2. Ce diaporama s’inspire largement du document « Action
non-violente, un outil pour reprendre le pouvoir » et de la
brochure « La non-violence, une force pour agir », édités
par le MAN.
Livres :
- Jean-Marie Muller, Stratégie de l’action non-violente, Seuil, 1981
- Jean-Marie Muller, Dictionnaire de la non-violence, Le Relié Poche,
2005
- Jean-Marie Muller, L’impératif de désobéissance - Fondements
philosophiques et stratégiques de la désobéissance civile, Le passager
clandestin, 2011
- Gene Sharp, The politics of nonviolent action - 1 : Power and struggle ;
2 : The methods of nonviolent action ; 3 : The dynamics of nonviolent
action., Boston, Extending horizons books, 1980, 902 p.
- Popovic S., Milivojevic A. et Djinovic S., La lutte non-violente en 50
points, Canvas, Belgrade, 2006
../..
Précision, bibliographie
3. Bibliographie
- Erica Chenoweth et Maria Stephan, Pouvoir de la non-violence - Pourquoi la
résistance civile est efficace, Préface de Jacques Sémelin, Calmann-Lévy,
2021
- Boyd A. et Mitchell O., Joyeux bordel, Les liens qui libèrent, 2015
- Renou Xavier, Désobéir, le petit manuel, Le passager clandestin, 2012
- Revue Alternatives non-violentes, Diversité des tactiques dans les luttes, n°
180, sept. 2016
- Syndicat de la magistrature, Guide du manifestant arrêté
Diaporamas sur le site irnc.org
- Véronique Dudouet, Dynamique et facteurs de transition de la lutte armée à
la résistance non-violente
- Véronique Dudouet, Pourquoi la résistance civile marche
- Etienne Godinot, Les moyens et les étapes d’une campagne d’action non-
violente
- Etienne Godinot : Les marches non-violentes ( 3 diaporamas)
- Etienne Godinot : Le combat non-violent pour la défense du Larzac
4. L’action non-violente
Définition
L’action non-violente est une méthode de lutte
comprenant des actions et tactiques de protestation,
de non-coopération et d’intervention conçues pour
changer et/ou déplacer les rapports de force dans
un conflit,
dans le respect de l’adversaire, sans la
menace ou l’usage de la violence, et dans une
perspective de négociation et de réconciliation.
5. Pourquoi choisir l’action non-violente ?
Le choix de la non-violence peut résulter :
- d’un choix philosophique, moral et spirituel :
* refus de tuer, de blesser ou d’humilier l’adversaire,
* distinguer l’acte ou la situation que l’on combat et la personne de celui,
celle ou ceux qui en sont responsables : une personne n’est pas réductible à
son acte;
- d’un choix stratégique et politique :
* partir de la constatation historique et statistique que la non-violence est plus
efficace que la lutte armée*,
* établir un rapport de force susceptible de conduire à la victoire en utilisant
d’autres armes que la violence et en mettant de notre côté l’opinion publique,
les médias, le plus grand nombre d’organisations politiques, syndicales,
associatives,
* permettre la participation du plus grand nombre à l’action : femmes,
enfants, personnes âgées, handicapées, etc.,
* laisser ouvert le futur, la négociation et la réconciliation,
* mettre de la cohérence entre la fin et les moyens, construire dès mainte-
nant les bases du monde souhaité.
* Voir l’ouvrage d’E. Chenoweth et M. Stephan, Pouvoir de la non-violence
Images : Vaclav Havel, Desmond Tutu, Rigoberta Menchu, Wangari Maathai
6. Les principes de l’action non-violente
pour créer une alternative crédible à la violence
- La cohérence entre la fin visée et les moyens utilisés;
- Le principe de non-coopération ou non-collaboration : la force des
injustices dans une société vient de ce qu’elles bénéficient de
l’acceptation, de la coopération, de la passivité, du silence de la
majorité des membres de cette société. L’action non-violente vient
dénoncer et briser cette coopération;
- Une gradation des moyens, fondée sur la distinction entre la force
et la violence : la force qui oblige l’adversaire à céder et à négocier
n’est pas la violence qui le détruit ou le meurtrit.
* moyens de sensibilisation, d’information, de persuasion,
* moyens de pression (manifestations, marches, enchainements, etc.)
* moyens de contrainte, dont la grève, le boycott, et la désobéissance
civile qui a pour but non de refuser les lois, mais d’améliorer la loi.
Images : La marche du sel (1930), le boycott des bus de Montgomery aux États-Unis (1955),
l’action des mères de la place de mai à partir de 1977, l’action ‘BDS’ depuis 2005 contre
l’occupation militaire de la Palestine par Israël
7. Les facteurs clés de la réussite
- la capacité de mobiliser et d’unifier la population,
- la planification opérationnelle des actions dans le temps et
dans l’espace,
- la discipline non-violente librement acceptée.
Photos :
Logos du Congress Party en Inde, unifié par Gandhi,
Logo de l’UFW, syndicat des Chicanos du temps de Cesar Chavez,
Logo du syndicat Solidarité en Pologne,
Logo du parti ANC en Afrique du Sud
8. Lorsque les conditions précédentes sont réunies,
trois phénomènes se manifestent,
qui auront un impact important sur le succès d’un mouvement :
- Participation croissante de la population civile aux actions;
- Diminution de l’impact de la répression, augmentation de
‘l’effet boomerang’ envers les décideurs de la répression;
- Augmentation des défections dans le camp de l’adversaire :
abandons de postes, contestation de la répression, retourne-
ment de prises de position de la part de personnalités impor-
tantes, etc.
Même lorsque les campagnes non-violentes n’ont pas
atteint en temps voulu leur objectif principal, elles ouvrent
néanmoins la voie à des sociétés plus ouvertes et plus démo-
cratiques, et à des changements ultérieurs.
Images : 1 - ‘Action civique non-violente’ durant la guerre d’Algérie, 2 - Cercles de
silence contre le sort réservé aux immigrants, 3 -Die-in devant le site CEA-DAM de
Valduc, près de Dijon, qui assure la maintenance des 290 bombes atomiques
françaises
9. Différents temps
de l’action non-violente
Voir le diaporama spécifique « Les moyens et les étapes d’une
campagne d’action non-violente » :
- Analyse de la situation
- Choix de l’objectif
- Choix de l’organisation
- Premières négociations
- Appel à l’opinion publique
- Envoi d’un ultimatum
- Actions directes
- Programme constructif
- Jouer avec la répression
- Négociations finales
- Exercice des pouvoirs à la base
- Exercice du pouvoir politique
10. Préparation
d’une action non-violente
Réflexion et entraînements préalables :
- Comment mobiliser le plus grand nombre possible ?
- Comment animer des actions qui durent (occupation, blocage, etc.) ?
- Comment créer et garder un bon contact avec le public, les passants ?
- Quelles seront les conséquences envisageables de l’action ?
- Reconnaître les lieux
- Quel scénario pour l’action ? Quel plan B ? (voire quel plan C ?)
- S’exercer en groupe à prendre une décision consensuelle et rapide
- Se répartir les responsabilités et les rôles
- Bâtir la confiance, créer des sous-groupes affinitaires
- Préparer la communication : un message clair, destiné à qui ?
- Simuler l’action, envisager les réponses de l’adversaire et les réactions
du public
- Se former et s’entraîner : à encaisser les insultes, les coups, se
préparer aux interrogatoires, etc.
- Penser la logistique, surtout si l’action doit durer : nourriture, boisson,
couches pipi, téléphones portables, etc.
- Penser aux conséquences juridiques et judiciaires (choisir un avocat).
11. Les rôles
Répartir les tâches en fonction des compétences de chacun
- Liens avec le public, les passants (distributeurs de tracts, etc.)
- Liens avec la presse et les médias (porte-parole, dossier, lettre
ouverte, etc.)
- Liens avec la préfecture, la police, la gendarmerie
- Communication sur Internet et sur les réseaux sociaux
- Photographes, caméras
- Soutien juridique (lien avec un avocat)
- Soutien logistique (camionnette, banderoles, haut-parleur, eau,
nourriture, toilettes, barnums, tables, pharmacie, etc.)
- Secours, assistance médicale
- ‘Ange gardien’ : veille à ce que chacun des participants à l’action
se sente bien et ne reste pas seul en cas de problème (malaise,
agression, etc.)
- Cellule de prise de décision dans le cas d’un nombre important
de participants à l’action
- Service d’ordre (pour calmer les excités, mettre hors d’état de
nuire les casseurs éventuels
- ‘Peace keeper’ ou gardien de la paix : rappelle le caractère non-
violent de l’action à la police, au public, aux autres manifestants
12. Charte d’engagement
des participants avec des critères de non-violence
- Nous combattons un système ou une idéologie, pas des
personnes;
- Pas d’agression psychologique envers l’adversaire ou les
forces de l’ordre (pas d’insultes, de regards provocateurs ou
méprisants, pas de slogans imbéciles du type ‘CRS : SS’);
- Pas de dégradation matérielle (sauf limitée quand elle est décidée
et assumée collectivement, par ex. : arrachage de quelques plants
transgéniques, peinture de vitrines avec un produit facilement effaçable
du type blanc d’Espagne, etc.)
- Participation aux actions à visage découvert;
- Ne pas répondre par la violence à la violence des provocateurs
ou des forces de l’ordre.
13. Méthodes pour bien préparer un action non-violente
La méthode QQQOPC
Questions d’évaluation Questions de planification
Qui ?
Qui sont les parties prenantes ? (les personnes
groupes, lobbies, etc. qui ont un intérêt dans la
question, le conflit)
Qui essayons-nous d’influencer ou d’interpeller en vue
d’un changement ? Qui sont nos cibles primaires et
secondaires (celles qui peuvent atteindre les cibles
primaires si nous ne le pouvons pas nous-mêmes, par ex.
les consommateurs, les enfants, etc.)
Quoi ?
Quels sont les facteurs qui sont à l’origine du
problème, du conflit, ou qui l’atténuent, peuvent
contribuer à le résoudre ?
Sur quelles questions allons-nous nous concentrer
parmi les problèmes existants ?
Quand ?
Quand le problème ou conflit se produit-il ?
Peut-on identifier des modèles ou des cycles
historiques du problème et du conflit ?
Quels sont les jours de la semaine, les dates
symboliques (anniversaires, etc.) ou les saisons où nous
pouvons avoir les meilleures chances de succès ?
Où ?
Dans quel domaine le conflit ou la question se
situe-t-il/elle ? Économique, social, culturel,
politique, juridique ? Quels sont le contexte ou le
système qui l’entourent ?
Où allons-nous concentrer géographiquement
l’action ?
Pourquoi ?
Pourquoi les parties au conflit agissent-elles
comme elles le font ? Quelles sont leur motivations
déclarées ou cachées ?
Pourquoi sommes-nous déterminés à agir, et pourquoi
des autres personnes voudraient-elles nous rejoindre ?
Comment ?
Comment les parties prenantes vivent-elles,
mènent-elles le conflit ? Quels sont leurs atouts,
leurs sources de pouvoir ?
Comment pouvons-nous générer ou aider à faire
générer des sources de pouvoir plus fortes et plus
nombreuses ?
14. Méthodes pour bien préparer un action non-violente
La méthode SMART
L’objectif de l’action doit être
Spécifique, clair, ciblé : quel résultat précis voulons-nous atteindre ?
Mesurable : pourra-t-on mesurer clairement si l’objectif est atteint,
par des preuves, des chiffres, etc. ?
Atteignable : ne pas viser un but inaccessible, hors de notre portée
Réaliste : atteignable compte tenu de nos forces, de celles de
l’adversaire, du contexte politique ou international, du rôle possible
des tiers et de l’opinion publique, etc.
Temporel : des dates de début et de fin de l’action, des étapes, des
jalons doivent être fixés.
Au-delà de la ‘marche du sel’ en 1930, l’objectif de Gandhi était la
décolonisation de l’Inde. Mais il a utilisé le thème du sel comme levier en vue
de la mobilisation du peuple indien. Son objectif était clair, précis et limité et
atteignable : l’abrogation des taxes sur le sel.
15. Préparation, précautions
Avant l’action
- Vérifier qu’il n’y a pas de travaux, si la rue n’est pas bouchée, si le
parc n’est ou ne sera pas fermé, si l’action est prévue un jour de
marché, etc.;
- Prévoir des vêtements et chaussures adaptés, éventuellement
des imperméables ou parapluies;
- Prévoir des scénarios alternatifs
- Quid s’il pleut ?
- Quid si la police empêche le passage ?
- Quid si des manifestants violents (ex. : Black Blocks)
s’infiltrent dans la manifestation ?
Pendant l’action
- Avoir sur soi une pièce d’identité;
- Ne pas avoir de couteau de poche sur soi pendant une action
pour éviter la qualification d’ "attroupement en bande armée" ;
16. Déroulement de l’action
- Arriver à l’heure au lieu prévu
- Briefing avant l’action :
Réaffirmer les buts de façon claire et consensuelle
Rappel de la charte des engagements
Rappel des attitudes à avoir en cas de problèmes
Rappel des risques encourus
Informations pratiques
- Sur le lieu de l’action :
Indiquer à tous le caractère non-violent de l’action :
adversaires, public, police, etc.
S’en tenir aux consignes, ne pas chercher l’héroïsme
Respecter la discipline
Diffuser l’information de façon pertinente
Maîtriser les processus de décision
Reconnaître et gérer ses émotions
Images : 1 - Action contre la ségrégation raciale aux États-Unis, 2 - Marche des
paysans sans terre au Brésil; 3 - Jean-Marie Muller, Lanza del Vasto et le
général de Bollardière au Larzac.
17. Déroulement de l’action
Se soucier des autres participants (en cas de malaise, de
violences subies, d’arrestation, etc.)
Penser au cœur de l’action : Pourquoi suis-je ici ? Que se passe-
t-il ? Comment réagissent les gens, la police ?
Se mettre à la place du public et de la police avant et pendant
l’action pour être le plus pertinents possible.
Image du bas : Marche de femmes du mouvement indien Ekta Parishad qui défend les
petits paysans, les paysans sans terre, les Tribaux, les Intouchables, les exclus de
l’Inde et de la planète.
18. Le service d’ordre
- Lors d’une manifestation annoncée comme non-violente, il est possible et
même fréquent que des adeptes de la soi-disant révolution violente*, le plus
souvent masqués, tels les Black Blocks, s’attaquent aux forces de l’ordre, aux
magasins, aux mobiliers urbains (arrêts de bus), voire mettent le feu aux poubelles
ou aux voitures.
Il importe, chaque fois que possible, de les mettre hors d’état de nuire, car ils
décrédibilisent* l’action et, au-delà, la cause poursuivie, et font peser sur
l’ensemble des manifestants les risques de répression policière (matraques,
lances à eau, gaz lacrymogènes).
Il est souhaitable qu’un service d’ordre soit organisé, composé de militants
expérimentés et formé aux techniques de l’action non-violente, identifiables par
tous par un vêtement ou des signes spécifiques, par ex. des brassards.
Le responsable du service d’ordre se signale à la police pour la rassurer et
éventuellement se coordonner avec elle.
Le service d’ordre doit, chaque fois que possible, repousser les provocateurs
violents hors des rangs des manifestants pour les isoler, les amener à se retirer,
ou permettre aux forces de police de les interpeller.
* « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis ! Quant à mes ennemis, je m’en charge » disait Voltaire.
Camarades, protégeons-nous des Black Blocks. Quant au désordre établi, on s’en charge…
Photos : Black Blocks, brassard de servive d’ordre
19. Le service d’ordre dans une salle de réunion
- Lors d’une réunion publique, en salle ou à l’extérieur, des
groupes extrémistes hostiles aux organisateurs et à la cause poursuivie,
souvent munis de bâtons ou battes de baseball, risquent de venir pertur-
ber la réunion, arracher les affiches, renverser les stands, empêcher les
orateurs de prendre la parole.
Une réaction possible est de repousser les provocateurs avec
des chaises, le plateau servant de "bouclier" et les 4 pieds de
chaises "d’épées" dissuasives et inoffensives.
20. Faire le bilan de l’action
Faire un bilan à chaud ensemble à la fin de l’action :
Comment chacun s’est senti
Ce qui a été bien
Ce qui aurait pu être mieux
Ce qui a été loupé
Améliorations à prévoir à l’avenir.
Pour les manifestations les plus importantes, faire un
bilan à froid, avec le recul, quelques jours plus tard (par
courriel avec des fiches de bilan, visioconférence, etc.)
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