Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12b. Mémoire des guerres : la guerre de Cent ans
1. Diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’
Série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’
12 - La mémoire des guerres
12.b - La guerre de Cent Ans
Étienne Godinot 29.11.2023
2. La série de diaporamas
‘De l’offense à la réconciliation’
Sommaire : Rappel
Série 1 : Mémoire et reconnaissance de crimes du passé
1 - Introduction
2 - La mémoire de l’esclavage
3 - La mémoire du colonialisme
4 - La mémoire du génocide des Arméniens
5 - La mémoire de la Shoah
6-1 - La mémoire des crimes des pouvoirs communistes
6-2 - La mémoire des crimes des pouvoirs communistes
7 - La mémoire des crimes commis par les États-Unis
8 - La mémoire des crimes des Khmers rouges au Cambodge
9 - La mémoire du génocide du Rwanda
10 - La mémoire des crimes commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie
11 - La mémoire de l’apartheid en Afrique du Sud
12 - La mémoire des guerres
13 - La mémoire des crimes commis par les institutions religieuses
Série 2 : Justice, pardon et réconciliation
1 - Justice, pardon et réconciliation : dissiper les malentendus
2 - Pardon et réconciliation entre personnes
3 - Pardon et réconciliation entre groupes humains
4 - La réconciliation franco-allemande
5-1 - L’Algérie et la France : de 1830 à 1962
5-2 - L’Algérie et la France : depuis 1962
6 - Le Japon et les traces de sa période impériale en Asie du Sud-Est
7 - La Chine. Une volonté de revanche ?
8 - Institutions en faveur de la justice et des droits humains.
9 - Relire et dépasser le passé pour inventer l’avenir
3. 12 - La mémoire des guerres
Sommaire
Introduction
1 - La mémoire de guerres jusqu’à la fin du 19ème siècle
2 - La mémoire de la Première Guerre mondiale (1914-1918)
3 - La mémoire de la Deuxième Guerre mondiale (1930-1945)
4 - La mémoire des guerres de décolonisation de la France
4. 1 - La mémoire de guerres
jusqu’à la fin du 19ème siècle
Sommaire
1 - La mémoire de la guerre de Cent Ans (1337-1453)
2 - La mémoire de la guerre de Trente ans (1618-1648)
2 - La mémoire des guerres de Louis XIV (1635-1714)
3 - La mémoire de la guerre de Vendée (1793-1796)
4 - La mémoire des guerres de Napoléon (1805-1815)
5 - La mémoire de la guerre franco-prussienne (1870-1871)
5. La guerre de Cent Ans (1337-1453)
La guerre de Cent Ans est un conflit entrecoupé de trêves plus ou
moins longues, opposant, de 1337 à 1453, la dynastie des Plantagenêt à
celle des Valois et, à travers elles, le royaume d'Angleterre et celui de
France.
Le déclenchement de la guerre est motivé par la montée progres-
sive de la tension entre les rois de France et d’Angleterre au sujet de la
Guyenne, des Flandres et de l'Écosse. La question dynastique en est le
prétexte officiel.
Au-delà des causes politiques, elle a des causes culturelles, démographiques,
économiques et sociales.
Sous l’effet des progrès des techniques agraires et des défrichements (essar-
tages), la population s’accroît en Occident depuis le 10e siècle, on franchit un seuil
qui dépasse les capacités de productions agricoles dans certaines zones d’Europe
dès la fin du 13e siècle.
La dévaluation de la monnaie diminue les revenus fonciers fixés contractuelle-
ment : La noblesse doit compenser la diminution de ses revenus fonciers et la guerre
en est un excellent moyen grâce aux rançons perçues après capture d’un adversaire,
au pillage et à l’augmentation des impôts justifiée par la guerre. La noblesse, et plus
particulièrement la noblesse anglaise dont les revenus fonciers sont plus touchés,
adopte donc un comportement belliciste. En France, le roi Philippe VI de Valois doit
renflouer les caisses de l'État et une guerre permet de lever des impôts exception-
nels.
6. La guerre de Cent Ans : résumé historique *
1340-1360 : les défaites françaises
Pendant la première période de la guerre de Cent Ans, les Français subissent
une série de défaites entre plusieurs trêves : ils perdent la bataille navale de l'Écluse
(1340) laissant ainsi les Anglais libres de leurs mouvements entre leur île et le
continent. En 1346, le roi Édouard III fait une chevauchée dévastatrice depuis la
Normandie vers le nord du royaume. Lancé tardivement à sa poursuite, Philippe VI
perd la bataille de Crécy (1346) et Calais devient un port anglais.
En 1355, le Prince Noir, fils d'Édouard III, à partir de Bordeaux, fait une chevau-
chée dévastatrice en Aquitaine puis en 1356,en direction de Paris. Venant à sa
rencontre, le roi Jean le Bon est fait prisonnier à la bataille de Poitiers. Il est emmené
à Londres. Il est contraint d'accepter la signature du traité de Brétigny en 1360. La
France cède à l'Angleterre le duché de Guyenne agrandi ; en échange, Édouard III
renonce à la couronne de France.
Images : Bataille de l’Écluse (1340)
Bataille de Crécy (1346)
Bataille de Poitiers (1356)
* Le résumé ci-après est tiré du site itum-education (Québec)
7. La guerre de Cent Ans : résumé historique
• 1360-1386 : la reconquête sous Charles V
La deuxième période de la guerre est marquée par des succès français. Le
connétable Bertrand du Guesclin, chef de l'armée française refuse les batailles
rangées mais harcèle sans trêve les Anglais par une guérilla. Les Anglais perdent
une grande partie de leurs possessions d'Aquitaine. La guerre semble terminée.
• 1386-1428 : les troubles et l’éclatement du royaume de France
Sous le règne de Charles VI, le royaume de France tombe à nouveau dans le
désordre. Le roi de France est en effet frappé de crises de folie intermittentes et
son entourage se déchire pour exercer le pouvoir. Le pays sombre dans une
guerre civile qui oppose deux clans : les Armagnacs (partisans du dauphin
Charles, fils de Charles VI) et les Bourguignons (partisans du duc de Bourgogne,
cousin du roi, soutenu par la reine Isabeau de Bavière). Ces derniers finissent par
s'allier aux Anglais en 1414.
Après le désastre pour la chevalerie française de la bataille d'Azincourt en
1415, le roi d'Angleterre Henri V conquiert tout le nord de la France et prend Paris.
Le traité de Troyes, signé en 1420, déshérite le dauphin Charles. Le roi de France
marie sa fille à Henri V qui est désormais reconnu comme régent de France et
héritier du trône. Le nord-est du pays est sous domination bourguignonne et
seules les régions du sud obéissent au dauphin Charles, qui à la mort de son
père, en 1422, prend le titre de roi de France (Charles VII)
Images : Gisant de Bertrand du Guesclin à la basilique Saint-Denis
Bataille d’Azincourt (1415)
Charles VI et Isabeau de Bavière durant le traité de Troyes
8. La guerre de Cent Ans : résumé historique
• 1428–1453 : le renforcement et la victoire du roi de France
En 1428, les Anglais font le siège de la ville d'Orléans, favorable au roi
Charles VII et qui tient le passage de la Loire. Jeanne d'Arc, une jeune fille
de Lorraine, va trouver le roi à Chinon. Elle le convainc de lui confier des
troupes, qui vont délivrer Orléans. Les Anglais reculent vers le nord et le roi
est sacré à Reims le 17 juillet 1429 : il devient officiellement Charles VII.
Jeanne d'Arc tente de s'emparer de Paris en vain. Elle est capturée par les
Bourguignons à Compiègne. Ces derniers la livrent aux Anglais, qui la
jugent à Rouen ; elle y est brûlée vive le 29 mai 1431.
Charles VII réorganise son armée et finit par reprendre Paris (1436), la
Normandie (1450) et la Guyenne (1453). Les Anglais ne conservent que
Calais.
Batailles, mais aussi disettes, épidémies, bandes de
mercenaires pillant le pays lorsqu'ils ne sont plus payés par leur
embaucheur, etc.
La peste noire tue plus de 30 % des Européens en 5 ans
(1347-1352) faisant environ 25 millions de victimes.
Images : Le siège d’Orléans
La peste noire
9. Bilan de la guerre de Cent Ans
À la vue de la longueur de la période étudiée, il y a peu de
batailles, qui engagent rarement plus de 10 000 hommes. Elles
font souvent peu de victimes du fait de l'habitude de l'époque d'épargner
les prisonniers pour en tirer une rançon. Cependant, à Poitiers ou à
Azincourt les Anglais, voulant affaiblir durablement la chevalerie
française, ne font pas de quartier, ce qui a pour conséquence de
saigner fortement la noblesse française.
Sur le plan démographique, les batailles ont fait peu de morts en
dehors de la noblesse, mais les pillages ont eu des conséquences
néfastes sur les populations civiles.
Du point de vue militaire, cette guerre marque le déclin de la
cavalerie au profit de l’infanterie et l'apparition de l’artillerie.
La guerre de Cent ans aboutit à une affirmation du sentiment
national, la rivalité franco-anglaise n'étant plus dorénavant seulement
issue d'un conflit dynastique.
Images : - Scène de pillage
- Canon (reconstitution au château de Calmont d’Olt)
- Livre sur la vision des Anglais par les Français du 14è siècle à l’an 2000. En France, la guerre
de Cent Ans a été imputée au roi anglais, qui, par ses possessions en Europe continentale, était
un sujet féodal du roi de France qui avait trahi son seigneur. Un préjugé s'est développé en
France selon laquelle les Anglais étaient particulièrement traîtres. Ainsi Bossuet en 1654 parlant
en chaire de « la perfide Angleterre ».
10. Évolutions techniques et commerciales
Des progrès techniques se généralisent et favorisent le transport
maritime. Les navires gagnent en maniabilité (gouvernail d'étam-
bot), en taille, et des techniques nouvelles de navigation apparaissent : la
boussole est améliorée grâce aux travaux de Pierre de Maricourt sur le
magnétisme, on applique la correction mathématique de la déclinaison
magnétique, et on utilise l'arbalète, instrument qui permet de mesurer la
latitude. Ces progrès vont rendre possible la navigation transocéanique et
permettre les grandes découvertes.
Le secteur financier progresse. Afin de sécuriser les fonds, l'usage
des lettres de change se développe et permet d'éviter les transports de fonds
avec beaucoup moins de risque et l'impact des changements de cours
incessant de la monnaie. Cela se fait par le développement du réseau postal.
Pour mutualiser les risques, les commerçants s'associent en sociétés et
compagnies et créent des filiales indépendantes. En cas de faillite, la filiale
n'entraîne pas l'effondrement de l'ensemble de la compagnie. L'évolution
progressive vers la pénurie de métaux précieux et l'accroissement du
commerce avec l'Orient poussent à l'établissement de voies commerciales
vers l'Asie et à trouver de nouvelles sources de métaux précieux.
Images : Maison de change florentine (1490)
Gouvernail d’étambot
Epistola de magnete (1269) de Pierre de Maricourt
11. La mémoire de la guerre de Cent Ans
Les Bourgeois de Calais
La statue ‘Les Bourgeois de Calais’ (1889) commandée en 1885
à Auguste Rodin par le maire de Calais, Omer Dewavrin, évoque le
siège de Calais en 1346-1347 à la fin duquel le roi d’Angleterre exige
que six notables se sacrifient pour que la ville soit sauvée. Philippa de
Hainaut, reine d’Angleterre, persuade le roi Édouard III d'épargner la
vie de ces six malheureux. Cette intervention est mise en avant par le
principal chroniqueur de l'époque, Jehan Froissart, originaire du
Hainaut et proche des Anglais, afin de montrer leur bienveillance.
Rodin participe à l'entreprise de mythification de cet épisode
historique, faisant d'un banal rituel de capitulation, d'amende honorable
et d'humiliation tel qu'il était alors couramment pratiqué au Moyen Âge
après un siège, un acte d'héroïsme de notables sauvant la ville de la
destruction.
Images : Les groupe statuaire des six Bourgeois de Calais
Eustache de St Pierre et Jean d’Aire, deux des six notables
12. La mémoire de la guerre de Cent Ans
Jeanne d’Arc
En 1920 une ‘Fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme’
est instituée sur proposition du député et écrivain Maurice Barrès pour
célébrer chaque année lors du deuxième dimanche du mois de mai, le
jour anniversaire de la libération d’Orléans le 8 mai 1429. Dans l’eupho-
rie de la victoire française en 1918, de la récupération de l’Alsace et de
la Lorraine, de la canonisation de Jeanne d’Arc par l’Église catholique
quelques semaines plus tôt, les députés et sénateurs votent à l’unani-
mité l’instauration de cette fête.
Cette fête de Jeanne d’Arc, à Paris et à Orléans, est récupérée par
l’extrême droite dès les années 1920 (‘Action Française’, ‘Croix de Feu’
et ‘Camelots du Roi’) puis par le Front National de Jean-Marie Le Pen
depuis 1979 qui utilise maintenant la date du 1er mai (fête du Travail
occasion de la traditionnelle manifestation des syndicats de gauche
célébrant initialement l’abaissement de la durée du travail à 8 h) par un
contre-défilé.
Jeanne d’Arc, honorée le plus souvent comme héroïne de la France
dressée contre "la perfide Albion", pourrait être honorée d’abord comme
une victime de l’Inquisition-catholique-compromise-avec-le-pouvoir…
Images : Statue de Jeanne d’Arc à Orléans
et sur la place des Pyramides à Paris
14. La mémoire de la guerre de Cent Ans
Livres pour enfants, bandes dessinées, jeux
15. La mémoire de la guerre de Cent Ans
Documentaires, cinéma, télévision
16. La mémoire de la Guerre de Trente ans
Films, documentaires, Internet
Le ‘Musée protestant’ (anciennement ‘Musée virtuel du protestantisme’), créé en
2003 par la ‘Fondation pasteur Eugène Bersier’, présente très bien la guerre de
Trente Ans comme « une guerre religieuse et politique qui dévasta l’Allemagne au
XVIIe siècle. Conflit d’abord religieux entre les princes protestants et la maison
des Habsbourg, souveraine du Saint-Empire, elle dégénéra en guerre europé-
enne du fait de l’intervention de puissances étrangères, essentiellement la Suède
et la France. »
Il consacre aussi notamment des pages
- aux guerres de religion en Europe du 16ème au 19ème siècle,
- à Turenne (1611-1675), converti du protestantisme au catholicisme, chef
militaire à la tête de l’armée d’Allemagne de 1644 à 1648 pendant la guerre de
Trente Ans. ■
Image ci-dessus : Le petit documen-
taire en 6,19 mn sur la Guerre de
Trente Ans de la chaîne TéléCrayon,
spécialisée en histoire et géographie,
montre avec humour la complexité et
l’absurdité de ces guerres à base de
fanatisme religieux et d’ambitions
politiques et économiques.