3. John Maynard Keynes, qui a révolutionné l’économie,
au point que ses différents courants se définissent
aujourd’hui par rapport à sa pensée, est un pur
produit de Cambridge. Il a fréquenté l’élite
intellectuelle de cette ville universitaire dès son plus
jeune âge. Passionné par la politique, il a pris
position sur les dossiers chauds de son temps,
notamment en tant que journaliste, mais aussi en
tant qu’acteur de la vie économique et politique. Il
quitte momentanément l’enseignement à Cambridge
pour travailler au Trésor britannique qu’il représente
à la conférence de la Paix à Versailles. Formellement
opposé aux réparations de guerre que le traité de
1919 impose aux Allemands, il les dénonce dans son
pamphlet Les conséquences économiques de la paix
(1919). Il démissionne alors du Trésor britannique et
revient à Cambridge.
4. C’est dans le contexte de la crise économique
des années 30 qu’il rédige son oeuvre
fondamentale : La théorie générale de
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936).
Mais c’est pendant la guerre, sous le
gouvernement de Winston Churchill, que
Keynes atteint le sommet de son influence.
Ainsi, en 1944, à la conférence de Bretton
Woods qui crée le Fonds monétaire
international (FMI), il est l’un des principaux
architectes du système monétaire
international de l’après-guerre.
5. S’il fallait résumer la pensée de celui qui a le
plus marqué la réflexion économique du XXe
siècle, ce pourrait être : « Oui, le marché
engendre du chômage involontaire. »
Dans son grand oeuvre – La théorie générale
de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie –,
Keynes avance deux types d’explication
possibles pour rendre compte de cette
tendance du capitalisme à fonctionner en
deçà de ses potentialités :
6. – une explication radicale, fondée sur
l’incertitude du futur, qui pousse les hommes
d’affaires à faire montre de prudence et, du
coup, à investir moins qu’ils ne le devraient
– une explication plus traditionnelle, fondée
sur le fait que toute insuffisance initiale de la
demande tend à engendrer un cercle vicieux :
moins de demande, donc moins de
débouchés, donc moins de production, donc
moins de salaires, donc moins de demande…
7. Alors que la deuxième analyse débouche sur
une politique économique visant à regonfler
la demande défaillante, la première passe par
des institutions et des règles capables de
réduire l’incertitude de l’avenir. Ces deux
lectures de Keynes débouchent donc sur deux
rôles assez différents de l’Etat : c’est toute
l’ambiguïté d’un personnage brillant, capable
de suivre plusieurs idées à la fois sans jamais
trancher entre elles. Et c’est ce qui en fait
aussi la richesse.
8. La théorie keynésienne a permis de
comprendre la crise de 1929 et qui a été le
fondement des politiques économiques
pendant la période de forte croissance