La Fing a engagé le programme Digiwork pour réfléchir sur ce que le numérique changeait au travail, en partant du point de vue des individus, dans leur relation aux collectifs de travail, aux organisations, dans la gestion de leur parcours professionnel, … Tout au long de l’année, nous avons effectué un travail de veille régulier et rédigé des articles pour nourrir nos réflexions, ce document regroupe ces différentes ressources.
10 projets, initiatives, idées, qui font le lien entre écologie et numérique
Veille et articles-digiwork_2013
1. Page 1
Repenser la place des individus au
travail dans une société numérique
”
Veille et
articles - 2013
En 2013, la Fing a engagé le programme
Digiwork pour réfléchir sur ce que le
numérique changeait au travail, en partant
du point de vue des individus, dans leur
relation aux collectifs de travail, aux
organisations, dans la gestion de leur
parcours professionnel, …
”
Un premier travail collaboratif de
cartographie a mis en lumière quatre
grands axes de transformation : “l’individu
au travail”, “nouveaux collectifs, nouveaux
managements”, “nouveaux espaces,
nouvelles temporalités” et “valeur du
travail, mesure de l’activité et rétribution”.
Un travail de veille régulier et la rédaction
d’articles ont nourri ces thématiques tout
au long de l’année 2013. C’est l’ensemble
de ces ressources que vous retrouverez
dans ce document.
2. Page 2
SOmmaire
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Articles
Veille
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Articles
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Articles
Veille
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Articles
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Etat des lieux
1. Ce que le numérique fait au travail et réciproquement
2. La dynamique d’internet. Prospective 2030
3. Interview fictive - Prospective sur le travail en 2053
4. Scénarios - Questions Numériques
Veille à découvrir en page 18.
L’individu au travail
1. Numérique : la génération Y, nouvelle chienlit ?
2.L’auto-entrepreneur, un travailleur de notre temps
3. Le travailleur de demain sera un mouton à dix pattes
4. Et vous, vous faites quoi... ?
Veille à découvrir en page 32.
Nouveaux collectifs, nouveaux
managements
1. Le futur du travail dans l’entreprise : l’agilité... ou le néant
2. Le numérique, vecteur d’innovations sociales au travail ?
3. Productivité ou innovation, faut-il choisir
4.Les données : quels effets sur le monde du travail ?
5. Attention, une entreprise virtuelle peut en cacher une autre
Veille à découvrir en page 52.
Nouveaux espaces, nouvelles temporalités
1. Les espaces de coworking, une tendance qui se confirme
2. Le temps, marqueur intemporel de la lutte des classes et des genres ?
3. Evolution du corps, évolution du travail
Veille à découvrir en page 66.
Valeur du travail, mesure de l’activité,
rétribution
1. Qu’est-ce que le numérique change à la création de valeur par le travail ?
2.Le futur du travail dans l’entreprise : ...sans l’entreprise ?
3. Numérique 1 – Emploi zéro !
Veille à découvrir en page 82.
Index par mots-clés
3. Page 4
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1. Etat des
lieux
ARTICLES
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VEILLE
18/19
Au lancement de Digiwork se trouvent
quelques travaux préparatoires : une
participation au rapport « Futur de
l’Internet », un article dans Internet Actu,
quelques scénarios de rupture issus de
Questions Numériques.
Cela a nourri, entre autres, l’interview
fictive, réalisée pour le numéro spécial
de la revue Travail & Changement de
l’ANACT.
4. Articles
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ArticleS
loppement intégrés...) a souvent été
synonyme de gains de productivité, mais
aussi de nouvelles formes de bureaucratie, de taylorisme, et de surveillance.
1. Ce que le
numérique
fait au travail
et réciproquement
Amandine brugière /
Aurialie jublin
Paru le 10 Mars 2013 sur
internetactu.net le média de la
fing
C’est essentiellement sous l’angle de
l’emploi et de la crise économique que
la question du travail se pose aujourd’hui
dans les médias. Or depuis les années
90, les économies des pays de l’OCDE se
caractérisent par une croissance faible
(ponctuée de crises économiques régulières) et un taux de chômage élevé. Le
temps de travail a diminué de manière
constante, l’emploi à temps partiel a
augmenté ainsi que le chômage longue
durée. La part du travail dans le Produit
intérieur brut a elle aussi diminué. De là à
croire que le travail rapporte moins, il n’y
a qu’un pas...
Une crise du marché de l’emploi
qui cache des évolutions plus
profondes des pratiques de
travail
Vis-à-is de ces “tendances de fond”
v
observées sur deux décennies dans
presque tous les pays de l’OCDE, l’impact des technologies numériques est
habituellement pointé à deux titres :
>> Elles constituent le principal support
de la globalisation, de la mise en
réseau de l’économie et de sa financiarisation, produisant en particulier
une très forte interdépendance et
une mise en concurrence mondiale
des économies comme l’expliquait
déjà Manuel Castells dans La société
en réseau ;
>> Elle accélère la croissance de la productivité du travail ; productivité qui
transforme les tâches, les fonctions
nécessaires à l’activité, et en particulier en diminue le nombre. Dès
1995, Jérémy Rifkin dans La fin du
travail prévoyait que les TIC, ayant
gagné tous les pans de l’économie
(suite à l’informatisation massive
des entreprises et des marchés
financiers durant les années 80)
conduiraient à une productivité très
forte des entreprises, et une “croissance sans emploi”.
Aujourd’hui même, l’économie numérique, secteur de grande productivité
et porteur de croissance, se révèle
peu créatrice d’emplois, à l’image de la
Silicon Valley en perte nette d’emplois
depuis 15 ans. Les auteurs de l’Age de
la Multitude y voient là les signes d’un
affaiblissement du “travail” au profit de
“l’activité” : “Depuis dix ans, on croit que
le numérique va créer des emplois. Or il
crée peu d’emplois directs, et contribue
plutôt à supprimer des bureaucraties ou
des rentes. L’optimisation sans précédent qu’il permet (dans le domaine de
la consommation, des services) devrait
contribuer à faire baisser le travail, au
sens ancien du terme. Mais pas l’activité : car en amont du travail proprement dit (produire un service, un bien,
un contenu), on voit se développer toute
une activité de veille, d’autoformation,
d’e éputation, de connexion, d’échanges,
r
d’expérimentations...”.
Derrière les problématiques d’emploi
pourraient bien se cacher des évolutions profondes de ce qui pourrait/
devrait être reconnu comme du “travail
productif”.
Le numérique, à l’origine d’un malentendu croissant entre les individus et les organisations ?
Des débuts de l’informatisation des entreprises (années 80/90) à la démocratisation des outils (à partir des années
2000), le numérique a outillé des évolutions successives dans les manières
d’organiser le travail et de le contrôler,
dans les manières de produire et de
commercialiser, générant beaucoup de
changements, et donc de tensions.
Le développement des systèmes d’informations (les progiciels de gestion
intégrés, les environnements de déve-
Le découpage (unbundling) possible de
toute la chaîne de valeur a permis de
nouvelles souplesses dans la production
(le mode projet, la “production juste
à
temps”) mais a aussi facilité les externalisations, les délocalisations...
L’individualisation des équipements,
leur portabilité et l’informatique dans
les nuages sont en train de modifier les
conditions de travail comme le soulignait
la récente note d’analyse du Centre
d’analyse stratégique sur l’impact des
TIC sur les conditions de travail, et d’en
faire éclater l’unité de temps et de lieu.
On travaille plus facilement à distance,
en mobilité, à des heures décalées. Un
des effets les plus communément ressentis est celui d’un brouillage des frontières entre vie professionnelle et vie
privée : on travaille de chez soi, on gère
des communications personnelles – téléphone, sms, tweet – pendant les heures
de travail. On amène au travail son équipement personnel (le phénomène Bring
your own device, Byod), plus performant,
moins bridé. On utilise l’équipement professionnel à des fins personnelles (films,
jeux pour enfants...).
Cela engendre en particulier deux tensions :
>> Celle liée à l’injonction paradoxale
d’une “autonomie sous contrôle”
faite au travailleur connecté : d’un
côté on attend de lui autonomie,
prise d’initiative, responsabilité, et
de l’autre on contrôle en temps réel
ses résultats, ses déplacements, ses
communications...
>> Celle liée à la coexistence dans le
temps et dans l’espace des activités contraintes, choisies, personnelles, de loisirs, etc. Si le “travail
gagne pain” ne réussit pas sa mue
en “sources d’épanouissement ou
réalisation de soi“, il court le risque
d’un investissement moindre de la
part des individus. Le rapport au
travail se construit aujourd’hui, et
peutêtre plus fortement encore
chez les jeunes générations, autour
d’attentes expressives et relationnelles très fortes.
1. Ce que le numérique fait au travail et réciproquement
Cette dernière tension pourrait en
outre être renforcée par une montée
des revendications autour du “travail
gratuit” (qu’on appelle le digital labor).
L’économie sousacente aux réseaux est
j
en train de mettre à jour de nouvelles
formes de production de valeur, basées
sur la captation des traces d’usages.
Par là, c’est la notion même de “travail”
qui est bousculée puisque toutes activités développées sur les réseaux (la
production ou le partage de contenu,
les réseaux sociaux, la navigation, les
recherches...) constituent une forme
de travail gratuit alimentant “l’Internet
Factory”. Cette tension montante entre
travail et activité est forte de conséquences, car “l’activité” n’est pas encore
source de revenus, alors même qu’elle
est sousendue par des dépenses put
bliques importantes d’éducation, de
protection sociale, d’accès aux réseaux...
Si de nouvelles fiscalités se cherchent
autour de la captation des données, cela
ne constitue d’un début de réponse.
En attendant, le malentendu entre les
organisations et les individus va croissant. Les entreprises avouent leurs difficultés à obtenir de leurs collaborateurs
l’engagement et l’audace qu’elles en espèrent. Les individus disent ne pas trouver dans les organisations, le contexte
pour “se réaliser”. Ils se sentent souvent
peu écoutés, mal reconnus dans leurs
efforts. Ils s’investissent moins dans des
entreprises qui, sentent investissent
ils,
moins en eux.
La flexibilité n’a pas été cet opérateur
magique attendu, entre les attentes des
entreprises en matière d’adaptation aux
fluctuations des marchés, et les aspirations des individus, en matière d’autonomisation et de construction d’itinéraire
professionnel diversifié et sécurisé.
Pour éviter le divorce, il devient urgent
de re uestionner ce qu’est le travail à
q
l’ère du numérique, au regard de ses
différentes caractéristiques : production
de richesse, obtention de revenu, liberté
de création, épanouissement personnel,
obtention de droits et de protection...
Explorer de nouveaux modèles
Si le numérique est l’une des causes
de la crise du travail (mais pas la seule
!), il fait aussi partie des solutions. C’est
5. 1. Ce que le numérique fait au travail et réciproquement
grâce au numérique que des millions
de travailleurs organisent plus souplement leur travail, inventent de nouvelles
formes de collaboration, élargissent
leurs réseaux et leurs horizons professionnels. C’est grâce aux réseaux qu’ont
pu émerger des projets collectifs auparavant inimaginables : Wikipedia, le logiciel libre, les communautés de pratiques,
lecrowdsourcing... Et ce qui donnait lieu
– hier – à la production collaborative de
biens informationnels s’étend aujourd’hui
à la production de biens tangibles : les
voitures “crowdsourcées” de Local
Motors, de Fiat... Des espaces de travail
émergent (FabLab, Biolab), où les outils
de production, basés sur des technologies de pointe sont mutualisés. La jeune
entreprise innovante se développe aussi
“hors les murs”, à travers les espaces de
co orking ou même, complètement en
w
réseau.
Certes, ces initiatives sont encore très
émergentes, pas toujours stabilisées.
Mais elles dessinent des formes nouvelles d’organisation du travail dont on
peut extrapoler des “modèles”, extraire
des questionnements, voire tirer de premiers enseignements.
En particulier trois phénomènes nous
apparaissent comme source d’innovation et/ou de nouvelles conflictualités :
>> L’affirmation, au travail, “d’individus autonomes, connectés, outillés,
en réseau” : tel des compagnons
modernes, ces “nomades coopératifs” qu’évoque P. Vandramin
dans son livre Le travail au singulier,
affinent leurs outils, leurs méthodes,
leur savoir
faire, leur communauté,
leur engagement au fil des expériences professionnelles. La démocratisation des outils numériques
et le développement de pratiques
de Byod pourraient laisser croire à
un phénomène d’individualisation et
d’indépendance vis is des organiàv
sations. Or il pourrait s’agir – aussi et
surtout – d’un rapport au travail mu
par la recherche d’épanouissement
personnel et d’un apprentissage
permanent par les pairs comme le
montrent les pratiques de multi
tasking, ou des slashers, ceux qui
cumulent plusieurs emplois.
>> Notons que ces postures, d’une
Articles
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grande proximité avec la philosophie des Hackers (“Changer sa vie
plutôt que de changer la vie” ; “Get
paid, get fit, make something cool“)
sont le fait de populations instruites,
cultivées. Ce qui rejoint les thèses
du capitalisme cognitif sur le “travail
vivant”, et le travail comme “production de soi” qu’évoquait André Gorz
dans L’immatériel.
>> Les organisations, les entreprises
sont parfois déstabilisées par ces
nouvelles tendances, tentant d’y
résister, plutôt que d’en tirer parti.
Pour les individus en revanche,
l’enjeu est de réussir à construire la
cohérence de leur itinéraire professionnel et le sécuriser.
>> L’émergence de pratiques collaboratives spontanées à la base de
nouveaux collectifs de travail : les
individus se forgent au fil des expériences des réseaux personnels, à
partir des communautés d’intérêts
auxquelles ils appartiennent, de
relations personnelles et professionnelles. Mélangeant liens forts
et liens faibles “activables à tout
moment”, ces réseaux s’émancipent
des frontières des organisations.
Les interactions dans l’entreprise
ne se limitent plus aux collègues de
bureau.
>> Sur les réseaux, de nouvelles collaborations productives émergent
autour d’abord de biens informationnels ou dans le cadre d’événements collaboratifs (hackathon,
barcamp, startup weekend...), mais
aussi pour la production de biens
tangibles, comme le montre le projet
Wikspeed (l’ingénieur américain
Joe Justice ayant réussi à monter
des équipes “instantanées” partout
dans le monde pour une production
collaborative de véhicule moins cher,
plus durable, en open source).
>> Ces dynamiques se caractérisent
par une forte dimension identitaire,
par l’affirmation de l’appartenance
à une communauté, par le primat
de la finalité du projet, et des valeurs
qu’il sousend. De nouveaux modes
t
de management y sont expérimentés. Mais ces dynamiques ont aussi
du mal à dépasser la durée de vie
Page 9
ArticleS
des projets. Cela interroge le format
que devraient prendre les organisations : leur niveau de souplesse
comme de durabilité et de stabilité.
>> Les nouvelles formes de mesure
de l’activité et ses rétributions : la
production de valeur ne se limite
plus à la production des entreprises
(mesure du PIB), et les activités productives ne se limitent pas au travail.
Aux capacités des salariés, des
fournisseurs, ou de l’outil de production, viennent s’ajouter celles des
clients
utilisateurs pouvant devenir
des contributeurs actifs, comme
le montre, à l’extrême, l’exemple
de cette entreprise canadienne
Sensorica (citée par Lionel Maurel).
Grâce à une traçabilité des contributions et une évaluation par les
pairs, cette entreprise a fait de la
collaboration le cœur de son activité.
>> Le numérique change la donne en ce
qu’il permet de mesurer, compter,
tracer un très grand nombre d’activités, et donc aussi, de donner de la
visibilité aux externalités positives,
au mode de contributions multiples.
Cela devrait sans doute modifier à
l’avenir les formes de mesure et rétribution de l’activité productive. On le
voit déjà à travers les revendications
autour du travail gratuit, autour de
nouvelles fiscalités sur la réutilisation des données personnelles, les
monnaies complémentaires, comme
moyen de rétribution des individus
(valoriser les compétences ou inciter
aux pratiques durables, à l’exemple
du projet Tinkuy), ou de transactions
entre les entreprises comme commencent à le proposer certaines
monnaies complémentaires (vidéo).
Cela questionne aussi l’entreprise
comme cadre organisant et rémunérant l’activité inventive.
La Fing ouvre, avec une diversité de partenaires, une réflexion collective sur les
évolutions du travail et de l’entreprise à
l’ère du numérique. S’étendant sur toute
l’année 2013, cette réflexion s’attachera
à explorer les ruptures possibles. Les
partenaires se laissent le droit “d’imaginer”, de concevoir des modèles nouveaux, libres, hors normes, afin de stimuler l’intelligence collective, et donner
envie aux acteurs de faire bouger les
1. Ce que le numérique fait au travail et réciproquement
lignes.
Suivez la réflexion au fil de l’eau et participez à l’alimenter sur le réseau social
de la Fing.
6. 2. La dynamique d’internet. Prospective 2030
2. La dynamique
d’internet.
Prospective
2030
Telecom Paris & FING
Chapitre Travail & Entreprises,
Etude prospective,
Commissariat général à la
stratégie et à la prospective,
paru en Mai 2013 sur www.
strategie.gouv.fr
Internet forme sans aucun doute l’innovation la plus importante de la fin du
XXe siècle. Aujourd’hui, plus de 2,5 milliards d’êtres humains y sont connectés.
Demain, internet nous reliera également
à des dizaines de milliards d’objets, de
capteurs, de robots, qui dialogueront
entre eux et prendront progressivement
en charge des pans entiers de la gestion
de notre vie quotidienne.
La dynamique d’internet influence
l’ensemble de notre économie, offrant
de réelles opportunités de croissance
mais obligeant des secteurs entiers à
s’adapter.
Plus largement, internet bouleverse les
organisations, les modes de production, le travail, le rapport au savoir et à
la connaissance, l’expression démocratique, les liens sociaux et le rôle de la
puissance publique.Nous ne sommes
qu’à l’aube des transformations numériques de nos sociétés.
À partir d’une analyse rétrospective
d’internet, cette étude a cherché à dégager les tendances que crée une histoire
forte désormais de plus de vingt ans,
sans négliger les ruptures que suscite
une croissance jusqu’à présent quasi
exponentielle.
Extrait du chapitre 1.4. Travail et
activité : vers un brouillage des
frontières
« Les transformations de la «vie numérique» se combinent avec celles, nombreuses, de la vie au travail. Il serait
abusif de surestimer la causalité numérique, qui n’est pas toujours déterminante parmi de nombreux autres facteurs. Les modalités actuelles et futures
du travail, comme les transformations
des organisations, influeront sur les
usages de l’internet par les bouleversements des tâches, de la localisation, des
liens aux organisations, que choisissent
ou subissent les individus au travail.
Réciproquement, les possibilités numériques amplifient un ensemble de tensions entre les normes qu’elles imposent
et les capacités qu’elles distribuent.
Les dispositifs numériques et leurs
usages mettent en visibilité le brouillage
des frontières entre vie privée, vie sociale
et vie professionnelle. L’exercice d’un
Articles
Page 10
travail aujourd’hui est la condition majeure d’appartenance sociale : c’est un
facteur essentiel d’identité, de lien social,
d’accès aux droits et à la protection.
La démocratisation des technologies
numériques a permis l’individualisation
des équipements, des usages, et ce de
manière concomitante à un processus
d’individualisation des objectifs professionnels, des trajectoires. Cette individualisation est notamment caractérisée
par l’injonction croissante à l’autonomie
au travail, faite aux individus. Celle-ci
s’accompagne de pressions accrues :
abstraction et complexité, productivité,
et contrôle, dépendance informatique...
1. Un travail de plus en plus abstrait,
complexe et individualisé. L’usage des
TIC contribue à changer la nature du travail et des compétences mises en œuvre
pour l’exercer : la part d’abstraction (ne
serait-ce que lecture, écriture) devient
de plus en plus grande. «Le commercial ne voit plus le client, le vendeur ne
voit plus le stock, l’opérateur ne touche
plus la vanne... Il ne s’agit plus d’agir directement mais de recueillir, traiter et
transformer des volumes d’information
toujours plus importants» (BenedettoMeyer M., Klein T., in CAS 2012).
La surcharge informationnelle, due au
traitement d’un nombre croissant d’informations morcelées, désordonnées,
crée un stress qui se cumule à des problèmes de dispersion de l’attention au
travail (Datchary, 2004). Produire un
travail de qualité nécessite de savoir/
pouvoir se déconnecter.
Les TIC joueraient aussi sur la complexification et l’individualisation des tâches,
les individus étant invités à organiser
leur propre travail, à travailler en «mode
projet» et sur plusieurs projets simultanés, à collaborer et être disponibles pour
leurs clients et partenaires extérieurs.
En définitive, de l’individualisation des
tâches à l’individualisation des trajectoires, le pas est franchi.
La part croissante d’immatériel dans
le travail, et la dématérialisation d’un
nombre croissant d’activités font coexister au quotidien le travail et les centres
d’intérêts personnels des individus, voire
à créer des ponts entre eux. Pour autant
tout le monde accède à un travail choisi
Page 11
ArticleS
et épanouissant, réunissant les deux
polarités. Mais cette proximité engendre
un niveau d’exigence plus élevé ou des
frustrations plus grandes, participant
au divorce entre les entreprises et leurs
salariés.
Enfin rappelons que les systèmes informatiques génèrent aussi un certain
nombre d’emplois aux activités prescrites, basiques, peu abstraites. Les nouveaux ouvriers de l’informatique.
2. Intensification du travail et accroissement de la productivité individuelle. Le
travail est sous pression : de la recherche
de productivité, de l’intensification du
rythme, de la complexification des
tâches, d’un univers marchand hyperconcurrentiel et interdépendant, d’une
exigence d’hyperréactivité aux clients.
Dans ce contexte, les TIC jouent un rôle
d’équipement «des normes de productivité, des visées managériales, de la mise
en concurrence et du volume de l’activité» et d’enrichissement de «la panoplie
des outils de contrôle» (Chevallet et al.,
2012). Néanmoins, l’intensification du
travail (les indicateurs d’intensification
sont la nécessité de travailler dans des
délais serrés, à des rythmes rapides,
sous des pressions externes ou en respectant des normes rigides) , observée
durant les années 1990, semble s’être
ralentie dans la deuxième moitié des
années 2000 (Eurofound, 2011). Pour 67
% des travailleurs européens, le rythme
du travail dépend en premier lieu des
demandes des clients, des usagers, des
patients. Or la communication par les TIC
participe à créer une culture de l’immédiateté (se sentir obligé de répondre
à un email dès réception). «L’ubiquité»
permise par la portabilité des équipements participe à cette intensification
et à l’accroissement de la productivité individuelle « grâce à la réduction
des exigences spatiales et temporelles
dans la réalisation du travail, l’accroissement de la flexibilité, la diminution des
coûts de coordination, l’amélioration
de la communication et de l’échange
de connaissances, (...) l’immédiateté de
l’accès à l’information, la hausse de la
performance dans la prise de décision,
l’accroissement de la réactivité face aux
clients» (Besseyre des Horts, 2006).
2. La dynamique d’internet. Prospective 2030
3. Un contrôle accru mais inégalement
réparti. Les TIC renforcent les mesures
de contrôle du travail, et ce de plusieurs
manières (Chevallet et al., 2012) : la
prescription visant à encadrer par des
normes et des procédures de qualité
le travail, le contrôle direct via la surveillance, la traçabilité, ou la remontée
en temps réel des résultats, ou enfin
le contrôle exercé par les pairs ou les
clients. «Les TIC offrent ainsi des modalités de contrôle inédites et performantes qui s’ajoutent ou se substituent
à celles qui existent déjà». La fréquence
du contrôle dans les entreprises utilisant
les TIC semble s’intensifier (Greenan et
al., 2012), sauf pour les utilisateurs de
TIC avancés, qui «apparaissent comme
un salariat de confiance». Le travail
nomade équipé en TIC apparaît aussi
moins contrôlé et plus autonome que
les autres (Coutrot, 2004). Tandis que
d’autres catégories de métiers ou d’entreprises (voice-picking, téléopérateurs)
versent dans l’excès inverse, engendrant
baisse de l’engagement au travail et
risques psycho-sociaux.
Par la traçabilité et la mesure de soi
qu’elles rendent possibles, les TIC participent aussi à des mécanismes de
contrôle de l’individu sur lui-même : elles
amplifient un phénomène de rétroaction: auto-évaluation, autorégulation,
sentiment de responsabilité accru.
4. Panne, incident, dysfonctionnement
informatiques. Les individus sont de
plus en plus dépendants du bon fonctionnement des équipements informatiques et du système d’information des
entreprises. Selon l’enquête COI 2006,
la moitié des salariés déclare un rythme
de travail perturbé par des pannes et
incidents informatiques. Ce qui est de
l’ordre de la perturbation pour les salariés d’entreprises peut se révéler une
véritable paralysie pour les travailleurs
à domicile, indépendants ou télétravailleurs, ne pouvant compter que sur eux.
Si la tendance à l’individualisation se
confirme, c’est parce que les cadres
établis du travail sont, pour beaucoup,
en voie d’éclatement : le lieu, le temps, la
hiérarchie, jusqu’aux frontières même de
l’activité «travail».
>> Lire la suite en consultant l’étude
7. 3. Interview fictive - Prospective sur le travail en 2053
3. Interview
fictive Prospective
sur le travail
en 2053
anact
Publiée dans la revue Travail
& Changement, n°32, de
l’ANACT, paru en Mai 2013
sur
www.anact.fr
Comment l’informatisation a-telle modifié l’organisation des
entreprises ?
L’informatisation et surtout la portabilité des équipements ont pulvérisé l’entreprise physique. Ces vingt dernières
années, on a assisté à une disparition
presque totale de l’immobilier d’entreprise dans le secteur des services. Le
mouvement gagne aujourd’hui de manière significative les structures industrielles, qui démultiplient les espaces
locaux de fabrication, afin de diminuer
les coûts de transport et revivifier l’économie locale durable.
Les entreprises n’ont quasiment plus
de siège social. Les actifs immatériels
sont dans le “cloud”. Les réseaux sociaux
d’entreprise sont devenus le socle de
référence et d’appartenance à une entreprise : l’espace où se déroule tous les
échanges, où circulent toutes les informations. Mais dans les années 10, c’était
rare : les pionniers de l’internet ont expérimenté et montré le chemin. C’est une
transformation complète des RH que
l’on vit aujourd’hui. Il faut apprendre à
manier les données, les traces d’usages
laissés sur les réseaux sociaux d’entreprises avec justesse, car elles ne disent
pas tout de l’individu au travail et du
travail « réel ». Google, avec son People
Analytics en a fait les frais en son temps.
L’entreprise ne s’en est jamais remise.
Cette “immatérialisation” des RH
s’est installée sans provoquer
de choc social, étonnement…
C’est vrai ! Sans doute le doit-on à la généralisation progressive des processus
de décisions collectifs au sein des entreprises, qui est l’un des effets collatéraux
majeurs de la révolution numérique.
Puisque l’entreprise n’a plus de lieux
et que le travail est devenu en grande
partie immatériel, les employeurs ont
du redoubler d’ingéniosité pour fidéliser leurs salariés. L’employé choisit la
structure où il souhaite travailler selon la
palette des services proposés (infrastructures, loisirs, services santé, services
famille…) ainsi que les valeurs promues.
De son côté, l’entreprise choisit ses employés dont elle connaît au travers des
réseaux tous les aspects de la vie. Le
travail devient en quelque sorte un lieu
Articles
Page 12
de rencontre entre des intérêts et des
convictions partagées. Rien ne peut dès
lors fonctionner qui ne soit conçu, décidé,
validé, évalué de manière commune.
D’où… le grand débat public ouvert en Europe sur les problématiques de rémunération ?
Oui, mais sur ce sujet, la pression est
aussi venue de l’extérieur, ou disons d’une
fusion des rôles entre les employésclients-consommateurs-usagers, devenus chacun des contributeurs majeurs
des écosystèmes de production. Il aura
fallu moins de trente ans à l’économie
collaborative pour faire éclater la chaîne
de valeur, avec un cœur de l’entreprise
qui s’est atrophié et un maillage de soustraitance formelle ou informelle qui s’est
à l’inverse considérablement étendu. La
grande vague de revendications sociales
autour de nouveaux modèles de rémunération qui a traversé l’Europe en 2050
témoigne d’une prise de conscience
aigue des enjeux de la part des citoyens
: la masse de données, de contenus, d’informations, d’évaluations, de co-production, de services qu’ils injectent dans les
réseaux constitue une formidable matière première pour des entreprises qui
les exploitent massivement sans contrepartie financière.
La récente instauration d’un revenu minimum d’existence, alimenté par la taxe
sur les droits de réutilisation des données individuelles, constitue la première
pierre d’une refonte radicale de la rétribution du travail.
Page 13
ArticleS
3. Interview fictive - Prospective sur le travail en 2053
8. 4. Scénarios - Questions Numériques
4. Scénarios
- Questions
Numériques
La fing
Scénarios de rupture tirés des
cahiers d’enjeux Questions
Numériques 2011 - 2012 www.
fing.org
1. DES PLACES TAHRIR DANS LES
ENTREPRISES
>> 2013 > SudLeaks hacke les conseils
d’administrations.
>> 2014 > Le management de la multinationale Axum tombe suite à une
révolte des salariés. Ses concurrents en profitent, avant de subir la
même chose.
>> 2015 > « Grenelle » mondial des
entreprises. Un fragile accord est
trouvé pour réduire le pouvoir des
actionnaires.
>> 2020 > Le multi-entreprenariat s’est
largement répandu, et devient un
moteur essentiel de la croissance.
A peine sorties de la tourmente économique des années 2008-2012, les entreprises font face à une nouvelle crise
– interne, cette fois.
Les salariés ont payé un lourd tribut à
la crise : dégraissages, salaires bloqués,
retour d’un management autoritaire, tyrannie de l’urgence et focalisation sur le
court terme. Le sens de leur métier leur
échappe. Ils ont souvent le sentiment de
mal servir leurs clients. Équipés de tous
les outils électroniques possibles, ils se
sentent invités à s’impliquer toujours
plus, avec toujours moins d’autonomie
pour le faire.
Et ils s’en parlent. Ils font fuiter l’information interne quand elle les choque. Dans
les forums de discussion, ils publient, ils
dénoncent. Leurs cibles : le management
qui ne prend pas sa part des sacrifices,
et le pouvoir anonyme des actionnaires,
qui absorbent en dividendes l’essentiel
de leurs efforts tout en paraissant se
moquer de leur culture d’entreprise. Les
secrets deviennent publics, le management perd son emprise.
Par l’intermédiaire des réseaux sociaux,
la révolte devient révolution. Au terme
d’une série d’opérations « coup de poing
», les salariés d’une première entreprise
renversent leur équipe de direction.
Ceux d’une autre obtiennent des actionnaires majoritaires un pacte dans lequel
ils s’engagent à contribuer au développement de long terme de l’entreprise.
Chaque succès étend la contagion.
A partir de 2014, malgré un chômage
Articles
Page 14
élevé, de nombreux salariés quittent leur
entreprise, forts des réseaux informels
qu’ils ont tissés auprès de clients et de
partenaires. Ils organisent leur activité
en réseaux, auprès de plusieurs clients
et employeurs. Plusieurs dispositifs les y
aident comme le « wiki des compétences
» ou des plates-formes de collaboration.
Un nouveau contrat de travail se répand
rapidement : le multi-entreprenariat. Il
devient de plus en plus difficile pour les
entreprises d’attirer et de fidéliser des
salariés à plein temps.
2. GÉNÉRATIONS « CHACUN POUR SOI »
>> 2012 > Les 18-25 ans quittent massivement Facebook et reconstruisent
leurs liens ailleurs, sur des espaces
fragmentés mais dédiés.
>> 2014 > Le mouvement « Design for
me », qui appelait à différencier les
interfaces pour rendre possible
les mêmes usages entre générations, produit l’effet inverse. L’outil
a induit des usages spécifiques qui
deviennent de véritables marqueurs
identitaires générationnels.
>> 2017 > Les entreprises réorganisent
leurs espaces et leur management,
leurs critères d’évaluation sont
pondérés en fonction de l’âge et de
la génération.
Début 2014, la tour que livre Jean Nouvel
à la multinationale Babel, à La Défense,
propose une organisation inédite :
chaque bloc de 4 étages est alloué à une
génération, selon sa date de naissance :
« 1949-1959 » en haut, puis « 1969-1979
», puis « 1989 et plus », et ainsi de suite.
Chaque bloc est organisé et équipé
d’une manière spécifique. Entre chaque
bloc, un étage « intergénérationnel », celui
où l’on trouve les salles de réunion, les
espaces de détente, la cafétéria…
Babel et Jean Nouvel ont pris ce
parti à contrecœur, mais instruits par
l’expérience. Il faut se rendre à l’évidence : chaque génération a désormais ses propres cultures, technologies, méthodes, esthétique, services,
communautés…
De la consommation aux sociabilités
quotidiennes, même en famille, en pas-
Page 15
ArticleS
4. Scénarios - Questions Numériques
sant par les manières d’apprendre et de
travailler, il n’existe presque plus aucune
référence commune.
Sur le marché du travail, le « CV PDF » des
vieux côtoie la qualité des recommandations en ligne par des pairs et l’obfuscation de certaines informations plus gênantes. à la maison, si certains moments
communs tels que les repas demeurent,
la plupart volent en éclat devant les pratiques individuelles, les outils de synchronisation se trouvant priés d’organiser la
continuité.
Dans l’entreprise, on répartit aussi les
responsabilités par génération : celles
qui nécessitent d’être multitâches, celles
qui ont besoin d’une énergie concentrée
autour d’un projet, celles qui nécessitent
de penser à long terme…
C’est la société toute entière qui fonctionne à plusieurs vitesses. Même les
grands réseaux sociaux en ligne se fragmentent, la « portabilité » des données
facilitant toutefois l’interaction entre les
uns et les autres.
En revanche, c’est dans l’échange entre
les générations que l’on va chercher les
idées neuves, ou encore, les valeurs les
plus essentielles. En admettant la scission des générations, aurait-on finalement enrichi leur interaction ?
3.
LA
TENTE
TRAVAILLEUR
QUECHUA
DU
>> 2012 > à cause de la pression
foncière, la distance moyenne domicile-travail autour des agglomérations françaises franchit le seuil des
50 km.
>> 2014 > Les transports impossibles, le
litre d’essence à 3 euros, la pénurie
d’argent public éloignent toute
perspective de désengorgement
du RER et des TER , dont les tarifs
augmentent.
>> 2015 > Prenant acte de l’explosion
des situations de travail nomade, le
droit du travail européen supprime
la référence au « lieu de travail ».
Avril 2012 : l’esplanade de la Défense
se réveille avec, au pied des principales tours de bureaux, une dizaine de
tentes, dont les habitants ne sont autres
que des employés de ces bureaux. En
quelques semaines, cette pratique fait
boule de neige. Les pouvoirs publics,
qui ont d’abord choisi d’ignorer le phénomène pour ne pas lui donner trop
d’importance, convoquent les principaux
employeurs concernés pour leur demander d’intervenir auprès de leurs salariés.
Embarras.
Confrontés à l’engorgement durable du
RER, au renchérissement du carburant,
à la rigueur salariale et à la pression
foncière qui les a inexorablement éloignés, les employés expliquent n’avoir
pas d’autre choix que de se rapprocher radicalement de leur lieu de travail.
Moins coûteuse, cette solution est aussi
beaucoup moins fatigante pour eux (plus
de 2h30 gagnées par jour) et bien pratique pour le management. D’autant que,
malgré les grands discours, le télétravail
continue de se heurter à la résistance de
la majorité des employeurs comme des
employés.
Deux profils de travailleurs émergent.
Les « travailhabitants » des villes choisissent, au moins quelques jours par
semaine, des solutions précaires de logement à proximité immédiate de leur
travail, poussant Quechua à augmenter
sa gamme avec des yourtes du plus bel
effet, et ouvrant un nouveau marché au
camping car. Les solutions trouvées, sauvages dans un premier temps, sont peu
à peu négociées avec les employeurs
qui consentent à l’amélioration des
douches et vestiaires de leurs bureaux.
Les aménageurs installent prises électriques, Wi-Fi et vidéosurveillance dans
les espaces occupés par les tentes. Les
travailhabitants utilisent également les
réseaux télécoms des entreprises pour
leurs usages privés, contraignant les responsables informatiques à une violente
régulation des accès.
De leur côté, les « habitravailleurs » des
champs parviennent, la plupart du
temps, à ne pas se déplacer pour travailler, se détachant peu à peu du corps
social de l’entreprise. Sur leur CV, ils indiquent désormais qu’ils disposent d’un
équipement professionnel connecté à
domicile (ils en précisent le débit, la qualité, la sécurité). Loin de se limiter aux
cols blancs, cette situation concerne de
9. 4. Scénarios - Questions Numériques
plus en plus d’employés et même d’ouvriers. Les uns et les autres ont essayé
toutes sortes de transports intelligents,
collectifs, mutualisés. Ils y ont renoncé,
les jugeant trop contraignantes.
4. Cdi c’est fini ?
Le contrat de travail à durée indéterminée et à plein temps n’a plus la cote.
Face aux variations de plus en plus rapides des marchés, les entreprises en
réduisent la proportion de toutes les
manières possibles : CDD, intérim, externalisation, automatisation… Mais beaucoup de salariés, en particulier les plus
jeunes et les plus qualifiés, préfèrent
également d’autres formules. Les uns
multiplient les emplois à temps partiel,
voire les petits boulots, pour augmenter
leurs revenus et réduire leur risque en
cas de licenciement.
Les autres choisissent d’organiser leur
temps de manière à saisir toutes les
opportunités, à concilier leurs différents centres d’intérêt. La pluriactivité
se développe dans toutes les catégories sociales, depuis les «travailleurs
pauvres» contraints de cumuler plusieurs jobs, jusqu’aux cadres qui développent des activités complémentaires
en auto-entrepreneurs.
Un nombre croissant de salariés bascule vers un statut libéral ou recourt au
portage salarial, tout en travaillant au
sein de petits collectifs d’indépendants.
Ils cumulent contrats de travail, missions
d’intérim, commandes, projets entrepreneuriaux, formation, activités bénévoles…
Leur temps de travail rémunéré varie en
fonction des missions, mais aussi de leurs
autres engagements, de leur forme physique, des différents moments de leur
vie. De leur côté, les entreprises se réorganisent autour de noyaux restreints de
salariés stables, aux côtés desquels des
collaborateurs viennent prendre place
pour des missions spécifiques. Leurs
bureaux se vident, sauf lors de périodes
de surchauffe. Certaines entreprises réduisent leurs surfaces, d’autres les partagent et les rendent accessible aux travailleurs flexibles, même si ceux-ci n’ont
aucun lien avec l’entreprise.
Chaque individu devient responsable
de développer et de valoriser son «em-
Articles
Page 16
ployabilité». Les réseaux sociaux jouent
un rôle central. C’est par eux que l’on
se fait connaître et que l’on trouve de
quoi s’employer ; que l’on travaille au
sein d’équipes projets, que l’on se forme
réciproquement, que l’on s’échange des
accréditations qui certifient nos compétences ; que l’on articule ses différentes
activités et les cercles de relations qui
vont avec…
Si cette tendance convient bien aux
«travailleurs du savoir» et à certains
travailleurs manuels très qualifiés,
son extension aux jeunes qui n’ont pas
encore de réseaux, ainsi qu’aux travailleurs plus âgés et moins qualifiés, pose
en revanche des problèmes majeurs. Il
faut inventer un nouveau filet de sécurité. L’»allocation universelle», versée à
chacun sans condition, devient d’actualité en Europe. En attendant, la tension
monte entre travailleurs «stables», qui
rêvent de la liberté des autres et payent
leur sécurité d’horaires contraignants
et de salaires peu attractifs, et les
«flexibles» qui s’inquiètent du lendemain
et, plus encore, de leur retraite.
Page 17
ArticleS
4. Scénarios - Questions Numériques
10. VEille
The Future of Work
MIT Technoloy Review
des emplois devenus obsolètes ou
non compétitifs ?
#Futur #Robot #Travail
Il y a un an, la revue du MIT sortait
un numéro spécial sur le futur du
travail. Au sommaire : «La créativité
peut-elle être automatisée?», «La
nouvelle vague des robots d’usine»,
«Automatiser ou périr», «Les travailleurs humains, managés par un algorithme», ... A lire ou relire.
Métamorphose
numérique
(La) - Vers une société de
la connaissance et de la
coopération
www.editionsalternatives.com
#Futur #Technologie
Le monde connaît aujourd’hui un développement sans précédent du fait
des technologies de l’information et
de la communication. Le numérique
(Internet, réseaux, informatique, etc.)
se déploie à grande vitesse et certains de nos usages ne peuvent plus
se concevoir sans lui. Ce livre n’est
pas un livre sur la technologie mais
sur l’homme. Il rompt en cela avec
les approches centrées sur les techniques et propose une vision inspirante du futur numérique que nous
sommes en train d’inventer.
12 technologies qui vont
changer le monde (et tuer des
emplois)
Rue89
#Futur #Technologie
Un rapport de McKinsey liste des
innovations qui auraient un impact
économique colossal. Mais que faire
Numérique et emploi : la création créatrice ?
Manpowergroup
#emploi #Futur #Robot
La robotique créerait 3,5 millions
d’emplois dans le monde d’ici 2025...
Plus loin que l’image des fermetures
d’usines, symboles de la première
phase du processus de destruction
créatrice, peut-on regarder l’horizon
d’une innovation technologique portant un nouvel élan de l’emploi ?
Page 18
Page 19
Veille
Etat des lieux
11. Page 20
Page 21
2. L’individu au
travail
ARTICLES
22/31
VEILLE
32/35
Fini le temps où l’individu était rattaché
à une organisation pour le restant de sa
vie. L’exigence de flexibilité imposée par
le marché d’un côté, le développement
de la robotisation et l’automatisation de
l’autre, enfin la recherche de sens et du
développement personnel ont conduit
les individus, bon an mal an, à se forger
leur propre « écosystème d’activités » :
ils affinent eux-mêmes leurs outils de
travail, leurs savoirs et leurs expertises,
leurs réseaux. Ils articulent sans
cesse des activités rémunérées et
non-rémunérées, et se constituent
par-là une « diaspora d’organisations »
(publiques / privées / formelles /
informelles) essentielle à leur trajectoire
professionnelle, et constitutive de leur
identité.
12. Articles Page 22
Page 23
ArticleS
Et normalement, leur prétendue agilité
d’usages, leurs « usages natifs » devraient
être un atout, devraient faire d’eux une
ressource rare, une valeur recherchée,
ce qui n’est pas le cas. Cette appellation
de Digital Natives est pleine d’ambigüité
1. Numérique :
la génération
Y, nouvelle
chienlit ?
Amandine brugière
Paru le 11Juin 2013 sur www.
metiseurope.eu
D’où vient la défiance des chefs d’entreprise, des managers vis-à-vis des jeunes
générations ?
Cette fantasmatique
génération Y, - et ce sera pire avec la
génération Z dit-on, marquerait-elle une
nouvelle « chienlit » pour les entreprises?
Le constat semble, en tout cas, celui
d’une incompréhension, d’une difficulté
à intégrer les jeunes générations, à les
impliquer, à les faire adhérer à la culture
de l’entreprise, à comprendre leur mode
de fonctionnement.
Rappelons, en introduction, que la défiance vis-à-vis de la jeunesse est une
figure politique classique, le jeune étant
porteur des bouillonnements et des
transformations de demain, et donc
d’une remise en cause de l’ordre établi.
Rappelons aussi qu’aujourd’hui dans
un marché de l’emploi atrophié, avec
un nombre d’activités rémunérées qui
ne couvre pas la population active, les
jeunes d’un côté mais les moins jeunes
aussi de l’autre, sont laissés de côté.
C’est quand même une des explications
de ce parcours extrêmement long d’intégration et de sécurisation des trajectoires (7 ans en moyenne).
Mais dans le champ du travail, ce clivage
générationnel vient se greffer en plus sur
la nouvelle donne technologique.
Il est vrai que le monde du travail est en
pleine transformation sous l’influence
des technologies (ce qui est encore
relativement peu pris en compte). Les
technologies numériques sont désormais partout, elles ont intégré toute la
chaîne de valeur des organisations : l’outil de production, l’administration, communication, le commerce, la finance, le
marketing.
>> L’informatisation a modifié le
contenu même du travail : toujours
plus dématérialisé ou médié par des
interfaces, et donc nécessitant plus
de réflexivité.
>> Elles font éclater le cadre spatiotemporel de l’entreprise : on peut
travailler en dehors, en mobilité.
Quand on compare les statistiques du
taux d’équipement des 20/30 ans et
des plus de 70 ans (qui n’ont pas connu
l’informatisation au travail), le décalage
est important en effet. Mais si on prend
en compte la génération des baby-boomers, les écarts se resserrent en termes
d’équipement
>> Elles transforment considérablement les marchés financiers (algorithmes prévisionnels, les données
prédictives,
High-Frequency
Trading).
>> téléphonie mobile 98% des 18-39
ans, contre 85% des plus de 60 ans
>> Elles modifient les modes de recrutement et même la gestion des ressources humaines qui s’appuient
de plus en plus sur l’analyse des
données et des traces d’usages
laissées par les individus sur les
ordinateurs et les réseaux internes
(«People Analytics» de Google)
comme en termes d’usages :
>> L’ubiquité des outils et des réseaux
brouillent les frontières entre vie
professionnelle et vie privée : le
travail déborde sur la sphère privée,
mais la vie personnelle se gère aussi
du bureau.
>> La figure des salariés - clients contributeurs - consommateurs
se confondent : c’est l’économie
collaborative.
>> L’impact des technologies sur le
travail c’est aussi l’automatisation,
la robotisation, l’augmentation de
la productivité d’un côté, la diminution d’un certain nombre d’emplois
de l’autre. L’économie numérique
crée de la croissance mais avec peu
d’emploi.
>> Enfin le numérique est à la fois
moyen de production, moyen de
mesure de la valeur et supports de
nouvelles formes de rétribution.
Bref, tout se transforme. Mais aussi
nombreuses et profondes soient-elles,
ces transformations touchent toutes les
générations, pas seulement les jeunes.
>> Ordinateurs au domicile : 94% des
18-39, contre 70% des plus de 60
ans
>> les jeunes et les baby-boomers ont
un panel d’usages identiques : mail,
chat, navigation, e-administration,
e-commerce, réseaux sociaux, etc.
Certains usages sont plus teintés
générationnellement (le chat, le
SMS, le téléchargement d’un côté /
le-administration de l’autre),
>> envoi de SMS : 98% pour les 18-24
ans, 87% pour les 25-39, 37% pour
les plus de 60 ans
ce qui correspond - grosso modo - aux
situations de vie des personnes, et à
leurs centres d’intérêts.
Cette appellation «digital natives» met
surtout en évidence le fait que les jeunes
n’ont pas d’autres référents d’usages.
Mais cette position leur confère justement un peu moins de réflexivité sur
leurs pratiques, que ceux qui ont du
s’adapter, ce qui devrait constituer un
avantage.
Qu’est-ce qui clive alors les générations
au travail? Si ce n’est pas tout à fait ou de manière pas si évidente - l’usage
technique des outils, c’est peut-être tout
simplement un certain rapport au travail, qui diffère, par les idéologies sousjacentes sur lesquelles il prend appui.
Car la technologie n’est pas neutre, elle
n’est pas dépourvue d’idéologie.
Dans son passionnant ouvrage Aux
1. Numérique : la génération Y, nouvelle chienlit ?
sources de l’utopie numérique, l’essayiste américain Fred Turner décrypte
l’influence de la contre-culture américaine des années 70 sur la cyberculture,
la culture des réseaux. C’est sur la Côte
Ouest des Etats-Unis, que la greffe du
numérique a prise, sous l’influence des
communautés hippies. Celles-ci ont
placé l’individu au cœur de leur projet
d’émancipation : plutôt que de prendre
appui sur le pouvoir, il s’agissait de se
réinventer soi-même - pour changer le
monde.
Cette philosophie libertaire à l’origine des
réseaux internet s’est conjuguée ensuite
à des courants plus libéraux.
Une hypothèse que je vous propose
aujourd’hui, est de considérer que cette
« philosophie Hackers », pour le dire de
manière un peu rapide, porte des valeurs aujourd’hui dominantes chez les
jeunes.
On pourrait la caractériser par les éléments suivants :
>> s’inscrire dans un projet qui ait du
sens,
>> se faire plaisir,
>> se sentir appartenir
communauté,
à
une
>> affirmer son individualité,
>> continuer à apprendre et se former.
Récemment une revue en ligne sur l’emploi résumait cette philosophie Hackers
de la manière suivante « Get Paid, Get Fit
and make something cool ! » : qui est une
version un peu plus libérale. La recherche
du sens et du plaisir, du développement
personnel a pris le dessus.
Aujourd’hui les outils numériques participent à mettre l’ensemble des activités
que l’on mène sur un même plan : on
gère à partir d’un même support, dans
un même espace temps l’ensemble de
ses activités. On ne gère plus un emploi,
mais toute sa vie active : car chaque élément - loisirs, familles, engagement associatif, militant - comptent : constituant
des expériences, des réseaux, des passerelles, des apprentissages nouveaux
- potentiellement des compétences, une
employabilité. Cela participe à mettre en
tension ce qui a du sens, et de ce qui n’en
a pas, dans notre quotidien, et cela, dans
un contexte d’instabilité de l’emploi, de
13. 1. Numérique : la génération Y, nouvelle chienlit ?
précarité financière, etc.
On peut pousser certaines de ces tendances à leur paroxysme pour voir ce
qu’elle donnerait (ce qu’on fait à la FING,
dans le cadre de nos travaux Digiwork)
>> «Turn over subi des entreprises»
>> «Tous intermittents : un travail si je
veux, quand je veux !»
>> «Les réseaux interpersonnels d’activités» : comme le véritable point
d’appartenance
>> «La place Tahrir dans les entreprises»
: ou la force des mobilisations virales
>> «Des congés illimités» : la maîtrise de
son temps
>> «L’entreprise comme utopie sociale»
: le choix des valeurs
Reconsidérer le rapport au travail, c’est
prendre en compte le rapport à l’activité. Ces aspirations à agencer/gérer
différemment sa vie active que l’on
identifie chez les jeunes - où l’activité
prend le dessus sur le travail - ne sont
pourtant pas tout à fait nouvelles : elles
ressemblent beaucoup à celles des retraités actifs / ces baby-boomers - qui
conjuguent aisément poursuite d’une
vie professionnelle - à un rythme choisi
-, solidarités familiales, engagements
associatifs, parfois politiques, développement personnel, formation, apprentissage - certes, avec le revenu d’existence
en plus.
Finalement, il y a peut-être beaucoup à
prendre ou à apprendre de nos aînés.
Articles Page 24
Page 25
ArticleS
1. Numérique : la génération Y, nouvelle chienlit ?
14. 2. L’auto-entrepreneur, un travailleur de notre temps
2. L’autoentrepreneur,
un travailleur
de notre
temps
Aurialie jublin
Paru le 17Juin 2013 sur www.
fing.tumblr.com le blog de la
Fing
La mobilisation des auto-entrepreneurs
pour la défense de leur statut a fait un
peu parler d’elle du fait de l’utilisation
amusante du terme ”poussin” (en référence à la récente ”révolte des Pigeons”)
et du hastag #pioupiou. Elle fait en tout
cas écho à de nombreux concepts identifiés au cours des premiers mois de
l’expédition Digiwork : individualisation
du travail, nouveaux collectifs de travail,
nouvelles formes de rémunération, ect.
Le statut d’auto-entrepreneur (décrié
principalement par les artisans du bâtiment qui y voit une concurrence déloyale), les compagnons du devoir ou
l’indépendant sont des figures que nous
explorons particulièrement dans l’expédition Digiwork pour toutes les représentations qui les entourent : l’autonomie (l’individu est son seul responsable,
il n’y a, a priori, pas de lien de subordination), la gestion libre de son temps (il
choisit quand il travaille, que ce soit dans
la journée, la semaine ou l’année), l’apprentissage continue (d’outils récents,
de nouvelles compétences), la gestion
de son employabilité, … tout en essayant
de renverser les règles.
La fin du travail, annoncée par Jérémy
Rifkin dans les années 90, devient de jour
en jour une réalité : après les emplois des
ouvriers, ce sont maintenant les emplois
du secteur tertiaire qui sont menacés
par l’automatisation et la robotisation.
L’individu doit donc développer de nouvelles activités rémunératrices pour
pouvoir continuer à vivre. A partir d’une
compétence, d’un savoir-faire, il imagine son emploi, propose une activité,
il capitalise des expériences, construit
son environnement de travail, il se crée
son réseau et va parfois dans des espaces de coworking pour le développer
et rencontrer physiquement d’autres
personnes.
Les auto-entrepreneurs partagent un
même statut, mais pas une même activité (commerce ou services, développeur
web ou coach en développement personnel, en passant par fabriquant de
bijoux), et c’est en ça que le ”collectif des
Poussins”, leader de la contestation, est
un cas intéressant de formation d’un collectif en ligne d’individualités disparates,
qui se sont fédérées autour d’une cause,
à coup de pétition et de tweets. Nous
Articles Page 26
observons ainsi la création de nouveaux
collectifs, émergeant spontanément,
issus d’une communauté d’intérêt installés ou non (il y a quelques années sortait
par exemple le blog lafusionpourlesnuls.
compour la mobilisation des employés
de la fusion de l’ANPE et de l’Assedic
dans Pôle Emploi).
Enfin, les auto-entrepreneurs encourent
les mêmes risques : isolement, précarité,
droits sociaux peu nombreux. La limitation des charges sociales octroyée aux
auto-entrepreneurs pouvait ainsi être
vue comme une compensation à la précarité : “Vous n’êtes pas salarié, vous
avez une activité rémunératrice limitée,
des droits sociaux encore plus limités,
donc vous payez peu de charges”. Or
l’abaissement du plafond de l’activité,
équivalent à un smic par mois (pour les
activités de services), revient à une légalisation de la précarité : “Vous n’êtes pas
salarié, vous avez une activité rémunératrice encore plus réduite, des droits sociaux toujours très limités, mais débrouillez-vous avec ça”.
Notre propos dans l’expédition Digiwork
n’est pas de faire l’apologie de l’autonomie et du libéralisme, en prônant que
tout le monde doit être responsable de
son employabilité. En imaginant le scénario “Tous intermittents”, dans lequel
l’individu devenait le “gestionnaire autonome de son portefeuille d’activités” et
où les entreprises étaient ”des “boîtes à
projet” dans lesquelles les individus, porteurs de leur savoir-faire, se retrouvent
pour collaborer sur une mission”, nous
mettions en avant la nécessité d’inventer de nouveaux modèles de solidarité
pour pallier les risques de précarisation
des itinéraires personnels. La question
de la redistribution de la valeur et de la
rémunération est centrale : car si le numérique change la manière dont on produit, il change aussi la manière dont on
mesure la valeur. Il est même le support
à de nouvelles formes de rétribution. Il
faut prendre acte du fait que le travail,
l’activité s’élaborent différemment, et
nécessitent de nouvelles redéfinitions
des solidarités.
Pour le moment, nous en sommes
encore au début de notre réflexion, mais
nous espérons pouvoir apporter des
pistes d’action innovantes sur le sujet
d’ici quelques semaines.
Page 27
ArticleS
2. L’auto-entrepreneur, un travailleur de notre temps
15. 3. Le “travailleur” de demain sera un mouton à dix pattes
3. Le
“travailleur”
de demain
sera un
mouton à dix
pattes
Aurialie jublin
Paru le 11 Mars 2013 sur
www.fing.tumblr.com le blog de
la
Fing
Le numérique a changé l’activité productive et va continuer à la faire évoluer.
Dans un monde de plus en plus informatisé, connecté, automatisé, robotisé, l’humain va devoir développer de nouvelles
compétences, principalement dans les
activités de services. Les 2 études reprises ci-après (une française et une
américaine) ont cherché à les décrire,
sans s’attacher à des activités particulières ou aux possibles métiers du futur.
Dans l’étude du CAS et de la DGT sur
“L’impact des technologies de l’information et de la communication sur les
conditions de travail”, Yves Lasfargue
décrit les 10 évolutions qui modifient
les conditions de travail dans la société
numérique (p. 87). Ainsi, le “travailleur”
devra savoir gérer :
>> les changements permanents (du
matériel, des logiciels)
>> la numérisation et l’abstraction (ainsi
que la dématérialisation, les trois
provoquant un sentiment de déshumanisation des relations)
>> les informations de plus en plus
écrites (impliquant l’exclusion des
illettrés)
>> l’interactivité et l’instantanéité
>> la surabondance des informations
>> la logique contractuelle (obligation
de suivre des procédures, d’atteindre des objectifs)
>> le temps et l’urgence
>> l’espace et le travail à distance
>> la vulnérabilité (des systèmes complexes fragilisés par les pannes, les
attaques, …)
>> la traçabilité et la transparence
Institute for the future a été un peu plus
loin en décrivant les 10 compétences nécessaires en 2020 (j’ai gardé les notions
en anglais, car leur traduction n’est pas
toujours aisée en français). Ces compétences sont les suivantes :
>> Sense-making : capacité à déterminer le sens profond de ce qui est
exprimé (différencier les homonymes, par ex)
>> Social intelligence : capacité à se
connecter aux autres d’une façon
profonde et directe, à comprendre
Articles Page 28
les réactions des autres et à stimuler
des interactions
>> Novel & adaptative thinking :
capacité à penser et à arriver à des
solutions et des réponses au-delà
de ce qui est appris par cœur ou
basé sur des règles
>> Cross-cultural
competency
:
capacité à travailler dans différents
milieux culturels
>> Computational thinking : capacité
à traduire une importante somme
de données et d’informations dans
des concepts abstraits et à comprendre un raisonnement basé sur
des données
>> New-media literacy : capacité à
évaluer et à développer du contenu
qui utilise les nouvelles formes
de média, et à s’appuyer sur ces
médias pour une communication
convaincante
>> Transdisciplinarity : capacité à comprendre des concepts venant de
diverses disciplines
>> Design mindset : capacité à représenter et développer des taches et
des processus de travail pour les
résultats voulus
>> Cognitive load management :
capacité à filtrer l’information par
importance, et à comprendre
comment maximiser le fonctionnement cognitif en utilisant une variété
d’outils et de techniques
>> Virtual collaboration : capacité à
travailler de façon productive, à
mener une mission et à montrer sa
présence comme un membre d’une
équipe virtuelle.
Une grande partie de ces compétences
sont des actions que les robots ne savent
pas encore faire. Dans cet article de The
Economist, intitulé “Robocolleague”, l’auteur conclue en écrivant : “les entreprises
peuvent trouver plus intéressant d’investir dans des technologies qui améliorent la productivité des travailleurs nationaux moins qualifiés, en augmentant
leurs salaires. Un jour, les robots intelligents pourront changer cette situation.
Mais tant que les humains conserveront
l’avantage de la flexibilité cognitive, les
entreprises continueront de tirer parti
de travailleurs pleins de bonne volonté.”
Page 29
ArticleS
3. Le “travailleur” de demain sera un mouton à dix pattes
16. 4. Et vous, vous faites quoi ?
4. Et vous,
vous faites
quoi ?
Aurialie jublin
Paru le 26 Février 2013 sur
www.fing.tumblr.com le blog de
la
Fing
Dans une soirée ou sur Twitter, on se
présente souvent en disant où l’on travaille et ce que l’on fait. : “Bonjour, je suis
Machin, je suis responsable Bidule chez
Truc et compagnie.” Lors du 1e atelier de
l’expédition Digiwork, une personne avait
fait la remarque suivante : “Comment on
se présente si on n’est plus un “métier”
?” Les personnes sans emploi peuvent
en effet ressentir une gêne. Et pourtant
sans emploi ne veut pas dire sans activité, cela veut seulement dire “sans activité salarié”. Allez dire aux contributeurs
de Wikipedia , aux hommes et femmes
au foyer qui s’occupent de leurs enfants,
ou aux cuisiniers-amateurs-blogueursà-leurs-heures, … qu’ils sont sans activité
ou qu’ils ne contribuent pas à l’économie.
Et puis, un métier, une fonction ne disent
pas grand-chose de ce que l’on fait au
quotidien.
Dans un article intitulé “La fin du travail tel
qu’on le connaît”, Josh Bersin, un spécialiste des questions RH, propose de remplacer le mot “travail” (“job”) par “rôle”
et “fonction” par “série de tâches et de
spécialités”. Le mot “rôle” m’a fait spontanément penser à l’histoire de JeanPaul Sartre sur le garçon de café, utilisée
pour expliquer ses concepts d’”essence”,
“existence” et de “mauvaise foi”. Selon
Sartre, le garçon de café en fait des
tonnes (“Il a le geste vif et appuyé, un
peu trop précis, un peu trop rapide, il
vient vers les consommateurs d’un pas
un peu trop vif, il s’incline avec un peu
trop d’empressement, sa voix, ses yeux
expriment un intérêt un peu trop plein de
sollicitude pour la commande du client”),
car il joue à être un garçon de café, pour
se persuader lui-même qu’il se confond
avec sa fonction, qu’il est sa fonction.
Sartre a pris l’exemple du garçon de
café, mais il aurait très bien pu prendre
un boucher, un publicitaire ou un manager, chacun jouerait sa fonction.
Mais les slashers l’ont bien compris, ils
cumulent les activités et multiplient les
opportunités pour vivre plusieurs expériences en une même journée, appartenir à différents univers, s’épanouir
dans un domaine qui les passionnent,
développer des compétences, nourrir un
profil original… Freddy Krueger, vendeur
de glaces la journée et tueur psycho-
Articles Page 30
pathe d’enfants la nuit, ne dira sûrement
pas le contraire !
Par contre, sur le problème sémantique autour des mots “travail”, “activité”,
“emploi”, “métier”, “fonction”, “rôle”, … je
ne suis pas sûre qu’il soit d’une grande
aide.
Page 31
ArticleS
4. Et vous, vous faites quoi ?
17. VEille Page 32
The new artisans
network era
of
the
Harold Jarche
#Artisan (philosophie)
#Ecosystème d’activité #Individu
Petit extrait d’un article d’Harold
Jarche qui a fait la même analyse
que Digiwork sur l’individu équipé, autonome et connecté, l’émergence de
pratique collaboratives et de collectifs et les nouvelles formes de création de valeur : «Knowledge artisans
are amplified versions of their preindustrial counterparts. Augmented
by technology, they rely on their
networks and skills to solve complex
problems and test new ideas. Small
groups of highly productive knowledge artisans are capable of producing goods and services that used
to take much larger teams and resources. In addition to redefining how
work is done, knowledge artisans are
creating new organizational structures and business models, such as
virtual companies, crowd-sourced
product development, and alternative currencies.»
Chez les « intellos précaires
», un travail qui prend tout le
temps
L’humanité
#Discontinuité du parcours
#Temps
Confrontés à la discontinuité des
emplois et des activités, subissant
pour l’écrasante majorité d’entre
eux l’inconfort de rémunérations à
la fois faibles et aléatoires, des dizaines de milliers de travailleurs dans
les industries dites «créatives» sont
contraints de rester disponibles en
permanence.
«Une idée, un boulot» : le garagiste qui apprend à ses clients
à réparer
répartition des richesses produites,
devront évoluer pour offrir un avenir
à la «troisième révolution industrielle».
franceinfo
#Artisan #Individu #Compétence
Yann Raguenes, un jeune mécanicien
automobile de 27 ans, a ouvert «Un
garage et vous», à Les Sorinières,
près de Nantes, où il met à la disposition de ses clients, ses conseils et son
matériel.
«Comment être heureux au
travail en vivant dans un esprit de pauvreté?»
L’express
#Sens #Valeur
La pauvreté est combattue comme
une source de malheur, mais aussi
présentée comme une voie de bonheur lorsqu’elle touche l’esprit et
non l’existence matérielle. Philippe
Laurent s’interroge sur son sens au
travail.
Outils sociaux sur l’espace de
travail
Microsoft
#Espace de travail #Outils
sociaux #Service
Microsoft a mené une enquête dans
32 pays sur l’utilisation des «outils
sociaux» dans l’entreprise. Malgré
les restrictions de l’entreprise et
les hésitations du management, les
travailleurs veulent utiliser les outils
sociaux sur leur lieu de travail, même
si cela signifie dépenser leur propre
argent. Après Bring Your Own Device
(Apportez Votre Équipement personnel, en français), voilà le Bring Your
Own Service.
Le travail disparaît, intervention de Paul Jorion
Ce soir ou Jamais
Quand les robots remplaceront les hommes
Economie Matin
#Automatisation #Disparition de
l’emploi #Robot
Un court article de Jean-Michel
Billaut, gourou de l’internet français,
qui a le mérite d’extraire les principaux
sujets de controverses du scénario
de la robotisation massive de nos sociétés. L’esclave était le prototype du
robot 0.0, le prolétaire sa version 1.0,
et les robots biologistes constitueront la prochaine étape du robot 2.0.
Les modèles d’innovation qui supportent la croissance, ainsi que la
#Automatisation #Compensation
Face à l’augmentation continue du
chômage, il rappelle notamment
la proposition du Suisse Jean de
Sismondi (1773-1842) selon laquelle
tout ouvrier remplacé par une machine bénéficie d’une rente, indexée
sur la richesse créée désormais par
celle-ci.
After your job is gone
TechCrunch
Page 33
Veille
breux liens, l’auteur Jon Evans fait un
historique de la disparition du travail,
touchant tout d’abord les ouvriers du
secteur secondaire puis les employés
du secteur tertiaire, dans lequel les
avocats, financiers et chirurgiens ne
sont pas à l’abri. Il imagine ensuite
un monde se divisant en deux catégories : une minorité décroissante de
très riches - les travailleurs des technologies, les barons de la finance, et
ceux qui ont hérité leur fortune, pour
la plupart - vivant dans une poignée
de villes idylliques dégoulinant de richesse, et/ou leur maison d’été est à
proximité des plages, des lacs et des
montagnes ... et la majorité qui gagne
peu, avec des contrats de travail occasionnels et des petits boulots, trop
pauvre pour même visiter les lieux où
les riches vivent, travaillent et jouent.
Matthieu ou chronique de la
disparition du travail
Metis
#Contrainte #Disparition du
travail #Individu
Extrait : «Matthieu expérimente l’emploi en même temps que l’invisibilité
de son travail. Le travail a disparu.
Comme dans la publicité, les tâches
qui lui sont demandées en ont la
forme, la couleur mais n’en sont pas.
Il en a les obligations, les allers retours
quotidiens, les horaires, la subordination, l’ambiance morose, mais il n’en a
pas les opportunités. Il n’en rencontre
pas les dimensions expressives que
revendiquent même des salariés plus
modestes des caisses de grande
distribution. Il n’arrive pas à se sentir
utile, il ne participe pas à un collectif,
il n’est pas autonome et il ne voit rien
d’intéressant dans ce qu’il a à faire.»
Identité professionnelle : un
métier et beaucoup plus
Cursus
#Disparition du travail
#Activité #Emploi #Identité
#Individu
Illustrant son propos par de nom-
« Que faites-vous dans la vie ? » À
L’individu au travail
cette question banale, on répond le
plus souvent en donnant le nom de
son métier, ou de sa fonction dans
l’entreprise qui nous emploie. Mais
que répond-on lorsqu’on est sans
emploi ? Sans emploi et très investi
dans une ou plusieurs activités ? Que
répond t-on lorsqu’on occupe plusieurs emplois ? Lors que son emploi
ne correspond à aucun nom habituel
? Que l’on occupe un emploi alimentaire mais que l’on construit à côté
une expertise passionnante ?
Qu’est-ce que le nouveau « CDII
» ou « CDI intermittent » ?
Andre Gorz
YouTube
#Artisan #Individu #Travail
(concept)
Le travail est une invention du capitalisme industriel. Durant l’antiquité, le travail ne se déroulait
pas dans la sphère publique. Les
femmes travaillaient (ou sinon les
esclaves), les hommes faisaient de
la politique. Le travail était mal vu.
Pour Max Weber, au Moyen-âge il
n’y avait pas de travail mais des besognes, des peines, des labeurs (paysans), et des œuvres (des artisans).
Democratie & Socialisme
#Contrat #Temps
Le CDII ou contrat à durée indéterminée intermittent est, de fait, une
sorte de contrat à temps partiel
annualisé : le salarié va alterner des
périodes travaillées et non travaillées,
et sa rémunération sera « lissée » sur
l’année : comment payer quatre mois
de travail en douze fois ? Il sera « ouvert » aux entreprises de moins de 50
salariés (dans un premier temps dit «
expérimental »).
Apprendre à entreprendre
dans un monde en réseau
Email : Not Dead, Evolving
Harvard Business Review
#Email #Infographie #Outil
Le HBR a mené une enquête en
2012 auprès de 2.600 travailleurs
aux États-Unis, Royaume-Uni et en
Afrique du Sud qui utilisent l’email
quotidiennement. Les résultats indiquent que l’email n’est pas mort
(les gens passent la moitié de leur
journée de travail à les traiter), mais
qu’il a évolué. Il est devenu une archive
consultable, la source de la responsabilité d’un manager, l’outil de collaboration le plus efficace des travailleurs,
un moyen d’avoir de l’information, ...
Cursus
#Automatisation #Robot
Les applications numériques ont beau
nous rendre la vie plus simple et plus
excitante au quotidien, force est de
constater aussi qu’elles ont détruit
un nombre considérable d’emplois.
Grosso modo, toutes les tâches routinières qui pouvaient être programmées et automatisées l’ont été ou
sont en passe de l’être. Des robots
et des logiciels remplacent les travailleurs dans de multiples domaines; le
mouvement, qui a touché en premier
lieu les processus industriels, s’est rapidement étendu au procès des services. Il touche désormais les professions intellectuelles dites supérieures.
Pour un Google Now du poste
de travail
Bloc-notes de Bertrand Duperrin
#Espace de travail numérique
#Outil
Alors que les outils grand public envahissent le bureau et que l’on croule
sous les informations, l’auteur pense
que l’application Google Now, service
prédictif qui pousse à l’utilisateur,
sans qu’il n’ait rien demandé, les informations dont il a besoin quand il en a
besoin, va devenir indispensable sur
le poste de travail. Par exemple, un
commercial pourrait recevoir l’information selon laquelle il devrait tout de
suite se mettre en route, vu les em-
18. VEille Page 34
L’individu au travail
bouteillages, ou des données du CRM
quand il est chez un client.
Une vision de la formation
tout au long de la vie en
Europe pour 2030
Missing Out/Peur de rater quelque
chose) est le nouveau mal des employés hyper connectés, mais qui ne
se limite pas pour autant à la sphère
professionnelle. Il est souvent lié au
FONK (Fear Of Not Knowing/Peur de
ne pas savoir).
Email : combien de temps encore ?
formation-professionnelle.fr
#Compétence #Espace de travail
numérique
Au-delà de la question de la formation, l’article aborde une thématique
traitée dans Digiwork, celle de l’environnement de travail, dans lequel la
démonstration des compétences
et des aptitudes sera préférée aux
diplômes ; la performance des employés sera mesurée et quantifiée en
continu au travers de systèmes de
mesures numériques ; les limites du
public/privé, professionnel/ personnel, bureau/domicile, réel/virtuel, formel/informel seront confuses, ...
LinkedIn wants to be your
personal assistant with new
Contacts app
Los Angeles Times
#Application #Réseaux sociaux
Comme un assistant personnel virtuel, la nouvelle application, baptisée
LinkedIn Contacts, réunit dans un seul
endroit les informations de contacts
des divers e-mails, le calendrier de
l’utilisateur et l’adresse des services
d’annuaire. Il met également automatiquement à jour les informations
des contact à chaque fois qu’il y a
un changement, que ce soit dans le
Google de l’utilisateur ou d’un compte
Outlook. Sont inclus dans ces informations les détails de conversations
et de réunions passées que vous
avez eues avec le contact.
Rialland, maître de conférence à
Sciences-Po Paris, consultante en
gestion de l’information dans l’entreprise, pour «Comprendre et maîtriser
la déferlante d’informations».
Les agences d’emploi : 16 millions de missions d’intérim ... en
autres
France Culture
manpowergroup
Peut-on se passer de l’email ?
500 milliards de mail sont envoyés
chaque jour dans le monde. Créé il y
a 30 ans, ce moyen de communication a conquis le monde, individus et
entreprises. Plus que jamais utilisé,
l’email est aussi plus que jamais remis en cause. Une émission produite
par Telecom EM, et à écouter sur le
MOOC de France culture.
#Intérim #Parcours
professionnel
En 2012, après deux années de redressement, l’emploi intérimaire a
chuté de 11,6%. Mais le travail temporaire demeure un vecteur d’accès à l’emploi, souligne le Prisme
(Professionnels de l’intérim, services
et métiers de l’emploi) dans son bilan
annuel. Surtout, les agences d’emploi
s’affirment comme un acteur de référence de la sécurisation des parcours professionnels et de la réactivité RH.
8 atouts des candidats ayant
mené
une
reconversion
professionnelle
Itaquecoaching.com
#Employabilité #Parcours
professionnel #Reconversion
Les itinéraires bis de la vie professionnelle ont beau être en passe de
devenir la norme, les recruteurs frileux continueraient à camper dans les
idées reçues sur l’employabilité des
personnes au «parcours atypique».
Et entre autres celle des candidats
ayant changé de métier. Pourtant,
ils ont d’autant plus d’atouts qu’ils on
suivi ce parcours difficile.
#Email #Outil #Radio
Jobs in the Future
Wagepoint.org
#Compétence #Métier
De nombreuses fonctions n’existaient pas dans l’entreprise il y a 10
ans, (développeur d’application, social media manager, expert en développement durable, designer orienté
usage, ...), cette infographie propose
10 nouveaux métiers en 2030 (manager d’avatars, architecte digital, nano‐
médecin, ...) et les 5 compétences à
développer (esprit critique, résolution
de problème, créativité, esprit d’entreprenariat, culture numérique).
«Infobésité», le mal du siècle
Viuz.com
FranceTVInfo
#Souffrance
#souffrance #Vidéo
Le syndrome de FOMO (Fear Of
Les conseils de Caroline Sauvajol-
Veille
L’individu au travail
pas que les seniors ou les personnes
peu qualifiées.
Quels seront les métiers de
demain ?
Mode(s) d’emploi
#Compétence #Info pratiques
#Métier
Liste de quelques guides pratiques à
consulter en ligne gratuitement sur les
nouvelles compétences, les métiers
cadres en émergence, les métiers des
jeux vidéos, ...
Fidbacks, le profil de confiance
Le blog de
collaborative
la
consommation
#Ecosystème d’activité
#Réputation #Service
Lancé en janvier 2013, le site Fidbacks
permet à ses membres de créer et
partager un profil agrégeant l’ensemble des commentaires qu’ils
ont reçus sur les différentes plateformes d’échanges entre particuliers qu’ils utilisent (Airbnb, Buzzcar,
Couchsurfing, Blablacar, Deways,
eBay, Etsy, Priceminister, VadrouilleCovoiturage, Zilok ...). Ainsi, grâce à
Fidbacks, un nouveau membre sur un
site pourra attester de sa réputation
complète agrégée et certifiée par
Fidbacks directement sur son profil et
ce dès le premier jour.
In a hyper-connected world it
is healthy to disconnect
L’obsolescence
(programmée) de nos compétences : la
course contre la montre
pinterest
ManpowerGroup
Une infographie sur la déconnexion
volontaire pour bien profiter de ses
vacances... pour celles et ceux qui en
auront.
#Compétence
Fomo, nouveau mal du siècle
Page 35
Résultats de l’enquête du Centre
européen pour le développement
de la formation professionnelle
(CEDEFOP) sur la perte, le vieillissement ou l’inadaptation des compétences, phénomène qui ne concerne
#Déconnexion #Souffrance
Le travail peut-il à nouveau
nous faire vivre ?
RH Info
#engagement
Les contextes qui permettaient à
une personne de trouver une raison
stable pour s’impliquer dans son travail sont en grande partie révolus. Les
comportements cyniques en matière
sociale ont fait tomber les illusions.
Dossier Real Humans
Slate
#Robot #pop culture
Arte diffusait le mois dernier la série
Real Humans, racontant la cohabitation, plus ou moins facile, entre les
humains et les hubots (robots à visage humain qui aident au quotidien
les humains). Relations humain-hubot,
activistes anti-hubot, discrimination
envers les hubots, hubots se battant
pour leur liberté, ... les thèmes abordés par la série sont nombreux et Real
Humans apportent donc un éclairage
intéressant sur la thématique Robot/
Humain.
Erik Brynjolfsson : La solution pour la croissance ? Faire
la course avec les machines....
Ted
#video
Alors que les machines s’approprient
davantage de travail, beaucoup se
retrouvent sans emploi ou voient leurs
augmentations de salaire sans cesse
repoussées. Est-ce la fin de la croissance ? Non, selon Erik Brynjolfsson
- ce sont simplement les difficultés
grandissantes d’une économie radicalement réorganisée. Un cas fascinant qui expose pourquoi les grandes
innovations sont devant nous... si nous
considérons les ordinateurs comme
faisant partie de notre équipe.
19. Page 36
Page 37
3. Nouveaux
collectifs,
nouveaux
managements
ARTICLES
38/51
VEILLE
52/55
L’hyperconnexion des individus au
travail et leur mise en réseaux modifient
la manière dont les collectifs productifs
- inventifs se forment. Les frontières
inter-services, ou internes-externes à
l’organisation se diluent. Les collectifs
se structurent autour de valeurs,
d’enjeux et de finalités partagés. Ils
articulent réseaux physiques et réseaux
numériques. Cela en appelle à de
nouvelles formes de management des
équipes et des projets, à de nouvelles
représentativités des collectifs ; et
ouvre aussi sur de nouvelles formes de
mobilisation-revendication.
20. Articles Page 38
Page 39
ArticleS
Les entreprises se transforment
pour survivre
>> Ce qui ressort des témoignages
des chefs d’entreprises et chercheurs réunis par la Fing, c’est que
les réponses sont à trouver dans la
souplesse et l’ouverture :
1. Le futur du
travail dans
l’entreprise
(1/2) : l’agilité…
ou le néant ?
Equipe des ateliers de
l’emploi, Manpower
Paru le 10 Juillet 2013 sur
Le numérique déstabilise les entreprises
parce qu’il accélère un double-mouvement qui brouille ses frontières :
>> les usages privés ont évolué de
manière fulgurante et s’immiscent dans l’entreprise au point de
remettre en cause ses codes – hiérarchiques en particulier ;
>> dans le même temps, le modèle
tayloriste dépérit, les relations de
travail « à vie » n’existent plus et les
collaborations ponctuelles se multiplient : les collectifs d’hier ont muté,
et le concept même de salariat – au
cœur de tout l’édifice du travail, en
France en particulier – devient flou.
internetactu.net le média de la
fing
A ces deux questions déterminantes
de l’avenir du « vivre ensemble » dans le
collectif qu’est l’entreprise, l’expédition
Digiwork de la Fing a tenté d’apporter
des éléments de réponses lors de Futur
en Seine 2013. Quel modèle d’organisation les entreprises peuvent-elles adopter alors que le numérique permet à
chaque salarié de transformer son rapport de pouvoir à l’entreprise ?
L’individu au pouvoir signe-t-il la
mort de l’entreprise ?
Après l’ère industrielle qui faisait du salarié un subordonné stricto sensu, simple
exécutant, on assiste au retour de l’individu dans l’entreprise, et avec lui d’une
certaine confusion entre vies privée et
professionnelle – et/ou publique. Ce phénomène ne se cantonne pas au travail,
ce sont tous les citoyens qui subissent
une “injonction sociale à l’individualisation”, estime Anne-France Kogan, enseignant-chercheur à l’Ecole des Mines de
Nantes. Aujourd’hui, l’autonomie devient
une valeur cardinale et l’individu doit être
responsable de ses choix, en substance.
Le numérique incarne autant qu’il accé-
lère radicalement le processus : les salariés font entrer leur téléphone mobile,
tablette ou ordinateur portable dans
l’entreprise, leurs réseaux de connaissances professionnelles et d’affinités
personnelles s’entremêlent, leurs passions se conjuguent au travail collectif,
leurs talents et créativités doivent fonctionner ensemble à l’ère de l’innovation…
In fine, l’entreprise aujourd’hui doit gérer
autant de quêtes du bonheur qu’il y a
d’individus en son sein. Car dans une économie dont la créativité est le moteur, le
génie de chacun tout comme sa relation
au collectif sont déterminants : la prise
en compte de l’individu dans toute sa
complexité, intime comme sociale, est
une donnée tout à fait nouvelle dans les
entreprises !
Plus prosaïque, l’exemple de l’utilisation professionnelle de son téléphone
ou ordinateur portable personnel (phénomène connu sous l’acronyme Byod,
pour Bring your own device), qui pose
d’importants problèmes de sécurité des
données et de compatibilité logicielle, est
typique des transformations actuelles
: où se situe la frontière entre travail et
activité personnelle, activité associative,
temps libre ? Comment décompter le
temps de travail quand on peut traiter la
demande d’un client dans les transports
en commun et pendant les vacances ?
Comment faire vivre un collectif quand
le “lieu de travail” perd de sa signification (c’est la question qui a conduit
Marissa Mayer à décider l’interdiction
du télétravail chez Yahoo) ? Ces questions sont plus qu’essentielles, elles sont
existentielles : Comment les entreprises
pourront-elles survivre dans leur forme
actuelle, alors que tous les fondements
de leur existence moderne sont sapés ?
Sauront-elles se montrer suffisamment
agiles pour se réinventer ?
>> un management qui cherche plus
à stimuler et accompagner qu’à
imposer, ce qui se concrétise par
exemple par un accompagnement
plutôt qu’une interdiction du Byod ;
>> un fonctionnement en “entreprise
étendue” qui se diffuse : au cœur
de la réussite de Poult, ce modèle
partenarial destiné à favoriser la
réalisation de projets est aujourd’hui
revendiqué par des grandes entreprises dans leur relation avec leur
écosystème de PME sous-traitantes ;
>> une organisation qui brise les
silos, cherche à favoriser le travail
“en mode start-up” et stimule l’
“intrapreneuriat” (concept qui veut
que le salarié soit un entrepreneur à
l’intérieur de l’entreprise)…;
>> des entités qui deviennent “apprenantes”, en créant notamment leurs
propres universités.
Face
aux
mutations
numériques,
Nathalie Andrieu, directrice générale
en charge du numérique au Groupe La
Poste n’a eu d’autre choix que de revoir
son modèle économique, son organisation et son fonctionnement. Elle explique
ainsi que son entreprise cherche aujourd’hui à valoriser, parmi ses salariés,
quatre traits de caractère propres aux
entrepreneurs :
>> 1. goût du risque ;
>> 2. non conformisme ;
>> 3. capacité d’organisation et efficacité personnelle ;
>> 4. capacité à se remettre en cause.
“L’entreprise
étendue”
prend
corps grâce au numérique
Elle préconise d’adopter le modèle de
“l’entreprise étendue”, qui fonctionne en
écosystème en intégrant ses sous-trai-
1. Le futur du travail dans l’entreprise (1/2) : l’agilité… ou le néant ?
tants et tous les acteurs d’un projet : “On
doit travailler ensemble, faire coopérer
start-ups et grandes entreprises, au lieu
de les opposer. Une entreprise comme
La Poste a besoin d’être bousculée par
des startups qui remettent en cause les
habitudes, les rythmes”, reconnaît-elle.
“Ce n’est que comme ça que la France
pourra reprendre un temps d’avance”.
Ceci étant dit, l’arrivée de “l’extérieur”
dans l’entreprise et la prise de pouvoir d’individus qui y font entrer leur vie
privée via les appareils numériques (le
fameux Byod), pose un défi de taille
aux responsables informatiques : comment éviter l’anarchie ? Comment éviter
de perdre le contrôle, avec tout ce que
cela implique en termes de sécurité des
informations confidentielles notamment
? Poussés par la démocratisation des
usages privés (la “consumérisation de
l’IT”, c’est-à-dire des technologies de
l’information”, le fait que des produits initialement conçus pour un usage domestique soient adaptés au marché professionnel), les employés construisent peu
à peu un Shadow IT – une informatique
parallèle – où chacun amène et utilise
l’outil qu’il préfère, en contournant la
norme. Une telle fronde douce, sans revendication, est une nouveauté pour les
entreprises !
Pour Philippe Bletterie, responsable
du management chez Alcatel-Lucent,
l’alternative est claire : “soit la patrouille
s’adapte, soit non, et on travaille moins
bien, dans de moins bonnes conditions”.
Sans accompagnement des usages, le
mal-être guette ; plus fondamentalement, au-delà des “risques psycho-sociaux”, il s’agit selon lui de savoir intégrer
le nouveau capital apporté par l’individu
au lieu de verrouiller les accès.
L’adaptation d’Alcatel-Lucent à cette
nouvelle réalité du travail s’est traduite
par l’élaboration d’un nouveau cadre
favorisant à la fois l’autonomie et le partage, avec notamment une bibliothèque
d’applications
professionnelles
que
chaque collaborateur choisit selon ses
propres besoins et, surtout, la création
d’un “Youtube d’entreprise” accessible
à distance. Baptisé OpenTouch Video
Store, cette plateforme concrétise la
notion d’entreprise étendue en permettant aux collaborateurs, fournisseurs,
21. 1. Le futur du travail dans l’entreprise (1/2) : l’agilité… ou le néant ?
clients et partenaires d’Alcatel-Lucent
de partager des documents vidéo en
lien avec leur activité – sans aucun matériel ni logiciel spécifique requis. Une
solution collaborative qui fluidifie la communication de l’entreprise avec toutes
ses parties prenantes, valorise l’apport
de chacun et stimule l’échange, tout en
faisant confiance à l’auto-régulation
sans pour autant sacrifier la maîtrise des
données.
Quand les usages et l’innovation
font la loi, le management se
réinvente
Corollaire de ce changement, l’élaboration d’un outil numérique en entreprise
ne se fait plus en top-down aujourd’hui
: ce n’est plus la Direction qui décide et
les salariés qui appliquent, notamment
parce que les usages individuels ont pris
une telle place dans la vie de chacun
que l’entreprise perdrait énormément
de temps, d’énergie et d’argent en cherchant à les contrer. Le DSI (Directeur
des systèmes d’information) voit son
rôle stratégique évoluer, il “s’ancre dans
le business“ – en offrant des solutions à
même d’augmenter la productivité – et
devient force de proposition pour assurer une politique numérique en phase
avec les usages. Pour satisfaire au mieux
aux préférences de chacun, les expérimentations et développements “par
itération” se multiplient, qui facilitent les
réactions rapides et flexibles au changement, autorisant les tests et les retours
en arrière. Le but : améliorer le bien-être
au travail tout en stimulant l’innovation.
Autre exemple encore avec Poult,
leader de la biscuiterie (1/5e des biscuits
vendus en France), qui connaît une croissance annuelle à deux chiffres – souvent
supérieure à 20%. La recette de Laurent
Noël, son responsable R&D et Innovation
: libérer les initiatives, notamment en
instaurant un leadership tournant pour
éviter que ne se cristallisent des lieux
de pouvoirs, et ainsi challenger sans
cesse la créativité de ses équipes – le
tout accompagné d’une communication
intensive et transparente (transmission
de tous les comptes de résultats) ainsi
que d’une politique de formation étoffée.
Chez Poult, le postulat de l’empowerment des salariés consiste en la “déhié-
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rarchisation”, la suppression des strates
et des postes de contrôle – deux échelons hiérarchiques ont déjà disparu.
Plutôt que d’interdire, le rôle des managers et des responsables des ressources
humaines de Poult est donc de définir le
sens et les objectifs du travail, en aidant
l’individu à se responsabiliser, en libérant
leurs capacités d’innovation. Au sein de
cette biscuiterie, les employés sont des
“intrapreneurs” et s’inscrivent dans un
véritable écosystème : participation aux
pôles de compétitivité, création d’incubateurs internes (structures d’appui au
développement de projets innovants),
etc.
Vers
l’entreprise-artiste,
royaume des déviants ?
Poult est-elle pionnière ? Quel sera le
modèle de demain ? Quelle mythologie
remplacera celle, moribonde, des “merveilles de l’industrie” ? C’est la question
essentielle, selon Armand Hatchuel, professeur titulaire de la chaire “théories
de la conception” de l’Ecole des Mines,
coauteur de Refonder l’Entreprise (qui lui
a valu plusieurs prix littéraires, dont celui
de la Fondation ManpowerGroup pour
l’emploi) et pilote du projet de recherche
“L’entreprise, formes de la propriété et
responsabilités sociales” au Collège des
Bernardins. “Le processus d’innovation
est aujourd’hui le même que celui de la
création artistique”, assène-t-il. Pour lui,
la mutation de La Poste relève de cette
démarche : “Je ne suis plus ce que vous
pensez que je suis !”, proclamerait l’entreprise auprès de ses parties prenantes.
Henri Seydoux, PDG de l’entreprise de
systèmes et kits mains libres Parrot,
abonde dans son sens : “l’entreprise
d’aujourd’hui est un monde de saltimbanques”, sur le modèle de la Sillicon
Valley. Elle s’appuie sur des créatifs,
dont la valeur ajoutée repose avant
tout sur la capacité d’étonnement et à
penser contre la norme. Pour lui comme
pour Armand Hatchuel, la réticence des
Français au changement viendrait du fait
que les fondations du travail sont ancrées
dans nos imaginaires collectifs comme si
elles étaient par nature immuables. Pour
Armand Hatchuel : “Les termes « inno-
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ArticleS
vation » et « entreprise » sont historiquement ancrés, idéologisés ! Le modèle
d’innovation qui s’est imposé est celui
issu de la science. Connu de tous, il est
aujourd’hui saturé. Henri Seydoux estime
pour sa part que la planification qui a
fait la gloire de l’industrie est dépassée.
Pourtant, on ferait comme si elle pouvait encore avoir cours aujourd’hui, et
ce “mensonge” serait destructeur pour
l’aventure humaine qu’est l’entreprise
: “il est difficile de faire fonctionner des
collectifs fondés sur des leurres !”. Dans
un monde d’incertitude, un business
plan “doit tenir en une demie-page” et
les spécifications logicielles (c’est-à-dire
l’ensemble explicite d’exigences à satisfaire par un produit) seraient à bannir
parce qu’elles font croire en la possibilité
de totalement maîtriser le futur : “elles
transmettent une croyance dans un
monde idéalisé ; au final, elles induisent
en erreur”.
En somme, l’entreprise doit retrouver
sa raison d’être : “créer !”, rappelle Henri
Seydoux. “Devoir dégager des bénéfices, c’est sa contrainte, pas sa gloire”.
Pour Armand Hatchuel aussi, le seul
salut de l’entreprise, aujourd’hui, résiderait dans son basculement ontologique
: “L’entreprise du futur doit protéger le
déviant, car c’est le déviant qui innove et
qui est capable de créer de la rationalité
dans l’inconnu”.
Pour pousser ce changement, le chercheur propose deux options :
>> Refondre les cadres légaux, car
notre code du travail (1891) serait
obsolète
et
alimenterait
des
archaïsmes structurels. Et de
proposer un modèle : la “Flexible
purpose Corporation” créée en
Californie (Etats-Unis). Alors que la
loi américaine impose aux dirigeants
d’entreprises de poursuivre un
objectif unique (maximiser la performance de l’entreprise dans l’intérêt
des actionnaires), ce nouveau statut
permet d’élargir la mission principale de l’entreprise et d’éviter que
la maximisation du profit des seuls
actionnaires en soit l’unique horizon.
>> Redéfinir le gouvernement de l’entreprise, le management, pour le
rendre authentiquement “horizon-
1. Le futur du travail dans l’entreprise (1/2) : l’agilité… ou le néant ?
tal” et transformer les managers en
accompagnateurs du changement.
Peut-être même jusqu’au point de
“virer tous les chefs”, comme le préconise le gourou du management
Gary Hamel.
Hors de l’agilité, point de salut ?
La conférence Entreprise du futur lors
du Futur en Seine 2013 par l’Atelier de
l’emploiSi les entreprises cherchent à
anticiper et accompagner les bouleversements de leurs fondations, c’est parce
qu’ils remettent en cause leur existence
même. Comme l’explique Daniel Kaplan,
délégué général de la Fing, elles doivent
toutes prendre conscience, aujourd’hui,
de la nécessité d’évoluer en profondeur
si elles veulent éviter que ne surgissent
“des places Tahrir dans les entreprises”.
Reste, qu’au bout de ce tunnel de l’inconnu que “l’agilité” représente, il pourrait y avoir la lumière. Pour clore une
conférence passionnée sur l’entreprise
du futur, qui a donné lieu à de nombreux questionnements sur l’avenir de la
croissance, Philippe Lemoine, président
de la Fing, a rappelé que, en 1870, tous
les acteurs d’une société à genoux et à
bout de souffle se sont mis à dépasser
leur rôle pour trouver une voie de réenchantement et accéder à la “modernité”.
Résultat : en 1889, la tour Eiffel symbolisait le renouveau français lors de l’Exposition universelle de Paris. “En quinze ans,
on reprend la main sur le futur !”, s’enthousiasme Philippe Lemoine. Un mot
d’ordre, donc, pour que les entreprises
et tous leurs collaborateurs participent
activement à la réécriture d’un destin
commun : agilisez-vous !
L’Atelier de l’emploi
L’atelier de l’emploi est un blog de tendances, décryptages, analyses et solutions pour l’emploi édité par Manpower
Group. Ce double compte rendu des
ateliers et conférences portant sur l’avenir du travail organisés dans le cadre de
Futur en Seine 2013 est publié en partenariat avec l’expédition Digiwork de la
Fing.