrer l’absence d’organicité
(fig 7).
À l’inverse, elle peut faciliter l’analyse des contours d’une opacité
dans un sein dense, en écartant la fibrose ambiante (fig 8).
Elle peut ainsi confirmer le caractère régulier des contours ou, à
l’inverse, révéler des lobulations ou des spicules, voire des
microcalcifications intrinsèques ou adjacentes (fig 9).
Il en est de même des images de distorsion qui sont soit
désarticulées, soit confirmées (fig 10).
· Étude des prothèses
Les constantes d’exposition sont déterminées manuellement, la
cellule étant débrayée.
4 Incidences médiolatérale oblique : réa-lisation
technique (A) et critères de
qualité ; exploration symétrique des seins
droit et gauche, visibilité du sillon sous-mammaire,
pectoral, se prolongeant
jusqu’au niveau de la ligne horizontale
passant par le mamelon (B, C).
*A
*B
*C
*A *B *C
6 Microcalcifications malignes : seul le cliché localisé agrandi permet une étude pré-cise
de la morphologie, du nombre et de la topographie des microcalcifications. Trois cas
de cancers canalaires in situ : ramifications galactophoriques (A), disposition linéaire
(B), foyer quadrangulaire (C).
5
6. 34-800-A-10 Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) Radiodiagnostic
*A *B
*A *B
La manoeuvre d’Eklund est utile pour refouler en arrière la prothèse
derrière le compresseur et permettre une exploration maximale de
la glande en avant de l’implant. Elle est plus facile à réaliser en cas
de prothèse rectropectorale.
En cas de prothèse prépectorale, elle n’est possible que si la prothèse
et le sein sont souples, dépressibles facilement, et s’il n’existe pas
une coque importante.
7 Image de superposition fibreuse : l’opacité divergente vi-sible
dans les quadrants internes du sein gauche
sur l’incidence de face standard (A) se dissocie totalement
sur l’incidence localisée agrandie de face (B).
INDICATIONS ET RÉSULTATS
¦ Indications
Dépistage
Le dépistage de masse organisé (DMO) a pour but de réduire la
mortalité par cancer du sein. Selon les données classiques de la
littérature, il permet une réduction d’au moins 30 % de la mortalité
par cancer du sein dans la population-cible.
En France, jusqu’à présent, les campagnes de dépistage concernaient
les femmes de 50 à 69 ans et consistaient en un examen radiologique
réduit à une seule incidence oblique axillaire, sans entretien ni
examen clinique. Il est utile de l’appeler « mammotest » pour ne pas
le confondre avec la mammographie diagnostique.
La fréquence de réalisation était de 3 ans.
Ce dépistage répond à un cahier des charges afin de respecter les
critères d’assurance-qualité définis par les recommandations
européennes et, en France, du Groupe interdisciplinaire de
mammographie (GIM) [9, 10, 23].
Le principe de l’extension à l’ensemble de la France du DMO a été
voté sur le plan législatif en 1998.
Les recommandations de l’Agence nationale d’accréditation et
d’évaluation en santé (ANAES) publiées en 1998 préconisent de
réaliser désormais un dépistage tous les 2 ans par deux incidences
(face et oblique externe) afin d’en améliorer les performances
(fig 11) [1].
L’ANAES recommande également d’élargir la tranche d’âge de 50 à
74 ans, au lieu de 69 ans actuellement.
Le débat est ouvert quant à l’intérêt du dépistage à partir de 40 ans
et fait l’objet de nombreuses polémiques. Il semble en effet que les
10 Intérêt du cliché localisé agrandi : sur l’incidence de face
standard du sein droit (A), il existe une discrète distorsion
du bord postérieur de la structure fibroglandulaire interne.
Le cliché localisé agrandi (B) montre le caractère constant
de l’image, révélant une divergence sous-jacente, très suspecte
(cancer infiltrant non palpable).
*A *B
8 Intérêt du cliché localisé agrandi : sur le cliché de face
standard du sein gauche, la masse palpable de quadrants inter-nes
se traduit par une opacité non spécifique (A) ; le cliché
localisé, agrandi, montre le caractère franchement irrégulier,
divergent, des contours, typique d’un cancer (B).
*A *B
9 Intérêt du cliché localisé agrandi : sur l’incidence de profil standard du sein droit
(A), il existe une petite opacité non spécifique des quadrants supérieurs du sein droit ;
le cliché localisé, agrandi (B), écarte les superpositions fibreuses et révèle le caractère
irrégulier des contours de cette opacité (cancer infiltrant non palpable).
6
7. Radiodiagnostic Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) 34-800-A-10
*A *B
données les plus récentes, obtenues à partir des campagnes de
dépistage modernes, prouvent la diminution de la mortalité dans
cette tranche d’âge. Mais des problèmes de modalité et de coût
semblent être le frein essentiel à l’extension dans cette tranche d’âge.
Le dépistage a pour avantages sa reproductibilité satisfaisante, sa
bonne sensibilité, une spécificité acceptable.
Le temps d’examen et le temps d’interprétation sont courts.
Le cahier des charges retenu par la Direction générale de la santé
recommande une dose d’entrée (fantôme MTM 100) inférieure à
12 mGy.
Sa sensibilité est supérieure à 90 % et s’évalue par le taux de cancers
de l’intervalle et par le taux de tumeurs de plus de 2 cm dépistées à
partir du deuxième tour.
La spécificité est moins bonne, surtout dans les seins denses. Le taux
de reconvocation doit être inférieur à 5-7 % et la valeur prédictive
positive des biopsies chirurgicales de plus de 50 %.
Ses limites doivent être connues et communiquées aux patientes :
– un examen négatif n’exclut pas formellement la présence d’un
cancer (cancer non palpable dans un sein dense, cancer très
périphérique, etc) ;
– il n’y a pas, en règle, jusqu’à présent, d’interrogatoire et d’examen
clinique, avec le risque de méconnaître les 10 % de cancers détectés
uniquement par palpation ;
– le délai peut être long entre la phase de dépistage et la phase
diagnostique, source d’anxiété de la patiente ;
– le DMO dépend fondamentalement de la mise en place et du suivi
du programme d’assurance-qualité et de la compétence des lecteurs ;
– sur le plan technique, il constitue, initialement au moins, une
régression pour les patientes qui, auparavant, bénéficiaient d’une
mammographie complète avec examen clinique dans le cadre d’un
diagnostic préimplantatoire ; cela souligne l’importance de la
définition préalable du cahier des charges et de son respect, ainsi
que de la formation des médecins-lecteurs.
La deuxième lecture est indispensable car elle permet de détecter 10
à 25 % de cancers supplémentaires ayant échappé à la première
lecture, souvent d’ailleurs des petits cancers.
Diagnostic
Le risque qu’une image mammographique se révèle être un cancer
augmente avec l’âge de la femme, ses antécédents familiaux ou
personnels de cancer du sein.
11 Dépistage. Intérêt de deux incidences mammographi-ques
: l’opacité stellaire typique d’un cancer infiltrant est bien
visible sur l’incidence de face (A) et difficilement détectable
sur l’incidence oblique externe (B).
La mammographie diagnostique peut être réalisée :
– dans le cadre d’un dépistage sur prescription individuelle,
notamment dans le cadre des exclusions au dépistage de masse
(antécédents familiaux faisant suspecter une prédisposition
génétique) ;
– pour le diagnostic d’une anomalie palpable ou d’un symptôme
(mastodynie, inflammation, écoulement mamelonnaire, modification
cutanée, etc) ;
– chez les femmes porteuses de prothèses mammaires ;
– pour le diagnostic étiologique d’une anomalie infraclinique
révélée par un dépistage de masse.
Elle est précédée d’un interrogatoire et d’un examen clinique.
Elle comporte la réalisation de deux ou trois incidences par sein et,
en complément, de toute incidence qui pourrait se révéler utile au
diagnostic (clichés localisés agrandis notamment).
L’examen clinique peut être refait et orienté sur la zone où siège
l’anomalie pour vérifier si elle est réellement non palpable.
La mammographie diagnostique a pour objectif de poser le
diagnostic final en un seul temps et de déterminer la conduite à
tenir grâce à une lecture immédiate des clichés (nécessité ou non
d’autres explorations, de prélèvements ou d’une intervention).
¦ Résultats
Sensibilité
Elle est proche de 90 %.
Dans un sein lipomateux, l’absence d’anomalie exclut en pratique
une lésion maligne.
On estime que 10 à 15 % des cancers ne sont pas détectés par la
mammographie, soit du fait de leur topographie, soit du fait de leur
indétectabilité dans un secteur dense ou un sein dense.
En effet, la sensibilité diminue quand la densité du sein augmente
(surtout pour la détection des opacités). Une lésion palpable
indéterminée dans un sein dense doit conduire à des investigations
complémentaires (échographie, prélèvements).
La sensibilité reste élevée pour la détection des microcalcifications,
même dans un sein dense, ce qui est essentiel car près de la moitié
des cancers contiennent des microcalcifications et c’est le signe
révélateur de 90 % des cancers in situ.
La mammographie représente donc la méthode la plus fiable, la plus
reproductible en matière de dépistage des petits cancers non
palpables, avec un taux acceptable de faux négatifs, de faux positifs
et un coût correct.
7
8. 34-800-A-10 Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) Radiodiagnostic
Spécificité
L’aspect mammographique est spécifique dans un nombre de cas
précis :
– sein totalement radiotransparent sans anomalie ;
– fibroadénome calcifié typique ;
– ganglion intramammaire typique ;
– lipome ;
– hamartome typique ;
– image stellaire maligne typique à centre dense (à différencier
d’une cicatrice radiaire, parfois d’une cyto-stéato-nécrose complexe).
Toute autre anomalie, palpable ou non, non spécifique, doit être
explorée plus avant.
Il est utile de classer les images selon le degré de suspicion de
malignité dans la classification adaptée de l’American College of
Radiology (ACR) : le système BI-RADS (breast imaging reporting and
data system) [25, 73].
– ACR 1 : mammographie normale.
– ACR 2 : aspect bénin ne nécessitant ni surveillance ni examen
complémentaire :
– opacités rondes avec macrocalcifications (adénofibrome ou
kyste) ;
– opacités ovalaires à centre clair (ganglion intramammaire) ;
– opacité ronde correspondant à un kyste typique en
échographie ;
– image de densité graisseuse ou mixte (lipome, hamartome) ;
– cicatrices connues ;
– macrocalcifications isolées (adénofibrome, kyste,
cytostéatonécrose, ectasie canalaire sécrétante) ;
– microcalcifications de type 1 selon Le Gal ;
– calcifications vasculaires.
– ACR 3 : aspect probablement bénin (surveillance à court terme
recommandée) :
– microcalcifications de type 2 selon Le Gal, en foyers unique ou
multiples ou nombreuses calcifications dispersées groupées au
hasard ;
– opacités rondes ou ovales, discrètement polycycliques, non
calcifiées, bien circonscrites, non typiquement liquidiennes en
échographie ou non contrôlées par échographie ;
– asymétries focales de densité à limites concaves et/ou
mélangées à de la graisse.
– ACR 4 : aspect suspect (nécessitant une vérification histologique) :
– microcalcifications de type 3 d’après Le Gal, groupées en amas
ou de type 4 peu nombreuses ;
– image spiculée sans centre dense ;
– opacité non liquidienne ronde ou ovale, à contours microlobulés
ou masqués ;
– distorsions architecturales ;
– asymétries ou hyperdensités localisées évolutives ou à limites
convexes.
– ACR 5 : aspect malin :
– microcalcifications de type 5 selon Le Gal ou de type 4
nombreuses et groupées ;
– amas de calcifications de topographie galactophorique ;
– calcifications évolutives ou associées à des anomalies
architecturales ou à une opacité ;
– opacité mal circonscrite à contours flous et irréguliers ;
– opacité spiculée à centre dense.
CONTRÔLE DE QUALITÉ
Un programme d’assurance-qualité en mammographie
conventionnelle concerne tous les maillons de la chaîne diagnostique
(mammographe, couple écran-film, développement, négatoscopes,
etc) [44, 82].
En France, le protocole du GIM prévoit de contrôler :
– tous les jours : la sensitométrie ;
– toutes les semaines : inspection visuelle de la machine, résolution
spatiale, contraste de l’image, visibilité à bas contraste, évaluation
globale, contrôle visuel de la cassette ;
– tous les mois : les mouvements de l’appareil ;
– tous les trimestres : l’exposeur automatique ;
– tous les semestres : la grille, la tension, l’éclairage de la chambre
noire, le stockage des films, la salle de lecture, le contact écran-film ;
– tous les ans : mesure du foyer, faisceau lumineux, couche de demi-atténuation,
doses, cassettes.
Qu’il s’agisse de dépistage ou de diagnostic, les critères de qualité
exigés doivent être rigoureux :
– positionnement parfait du sein permettant une exploration de
toute la glande ;
– dosimétrie respectée (principe ALARA : « as low as reasonnably
achievable »), rappelée par la circulaire européenne Euratom 97/43,
mise en application en 2000 [8, 58] ;
– qualité du cliché en termes de résolution spatiale et en contraste.
La direction générale de la Santé a, en 1998 et en 1999, adressé aux
responsables des campagnes de dépistage des directives rappelant :
– la nécessité d’application de critères de qualité des installations
mammographiques ;
– que les installations de mammographie qui ne présentent pas les
caractéristiques suivantes sont interdites :
– un foyer de taille inférieure ou égale à 0,4 mm (tolérance de la
norme IEC/NEMA) ;
– une distance entre le foyer et le film supérieure ou égale à
600 mm ;
– un faisceau de basse énergie adapté à l’examen des tissus
mammaires produit par un tube radiogène alimenté par une
tension comprise entre 20 et 40 kV et disposant au minimum
d’une anode en molybdène et d’une filtration molybdène ;
– un système arrêtant le rayonnement diffusé et ne créant pas
d’artefact sur les clichés ;
– les délais de mise en conformité des appareils ont également été
précisés :
– au 1er janvier 2000 :
– présence d’un exposeur automatique permettant de fournir des
clichés de densité optique optimale, quelles que soient la
composition et l’épaisseur du sein, ainsi que l’énergie délivrée ;
– présence d’un système permettant la correction du
noircissement par réglage des points de cellule ;
– présence d’un système de compression motorisé avec
commande au pied et système de sécurité permettant une
limitation de la pression maximale exercée ;
– et dans un délai de 2 ans (2002) :
– ajout d’un Potter de 24 ´ 30 cm ;
– la liste non exhaustive des appareils ne pouvant être mis en
conformité et devant être exclus immédiatement du dépistage.
8
9. Radiodiagnostic Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) 34-800-A-10
La dose d’entrée par incidence, pour un sein d’épaisseur moyenne,
ne doit pas dépasser 10 mGy avec un fantôme PMMA de 40 mm.
Dans ce cas, la dose moyenne à la glande approche 2,5 mGy.
Le contrôle de qualité devrait être réalisé deux fois par an par un
organisme externe habilité.
L’évaluation d’un programme d’assurance-qualité dans le cadre du
dépistage du cancer du sein doit aller de pair avec un contrôle
qualité en anatomopathologie et le suivi des cas pathologiques
(registre des cancers).
Le développement inéluctable de la mammographie numérique
entraînera une révision du cahier des charges en matière de contrôle
de qualité et de ses modalités.
Autres techniques radiologiques
GALACTOGRAPHIE
¦ Technique
Il faut repérer le pore à l’origine de l’écoulement par une pression
de la glande mammaire.
Un dilatateur y est introduit pour élargir le méat canalaire et faciliter
l’introduction du dispositif d’injection.
Une faible quantité de produit de contraste iodé hydrosoluble est
injectée doucement.
Du collodion versé sur le mamelon après retrait du cathéter évite le
reflux du produit de contraste et permet la réalisation des clichés,
en règle de face et profil, avec parfois des clichés localisés agrandis.
¦ Indications et résultats
Il s’agit en règle d’explorer les écoulements unipores unilatéraux,
qu’ils soient séreux ou sanglants, spontanés ou provoqués.
Les résultats de la galactographie sont confrontés à ceux de la
cytologie de l’écoulement.
L’examen peut montrer :
– une dilatation régulière, plus ou moins marquée, de tout ou partie
de l’arbre galactophorique intéressé ;
– une image lacunaire unique intracanalaire traduisant un
papillome, parfois seulement visible par un arrêt cupuliforme
(fig 12) ;
– des images lacunaires intracanalaires multiples, plus ou moins
confluantes et étendues, traduisant une papillomatose.
Toutefois, l’aspect radiologique des lésions visualisées ne permet pas
de préjuger de leur nature histologique et une exérèse est en règle
indispensable (fig 13) :
– parfois une image de sténose ou d’encorbellement ;
– parfois l’opacification se superpose à des microcalcifications
témoignant de leur caractère intracanalaire, donc suspect a priori.
¦ Limites
Le cathétérisme du canal peut se révéler très difficile, voire
impossible.
Il peut être nécessaire de refaire une nouvelle tentative quelques
jours après.
Parfois, pendant l’injection, on observe un reflux du produit de
contraste mêlé de sécrétions. Cela confirme que l’on est bien dans le
canal incriminé et fait suspecter un obstacle. Il faut alors poursuivre
l’injection, souvent en essayant de pousser plus loin le cathéter pour
obturer le canal, réduire ainsi le reflux et aboutir à une meilleure
opacification du réseau galactophorique.
Parfois, l’excès de pression aboutit à une extravasation du produit
de contraste, ce qui rend l’examen non contributif et fait reporter
une nouvelle tentative de quelques semaines.
Une fausse route peut aboutir à une opacification vasculaire, à ne
pas confondre avec un canal normal.
Des bulles d’air peuvent créer de fausses images lacunaires, d’où la
nécessité de purger soigneusement la seringue avant l’injection.
Certains auteurs ont proposé :
– l’injection échoguidée directe dans le canal dilaté (si le
cathétérisme du méat est difficile) ;
– la réalisation de biopsies stéréotaxiques immédiatement au
décours d’une galactographie, sur les anomalies mises en évidence
au sein du canal opacifié.
KYSTOGRAPHIE GAZEUSE
Elle consiste à injecter de l’air stérile dans un kyste dont le liquide a
préalablement été aspiré par ponction. La kystographie a pour but
de rechercher un épaississement pariétal ou des végétations
intrakystiques (papillome, cancer).
Elle est en règle abandonnée car l’échographie permet une analyse
tout aussi complète des kystes et de leur contenu.
Échographie mammaire
MATÉRIEL
¦ Échographe
L’échographie mammaire est réalisée à l’aide d’un appareillage en
temps réel, à balayage manuel, équipé d’une sonde de haute
fréquence, de 7,5 MHz au moins.
Le réglage du gain est un point essentiel car il doit permettre
d’éliminer le bruit, sans méconnaître des signaux de faible
amplitude qui peuvent être utiles au diagnostic.
12 Galactographie : mise en évidence d’une lacune bien limitée, homogène à 2 cm
du méat, dans le cadre du bilan étiologique d’un écoulement unilatéral unipore séreux
(papillome bénin).
13 Galactographie : mise en évidence d’une lacune polylobée, hétérogène de la région
rétroaréolaire, responsable d’un écoulement sanglant (cancer).
9
10. 34-800-A-10 Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) Radiodiagnostic
¦ Sondes
Les barrettes linéaires électroniques sont formées d’une série de
cristaux (en général 128) fonctionnant alternativement en émetteurs
et récepteurs, offrent un champ d’exploration rectangulaire et sont
les plus utilisées [5, 33, 80].
Les barrettes courbes génèrent un faisceau divergent de 60° à 90°.
Les sondes annulaires explorent un champ trapézoïdal, ce qui
entraîne des déformations en profondeur.
Les sondes annulaires ont pour avantage théorique d’avoir la même
résolution spatiale dans les plans horizontal et transversal, tandis
que les barrettes linéaires offrent une meilleure résolution dans le
seul axe horizontal.
Les appareils les plus récents utilisent des sondes multifréquences
large bande et l’échographie mammaire est généralement réalisée à
des fréquences comprises entre 7 et 13 MHz, selon la morphologie
du sein et le type de lésion.
L’utilisation de fréquences élevées (de 10 à 13 MHz) améliore surtout
la résolution en contraste et peut faciliter l’analyse des lésions
infracentimétriques, notamment dans un sein lipomateux. Mais elle
ne permet pas une bonne détection des lésions profondes car elle
n’offre une pénétration satisfaisante que de 3 à 4 cm.
¦ Matériel d’interposition
Avec les appareils actuels à barrette électronique, focalisation
dynamique et sonde multifréquence, l’utilisation des matériaux
d’interposition de type poche à eau, est abandonnée dans la plupart
des cas [52].
Ils peuvent rester utiles pour l’analyse d’une lésion très superficielle,
l’exploration de la région rétroaréolaire et de certaines dépressions
(zones cicatricielles).
¦ Reprographie
L’échographie est certes un examen opérateur-dépendant, mais sa
reproductibilité doit être améliorée par la production d’un document
photographique parfait, tant par le support utilisé que par la qualité
intrinsèque de l’image.
Il existe des solutions de reprographie numérique, de haute
résolution, sur film laser transparent ou opaque, qui permettent une
relecture des examens et une comparaison satisfaisante d’un examen
à l’autre.
La qualité de la liaison entre échographe et reprographe doit
permettre une reproduction fidèle de l’image visualisée sur l’écran.
EXAMEN ÉCHOGRAPHIQUE
La patiente est installée en décubitus latéral oblique plus ou moins
marqué afin d’étaler la glande harmonieusement sur la paroi
thoracique.
Le bras du côté exploré est relevé au-dessus de la tête ou derrière
celle-ci.
L’examen est toujours bilatéral et comparatif.
La sonde explore successivement, du haut vers le bas et du bas vers
le haut, tous les quadrants, la région rétroaréolaire, les creux
axillaires, les sillons sous-mammaires et l’espace intermammaire.
Il est possible d’explorer le sein par des coupes sagittales ou des
coupes radiaires autour de l’axe mamelonnaire [36, 37].
La barrette linéaire est placée entre l’index et le majeur ou le pouce
et le majeur, et la main glisse avec la sonde, étalant la glande de
façon homogène et maintenant un bon contact sonde-peau.
Cela permet d’associer la palpation à l’analyse échographique et de
diriger au mieux celle-ci sur les éléments palpables.
Cette exploration dynamique réalise une véritable palpation
échoscopique.
Cela permet aussi d’apprécier le caractère constant d’une lésion, en
éliminant les fausses images. Ainsi, les atténuations liées aux crêtes
de Duret peuvent être le plus souvent éliminées.
Une image anormale doit pouvoir être retrouvée sur deux plans de
coupe orthogonaux et doit être constante, quel que soit le degré de
pression de la sonde.
Afin de laisser libre les deux mains, il est utile que l’échographe soit
équipé d’une pédale de gel de l’image et de prise des clichés.
L’interprétation repose sur la connaissance du normal, des variantes
du normal et des multiples aspects de la pathologie mammaire.
Si une image anormale est détectée, elle doit être explorée dans les
plans transversal, sagittal, radiaire, antiradiaire, afin de préciser :
– son caractère constant ou variable selon l’incidence ou le degré de
pression de la sonde (déformabilité, mobilité, adhérence) ;
– ses contours, son échostructure et son contraste ;
– ses dimensions dans les trois axes.
Si une anomalie palpable ou mammographique ne trouve pas de
traduction ultrasonore avec une sonde de 7,5 MHz, il peut être utile
d’utiliser une sonde de plus haute fréquence pour rechercher une
anomalie discrète, subtile.
Ce peut être le cas de lésions superficielles ou de très petites
dimensions, ou en rapport avec une image de déstructuration
mammographique (notamment dans un sein lipomateux).
Chaque lésion est numérotée sur les clichés, puis reportée sur un
schéma ainsi que dans le compte rendu. La profondeur de la lésion
et sa distance au mamelon sont précisées dans le compte rendu.
Cette cartographie lésionnelle est utile pour guider
rétrospectivement la palpation et, si nécessaire, des prélèvements
échoguidés, et, plus tard, pour la comparaison d’un examen à
l’autre.
Le compte rendu doit préciser :
– l’indication de l’examen ;
– l’appareil utilisé et sa date de première mise en service ;
– les anomalies retrouvées, leur type, leurs dimensions, leur
situation dans le sein et par rapport au mamelon ;
– l’analyse des anomalies (contours, échostructure, contraste) ;
– la corrélation ou la discordance avec les données cliniques et
mammographiques ;
– une conclusion permettant d’aider le clinicien dans sa démarche
ultérieure.
Les difficultés d’interprétation, voire les erreurs, en échographie
mammaire viennent de ce que les critères séméiologiques sont
souvent mal appliqués, non respectés de manière rigoureuse,
élargissant ainsi la zone de recouvrement entre pathologie bénigne
et maligne.
L’expérience de l’échographiste est fondamentale et son
interprétation se fait en fonction des signes cliniques et
radiologiques
ASSURANCE-QUALITÉ EN ÉCHOGRAPHIE MAMMAIRE
L’assurance-qualité est au cahier des charges des campagnes de
dépistage mammographique.
En revanche, il n’existe pas d’obligation de contrôle de qualité en ce
qui concerne l’échographie mammaire.
Il s’agit là, comme pour la mammographie, de s’assurer que
l’équipement échographique utilisé est adapté et que l’échographiste
possède l’expérience requise pour l’utiliser de manière contributive
dans la démarche diagnostique [2, 24, 35, 53, 57].
En France, les éléments d’un contrôle de qualité en échographie ont
été définis par l’association QUALIX, en 1997.
La qualité de l’image échographique repose sur plusieurs facteurs,
parmi lesquels la résolution spatiale, la résolution de contraste,
l’uniformité du champ et la diffusion spéculaire.
Les deux autres paramètres, la puissance du faisceau et la courbe de
gain, doivent être optimisés pour obtenir des images de haute
qualité.
10
11. Radiodiagnostic Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) 34-800-A-10
Un contrat de maintenance avec le constructeur doit comprendre
l’entretien de l’appareil, des sondes, des câbles de liaison sonde-échographe
et échographe-reprographe, ainsi que la mise à jour de
logiciels intégrés.
Il existe des fantômes adaptés à l’évaluation des performances de
l’appareillage d’échographie dans l’analyse des parties molle telles
que le sein.
Le contrôle qualité s’applique également aux procédures de
prélèvements guidées.
Des fantômes reproduisant la forme, la consistance et l’échogénicité
du sein permettent de vérifier que l’équipement est adapté à la
réalisation de ponctions et microbiopsies échoguidées.
L’interprétation des images échographiques du sein est très difficile.
L’aspect du tissu mammaire normal varie d’une patiente à l’autre,
d’une tranche d’âge à l’autre et au sein d’une même tranche d’âge.
L’importance relative des différents constituants de la glande
mammaire, les variations hormonodépendantes et au cours de la
vie, font que la détection des anomalies peut se révéler difficile.
Les aspects éminemment variables d’une femme à une autre doivent
être analysés avec soin afin de déterminer si l’image observée
correspond à un aspect normal, une variante de la normale ou
indique un processus pathologique [71].
L’exploration échographique est un examen dynamique, où la sonde,
prolongement de la main, réalise une palpation échoscopique de la
glande dans tous les plans de l’espace.
Avec les équipements actuels, les équipes entraînées peuvent aboutir
à une bonne évaluation des lésions solides de plus de 5 mm par
l’analyse rigoureuse de leurs caractéristiques échographiques.
Une lésion peut être ainsi classée en bénigne, probablement bénigne,
indéterminée, probablement maligne ou certainement maligne.
Ces données, rapportées et confrontées à celles de la clinique et de
la mammographie, permettent d’affiner le diagnostic et d’optimiser
la conduite à tenir.
La confrontation des résultats échographiques avec les données
chirurgicales ou les constatations de la surveillance des lésions non
opérées permet de réaliser une étude prospective des performances
de l’échographie et de l’échographiste.
RÉSULTATS : SEIN PATHOLOGIQUE,
IMAGES ÉLÉMENTAIRES
L’essentiel de la pathologie mammaire se résume dans l’observation
d’une zone circonscrite de l’échogramme où les réflexions échogènes
présentent une discontinuité de leur intensité (ou brillance) qui va,
dans la quasi-totalité des cas, dans le sens d’une décroissance. À
l’extrême, cette perturbation sonore peut être vide d’échos,
anéchogène [4, 69].
¦ Signes acoustiques
Comme tout tissu biologique, le sein atténue l’énergie sonore selon
une loi générale de décroissance exponentielle. Cette décroissance
n’est pas continue mais accidentée par des réflexions d’intensité
variable selon les structures traversées : peau, graisse sous-cutanée,
travées fibreuses, zones de sclérose fibreuse etc.
Toute zone pathologique organisée se greffe en une déflexion plus
ou moins marquée de l’intensité des échos. L’écart relatif ou
contraste de l’intensité des échos internes de la zone pathologique,
par rapport à celle des échos provenant des structures adjacentes
normales du sein, doit être suffisamment important pour être
individualisé. Nous verrons que cette notion de contraste est capitale
à considérer en échographie mammaire.
Cette zone localisée pathologique, de moindre réflexivité, répond à
deux mécanismes totalement différents. Elle apparaît comme un
milieu soit parfaitement perméable aux ultrasons, sans perte
d’énergie, soit elle constitue un milieu d’affaiblissement de l’énergie
ultrasonore par quelque mécanisme, absorption ou diffusion.
14 Échographie mam-maire
: lacune transsonore
totalement perméable aux
ultrasons avec un renforce-ment
postérieur net (kyste
typique).
15 Échographie mam-maire
: lacune atténuante ;
seule la partie antérieure
et les bords latéraux de
l’image restent analysables.
Le bord postérieur de
l’image disparaît, remplacé
par un cône d’ombre projeté
dans l’épaisseur du sein.
Milieu perméable aux ultrasons
Lacune transsonique où l’énergie des ultrasons est totalement
restituée en arrière dans la profondeur du sein (renforcement des
échos postérieurs).
Le milieu liquide constitue le milieu le plus homogène vis-à-vis des
ultrasons : le kyste mammaire est illustré par une lacune vide
d’échos (anéchogène) et un renforcement des échos postérieurs
(fig 14).
Milieu atténuant le son : lacune atténuante (fig 15)
L’énergie résiduelle du son, lorsqu’il atteint les structures normales
du sein en arrière de l’anomalie, est insuffisante pour générer des
réflexions. Le bord postérieur disparaît, remplacé par une ombre
projetée en arrière, dans la profondeur du sein.
Cette atténuation est variable :
– brutale, et le tunnel d’ombre se confond avec la zone
pathologique, initiatrice de l’atténuation ;
– moins marquée, et la limite postérieure de la zone perturbée peut
être encore discrètement individualisée.
Diverses pathologies sont des milieux atténuants : certains cancers,
certains adénofibromes anciens, des zones de fibrosclérose et les
macrocalcifications.
Milieu intermédiaire : lacune simple (fig 16)
La lacune acoustique de l’adénofibrome en est la plus parfaite
illustration.
L’adénofibrome atténue modérément les ultrasons : les échos
postérieurs ont la même intensité que ceux provenant des structures
normales du sein, situées à la même profondeur. Il n’y a ni
renforcement des échos postérieurs, ni zone d’ombre postérieure.
L’adénofibrome se présente comme une lacune simple, taillée « à
l’emporte-pièce », au sein d’un échogramme normal.
Quant aux réflexions internes, elles présentent un contraste modéré
par rapport à celles provenant de structures périphériques.
11
12. À mesure que le contraste diminue, la reconnaissance d’une
anomalie est d’autant plus difficile. Mais la particularité singulière
de l’échographie mammaire est que plus le contraste est faible, plus
la perturbation ultrasonore présente une probabilité de bénignité.
À la limite, lorsque le contraste est nul, nous pénétrons dans le
domaine du normal ou du dystrophique banal. À l’inverse, une
lacune simple mais contrastée peut fort bien correspondre à un
cancer.
L’image élémentaire obtenue, lacune transsonique, atténuante ou
simple, assortie d’un contraste plus ou moins accentué, n’a pas de
spécificité suffisante.
Il nous faut faire appel à d’autres caractères, en particulier
morphologiques, pour prétendre à une approche de probabilité
diagnostique fiable des trois grands chapitres de la pathologie
mammaire : la pathologie kystique, les tumeurs solides bénignes, les
cancers.
¦ Signes morphologiques
L’analyse morphologique d’une anomalie ultrasonore intéresse :
– les contours et les limites de la lacune, sa forme, son orientation ;
– l’aspect de la structure interne ;
– l’environnement fibreux et adipeux [78].
Limites, contours, forme et orientation
– Les limites peuvent être régulières, sans déflexion abrupte (fig 17).
– À l’inverse, un contour irrégulier présente une succession
d’accidents, d’intensité variable, réalisant un aspect crénelé.
– Par ailleurs, un bord net s’inscrit sous forme d’un trait fin,
généralement contrasté.
– Un bord flou est moins contrasté, plus large, car il traduit une
transition lente de l’une à l’autre extrémité de l’échelle des gris
(noir-blanc).
– Généralement, flou et irrégularité vont de pair, témoignant
d’ailleurs d’un même processus pathologique, malin.
Échostructure
– Structure homogène : une structure homogène présente une
densité et une intensité parfaitement uniformes de l’ensemble de la
surface de projection lacunaire (fig 18).
– Structure hétérogène : les échos intralacunaires présentent une
amplitude (ou brillance) et une distribution spatiale variables,
aléatoires, d’un point à un autre de la surface de projection tumorale
(fig 19).
Modifications de l’environnement
– Fibreux : une structure finement spiculée ou radiaire à longs
spicules, peut être, dans certaines conditions, mise en évidence par
l’échographie sous la forme d’une « couronne » hyperéchogène.
– Lipomateux : la réorganisation des lobules lipomateux en
périphérie d’une tumeur produit en échographie un aspect
d’évagination de la tumeur dans le tissu sous-cutané.
INDICATIONS DE L’ÉCHOGRAPHIE MAMMAIRE
DIAGNOSTIQUE
Les indications de l’échographie tiennent compte de la densité du
sein et du type de l’image mammographique (que l’on peut classer
selon les catégories ACR) [48, 51].
¦ Échographie, technique complémentaire
de la mammographie
Diagnostic d’une image mammographique ambiguë, notamment
infraclinique [67, 91]
Les indications diagnostiques de l’échographie sont essentiellement
représentées par les images classées ACR 3 ou 4, surtout si le sein
est dense :
– devant une opacité mammographique ambiguë, elle en précise la
nature kystique ou solide (fig 20) ; dans ce dernier cas, elle apporte
des arguments de probabilité en faveur de la bénignité ou de la
malignité (fig 21).
Les signes en faveur de la malignité sont :
– des contours flous et/ou irréguliers ;
– une échostructure hypoéchogène, hétérogène et/ou contrastée ;
– une atténuation postérieure ;
16 Échographie mam-maire
: lacune simple, « à
l’emporte-pièce », au sein
d’une structure mammaire
par ailleurs normale ; il n’y
a ni atténuation postérieure
ni renforcement postérieur
des échos.
17 Échographie mam-maire
: contours réguliers,
les limites de la formation
sont fines, régulières, sans
déflexion brutale.
18 Échographie mam-maire
: structure homogène,
répartition harmonieuse des
échos internes, égale en tous
points de la surface de
projection de la lacune (fi-broadénome
typique).
19 Échographie mam-maire
: structure hétéro-gène
; au sein de la lacune,
les échos ont une répartition
différente et une intensité
variable. Les contours sont
également flous, un peu ir-réguliers
(cancer canalaire
infiltrant SBR 2).
34-800-A-10 Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) Radiodiagnostic
12
13. – un grand axe vertical ;
– une couronne hyperéchogène ;
– devant une interruption brutale et/ou une attraction des tractus
fibreux hyperéchogènes ;
– devant une évagination irrégulière dans la graisse sous-cutanée.
De la même façon, devant une distorsion ou une hyperdensité
localisée, elle apprécie la présence d’une anomalie échographique
sous-jacente (fig 22).
Opacité mammographique apparemment bénigne [74]
Une opacité arrondie non calcifiée, découverte sur une
mammographie, ne permet pas de préjuger de sa nature, même si
ses limites paraissent nettes et régulières.
Il peut s’agir d’un cancer nodulaire (fig 23, 24).
Présence d’un élément palpable et mammographie occulte [75]
Une masse palpable dans un sein dense peut n’avoir aucune
traduction mammographique.
L’échographie permet d’en préciser la nature, kystique, solide ou
mixte.
Elle permet de guider les prélèvements sur les zones les plus
intéressantes de la masse (fig 25, 26).
Microcalcifications ambiguës (fig 27)
Devant des microcalcifications, elle recherche un nodule solide sous-jacent,
renforçant la suspicion de malignité et évoquant alors une
lésion, non pas seulement in situ, mais probablement infiltrante.
Cette lésion échographique peut servir de cible à des prélèvements
échoguidés.
Bilan préthérapeutique d’un cancer [7]
Devant une lésion classée ACR 5, l’échographie est réalisée dans le
cadre du bilan d’extension et préthérapeutique pour :
– rechercher des lésions multifocales homolatérales, voire
bilatérales ;
– guider des prélèvements ;
– rechercher des adénopathies et, si besoin, en guider les
prélèvements.
La découverte échographique de localisations néoplasiques
multiples, non soupçonnées par la clinique et la mammographie,
peut modifier la stratégie thérapeutique.
Exploration du sein porteur d’une prothèse [87]
Une partie plus ou moins importante du parenchyme n’est pas
accessible à la mammographie, en cas d’implant prérempli de gel
de silicone, en mammographie conventionnelle ou numérique. De
plus, la technique d’Eklund n’est pas toujours réalisable.
20 Image de superposition fibreuse :
l’opacité arrondie à contours apparem-ment
irréguliers sur cette incidence locali-sée
agrandie correspondait à un simple
kyste en échographie. La superposition
de tractus fibreux sur l’image mammogra-phique
lui donnait un aspect irrégulier
suspect.
21 Complémentarité de
l’échographie.
A. La mammographie
dépiste une petite opa-cité
(6 mm) non pal-pable,
de contours un
peu flous.
B. L’échographie mon-tre
une lacune sus-pecte
car floue, irrégu-lière,
hétérogène, avec
une nette atténuation
postérieure (cancer
tubuleux).
*A
*B
23 Complémentarité de l’échographie.
A. Opacité arrondie dans un sein lipomateux apparem-ment
non suspecte.
B. L’échographie révèle le caractère hétérogène de ce no-dule
solide et la présence d’un liseré hyperéchogène péri-phérique,
deux signes suspects (cancer infiltrant).
*A
*B
22 Complémentarité de
l’échographie : opacité fi-breuse
bénigne ; cette large
opacité fibreuse, apparem-ment
irrégulière, ne se
dissociait pas sur l’inci-dence
localisée agrandie, eu
égard à sa taille, mais ne
s’accompagnait d’aucune
anomalie échographique.
Les microbiopsies se sont ré-vélées
bénignes et l’image
est stable depuis 5 ans.
Radiodiagnostic Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) 34-800-A-10
13
14. 34-800-A-10 Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) Radiodiagnostic
*A *B
L’échographie permet une exploration complémentaire exhaustive
du parenchyme mammaire et de l’implant.
Surveillance du sein traité pour cancer [61]
L’échographie permet de suivre la réponse tumorale sous
chimiothérapie.
Elle peut aider au diagnostic précoce d’une récidive.
Sein inflammatoire
Devant un sein inflammatoire, la normalité de l’échographie est un
élément important en faveur d’une mastite non carcinomateuse (sauf
s’il existe des microcalcifications suspectes en mammographie).
La mise en évidence d’une lésion suspecte est, au contraire, un
argument fort en faveur d’une mastite carcinomateuse et permet des
prélèvements échoguidés pour confirmation.
¦ Échographie de première intention [86]
– Devant un élément palpable chez la femme de moins de 30 ans.
La découverte d’un kyste ou d’un fibroadénome typiques permet
d’éviter la pratique d’une mammographie, ce d’autant que les seins
sont volontiers denses.
– Devant un élément palpable chez une femme enceinte ou
allaitante : un aspect typique de kyste, fibroadénome ou galactocèle,
permet également de se dispenser d’une mammographie.
24 Complémentarité de l’échographie mammaire : un élé-ment
palpable se traduit par une opacité arrondie dont les
contours sont partiellement intégrés dans la fibrose ambiante
mais sans caractère d’emblée suspect (A). L’échographie mon-tre
qu’il s’agit d’une formation solide d’échostructure très
hétérogène, très hypoéchogène (contrastée) (B). Le liseré hyper-échogène,
visible dans le nodule, correspond à la trace de la
microbiopsie réalisée (cancer canalaire infiltrant).
25 Discordance clinique.
A. Mammographie : une masse palpable de 4 cmchez une patiente de 37
ans n’a pas de traduction mammographique nette et encore moins sus-pecte
sur le cliché mammographique oblique externe.
B. L’échographie montre une masse assez bien délimitée, peu contras-tée,
mais hétérogène, suspecte.
C. L’image par résonance magnétique montre une masse hypervascula-risée
et en précise l’étendue (cancer canalaire infiltrant).
– En postopératoire immédiat, où la mammographie est
difficilement supportée et peu contributive, l’échographie peut aider
à faire le diagnostic d’un hématome, d’une lymphocèle ou d’un
abcès.
– Devant un sein dense et une absence de masse palpable :
l’échographie n’est pas une technique de dépistage du cancer du
sein.
Les données de la littérature montrent que l’incidence des cancers
de découverte échographique fortuite ne dépasse pas 2 % des
examens.
Néanmoins, il est utile de rappeler que le taux de détection
« standard » en mammographie, c’est-à-dire le pourcentage
minimum de cancers « attendus », en DMO, est de 5/1 000 examens,
soit 0,5 % des examens réalisés.
Les deux techniques ne s’opposent pas mais se complètent, chacune
palliant les limites de l’autre.
¦ Particularités propres de l’échographie mammaire
devant un échogramme normal
En mammographie, on ne peut pratiquement affirmer qu’un sein
n’est porteur d’aucune lésion que s’il est radiotransparent,
lipomateux ou peu fourni en éléments fibroglandulaires.
À mesure que ces derniers éléments deviennent abondants, les
images pathologiques organisées tendent à s’estomper, faute de
*A
*B
*C
14
15. Radiodiagnostic Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) 34-800-A-10
*A
contraste, l’analyse radiologique devenant de plus en plus délicate.
Elle peut même devenir impossible, hors la détection de
microcalcifications.
Or, justement, plus l’image radiologique se charge en éléments
parasites, plus l’imagerie ultrasonore devient performante. Le sein
radio-opaque constitue un milieu naturellement et idéalement
contrasté, favorable à l’égard des ultrasons.
Toute lésion, à partir d’une certaine dimension que l’on peut estimer
entre 3 et 4 mm, présente une traduction échographique sous forme
d’une lacune.
La particularité singulière de l’échographie est qu’un échogramme
normal, à condition qu’il s’agisse d’un sein richement fourni en
éléments fibroglandulaires, présente une fiabilité pratiquement
jamais prise en défaut (en dehors de la détection des foyers de
microcalcifications).
Les faux négatifs sont alors très rares, sous réserve qu’il s’agit d’un
opérateur expérimenté.
¦ Échodoppler couleur
Plusieurs études ont analysé l’apport du doppler continu, puis du
doppler pulsé, enfin du doppler couleur dans la différenciation
bénin-malin.
Les limites techniques de l’échodoppler couleur sont connues :
exploration angle-dépendant, artefacts (aliasing), faible taux de
rafraîchissement de l’image, mauvaise détection des flux lents.
Le doppler énergie (codage de l’amplitude) présente certains
avantages : l’absence de dépendance par rapport à l’angle
d’exploration, une sensibilité supérieure, l’absence d’aliasing [12].
Mais cette technique a ses propres inconvénients : une plus grande
sensibilité aux mouvements respiratoires, l’absence de détermination
du sens circulatoire, la diminution du signal avec la profondeur [38].
Dans tous les cas, il faut corréler les données de l’analyse en échelle
de gris, l’analyse spectrale en doppler pulsé et la cartographie
vasculaire en mode énergie [11, 41].
Avec les équipements actuels les plus modernes, il est possible de
mettre en évidence des signaux doppler dans le tissu mammaire
normal.
Il existe une grande dépendance entre le type de flux observé et la
phase du cycle.
Chez la femme non ménopausée, l’examen doppler offre une
sensibilité optimale en milieu de cycle car il existe une réduction du
flux sanguin mammaire dans la période ovulatoire.
Cancers mammaires (fig 28)
Les différentes études publiées montrent des sensibilités variables
de 69 à 100 % et une spécificité de 59 à 100 % selon la date des
études, c’est-à-dire le degré de perfectionnement des équipements
et selon l’expérience des auteurs [17, 19, 64].
L’échodoppler couleur peut être utile dans le diagnostic différentiel
des lésions malignes pseudokystiques (très hypoéchogènes et
vascularisées) et les vrais collections liquidiennes.
En théorie, un flux tumoral se caractérise par une composante
systolique élevée et un flux diastolique nettement apparent (critère
de basse résistance).
Les faux positifs de l’échodoppler couleur sont constitués par
certaines mastopathies bénignes (mastose fibrokystique,
fibroadénomes), le sein normal de la femme jeune, les seins
inflammatoires, la grossesse, l’allaitement.
Les faux négatifs incluent surtout certains cancers infra-centimétriques
et certains cancers de la femme âgée.
Ils peuvent être liés à des problèmes techniques : pression excessive
de la sonde, qualité insuffisante de l’appareillage.
La valeur de la mesure de l’indice de résistance est controversée [88].
Il n’a pas été retrouvé de lien significatif entre le type histologique
d’un cancer et la présence et l’intensité d’un signal doppler [79].
Le doppler énergie augmente la sensibilité au détriment de la
spécificité [7, 65].
L’échographie 3D serait supérieure à l’échographie 2D pour
l’analyse de la morphologie des vaisseaux, leur nombre, leurs
ramifications, mais il persiste des problèmes de reconnaissance des
vaisseaux périphériques par rapport aux vaisseaux profonds [13].
L’analyse automatisée par ordinateur de la cartographie couleur
améliore la sensibilité et la spécificité [49].
26 Discordance clinique.
A. Mammographie : le
nodule palpable dans
le quadrant supéroex-terne
du sein droit n’a
pas de traduction ra-diologique
nette sur le
cliché mammographi-que
et reste indéter-miné.
B. L’échographie mon-tre
qu’il s’agit d’une
formation solide très
suspecte car hétéro-gène,
irrégulière, avec
atténuation postérieu-re
du faisceau ultraso-nore
(microbiopsie :
cancer canalaire infil-trant).
*B
27 Complémentarité de l’échographie : les microcalcifica-tions
dépistées par la mammographie sont très suspectes
et évoquent un cancer intracanalaire car aucune opacité ne
leur est associée (A). Mais l’échographie montre la présence
d’un nodule hétérogène de 5 mm associé aux calcifications,
suggérant une composante invasive (B). Ceci a été confirmé
par microbiopsie échoguidée et a permis de planifier une chi-rurgie
en un seul temps (tumorectomie et curage axillaire).
*A
*B
15
16. En conclusion, la présence d’un signal doppler existe dans les lésions
bénignes (mastopathies prolifératives avec ou sans atypies). Mais
surtout, l’absence de signal doppler couleur dans une tumeur ne
permet pas d’exclure un cancer. De ce fait, la vérification cytologique
(par ponction) ou histologique (par microbiopsie, Mammotomet ou
biopsie-exérèse) reste nécessaire en cas de doute.
Extension ganglionnaire
La sensibilité de l’échographie varie, selon les séries, de 50 à 77 % ;
la spécificité varie de 82 à 98 % [56].
La présence d’un signal doppler couleur peut être mise en évidence
dans les ganglions axillaires normaux [76].
Les faux positifs sont aussi représentés par certains ganglions
inflammatoires.
L’échodoppler couleur peut aider à la détection des adénopathies
mammaires internes dans le bilan d’extension des tumeurs internes
ou centrales.
Surveillance du cancer traité
Dans les cancers ayant fait l’objet d’un traitement radiochirurgical
conservateur, les récidives peuvent se différencier des fibroses
cicatricielles par une plus grande fréquence de flux anormaux, des
vaisseaux plus nombreux, des vaisseaux à la périphérie ou dans la
tumeur [85].
Dans les fibroses, les flux anormaux sont plus rares, moins
nombreux et plus à distance.
Une étude doppler couleur négative n’a pas de valeur définitive et
une microbiopsie ou une biopsie-exérèse ne peuvent pas être
différées en cas de doute car les faux négatifs semblent nombreux,
surtout dans les petites lésions.
Sous chimiothérapie, la régression des signes doppler couleur
anticiperait de 4 semaines la régression clinique et échographique
(en échelle de gris), lui donnant une valeur prédictive quant à
l’efficacité du traitement [66].
Pathologie mammaire bénigne (fig 29)
Les fibroadénomes présentent des vaisseaux internes ou
périphériques dans 30 à 60 % des cas, et des vaisseaux droits ou en
courbe harmonieuse (signe de la « capsule »), mais il existe un
recouvrement avec certains cancers.
Les fibroadénomes essentiellement fibreux ne présentent pas, en
règle, de signal doppler.
Les dystrophies fibrokystiques florides ou inflammatoires sont
souvent le siège de flux anormaux périphériques. Leur régression
sous traitement progestatif pourrait être un signe de l’efficacité
thérapeutique.
Les masses bénignes non vascularisées comprennent les masses
fibreuses, les régions cicatricielles et certains fibroadénomes.
Utilisation de produits de contraste
L’étude en doppler énergie montre que la prise de contraste est plus
précoce et plus durable dans les tumeurs malignes que dans les
lésions bénignes [16].
En particulier, l’injection de microbulles pourrait aider à distinguer
certains cancers très peu vascularisés des fibroadénomes non
vascularisés, et les nodules bénins des nodules malins dans les
régions cicatricielles.
L’amélioration de la sensibilité et de la spécificité après injection
repose sur la meilleure analyse des caractères de la vascularisation
tumorale [50].
Les lésions avasculaires ou très peu vascularisées après injection
sont le plus souvent bénignes.
Les indices de résistivité et de pulsatilité apparaissent peu
contributifs dans la différenciation bénin-malin, avant et après
injection.
Des études récentes semblent indiquer que la perfusion lente du
produit de contraste améliore la détection du signal, tout en
réduisant les artefacts de saturation tels qu’ils sont observés lors
d’une injection en bolus [3].
L’utilisation d’un produit de contraste rend la méthode plus invasive
et en augmente le coût.
Au total, l’échographie doppler couleur est une technique très
matériel- et opérateur-dépendante.
La sensibilité varie de 68 à 98 % et la spécificité de 43 à 97 % pour
les lésions malignes.
Pour la plupart des équipes, l’échodoppler couleur n’apporte
actuellement pas d’éléments déterminants dans la distinction bénin-malin
ou récidive-fibrose.
En effet, dans tous les cas, si la présence d’un signal anormal est un
argument supplémentaire pour ponctionner ou biopsier, l’absence
de flux anormal n’exclut pas la malignité et une vérification
cytologique ou histologique reste nécessaire.
D’autres techniques exploitant les propriétés acoustiques du tissu
mammaire sont en cours d’étude : élastographie, doppler vibratoire,
imagerie de résonance acoustique.
Imagerie par résonance magnétique
mammaire
TECHNIQUE
Les contre-indications sont celles de l’imagerie par résonance
magnétique (IRM) en général.
28 Échographie doppler
couleur.
A. L’opacité ronde dé-tectée
par la mammo-graphie
présente quel-ques
segments de con-tours
flous.
B. L’échographie dop-pler
couleur montre
une lacune hétéro-gène,
pénétrée par un
vaisseau perpendicu-laire
large, irrégulier,
peu ramifié (cancer
canalaire infiltrant).
*A
*B
29 Échographie doppler
couleur : la lacune homo-gène,
bien limitée, est en-tourée
de vaisseaux périphé-riques
au contact (fibro-adénome).
34-800-A-10 Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) Radiodiagnostic
16
17. Radiodiagnostic Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) 34-800-A-10
L’utilisation d’une antenne de surface spécifique pour l’étude des
seins améliore le confort de la patiente et le rapport signal/bruit.
Elle permet une exploration de chaque sein séparément ou des deux
seins de façon simultanée et comparative (fig 30).
L’IRM est un examen non irradiant, non invasif, court, reproductible,
déroulant tout le volume mammaire sans compression.
Elle permet d’obtenir des coupes fines de haute résolution dans tous
les plans de l’espace.
Elle réalise une exploration, dans le même temps, des régions
axillaires et préthoracique [89].
Dans la plupart des cas, l’injection de gadolinium est nécessaire
(sauf l’étude limitée aux prothèses) [46, 47].
On réalise des séquences d’imagerie rapide pondérée en T1 avant et
après injection de produit de contraste.
Il peut s’agir de séquences en écho de gradient ou en écho de spin.
Les séquences en écho de gradient permettent des coupes jointives
et augmentent la sensibilité après injection de gadolinium [54].
Les séquences en écho de spin sont moins sensibles aux
inhomogénéités du champ magnétique.
La recherche du caractère hypervascularisé d’une lésion repose
essentiellement sur une analyse qualitative de la prise de contraste.
Une même série de coupes est répétée toutes les 30 à 50 secondes
pendant 3 à 5 minutes. Elle comporte une série de coupes fines de
3 à 6 mm d’épaisseur.
La réalisation d’une soustraction électronique permet de visualiser
uniquement ces zones hypervascularisées. La saturation de graisse
peut être aussi utilisée [68].
Afin d’améliorer la spécificité, il est possible de réaliser une analyse
quantitative du rehaussement par la réalisation de courbes de prise
de contraste en fonction du temps sur une zone d’intérêt (par
rapport au tissu sain, à la graisse, au muscle), mais cela se fait au
détriment de la sensibilité (fig 31) [63].
Le développement de l’IRM mammaire est actuellement limité par
son coût, ainsi que par le faible nombre de machines disponibles.
INDICATIONS ET RÉSULTATS [39]
¦ Recherche de récidives de cancers (fig 32, 33)
Il s’agit du diagnostic différentiel entre fibrose et récidive, après
chirurgie conservatrice et radiothérapie.
Le diagnostic de récidive peut être difficile cliniquement, mais aussi
par mammographie ou échographie.
La cytologie d’une lésion dans un sein préalablement irradié souffre
de faux positifs et de faux négatifs.
L’IRM peut être également utilisée pour le diagnostic différentiel
entre récidive axillaire ou sous-clavière et fibrose du plexus brachial
après radiothérapie.
*A *B
*C *D
En règle, une fibrose de plus de 18 à 24 mois ne présente pas de
rehaussement précoce, tandis qu’une récidive s’accompagne d’une
prise de contraste précoce, importante (pic) avant 1 à 2 minutes
[18, 30].
Dans cette indication, l’IRM associe une sensibilité et une spécificité
élevées (supérieures à 90 %). La valeur prédictive négative est
proche de 100 %.
La spécificité élevée dans cette indication est liée au fait que les
pathologies bénignes généralement à l’origine des faux positifs de
l’IRM des seins non opérés (mastopathies fibrokystiques) auront été
« éliminées » par la chirurgie, la radiothérapie et/ou la
chimiothérapie dans les seins traités.
¦ Bilan d’extension locale d’un cancer (fig 34)
L’IRM peut participer au bilan d’extension local, notamment pour
l’étude des plans profonds (paroi thoracique) et de la région
rétroaréolaire [26].
L’IRM peut aider à l’exploration du creux axillaire, mais une IRM
négative ne dispense pas d’un curage axillaire en cas de cancer
invasif.
¦ Recherche de multifocalité (fig 35)
L’IRM peut montrer des lésions hypervascularisées multiples
associées à la tumeur principale.
Mais la spécificité moyenne de la technique ne permet pas de
prouver leur nature carcinomateuse et de poser l’indication d’une
mastectomie sur le seul aspect IRM.
Des essais de biopsies sous IRM sont en cours d’évaluation [27].
¦ Appréciation de la réponse tumorale
sous chimiothérapie première des grosses tumeurs
L’IRM est en règle pratiquée avant le début, puis 3 à 4 semaines
après le dernier cycle, mais parfois aussi en cours de chimiothérapie.
Elle apprécie, mieux que la clinique, la mammographie et
l’échographie, la réponse de la tumeur [31, 40].
Elle peut aider à la stratégie thérapeutique ultérieure.
¦ Diagnostic des lésions infracliniques ambiguës
(nodules ou microcalcifications)
L’IRM présente une sensibilité élevée (supérieure à 90 %) mais une
faible spécificité (de l’ordre de 50 %) [29, 32].
30 Imagerie par réso-nance
magnétique mam-maire
: position de la pa-tiente
en procubitus, les
seins étant placés sans com-pression,
dans la cavité de
l’antenne de surface.
31 Imagerie par résonance magnétique mammaire : technique.
A, B. Possibilité de réaliser des coupes des deux seins simultanément ou de chaque
sein séparément.
C, D. L’étude du rehaussement d’une masse après injection peut se faire à l’aide
de courbes en fonction du temps.
17
18. En effet, le parenchyme mammaire normal, à certaines périodes du
cycle menstruel, et les mastoses proliférantes, avec ou sans
34 Imagerie par résonance magnétique (IRM) mammaire, bilan d’extension : devant
un cancer cliniquement typique associé à des douleurs pariétales, l’IRM montre, avant
injection (A), un élargissement non spécifique du pectoral et, après injection (B), une
prise de contraste du pectoral (identique à la tumeur rétractile) traduisant l’extension
au plan profond.
hyperplasie atypique, prennent souvent le contraste précocement,
ainsi que d’autres lésions bénignes (ganglions, fibroadénomes), ce
qui explique cette faible spécificité [59, 84].
Dans cette indication, seule sa négativité est contributive car elle a
une forte valeur prédictive (quelques faux négatifs sont
essentiellement représentés par des cancers in situ).
¦ Masses palpables
Les masses palpables ambiguës ou suspectes ne faisant pas leurs
preuves mammographiques ou échographiques peuvent parfois
bénéficier d’une IRM.
Néanmoins, il semble souvent plus simple, plus spécifique et moins
coûteux, de réaliser des prélèvements cytologiques ou biopsiques.
L’IRM, en cas de prélèvements positifs, permettra éventuellement
de préciser l’extension de la tumeur.
32 Imagerie par réso-nance
magnétique (IRM)
mammaire : suspicion de ré-cidive.
A, B. Sur la mammo-graphie
de face et de
profil, la modification
de la région cicatri-cielle
fait suspecter
une récidive 3 ans
après traitement con-servateur
du sein
droit.
C. Sur l’IRM, les cou-pes
avant injection en
pondération T1 re-trouvent
un pince-ment
parenchyma-teux
en hyposignal
non spécifique.
D. Après injection,
sur les images en
soustraction, le sein
est « noir », sans zone
de rehaussement focal,
précoce, intense (fi-brose
cicatricielle).
*A
*B
*C *D
33 Imagerie par résonance magnétique
(IRM) mammaire : suspicion de récidive.
A. Sur la coupe avant injection, la zone
suspecte profondément située dans les
quadrants supérieurs présente un hyposi-gnal
non spécifique.
B. Après injection, elle présente un hy-persignal,
difficile à délimiter.
C. L’image en soustraction permet de
bien délimiter la récidive et de montrer
qu’elle s’étend également vers la région
rétroaréolaire.
*A *B
*C
*A *B
34-800-A-10 Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) Radiodiagnostic
18
19. Radiodiagnostic Techniques d’exploration radiologique du sein
(mammographie, échographie, imagerie par résonance magnétique) 34-800-A-10
¦ Surveillance des prothèses mammaires
L’IRM est une technique très sensible et spécifique pour la recherche
des complications des implants préremplis de silicone.
Dans cette indication, l’injection de gadolinium n’a pas d’intérêt,
sauf pour la recherche de récidive de cancer sur sein reconstruit [45].
On utilise des séquences en pondération STIR permettant
d’optimiser le contraste entre le gel de silicone et la glande.
L’IRM permet un bilan d’extension précis des ruptures
extracapsulaires, surtout dans les zones difficilement accessibles à la
mammographie et l’échographie (plans profonds, région axillaire,
etc).
Elle visualise facilement les ruptures sous-capsulaires qui peuvent
échapper à la mammographie, ou à l’échographie. Dans cette
indication, la sensibilité de la mammographie est de 11 à 23 %, celle
de l’échographie de 59 à 70 % et celle de l’IRM de 81 à 95 % (fig 36).
Les perspectives d’avenir de l’IRM en pathologie mammaire
reposent sur le développement de nouvelles séquences, la mise au
point de dispositifs simples et fiables de biopsies et de mise en place
de harpons sous IRM (fig 37) [60].
35 Imagerie par résonance magnétique (IRM) mammaire,
bilan de multifocalité d’un cancer : l’IRM montre un rehaus-sement
de la tumeur principale du quadrant supéro-interne
du sein gauche et révèle plusieurs autres localisations s’éten-dant
vers la région mamelonnaire (A, B) (cancer infiltrant
multifocal).
Les appareils IRM dédiés au sein, souvent annoncés comme solution
intéressante, doivent faire la preuve qu’ils sont au moins équivalents
en termes de fiabilité diagnostique aux appareils non dédiés.
Ainsi, l’IRM du sein apparaît fiable dans certaines indications
précises : recherche de récidive de cancer, suivi des tumeurs sous
chimiothérapie et surveillance des prothèses mammaires.
Les facteurs limitants sont la faible spécificité dans les autres
indications, le nombre réduit de sites IRM en France et le coût de
l’examen (en diminution constante).
Conclusion
La mammographie reste l’examen clé du dépistage des anomalies
mammaires, en particulier le cancer du sein.
Dans la plupart des cas de masses palpables ou d’opacités, l’échographie
se révèle déterminante pour le diagnostic de nature.
Les techniques de ponctions et biopsies, que nous n’avons pas abordées,
prennent également une place importante.
L’IRM trouve des indications de routine dans la recherche des récidives
de cancer, dans la surveillance des tumeurs sous chimiothérapie et des
prothèses de silicone.
Références
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communication et diffusion de l’ANAES, novembre1998
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GIM intitulé « Recommandations du groupe interdiscipli-naire
de mammographie (GIM) sur l’assurance de qualité
en mammographie ». J Radiol 1998 ; 79 : 187
*A *B
36 Imagerie par résonance magnétique mammaire : surveillance de prothèses pré-remplies
de silicone ; rupture sous-capsulaire bilatérale ; l’élastomère flotte au sein
du gel de silicone sous la forme d’un « serpentin » hypo-intense (« linguine sign »).
37 Imagerie par résonance magnétique (IRM) mammaire : prototype de dispositif
de biopsie mammaire sous IRM.
19