2. Séance 5 – Introduction aux théories
de la monnaie
Année 2015-2016 2Séance 6
3. Plan
1. L’approche quantitativiste
1. Aux origines: J. Bodin (16ème)
2. La thèse de la monnaie-voile (J-B. Say, 19ème)
3. La théorie quantitative de la monnaie (Fischer, 1911)
4. La vision dichotomique
2. La tradition intégrationniste
1. Fondements de la demande de monnaie
2. La demande de monnaie (Keynes, 1936)
3. Les causes « réelles » de l’inflation
4. Le rôle de la BC
Année 2015-2016 3Séance 6
4. L’approche quantitativiste
1. Aux origines: J. Bodin (16ème)
• Forte inflation au 16ème siècle constatée en France,
en Angleterre, en Hollande et en Espagne.
• Explication habituelle de l’inflation à cette
époque: « mutation monétaire »
• Les monnaies sont métalliques => les rois ont le
pouvoir de faire frapper la monnaie donc la
possibilité technique pour la monnaie de contenir
moins de métal précieux
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5. Mutation monétaire (suite)
• Ainsi, en 1311 une livre de tournois (nom de la
monnaie) contient 21g d’argent. En 1580, cette
même livre n’en contient plus que 11,5g
• On a une dévalorisation mais la quantité de
métal précieux reste la même dans les échanges
• Ex: un pain vaut 1 livre en 1311 (21g d’argent), il
vaut alors 1,83 livres en 1580 (toujours 21g
d’argent)
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6. L’approche quantitativiste
• Hypothèse de base à cette époque: une baisse
de la valeur de la monnaie entraîne une hausse
du niveau général des prix
• Paradoxe de Malestroit: la hausse des prix
n’affecte que les prix monétaires, c’est une
hausse en apparence car les prix réels (en or et
argent) ne changent pas.
• Critique de Bodin: il rejette la thèse de
Malestroit en affirmant que la quantité de métal
dans les échanges à bien augmentée => afflux
d’or et d’argent du Nouveau Monde
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7. L’approche quantitativiste
2. La thèse de la monnaie-voile (J-B. Say, 19ème)
• Point de départ: La loi des débouchés => « Toute
offre crée sa propre demande »
• La monnaie est juste un intermédiaire des
échanges => les produits s’échangent contre des
produits, on vend un produit pour en acheter un
autre
• La monnaie n’a pas de rôle majeur, elle est
neutre (pas de valeur intrinsèque):
– Thésaurisation négligeable
– Toute offre crée sa propre demande
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8. L’approche quantitativiste
3. La théorie quantitative de la monnaie (TQM):
Fischer (1911)
• Les grands économistes du 19ème (F. Quesnay,
Turgot, A. Smith, J-B. say, D. Ricardo,…)
s’accordent sur deux points:
– La seule monnaie est la monnaie métallique.
Billets/Dépôts = substituts/dérivés
– Création monétaire => modification du niveau
général des prix + transfert de richesses vers ceux
qui reçoivent cette monnaie
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9. La théorie quantitative de la monnaie
• TQM = théories selon lesquelles la quantité de
monnaie est à l’origine de l’inflation
• Point de départ: évidence comptable =>
monnaie dépensée = valeur des marchandises
achetées
• Exemple: On suppose une économie ou ne
circule qu’un seul billet de 50euros. 2
transactions sont effectuées: achat de 100
baguettes à 0,50euros pièce et d’un four à
50euros
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10. La théorie quantitative de la monnaie
Année 2015-2016 10Séance 6
• Le billet circule dans l’économie => les
consommateurs achètent des baguettes, le boulanger
le four,…
• Problème: Quelle est la quantité produite dans
l’économie? On ne peut pas additionner des biens
hétérogènes => on exprime tout dans la même unité:
four en équivalent « unité de pain »
11. La théorie quantitative de la monnaie
Année 2015-2016 11Séance 6
• La quantité produite totale (=volume des
transactions) est égale à Y = 200
• Le niveau général des prix P = 0,5
• P x Y = 100 => valeur des biens échangés
• Quantité de monnaie circulant dans l’économie M =
50 euros
• Vitesse de circulation V = 2, 2 transactions effectuées
• M x V = valeur des dépenses = 100
12. La théorie quantitative de la monnaie
• On a donc la relation:
M x V = P x Y
Avec:
– M: quantité de monnaie en circulation
– V: vitesse de circulation de la monnaie = nombre
de fois qu’une même quantité de monnaie
permet de régler des transactions
– Y: production de l’économie
– P: niveau général des prix
Année 2015-2016 12Séance 6
13. La théorie quantitative de la monnaie
• Tous les économistes du 19ème/20ème sont
d’accords avec cette relation. Cependant, les
hypothèses pour expliquer l’inflation diffèrent.
• Différentes hypothèses:
– Monnaie endogène/exogène ?
– Comment M varie-t-il?
– Y-a-t-il de l’illusion monétaire? (agents sensibles aux
prix nominaux et non réels)
– Flexibilité ou rigidité des prix nominaux?
– Plein-emploi/Chômage?
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14. La théorie quantitative de la monnaie
• Conclusions possibles à partir des hypothèses
retenues:
– Masse monétaire = sous-produit de l’activité
économique sur lequel on ne peut pas vraiment
agir
– Agir sur M est possible et stimule la production
– Agir sur M est possible et stimule l’inflation et
non la production
– Mélange de ces différents effets possibles suivant
les échelles de temps
Année 2015-2016 14Séance 6
15. La théorie quantitative de la monnaie
• Fischer retient les hypothèses suivantes:
– On est au plein-emploi donc Y est constant et ne
dépend pas de V, M ni de P
– V est constant à court terme, on est au maximum
de ce qui peut être techniquement produit
– La Banque Centrale contrôle librement l’offre de
monnaie
• A partir de ces hypothèses, Fischer fournit
une explication causale de l’inflation
Année 2015-2016 15Séance 6
16. La théorie quantitative de la monnaie
• L’inflation, c’est-à-dire une variation de P, est
possible seulement avec une variation de M
• Il y a une variation proportionnelle de M et P
• Pour la TQM, l’inflation est un phénomène
monétaire
• Pour les monétaristes V est insensible aux
variations de M, sauf en période crise, où V
diminue.
• Ainsi, augmenter la masse monétaire permet de
compenser la baisse de la vitesse de circulation
et donc de restaurer le niveau des prix
Année 2015-2016 16Séance 6
17. La théorie quantitative de la monnaie
• V a augmenté depuis les années 1980
• En 2006, le PIB de l’UE était de 8 378
milliards d’euros
– M1 = 3 756 milliards donc V (M1) = 2,23
– M2 = 6 728 milliards donc V (M2) = 1,25
– M3 = 7 788 milliards donc V (M3) = 1,08
Année 2015-2016 17Séance 6
18. La théorie quantitative de la monnaie
• A partir de la fin de la 1ère Guerre Mondiale
et de la crise de 1929: remise en cause de la
TQM
• La monnaie n’est plus neutre
– Malthus: augmentation de M favorable à
l’économie et à l’emploi
– Schumpeter: augmentation de M due
principalement à l’augmentation des crédits =>
indispensable à l’investissement et la croissance
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19. L’approche quantitativiste
4. La vision dichotomique:
• Séparation entre deux sphères: réelle et
monétaire => la monnaie est exogène
Année 2015-2016 19Séance 6
20. La tradition intégrationniste
1. Fondements de la demande de monnaie:
• Encaisse monétaire = quantité de monnaie
que l’on possède => monnaie que l’on
considère comme la demande de monnaie
• Encaisse réelle = M/P
• Etre victime d’illusion monétaire, c’est
raisonner seulement avec M et non M/P
Année 2015-2016 20Séance 6
21. La tradition intégrationniste
• Même base de départ:
– M x V = P x Y
– M/P = (1/V) x Y
– avec 1/V = k, on a M/P = kY ou M = kPY
• Inversion de la relation de causalité: c’est en
fonction de leur revenu Y que les agents vont
demander de l’encaisse réelle
• Interaction entre la sphère réelle et la sphère
monétaire
Année 2015-2016 21Séance 6
22. La tradition intégrationniste
• Quelles hypothèses ont changé?
– On réfute l’hypothèse de plein-emploi (Y
constant): une situation de sous-emploi est
possible (Y peut varier)
– On réfute l’hypothèse de monnaie exogène
– On peut maintenir l’hypothèse de V constant: k
représente le pourcentage du revenu thésaurisé
(conservé sous forme de monnaie)
Année 2015-2016 22Séance 6
23. La tradition intégrationniste
2. La demande de monnaie (Keynes, 1936):
• Pour Keynes, il existe trois motifs pour
lesquels on va demander de la monnaie:
– Motif de transaction: décalage temporel possible
entre les recettes et les dépenses => la demande
de monnaie est fonction croissante du revenu
– Motif de précaution: volonté de demande de
monnaie en cas de dépense imprévue ou de
baisse de revenu imprévue => fonction
croissante du revenu
Année 2015-2016 23Séance 6
24. La tradition intégrationniste
2. La demande de monnaie (Keynes, 1936):
– Motif de spéculation: conserver de la monnaie
pour spéculer sur les marchés financiers. Les
titres financiers sont rémunérés par le taux
d’intérêt
• Pourquoi les agents continuent-ils à
conserver de la monnaie?
– Valeur nominale constante
– Disponibilité immédiate pour les paiements =>
préférence pour la liquidité
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25. La tradition intégrationniste
3. Les causes « réelles » de l’inflation:
• Vision non-dichotomique => interaction
entre les sphères « réelle » et « monétaire »
• Y et V peuvent varier => P varie à la suite
d’une variation de M, Y ou même de V.
• Ainsi, l’inflation peut venir de la monnaie
mais aussi de la production et des recettes
Année 2015-2016 25Séance 6
26. La tradition intégrationniste
4. Rôle de la Banque Centrale:
• Adapter l’offre de monnaie à la demande de
monnaie (besoins de transaction des agents)
– Si la BC ne répond pas à la demande des agents
=> risque de casser la croissance économique
– Si elle injecte trop de monnaie dans l’économie
par rapport à la demande des agents => risque
d’une inflation excessive
• Objectif de la BC : la croissance économique
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27. Conclusion
• Efficacité de la politique monétaire pour
soutenir la croissance: trois réponses:
– Réponse quantitativiste (Fisher) : aucune
efficacité
– « Dichotomie faible » (Friedman et les
monétaristes) : oui à court terme, non à long
terme
– Intégrationnistes (Keynes, Wicksell,…): oui sous
conditions
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28. A retenir
• La TQM et l’approche dichotomique
• L’approche intégrationiste
• Les motifs de demande de monnaie
• Les implications sur le rôle et l’efficacité des
BC
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