2. Rosalie Bonheur dite Rosa Bonheur, née en 1822
à Bordeaux et morte en1899 à Thomery, est une
peintre et sculptrice française, spécialisée dans
la représentation animalière.
À Bordeaux, son père rencontre le peintre
espagnol Francisco Goya qui y vivait en exil et
devient son ami. Il encourage tous ses enfants
dans la voie artistique.
La perte de sa mère à 11 ans fut pour Rosa
Bonheur un événement dramatique, d'où le culte
qu'elle lui voua toute sa vie, ainsi que son amour
du chant.
En 1836, à l'âge de 14 ans, elle fait une
rencontre déterminante : celle d'une fillette de
deux ans plus jeune qu'elle, Nathalie Micas, qui
deviendra sa compagne. Seule la mort de
Nathalie, 53 ans plus tard, les séparera.
4. Après la mort de sa mère, Rosa Bonheur
fréquente l'école élémentaire, puis est
mise en apprentissage comme
couturière, puis en pension. Son père
finit par la prendre dans son atelier, où
se révèlent ses aptitudes artistiques. Il
sera son seul et unique professeur.
Il lui fait découvrir Félicité de La
Mennais, qui prétendait que les animaux
avaient une âme, ce dont elle reste
convaincue toute sa vie, ainsi que les
romans "champêtres" de George Sand.
Les animaux deviennent alors sa
spécialité , tant en peinture qu'en
sculpture.
Elle expose pour la première fois, à 19
ans, au Salon de 1841. Elle obtient une
médaille de 3e classe au Salon de 1845,
et une médaille de 1re classe (or) au
Salon de 1848 pour Bœufs et Taureaux,
Race du Cantal. Cette récompense lui
permet, d'obtenir, à 26 ans, une
commande de l'État pour réaliser un
tableau agraire.(payé 3 000 francs)
5. Le tableau issu de cette commande d'État, le
Labourage nivernais, devait rejoindre le
musée des Beaux-Arts de Lyon. Mais au Salon
de 1849, son succès est tel que la direction
des Beaux-Arts décide de le conserver à Paris,
au musée du Luxembourg. À la mort de Rosa
Bonheur, l'œuvre entre au musée du Louvre,
avant d'être transférée, en 1986, au musée
d'Orsay.
À la mort de son père en mars 1849, Rosa
Bonheur le remplace à la direction de l'École
impériale gratuite de dessin pour demoiselles.
Elle y conserve ce poste jusqu'en 1860.
« Suivez mes conseils et je ferai de vous des
Léonard de Vinci en jupons », disait-elle
souvent à ses élèves .
En 1850, elle fait un voyage dans les hauts
pâturages des Pyrénées et en rapporte de
nombreuses études dont elle se sert tout au
long de sa carrière.
6. Avec son tableau de très grande taille Le
Marché aux chevaux présenté au Salon de
185317, Rosa Bonheur acquiert une grande
notoriété. À une époque où des polémiques
opposent sans cesse romantiques et classiques,
son tableau « a le rare et singulier privilège de
ne soulever que des éloges dans tous les
camps.
[…] C'est vraiment une peinture d'homme,
nerveuse, solide, pleine de franchise » dit le
critique Henry de la Madelène dans l’Éclair
(revue hebdomadaire artistique de l'époque).
Le tableau n'obtient aucune récompense mais
le jury prescrit que « Par décision spéciale,
Mlle Rosa Bonheur et Mme Herbelin, ayant
obtenu toutes les médailles qu'on peut
accorder aux artistes, jouiront, à l'avenir, des
prérogatives auxquelles leur talent éminent
leur donne droit.
Leurs ouvrages seront exposés sans être soumis
à l'examen du jury. ». Son agent et ami Ernest
Gambart achète le tableau pour 40 000 francs
en le faisant voyager dans plusieurs pays (dont
Angleterre et Écosse). Par la suite, il sera
acheté par un riche collectionneur américain
qui en fait don au Metropolitan museum de
New-York en 1887.
7. En 1860, Rosa Bonheur s'installe à
By, coteau viticole près du village
de Thomery en Seine-et-Marne,
dans une vaste demeure au sein
d'une propriété de quatre hectares
où elle fait construire un très grand
atelier par Jules Saulnier et
aménager des espaces pour ses
animaux.
Un de ses proches écrit : « Elle
avait une ménagerie complète dans
sa maison : un lion et une lionne,
un cerf, un mouton sauvage, une
gazelle, des chevaux, etc. L'un de
ses animaux de compagnie était un
jeune lion qu'elle laissait courir et
s'ébattait souvent. Mon esprit fut
plus libre d'esprit quand cet animal
léonin a rendu l'âme. »
8. En juin 1864, l'impératrice Eugénie lui rend une
visite surprise, pour l'inviter à déjeuner, fin juin,
au château de Fontainebleau avec Napoléon III.
Cette visite a donné lieu à une gravure sur bois
d'après un dessin d'Auguste Victor Deroy (1825-
1906), conservée au musée du château de
Fontainebleau.
À partir de 1880, Rosa Bonheur et Nathalie Micas
passent régulièrement l'hiver à Nice, tout
d'abord dans la demeure d'Ernest Gambart, la
villa L'Africaine, puis à partir de 1895, dans celle
qu'elles acquièrent, la villa Bornala. Rosa
Bonheur y peint plusieurs toiles.
À l'occasion de l'Exposition universelle de Paris
de 1889, elle invite Buffalo Bill dans son
domaine après qu'il l'eut invitée à venir assister
à son West Wild Show. À cette occasion, son
agent lui offre un costume de Sioux (mais où
apparaît le drapeau américain...). Si Rosa
Bonheur était contre le massacre des Indiens
d'Amérique, une amitié naît entre eux et elle
fait son portrait. Rosa Bonheur s'était déjà
enthousiasmée pour les Indiens découverts par
ses lectures, notamment les œuvres de James
Fenimore Cooper et du peintre George Catlin.
Ayant contracté une congestion pulmonaire, à la
suite d'une promenade en forêt, Rosa Bonheur
meurt en1899 au château de By, sans avoir
achevé son dernier tableau La Foulaison du blé
en Camargue, d'un format monumental de
3,05 × 6,10 m, qu'elle souhaitait (sous
l'impulsion d'Anna Klumpke) montrer à
l'Exposition Universelle de 1900. Ce tableau ainsi
que le dessin préparatoire sont toujours
conservés sur place.
10. À l’occasion du bicentenaire de la naissance de
Rosa Bonheur, le musée d’Orsay présente une
importante exposition qui met à l’honneur
cette artiste hors norme, novatrice et
inspirante, tournée vers la nature. Peintre
considérée comme une icône de
l’émancipation des femmes, Rosa Bonheur a
placé le monde vivant au cœur de son travail
et de son existence et s’est engagée pour la
reconnaissance des animaux dans leur
singularité, exprimant dans sa peinture leur
vitalité et leur « âme ».
11. Issue d’une famille d’artistes, Rosa
Bonheur a réalisé une œuvre
abondante, fruit de sa cohabitation
quotidienne avec les animaux, dans
ses ateliers successifs et sur le
terrain.
Le regard qu’elle porte sur la nature
qui l’entoure témoigne d’une vision
exceptionnelle de la flore comme de
la faune.
Plaçant les animaux au cœur de sa
création artistique au sein de
spectaculaires compositions ou en
les isolant dans de véritables
portraits, Rosa Bonheur a su créer
une œuvre expressive, dénuée de
sentimentalisme et d’un
extraordinaire réalisme, nourrie des
découvertes scientifiques et de
l’attention nouvelle portée aux
espèces animales.
12. Célébrée de son vivant des
deux côtés de l’Atlantique,
cette personnalité
fascinante, dont l’exposition
se propose de dévoiler des
aspects peu explorés, voire
méconnus, s’est imposée
aussi bien en tant que femme
libre que comme artiste
officiellement reconnue dans
un siècle très corseté.
Première femme artiste à
recevoir la Légion d’honneur,
Rosa Bonheur a su s’associer
aux marchands et
collectionneurs les plus
éminents pour dominer le
marché de l’art et conquérir
son indépendance financière
et morale.
Rapidement, Rosa Bonheur
fut perçue comme un modèle
à suivre dans la quête
d’indépendance des femmes
et des artistes.
13. L’exposition, à travers une
sélection d’environ 200 œuvres
(peintures, arts graphiques,
sculptures, photographies), joue
sur les ruptures d’échelles,
l’artiste ayant peint de très petits
formats ou au contraire des œuvres
monumentales, le plus souvent
panoramiques et dynamiques.
Dépassant de loin les clichés
qu’elle a contribué à construire,
Rosa Bonheur s’avère avant tout
une grande créatrice, qui mérite
d’être (re)découverte comme
telle.
200 ans après sa naissance, l’art et
la personnalité de Rosa Bonheur
font résonner de nombreuses
questions sociétales plus que
jamais d’actualité : la place des
femmes dans l’art et la société, la
cause animale et sa place dans la
ruralité et l’écologie.