SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  5
Télécharger pour lire hors ligne
« Enquêtes de l’histoire»
DOC 1
DOC 2 : Gouache de Claude Cholat offert à l’Assemblée nationale en 1791.
Ce tableau raconte la prise de la Bastille, en rendant hommage aux vainqueurs de la Bastille, dont l’auteur fait lui-
même partie. Les assaillants sont donc facilement identifiables au premier plan : de simples Parisiens (ouvriers,
artisans, boutiquiers), des membres des gardes françaises* (se protégeant dans les maisons) et d’autres hommes qui
se distinguent : Jacques-Job Elie (l’officier en uniforme blanc) qui commande aux canonniers, à ses côtés, les deux
« délégués » qui furent désignés pour aller négocier avec le gouverneur De Launay : l’Abbé Claude Fauchet et un
certain Chignard.
DOC 3 : Charles Thévenin (1764-1838), Arrestation de Monsieur de Launay, dans la deuxième cour de la
Bastille, le 14 juillet 1789, huile sur toile, Paris, musée Carnavalet, 1793 © Musée Carnavalet/ Roger-Viollet
DOC 4 : Deux courtes dépositions contradictoires
A. Déposition de Barras, un
révolutionnaire.
B. Déposition de Marmontel, une
personne éclairée.
Les avant-cours de la Bastille avaient été
abandonnées. Quelques hommes déterminés
ayant osé rompre les chaînes du pont-levis, le
peuple en foule y était entré. De là, sourd à la
voix des soldats qui, du haut des tours,
s’abstenaient de tirer sur lui et lui criaient de
s’éloigner, il voulut se porter sur les murs du
château. Ce fut alors qu’on fit feu sur lui. (…)
Le peuple furieux se vengea. Les casernes et
les boutiques de l’avant-cour furent livrées
aux flammes. De Launay (…) se vit forcé de se
rendre. (…)
Dès que le pont fut baissé, le peuple se jeta
dans la cour du château plein de furie. Les
Invalides qui défendaient le fort furent tués.
De Launay eut la tête tranchée sous les murs
de l’hôtel de ville. Sa tête fut promenée dans
Paris par la populace. Tels furent les exploits
des vainqueurs de la Bastille, le 14 juillet
1789.
DOC 5 : Déposition du témoin principal : Louis Delflue, défenseur de la Bastille.
 « Le 12 juillet 1789, vers le soir, on apprit dans la Bastille qu’on se disposait à attaquer le magasin des poudres de l’Arsenal
(…) on engagea M. de Launay à prendre les poudres dans la Bastille ; il y consentit. (…) On les plaça dans la cour du puits,
assez mal couvertes. M. le gouverneur ordonna la même nuit que la garnison eût à se retirer dans l’intérieur du château, ne
voulant pas, au cas qu’il fût attaqué, défendre l’extérieur de la place.
 (…)Voyant pendant la journée du 13, du haut des tours de la Bastille, les différents incendies qui se commettaient à l’entour
de la ville, nous craignîmes que pareille chose n’arrivât autour de la place, ce qui aurait mis en danger les poudres qui se
trouvaient alors dans la Bastille. C’est pourquoi je m’occupai à trouver un endroit où elles fussent plus en sûreté (…) un
souterrain ou un cachot (…).
On apprit dans la même matinée, que le voisinage de la Bastille ainsi que la bourgeoisie étaient alarmés de voir les canons
braqués sur la ville. (…) Sur ce bruit, le gouverneur ordonna qu’on dépointât les canons et qu’on les retirât.
 (…)Vers midi (le 14 juillet), vint un détachement de bourgeois armés. Il s’arrêta dans la première cour et demanda à parler
au gouverneur, qui reçut quelques-uns d’eux (…) J’appris par leur conversation que ce bourgeois demandait, au nom de la
ville, qu’on descendît les canons des tours ; qu’en cas qu’on vînt attaquer la place on ne fît pas de résistance, qu’on ne devait
point faire la guerre à la nation, qu’il était inutile de verser le sang de citoyens, et qu’après avoir tué beaucoup de monde on
serait toujours obligé de se rendre.
(…) Le gouverneur lui répondit qu’il ne pouvait rendre la place à qui que ce fût, que sa tête en répondait, et qu’il la
défendrait si longtemps qu’il le pourrait ; que cependant, pour tranquilliser la bourgeoisie, il avait déjà fait dépointer et
retirer les canons, qu’il pouvait en assurer ses commettants, et qu’il lui donnait sa parole d’honneur que son intention était
de n’insulter qui que ce fût, pourvu qu’on ne cherchât point à s’emparer de la place, et qu’on ne vînt point attaquer ni les
ponts ni les portes (…) Le gouverneur nous dit qu’il croyait que la chose était arrangée, et qu’il espérait n’être point attaqué ;
cependant le député partit assez mécontent (…)
 Vers trois heures de l’après-midi une troupe de bourgeois armés, mêlés de quelques gardes françaises*, vint attaquer du
côté de l’Arsenal. Ils entrèrent sans difficulté dans la première cour, n’ayant laissé pour garder la porte qu’un seul Invalide.
Le gouverneur n’avait même pas voulu qu’il fût armé. On monta sur le pont qui était levé. On coupa les balanciers auxquels
les chaînes sont attachées, et le pont tomba. Cette opération pouvait se faire d’autant plus aisément que le gouverneur avait
ordonné de ne point tirer sur les assiégeants avant de les avoir sommés de se retirer, ce qui ne pouvait se faire vu
l’éloignement. Cependant, les assiégeants tirèrent les premiers sur ceux qui étaient au haut des tours, ce qu’avaient déjà fait
la veille différentes troupes qui passaient dans le voisinage (…)
 On y répondit de la place par quelques coups de canon. Les assiégeants (…) firent amener leurs pièces de canon dans la cour
du gouvernement , et les placèrent sur l’entrée du pont, les pointant contre la porte. M. de Launay voyant ces dispositions
du haut des tours, sans avoir consulté ni avisé avec son état-major et sa garnison, fit rappeler par un tambour qu’il avait avec
lui. Sur cela, (…) la foule approcha, et le gouverneur demanda à capituler. On ne voulut point de capitulation, et les cris de
bas les ponts ! furent toute réponse.
 (…) Je cherchai après cela le gouverneur, afin de savoir quelles étaient ses intentions. Je le trouvai dans la salle du conseil,
occupé à écrire un billet, par lequel il marquait aux assiégeants qu’il avait vingt milliers de poudre dans la place, et que, si on
ne voulait pas accepter de capitulation, il ferait sauter le fort, la garnison et les environs. Il me remit ce billet avec ordre de le
faire passer. (…) Je lui dis que la garnison et le fort n’avaient souffert encore aucun dommage, que les portes étaient encore
entières, et qu’on avait encore des moyens de se défendre, car nous n’avions qu’un Invalide de tué, et deux ou trois blessés.
Il parut ne point goûter ma raison ; il fallut obéir. Je fis passer le billet (…) mais il fut sans effet. On persista à crier bas les
ponts ! et point de capitulation !
 (…) J’attendais le moment que le gouverneur exécutât sa menace ; je fus très-surpris le moment d’après, de voir quatre
Invalides approcher des portes, les ouvrir, et baisser les ponts. La foule entra tout à coup.
 On nous désarma à l’instant, et une garde fut donnée à chacun de nous. On entra dans tous les appartements, on saccagea
tout, on s’empara des armes qui y étaient, on jeta par les fenêtres les papiers des archives, et tout fut au pillage. (…) Il n’y a
pas de mauvais traitements que nous n’ayons essuyés dans ces moments. Nous étions menacés d’être massacrés de toutes
les manières possibles. Enfin, la fureur des assiégeants se calma un peu, et on me conduisit alors, avec une partie de ma
troupe qui était restée près de moi dans la mêlée, à l’Hôtel de Ville.
 Pendant le trajet, les rues et les maisons, même sur les toits, étaient remplies d’un monde innombrable qui m’insultait et me
maudissait. J’avais continuellement des épées, des baïonnettes, des pistolets sur le corps. Je ne savais comment je périrais
(…). Ceux qui n’avaient point d’armes lançaient des pierres contre moi, les femmes grinçaient des dents et me menaçaient
de leurs poings. Déjà deux de mes soldats avaient été assassinés derrière moi (…). J’arrivai enfin, sous un cri général d’être
pendu, jusqu’à quelques centaines de pas de l’Hôtel de Ville, lorsqu’on apporta devant moi une tête perchée sur une pique,
laquelle on me présenta pour la considérer, me disant que c’était celle de M. de Launay. Traversant la-place de Grève, on me
fit passer à côté de M. de Lorme, major de la place, qui était à terre baigné dans son sang. J’entendais dire que plus loin on
avait tué M. de Miray, aide-major. Vis-à-vis de moi, on était occupé à pendre à un réverbère un officier et deux simples
Invalides.
Louis Deflue, défenseur de la Bastille, commandant de la portion valide de la garnison assiégée le 14 juillet
1789. http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article3656
Vocabulaire :
La Bastille*est une prison royale où sont enfermées les victimes des lettres de cachet. C’est une forteresse
imposante : elle s’élève à 24 mètres de hauteur (ce qui équivaut à un immeuble de 8 étages), elle
comporte 8 tours et courtines et elle est entourée d’un fossé profond de 8 mètres. Elle est dirigée par un
gouverneur, M. de Launay et défendue par quelques soldats, invalides pour la plupart.
En réalité, Louis XVI l’utilisait très peu (les lettres de cachet avaient été abolies en 1785) et projetait
même de la fermer puis la détruire. Le 14 juillet 1789, elle ne détenait d’ailleurs que 7 prisonniers dont les
cellules n’étaient même pas fermées.
Bataillons suisses et allemands* : soldats au service du Roi qui entourent Paris.
Camille Desmoulins* : journaliste et grand orateur du Palais-Royal.
Gardes françaises* : troupe d’infanterie d’élite du roi qui passa aux côtés du peuple de Paris le 14 juillet
1789.
Garde Nationale : en 1789, milice formées pas les citoyens de chaque ville pour défendre les biens et les
personnes.
Invalides* : l’Hôtel des Invalides est un monument parisien dont la construction fut ordonnée par Louis
XIV pour abriter les invalides de ses armées.
Marquis de Launay (1740-1789) *: gouverneur de la Bastille. Le 14 juillet 1789, lors de la prise de la
prison, il est massacré par les patriotes malgré une tentative de médiation. Procureur du roi, sa tête sera
dit-on, promenée au bout d'une pique dans les rues de la capitale. Cet événement est l'objet d'une toile
de Charles Thévenin.
Patriote* : qui aime ardemment sa patrie et le prouve par ses actes. En 1789, être patriote signifie aussi
être un partisan des idées nouvelles de la révolution.
Saint-Barthélemy des patriotes* : fait référence à la nuit de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, jour de
la Saint-Barthélemy, au cours de laquelle les protestants ont été massacrés à Paris. Camille Desmoulins
craint donc des représailles contre les partisans de la Révolution.
DOC 6 : De Launay vu par l’un de ses officiers (extrait de la déposition de Louis Delflue).
« Le gouverneur de ce château, le comte de Launay, était un homme sans grandes connaissances militaires, sans
expérience et de peu de cœur (…). Dès le premier jour après mon arrivée j’appris à connaître cet homme ; par tous
les préparatifs qu’il faisait pour la défense de son poste et qui ne rimaient à rien, et par son inquiétude continuelle et
son irrésolution, je vis clairement que nous serions bien mal commandés, si nous étions attaqués. Il était tellement
frappé de terreur que la nuit il prenait pour des ennemis les ombres des arbres et des autres objets environnants ; et
pour cela nous devions être sur pieds toute la nuit (…) »
Louis Deflue, défenseur de la Bastille, commandant de la portion valide de la garnison assiégée le 14 juillet
1789. http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article3656
DOC 7: Dans les épisodes précédents (contexte)
- 20 juin 1789 : Serment du Jeu de Paume, les députés du tiers état défient le Roi. Ils se proclament
« assemblée nationale » dans le but de faire avancer les réformes.
- 20 au 27 juin 1789 : le Roi refuse puis cède et ordonne aux députés de la noblesse et du clergé de se joindre
à ceux du tiers état dans l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale est officiellement reconnue.
- début juillet 1789 : le Roi, poussé à la fermeté par son entourage, ordonne à des régiments composés
essentiellement de mercenaires étrangers (environ 30 000 hommes) de se déployer près de la capitale. Ils
patrouillent autour de Paris pour prévenir d’autres troubles éventuels. Toutes sortes de rumeur circulent. Le
peuple de Paris prend peur.
- 12 juillet 1789 : - annonce du renvoi du ministre des finances, Necker. Il était populaire car il avait la
réputation de lutter contre les « accapareurs » (marchands de pain accusés de profiter de la crise pour
s’enrichir et affamer le peuple).
- discours public de Camille Desmoulins*. Il est acclamé par la foule qui se mobilise.
- 13 juillet 1789 : à Paris, des attroupements se forment, une foule de 6000 personnes défile dans les rues de
Paris, précédée du buste de Necker. Les Halles qui renferment de grandes quantités de nourriture sont
attaquées et pillées, des tranchées sont creusées, des barricades sont élevées et une « milice » (ou « garde
nationale ») est créée par les bourgeois pour se protéger des troupes du Roi mais aussi pour éviter les pillages.
- Le matin du 14 juillet 1789 : à la recherche d’armes, la garde nationale, suivie de la foule, envahit les
Invalides et distribue les milliers de fusils et les quelques canons qui s’y trouvent, puis se rend à la Bastille
pour s’emparer de la poudre et des munitions.
DOC 8 Extrait du discours de Camille Desmoulins*, 12 juillet 1789.
« Citoyens, il n’y a pas un moment à perdre. J’arrive de Versailles. Monsieur Necker est renvoyé ; ce renvoi
est le tocsin d’une Saint-Barthélémy des patriotes* : ce soir, tous les bataillons suisses et allemands*
sortiront du Champ-de-Mars pour nous égorger. Il ne nous reste plus qu’une ressource, c’est de courir aux
armes et de prendre une cocarde pour nous reconnaître. Quelle couleur voulez-vous ? Voulez-vous le vert,
couleur de l’espérance, ou le bleu(…) couleur de la liberté d’Amérique et de la démocratie ?

Contenu connexe

Tendances

Comment rédiger une observation médicale ++++
Comment rédiger une observation médicale ++++Comment rédiger une observation médicale ++++
Comment rédiger une observation médicale ++++Basset azd
 
Cancers du sein : nouvelle classification TNM - 8è édition / AJCC
Cancers du sein : nouvelle classification TNM - 8è édition / AJCCCancers du sein : nouvelle classification TNM - 8è édition / AJCC
Cancers du sein : nouvelle classification TNM - 8è édition / AJCCElisabeth RUSS
 
Les indications de la transfusion
Les indications de la transfusionLes indications de la transfusion
Les indications de la transfusionAbdessamed Bayou
 
Infections cutanées bactériennes medecine-cours.com
Infections cutanées bactériennes medecine-cours.comInfections cutanées bactériennes medecine-cours.com
Infections cutanées bactériennes medecine-cours.comNabil Geekk
 
1. Examens Biologiques.pdf
1. Examens Biologiques.pdf1. Examens Biologiques.pdf
1. Examens Biologiques.pdfRayanRayan27
 
Cours soins infirmiers en chirurgie (3éme partie)
Cours soins infirmiers en chirurgie (3éme partie)Cours soins infirmiers en chirurgie (3éme partie)
Cours soins infirmiers en chirurgie (3éme partie)SANAA TOUZAMI
 
chambre implantable chimiotherapie
chambre implantable  chimiotherapie chambre implantable  chimiotherapie
chambre implantable chimiotherapie Patou Conrath
 
Lésions dermatologiques et endocrinologie.
Lésions dermatologiques et endocrinologie.Lésions dermatologiques et endocrinologie.
Lésions dermatologiques et endocrinologie.endocrinologie
 
La leucémie power point
La leucémie power pointLa leucémie power point
La leucémie power pointAliSou0154
 
Analgésie locorégionale continue périnerveuse et péridurale
Analgésie locorégionale continue périnerveuse et périduraleAnalgésie locorégionale continue périnerveuse et péridurale
Analgésie locorégionale continue périnerveuse et périduralePatrick Antoine
 
Hygiène hospitalière enjeux_d'aujourd'hui_et_demain
Hygiène hospitalière enjeux_d'aujourd'hui_et_demainHygiène hospitalière enjeux_d'aujourd'hui_et_demain
Hygiène hospitalière enjeux_d'aujourd'hui_et_demainDr Taoufik Djerboua
 
Drainage thoracique
Drainage thoraciqueDrainage thoracique
Drainage thoraciquegoudaivaa
 

Tendances (20)

Comment rédiger une observation médicale ++++
Comment rédiger une observation médicale ++++Comment rédiger une observation médicale ++++
Comment rédiger une observation médicale ++++
 
Cancers du sein : nouvelle classification TNM - 8è édition / AJCC
Cancers du sein : nouvelle classification TNM - 8è édition / AJCCCancers du sein : nouvelle classification TNM - 8è édition / AJCC
Cancers du sein : nouvelle classification TNM - 8è édition / AJCC
 
Python avancé : Tuple et objet
Python avancé : Tuple et objetPython avancé : Tuple et objet
Python avancé : Tuple et objet
 
Les indications de la transfusion
Les indications de la transfusionLes indications de la transfusion
Les indications de la transfusion
 
Toxo final (1)
Toxo final (1)Toxo final (1)
Toxo final (1)
 
Infections cutanées bactériennes medecine-cours.com
Infections cutanées bactériennes medecine-cours.comInfections cutanées bactériennes medecine-cours.com
Infections cutanées bactériennes medecine-cours.com
 
Toxoplasmose
ToxoplasmoseToxoplasmose
Toxoplasmose
 
Mal De Pott
Mal De PottMal De Pott
Mal De Pott
 
1. Examens Biologiques.pdf
1. Examens Biologiques.pdf1. Examens Biologiques.pdf
1. Examens Biologiques.pdf
 
Cours soins infirmiers en chirurgie (3éme partie)
Cours soins infirmiers en chirurgie (3éme partie)Cours soins infirmiers en chirurgie (3éme partie)
Cours soins infirmiers en chirurgie (3éme partie)
 
chambre implantable chimiotherapie
chambre implantable  chimiotherapie chambre implantable  chimiotherapie
chambre implantable chimiotherapie
 
Lésions dermatologiques et endocrinologie.
Lésions dermatologiques et endocrinologie.Lésions dermatologiques et endocrinologie.
Lésions dermatologiques et endocrinologie.
 
La leucémie power point
La leucémie power pointLa leucémie power point
La leucémie power point
 
Analgésie locorégionale continue périnerveuse et péridurale
Analgésie locorégionale continue périnerveuse et périduraleAnalgésie locorégionale continue périnerveuse et péridurale
Analgésie locorégionale continue périnerveuse et péridurale
 
Hygiène hospitalière enjeux_d'aujourd'hui_et_demain
Hygiène hospitalière enjeux_d'aujourd'hui_et_demainHygiène hospitalière enjeux_d'aujourd'hui_et_demain
Hygiène hospitalière enjeux_d'aujourd'hui_et_demain
 
Stélirisation
StélirisationStélirisation
Stélirisation
 
Nodule thyroïdien
Nodule thyroïdienNodule thyroïdien
Nodule thyroïdien
 
Antiparasitaires
AntiparasitairesAntiparasitaires
Antiparasitaires
 
Ch 01 poo
Ch 01 pooCh 01 poo
Ch 01 poo
 
Drainage thoracique
Drainage thoraciqueDrainage thoracique
Drainage thoracique
 

Similaire à 4e h cdevadde_rdocs

Raconter la journée de 14 juillet comme les journalistes télé
Raconter la journée de 14 juillet comme les journalistes téléRaconter la journée de 14 juillet comme les journalistes télé
Raconter la journée de 14 juillet comme les journalistes téléCéline Langlet
 
La Premiere RéPublique
La Premiere RéPubliqueLa Premiere RéPublique
La Premiere RéPubliqueorigene
 
12 personnages liés à la ville de Pont-de-l'Arche
12 personnages liés à la ville de Pont-de-l'Arche12 personnages liés à la ville de Pont-de-l'Arche
12 personnages liés à la ville de Pont-de-l'ArcheArmand_Launay
 
Adolphe thiers histoire de la revolution francaise, iii
Adolphe thiers   histoire de la revolution francaise, iiiAdolphe thiers   histoire de la revolution francaise, iii
Adolphe thiers histoire de la revolution francaise, iiiAndre Iridium
 
Livret pour la visite du Paris Révolutionnaire
Livret pour la visite du Paris RévolutionnaireLivret pour la visite du Paris Révolutionnaire
Livret pour la visite du Paris RévolutionnaireChristine FIASSON
 
Sortie - Découverte des lieux de la Révolution à Paris
Sortie - Découverte des lieux de la Révolution à ParisSortie - Découverte des lieux de la Révolution à Paris
Sortie - Découverte des lieux de la Révolution à ParisChristine FIASSON
 
Le 25 août 1689 : de la forge de Feronval à la bataille de Walcourt
Le 25 août 1689 : de la forge de Feronval à la bataille de WalcourtLe 25 août 1689 : de la forge de Feronval à la bataille de Walcourt
Le 25 août 1689 : de la forge de Feronval à la bataille de WalcourtJean philippe Body
 
lieux qui ont fait l'histoire
lieux qui ont fait l'histoirelieux qui ont fait l'histoire
lieux qui ont fait l'histoireBalcon60
 
Histoire du soldat inconnu
Histoire du soldat inconnuHistoire du soldat inconnu
Histoire du soldat inconnuRobert Martin
 
Louis14, le baroque et versailles
Louis14, le baroque et versaillesLouis14, le baroque et versailles
Louis14, le baroque et versaillesmercheguillen
 
Promenade à lille
Promenade à lillePromenade à lille
Promenade à lilleloic3r
 
Promenade à lille
Promenade à lillePromenade à lille
Promenade à lillepatetbenji
 
Le pont NEUF_vu_par_les_peintres
Le pont NEUF_vu_par_les_peintresLe pont NEUF_vu_par_les_peintres
Le pont NEUF_vu_par_les_peintresBalcon60
 

Similaire à 4e h cdevadde_rdocs (20)

Raconter la journée de 14 juillet comme les journalistes télé
Raconter la journée de 14 juillet comme les journalistes téléRaconter la journée de 14 juillet comme les journalistes télé
Raconter la journée de 14 juillet comme les journalistes télé
 
Passerelle debilly
Passerelle debillyPasserelle debilly
Passerelle debilly
 
La Premiere RéPublique
La Premiere RéPubliqueLa Premiere RéPublique
La Premiere RéPublique
 
12 personnages liés à la ville de Pont-de-l'Arche
12 personnages liés à la ville de Pont-de-l'Arche12 personnages liés à la ville de Pont-de-l'Arche
12 personnages liés à la ville de Pont-de-l'Arche
 
Adolphe thiers histoire de la revolution francaise, iii
Adolphe thiers   histoire de la revolution francaise, iiiAdolphe thiers   histoire de la revolution francaise, iii
Adolphe thiers histoire de la revolution francaise, iii
 
Livret pour la visite du Paris Révolutionnaire
Livret pour la visite du Paris RévolutionnaireLivret pour la visite du Paris Révolutionnaire
Livret pour la visite du Paris Révolutionnaire
 
La Commune de Paris en images
La Commune de Paris en imagesLa Commune de Paris en images
La Commune de Paris en images
 
Sortie - Découverte des lieux de la Révolution à Paris
Sortie - Découverte des lieux de la Révolution à ParisSortie - Découverte des lieux de la Révolution à Paris
Sortie - Découverte des lieux de la Révolution à Paris
 
Le 25 août 1689 : de la forge de Feronval à la bataille de Walcourt
Le 25 août 1689 : de la forge de Feronval à la bataille de WalcourtLe 25 août 1689 : de la forge de Feronval à la bataille de Walcourt
Le 25 août 1689 : de la forge de Feronval à la bataille de Walcourt
 
lieux qui ont fait l'histoire
lieux qui ont fait l'histoirelieux qui ont fait l'histoire
lieux qui ont fait l'histoire
 
Histoire du soldat inconnu
Histoire du soldat inconnuHistoire du soldat inconnu
Histoire du soldat inconnu
 
Le soldat inconnu
Le soldat inconnuLe soldat inconnu
Le soldat inconnu
 
Louis14, le baroque et versailles
Louis14, le baroque et versaillesLouis14, le baroque et versailles
Louis14, le baroque et versailles
 
Promenade à lille
Promenade à lillePromenade à lille
Promenade à lille
 
Promenade à lille
Promenade à lillePromenade à lille
Promenade à lille
 
1629 1715
1629 17151629 1715
1629 1715
 
Grande Guerre (1)
Grande Guerre (1)Grande Guerre (1)
Grande Guerre (1)
 
Le pont NEUF_vu_par_les_peintres
Le pont NEUF_vu_par_les_peintresLe pont NEUF_vu_par_les_peintres
Le pont NEUF_vu_par_les_peintres
 
Paris 1 ch
Paris 1 chParis 1 ch
Paris 1 ch
 
LA LEGION
LA LEGIONLA LEGION
LA LEGION
 

Plus de Yann Lefebvre (20)

ppt_Porte_cont.ppt
ppt_Porte_cont.pptppt_Porte_cont.ppt
ppt_Porte_cont.ppt
 
ppt_Leonard_de_Vinci_corr1.ppt
ppt_Leonard_de_Vinci_corr1.pptppt_Leonard_de_Vinci_corr1.ppt
ppt_Leonard_de_Vinci_corr1.ppt
 
livretaccueil.pdf
livretaccueil.pdflivretaccueil.pdf
livretaccueil.pdf
 
livretaccueil.pdf
livretaccueil.pdflivretaccueil.pdf
livretaccueil.pdf
 
Proposition de maquette
Proposition de maquetteProposition de maquette
Proposition de maquette
 
Genially walkthrough
Genially walkthroughGenially walkthrough
Genially walkthrough
 
Jack suspects
Jack suspectsJack suspects
Jack suspects
 
2021 sondage 52
2021 sondage 522021 sondage 52
2021 sondage 52
 
3e 2ww
3e 2ww3e 2ww
3e 2ww
 
Artgothiquelight 180802054158
Artgothiquelight 180802054158Artgothiquelight 180802054158
Artgothiquelight 180802054158
 
Mecene corr
Mecene corrMecene corr
Mecene corr
 
Seigneur corr
Seigneur corrSeigneur corr
Seigneur corr
 
Vie a bord
Vie a bordVie a bord
Vie a bord
 
Navire
NavireNavire
Navire
 
Equipage
EquipageEquipage
Equipage
 
Correction echanges
Correction echangesCorrection echanges
Correction echanges
 
Correction empires
Correction empiresCorrection empires
Correction empires
 
2novembre
2novembre2novembre
2novembre
 
Guide co-d-l-gu-coll-ge-47963
Guide co-d-l-gu-coll-ge-47963Guide co-d-l-gu-coll-ge-47963
Guide co-d-l-gu-coll-ge-47963
 
Coronavirus diaporama
Coronavirus diaporamaCoronavirus diaporama
Coronavirus diaporama
 

Dernier

La nouvelle femme . pptx Film français
La   nouvelle   femme  . pptx  Film françaisLa   nouvelle   femme  . pptx  Film français
La nouvelle femme . pptx Film françaisTxaruka
 
Bolero. pptx . Film de A nnne Fontaine
Bolero. pptx . Film   de  A nnne FontaineBolero. pptx . Film   de  A nnne Fontaine
Bolero. pptx . Film de A nnne FontaineTxaruka
 
Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdf
Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdfCours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdf
Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdfachrafbrahimi1
 
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptx
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptxComputer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptx
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptxRayane619450
 
gestion des conflits dans les entreprises
gestion des  conflits dans les entreprisesgestion des  conflits dans les entreprises
gestion des conflits dans les entreprisesMajdaKtiri2
 
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptx
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptxSUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptx
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptxssuserbd075f
 
Boléro. pptx Film français réalisé par une femme.
Boléro.  pptx   Film   français   réalisé  par une  femme.Boléro.  pptx   Film   français   réalisé  par une  femme.
Boléro. pptx Film français réalisé par une femme.Txaruka
 
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdf
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdfCOURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdf
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdfabatanebureau
 
Sidonie au Japon . pptx Un film français
Sidonie    au   Japon  .  pptx  Un film françaisSidonie    au   Japon  .  pptx  Un film français
Sidonie au Japon . pptx Un film françaisTxaruka
 

Dernier (10)

La nouvelle femme . pptx Film français
La   nouvelle   femme  . pptx  Film françaisLa   nouvelle   femme  . pptx  Film français
La nouvelle femme . pptx Film français
 
Bolero. pptx . Film de A nnne Fontaine
Bolero. pptx . Film   de  A nnne FontaineBolero. pptx . Film   de  A nnne Fontaine
Bolero. pptx . Film de A nnne Fontaine
 
Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdf
Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdfCours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdf
Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdf
 
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptx
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptxComputer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptx
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptx
 
gestion des conflits dans les entreprises
gestion des  conflits dans les entreprisesgestion des  conflits dans les entreprises
gestion des conflits dans les entreprises
 
Evaluación Alumnos de Ecole Victor Hugo
Evaluación Alumnos de Ecole  Victor HugoEvaluación Alumnos de Ecole  Victor Hugo
Evaluación Alumnos de Ecole Victor Hugo
 
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptx
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptxSUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptx
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptx
 
Boléro. pptx Film français réalisé par une femme.
Boléro.  pptx   Film   français   réalisé  par une  femme.Boléro.  pptx   Film   français   réalisé  par une  femme.
Boléro. pptx Film français réalisé par une femme.
 
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdf
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdfCOURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdf
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdf
 
Sidonie au Japon . pptx Un film français
Sidonie    au   Japon  .  pptx  Un film françaisSidonie    au   Japon  .  pptx  Un film français
Sidonie au Japon . pptx Un film français
 

4e h cdevadde_rdocs

  • 1. « Enquêtes de l’histoire» DOC 1 DOC 2 : Gouache de Claude Cholat offert à l’Assemblée nationale en 1791. Ce tableau raconte la prise de la Bastille, en rendant hommage aux vainqueurs de la Bastille, dont l’auteur fait lui- même partie. Les assaillants sont donc facilement identifiables au premier plan : de simples Parisiens (ouvriers, artisans, boutiquiers), des membres des gardes françaises* (se protégeant dans les maisons) et d’autres hommes qui se distinguent : Jacques-Job Elie (l’officier en uniforme blanc) qui commande aux canonniers, à ses côtés, les deux « délégués » qui furent désignés pour aller négocier avec le gouverneur De Launay : l’Abbé Claude Fauchet et un certain Chignard.
  • 2. DOC 3 : Charles Thévenin (1764-1838), Arrestation de Monsieur de Launay, dans la deuxième cour de la Bastille, le 14 juillet 1789, huile sur toile, Paris, musée Carnavalet, 1793 © Musée Carnavalet/ Roger-Viollet DOC 4 : Deux courtes dépositions contradictoires A. Déposition de Barras, un révolutionnaire. B. Déposition de Marmontel, une personne éclairée. Les avant-cours de la Bastille avaient été abandonnées. Quelques hommes déterminés ayant osé rompre les chaînes du pont-levis, le peuple en foule y était entré. De là, sourd à la voix des soldats qui, du haut des tours, s’abstenaient de tirer sur lui et lui criaient de s’éloigner, il voulut se porter sur les murs du château. Ce fut alors qu’on fit feu sur lui. (…) Le peuple furieux se vengea. Les casernes et les boutiques de l’avant-cour furent livrées aux flammes. De Launay (…) se vit forcé de se rendre. (…) Dès que le pont fut baissé, le peuple se jeta dans la cour du château plein de furie. Les Invalides qui défendaient le fort furent tués. De Launay eut la tête tranchée sous les murs de l’hôtel de ville. Sa tête fut promenée dans Paris par la populace. Tels furent les exploits des vainqueurs de la Bastille, le 14 juillet 1789.
  • 3. DOC 5 : Déposition du témoin principal : Louis Delflue, défenseur de la Bastille.  « Le 12 juillet 1789, vers le soir, on apprit dans la Bastille qu’on se disposait à attaquer le magasin des poudres de l’Arsenal (…) on engagea M. de Launay à prendre les poudres dans la Bastille ; il y consentit. (…) On les plaça dans la cour du puits, assez mal couvertes. M. le gouverneur ordonna la même nuit que la garnison eût à se retirer dans l’intérieur du château, ne voulant pas, au cas qu’il fût attaqué, défendre l’extérieur de la place.  (…)Voyant pendant la journée du 13, du haut des tours de la Bastille, les différents incendies qui se commettaient à l’entour de la ville, nous craignîmes que pareille chose n’arrivât autour de la place, ce qui aurait mis en danger les poudres qui se trouvaient alors dans la Bastille. C’est pourquoi je m’occupai à trouver un endroit où elles fussent plus en sûreté (…) un souterrain ou un cachot (…). On apprit dans la même matinée, que le voisinage de la Bastille ainsi que la bourgeoisie étaient alarmés de voir les canons braqués sur la ville. (…) Sur ce bruit, le gouverneur ordonna qu’on dépointât les canons et qu’on les retirât.  (…)Vers midi (le 14 juillet), vint un détachement de bourgeois armés. Il s’arrêta dans la première cour et demanda à parler au gouverneur, qui reçut quelques-uns d’eux (…) J’appris par leur conversation que ce bourgeois demandait, au nom de la ville, qu’on descendît les canons des tours ; qu’en cas qu’on vînt attaquer la place on ne fît pas de résistance, qu’on ne devait point faire la guerre à la nation, qu’il était inutile de verser le sang de citoyens, et qu’après avoir tué beaucoup de monde on serait toujours obligé de se rendre. (…) Le gouverneur lui répondit qu’il ne pouvait rendre la place à qui que ce fût, que sa tête en répondait, et qu’il la défendrait si longtemps qu’il le pourrait ; que cependant, pour tranquilliser la bourgeoisie, il avait déjà fait dépointer et retirer les canons, qu’il pouvait en assurer ses commettants, et qu’il lui donnait sa parole d’honneur que son intention était de n’insulter qui que ce fût, pourvu qu’on ne cherchât point à s’emparer de la place, et qu’on ne vînt point attaquer ni les ponts ni les portes (…) Le gouverneur nous dit qu’il croyait que la chose était arrangée, et qu’il espérait n’être point attaqué ; cependant le député partit assez mécontent (…)  Vers trois heures de l’après-midi une troupe de bourgeois armés, mêlés de quelques gardes françaises*, vint attaquer du côté de l’Arsenal. Ils entrèrent sans difficulté dans la première cour, n’ayant laissé pour garder la porte qu’un seul Invalide. Le gouverneur n’avait même pas voulu qu’il fût armé. On monta sur le pont qui était levé. On coupa les balanciers auxquels les chaînes sont attachées, et le pont tomba. Cette opération pouvait se faire d’autant plus aisément que le gouverneur avait ordonné de ne point tirer sur les assiégeants avant de les avoir sommés de se retirer, ce qui ne pouvait se faire vu l’éloignement. Cependant, les assiégeants tirèrent les premiers sur ceux qui étaient au haut des tours, ce qu’avaient déjà fait la veille différentes troupes qui passaient dans le voisinage (…)  On y répondit de la place par quelques coups de canon. Les assiégeants (…) firent amener leurs pièces de canon dans la cour du gouvernement , et les placèrent sur l’entrée du pont, les pointant contre la porte. M. de Launay voyant ces dispositions du haut des tours, sans avoir consulté ni avisé avec son état-major et sa garnison, fit rappeler par un tambour qu’il avait avec lui. Sur cela, (…) la foule approcha, et le gouverneur demanda à capituler. On ne voulut point de capitulation, et les cris de bas les ponts ! furent toute réponse.  (…) Je cherchai après cela le gouverneur, afin de savoir quelles étaient ses intentions. Je le trouvai dans la salle du conseil, occupé à écrire un billet, par lequel il marquait aux assiégeants qu’il avait vingt milliers de poudre dans la place, et que, si on ne voulait pas accepter de capitulation, il ferait sauter le fort, la garnison et les environs. Il me remit ce billet avec ordre de le faire passer. (…) Je lui dis que la garnison et le fort n’avaient souffert encore aucun dommage, que les portes étaient encore entières, et qu’on avait encore des moyens de se défendre, car nous n’avions qu’un Invalide de tué, et deux ou trois blessés. Il parut ne point goûter ma raison ; il fallut obéir. Je fis passer le billet (…) mais il fut sans effet. On persista à crier bas les ponts ! et point de capitulation !  (…) J’attendais le moment que le gouverneur exécutât sa menace ; je fus très-surpris le moment d’après, de voir quatre Invalides approcher des portes, les ouvrir, et baisser les ponts. La foule entra tout à coup.  On nous désarma à l’instant, et une garde fut donnée à chacun de nous. On entra dans tous les appartements, on saccagea tout, on s’empara des armes qui y étaient, on jeta par les fenêtres les papiers des archives, et tout fut au pillage. (…) Il n’y a pas de mauvais traitements que nous n’ayons essuyés dans ces moments. Nous étions menacés d’être massacrés de toutes les manières possibles. Enfin, la fureur des assiégeants se calma un peu, et on me conduisit alors, avec une partie de ma troupe qui était restée près de moi dans la mêlée, à l’Hôtel de Ville.  Pendant le trajet, les rues et les maisons, même sur les toits, étaient remplies d’un monde innombrable qui m’insultait et me maudissait. J’avais continuellement des épées, des baïonnettes, des pistolets sur le corps. Je ne savais comment je périrais (…). Ceux qui n’avaient point d’armes lançaient des pierres contre moi, les femmes grinçaient des dents et me menaçaient de leurs poings. Déjà deux de mes soldats avaient été assassinés derrière moi (…). J’arrivai enfin, sous un cri général d’être pendu, jusqu’à quelques centaines de pas de l’Hôtel de Ville, lorsqu’on apporta devant moi une tête perchée sur une pique, laquelle on me présenta pour la considérer, me disant que c’était celle de M. de Launay. Traversant la-place de Grève, on me fit passer à côté de M. de Lorme, major de la place, qui était à terre baigné dans son sang. J’entendais dire que plus loin on avait tué M. de Miray, aide-major. Vis-à-vis de moi, on était occupé à pendre à un réverbère un officier et deux simples Invalides. Louis Deflue, défenseur de la Bastille, commandant de la portion valide de la garnison assiégée le 14 juillet 1789. http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article3656
  • 4. Vocabulaire : La Bastille*est une prison royale où sont enfermées les victimes des lettres de cachet. C’est une forteresse imposante : elle s’élève à 24 mètres de hauteur (ce qui équivaut à un immeuble de 8 étages), elle comporte 8 tours et courtines et elle est entourée d’un fossé profond de 8 mètres. Elle est dirigée par un gouverneur, M. de Launay et défendue par quelques soldats, invalides pour la plupart. En réalité, Louis XVI l’utilisait très peu (les lettres de cachet avaient été abolies en 1785) et projetait même de la fermer puis la détruire. Le 14 juillet 1789, elle ne détenait d’ailleurs que 7 prisonniers dont les cellules n’étaient même pas fermées. Bataillons suisses et allemands* : soldats au service du Roi qui entourent Paris. Camille Desmoulins* : journaliste et grand orateur du Palais-Royal. Gardes françaises* : troupe d’infanterie d’élite du roi qui passa aux côtés du peuple de Paris le 14 juillet 1789. Garde Nationale : en 1789, milice formées pas les citoyens de chaque ville pour défendre les biens et les personnes. Invalides* : l’Hôtel des Invalides est un monument parisien dont la construction fut ordonnée par Louis XIV pour abriter les invalides de ses armées. Marquis de Launay (1740-1789) *: gouverneur de la Bastille. Le 14 juillet 1789, lors de la prise de la prison, il est massacré par les patriotes malgré une tentative de médiation. Procureur du roi, sa tête sera dit-on, promenée au bout d'une pique dans les rues de la capitale. Cet événement est l'objet d'une toile de Charles Thévenin. Patriote* : qui aime ardemment sa patrie et le prouve par ses actes. En 1789, être patriote signifie aussi être un partisan des idées nouvelles de la révolution. Saint-Barthélemy des patriotes* : fait référence à la nuit de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy, au cours de laquelle les protestants ont été massacrés à Paris. Camille Desmoulins craint donc des représailles contre les partisans de la Révolution.
  • 5. DOC 6 : De Launay vu par l’un de ses officiers (extrait de la déposition de Louis Delflue). « Le gouverneur de ce château, le comte de Launay, était un homme sans grandes connaissances militaires, sans expérience et de peu de cœur (…). Dès le premier jour après mon arrivée j’appris à connaître cet homme ; par tous les préparatifs qu’il faisait pour la défense de son poste et qui ne rimaient à rien, et par son inquiétude continuelle et son irrésolution, je vis clairement que nous serions bien mal commandés, si nous étions attaqués. Il était tellement frappé de terreur que la nuit il prenait pour des ennemis les ombres des arbres et des autres objets environnants ; et pour cela nous devions être sur pieds toute la nuit (…) » Louis Deflue, défenseur de la Bastille, commandant de la portion valide de la garnison assiégée le 14 juillet 1789. http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article3656 DOC 7: Dans les épisodes précédents (contexte) - 20 juin 1789 : Serment du Jeu de Paume, les députés du tiers état défient le Roi. Ils se proclament « assemblée nationale » dans le but de faire avancer les réformes. - 20 au 27 juin 1789 : le Roi refuse puis cède et ordonne aux députés de la noblesse et du clergé de se joindre à ceux du tiers état dans l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale est officiellement reconnue. - début juillet 1789 : le Roi, poussé à la fermeté par son entourage, ordonne à des régiments composés essentiellement de mercenaires étrangers (environ 30 000 hommes) de se déployer près de la capitale. Ils patrouillent autour de Paris pour prévenir d’autres troubles éventuels. Toutes sortes de rumeur circulent. Le peuple de Paris prend peur. - 12 juillet 1789 : - annonce du renvoi du ministre des finances, Necker. Il était populaire car il avait la réputation de lutter contre les « accapareurs » (marchands de pain accusés de profiter de la crise pour s’enrichir et affamer le peuple). - discours public de Camille Desmoulins*. Il est acclamé par la foule qui se mobilise. - 13 juillet 1789 : à Paris, des attroupements se forment, une foule de 6000 personnes défile dans les rues de Paris, précédée du buste de Necker. Les Halles qui renferment de grandes quantités de nourriture sont attaquées et pillées, des tranchées sont creusées, des barricades sont élevées et une « milice » (ou « garde nationale ») est créée par les bourgeois pour se protéger des troupes du Roi mais aussi pour éviter les pillages. - Le matin du 14 juillet 1789 : à la recherche d’armes, la garde nationale, suivie de la foule, envahit les Invalides et distribue les milliers de fusils et les quelques canons qui s’y trouvent, puis se rend à la Bastille pour s’emparer de la poudre et des munitions. DOC 8 Extrait du discours de Camille Desmoulins*, 12 juillet 1789. « Citoyens, il n’y a pas un moment à perdre. J’arrive de Versailles. Monsieur Necker est renvoyé ; ce renvoi est le tocsin d’une Saint-Barthélémy des patriotes* : ce soir, tous les bataillons suisses et allemands* sortiront du Champ-de-Mars pour nous égorger. Il ne nous reste plus qu’une ressource, c’est de courir aux armes et de prendre une cocarde pour nous reconnaître. Quelle couleur voulez-vous ? Voulez-vous le vert, couleur de l’espérance, ou le bleu(…) couleur de la liberté d’Amérique et de la démocratie ?