3. Emmanuel Carrère, né en 1957 à Paris
, est un écrivain, scénariste et réalisateur
français.
Diplômé de l'Institut d'études
politiques de Paris en 1982, il passe deux
ans à Surabaya (Indonésie) pour son
service national en coopération,
essentiellement à enseigner le français.
BIOGRAPHIE
4. CARRIÈRE
Il débute comme critique de cinéma pour Positif et
Télérama. Son premier livre, Werner Herzog, paraît en
1982.
Il publie son premier roman L'Amie du jaguar en 1983
chez Flammarion. Le suivant, Bravoure, sort un an après
chez POL. Il publie en 1986 La Moustache, roman dont il
réalisera lui-même l'adaptation cinématographique en
2005.
En janvier 1993, Emmanuel Carrère entreprend
l'écriture d'un livre autour de l'affaire Jean-Claude
Romand. Cela n'aboutira que sept ans plus tard avec la
publication de L'Adversaire qui marque un tournant dans
la production littéraire de Carrère qui, depuis, n'a pas écrit
d'œuvres fictionnelles.
5. En 2009, il publie D'autres vies que la
mienne, qui recueille l'histoire de plusieurs
personnes qui ont croisé sa vie et sont marquées
par la maladie, le handicap ou le deuil.
Ici, alors qu'il avait, dans plusieurs de ses
autres œuvres, parlé surtout de lui (Un roman
russe, et plus tard même dans Limonov), il se fait
le modeste scribe de « vies minuscules » (pour
reprendre l'expression de Pierre Michon),
décryptant dans l'ensemble du récit les étapes de
l'ouverture à l'autre.
Le livre sera très librement adapté au
cinéma, sous le titre Toutes nos envies, réalisé
par Philippe Lioret, avec comme acteurs
principaux Vincent Lindon et Marie Gillain.
En 2010, il est membre du jury de la
compétition officielle du festival de Cannes,
présidé par Tim Burton.
6. En 2011, il reçoit le prix Renaudot pour sa
biographie romancée de l'écrivain, dissident et homme
politique russe Édouard Limonov, avec lequel il a vécu
pendant trois semaines à Moscou pendant la
préparation du livre. Il est difficile de définir si le livre
est un roman, une biographie ou un essai, car, si
Limonov est bien le héros du livre, Carrère attache une
très grande place à l'analyse de la littérature russe,
ainsi que de l'histoire de l'URSS et de la Russie post-
soviétique.
En 2014, il publie Le Royaume, récit qui retrace la
naissance du christianisme, en s'intéressant tout
particulièrement aux parcours des apôtres Paul et Luc.
Comme souvent dans ses livres, il mêle à l'intrigue
principale l'évocation de son propre parcours, et il y
développe notamment l'évolution de son rapport à la
foi chrétienne.
12. YOGA
Ce récit autobiographique est celui de la
pratique du yoga et de la méditation, par
l'auteur, pour lutter contre sa dépression,
sa mélancolie et ses troubles bipolaires
qui l'ont conduit en 2015 à un
internement à l'hôpital Sainte-Anne
durant quatre mois. En cours d'écriture,
Yoga a porté successivement les titres
provisoires de L'Expiration puis Yoga pour
bipolaires .
14. MICHEL CRÉPU « "YOGA" EST
L'ANTI "SÉROTONINE" DE
MICHEL HOUELLEBECQ»
"Emmanuel Carrère, c’est l’autre Houellebecq. C'est
l’autre pôle. Ces livres sont révélateurs de l'époque où nous
sommes. On a d'un côté un pôle dépressif, avec la
déréliction que Houellebecq incarne très bien. Et Carrère,
ce n'est pas la joie de vivre, mais il incarne un combat, un
sens de la lutte, un désir de délivrance, de connaissances. Il
n'a pas jeté l'éponge du tout. On est en face de quelqu'un
qui a choisi la boxe. Je trouve ça extrêmement étonnant.
Une autre chose me frappe beaucoup et me plaît à la
lecture d'Emmanuel Carrère : un désir d'écrire dans le
milieu des choses. Il n'y a pas d'extériorité. Il écrit sur son
désir d'être simple, sincère, de dire les choses comme elles
sont, quelle que soit la nature des choses. »
15. OLIVIA DE LAMBERTERIE : « LE
BEAU PORTRAIT D’UN HOMME
À TERRE QUI NOUS FAIT
TOUCHER L’ENFER PUIS LE
PARADIS. »
"J'aime beaucoup ce livre parce que c'est
le portrait d'un homme à terre. Une mise
à nu assez vertigineuse d'un homme qui
voudrait aller bien et qui sombre. C'est
d'autant plus fascinant que c'est un
homme qui fait son propre malheur. Il
explique très bien ce qu'est la dépression
sans objet. C'est un homme qui a le
talent de transformer son bonheur en
enfer sur terre. »
17. Dans une démarche autobiographique et
introspective, l'auteur entrelace trois récits.
Le premier reprend l'histoire, déjà racontée dans
son documentaire Retour à Kotelnitch, d'un paysan
hongrois capturé par l'Armée rouge en 1944, interné
pendant cinquante-six ans en Russie puis rapatrié à
Budapest.
Le deuxième concerne les conséquences
désastreuses pour sa vie de couple de la publication de
sa nouvelle érotique L'Usage du Monde en 2002.
La dernière raconte l'histoire de Georges
Zourabichvili, son grand-père maternel, émigré en
France dans les années 1920 et exécuté après la
Libération.
RÉSUMÉ
18. CRITIQUES
« Emmanuel Carrère n'a jamais connu son grand-père maternel, un homme d'origine russe, qui a toujours souffert de sa grande pauvreté, et qui avait du mal avec la vie familiale,
abandonnant femme et enfant chez des amis, faute de pouvoir les loger. Emigrés, ils vivent à Paris, puis à Bordeaux, où en septembre 1944, il disparaît. Probablement arrêté pour faits
de collaboration. Jamais sa famille ne saura ce qui lui est arrivé, jamais son décès ne sera prononcé. C'est une lourde souffrance pour sa fille, Hélène Carrère d'Encausse. Et quand son
fils Emmanuel atteint presque l'âge qu'avait son grand-père lors de sa disparition, il veut y voir clair dans ces silences et ces vieux démons. Il part dans un petit village russe pour un
reportage documentaire, à la rencontre d'un survivant hongrois, prisonnier de guerre. 56 ans après, cet homme est toujours vivant, pourquoi son grand-père ne le serait-il pas ? Il brave
l'interdit (dicté par la souffrance) de sa mère pour reconstruire son histoire familiale, il repartira plusieurs fois en Russie.
En parallèle, l'année 2002 est l'année de l'amour, il vit avec Sophie, dont il est très amoureux, malgré une différence de milieu social qu'ils se reprochent mutuellement. Et il lui
fait la plus belle déclaration d'amour qui soit, en écrivant sur commande une nouvelle pour Le Monde, nouvelle érotique qui lui est destinée et qui devra paraître tel jour à telle heure,
heure où elle sera dans le train et découvrira cette déclaration si osée et si bien anticipée. Mais la vie en décide autrement et Sophie ne sera pas dans le train, ne lira pas le texte.
L'implication sur le réel est terrible.
Je me souviens de ces nouvelles du Monde, publiées l'été, mais je n'ai pas acheté le journal ce jour-là, une histoire pareille, je m'en souviendrais. Cette histoire d'amour sera aussi
forte et belle qu'elle sera douloureuse.
Dans un entrecroisement parfait de quête familiale, d'événements souvent alcoolisés dans le petit village russe pendant le tournage, de sa relation à sa mère et à son amante,
Emmanuel Carrère se livre, aussi intimement que sublimement. Une fois refermé, on ne peut plus oublier ce livre et il faut laisser du temps, beaucoup de temps, avant de pouvoir en
ouvrir un autre. »
Critiques libres