2. Née en 1960 à Sidi Bel Abbès en Algérie française,
est une écrivaine française, auteure de romans et
de nouvelles.
Elle reçoit le prix Goncourt 2022 pour son roman
Vivre vite. , Brigitte Giraud grandit à Rillieux -la-
Pape avant de s’installer à Lyon .
Libraire, journaliste, elle écrit et commence à
publier à la fin des années 19901. Elle reçoit en
2001 la mention spéciale du prix Wepler pour À
présent. Elle est lauréate du prix Goncourt de la
nouvelle en 2007 pour son recueil L'amour est très
surestimé, puis du prix Jean -Giono pour Une année
étrangère en 2009. Ses livres sont traduits dans
une vingtaine de pays.
Elle a notamment créé :
en 2008, une lecture musicale de Avec les
garçons, avec le musicien Fabio Viscogliosi ;
en 2011, la lecture dansée BG/BG Parce que je
suis une fille, avec la chorégraphe Bernadette
Gaillard ;
en 2014, une lecture musicale, L'Amour ping -
pong, avec le musicien Albin de la Simone.
Son roman Pas d'inquiétude fait l'objet d'une
adaptation par France 2 (diffusée en 2014),
réalisée par Thierry Binisti , avec Isabelle Carré et
Grégory Fitoussi dans les rôles principaux.
BIOGRAPHIE
3. Son roman publié en 2015 Nous serons des héros
est mis en espace par le comédien Hippolyte
Girardot et le musicien Bastien Lallemant.
Elle est l'auteure d'une pièce de théâtre, Le jour où
Maud a sauté, publiée dans le recueil Scandale aux
éditions L'avant-scène théâtre en 2016, et jouée au
théâtre des Mathurins, à Paris, en janvier 2017,
dans le cadre du « Paris des femmes ».
De 2010 à 2016, elle dirige la collection de
littérature « La Forêt » aux éditions Stock, où elle
publie Fabio Viscogliosi , Dominique A, Sébastien
Berlendis, Mona Thomas, Carole Allamand, Karin
Serres, Anne Savelli, Lionel Tran ou Denis Michelis .
Son roman Un loup pour l'homme sort chez
Flammarion en 2017 et fait l'objet d'une lecture
musicale avec les musiciens Bastien Lallemant et
Sébastien Souchois. Il est en cours d'adaptation au
cinéma.
Le 3 novembre 2022, elle obtient le prix Goncourt
2022, avec son récit Vivre vite , qui revient sur
l'accident de moto qui a emporté son mari, en 1999,
à l’âge de 41 ans.
Elle est la treizième femme à recevoir ce prix en
cent vingt ans (depuis 1903)8. Elle est sacrée au
quatorzième tour du scrutin, du fait d'une
confrontation disputée avec l'ouvrage très différent
de Giuliano da Empoli Le Mage du Kremlin .
5. En un récit
tendu qui agit
comme un
véritable
compte à
rebours, Brigitte
Giraud tente de
comprendre ce
qui a conduit à
l'accident de
moto qui a
coûté la vie à
son mari le 22
juin 1999. Vingt
ans après, elle
fait pour ainsi
dire le tour du
propriétaire et
sonde une
dernière fois les
questions
restées sans
réponse.
RÉSUMÉ
6. Brigitte Giraud,
56 ans, vient
de remporter le
prix Goncourt
pour son roman
"Vivre vite".
Les critiques
du "Masque &
la Plume"
l'avaient lu ;
retrouvez ici
leurs différents
avis.
Par L e p ôle Édition
d e F rance I nter
QUE PENSENT
LES CRITIQUES
DU "MASQUE"
DU ROMAN
"VIVRE VITE"
DE BRIGITTE
GIRAUD ?
7. Dans ce roman, elle parle du drame qui
continue de l'obséder. C'était le 22 juin
1999 : son mari, Claude, s’est tué à moto,
à Lyon. Il était journaliste, guitariste, il
dirigeait la discothèque de Lyon et il
conduisait ce jour-là une Honda tellement
puissante et dangereuse que le Japon
l'avait interdite sur son territoire et
réservée à l'exportation vers l'Europe -
moto qui était surnommée " Lame de feu"
et qui n'était pas celle de Claude : elle
appartenait au frère de Brigitte Giraud.
Plus de vingt ans après, elle veut croire
que cet accident aurait pu être évité si…
C'est en ef fet le livre des "si" : si le
couple n'avait pas acheté une maison à
Lyon, si elle n'avait pas été à ce moment -
là à Paris pour signer son deuxième
roman, si elle avait appelé son mari la
veille de la catastrophe, si Stephen King
n'avait pas été renversé par une voiture
trois jours plus tôt, etc, etc. Avec tous ces
"si", conclut Brigitte Giraud, peut -être
Claude serait-il toujours vivant.
8. "C'est assez rare, mais j'ai vraiment explosé en
sanglot en lisant ce livre. La dernière fois que ça
m'est arrivé, c'était avec " La Route" de Cormac
McCarthy - ça fait quand même un petit bail.
J'ai essayé de réfléchir à pourquoi ça m'avait touché
à ce point… Il y a une raison assez simple, c'est que
c'est un roman qui parle des gens qui ont appartenu à
ce qu'on a appelé la génération rock. J'aurais pu le
connaître, Claude : il était critique de rock au Monde
comme je l'étais à Libération ; il écoute Dominique A,
que j'écoutais moi aussi au tout début… Elle parle de
cette génération qui est la mienne, donc ça me
touche forcément d'un point de vue strictement
sociologique.
Mais il n'y a pas que ça : c'est vraiment un très grand
livre qui m'a rappelé un livre que j'adore : "Quatre,
trois, deux, un" de Paul Auster. Il y imagine quatre
fois son autobiographie avec, à chaque fois, des
détails qui diffèrent (une seule version est vraie) pour
montrer tout ce qu'il y a de fortuit dans une vie. Et
c'est exactement le même procédé qu'opère Brigitte
Giraud : montrer tout ce qu'il y a de fortuit dans un
drame.
Ce que je trouve magnifique dans ce livre, c'est qu'il
y a une entreprise de déjouer ce qui est purement de
l'ordre du destin. Il est mort dans un accident de
moto totalement imprévisible, puisque cette moto
n'aurait pas dû être là car trop dangereuse. Et
pourquoi est -il rentré si tard du bureau ? Elle imagine
qu'il a écouté un morceau de rock très long plutôt
qu'un court… Mais c'est des idées, une gamberge
absolue, qui rend ce livre absolument nécessaire et,
je crois, extrêmement utile en fait".
ARNAUD VIVIANT L'A TROUVÉ "EXTRÊMEMENT
NÉCESSAIRE"
9. "Il y a presque trop de raisons
dans les raisons. C'est-à-dire
qu'elle essaye trop d'être dans
la raison. Et je trouve qu'elle
n'embrasse pas assez ce côté
irrationnel.
Elle construit par chapitres,
chaque chapitre est un "si"…
Je trouve qu'elle vide un peu
cet événement, de sa gravité
en faisant ça. Évidemment, je
ne remets pas en question la
gravité de l'événement, ni la
façon dont elle l'a vécu mais…
Je trouve que c'est un peu
plat".
NELLY KAPRIÉLAN N'A PAS ÉTÉ TOUCHÉE PAR CE
ROMAN
10. "Moi, j'ai beaucoup aimé. Mais je comprends
ce que tu dis, Nelly, dans la mesure où
quand on commence un livre pareil, on se
dit "il est incritiquable". Comment critiquer
un livre où une veuve.... ? D'ailleurs, elle
refuse ce mot, elle dit "Je suis sidérée de
chagrin, mais je ne suis pas une veuve, je
refuse d'être une veuve", de même que les
victimes de viol refusent d'être victimes etc.
Je pense qu'il y a un côté incritiquable et
donc évidemment c'est énervant. Et tu as
été très courageuse à l'instant parce que
c'est compliqué de dire qu'on n'aime pas un
livre comme ça.
Ce qui est intéressant, on le comprend
quand on passe à la partie des "si", c'est
que c'est un livre à la manière de Georges
Perec : c'est une tentative d'épuisement du
destin.
Je pense que c'est magnifique, l'idée de
tenter d'épuiser le hasard, les coïncidences,
l'explication de la mort… mais c'est de la
folie ! Ce qui donne à ce livre, je trouve, sa
splendeur, c'est la quête des causes
innombrables d'un accident".
FRÉDÉRIC BEIGBEDER A BEAUCOUP AIMÉ CETTE
"TENTATIVE D'ÉPUISEMENT DU DESTIN"
11. "Son talent, c'est aussi qu'elle ne rate rien,
précisément. L'histoire de la Honda trop
puissante et donc dangereuse et mortifère,
elle ne l'apprend que grâce à l'enquête
qu'elle mène. Parce qu'au départ, cet
accident est sans cause. Personne ne lui a
coupé la route.
Et là, je trouve que c'est le fait de vouloir
élucider ce mystère aussi minutieusement
qu'elle le fait avec les circonstances, les
coïncidences, les hasards, etc, de vouloir tout
rembobiner à l'envers pour tenter de
comprendre : c'est formidable.
Et puis il y a un projet quasi prométhéen de
lutter, sinon contre l'oubli, du moins contre
l'effacement. Elle écrit cette phrase à un
moment donné “Ça fait 20 ans et ma
mémoire est trouée". (Oui, tu parles : au bout
de 20 ans tout de même, sur les détails !), "Il
m'arrive de te perdre. Je te laisse sortir de
moi. Il me faut parfois me concentrer pour
reconstituer tes traits. Cela, je ne l'aurais
jamais imaginé". C'est magnifique".
PATRICIA MARTIN L'A TROUVÉ
MAGNIFIQUE