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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

L’INTERACTION DE MANIFESTATIONS D’ANXIÉTÉ AVEC DES DIFFICULTÉS ET DES
CRITÈRES DE PRISE DE DÉCISION RELATIVE À LA CARRIÈRE D’ÉLÈVES DE LA
QUATRIÈME ET DE LA CINQUIÈME SECONDAIRE.

PAR
EMMANUELLE DESROSIERS

RAPPORT D’ACTIVITÉS DIRIGÉES
PRÉSENTÉ À LOUIS COURNOYER, C.O., PH D.

FACULTÉ DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION
EN VUE DE L’OBTENTION DE LA MAÎTRISE EN CARRIÉROLOGIE.

© EMMANUELLE DESROSIERS, JANVIER 2014
SOMMAIRE
Dans le cursus scolaire d’un élève, le passage au secondaire est une étape synonyme
d’interrogation face à l’avenir et de questionnement sérieux sur le cheminement scolaire
et professionnel à entreprendre. Parmi les nombreux défis que doivent relever les élèves
du secondaire, le choix d’une formation et d’une profession peut engendrer des
manifestations d’anxiété diverses. Beaucoup d’élèves octroient à ce choix un caractère
définitif. Ils voient en cette prise de décision un élément déterminant de leur avenir et ont
l’impression de devoir faire le bon choix parmi un vaste éventail de possibilités. Certains
vivront cette étape avec affirmation de leur identité et confiance en l’avenir (Cournoyer,
2011). D'autres vivront cette prise de décision avec indécision et une anxiété manifeste.
Bien que l’anxiété soit un sujet qui fait l’objet de nombreuses recherches, les liens
possibles entre les manifestations d’anxiété et la prise de décision des jeunes au
secondaire demeurent nébuleux. En ce sens, cet essai vise à décrire l’interaction de
manifestations d’anxiété avec des difficultés et des critères de prise de décision relative à
la carrière d’élèves de la quatrième et de la cinquième secondaire de la région de Laval
au Québec.
S’inscrivant dans le cadre d’un projet de recherche plus vaste intitulé Le processus de
prise de décision relative à la carrière chez les élèves de la quatrième et de la cinquième
secondaire de la Commission scolaire de Laval, ce présent essai expose les résultats
d’une analyse qualitative conduite sur un corpus d’entretiens semi-dirigés. Les propos de
45 élèves (n=45) dont 23 filles et 22 garçons font l’objet d’une analyse thématique. Sur
l’échantillon de 45 entretiens semi-dirigés, 20 entretiens font référence à des élèves de
quatrième secondaire et 25 entretiens font référence à des élèves de cinquième
secondaire. Suite à une analyse réalisée à l’aide des verbatim de ces entretiens, six grands
thèmes ont été dégagés soit : appréhender le risque de l’imprévisible, ralentir ou accélérer
pour apaiser, le niveau de stress… critère décisionnel, confiance ébranlée et ressources
incertaines, recourir aux autres et finalement choix complété… anxiété diminuée.
Plusieurs sous-thèmes ont également été relevés. Ce qui offre une perspective plus
nuancée sur les liens existants entre les manifestations d’anxiété et les difficultés et les
critères relatifs à la prise de décision carriérologique. Les résultats analysés permettent de
constater que les élèves angoissent devant l’étendue des possibilités et également devant
la nature imprévisible de l’avenir. Pour arriver à gérer les manifestations anxieuses qu’ils
vivent, certains élèves mettent des stratégies de l’avant comme une recherche rigoureuse
pour tout connaître sur leurs options professionnelles, certains reportent leur décision à
plus tard ou se mobilise rapidement pour ne plus avoir à se questionner, d’autres encore
cherchent de l’aide pour gérer leurs inquiétudes auprès d’autrui. Les propos des élèves
démontrent toute une gamme de manifestations d’anxiété, de tourments et d’inquiétude
face à la prise de décision qui marquera leur avenir personnel et professionnel.

2
TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE ...................................................................................................................................... 2
TABLE DES MATIÈRES ...................................................................................................................... 3
LISTE DES TABLEAUX........................................................................................................................ 6
REMERCIEMENTS............................................................................................................................. 7
INTRODUCTION ............................................................................................................................... 9
PREMIER CHAPITRE – PROBLÉMATIQUE ....................................................................................... 11
1.1.

La problématique de l’anxiété ....................................................................................... 11

1.1.1.

La santé mentale ................................................................................................... 11

1.1.2.

L’anxiété à l’adolescence ....................................................................................... 15

1.1.3.

L’anxiété chez les adolescents au niveau du secondaire ...................................... 16

1.1.4.

L’anxiété du point de vue de l’orientation des jeunes du secondaire .................. 18

1.2.

Prise de décision carriérologique et anxiété : état de la recherche scientifique .......... 21

DEUXIÈME CHAPITRE – CADRE THÉORIQUE.................................................................................. 28
2.1.

La conception de la prise de décision relative à la carrière .......................................... 28

2.1.1.

Les difficultés relatives à la prise de décision selon Gati....................................... 29

2.1.2.

Recherches réalisées suite à la création du CDDQ ................................................ 34

2.1.3.

Le style décisionnel : un des construits centraux .................................................. 36

2.1.4.

Une variété de conceptions des styles décisionnels ............................................. 36

2.1.5.

Critiques de la conceptualisation des styles décisionnels ..................................... 44

2.1.6.

Le modèle de prise de décision de Gati................................................................. 46

2.2.

La conception de l’anxiété............................................................................................. 56

2.2.1.

L’anxiété : une notion complexe. .......................................................................... 56

2.2.2.

L’anxiété : un concept à circonscrire ..................................................................... 58

2.2.3.

Différentes conceptions de l’anxiété..................................................................... 59

2.2.4.

Les troubles anxieux : un concept athéorique ...................................................... 64

2.2.5.

Pistes d’interventions pour améliorer l’état de l’individu anxieux ....................... 71

2.2.6.

L’anxiété en orientation ........................................................................................ 74

2.3.

Gati et sa conception de l’anxiété ................................................................................. 78

3
TROISIÈME CHAPITRE – OBJECTIF DE RECHERCHE ........................................................................ 80
QUATRIÈME CHAPITRE – MÉTHODOLOGIE ................................................................................... 82
4.1.

Type de recherche ......................................................................................................... 83

4.2.

Stratégie d’échantillonnage........................................................................................... 84

4.3.

Instruments utilisés ....................................................................................................... 86

4.4.

Méthode de collecte de données .................................................................................. 86

4.5.

Traitement des données................................................................................................ 87

4.6.

Analyse des données ..................................................................................................... 88

4.7.

Éthique .......................................................................................................................... 90

CINQUIÈME CHAPITRE – PRÉSENTATION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS .......................... 91
5.1.

Appréhender le risque… de l’imprévisible ! .................................................................. 93

5.1.1.

Immobilisation par crainte de faux pas ................................................................. 93

5.1.2.

Angoisse du possible ............................................................................................. 94

5.1.3.

Recherche de contrôle .......................................................................................... 95

5.2.

Ralentir ou accélérer pour apaiser ................................................................................ 97

5.2.1.

Reporter pour se sentir plus disponible ................................................................ 97

5.2.2.

S’évader de l’indécision par… la décision .............................................................. 98

5.3.

Le niveau de stress… critère décisionnel ..................................................................... 100

5.4.

Confiance ébranlée et ressources incertaines ............................................................ 101

5.4.1.

Inquiétude d’acceptation .................................................................................... 101

5.4.2.

Aveux d’impuissance ........................................................................................... 102

5.5.

Recourir aux autres… ................................................................................................... 104

5.5.1.

Ingérence de personnes significatives................................................................. 104

5.5.2.

Validation empreinte de soumission ................................................................... 105

5.5.3.

Consultation prudente ........................................................................................ 106

5.6.

Choix complété… anxiété diminuée ............................................................................ 107

SIXIÈME CHAPITRE - DISCUSSION ................................................................................................ 110
6.1.

Appréhender le risque… de l’imprévisible .................................................................. 110

6.2.

Ralentir ou accélérer pour apaiser .............................................................................. 113

6.3.

Le niveau de stress… critère décisionnel ..................................................................... 113

6.4.

Confiance ébranlée et ressources incertaines ............................................................ 114

6.5.

Recourir aux autres… ................................................................................................... 115
4
6.6.

Choix complété… anxiété diminuée ............................................................................ 116

6.7.

Regard différent sur la classification des thèmes........................................................ 117

6.8.

Portrait des thèmes sous l’angle des manifestations d’anxiété .................................. 121

CONCLUSION ............................................................................................................................... 123
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................................... 127
ANNEXE 1 - Contrat d’éthique ..................................................................................................... 135

5
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1

Difficultés décisionnelles selon le Career Decision-Making Difficulties
Questionnaire (p.31-32)

Tableau 2

Taxonomie des difficultés relatives à la prise de décision de carrière (p.33)

Tableau 3

Douze dimensions du Career Decision-Making Profile (p. 49-50)

Tableau 4

Résumé de la conception des styles et profils décisionnels (p.52-55)

Tableau 5

Catégories des manifestations d’anxiété (p. 66)

Tableau 6

Exemples de conséquences de l’anxiété sur l’individu (p.67)

Tableau 7

Causes multifactorielles des manifestations d’anxiété (p.69)

Tableau 8

Situations agissant à titre de catalyseur de l’anxiété (p.70)

Tableau 9

Stratégies d’interventions pour œuvrer auprès d’une clientèle anxieuse
(p. 73-74)

Tableau 10

Résumé des thèmes et des sous-thèmes décrivant l’interaction de
manifestations d’anxiété avec des difficultés et des critères de prise de
décision relative à la carrière d’élèves de la quatrième et de la cinquième
secondaire (p.92)

6
REMERCIEMENTS
En écrivant ces lignes de remerciements, j’avais envie de saluer les personnes qui m’ont
entourée et m’ont permis de grandir tout au long de cet essai, et également de mon
passage à la maîtrise. Premièrement, un immense merci à Louis Cournoyer, mon
directeur de recherche, et celui que je considère comme un mentor. Louis, merci pour ton
écoute et ton appui inconditionnel. Tes judicieux conseils m’ont permis de relever le défi
de cet essai et d’évoluer en tant que jeune professionnelle. Surtout, merci pour la grande
confiance que tu m’as témoignée et pour tes projets toujours renouvelés. Bien au-delà de
cet essai, je veux te témoigner toute ma gratitude.
Durant les moments passés à l’UQAM, j’ai eu la chance de côtoyer des gens passionnés,
chaleureux et toujours désireux de partager leur savoir. Je profite donc de l’occasion pour
remercier certaines chargées de cours avec qui j’ai eu la chance de travailler. Angélique,
Gaëlle, Ilia et Chantal, merci d’avoir partagé votre amour de l’orientation. Je ne peux
souligner les gens importants dans mon parcours à la maîtrise sans dire un merci tout
spécial à Edwidge Desjardins. Edwidge, je termine cette maîtrise en vous gardant dans
mon cœur comme une femme d’exception. Vous êtes pour moi une source d’inspiration
et je veux vous remercier pour votre grande capacité d’écoute, pour la vision de
l’orientation que vous m’avez transmise, pour la confiance que vous m’avez accordée et
pour les opportunités que vous m’avez offertes. Elles m’ont fait grandir, vous m’avez fait
grandir.

Impossible de finir ces mots de remerciement sans remercier ma famille et mes amis.
Merci Ghislain, mon grand amour, pour ta compréhension et ton soutien
incommensurable à chaque moment où, de retour à la maison, je te parlais d’un nouveau
projet. Merci pour ces éclats de rire et les sourires que j’ai vécus grâce à toi, même dans
les moments plus difficiles. Tu m’as permis d’aller jusqu’au bout de mon rêve et je t’en
suis infiniment reconnaissante. Papa, du fond de mon cœur, merci ! Merci de m’avoir
épaulée tout au long de mes études universitaires et de m’avoir si souvent offert tes
précieux conseils. Ta sagesse, ta volonté et ta détermination sont pour moi de véritables
7
sources d’inspirations. Maman, merci pour la tendresse de ton écoute, pour ces milliers
d’appels remplis de bonheur, pour ta dévotion et pour les encouragements sans cesse
renouvelés. Ma chère mamie, qui me regarde de là-haut, je sais que tu es toujours
présente à mes côtés. Merci de veiller sur moi et de m’insuffler la force d’atteindre mes
aspirations.

Je termine en remerciant mes plus fidèles amis, Marie-France, Christine, Maryse, Dyhia
et Mathieu. Merci pour vos encouragements tout au long de mon essai et de ma maîtrise,
pour votre écoute et pour l’énergie que vous me partager à chacune de nos rencontres.
Grâce à vous, la vie est plus belle! Finalement, un merci particulier à ma complice de
maîtrise, Geneviève. Merci d’avoir partagé avec moi les moments forts de ce passage
universitaire. Tu as toujours été présente dans mes moments de doute et d’espoir. Merci
pour ton amitié!

8
INTRODUCTION
Vers la fin de leurs études secondaires, les élèves doivent prendre une grande décision;
choisir leur orientation professionnelle. Cette prise de décision est importante et plusieurs
élèves perçoivent dans ce choix tout leur avenir qui se joue. Plusieurs sources
documentent la complexité du choix de carrière. Dans un autre ordre d’idée, nombreuses
recherches traitent du phénomène de l’anxiété et de ses impacts sur la vie de ceux qui en
souffrent. Or, peu d’études s’attardent aux liens qui existent entre l’anxiété et la prise de
décision relative à la carrière des jeunes du secondaire. Le présent essai vise donc à
décrire l’interaction de manifestations d’anxiété avec des difficultés et des critères de
prise de décision relative à la carrière d’élèves de la quatrième et de la cinquième
secondaire.

Pour y arriver, cet essai dresse, dans un premier temps, un portrait du phénomène de
l’anxiété dans toute sa complexité. Ce premier chapitre concerne la problématique de
recherche et il est possible d’y retrouver non seulement des informations sur le
phénomène de l’anxiété, mais également sur les problématiques liées aux choix de
carrière des élèves du secondaire. Le deuxième chapitre est celui du cadre conceptuel. Il
vise à mettre en lumière divers concepts entourant la prise de décision, c’est-à-dire les
difficultés et les critères relatifs aux choix de carrière. Ce chapitre a aussi pour objectif de
présenter les différentes conceptions de l’anxiété et de décrire ses causes, ses
conséquences, ses manifestations et les interventions possibles pour y remédier. Le
troisième chapitre présente l’objectif général de la recherche. Quant au quatrième
chapitre, il fait état de la méthodologie employée dans le cadre de cet essai, soit une
approche qualitative thématique. Le chapitre cinq porte sur la présentation et l’analyse
des résultats. Il est possible d’y trouver des exemples des propos tenus par les élèves
participant à l’étude et regroupés suite à une analyse thématique. Le sixième chapitre
constitue une discussion visant à comparer les résultats de cet essai à la littérature
scientifique et aux énoncés provenant de la problématique et du cadre conceptuel de cette
recherche. Finalement, cet essai se conclut par un retour sur les résultats, une présentation
des limites de la recherche et une ouverture sur des pistes de réflexion qui pourraient

9
conduire à de nouvelles connaissances liées à l’anxiété et à la prise de décision
carriérologique.

10
PREMIER CHAPITRE – PROBLÉMATIQUE
Ce premier chapitre vise à décrire la problématique de recherche qui est au cœur de cet
essai. Conséquemment, ce chapitre présente le phénomène de l’anxiété dans toute sa
complexité, dont les problématiques d’anxiété liées aux choix de carrière des jeunes du
secondaire. De plus, il est possible d’y retrouver une revue de la littérature non
exhaustive qui cherche à faire un survol de l’état des connaissances sur le sujet de
l’anxiété particulièrement chez les adolescents en contexte de prise de décision relative à
la carrière.

1.1.

LA PROBLÉMATIQUE DE L’ANXIÉTÉ

Dans la société actuelle, les problèmes de santé mentale et plus particulièrement les
problèmes liés à l’anxiété sont partie prenante des préoccupations de la population.
Plusieurs individus souffrent d’anxiété et les adolescents du secondaire n’échappent pas à
ce phénomène. Les élèves du deuxième cycle du secondaire et plus particulièrement les
élèves de 4e et 5e secondaire doivent faire face à des prises de décisions importantes et
une certaine confusion existe quant aux liens entre l’anxiété, l’adolescence et la prise de
décision. De ce fait, la section qui suit a pour objectif de démontrer l’importance de cette
recherche en illustrant le phénomène de l’anxiété, ses causes et conséquences, tout
particulièrement chez les adolescents, ainsi que le rôle de ce phénomène sur la prise de
décision des jeunes au secondaire.

1.1.1. LA SANTÉ MENTALE
La santé mentale ne se résume pas à l’absence d’une maladie psychopathologique, de
troubles ou d’handicaps mentaux. Elle est une composante essentielle de la santé, au
même titre que le bien-être physique et social (Organisation mondiale de la santé, 2010).
L’Organisation mondiale de la santé définit la santé mentale comme :
Un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les
tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la
vie de sa communauté. Dans ce sens positif, la santé mentale est le
11
fondement du bien-être d’un individu et du bon fonctionnement d’une
communauté (2010).
De par cette définition, il est possible de constater que la santé mentale va bien au-delà de
l’absence de maladie psychopathologique. De plus, cette définition permet de
comprendre l’importance d’une bonne santé mentale pour le développement d’un
individu, de sa famille, de sa communauté et par le fait même d’une société.
Plusieurs facteurs influencent la santé mentale d’un individu et sa capacité à jouir de la
vie et à relever les défis quotidiens. Le ministère de la Santé et des Services sociaux
(MSSS, 2012a) précise que les facteurs biologiques dont l’hérédité, les facteurs
personnels tels les expériences vécues par l’individu, son estime de soi et ses ressources
personnelles sont autant d’exemples d’influences. Il existe également les facteurs
environnementaux, physiques, sociaux et économiques qui jouent un rôle sur la santé
mentale de l’individu. Le MSSS (2012b) indique que pour qu’une personne arrive à se
maintenir en bonne santé mentale, il faut qu’elle conserve un équilibre entre les diverses
facettes de sa vie. Les aspects sociaux, physiques, mentaux, économiques et spirituels,
font tous partie de la balance. Atteindre et maintenir cet équilibre nécessite un effort
constant pour la personne. Les complications et les enjeux de la vie viendront parfois
faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre et la personne devra travailler à retrouver
le point d’équilibre. Cet équilibre est au cœur d’une bonne santé mentale. Le rapport du
Ministre de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (2006) intitulé Aspect
humain de la santé mentale et de la maladie mentale au Canada précise que la santé
mentale est directement liée à la capacité de ressentir, de réfléchir et d’agir d’un individu
dans le but d’améliorer son aptitude à jouir de la vie et à relever les défis auxquels il est
confronté. Bien certainement, ces défis peuvent prendre diverses formes et les enjeux
d’orientation d’un individu font partie de la longue liste auxquels les individus sont
confrontés au cours de leur existence.
Lorsque l’équilibre est secoué, il arrive que l’individu soit pris avec des problèmes de
santé mentale découlant vers des troubles mentaux ou psychopathologies. Toujours selon
le MSSS (2012c), les troubles mentaux peuvent se reconnaître à des signes et des
12
symptômes définis par des altérations de l’humeur, de la pensée ou du comportement, ou
une combinaison des trois. Ces altérations en arrivent à causer un dysfonctionnement et
un état de détresse significatifs chez l’individu. Lorsqu’un médecin ou un professionnel
de la santé regroupent les signes et les symptômes, il lui est possible de donner un sens
spécifique à la maladie, de l’évaluer et enfin de poser un diagnostic. L’état de la maladie
peut fluctuer de léger à grave. La maladie mentale peut prendre diverses formes,
dont celles de troubles anxieux (ministère de la Santé et des Services sociaux, 2012d). Il
peut arriver que les symptômes et signes fassent état de problèmes mentaux sans qu’on y
associe un trouble diagnostique. À titre d’exemple, un individu peut souffrir d’anxiété
sans pour autant souffrir d’un trouble d’anxiété spécifique.

Le rapport Aspect humain de la santé mentale et de la maladie mentale au Canada
(Ministre de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2006) indique que la
maladie mentale a un impact sur l’ensemble des aspects de la vie de la personne
(relations personnelles et familiales, études, sphère professionnelle et participation à la
communauté) et précise qu’elle entraîne trop souvent un rétrécissement de l’univers et du
champ d’activité de la personne. Selon l’Organisation mondiale de la santé (2010), c’est
plus de 450 millions d’individus qui souffrent de troubles mentaux, et le nombre est
encore plus élevé pour les problèmes mentaux. La Commission de la santé mentale du
Canada (2012) a, pour sa part, commandé une étude portant sur le nombre de personnes
ayant un trouble mental ou une maladie mentale dans l’ensemble du pays et les coûts qui
y sont associés. Cette étude révèle que plus de 6,7 millions d’individus au Canada étaient
atteints d’une maladie mentale en 2011. Ce qui signifie qu’à tout moment une personne
sur cinq est aux prises avec une maladie mentale. De ce nombre, plus d’un million sont
des enfants et des adolescents âgés entre 9 et 19 ans. Parmi les 6.7 millions d’individus
recensés en 2011, 4 millions sont atteints d’un trouble de l’humeur ou d’un trouble
anxieux. Ce qui fait de ces catégories de troubles, les maladies mentales les plus
courantes au Canada. L’étude prévoit qu’en 2041, ce nombre s’élèvera à 4.9 millions.
Un rapport du Conseil supérieur de l’éducation (1999), relevant diverses données du
secteur de la santé dont une enquête effectuée par Santé-Québec sur la santé mentale des
13
jeunes âgés entre 6 et 14 ans, indiquent que les troubles extériorisés et les troubles
intériorisés, catégorie dont fait partie l’hyperanxiété, rendent l’enfant moins disponible
aux apprentissages scolaires et peuvent entraîner un retard scolaire. Près de 34 % des
filles présentent de l’anxiété généralisée en comparaison à 17 % chez les garçons.
Dans un document de 2011 intitulé S’attaquer au problème : Investir dans la santé
mentale, l’Organisation mondiale de la santé indique que les troubles de santé mentale et
la charge de morbidité qui s’y rattache ont des conséquences économiques et sociales
énormes à la fois pour les individus eux-mêmes, leurs familles, les communautés et au
final les populations tout entières. Selon ce rapport, les troubles neuropsychiatriques sont
la source d’un tiers des années perdues causées par des incapacités. Ces mêmes troubles
représentent 13 % de la charge mondiale de morbidité. Déjà en 2004, l’Organisation
mondiale de la santé s’attendait à ce que la charge de morbidité imputable aux troubles
mentaux augmente significativement au cours des 20 prochaines années. L’OSM
indiquait d’ailleurs dans son rapport de 2004 :
Compte tenu de la prévalence des problèmes de santé mentale et de
toxicomanie chez les adultes et les enfants, il n’est pas surprenant que ceuxci constituent une énorme charge psychologique et financière pour les
individus, leur famille et la société tout entière. La maladie mentale a des
incidences économiques sur le revenu des personnes, la capacité des
malades – et souvent de leurs soignants – à travailler, la productivité au
travail et la contribution à l’économie nationale. S’y ajoutent le recours à
des traitements et à des services d’aide (p. 5).
L’étude commandée par la Commission de la santé mentale du Canada (2012) démontre
que les maladies mentales et les troubles mentaux privent l’économie canadienne d’au
moins 50 milliards de dollars par an. Ce coût total pour l’économie aura dépassé les 2.5
billions de dollars au cours des trente prochaines années.

La charge est énorme pour la société et les problèmes de santé mentale ne se limitent pas
aux adultes. Ces problèmes de santé mentale ne discriminent pas. Ils peuvent toucher les
enfants, les adolescents, les adultes jeunes ou vieux. Ils ne s’arrêtent pas à la race, au
sexe, à la condition sociale ou à l’éducation de l’individu.

14
1.1.2. L’ANXIÉTÉ À L’ADOLESCENCE

Dans un article de la Revue québécoise de psychologie (Claes, 1995), il est possible de
retrouver une description de l’adolescence selon le psychologue américain Hall. Cette
description fait référence au stress qui marque la période de bouleversement émotif qu’est
l’adolescence. Hall y présente l’adolescence comme « une période de tumulte émotif
marquée par le stress et les conflits où dominent l’instabilité, la fougue et la loi des
contradictions » (p. 66).
Le Centre d’études sur le stress humain (2012-2013) de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine à
Montréal résume diverses études dans un article sur le stress des jeunes adolescents. Il y
est indiqué que les enfants et les adolescents peuvent subir des stress importants dans leur
vie et que l’exposition au stress durant la jeunesse peut accroître la vulnérabilité aux
maladies mentales à l’âge adulte.
Ce centre d’études publie d’ailleurs le Magazine Mammouth qui démystifie et vulgarise
certaines recherches portant sur les stress des adolescents. Dans le volume 7, d’octobre
2009, un article y indique que l’adolescence est une période marquée par le stress puisque
les jeunes sont confrontés à plusieurs stresseurs différents. Bien qu’il soit impossible
d’éradiquer entièrement le stress de la vie des jeunes, il importe de leur fournir des
connaissances et des outils pour leur permettre de mieux s’y adapter. Dans un autre
article de ce même magazine, Dre Sonia Lupien, fondatrice et directrice du Centre
d’études sur le stress humain indique (Trépanier, 2009, p. 7) :
Trop peu de recherches ont été réalisées sur le sujet du stress chez les
adolescents. En tant que scientifiques, il est temps pour nous de tenter de
comprendre ce qui stresse les adolescents et de leur enseigner de bonnes
stratégies d’adaptation.
Les adolescents ont des attitudes différentes quant à l’utilisation des services de santé
mentale. Ils sont souvent plus résistants que les adultes à utiliser les services
professionnels en santé mentale. C’est particulièrement vrai pour les garçons qui font
moins fréquemment appel à un service de soutien psychologique que les filles.
15
1.1.3. L’ANXIÉTÉ CHEZ LES ADOLESCENTS AU NIVEAU DU SECONDAIRE

Comme mentionné précédemment, les stresseurs sont nombreux dans la vie des
adolescents et le domaine scolaire ne fait pas exception. Le Centre d’études sur le stress
humain (2012-2013) a d’ailleurs établi que les jeunes éprouvent une augmentation
significative du niveau d’hormones de stress lorsqu’ils entament leurs études secondaires
ou s’apprêtent à les commencer. Cela démontre que la transition de l’école primaire à
l’école secondaire fait partie des stresseurs importants. Un rapport rédigé par Bowen
(2003) abonde dans le même sens en révélant que les situations de transition créent chez
certains élèves un sentiment d’anxiété ainsi que d’insécurité qui peut avoir pour effet de
venir augmenter les conduites inadaptées ou déviantes.
Il y a trop peu de publications disponibles sur le sujet de l’anxiété chez les adolescents
par rapport à l’ampleur de la problématique. Ce constat est d’ailleurs appuyé par les
propos de Lupien qui exprime que trop peu de recherches ont été réalisées sur le sujet.
Toutefois, les médias se sont beaucoup intéressés au phénomène. L’anxiété est partout
dans le système scolaire et il suffit de suivre l’actualité du journal La Presse pour
constater que plusieurs articles traitent de l’anxiété chez les enfants et les adolescents. La
prochaine partie traite de trois d’entre eux.

Dans un article de 2012 paru aux éditions La Presse, la journaliste Isabelle Légaré
présente un portrait préoccupant du niveau de stress chez les enfants. Elle y indique une
augmentation du nombre de problèmes liés au stress, dont la perte d’appétit, des
difficultés de concentration, des maux de tête ou de ventre chronique. Dans une famille,
le niveau de stress vécu par les jeunes est proportionnel au rythme de vie imposé qui peut
varier selon le travail des parents, les conflits, la situation financière, les activités
parascolaires, les exigences élevées, etc. Divers spécialistes dont des enseignants, des
psychologues et des médecins ont choisi de sonner l’alarme.
Un autre article paru dans La Presse est un bel exemple de l’opinion publique de divers
spécialistes. Cet article de la journaliste Isabelle Mathieu (2008) traite du cauchemar que
16
vivent certains élèves du secondaire dû à l’anxiété de performance puisque dans une
société visant toujours plus haut, l’anxiété scolaire est à la hausse. Dans cet article,
plusieurs élèves du secondaire ont été rencontrés et la journaliste fait le portrait du vécu
de certains d’entre eux. Elle rapporte les propos d’élèves qui témoignent de la pression
qu’ils s’infligent pour avoir toujours une bonne performance scolaire, de la peur de
l’échec et des longues heures passées à étudier au détriment du niveau de sommeil. Dans
cet article, le psychologue François Laroche de l’école secondaire la Cité étudiante de
Roberval et président de l’Association des psychologues scolaires du Québec indique
qu’il voit de plus en plus souvent des jeunes stressés à tel point qu’ils ne veulent plus se
présenter à l’école. Dans cet article d’Isabelle Mathieu, il est énoncé que certains élèves
développent du stress de performance en arrivant au secondaire alors que d’autres vivent
ce stress lorsqu’ils perçoivent le cégep se profiler à l’horizon. Odette Bussières,
psychologue au Séminaire Saint-François, souligne qu’en quatrième et cinquième
secondaire les élèves deviennent souvent extrêmement anxieux lorsqu’ils constatent
qu’ils doivent modifier leurs méthodes de travail puisqu’étudier à la dernière minute ne
suffit plus. C’est souvent durant ces années de secondaire que les élèves prennent
conscience de l’impact de leurs notes sur les opportunités d’études supérieures. Ce
constat devient pour plusieurs une source de stress supplémentaire.
Dans un autre article d’Isabelle Mathieu (2008) intitulé Dompter le stress qui étouffe, le
psychologue de l’école secondaire De Rochebelle, Mark Mercier, est convaincu que la
problématique du stress chez les adolescents est grandement sous-estimée. Il affirme que
trop souvent une intervention a lieu seulement si le jeune est en crise et qu’il ne veut plus
aller à l’école ou n’est plus fonctionnel. Les symptômes du stress sont minimisés.
Michelle Dumont, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivière, indique quant à
elle que plus les jeunes apprendront à gérer leur stress, plus ils auront les outils
nécessaires pour faire face à l’un des grands problèmes du siècle, soit l’épuisement
professionnel.
Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) (2011a) est conscient qu’il est
important d’outiller les élèves quant à la gestion du stress. D’ailleurs, dans le programme
17
de formation de l’école québécoise : Enseignement secondaire, deuxième cycle,
domaines généraux de formation, l’un des cinq domaines de formation générale est celui
de la Santé et du bien-être qui comprend l’axe de développement Connaissance des
conséquences de ses choix personnels sur sa santé et son bien-être dont fait justement
partie la connaissance des effets du stress.
1.1.4. L’ANXIÉTÉ DU POINT DE VUE DE L’ORIENTATION DES JEUNES DU SECONDAIRE
La Filiale du Bas-du-Fleuve de l’Association canadienne pour la santé mentale (2012)
indique que toute condition qui nuit à l'adaptation réciproque entre un individu et son
milieu constitue un obstacle à la santé mentale. À l'inverse, toute condition qui facilite
cette adaptation réciproque favorise et maintien la santé mentale. Suivant cette ligne de
pensée, la santé mentale peut être définie comme une ressource collective, à laquelle
contribuent l’ensemble des institutions sociales, la communauté tout entière et les
personnes dans leur individualité. Les services d’orientation font partie de cette
communauté et les professionnels du secteur de la carriérologie sont des acteurs de
maintien du bien-être et de la santé mentale des individus.
Suivant cette ligne de pensée et le fait que l’anxiété est présente auprès des adolescents
de quatrième et cinquième secondaire, il est important de se pencher sur les liens
possibles entre les manifestations de l’anxiété et la prise de décision des jeunes au
secondaire. En effet, le passage au secondaire est une étape du cursus scolaire durant
laquelle la majorité des élèves s’interrogent sérieusement sur leur cheminement scolaire
et professionnel. Face à ce choix complexe, le jeune lui-même en arrive à ressentir du
stress (Fédération des commissions scolaires du Québec). En parlant d’orientation au
secondaire et de la prise de décision, le MELS affirme dans son programme de formation
(2011, p.24) :
Ce choix s’avère de plus en plus complexe, en raison notamment du
développement accéléré des connaissances, de la transformation des
structures de travail, de la mobilité croissante de l’emploi et de la
concurrence des marchés à l’échelle mondiale. À cela s’ajoutent une
certaine méconnaissance de la réalité du marché du travail et de ses
18
exigences de même que la difficulté de plusieurs jeunes à saisir comment les
études les préparent à s’insérer dans le monde du travail.
Dans son rapport annuel 2001-2002 sur les besoins des familles et des enfants, le Conseil
de la famille et de l’enfance (2002), indique d’ailleurs que la majorité des adolescents
sont conscients d’une chose; le lien étroit qui existe entre leur réussite scolaire et leur
intégration sur le marché du travail. Toutefois, l’augmentation du temps consacré aux
études en comparaison avec les générations précédentes à des conséquences sur les
adolescents : stress, situation financière difficile et dépendance au soutien parental
prolongée. De plus, le CFE (2002) indique qu’un des aspects particuliers qui touche les
jeunes dans notre société contemporaine réside dans le fait que les adolescents doivent
exercer leur capacité à faire des choix alors qu’ils n’ont probablement jamais eu autant
d’options, de possibilités et d’occasions à leur disposition. Déjà en 1982, le Conseil
supérieur de l’éducation écrivait dans son rapport Vivre à l’école secondaire : un
printemps d’embâcles et d’espoirs (p.22) :
La majorité des élèves de niveau secondaire ressentent une anxiété certaine
face à l’avenir; le choix d’une carrière devient complexe, compte tenu des
options qui s’imposent alors qu’ils sont encore relativement jeunes.
Le MELS (2010) indique que plusieurs facteurs peuvent complexifier le choix et
entraîner de l’anxiété. À titre d’exemple, c’est le cas des stéréotypes. Le stéréotype peut
limiter le choix des femmes en leur renvoyant l’image qu’un domaine professionnel est
réservé aux hommes et qu’elles n’ont pas les capacités pour y réussir. Dans son bulletin
Objectif Persévérance et Réussite, le MELS (2010) explique que lorsqu’une personne se
sent menacée par un stéréotype la performance a tendance à diminuer alors que l’anxiété
s’accroît, la motivation baisse et un processus de désengagement peut survenir.
L’information scolaire et professionnelle ainsi que l’orientation sont des outils importants
dans le développement personnel et social, la réussite scolaire et la qualification des
élèves. Toutefois, pour arriver à ce qu’un étudiant obtienne une qualification, il faut
d’abord qu’il choisisse son domaine. Selon le MELS (2002), différentes études montrent
qu’une importante proportion des jeunes adultes n’ont pas arrêté un choix de carrière.
Bon nombre d’élèves ont de la difficulté à se connaître et à avoir des idées claires quant à
19
leur avenir professionnel. Souvent les élèves n’ont pas de plan de carrière précis à la fin
de leurs études secondaires. Falardeau (1999) indique que cette indécision n’est pas sans
conséquence tant au plan du développement psychologie, scolaire que social des
adolescents. Il est ici question de fragilité émotive, de procrastination, de difficulté
scolaire et bien certainement d’anxiété. De plus, Falardeau (2007) précise que le manque
d’organisation, la peur de se tromper, la peur de l’échec ou de l’inconnu ainsi que
l’anxiété sont autant de causes possibles de l’indécision des jeunes. Dans cette optique,
l’anxiété peut être à la fois la cause et la conséquence de l’indécision.
Dans un communiqué de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec
(OCCOQ, 2012), il est mentionné qu’à l’approche de l’échéance primordiale du 1 er mars,
les conseillers d’orientation, tant dans les écoles, les cabinets privés que les organismes
publics ou communautaires, sont sollicités par une clientèle nombreuse. Cette clientèle
est parfois anxieuse à l’idée qu’il lui faut faire le bon choix de formation dans le délai
prescrit par la date limite d’admission.
Selon Laurent Matte (2010), conseiller d’orientation et président de l’OCCOQ, les
besoins d’orientation des élèves au secondaire peuvent être multiples. Certains élèves
consultent pour une indécision chronique, un problème d’identité, une immaturité
vocationnelle, un manque d’information ou de l’anxiété liée au choix de carrière. Ainsi,
certains vont avoir besoin d’accéder à de l’information scolaire et professionnelle,
d’autres vont nécessiter des interventions pour favoriser le développement de leurs
ressources personnelles, d’autres encore vont avoir besoin de mettre en place un
processus adapté de prise de décision.

Toujours selon Matte, depuis la disparition du cours Éducation au choix de carrière,
l’accès des élèves à de l’information scolaire et professionnelle de qualité dépend
maintenant de la collaboration entre les professionnels du développement de carrière et
les enseignants. À défaut de quoi, plusieurs élèves n’auront pas l’information nécessaire
pour effectuer une prise de décision éclairée. À cela s’ajoutent plusieurs situations
particulières qui amènent les élèves à consulter un professionnel. Cela peut être une
20
difficulté d’adaptation, d’apprentissage ou un handicap. Dans d’autres cas, ce sont les
problématiques sur le plan psychologique qui s’entremêlent aux problématiques relatives
à l’orientation. C’est le cas, notamment des troubles anxieux ou de l’anxiété de
performance. Dans un article intitulé, l’orientation au secondaire, secteur jeunes, Laurent
Matte (2012, p.9) lance la question : « Sans aide professionnelle, comment faire face à
l’indécision chronique, à l’anxiété liée au choix, à la confusion identitaire? »
L’évaluation en counseling d’orientation demande effectivement de porter un regard sur
l’expérience de non-sens que vivent les adolescents devant l’absence de projet. Ce qui
génère chez ceux qui consultent une anxiété devant cette indécision entremêlée de
l’excitation d’enfin prendre contact avec leur identité scolaire et professionnelle
(Beaulieu, 2004). Bon nombre de jeunes appréhendent anxieusement la perspective d’une
orientation professionnelle et ne font que repousser le plus longtemps possible le moment
de la considérer. Ils font partie d’une catégorie d’indécis qui n’auront pas fait de choix
aux termes de leurs études secondaires (Pelletier, 2008). C’est pourquoi, comme
intervenant en développement de carrière, il apparaît pertinent de se questionner sur le
rôle que joue cette anxiété dans le processus décisionnel des adolescents du secondaire.

1.2.

PRISE

DE DÉCISION CARRIÉROLOGIQUE ET ANXIÉTÉ

:

ÉTAT DE LA RECHERCHE

SCIENTIFIQUE

Un nombre impressionnant de recherches empiriques sont menées sur le sujet de
l’anxiété. Une revue scientifique, Journal of anxiety disorders, fait d’ailleurs de l’anxiété
son sujet de prédilection. Chaque recherche réalisée sur l’anxiété aborde le sujet à sa
façon. Dans le cadre de cette activité dirigée, il s’avère pertinent de se pencher sur les
recherches traitant de l’anxiété en contexte de prise de décision, notamment le processus
décisionnel carriérologique et les recherches traitant de l’anxiété chez les adolescents. La
prochaine section vise à exposer quelques recherches empiriques pertinentes touchant à
l’anxiété sous les angles proposés. Il s’agit d’une revue de la littérature non exhaustive
qui cherche à dresser un portrait général de la recherche sur l’anxiété particulièrement
chez les adolescents en contexte de prise de décision relative à la carrière.
21
Comme présentées précédemment, les catégories des troubles de l’humeur et des troubles
anxieux sont les maladies mentales les plus courantes. Une étude longitudinale (Olinoa et
al., 2010) a été menée auprès de six groupes d’individus au courant de l’adolescence et
du début de l’âge adulte afin de cerner les éléments qui distinguent l’évolution des
troubles de l’humeur et des troubles anxieux durant cette période. Cette étude a permis
d’identifier cinq trajectoires distinctes dans l’évolution de ces troubles; des troubles de
l’humeur qui demeurent stables de l’adolescence à la vie adulte, des troubles anxieux qui
demeurent également stables durant le passage du temps, une augmentation graduelle de
la sévérité des troubles de l’humeur durant le passage de l’adolescence à l’âge adulte, une
augmentation rapide des troubles anxieux au moment d’atteindre l’âge adulte et des
troubles anxieux sévères durant l’adolescence qui ont tendance à diminuer au fil des ans.
L’étude démontre également que la prévalence est plus élevée de souffrir de troubles de
l’humeur sans souffrir de troubles anxieux en comparaison à la prévalence de souffrir de
troubles anxieux sans souffrir de troubles de l’humeur.
Quant à Ameringen, Mancini et Farvolden (2003), ils se sont intéressés à l’impact des
troubles d’anxiété sur la réussite scolaire. Dans le cadre de leur recherche, 201 personnes
répondant aux critères premiers des troubles anxieux selon le DSM-IV ont rempli un
questionnaire portant sur le décrochage scolaire. Environ 49 % des participants à l’étude
ont indiqué avoir quitté l’école prématurément, et sur ce nombre, 24 % ont précisé que
l’anxiété était la cause première de leur décision. L’ensemble des résultats de cette étude
porte à croire que les troubles anxieux, et particulièrement la phobie sociale, sont associés
au décrochage scolaire.

Une recherche de Braunstein-Bercovitz et al. menée en 2012 permet de comprendre
comment les relations interpersonnelles avec des personnes significatives et les émotions
négatives qui peuvent en découler arrivent à expliquer en partie la dynamique de
l’indécision vocationnelle. Par émotions négatives, les auteurs entendent l’anxiété et le
pessimisme dans un contexte de décision carriérologique. Les résultats obtenus suggèrent
que les relations interpersonnelles anxiogènes sont indirectement reliées à l’indécision
vocationnelle par le biais de l’anxiété et du pessimisme. Cela est le cas si le lien
22
d’attachement avec les personnes significatives amène l’individu à ressentir de l’anxiété
ou du pessimisme face à son choix de carrière. Les chercheurs précisent que ce lien est
présent avec l’anxiété et le pessimisme dans un contexte de prise de décision
carriérologique et non d’un point de vue de traits émotionnels.
Des recherches sur l’anxiété en contexte de prise de décision ont été réalisées auprès
d’élèves et d’étudiants de différents groupes d’âge. Strenna, Chahraoui et Vinay (2009)
ont étudié l’orientation scolaire et professionnelle comme source possible de stress et se
sont attardées sur ses effets psychologiques sur la santé psychique. Cette recherche a été
menée auprès d’étudiants en commerce âgés de 20 à 24 ans. Les résultats suggèrent
l’existence de deux profils; un niveau faible et un niveau élevé de détresse
psychologique. Les étudiants démontrant un degré élevé de détresse psychologique se
distinguent de façon significative par le stress perçu, l’estime de soi et les stratégies de
coping utilisées. La perception accrue du stress et le niveau de détresse psychologique
sont étroitement liés. Les étudiants en détresse ont tendance à percevoir les événements
comme plus menaçants. En modifiant l’évaluation qu’ils font de la situation pour la
rendre plus menaçante, les étudiants renforcent par le fait même le stress perçu et, plus
particulièrement, le stress émotionnel. Dans cette optique, ils réagissent avec une anxiété
augmentée et sont donc davantage préoccupés par leur avenir.

Le processus de prise de décision relative à la carrière est un thème central du secteur de
l’orientation. Di Fabio et Busoni (2006) se sont intéressés à l’étude des styles
décisionnels. Dans le cadre de leur recherche, ils ont administré à un échantillonnage de
lycéens plusieurs outils psychométriques; Questionnaire de prise de décision de
Melbourne, Questionnaire des cinq facteurs, Inventaire de la personnalité basé sur des
adjectifs, Échelle d’estime de soi de Rosenberg et Questionnaire d’échec cognitif. Bien
que cette recherche ne soit pas axée majoritairement sur le stress et l’anxiété, elle suggère
toutefois des résultats pertinents quant à ce sujet. En effet, les résultats mettent en lumière
que les individus ayant tendance à décider à la hâte et avec impulsivité semblent être, de
façon générale, des gens méticuleux, portant une attention particulière aux détails, ayant
un besoin excessif d’ordre et étant incapables de contrôler l’anxiété causée par la prise de
23
décision. Dans cette étude, les auteures traitent des styles décisionnels désadaptatifs et
des styles adaptatifs. Les résultats suggèrent que les trois styles désadaptatifs (évitement,
procrastination et hypervigilance) sont généralement associés à des traits de personnalité
similaires, qui impliquent notamment l’anxiété. Cette recherche tisse ainsi un lien entre
les trois styles décisionnels désadaptatifs et l’anxiété, la vulnérabilité ainsi que la
préoccupation (névrosisme).
Quant à l'étude de l’anxiété chez les adolescents, elle ne date pas d’hier. Déjà en 1977,
une recherche portant sur les effets des facteurs cognitifs et émotionnels sur les intérêts et
les préférences professionnelles des adolescents a été effectuée dans une école secondaire
d’Israël (Grimm et Nachmias). Cette étude a mesuré la pensée divergente, l’anxiété, les
préférences professionnelles et les domaines d’intérêts intellectuels. En ce qui concerne
l’anxiété, les résultats ont révélé que les adolescents anxieux ont un champ d’intérêt
plutôt restreint. En effet, les adolescents participant à cette étude avaient tendance à
choisir une profession dans le même domaine que les activités accomplies dans les
périodes de temps libre. De plus, les élèves anxieux se laissent davantage influencer par
le prestige et le statut social de la profession que les élèves peu anxieux. Les résultats de
l’étude démontrent aussi une corrélation négative entre les manifestations de l’anxiété et
la pensée divergente.
En 1995, Inderbitzen et Hope se sont attardés aux symptômes de l’anxiété sociale, de
l’anxiété non spécifique et de la dépression chez les adolescents. Pour réaliser cette étude,
428 élèves du secondaire (niveau 10e année) ont complété trois outils psychométriques; le
Social Anxiety Scale for Children-Revised, le Revised Childen’s Manifest Anxiety Scale
et le Children’s Depression Inventory. Suite à cette collecte de données, l’analyse des
résultats a permis de démontrer que les symptômes de l’anxiété sociale se distinguent des
symptômes de l’anxiété non spécifique ainsi que des symptômes de la dépression.
L’étude suggère également que les adolescentes ont des résultats significativement plus
élevés dans les trois catégories de symptômes en comparaison à leurs collègues
masculins.

24
Une étude de Vignoli et al. (2005) vise à comprendre le rôle du lien d’attachement entre
le parent et l’adolescent, du style d’éducation parentale ainsi que le rôle de l’anxiété dans
le processus d’exploration carriérologique de l’adolescent. Dans cette recherche effectuée
auprès d’une école secondaire française, l’exploration relative à la carrière comprenait la
diversité et la fréquence de l’exploration. Pour cette étude, trois types d’anxiété ont été
pris en considération; les traits généraux d’anxiété, la peur d’échouer dans sa carrière et
la crainte de décevoir un parent. La portion de la recherche traitant de l’anxiété a mis en
lumière des résultats intéressants. En effet, cette étude démontre que les adolescents
vivant du stress face aux transitions scolaires ou de l’anxiété contextuelle avaient
tendance à augmenter la fréquence et la diversité de leurs activités d’exploration.
Contrairement à l’anxiété liée au contexte, les traits d’anxiété généraux ont tendance à
diminuer les activités d’exploration. Selon les chercheurs, cela est probablement lié au
fait que l’anxiété est présente partout et que l’emphase n’est pas mise sur le volet
académique ou vocationnel. La recherche d’informations liées à la carrière est courtcircuitée par la recherche de multiples informations n’ayant pas de rapport direct avec la
carriérologie. Quant à la peur de décevoir un parent, elle est liée à la diversité des
activités d’exploration chez les garçons seulement. Selon les chercheurs, ce résultat est
probablement dû au fait que les familles mettent plus d’emphase sur la réussite
professionnelle des garçons que celle des filles. L’éducation parentale des garçons amène
souvent ceux-ci à choisir des professions plus prestigieuses et à respecter les stéréotypes
liés aux professions considérées à priori masculines. Pour les filles, c’est davantage la
peur de l’échec qui est liée positivement à la fréquence et à la diversité des activités
d’exploration. Les filles souffrant d’anxiété explorent davantage que les autres
adolescentes afin de faire un choix qui correspond le plus précisément possible à leur
degré perçu de compétence.
L’anxiété chez les adolescents dans un contexte de prise de décision demeure un sujet
pertinent et récemment étudié. Une recherche de Reynolds et al. (2013) réalisé auprès
d’adolescents souffrant d’anxiété sociale a permis de mettre en lumière l’influence de ce
type d’anxiété sur le niveau de risque qu’est prêt à prendre un individu. Dans cette étude,
le niveau de risque est lié au fait de prendre une décision sans savoir si les conséquences
25
seront positives ou négatives. Les adolescents ayant un niveau supérieur d’anxiété sociale
ont démontré une prise de risque plus grande lorsque confrontés à des conditions de stress
élevés en comparaison à de faibles conditions de stress. Quant aux adolescents ayant un
niveau inférieur d’anxiété sociale, ils n’ont démontré aucune différence dans le niveau de
prise de risque selon que les conditions soient plus ou moins stressantes.
Une recherche pertinente touchant au rôle de l’anxiété sur la prise de décision des jeunes
de niveau secondaire est celle de Lacoste, Esparbès-Pistre et Tap (2005). Cette étude
réalisée auprès d’une population de 2 042 collégiens et lycéens âgés de 12 à 20 ans porte
sur le degré de stress vécu par ces jeunes face à la nécessité de faire un choix
d’orientation. Dans cette étude, le stress est divisé en quatre dimensions : tensionfébrilité, humeur dépressive, lassitude et manifestations physiques. Les chercheurs ont
fait passer un questionnaire ayant 11 difficultés reliées à la prise de décision
carriérologique. Parmi ces difficultés, il est possible de retrouver la difficulté à élaborer
un projet, le manque d’informations, le trop-plein d’informations, l’aide insuffisante, le
choix entre plusieurs métiers, les compétences insuffisantes, le manque de débouchés, le
doute sur soi, les difficultés matérielles, la pression de l’entourage et finalement la
catégorie intitulée autres difficultés. Les résultats démontrent une corrélation significative
entre le stress et trois difficultés en particulier : le doute sur soi, la conviction d’avoir des
compétences insuffisantes et une insuffisance d’aide et de soutien. Les résultats de cette
recherche révèlent également que les filles sont davantage stressées globalement et c’est
aussi le cas pour chacune des dimensions du stress. Un autre élément intéressant suggéré
par la recherche est l’augmentation du niveau de stress lorsque les jeunes ont
l’impression de ne plus maîtriser les difficultés surtout lorsqu’elles sont perçues comme
provenant de l’extérieur.
Multiples recherches empiriques ont été réalisés sur le sujet de l’anxiété. Toutefois, il est
étonnant de constater qu’un nombre restreint de recherches traite de cette problématique
sous l’angle des jeunes. Pourtant, ce phénomène touche de plus en plus d’adolescents. Il
gagne en ampleur et les répercussions sur la vie du jeune, de sa famille et de toute la
société augmentent avec lui. Ce qui n’est pas le cas du nombre de recherches. Devant le
26
deuxième constat qu’est celui de l’importance du processus décisionnel, de sa complexité
et des difficultés que peuvent ressentir les adolescents devant ce choix qui forgera leur
avenir, il est d’autant plus surprenant de trouver peu de recherches menées précisément
sur l’interaction qui existe entre l’anxiété et la prise de décision des jeunes en contexte de
processus décisionnel relatif à la carrière. En effet, en procédant à une revue de la
littérature québécoise, il est possible de constater que peu d’écrits traitent de l’anxiété et
de l’impact de ce facteur émotif et psychologique sur le processus de choix de carrière
des élèves de la 4e et 5e secondaire étudiant sous le régime pédagogique québécois.
Incontestablement, il existe une variété d’études québécoises sur l’anxiété et d’autres
encore sur la prise de décision. Par contre, le nombre est plus restreint quand les
recherches lient le sujet de l’anxiété à la prise de décision et les recherches se raréfient
encore davantage quand les adolescents sont ciblés. Comme il est difficile de trouver des
publications qui touchent à ce sujet pointu, il serait pertinent d’étudier les liens possibles
entre l’anxiété, ses manifestations et la prise de décision carriérologique des jeunes
étudiant au régime d’enseignement secondaire québécois afin d’en accroître l’état des
connaissances.

27
DEUXIÈME CHAPITRE – CADRE THÉORIQUE

Le deuxième chapitre traite du cadre théorique de cet essai. Il a pour objectif de mettre en
lumière différents concepts de la prise de décision c’est-à-dire les difficultés et les
critères relatifs aux choix de carrière. Ce chapitre vise également à exposer diverses
conceptions de l’anxiété et à faire état de ses causes, ses conséquences, ses manifestations
et les interventions susceptibles de diminuer l’anxiété chez les individus.

2.1.

LA CONCEPTION DE LA PRISE DE DÉCISION RELATIVE À LA CARRIÈRE

Cette section vise à définir le concept de la prise de décision carriérologique du point de
vue du chercheur Itamar Gati. La prise de décision relative à la carrière fait l’objet d’une
grande quantité de recherche et peut être conceptualisée de différentes façons selon
l’angle des chercheurs. Dans le cadre de ce rapport, l’approche conceptuelle proposée est
celle d’Itamar Gati, chercheur et professeur au département de psychologie de
l’Université hébraïque de Jérusalem. Gati y enseigne le counseling de carrière et la
psychologie vocationnelle. Ses principaux champs de recherche sont l’amélioration et la
facilitation de la prise de décision, les difficultés de prise de décision relative à la
carrière, l’utilisation d’internet comme outil de prise de décision, la notion de compromis
dans un contexte professionnel ainsi que les styles et profils de prise de décision (The
Hebrew University in Jerusalem, 2013).

Comme démontré dans la section précédente, Gati a travaillé sur la prise de décision et
l’indécision chez les adolescents, sur les principales sources de difficultés dans la prise de
décision en carriérologie, dont l’effet de l’anxiété sur certains aspects spécifiques de la
prise de décision. Bien certainement, les travaux d’Itamar Gati ne se sont pas arrêtés à
son modèle de difficultés dans la prise de décision de carrière soit le Career DecisionMaking Difficulties Questionnaire (CDDQ) ni à son modèle de prise de décision relative
à la carrière soit le Career Decision-Making Profile (CDMP). Ceci dit, c’est
principalement ces deux outils et la conception des styles et profils de prise de décision
qui l’entourent, qui sont au cœur de la conception de la prise de décision ici proposée.
28
Il existe une grande variété de théories sur la prise de décision qui permettent de mieux
définir et de mieux comprendre le processus décisionnel vécu par un individu. Selon ces
théories décisionnelles, l’un des rôles majeurs d’un conseiller d’orientation est
d’accompagner le client dans ce processus afin de l’aider à prendre une décision la plus
éclairée possible (Gati et al., 2010). Pour ce faire, les conseillers d’orientation utilisent
diverses interventions. Ces interventions comprennent souvent l’identification de
l’objectif de la prise de décision et des difficultés du client relatives à son processus
décisionnel. D’autres interventions touchent la capacité d’analyse du client, ses aptitudes
à l’introspection et sa façon de traiter l’information recueillie. Outre ces diverses
interventions, un autre élément significatif du travail des conseillers d’orientation est de
caractériser la manière dont le client aborde son processus de prise de décision. En effet,
selon Gati et al. (2010) intervenir de façon à faire ressortir les critères du processus
décisionnel du client peut faciliter le processus décisionnel de celui-ci et éventuellement
permettre une décision plus éclairée. De plus, le conseiller doit être capable d’identifier
les difficultés potentielles qui peuvent affecter le processus de prise de décision du client.

2.1.1. LES DIFFICULTÉS RELATIVES À LA PRISE DE DÉCISION SELON GATI

Selon Itamar Gati (2011), pour arriver à offrir du soutien aux personnes qui font face à
des difficultés dans leur processus de prise de décision de carrière, il est important de les
aider à localiser et identifier des zones précises de difficultés. En 1996, Gati, Krausz et
Osipow ont conçu un outil intitulé Career Decision-making Difficulties Questionnaire
(CDDQ) qui repose sur des théories de la prise de décision et du traitement de
l’information, dont le modèle de la prise de décision idéale. Les prémisses sur lesquelles
se fonde la taxonomie des difficultés de prise de décision relative à la carrière proposée
par Gati, Krausz et Osipow (1996) sont nombreuses. Premièrement, l’équipe de
chercheurs traite du modèle de la prise de décision idéale. Par prise de décision idéale ou
par processus optimal de décision de carrière, ces trois chercheurs font référence à la
conscience du besoin de prendre une décision, à l’acceptation de prendre une décision et
à la capacité de l’individu de mettre à profit un processus systématique et compatible
29
avec ses buts ainsi que ses ressources personnelles. Ils précisent que n’importe quelle
déviation dans un processus optimal de décision de carrière peut entraîner une difficulté
ou une série de difficultés pour l’individu. Ces difficultés peuvent éventuellement mener
la personne à un stade d’indécision, l’empêcher de prendre une décision ou encore
entraîner la personne à prendre une décision moins optimale. De plus, les chercheurs
précisent qu’il est possible de classifier ces difficultés selon quatre catégories distinctes
(Gati, 2011) :
1.

Le moment auquel les difficultés surviennent c’est-à-dire avant ou pendant la
démarche de prise de décision.

2.

La source de la difficulté (cognitive ou affective).

3.

L’impact de la difficulté sur le plan décisionnel c’est-à-dire bloquer le processus
ou mener vers une décision moins optimale.

4.

Le style d’intervention requise pour surmonter la difficulté.

Dans le cadre de leur recherche, Gati, Krausz et Osipow (1996) énoncent également que
les décisions carriérologique ont de nombreux points communs avec la plupart des
décisions. En effet, l’individu qui doit prendre une décision devra choisir parmi un
certain éventail d’alternatives qui seront évaluées et comparées par le biais de nombreux
attributs ou aspects. Ceci dit, les décisions relatives à la carrière possèdent aussi des
caractéristiques uniques. Premièrement, l’éventail des possibilités est généralement assez
vaste souvent en raison du nombre élevé d’employeurs potentiels, du choix de formation,
d’établissement scolaire, etc. Deuxièmement, plusieurs informations sont disponibles
pour chacune des possibilités. Troisièmement, un grand nombre de facteurs sont
essentiels pour caractériser les possibilités et les préférences de l’individu que ce soit par
la durée de la formation, le lieu de la formation, le type de relation avec les gens, les
ressources de la personne, le niveau d’indépendance, etc.
Le CDDQ permet d’identifier le domaine spécifique de difficultés rencontrées par un
individu dans un contexte de prise de décision carriérologique. Pour ce faire, cet outil
classifie les difficultés de prise de décision relative à la carrière selon trois niveaux de
catégorisation; le manque de préparation, le manque d’information et l’information
30
incohérente. Ces grandes catégories sont divisées de manière plus spécifique jusqu’à
obtenir dix catégories de difficultés (Gati, 2011). Ainsi, le Career Decision-Making
Difficulties Questionnaire établit 10 difficultés divisées en trois grands niveaux de
catégorisation. Selon la traduction du Questionnaire sur l’indécision vocationnelle de
Gati et Osipow (2002) par Jérôme Rossier et collaborateurs, les difficultés sont les
suivantes ;
Tableau 1 – Difficultés décisionnelles selon le Career Decision-Making
Difficulties Questionnaire
Catégorie de

Définition des difficultés décisionnelles

difficultés
Manque de motivation (Lack of motivation) : attitude ou comportement dénotant
Manque de
préparation (Lack of
Readiness)

un manque ou un déficit d’engagement ou d’intérêt à l’effet de prendre une
décision par rapport à sa carrière.
Indécision (Indecisiveness) : difficulté à cerner une cible d’action ou de choix qui
se témoigne par de l’hésitation, de l’indétermination, de la perplexité, confusion,
flou, etc.
Croyances dysfonctionnelles (Dysfunctional Beliefs) : principes, opinions,
valeurs ou autres conceptions subjectives personnelles guidant la personne vers
des actions non concluantes sur le plan de la prise de décision relative à la
carrière.
Manque d’information relative au processus de prise de décision (Lack of

Manque

information about Decision Making Process) : insuffisance de connaissances

d’information (Lack

acquises sur le plan de la quantité et de la qualité pouvant permettre de procéder à

of information)

une démarche organisée de prise de décision.
Manque d’information à propos de soi (Lack of information about the Self) :
insuffisance d’information (qualité, quantité) à propos de ses intérêts, ses valeurs,
sa personnalité, ses aptitudes, etc.
Manque d’information à propos des professions (Lack of Information about
Occupations) : insuffisance d’information (qualité, quantité) à propos des
activités professionnelles, des tâches de travail, des professions et des métiers, des
secteurs professionnels.
Manque d’information à propos de la manière d’obtenir de l’information
(Lack of Information about Ways of Obtaining Information) : insuffisance

31
d’information (qualité, quantité) à propos des ressources et des méthodes
disponibles et accessibles pour obtenir des informations relatives à la carrière.

Information non fiable (Unreliable Information) : possession d’information
Information

relative à la carrière fondée sur des constructions personnelles et sociales

incohérente

hautement subjectives (ouïes-dires, peurs et craintes, etc.).

(Inconsistent

Conflits internes (Internal Conflicts) : affrontement de deux ou plusieurs

Information)

propositions contradictoires relatives au fonctionnement psychologique de la
personne et qui l’empêche de conduire une prise de décision relative à la carrière
Conflits externes (External Conflicts) : affrontement de deux ou plusieurs
propositions contradictoires relatives à des attributs sociaux et sociétaux, sinon de
relations sociales, et qui l’empêchent de conduire une prise de décision relative à
la carrière.

32
Ce modèle peut être illustré comme suit (Gati, 2011, p.3, traduction libre) :
Tableau 2 – Taxonomie des difficultés relatives à la prise de décision de carrière

TAXONOMIE DES DIFFICULTÉS RELATIVES À LA PRISE DE DÉCISION DE CARRIÈRE

AVANT l’engagement dans
le processus de décision

PENDANT le processus de prise de décision relative à la carrière

Manque de
préparation
due à

Un manque
de
motivation

De
l’indécision
généralisée

Information
incohérente due
à

Manque
d’informations
à propos

Des croyances
dysfonctionnelles

Du
processus de
prise de
décision

De soi

Des
occupations

De la façon
d’obtenir de
l’information

Des
informations
non fiables

Des
conflits
internes

Des
conflits
externes

33
Cet outil ouvre la voie à plusieurs possibilités d’intervention pour les conseillers
d’orientation puisqu’en administrant le CDDQ avant une première rencontre, un
conseiller pourrait être en mesure de cibler plus précisément ses interventions. De plus,
cet outil offre la possibilité d’obtenir une évaluation plus précise des difficultés d’un
individu que ce soit en lien avec les trois grandes catégories de difficultés ou avec les dix
difficultés spécifiques (Gati, Osipow, Krausz et Saka, 2000). Le CDDQ peut également
être utilisé pour faciliter l’évaluation des besoins de groupes particuliers. À titre
d’exemple, l’outil pourrait permettre l’identification de groupes d’élèves ayant des
difficultés liées à l’une des trois grandes catégories afin de leur faire bénéficier du même
genre d’intervention (Gati et Saka, 2001). Ces pistes d’applications du CDDQ dans le
cadre des interventions des conseillers d’orientation ont été possibles grâce à des
recherches réalisées suite à la création du CDDQ et dont il est question dans la prochaine
section.

2.1.2. RECHERCHES RÉALISÉES SUITE À LA CRÉATION DU CDDQ

Quelques années après la création du CDDQ, Gati, Osipow, Krausz et Saka (2000) ont
réalisé une recherche afin d’examiner la validité du CDDQ. Afin d’y parvenir, l’équipe
de chercheurs a établi deux critères. Le premier critère était d’ordre comportemental et
visait à savoir si les individus qui cherchent à recevoir des conseils dans le domaine de
leur orientation professionnelle diffèrent soit dans la nature ou dans l’ampleur de leurs
difficultés en comparaison à un groupe de jeunes adultes issu d’une recherche effectuée
en 1996 par Gati et al. Pour ce faire, la structure des difficultés impliquées dans le choix
de carrière des individus participant à l’étude a été analysée et comparée à la structure
hypothétique du CDDQ. Le deuxième critère était basé sur le jugement de conseillers
d’orientation. L’équipe de chercheurs a recueilli les jugements des conseillers portant sur
les dix catégories de difficultés de prise de décision de 95 clients ayant fait appel à leurs
services d’orientation. D’un autre côté, les participants à l’étude et qui souhaitaient
recevoir des conseils d’orientation ont rempli une auto-évaluation à l’aide du CDDQ qui
concernait les difficultés vécues. Suite à cela, les jugements des conseillers d’orientation
ont été comparés aux résultats des auto-évaluations afin de tester l’hypothèse selon
34
laquelle il existe une corrélation positive entre les auto-évaluations des aidés et les
jugements des conseillers. Des corrélations positives et significatives ont été démontrées,
mais les corrélations se sont avérées plus faibles qu’espérées. Toutefois, les résultats de
cette étude ont démontré que le modèle de difficultés en contexte de prise de décision
carriérologique était similaire à celui du modèle théorique et reproduisait les conclusions
de l’échantillon de Gati, Krausz et Osipow (1996). Ces résultats viennent donc confirmer
la validité du CDDQ.

Une autre étude menée cette fois-ci en 2001 par Gati et Saka intitulée High school
student’s career-related decision making difficulties, traite des difficultés en contexte de
prise de décision relative à la carrière chez les adolescents. Cette étude a été réalisée
auprès de 1843 adolescents israéliens qui devaient choisir entre une 9e année (high
school), une 10e année (high school) avec cours optionnels ou une carrière militaire.
L’objectif de cette étude était de catégoriser les différents types de difficultés liées à la
prise de décision carriérologique auxquelles faisaient face les adolescents israéliens en
s’appuyant sur le modèle théorique d’analyse de ces difficultés de Gati, Krausz et Osipow
(1996). Cette étude a permis de révéler que pour les élèves de 9e année, il existe une
distinction entre les difficultés rencontrées préalablement à la prise de décision
carriérologique et celles qui font surface lors du processus réel. Quant aux élèves de 10e
année, la structure empirique s’est révélée très similaire à la structure obtenue auprès des
élèves de 9e année sans pour autant être identique au modèle théorique sur lequel repose
le questionnaire. Cela fournit un excellent soutien aux propriétés psychométriques du
CDDQ. Bien que le CDDQ porte un regard sur les difficultés relatives à la prise de
décision carriérologique, il est important de s’attarder plus spécifiquement à la prise de
décision en elle-même, au-delà des difficultés. La prochaine section s’intéresse aux
différents critères qui amènent l’individu à choisir un projet professionnel par l’entremise
du concept de style décisionnel.

35
2.1.3. LE STYLE DÉCISIONNEL : UN DES CONSTRUITS CENTRAUX

Depuis les dernières années, il est possible de noter un intérêt croissant pour les
différences individuelles dans le processus décisionnel. Une majorité de recherches
tendent à distinguer la variété de façons dont un individu aborde sa prise de décision
(Gati et al., 2010). Une grande partie de ces études s’attardent à la prise de décision en
général et celles qui touchent spécifiquement au contexte de carrière cherchent
majoritairement à classifier ces caractéristiques sous forme de typologie. Ces outils
tendent à classer les critères qui amènent les différents individus à prendre une décision
en utilisant des styles de prise de décision (Gati, 2010).

Un style décisionnel est souvent conceptualisé comme un trait dominant et relativement
stable caractérisé par le comportement de la personne dans le contexte d’un processus
décisionnel (Gati et al., 2012). C’est en quelque sorte la réaction habituelle d’un individu
lorsqu’il fait face à un contexte de prise de décision. Il s’agit donc d’un mode typique
selon lequel la personne accueille, interprète, analyse et répond aux tâches reliées à la
prise de décision. Le terme style décisionnel est également attribué à la façon d’aborder la
prise de décision relative à la carrière et à la notion d’engagement dans le processus. Cela
dénote donc un ensemble distinct d’attitudes et de comportements dominants, tel un
modèle individuel répété lors du processus de prise de décision. Le style décisionnel est
l’un des construits centraux des théories de la prise de décision relative à la carrière et
l’une des variables les plus significatives pour en distinguer les clients (Gati et al., 2010).

2.1.4. UNE VARIÉTÉ DE CONCEPTIONS DES STYLES DÉCISIONNELS

Plusieurs chercheurs se sont attardés à bâtir un répertoire restreint de caractéristiques
pouvant décrire le style décisionnel. La prochaine partie fait état de trois de ces théories.
Celle de Walsh qui fait référence à quatre styles décisionnels provenant de deux échelles
bipolaires soit sentiment versus pensée et interne versus externe. Celle de Harren propose
le style rationnel, intuitif et dépendant. Suivi de celle de Scott et Bruce qui ont ajouté le
style évitant et spontané aux styles de Harren. Loin d’avoir la prétention de dresser un
36
portrait exhaustif des différentes théories utilisant les construits des styles décisionnels,
cette section s’attarde aux théories des auteurs qui sont liées d’un point de vue
méthodologique à la conception de la prise de décision de Gati.

Walsh

Une analyse des sources de variations individuelles lors du processus décisionnel a
permis à Donna Jean Walsh d’établir une typologie des styles de prise de décision
relative à la carrière. Avant d’arriver à la conceptualisation de sa typologie, Walsh a
examiné, par le biais d’une revue de la littérature, chacune des étapes du processus
décisionnel d’un point de vue comportemental, en s’attardant particulièrement aux
différences individuelles (Walsh, 1985). La première étape de ce processus est
l’identification du problème décisionnel. Durant cette étape, l’individu doit accomplir
deux tâches c’est-à-dire prendre conscience du problème décisionnel et évaluer la
situation problématique. La prochaine étape pour l’individu consiste à générer des pistes
de possibilités permettant de résoudre sa problématique. Pour ce faire, deux tâches sont
demandées à l’individu. Dans un premier temps, identifier les possibilités et dans un
deuxième temps, faire une première sélection des options à la lumière des critères établis
dans la phase d’identification du problème décisionnel. Ces tâches permettent à l’individu
de passer à la troisième étape qui consiste à rassembler l’information. Les tâches
spécifiques à cette étape sont l’identification des types d’informations requises et la
collecte d’informations. Lorsque toutes ces étapes sont complétées, vient le temps pour
l’individu d’atteindre la quatrième étape soit l’évaluation des possibilités qui s’offrent à
lui. La première tâche consiste donc à attribuer une valeur ou une utilité à l’option
envisagée ainsi qu’aux portées de l’option. De plus, chaque possibilité peut être évaluée
en fonction de sa probabilité à se réaliser dans le futur. La deuxième tâche consiste à
placer les options selon un ordre établi grâce à des critères décisionnels (Walsh, 1987).
C’est ce qui permet à l’individu de prendre une décision.
En se basant sur la variété de façon qu’un individu peut approcher, répondre et agir dans
une situation de prise de décision et en partant de la prémisse que les styles décisionnels
37
peuvent être différenciés grâce aux variations individuelles, il est intéressant de se
pencher sur les sources de variations individuelles afin d’en ressortir des thèmes
récurrents. En effet, ces thèmes peuvent révéler des dimensions qui permettent de
différencier les styles décisionnels. Une analyse rigoureuse des quatre étapes présentées
précédemment et des variations individuelles qu’on y retrouve a permis de révéler
plusieurs

thèmes

récurrents.

Premièrement,

Walsh

indique qu’une dimension

d’orientation vers soi (interne) versus d’orientation vers les autres (externe) est apparue
dans chacune des quatre phases du processus décisionnel. Deuxièmement, une dimension
mettant en relief le rationnel de l’affectif a été trouvée dans deux de ces étapes. Le
troisième thème récurrent trouvé dans les quatre étapes du processus décisionnel est lié à
la façon dont l’individu aborde le processus c’est-à-dire de façon systématique ou au
hasard. Le nombre de temps consacré pour chaque étape fait également partie des thèmes
relevés. Une cinquième dimension a été relevée dans trois étapes du processus et porte
sur le caractère vigilant versus inattentif de l’individu. Cette dimension fait référence à
l’attention portée par l’individu aux éléments présents dans le processus décisionnel. Le
dernier et sixième thème est celui du nombre de données pris en considération dans les
étapes du processus. Le nombre de données étant qualifié de faible ou d’élevé (Walsh,
1985).

Après avoir complété une analyse de la littérature et ressorti ces six principaux thèmes,
Walsh s’est intéressé aux différentes théories pouvant expliquer les variations
individuelles trouvées grâce à l’analyse de thèmes. Walsh s’attarde alors à la théorie de la
personnalité de Carl Gustav Jung. La théorie de Jung stipule que toutes les attitudes et
fonctions sont présentes dans toutes les personnalités, mais que ces éléments se
manifestent à différents degrés. Deux postulats de Jung datant de 1923 attirent l’attention
de Walsh, soit qu’il existe deux types de jugement (la pensée versus le sentiment) ainsi
que deux types de perception (l’intuition versus la sensation). Une autre dimension
proposée par Jung, soit l’introversion versus l’extraversion, retient l’attention de Walsh
(1985).

38
En analysant les six thèmes décrivant des variations individuelles, en se basant sur la
théorie de Jung, et en prenant en considération les attitudes et fonctions types de Jung
dans un contexte de prise de décision, Walsh en est arrivé à classifier les styles
décisionnels selon deux dimensions bipolaires de variations individuelles soient interne
versus externe et pensée versus sentiment. La dimension interne versus externe fait
référence à la subjectivité ou à l’objectivité de l’individu lorsqu’il doit effectuer une tâche
décisionnelle. La dimension pensée versus sentiment fait état des variations individuelles
touchant à l’organisation, à la procédure, au jugement et à la prise de position qu’un
individu rencontre dans ces tâches décisionnelles. C’est cette typologie qui est à la base
des items et des échelles de l’outil psychométrique développé par Walsh. Bien
certainement, ces dimensions sont respectivement liées d’un point de vue conceptuel et
méthodologique à la dimension introversion versus extraversion et à la dimension pensée
versus sentiment de Jung.
Afin de développer cet outil psychométrique, 120 items ont d’abord été élaborés puis
administrés à un premier échantillonnage. Suite à une analyse des résultats de ce premier
échantillonnage, 40 items furent sélectionnés pour représenter la dimension interne –
externe et 40 items furent sélectionnés pour représenter la dimension pensée – sentiment
(Walsh, 1985). Ce travail permit de mettre sur pied le Vocational Decision Style Indicator
(VDSI) de Walsh dans lequel le style décisionnel d’un individu est évalué selon les deux
dimensions présentées précédemment. Ainsi, il existe quatre styles décisionnels dans le
VDSI, le style pensée externe, le style sentiment externe, le style pensée interne et le style
sentiment interne. (Gati et Levin, 2012)

Harren

Le modèle de Vincent A. Harren est conçu pour un stade précis du développement et
selon un groupe relativement homogène de sujets. Son application première est conçue
pour le niveau collégial dans le système scolaire américain, mais il peut aussi convenir à
d’autres ordres d’enseignement. Ce modèle vise à identifier les caractéristiques d’un
individu lors d’une prise de décision, les facteurs internes qui influent sur le processus de
39
décision et à circonscrire précisément le fonctionnement psychologique interne qui soustend la prise de décision. Ainsi, le modèle a été créé pour prendre en considération les
variations du processus décisionnel selon les caractéristiques de l’individu, le contexte et
le type de décision à effectuer (Bujold et Gingras, 2000).
Pour ce faire, le modèle comprend quatre groupes d’éléments liés les uns aux autres. Le
premier élément est le processus à la base du modèle qui comprend les quatre étapes que
franchit l’individu pour effectuer une prise de décision et y donner suite. Ces étapes sont
la prise de conscience, la planification, l’engagement et la réalisation. À travers ces
différentes étapes, l’individu est préoccupé par des questions propres au stade qu’il doit
traverser et s’engage à résoudre les préoccupations du stade par le biais de différents
comportements. Lorsque l’individu arrive à résoudre le questionnement lié à son stade, il
peut alors passer à l’étape suivante (Harren, 1979).

Le deuxième élément est constitué des caractéristiques individuelles. Pour Harren, deux
grandes catégories de caractéristiques peuvent influencer le processus. La première
catégorie comprend le concept de soi de l’individu. Le concept de soi fait référence aux
attitudes utilisées dans un contexte vocationnel et aux traits relativement stables que
l’individu s’attribue à lui-même. Il est divisé en deux parties; l’identité de l’individu et
son estime de soi. La deuxième catégorie de caractéristiques est le style décisionnel. Pour
Harren, le style décisionnel fait référence à l’influence qu’exercent les caractéristiques
individuelles typiques d’un individu sur sa perception des tâches reliées à la prise de
décision et sur sa réaction à une démarche décisionnelle (Harren, 1979). Harren identifie
alors les styles décisionnels rationnel, intuitif ou dépendant.
Le troisième élément fait référence aux tâches développementales qui touchent l’individu
lorsqu’il est confronté à des prises de décision. Harren fait ici référence à trois tâches
développementales; l’atteinte de l’autonomie, l’acquisition de la maturité interpersonnelle
et la prise de conscience de l’objectif à atteindre. Chacune de ces tâches
développementales comporte des tâches liées à des prises de décision relatives à la

40
carrière. Plus l’individu réalisera avec succès des tâches décisionnelles, plus il
progressera dans les tâches développementales (Harren, 1979).
Finalement, le quatrième élément est celui des conditions susceptibles d’influer sur le
comportement de l’individu autant que sur son état psychologique. Ces conditions
peuvent être des facteurs externes, actuels ou prévus (Bujold et Gingras, 2000). Harren
identifie quatre types de conditions soit les évaluations de l’entourage, l’état
psychologique de l’individu, la tâche principale de la prise de décision et le contexte
(Harren, 1979).

Pour Harren, le terme style décisionnel fait référence à la manière dont une personne
prend ses décisions, perçoit les tâches décisionnelles et y répond. Comme mentionné
précédemment, Harren identifie trois styles décisionnels. Chaque individu étant
représenté par un style dominant. Ceci dit, Harren indique également que bien qu’un
individu soit caractérisé par un style dominant, des éléments provenant d’autres styles
peuvent être présents chez celui-ci (Harren, 1979).
Le style rationnel fait état d’une démarche logique et délibérée de la part de l’individu.
Cela implique également que l’individu accepte ses responsabilités. Il reconnaît les
conséquences de ses décisions passées sur ses décisions futures. L’individu ressent le
besoin de prendre des décisions quant à son avenir et pour se faire il se prépare par une
recherche d’informations. L’individu doit donc disposer d’information adéquate sur luimême et sur le milieu afin de parvenir à prendre une décision adéquate. Harren indique
que ce style représente un idéal d’autoaccomplissement dans un contexte décisionnel.
Le style intuitif est aussi caractérisé par l’acceptation de la responsabilité de la décision,
sauf que l’individu choisit intuitivement plutôt que grâce à une démarche logique. Il
s’arrête peu à chercher l’information, à l’évaluer, à prévoir et à analyser rigoureusement
les divers facteurs en présence. L’individu ayant ce style décisionnel anticipe peu l’avenir
et les conséquences de ses gestes. Il fonctionne sur un mode fantaisiste et accorde
davantage d’importance à ses émotions présentes. Il peut passer rapidement à l’action
41
quand il a l’impression de faire le bon choix. Souvent ce style de personne a de la
difficulté à identifier clairement comment il a procédé à sa prise de décision. Le style
intuitif est moins susceptible de faire un choix adéquat que le style rationnel en partie
parce que le temps peut faire varier les impressions de l’individu et parce que l’individu a
une capacité limitée à se représenter une situation qui ne lui est pas familière.
Quant au style dépendant, l’individu n’accepte pas la responsabilité du choix. Il projette
la responsabilité de son choix vers l’extérieur. Il est donc facilement influencé par les
attentes et les désirs que les membres de son entourage expriment à son égard. L’individu
ayant un style dépendant a un besoin d’approbation sociale très élevé. Ce style est
caractérisé par une attitude passive et une perception étroite des possibilités offertes à
l’individu. En reportant la responsabilité sur autrui, ce style peut réduire l’anxiété
immédiate causée par la prise de décision. Ceci dit, le choix final du processus
décisionnel provoque souvent un manque d’accomplissement et de satisfaction
personnelle pour l’individu (Harren, 1979).

Scott et Bruce

Susanne G. Scott et Reginald A. Bruce se sont attardés à l’influence des caractéristiques
des individus en processus décisionnel sur leur prise de décision. Scott et Bruce ont
cherché à développer un instrument psychométrique pouvant aider à mesurer les styles
décisionnels. Dans le cadre du processus de développement des items de leur outil
psychométrique, ces deux chercheurs ont recensé les théories déjà existantes définissant
les styles décisionnels afin d’en assurer la validité de contenu. Suite à cette recension
exhaustive des différentes définitions touchant la prise de décision et catégorisant les
styles décisionnels, Scott et Bruce (1995) se sont attardés au modèle de styles
décisionnels relatif à la carrière de Vincent A. Harren.
Plusieurs chercheurs mettent l’emphase sur la façon dont l’individu rassemble et traite
l’information dans le cadre d’un processus de décision. Suivant la théorie de Harren et la
littérature sur les styles décisionnels, Scott et Bruce (1995) définissent le style décisionnel
42
comme une réaction habituelle et apprise de la part de l’individu lorsqu’il est confronté à
une situation requérant une prise de décision. C’est une réponse basée sur l’habitude qui
revient lorsque l’individu est placé en contexte de prise de décision spécifique. Ainsi,
comme mentionné par Mischel dans la recherche de Scott et Bruce (1995), la littérature
touchant aux styles décisionnels précise généralement que les situations peuvent avoir
une influence sur les styles de prise de décision.

Comme indiqué dans la section présentant la conception des styles décisionnels de
Harren, ce dernier identifie trois styles décisionnels : dépendant, rationnel et intuitif. Les
styles rationnel et intuitif assument la responsabilité de leur prise de décision alors que le
style dépendant la projette sur autrui. Le style rationnel prend sa décision en se basant sur
une approche logique et systématique alors que le style intuitif prend une décision plus
rapidement et qui se base sur l’impression interne de faire le bon choix. Comme
mentionnés dans la recherche de Scott et Bruce (1995), Phillips, Pazienza et Ferrin ont
découvert que les trois styles décisionnels ont tendance à aborder le problème plutôt qu’à
le fuir. La différence entre les styles réside davantage dans la façon d’aborder le
problème. Tandis que les styles rationnel et intuitif abordent le problème avec confiance,
le style dépendant l’aborde avec une confiance limitée en sa capacité à la prise de
décision. Ces nouveaux résultats de recherche supportent l’existence d’un quatrième style
décisionnel, soit le style évitant (Scott et Bruce, 1995).
Scott et Bruce (1995) ont donc identifié quatre styles décisionnels qu’ils ont définis en
termes comportementaux. Le style rationnel est caractérisé par une recherche rigoureuse
et une évaluation logique des possibilités de l’individu. Le style intuitif est caractérisé par
le fait que l’individu se fie à ses intuitions et sentiments pour prendre une décision. Le
style dépendant est caractérisé par une recherche d’avis et de recommandations provenant
d’autrui. Finalement, le style évitant est caractérisé par des tentatives d’évitement lorsque
l'individu est confronté à une prise de décision.

Basés sur ces définitions conceptuelles des styles décisionnels, Scott et Bruce ont
développé 37 items. Dans un premier temps, ces 37 items ont été conçus dans le cadre
43
d’une étude sur les transitions de carrière. Les participants à l’étude devaient se
positionner face à des énoncés traitant d’importantes décisions. Pour chaque énoncé, ils
pouvaient répondent selon une échelle de Likert à 5 niveaux allant de fortement en
désaccord à fortement en accord (Scott et Bruce, 1995).

Suite au premier échantillonnage, un cinquième facteur fit son apparition lorsque deux
des items de l’instrument psychométrique atteignirent un point critique aux résultats
d’une analyse factorielle. Après une étude approfondie du contenu des items, Scott et
Bruce ont pu déterminer qu'il existait un cinquième facteur lié à la spontanéité.
L’individu de style spontané veut passer à travers le processus décisionnel le plus
rapidement possible et a le sens de l’immédiateté. Ainsi, pour arriver à identifier le style
spontané, six nouveaux items furent rédigés et ajoutés à l’outil psychométrique pour un
total de 43 items. Le nouvel outil fut administré à deux autres groupes d’échantillonnage.

En examinant le contenu des items et la structure factorielle, Scott et Bruce ont ensuite
modifié et réduit les items au nombre de 25 pour ajuster l’outil à toutes les prises de
décisions importantes et non seulement aux décisions relatives à la carrière. Ainsi la
version finale du General Decision-Making Style (GDSM) instrument comprend 5 styles
soit le style rationnel, intuitif, dépendant, spontané et évitant. Chacun de ces styles est
représenté par 5 items pour un instrument psychométrique totalisant 25 items (Scott et
Bruce, 1995).

Sommes toutes, chacune des théories et des conceptions des styles décisionnels
présentées procure un éclairage sur la conception de Gati puisque ces modèles ont servi
aux processus de validation du modèle d’Itamar Gati. Ceci dit, dans le cadre de cet essai,
c’est le modèle d’Itamar Gati qui est au cœur de la conception proposée.

2.1.5. CRITIQUES DE LA CONCEPTUALISATION DES STYLES DÉCISIONNELS

Cette conceptualisation des styles décisionnels tend à changer depuis les dernières
années. Pour des fins de recherches, il s’avère utile de classer les gens en groupes
44
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
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Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
Desrosiers (2014). anxiété et prise de décision relative à la carrière
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  • 1. UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL L’INTERACTION DE MANIFESTATIONS D’ANXIÉTÉ AVEC DES DIFFICULTÉS ET DES CRITÈRES DE PRISE DE DÉCISION RELATIVE À LA CARRIÈRE D’ÉLÈVES DE LA QUATRIÈME ET DE LA CINQUIÈME SECONDAIRE. PAR EMMANUELLE DESROSIERS RAPPORT D’ACTIVITÉS DIRIGÉES PRÉSENTÉ À LOUIS COURNOYER, C.O., PH D. FACULTÉ DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION EN VUE DE L’OBTENTION DE LA MAÎTRISE EN CARRIÉROLOGIE. © EMMANUELLE DESROSIERS, JANVIER 2014
  • 2. SOMMAIRE Dans le cursus scolaire d’un élève, le passage au secondaire est une étape synonyme d’interrogation face à l’avenir et de questionnement sérieux sur le cheminement scolaire et professionnel à entreprendre. Parmi les nombreux défis que doivent relever les élèves du secondaire, le choix d’une formation et d’une profession peut engendrer des manifestations d’anxiété diverses. Beaucoup d’élèves octroient à ce choix un caractère définitif. Ils voient en cette prise de décision un élément déterminant de leur avenir et ont l’impression de devoir faire le bon choix parmi un vaste éventail de possibilités. Certains vivront cette étape avec affirmation de leur identité et confiance en l’avenir (Cournoyer, 2011). D'autres vivront cette prise de décision avec indécision et une anxiété manifeste. Bien que l’anxiété soit un sujet qui fait l’objet de nombreuses recherches, les liens possibles entre les manifestations d’anxiété et la prise de décision des jeunes au secondaire demeurent nébuleux. En ce sens, cet essai vise à décrire l’interaction de manifestations d’anxiété avec des difficultés et des critères de prise de décision relative à la carrière d’élèves de la quatrième et de la cinquième secondaire de la région de Laval au Québec. S’inscrivant dans le cadre d’un projet de recherche plus vaste intitulé Le processus de prise de décision relative à la carrière chez les élèves de la quatrième et de la cinquième secondaire de la Commission scolaire de Laval, ce présent essai expose les résultats d’une analyse qualitative conduite sur un corpus d’entretiens semi-dirigés. Les propos de 45 élèves (n=45) dont 23 filles et 22 garçons font l’objet d’une analyse thématique. Sur l’échantillon de 45 entretiens semi-dirigés, 20 entretiens font référence à des élèves de quatrième secondaire et 25 entretiens font référence à des élèves de cinquième secondaire. Suite à une analyse réalisée à l’aide des verbatim de ces entretiens, six grands thèmes ont été dégagés soit : appréhender le risque de l’imprévisible, ralentir ou accélérer pour apaiser, le niveau de stress… critère décisionnel, confiance ébranlée et ressources incertaines, recourir aux autres et finalement choix complété… anxiété diminuée. Plusieurs sous-thèmes ont également été relevés. Ce qui offre une perspective plus nuancée sur les liens existants entre les manifestations d’anxiété et les difficultés et les critères relatifs à la prise de décision carriérologique. Les résultats analysés permettent de constater que les élèves angoissent devant l’étendue des possibilités et également devant la nature imprévisible de l’avenir. Pour arriver à gérer les manifestations anxieuses qu’ils vivent, certains élèves mettent des stratégies de l’avant comme une recherche rigoureuse pour tout connaître sur leurs options professionnelles, certains reportent leur décision à plus tard ou se mobilise rapidement pour ne plus avoir à se questionner, d’autres encore cherchent de l’aide pour gérer leurs inquiétudes auprès d’autrui. Les propos des élèves démontrent toute une gamme de manifestations d’anxiété, de tourments et d’inquiétude face à la prise de décision qui marquera leur avenir personnel et professionnel. 2
  • 3. TABLE DES MATIÈRES SOMMAIRE ...................................................................................................................................... 2 TABLE DES MATIÈRES ...................................................................................................................... 3 LISTE DES TABLEAUX........................................................................................................................ 6 REMERCIEMENTS............................................................................................................................. 7 INTRODUCTION ............................................................................................................................... 9 PREMIER CHAPITRE – PROBLÉMATIQUE ....................................................................................... 11 1.1. La problématique de l’anxiété ....................................................................................... 11 1.1.1. La santé mentale ................................................................................................... 11 1.1.2. L’anxiété à l’adolescence ....................................................................................... 15 1.1.3. L’anxiété chez les adolescents au niveau du secondaire ...................................... 16 1.1.4. L’anxiété du point de vue de l’orientation des jeunes du secondaire .................. 18 1.2. Prise de décision carriérologique et anxiété : état de la recherche scientifique .......... 21 DEUXIÈME CHAPITRE – CADRE THÉORIQUE.................................................................................. 28 2.1. La conception de la prise de décision relative à la carrière .......................................... 28 2.1.1. Les difficultés relatives à la prise de décision selon Gati....................................... 29 2.1.2. Recherches réalisées suite à la création du CDDQ ................................................ 34 2.1.3. Le style décisionnel : un des construits centraux .................................................. 36 2.1.4. Une variété de conceptions des styles décisionnels ............................................. 36 2.1.5. Critiques de la conceptualisation des styles décisionnels ..................................... 44 2.1.6. Le modèle de prise de décision de Gati................................................................. 46 2.2. La conception de l’anxiété............................................................................................. 56 2.2.1. L’anxiété : une notion complexe. .......................................................................... 56 2.2.2. L’anxiété : un concept à circonscrire ..................................................................... 58 2.2.3. Différentes conceptions de l’anxiété..................................................................... 59 2.2.4. Les troubles anxieux : un concept athéorique ...................................................... 64 2.2.5. Pistes d’interventions pour améliorer l’état de l’individu anxieux ....................... 71 2.2.6. L’anxiété en orientation ........................................................................................ 74 2.3. Gati et sa conception de l’anxiété ................................................................................. 78 3
  • 4. TROISIÈME CHAPITRE – OBJECTIF DE RECHERCHE ........................................................................ 80 QUATRIÈME CHAPITRE – MÉTHODOLOGIE ................................................................................... 82 4.1. Type de recherche ......................................................................................................... 83 4.2. Stratégie d’échantillonnage........................................................................................... 84 4.3. Instruments utilisés ....................................................................................................... 86 4.4. Méthode de collecte de données .................................................................................. 86 4.5. Traitement des données................................................................................................ 87 4.6. Analyse des données ..................................................................................................... 88 4.7. Éthique .......................................................................................................................... 90 CINQUIÈME CHAPITRE – PRÉSENTATION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS .......................... 91 5.1. Appréhender le risque… de l’imprévisible ! .................................................................. 93 5.1.1. Immobilisation par crainte de faux pas ................................................................. 93 5.1.2. Angoisse du possible ............................................................................................. 94 5.1.3. Recherche de contrôle .......................................................................................... 95 5.2. Ralentir ou accélérer pour apaiser ................................................................................ 97 5.2.1. Reporter pour se sentir plus disponible ................................................................ 97 5.2.2. S’évader de l’indécision par… la décision .............................................................. 98 5.3. Le niveau de stress… critère décisionnel ..................................................................... 100 5.4. Confiance ébranlée et ressources incertaines ............................................................ 101 5.4.1. Inquiétude d’acceptation .................................................................................... 101 5.4.2. Aveux d’impuissance ........................................................................................... 102 5.5. Recourir aux autres… ................................................................................................... 104 5.5.1. Ingérence de personnes significatives................................................................. 104 5.5.2. Validation empreinte de soumission ................................................................... 105 5.5.3. Consultation prudente ........................................................................................ 106 5.6. Choix complété… anxiété diminuée ............................................................................ 107 SIXIÈME CHAPITRE - DISCUSSION ................................................................................................ 110 6.1. Appréhender le risque… de l’imprévisible .................................................................. 110 6.2. Ralentir ou accélérer pour apaiser .............................................................................. 113 6.3. Le niveau de stress… critère décisionnel ..................................................................... 113 6.4. Confiance ébranlée et ressources incertaines ............................................................ 114 6.5. Recourir aux autres… ................................................................................................... 115 4
  • 5. 6.6. Choix complété… anxiété diminuée ............................................................................ 116 6.7. Regard différent sur la classification des thèmes........................................................ 117 6.8. Portrait des thèmes sous l’angle des manifestations d’anxiété .................................. 121 CONCLUSION ............................................................................................................................... 123 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................................... 127 ANNEXE 1 - Contrat d’éthique ..................................................................................................... 135 5
  • 6. LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 Difficultés décisionnelles selon le Career Decision-Making Difficulties Questionnaire (p.31-32) Tableau 2 Taxonomie des difficultés relatives à la prise de décision de carrière (p.33) Tableau 3 Douze dimensions du Career Decision-Making Profile (p. 49-50) Tableau 4 Résumé de la conception des styles et profils décisionnels (p.52-55) Tableau 5 Catégories des manifestations d’anxiété (p. 66) Tableau 6 Exemples de conséquences de l’anxiété sur l’individu (p.67) Tableau 7 Causes multifactorielles des manifestations d’anxiété (p.69) Tableau 8 Situations agissant à titre de catalyseur de l’anxiété (p.70) Tableau 9 Stratégies d’interventions pour œuvrer auprès d’une clientèle anxieuse (p. 73-74) Tableau 10 Résumé des thèmes et des sous-thèmes décrivant l’interaction de manifestations d’anxiété avec des difficultés et des critères de prise de décision relative à la carrière d’élèves de la quatrième et de la cinquième secondaire (p.92) 6
  • 7. REMERCIEMENTS En écrivant ces lignes de remerciements, j’avais envie de saluer les personnes qui m’ont entourée et m’ont permis de grandir tout au long de cet essai, et également de mon passage à la maîtrise. Premièrement, un immense merci à Louis Cournoyer, mon directeur de recherche, et celui que je considère comme un mentor. Louis, merci pour ton écoute et ton appui inconditionnel. Tes judicieux conseils m’ont permis de relever le défi de cet essai et d’évoluer en tant que jeune professionnelle. Surtout, merci pour la grande confiance que tu m’as témoignée et pour tes projets toujours renouvelés. Bien au-delà de cet essai, je veux te témoigner toute ma gratitude. Durant les moments passés à l’UQAM, j’ai eu la chance de côtoyer des gens passionnés, chaleureux et toujours désireux de partager leur savoir. Je profite donc de l’occasion pour remercier certaines chargées de cours avec qui j’ai eu la chance de travailler. Angélique, Gaëlle, Ilia et Chantal, merci d’avoir partagé votre amour de l’orientation. Je ne peux souligner les gens importants dans mon parcours à la maîtrise sans dire un merci tout spécial à Edwidge Desjardins. Edwidge, je termine cette maîtrise en vous gardant dans mon cœur comme une femme d’exception. Vous êtes pour moi une source d’inspiration et je veux vous remercier pour votre grande capacité d’écoute, pour la vision de l’orientation que vous m’avez transmise, pour la confiance que vous m’avez accordée et pour les opportunités que vous m’avez offertes. Elles m’ont fait grandir, vous m’avez fait grandir. Impossible de finir ces mots de remerciement sans remercier ma famille et mes amis. Merci Ghislain, mon grand amour, pour ta compréhension et ton soutien incommensurable à chaque moment où, de retour à la maison, je te parlais d’un nouveau projet. Merci pour ces éclats de rire et les sourires que j’ai vécus grâce à toi, même dans les moments plus difficiles. Tu m’as permis d’aller jusqu’au bout de mon rêve et je t’en suis infiniment reconnaissante. Papa, du fond de mon cœur, merci ! Merci de m’avoir épaulée tout au long de mes études universitaires et de m’avoir si souvent offert tes précieux conseils. Ta sagesse, ta volonté et ta détermination sont pour moi de véritables 7
  • 8. sources d’inspirations. Maman, merci pour la tendresse de ton écoute, pour ces milliers d’appels remplis de bonheur, pour ta dévotion et pour les encouragements sans cesse renouvelés. Ma chère mamie, qui me regarde de là-haut, je sais que tu es toujours présente à mes côtés. Merci de veiller sur moi et de m’insuffler la force d’atteindre mes aspirations. Je termine en remerciant mes plus fidèles amis, Marie-France, Christine, Maryse, Dyhia et Mathieu. Merci pour vos encouragements tout au long de mon essai et de ma maîtrise, pour votre écoute et pour l’énergie que vous me partager à chacune de nos rencontres. Grâce à vous, la vie est plus belle! Finalement, un merci particulier à ma complice de maîtrise, Geneviève. Merci d’avoir partagé avec moi les moments forts de ce passage universitaire. Tu as toujours été présente dans mes moments de doute et d’espoir. Merci pour ton amitié! 8
  • 9. INTRODUCTION Vers la fin de leurs études secondaires, les élèves doivent prendre une grande décision; choisir leur orientation professionnelle. Cette prise de décision est importante et plusieurs élèves perçoivent dans ce choix tout leur avenir qui se joue. Plusieurs sources documentent la complexité du choix de carrière. Dans un autre ordre d’idée, nombreuses recherches traitent du phénomène de l’anxiété et de ses impacts sur la vie de ceux qui en souffrent. Or, peu d’études s’attardent aux liens qui existent entre l’anxiété et la prise de décision relative à la carrière des jeunes du secondaire. Le présent essai vise donc à décrire l’interaction de manifestations d’anxiété avec des difficultés et des critères de prise de décision relative à la carrière d’élèves de la quatrième et de la cinquième secondaire. Pour y arriver, cet essai dresse, dans un premier temps, un portrait du phénomène de l’anxiété dans toute sa complexité. Ce premier chapitre concerne la problématique de recherche et il est possible d’y retrouver non seulement des informations sur le phénomène de l’anxiété, mais également sur les problématiques liées aux choix de carrière des élèves du secondaire. Le deuxième chapitre est celui du cadre conceptuel. Il vise à mettre en lumière divers concepts entourant la prise de décision, c’est-à-dire les difficultés et les critères relatifs aux choix de carrière. Ce chapitre a aussi pour objectif de présenter les différentes conceptions de l’anxiété et de décrire ses causes, ses conséquences, ses manifestations et les interventions possibles pour y remédier. Le troisième chapitre présente l’objectif général de la recherche. Quant au quatrième chapitre, il fait état de la méthodologie employée dans le cadre de cet essai, soit une approche qualitative thématique. Le chapitre cinq porte sur la présentation et l’analyse des résultats. Il est possible d’y trouver des exemples des propos tenus par les élèves participant à l’étude et regroupés suite à une analyse thématique. Le sixième chapitre constitue une discussion visant à comparer les résultats de cet essai à la littérature scientifique et aux énoncés provenant de la problématique et du cadre conceptuel de cette recherche. Finalement, cet essai se conclut par un retour sur les résultats, une présentation des limites de la recherche et une ouverture sur des pistes de réflexion qui pourraient 9
  • 10. conduire à de nouvelles connaissances liées à l’anxiété et à la prise de décision carriérologique. 10
  • 11. PREMIER CHAPITRE – PROBLÉMATIQUE Ce premier chapitre vise à décrire la problématique de recherche qui est au cœur de cet essai. Conséquemment, ce chapitre présente le phénomène de l’anxiété dans toute sa complexité, dont les problématiques d’anxiété liées aux choix de carrière des jeunes du secondaire. De plus, il est possible d’y retrouver une revue de la littérature non exhaustive qui cherche à faire un survol de l’état des connaissances sur le sujet de l’anxiété particulièrement chez les adolescents en contexte de prise de décision relative à la carrière. 1.1. LA PROBLÉMATIQUE DE L’ANXIÉTÉ Dans la société actuelle, les problèmes de santé mentale et plus particulièrement les problèmes liés à l’anxiété sont partie prenante des préoccupations de la population. Plusieurs individus souffrent d’anxiété et les adolescents du secondaire n’échappent pas à ce phénomène. Les élèves du deuxième cycle du secondaire et plus particulièrement les élèves de 4e et 5e secondaire doivent faire face à des prises de décisions importantes et une certaine confusion existe quant aux liens entre l’anxiété, l’adolescence et la prise de décision. De ce fait, la section qui suit a pour objectif de démontrer l’importance de cette recherche en illustrant le phénomène de l’anxiété, ses causes et conséquences, tout particulièrement chez les adolescents, ainsi que le rôle de ce phénomène sur la prise de décision des jeunes au secondaire. 1.1.1. LA SANTÉ MENTALE La santé mentale ne se résume pas à l’absence d’une maladie psychopathologique, de troubles ou d’handicaps mentaux. Elle est une composante essentielle de la santé, au même titre que le bien-être physique et social (Organisation mondiale de la santé, 2010). L’Organisation mondiale de la santé définit la santé mentale comme : Un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté. Dans ce sens positif, la santé mentale est le 11
  • 12. fondement du bien-être d’un individu et du bon fonctionnement d’une communauté (2010). De par cette définition, il est possible de constater que la santé mentale va bien au-delà de l’absence de maladie psychopathologique. De plus, cette définition permet de comprendre l’importance d’une bonne santé mentale pour le développement d’un individu, de sa famille, de sa communauté et par le fait même d’une société. Plusieurs facteurs influencent la santé mentale d’un individu et sa capacité à jouir de la vie et à relever les défis quotidiens. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS, 2012a) précise que les facteurs biologiques dont l’hérédité, les facteurs personnels tels les expériences vécues par l’individu, son estime de soi et ses ressources personnelles sont autant d’exemples d’influences. Il existe également les facteurs environnementaux, physiques, sociaux et économiques qui jouent un rôle sur la santé mentale de l’individu. Le MSSS (2012b) indique que pour qu’une personne arrive à se maintenir en bonne santé mentale, il faut qu’elle conserve un équilibre entre les diverses facettes de sa vie. Les aspects sociaux, physiques, mentaux, économiques et spirituels, font tous partie de la balance. Atteindre et maintenir cet équilibre nécessite un effort constant pour la personne. Les complications et les enjeux de la vie viendront parfois faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre et la personne devra travailler à retrouver le point d’équilibre. Cet équilibre est au cœur d’une bonne santé mentale. Le rapport du Ministre de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (2006) intitulé Aspect humain de la santé mentale et de la maladie mentale au Canada précise que la santé mentale est directement liée à la capacité de ressentir, de réfléchir et d’agir d’un individu dans le but d’améliorer son aptitude à jouir de la vie et à relever les défis auxquels il est confronté. Bien certainement, ces défis peuvent prendre diverses formes et les enjeux d’orientation d’un individu font partie de la longue liste auxquels les individus sont confrontés au cours de leur existence. Lorsque l’équilibre est secoué, il arrive que l’individu soit pris avec des problèmes de santé mentale découlant vers des troubles mentaux ou psychopathologies. Toujours selon le MSSS (2012c), les troubles mentaux peuvent se reconnaître à des signes et des 12
  • 13. symptômes définis par des altérations de l’humeur, de la pensée ou du comportement, ou une combinaison des trois. Ces altérations en arrivent à causer un dysfonctionnement et un état de détresse significatifs chez l’individu. Lorsqu’un médecin ou un professionnel de la santé regroupent les signes et les symptômes, il lui est possible de donner un sens spécifique à la maladie, de l’évaluer et enfin de poser un diagnostic. L’état de la maladie peut fluctuer de léger à grave. La maladie mentale peut prendre diverses formes, dont celles de troubles anxieux (ministère de la Santé et des Services sociaux, 2012d). Il peut arriver que les symptômes et signes fassent état de problèmes mentaux sans qu’on y associe un trouble diagnostique. À titre d’exemple, un individu peut souffrir d’anxiété sans pour autant souffrir d’un trouble d’anxiété spécifique. Le rapport Aspect humain de la santé mentale et de la maladie mentale au Canada (Ministre de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2006) indique que la maladie mentale a un impact sur l’ensemble des aspects de la vie de la personne (relations personnelles et familiales, études, sphère professionnelle et participation à la communauté) et précise qu’elle entraîne trop souvent un rétrécissement de l’univers et du champ d’activité de la personne. Selon l’Organisation mondiale de la santé (2010), c’est plus de 450 millions d’individus qui souffrent de troubles mentaux, et le nombre est encore plus élevé pour les problèmes mentaux. La Commission de la santé mentale du Canada (2012) a, pour sa part, commandé une étude portant sur le nombre de personnes ayant un trouble mental ou une maladie mentale dans l’ensemble du pays et les coûts qui y sont associés. Cette étude révèle que plus de 6,7 millions d’individus au Canada étaient atteints d’une maladie mentale en 2011. Ce qui signifie qu’à tout moment une personne sur cinq est aux prises avec une maladie mentale. De ce nombre, plus d’un million sont des enfants et des adolescents âgés entre 9 et 19 ans. Parmi les 6.7 millions d’individus recensés en 2011, 4 millions sont atteints d’un trouble de l’humeur ou d’un trouble anxieux. Ce qui fait de ces catégories de troubles, les maladies mentales les plus courantes au Canada. L’étude prévoit qu’en 2041, ce nombre s’élèvera à 4.9 millions. Un rapport du Conseil supérieur de l’éducation (1999), relevant diverses données du secteur de la santé dont une enquête effectuée par Santé-Québec sur la santé mentale des 13
  • 14. jeunes âgés entre 6 et 14 ans, indiquent que les troubles extériorisés et les troubles intériorisés, catégorie dont fait partie l’hyperanxiété, rendent l’enfant moins disponible aux apprentissages scolaires et peuvent entraîner un retard scolaire. Près de 34 % des filles présentent de l’anxiété généralisée en comparaison à 17 % chez les garçons. Dans un document de 2011 intitulé S’attaquer au problème : Investir dans la santé mentale, l’Organisation mondiale de la santé indique que les troubles de santé mentale et la charge de morbidité qui s’y rattache ont des conséquences économiques et sociales énormes à la fois pour les individus eux-mêmes, leurs familles, les communautés et au final les populations tout entières. Selon ce rapport, les troubles neuropsychiatriques sont la source d’un tiers des années perdues causées par des incapacités. Ces mêmes troubles représentent 13 % de la charge mondiale de morbidité. Déjà en 2004, l’Organisation mondiale de la santé s’attendait à ce que la charge de morbidité imputable aux troubles mentaux augmente significativement au cours des 20 prochaines années. L’OSM indiquait d’ailleurs dans son rapport de 2004 : Compte tenu de la prévalence des problèmes de santé mentale et de toxicomanie chez les adultes et les enfants, il n’est pas surprenant que ceuxci constituent une énorme charge psychologique et financière pour les individus, leur famille et la société tout entière. La maladie mentale a des incidences économiques sur le revenu des personnes, la capacité des malades – et souvent de leurs soignants – à travailler, la productivité au travail et la contribution à l’économie nationale. S’y ajoutent le recours à des traitements et à des services d’aide (p. 5). L’étude commandée par la Commission de la santé mentale du Canada (2012) démontre que les maladies mentales et les troubles mentaux privent l’économie canadienne d’au moins 50 milliards de dollars par an. Ce coût total pour l’économie aura dépassé les 2.5 billions de dollars au cours des trente prochaines années. La charge est énorme pour la société et les problèmes de santé mentale ne se limitent pas aux adultes. Ces problèmes de santé mentale ne discriminent pas. Ils peuvent toucher les enfants, les adolescents, les adultes jeunes ou vieux. Ils ne s’arrêtent pas à la race, au sexe, à la condition sociale ou à l’éducation de l’individu. 14
  • 15. 1.1.2. L’ANXIÉTÉ À L’ADOLESCENCE Dans un article de la Revue québécoise de psychologie (Claes, 1995), il est possible de retrouver une description de l’adolescence selon le psychologue américain Hall. Cette description fait référence au stress qui marque la période de bouleversement émotif qu’est l’adolescence. Hall y présente l’adolescence comme « une période de tumulte émotif marquée par le stress et les conflits où dominent l’instabilité, la fougue et la loi des contradictions » (p. 66). Le Centre d’études sur le stress humain (2012-2013) de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine à Montréal résume diverses études dans un article sur le stress des jeunes adolescents. Il y est indiqué que les enfants et les adolescents peuvent subir des stress importants dans leur vie et que l’exposition au stress durant la jeunesse peut accroître la vulnérabilité aux maladies mentales à l’âge adulte. Ce centre d’études publie d’ailleurs le Magazine Mammouth qui démystifie et vulgarise certaines recherches portant sur les stress des adolescents. Dans le volume 7, d’octobre 2009, un article y indique que l’adolescence est une période marquée par le stress puisque les jeunes sont confrontés à plusieurs stresseurs différents. Bien qu’il soit impossible d’éradiquer entièrement le stress de la vie des jeunes, il importe de leur fournir des connaissances et des outils pour leur permettre de mieux s’y adapter. Dans un autre article de ce même magazine, Dre Sonia Lupien, fondatrice et directrice du Centre d’études sur le stress humain indique (Trépanier, 2009, p. 7) : Trop peu de recherches ont été réalisées sur le sujet du stress chez les adolescents. En tant que scientifiques, il est temps pour nous de tenter de comprendre ce qui stresse les adolescents et de leur enseigner de bonnes stratégies d’adaptation. Les adolescents ont des attitudes différentes quant à l’utilisation des services de santé mentale. Ils sont souvent plus résistants que les adultes à utiliser les services professionnels en santé mentale. C’est particulièrement vrai pour les garçons qui font moins fréquemment appel à un service de soutien psychologique que les filles. 15
  • 16. 1.1.3. L’ANXIÉTÉ CHEZ LES ADOLESCENTS AU NIVEAU DU SECONDAIRE Comme mentionné précédemment, les stresseurs sont nombreux dans la vie des adolescents et le domaine scolaire ne fait pas exception. Le Centre d’études sur le stress humain (2012-2013) a d’ailleurs établi que les jeunes éprouvent une augmentation significative du niveau d’hormones de stress lorsqu’ils entament leurs études secondaires ou s’apprêtent à les commencer. Cela démontre que la transition de l’école primaire à l’école secondaire fait partie des stresseurs importants. Un rapport rédigé par Bowen (2003) abonde dans le même sens en révélant que les situations de transition créent chez certains élèves un sentiment d’anxiété ainsi que d’insécurité qui peut avoir pour effet de venir augmenter les conduites inadaptées ou déviantes. Il y a trop peu de publications disponibles sur le sujet de l’anxiété chez les adolescents par rapport à l’ampleur de la problématique. Ce constat est d’ailleurs appuyé par les propos de Lupien qui exprime que trop peu de recherches ont été réalisées sur le sujet. Toutefois, les médias se sont beaucoup intéressés au phénomène. L’anxiété est partout dans le système scolaire et il suffit de suivre l’actualité du journal La Presse pour constater que plusieurs articles traitent de l’anxiété chez les enfants et les adolescents. La prochaine partie traite de trois d’entre eux. Dans un article de 2012 paru aux éditions La Presse, la journaliste Isabelle Légaré présente un portrait préoccupant du niveau de stress chez les enfants. Elle y indique une augmentation du nombre de problèmes liés au stress, dont la perte d’appétit, des difficultés de concentration, des maux de tête ou de ventre chronique. Dans une famille, le niveau de stress vécu par les jeunes est proportionnel au rythme de vie imposé qui peut varier selon le travail des parents, les conflits, la situation financière, les activités parascolaires, les exigences élevées, etc. Divers spécialistes dont des enseignants, des psychologues et des médecins ont choisi de sonner l’alarme. Un autre article paru dans La Presse est un bel exemple de l’opinion publique de divers spécialistes. Cet article de la journaliste Isabelle Mathieu (2008) traite du cauchemar que 16
  • 17. vivent certains élèves du secondaire dû à l’anxiété de performance puisque dans une société visant toujours plus haut, l’anxiété scolaire est à la hausse. Dans cet article, plusieurs élèves du secondaire ont été rencontrés et la journaliste fait le portrait du vécu de certains d’entre eux. Elle rapporte les propos d’élèves qui témoignent de la pression qu’ils s’infligent pour avoir toujours une bonne performance scolaire, de la peur de l’échec et des longues heures passées à étudier au détriment du niveau de sommeil. Dans cet article, le psychologue François Laroche de l’école secondaire la Cité étudiante de Roberval et président de l’Association des psychologues scolaires du Québec indique qu’il voit de plus en plus souvent des jeunes stressés à tel point qu’ils ne veulent plus se présenter à l’école. Dans cet article d’Isabelle Mathieu, il est énoncé que certains élèves développent du stress de performance en arrivant au secondaire alors que d’autres vivent ce stress lorsqu’ils perçoivent le cégep se profiler à l’horizon. Odette Bussières, psychologue au Séminaire Saint-François, souligne qu’en quatrième et cinquième secondaire les élèves deviennent souvent extrêmement anxieux lorsqu’ils constatent qu’ils doivent modifier leurs méthodes de travail puisqu’étudier à la dernière minute ne suffit plus. C’est souvent durant ces années de secondaire que les élèves prennent conscience de l’impact de leurs notes sur les opportunités d’études supérieures. Ce constat devient pour plusieurs une source de stress supplémentaire. Dans un autre article d’Isabelle Mathieu (2008) intitulé Dompter le stress qui étouffe, le psychologue de l’école secondaire De Rochebelle, Mark Mercier, est convaincu que la problématique du stress chez les adolescents est grandement sous-estimée. Il affirme que trop souvent une intervention a lieu seulement si le jeune est en crise et qu’il ne veut plus aller à l’école ou n’est plus fonctionnel. Les symptômes du stress sont minimisés. Michelle Dumont, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivière, indique quant à elle que plus les jeunes apprendront à gérer leur stress, plus ils auront les outils nécessaires pour faire face à l’un des grands problèmes du siècle, soit l’épuisement professionnel. Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) (2011a) est conscient qu’il est important d’outiller les élèves quant à la gestion du stress. D’ailleurs, dans le programme 17
  • 18. de formation de l’école québécoise : Enseignement secondaire, deuxième cycle, domaines généraux de formation, l’un des cinq domaines de formation générale est celui de la Santé et du bien-être qui comprend l’axe de développement Connaissance des conséquences de ses choix personnels sur sa santé et son bien-être dont fait justement partie la connaissance des effets du stress. 1.1.4. L’ANXIÉTÉ DU POINT DE VUE DE L’ORIENTATION DES JEUNES DU SECONDAIRE La Filiale du Bas-du-Fleuve de l’Association canadienne pour la santé mentale (2012) indique que toute condition qui nuit à l'adaptation réciproque entre un individu et son milieu constitue un obstacle à la santé mentale. À l'inverse, toute condition qui facilite cette adaptation réciproque favorise et maintien la santé mentale. Suivant cette ligne de pensée, la santé mentale peut être définie comme une ressource collective, à laquelle contribuent l’ensemble des institutions sociales, la communauté tout entière et les personnes dans leur individualité. Les services d’orientation font partie de cette communauté et les professionnels du secteur de la carriérologie sont des acteurs de maintien du bien-être et de la santé mentale des individus. Suivant cette ligne de pensée et le fait que l’anxiété est présente auprès des adolescents de quatrième et cinquième secondaire, il est important de se pencher sur les liens possibles entre les manifestations de l’anxiété et la prise de décision des jeunes au secondaire. En effet, le passage au secondaire est une étape du cursus scolaire durant laquelle la majorité des élèves s’interrogent sérieusement sur leur cheminement scolaire et professionnel. Face à ce choix complexe, le jeune lui-même en arrive à ressentir du stress (Fédération des commissions scolaires du Québec). En parlant d’orientation au secondaire et de la prise de décision, le MELS affirme dans son programme de formation (2011, p.24) : Ce choix s’avère de plus en plus complexe, en raison notamment du développement accéléré des connaissances, de la transformation des structures de travail, de la mobilité croissante de l’emploi et de la concurrence des marchés à l’échelle mondiale. À cela s’ajoutent une certaine méconnaissance de la réalité du marché du travail et de ses 18
  • 19. exigences de même que la difficulté de plusieurs jeunes à saisir comment les études les préparent à s’insérer dans le monde du travail. Dans son rapport annuel 2001-2002 sur les besoins des familles et des enfants, le Conseil de la famille et de l’enfance (2002), indique d’ailleurs que la majorité des adolescents sont conscients d’une chose; le lien étroit qui existe entre leur réussite scolaire et leur intégration sur le marché du travail. Toutefois, l’augmentation du temps consacré aux études en comparaison avec les générations précédentes à des conséquences sur les adolescents : stress, situation financière difficile et dépendance au soutien parental prolongée. De plus, le CFE (2002) indique qu’un des aspects particuliers qui touche les jeunes dans notre société contemporaine réside dans le fait que les adolescents doivent exercer leur capacité à faire des choix alors qu’ils n’ont probablement jamais eu autant d’options, de possibilités et d’occasions à leur disposition. Déjà en 1982, le Conseil supérieur de l’éducation écrivait dans son rapport Vivre à l’école secondaire : un printemps d’embâcles et d’espoirs (p.22) : La majorité des élèves de niveau secondaire ressentent une anxiété certaine face à l’avenir; le choix d’une carrière devient complexe, compte tenu des options qui s’imposent alors qu’ils sont encore relativement jeunes. Le MELS (2010) indique que plusieurs facteurs peuvent complexifier le choix et entraîner de l’anxiété. À titre d’exemple, c’est le cas des stéréotypes. Le stéréotype peut limiter le choix des femmes en leur renvoyant l’image qu’un domaine professionnel est réservé aux hommes et qu’elles n’ont pas les capacités pour y réussir. Dans son bulletin Objectif Persévérance et Réussite, le MELS (2010) explique que lorsqu’une personne se sent menacée par un stéréotype la performance a tendance à diminuer alors que l’anxiété s’accroît, la motivation baisse et un processus de désengagement peut survenir. L’information scolaire et professionnelle ainsi que l’orientation sont des outils importants dans le développement personnel et social, la réussite scolaire et la qualification des élèves. Toutefois, pour arriver à ce qu’un étudiant obtienne une qualification, il faut d’abord qu’il choisisse son domaine. Selon le MELS (2002), différentes études montrent qu’une importante proportion des jeunes adultes n’ont pas arrêté un choix de carrière. Bon nombre d’élèves ont de la difficulté à se connaître et à avoir des idées claires quant à 19
  • 20. leur avenir professionnel. Souvent les élèves n’ont pas de plan de carrière précis à la fin de leurs études secondaires. Falardeau (1999) indique que cette indécision n’est pas sans conséquence tant au plan du développement psychologie, scolaire que social des adolescents. Il est ici question de fragilité émotive, de procrastination, de difficulté scolaire et bien certainement d’anxiété. De plus, Falardeau (2007) précise que le manque d’organisation, la peur de se tromper, la peur de l’échec ou de l’inconnu ainsi que l’anxiété sont autant de causes possibles de l’indécision des jeunes. Dans cette optique, l’anxiété peut être à la fois la cause et la conséquence de l’indécision. Dans un communiqué de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec (OCCOQ, 2012), il est mentionné qu’à l’approche de l’échéance primordiale du 1 er mars, les conseillers d’orientation, tant dans les écoles, les cabinets privés que les organismes publics ou communautaires, sont sollicités par une clientèle nombreuse. Cette clientèle est parfois anxieuse à l’idée qu’il lui faut faire le bon choix de formation dans le délai prescrit par la date limite d’admission. Selon Laurent Matte (2010), conseiller d’orientation et président de l’OCCOQ, les besoins d’orientation des élèves au secondaire peuvent être multiples. Certains élèves consultent pour une indécision chronique, un problème d’identité, une immaturité vocationnelle, un manque d’information ou de l’anxiété liée au choix de carrière. Ainsi, certains vont avoir besoin d’accéder à de l’information scolaire et professionnelle, d’autres vont nécessiter des interventions pour favoriser le développement de leurs ressources personnelles, d’autres encore vont avoir besoin de mettre en place un processus adapté de prise de décision. Toujours selon Matte, depuis la disparition du cours Éducation au choix de carrière, l’accès des élèves à de l’information scolaire et professionnelle de qualité dépend maintenant de la collaboration entre les professionnels du développement de carrière et les enseignants. À défaut de quoi, plusieurs élèves n’auront pas l’information nécessaire pour effectuer une prise de décision éclairée. À cela s’ajoutent plusieurs situations particulières qui amènent les élèves à consulter un professionnel. Cela peut être une 20
  • 21. difficulté d’adaptation, d’apprentissage ou un handicap. Dans d’autres cas, ce sont les problématiques sur le plan psychologique qui s’entremêlent aux problématiques relatives à l’orientation. C’est le cas, notamment des troubles anxieux ou de l’anxiété de performance. Dans un article intitulé, l’orientation au secondaire, secteur jeunes, Laurent Matte (2012, p.9) lance la question : « Sans aide professionnelle, comment faire face à l’indécision chronique, à l’anxiété liée au choix, à la confusion identitaire? » L’évaluation en counseling d’orientation demande effectivement de porter un regard sur l’expérience de non-sens que vivent les adolescents devant l’absence de projet. Ce qui génère chez ceux qui consultent une anxiété devant cette indécision entremêlée de l’excitation d’enfin prendre contact avec leur identité scolaire et professionnelle (Beaulieu, 2004). Bon nombre de jeunes appréhendent anxieusement la perspective d’une orientation professionnelle et ne font que repousser le plus longtemps possible le moment de la considérer. Ils font partie d’une catégorie d’indécis qui n’auront pas fait de choix aux termes de leurs études secondaires (Pelletier, 2008). C’est pourquoi, comme intervenant en développement de carrière, il apparaît pertinent de se questionner sur le rôle que joue cette anxiété dans le processus décisionnel des adolescents du secondaire. 1.2. PRISE DE DÉCISION CARRIÉROLOGIQUE ET ANXIÉTÉ : ÉTAT DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Un nombre impressionnant de recherches empiriques sont menées sur le sujet de l’anxiété. Une revue scientifique, Journal of anxiety disorders, fait d’ailleurs de l’anxiété son sujet de prédilection. Chaque recherche réalisée sur l’anxiété aborde le sujet à sa façon. Dans le cadre de cette activité dirigée, il s’avère pertinent de se pencher sur les recherches traitant de l’anxiété en contexte de prise de décision, notamment le processus décisionnel carriérologique et les recherches traitant de l’anxiété chez les adolescents. La prochaine section vise à exposer quelques recherches empiriques pertinentes touchant à l’anxiété sous les angles proposés. Il s’agit d’une revue de la littérature non exhaustive qui cherche à dresser un portrait général de la recherche sur l’anxiété particulièrement chez les adolescents en contexte de prise de décision relative à la carrière. 21
  • 22. Comme présentées précédemment, les catégories des troubles de l’humeur et des troubles anxieux sont les maladies mentales les plus courantes. Une étude longitudinale (Olinoa et al., 2010) a été menée auprès de six groupes d’individus au courant de l’adolescence et du début de l’âge adulte afin de cerner les éléments qui distinguent l’évolution des troubles de l’humeur et des troubles anxieux durant cette période. Cette étude a permis d’identifier cinq trajectoires distinctes dans l’évolution de ces troubles; des troubles de l’humeur qui demeurent stables de l’adolescence à la vie adulte, des troubles anxieux qui demeurent également stables durant le passage du temps, une augmentation graduelle de la sévérité des troubles de l’humeur durant le passage de l’adolescence à l’âge adulte, une augmentation rapide des troubles anxieux au moment d’atteindre l’âge adulte et des troubles anxieux sévères durant l’adolescence qui ont tendance à diminuer au fil des ans. L’étude démontre également que la prévalence est plus élevée de souffrir de troubles de l’humeur sans souffrir de troubles anxieux en comparaison à la prévalence de souffrir de troubles anxieux sans souffrir de troubles de l’humeur. Quant à Ameringen, Mancini et Farvolden (2003), ils se sont intéressés à l’impact des troubles d’anxiété sur la réussite scolaire. Dans le cadre de leur recherche, 201 personnes répondant aux critères premiers des troubles anxieux selon le DSM-IV ont rempli un questionnaire portant sur le décrochage scolaire. Environ 49 % des participants à l’étude ont indiqué avoir quitté l’école prématurément, et sur ce nombre, 24 % ont précisé que l’anxiété était la cause première de leur décision. L’ensemble des résultats de cette étude porte à croire que les troubles anxieux, et particulièrement la phobie sociale, sont associés au décrochage scolaire. Une recherche de Braunstein-Bercovitz et al. menée en 2012 permet de comprendre comment les relations interpersonnelles avec des personnes significatives et les émotions négatives qui peuvent en découler arrivent à expliquer en partie la dynamique de l’indécision vocationnelle. Par émotions négatives, les auteurs entendent l’anxiété et le pessimisme dans un contexte de décision carriérologique. Les résultats obtenus suggèrent que les relations interpersonnelles anxiogènes sont indirectement reliées à l’indécision vocationnelle par le biais de l’anxiété et du pessimisme. Cela est le cas si le lien 22
  • 23. d’attachement avec les personnes significatives amène l’individu à ressentir de l’anxiété ou du pessimisme face à son choix de carrière. Les chercheurs précisent que ce lien est présent avec l’anxiété et le pessimisme dans un contexte de prise de décision carriérologique et non d’un point de vue de traits émotionnels. Des recherches sur l’anxiété en contexte de prise de décision ont été réalisées auprès d’élèves et d’étudiants de différents groupes d’âge. Strenna, Chahraoui et Vinay (2009) ont étudié l’orientation scolaire et professionnelle comme source possible de stress et se sont attardées sur ses effets psychologiques sur la santé psychique. Cette recherche a été menée auprès d’étudiants en commerce âgés de 20 à 24 ans. Les résultats suggèrent l’existence de deux profils; un niveau faible et un niveau élevé de détresse psychologique. Les étudiants démontrant un degré élevé de détresse psychologique se distinguent de façon significative par le stress perçu, l’estime de soi et les stratégies de coping utilisées. La perception accrue du stress et le niveau de détresse psychologique sont étroitement liés. Les étudiants en détresse ont tendance à percevoir les événements comme plus menaçants. En modifiant l’évaluation qu’ils font de la situation pour la rendre plus menaçante, les étudiants renforcent par le fait même le stress perçu et, plus particulièrement, le stress émotionnel. Dans cette optique, ils réagissent avec une anxiété augmentée et sont donc davantage préoccupés par leur avenir. Le processus de prise de décision relative à la carrière est un thème central du secteur de l’orientation. Di Fabio et Busoni (2006) se sont intéressés à l’étude des styles décisionnels. Dans le cadre de leur recherche, ils ont administré à un échantillonnage de lycéens plusieurs outils psychométriques; Questionnaire de prise de décision de Melbourne, Questionnaire des cinq facteurs, Inventaire de la personnalité basé sur des adjectifs, Échelle d’estime de soi de Rosenberg et Questionnaire d’échec cognitif. Bien que cette recherche ne soit pas axée majoritairement sur le stress et l’anxiété, elle suggère toutefois des résultats pertinents quant à ce sujet. En effet, les résultats mettent en lumière que les individus ayant tendance à décider à la hâte et avec impulsivité semblent être, de façon générale, des gens méticuleux, portant une attention particulière aux détails, ayant un besoin excessif d’ordre et étant incapables de contrôler l’anxiété causée par la prise de 23
  • 24. décision. Dans cette étude, les auteures traitent des styles décisionnels désadaptatifs et des styles adaptatifs. Les résultats suggèrent que les trois styles désadaptatifs (évitement, procrastination et hypervigilance) sont généralement associés à des traits de personnalité similaires, qui impliquent notamment l’anxiété. Cette recherche tisse ainsi un lien entre les trois styles décisionnels désadaptatifs et l’anxiété, la vulnérabilité ainsi que la préoccupation (névrosisme). Quant à l'étude de l’anxiété chez les adolescents, elle ne date pas d’hier. Déjà en 1977, une recherche portant sur les effets des facteurs cognitifs et émotionnels sur les intérêts et les préférences professionnelles des adolescents a été effectuée dans une école secondaire d’Israël (Grimm et Nachmias). Cette étude a mesuré la pensée divergente, l’anxiété, les préférences professionnelles et les domaines d’intérêts intellectuels. En ce qui concerne l’anxiété, les résultats ont révélé que les adolescents anxieux ont un champ d’intérêt plutôt restreint. En effet, les adolescents participant à cette étude avaient tendance à choisir une profession dans le même domaine que les activités accomplies dans les périodes de temps libre. De plus, les élèves anxieux se laissent davantage influencer par le prestige et le statut social de la profession que les élèves peu anxieux. Les résultats de l’étude démontrent aussi une corrélation négative entre les manifestations de l’anxiété et la pensée divergente. En 1995, Inderbitzen et Hope se sont attardés aux symptômes de l’anxiété sociale, de l’anxiété non spécifique et de la dépression chez les adolescents. Pour réaliser cette étude, 428 élèves du secondaire (niveau 10e année) ont complété trois outils psychométriques; le Social Anxiety Scale for Children-Revised, le Revised Childen’s Manifest Anxiety Scale et le Children’s Depression Inventory. Suite à cette collecte de données, l’analyse des résultats a permis de démontrer que les symptômes de l’anxiété sociale se distinguent des symptômes de l’anxiété non spécifique ainsi que des symptômes de la dépression. L’étude suggère également que les adolescentes ont des résultats significativement plus élevés dans les trois catégories de symptômes en comparaison à leurs collègues masculins. 24
  • 25. Une étude de Vignoli et al. (2005) vise à comprendre le rôle du lien d’attachement entre le parent et l’adolescent, du style d’éducation parentale ainsi que le rôle de l’anxiété dans le processus d’exploration carriérologique de l’adolescent. Dans cette recherche effectuée auprès d’une école secondaire française, l’exploration relative à la carrière comprenait la diversité et la fréquence de l’exploration. Pour cette étude, trois types d’anxiété ont été pris en considération; les traits généraux d’anxiété, la peur d’échouer dans sa carrière et la crainte de décevoir un parent. La portion de la recherche traitant de l’anxiété a mis en lumière des résultats intéressants. En effet, cette étude démontre que les adolescents vivant du stress face aux transitions scolaires ou de l’anxiété contextuelle avaient tendance à augmenter la fréquence et la diversité de leurs activités d’exploration. Contrairement à l’anxiété liée au contexte, les traits d’anxiété généraux ont tendance à diminuer les activités d’exploration. Selon les chercheurs, cela est probablement lié au fait que l’anxiété est présente partout et que l’emphase n’est pas mise sur le volet académique ou vocationnel. La recherche d’informations liées à la carrière est courtcircuitée par la recherche de multiples informations n’ayant pas de rapport direct avec la carriérologie. Quant à la peur de décevoir un parent, elle est liée à la diversité des activités d’exploration chez les garçons seulement. Selon les chercheurs, ce résultat est probablement dû au fait que les familles mettent plus d’emphase sur la réussite professionnelle des garçons que celle des filles. L’éducation parentale des garçons amène souvent ceux-ci à choisir des professions plus prestigieuses et à respecter les stéréotypes liés aux professions considérées à priori masculines. Pour les filles, c’est davantage la peur de l’échec qui est liée positivement à la fréquence et à la diversité des activités d’exploration. Les filles souffrant d’anxiété explorent davantage que les autres adolescentes afin de faire un choix qui correspond le plus précisément possible à leur degré perçu de compétence. L’anxiété chez les adolescents dans un contexte de prise de décision demeure un sujet pertinent et récemment étudié. Une recherche de Reynolds et al. (2013) réalisé auprès d’adolescents souffrant d’anxiété sociale a permis de mettre en lumière l’influence de ce type d’anxiété sur le niveau de risque qu’est prêt à prendre un individu. Dans cette étude, le niveau de risque est lié au fait de prendre une décision sans savoir si les conséquences 25
  • 26. seront positives ou négatives. Les adolescents ayant un niveau supérieur d’anxiété sociale ont démontré une prise de risque plus grande lorsque confrontés à des conditions de stress élevés en comparaison à de faibles conditions de stress. Quant aux adolescents ayant un niveau inférieur d’anxiété sociale, ils n’ont démontré aucune différence dans le niveau de prise de risque selon que les conditions soient plus ou moins stressantes. Une recherche pertinente touchant au rôle de l’anxiété sur la prise de décision des jeunes de niveau secondaire est celle de Lacoste, Esparbès-Pistre et Tap (2005). Cette étude réalisée auprès d’une population de 2 042 collégiens et lycéens âgés de 12 à 20 ans porte sur le degré de stress vécu par ces jeunes face à la nécessité de faire un choix d’orientation. Dans cette étude, le stress est divisé en quatre dimensions : tensionfébrilité, humeur dépressive, lassitude et manifestations physiques. Les chercheurs ont fait passer un questionnaire ayant 11 difficultés reliées à la prise de décision carriérologique. Parmi ces difficultés, il est possible de retrouver la difficulté à élaborer un projet, le manque d’informations, le trop-plein d’informations, l’aide insuffisante, le choix entre plusieurs métiers, les compétences insuffisantes, le manque de débouchés, le doute sur soi, les difficultés matérielles, la pression de l’entourage et finalement la catégorie intitulée autres difficultés. Les résultats démontrent une corrélation significative entre le stress et trois difficultés en particulier : le doute sur soi, la conviction d’avoir des compétences insuffisantes et une insuffisance d’aide et de soutien. Les résultats de cette recherche révèlent également que les filles sont davantage stressées globalement et c’est aussi le cas pour chacune des dimensions du stress. Un autre élément intéressant suggéré par la recherche est l’augmentation du niveau de stress lorsque les jeunes ont l’impression de ne plus maîtriser les difficultés surtout lorsqu’elles sont perçues comme provenant de l’extérieur. Multiples recherches empiriques ont été réalisés sur le sujet de l’anxiété. Toutefois, il est étonnant de constater qu’un nombre restreint de recherches traite de cette problématique sous l’angle des jeunes. Pourtant, ce phénomène touche de plus en plus d’adolescents. Il gagne en ampleur et les répercussions sur la vie du jeune, de sa famille et de toute la société augmentent avec lui. Ce qui n’est pas le cas du nombre de recherches. Devant le 26
  • 27. deuxième constat qu’est celui de l’importance du processus décisionnel, de sa complexité et des difficultés que peuvent ressentir les adolescents devant ce choix qui forgera leur avenir, il est d’autant plus surprenant de trouver peu de recherches menées précisément sur l’interaction qui existe entre l’anxiété et la prise de décision des jeunes en contexte de processus décisionnel relatif à la carrière. En effet, en procédant à une revue de la littérature québécoise, il est possible de constater que peu d’écrits traitent de l’anxiété et de l’impact de ce facteur émotif et psychologique sur le processus de choix de carrière des élèves de la 4e et 5e secondaire étudiant sous le régime pédagogique québécois. Incontestablement, il existe une variété d’études québécoises sur l’anxiété et d’autres encore sur la prise de décision. Par contre, le nombre est plus restreint quand les recherches lient le sujet de l’anxiété à la prise de décision et les recherches se raréfient encore davantage quand les adolescents sont ciblés. Comme il est difficile de trouver des publications qui touchent à ce sujet pointu, il serait pertinent d’étudier les liens possibles entre l’anxiété, ses manifestations et la prise de décision carriérologique des jeunes étudiant au régime d’enseignement secondaire québécois afin d’en accroître l’état des connaissances. 27
  • 28. DEUXIÈME CHAPITRE – CADRE THÉORIQUE Le deuxième chapitre traite du cadre théorique de cet essai. Il a pour objectif de mettre en lumière différents concepts de la prise de décision c’est-à-dire les difficultés et les critères relatifs aux choix de carrière. Ce chapitre vise également à exposer diverses conceptions de l’anxiété et à faire état de ses causes, ses conséquences, ses manifestations et les interventions susceptibles de diminuer l’anxiété chez les individus. 2.1. LA CONCEPTION DE LA PRISE DE DÉCISION RELATIVE À LA CARRIÈRE Cette section vise à définir le concept de la prise de décision carriérologique du point de vue du chercheur Itamar Gati. La prise de décision relative à la carrière fait l’objet d’une grande quantité de recherche et peut être conceptualisée de différentes façons selon l’angle des chercheurs. Dans le cadre de ce rapport, l’approche conceptuelle proposée est celle d’Itamar Gati, chercheur et professeur au département de psychologie de l’Université hébraïque de Jérusalem. Gati y enseigne le counseling de carrière et la psychologie vocationnelle. Ses principaux champs de recherche sont l’amélioration et la facilitation de la prise de décision, les difficultés de prise de décision relative à la carrière, l’utilisation d’internet comme outil de prise de décision, la notion de compromis dans un contexte professionnel ainsi que les styles et profils de prise de décision (The Hebrew University in Jerusalem, 2013). Comme démontré dans la section précédente, Gati a travaillé sur la prise de décision et l’indécision chez les adolescents, sur les principales sources de difficultés dans la prise de décision en carriérologie, dont l’effet de l’anxiété sur certains aspects spécifiques de la prise de décision. Bien certainement, les travaux d’Itamar Gati ne se sont pas arrêtés à son modèle de difficultés dans la prise de décision de carrière soit le Career DecisionMaking Difficulties Questionnaire (CDDQ) ni à son modèle de prise de décision relative à la carrière soit le Career Decision-Making Profile (CDMP). Ceci dit, c’est principalement ces deux outils et la conception des styles et profils de prise de décision qui l’entourent, qui sont au cœur de la conception de la prise de décision ici proposée. 28
  • 29. Il existe une grande variété de théories sur la prise de décision qui permettent de mieux définir et de mieux comprendre le processus décisionnel vécu par un individu. Selon ces théories décisionnelles, l’un des rôles majeurs d’un conseiller d’orientation est d’accompagner le client dans ce processus afin de l’aider à prendre une décision la plus éclairée possible (Gati et al., 2010). Pour ce faire, les conseillers d’orientation utilisent diverses interventions. Ces interventions comprennent souvent l’identification de l’objectif de la prise de décision et des difficultés du client relatives à son processus décisionnel. D’autres interventions touchent la capacité d’analyse du client, ses aptitudes à l’introspection et sa façon de traiter l’information recueillie. Outre ces diverses interventions, un autre élément significatif du travail des conseillers d’orientation est de caractériser la manière dont le client aborde son processus de prise de décision. En effet, selon Gati et al. (2010) intervenir de façon à faire ressortir les critères du processus décisionnel du client peut faciliter le processus décisionnel de celui-ci et éventuellement permettre une décision plus éclairée. De plus, le conseiller doit être capable d’identifier les difficultés potentielles qui peuvent affecter le processus de prise de décision du client. 2.1.1. LES DIFFICULTÉS RELATIVES À LA PRISE DE DÉCISION SELON GATI Selon Itamar Gati (2011), pour arriver à offrir du soutien aux personnes qui font face à des difficultés dans leur processus de prise de décision de carrière, il est important de les aider à localiser et identifier des zones précises de difficultés. En 1996, Gati, Krausz et Osipow ont conçu un outil intitulé Career Decision-making Difficulties Questionnaire (CDDQ) qui repose sur des théories de la prise de décision et du traitement de l’information, dont le modèle de la prise de décision idéale. Les prémisses sur lesquelles se fonde la taxonomie des difficultés de prise de décision relative à la carrière proposée par Gati, Krausz et Osipow (1996) sont nombreuses. Premièrement, l’équipe de chercheurs traite du modèle de la prise de décision idéale. Par prise de décision idéale ou par processus optimal de décision de carrière, ces trois chercheurs font référence à la conscience du besoin de prendre une décision, à l’acceptation de prendre une décision et à la capacité de l’individu de mettre à profit un processus systématique et compatible 29
  • 30. avec ses buts ainsi que ses ressources personnelles. Ils précisent que n’importe quelle déviation dans un processus optimal de décision de carrière peut entraîner une difficulté ou une série de difficultés pour l’individu. Ces difficultés peuvent éventuellement mener la personne à un stade d’indécision, l’empêcher de prendre une décision ou encore entraîner la personne à prendre une décision moins optimale. De plus, les chercheurs précisent qu’il est possible de classifier ces difficultés selon quatre catégories distinctes (Gati, 2011) : 1. Le moment auquel les difficultés surviennent c’est-à-dire avant ou pendant la démarche de prise de décision. 2. La source de la difficulté (cognitive ou affective). 3. L’impact de la difficulté sur le plan décisionnel c’est-à-dire bloquer le processus ou mener vers une décision moins optimale. 4. Le style d’intervention requise pour surmonter la difficulté. Dans le cadre de leur recherche, Gati, Krausz et Osipow (1996) énoncent également que les décisions carriérologique ont de nombreux points communs avec la plupart des décisions. En effet, l’individu qui doit prendre une décision devra choisir parmi un certain éventail d’alternatives qui seront évaluées et comparées par le biais de nombreux attributs ou aspects. Ceci dit, les décisions relatives à la carrière possèdent aussi des caractéristiques uniques. Premièrement, l’éventail des possibilités est généralement assez vaste souvent en raison du nombre élevé d’employeurs potentiels, du choix de formation, d’établissement scolaire, etc. Deuxièmement, plusieurs informations sont disponibles pour chacune des possibilités. Troisièmement, un grand nombre de facteurs sont essentiels pour caractériser les possibilités et les préférences de l’individu que ce soit par la durée de la formation, le lieu de la formation, le type de relation avec les gens, les ressources de la personne, le niveau d’indépendance, etc. Le CDDQ permet d’identifier le domaine spécifique de difficultés rencontrées par un individu dans un contexte de prise de décision carriérologique. Pour ce faire, cet outil classifie les difficultés de prise de décision relative à la carrière selon trois niveaux de catégorisation; le manque de préparation, le manque d’information et l’information 30
  • 31. incohérente. Ces grandes catégories sont divisées de manière plus spécifique jusqu’à obtenir dix catégories de difficultés (Gati, 2011). Ainsi, le Career Decision-Making Difficulties Questionnaire établit 10 difficultés divisées en trois grands niveaux de catégorisation. Selon la traduction du Questionnaire sur l’indécision vocationnelle de Gati et Osipow (2002) par Jérôme Rossier et collaborateurs, les difficultés sont les suivantes ; Tableau 1 – Difficultés décisionnelles selon le Career Decision-Making Difficulties Questionnaire Catégorie de Définition des difficultés décisionnelles difficultés Manque de motivation (Lack of motivation) : attitude ou comportement dénotant Manque de préparation (Lack of Readiness) un manque ou un déficit d’engagement ou d’intérêt à l’effet de prendre une décision par rapport à sa carrière. Indécision (Indecisiveness) : difficulté à cerner une cible d’action ou de choix qui se témoigne par de l’hésitation, de l’indétermination, de la perplexité, confusion, flou, etc. Croyances dysfonctionnelles (Dysfunctional Beliefs) : principes, opinions, valeurs ou autres conceptions subjectives personnelles guidant la personne vers des actions non concluantes sur le plan de la prise de décision relative à la carrière. Manque d’information relative au processus de prise de décision (Lack of Manque information about Decision Making Process) : insuffisance de connaissances d’information (Lack acquises sur le plan de la quantité et de la qualité pouvant permettre de procéder à of information) une démarche organisée de prise de décision. Manque d’information à propos de soi (Lack of information about the Self) : insuffisance d’information (qualité, quantité) à propos de ses intérêts, ses valeurs, sa personnalité, ses aptitudes, etc. Manque d’information à propos des professions (Lack of Information about Occupations) : insuffisance d’information (qualité, quantité) à propos des activités professionnelles, des tâches de travail, des professions et des métiers, des secteurs professionnels. Manque d’information à propos de la manière d’obtenir de l’information (Lack of Information about Ways of Obtaining Information) : insuffisance 31
  • 32. d’information (qualité, quantité) à propos des ressources et des méthodes disponibles et accessibles pour obtenir des informations relatives à la carrière. Information non fiable (Unreliable Information) : possession d’information Information relative à la carrière fondée sur des constructions personnelles et sociales incohérente hautement subjectives (ouïes-dires, peurs et craintes, etc.). (Inconsistent Conflits internes (Internal Conflicts) : affrontement de deux ou plusieurs Information) propositions contradictoires relatives au fonctionnement psychologique de la personne et qui l’empêche de conduire une prise de décision relative à la carrière Conflits externes (External Conflicts) : affrontement de deux ou plusieurs propositions contradictoires relatives à des attributs sociaux et sociétaux, sinon de relations sociales, et qui l’empêchent de conduire une prise de décision relative à la carrière. 32
  • 33. Ce modèle peut être illustré comme suit (Gati, 2011, p.3, traduction libre) : Tableau 2 – Taxonomie des difficultés relatives à la prise de décision de carrière TAXONOMIE DES DIFFICULTÉS RELATIVES À LA PRISE DE DÉCISION DE CARRIÈRE AVANT l’engagement dans le processus de décision PENDANT le processus de prise de décision relative à la carrière Manque de préparation due à Un manque de motivation De l’indécision généralisée Information incohérente due à Manque d’informations à propos Des croyances dysfonctionnelles Du processus de prise de décision De soi Des occupations De la façon d’obtenir de l’information Des informations non fiables Des conflits internes Des conflits externes 33
  • 34. Cet outil ouvre la voie à plusieurs possibilités d’intervention pour les conseillers d’orientation puisqu’en administrant le CDDQ avant une première rencontre, un conseiller pourrait être en mesure de cibler plus précisément ses interventions. De plus, cet outil offre la possibilité d’obtenir une évaluation plus précise des difficultés d’un individu que ce soit en lien avec les trois grandes catégories de difficultés ou avec les dix difficultés spécifiques (Gati, Osipow, Krausz et Saka, 2000). Le CDDQ peut également être utilisé pour faciliter l’évaluation des besoins de groupes particuliers. À titre d’exemple, l’outil pourrait permettre l’identification de groupes d’élèves ayant des difficultés liées à l’une des trois grandes catégories afin de leur faire bénéficier du même genre d’intervention (Gati et Saka, 2001). Ces pistes d’applications du CDDQ dans le cadre des interventions des conseillers d’orientation ont été possibles grâce à des recherches réalisées suite à la création du CDDQ et dont il est question dans la prochaine section. 2.1.2. RECHERCHES RÉALISÉES SUITE À LA CRÉATION DU CDDQ Quelques années après la création du CDDQ, Gati, Osipow, Krausz et Saka (2000) ont réalisé une recherche afin d’examiner la validité du CDDQ. Afin d’y parvenir, l’équipe de chercheurs a établi deux critères. Le premier critère était d’ordre comportemental et visait à savoir si les individus qui cherchent à recevoir des conseils dans le domaine de leur orientation professionnelle diffèrent soit dans la nature ou dans l’ampleur de leurs difficultés en comparaison à un groupe de jeunes adultes issu d’une recherche effectuée en 1996 par Gati et al. Pour ce faire, la structure des difficultés impliquées dans le choix de carrière des individus participant à l’étude a été analysée et comparée à la structure hypothétique du CDDQ. Le deuxième critère était basé sur le jugement de conseillers d’orientation. L’équipe de chercheurs a recueilli les jugements des conseillers portant sur les dix catégories de difficultés de prise de décision de 95 clients ayant fait appel à leurs services d’orientation. D’un autre côté, les participants à l’étude et qui souhaitaient recevoir des conseils d’orientation ont rempli une auto-évaluation à l’aide du CDDQ qui concernait les difficultés vécues. Suite à cela, les jugements des conseillers d’orientation ont été comparés aux résultats des auto-évaluations afin de tester l’hypothèse selon 34
  • 35. laquelle il existe une corrélation positive entre les auto-évaluations des aidés et les jugements des conseillers. Des corrélations positives et significatives ont été démontrées, mais les corrélations se sont avérées plus faibles qu’espérées. Toutefois, les résultats de cette étude ont démontré que le modèle de difficultés en contexte de prise de décision carriérologique était similaire à celui du modèle théorique et reproduisait les conclusions de l’échantillon de Gati, Krausz et Osipow (1996). Ces résultats viennent donc confirmer la validité du CDDQ. Une autre étude menée cette fois-ci en 2001 par Gati et Saka intitulée High school student’s career-related decision making difficulties, traite des difficultés en contexte de prise de décision relative à la carrière chez les adolescents. Cette étude a été réalisée auprès de 1843 adolescents israéliens qui devaient choisir entre une 9e année (high school), une 10e année (high school) avec cours optionnels ou une carrière militaire. L’objectif de cette étude était de catégoriser les différents types de difficultés liées à la prise de décision carriérologique auxquelles faisaient face les adolescents israéliens en s’appuyant sur le modèle théorique d’analyse de ces difficultés de Gati, Krausz et Osipow (1996). Cette étude a permis de révéler que pour les élèves de 9e année, il existe une distinction entre les difficultés rencontrées préalablement à la prise de décision carriérologique et celles qui font surface lors du processus réel. Quant aux élèves de 10e année, la structure empirique s’est révélée très similaire à la structure obtenue auprès des élèves de 9e année sans pour autant être identique au modèle théorique sur lequel repose le questionnaire. Cela fournit un excellent soutien aux propriétés psychométriques du CDDQ. Bien que le CDDQ porte un regard sur les difficultés relatives à la prise de décision carriérologique, il est important de s’attarder plus spécifiquement à la prise de décision en elle-même, au-delà des difficultés. La prochaine section s’intéresse aux différents critères qui amènent l’individu à choisir un projet professionnel par l’entremise du concept de style décisionnel. 35
  • 36. 2.1.3. LE STYLE DÉCISIONNEL : UN DES CONSTRUITS CENTRAUX Depuis les dernières années, il est possible de noter un intérêt croissant pour les différences individuelles dans le processus décisionnel. Une majorité de recherches tendent à distinguer la variété de façons dont un individu aborde sa prise de décision (Gati et al., 2010). Une grande partie de ces études s’attardent à la prise de décision en général et celles qui touchent spécifiquement au contexte de carrière cherchent majoritairement à classifier ces caractéristiques sous forme de typologie. Ces outils tendent à classer les critères qui amènent les différents individus à prendre une décision en utilisant des styles de prise de décision (Gati, 2010). Un style décisionnel est souvent conceptualisé comme un trait dominant et relativement stable caractérisé par le comportement de la personne dans le contexte d’un processus décisionnel (Gati et al., 2012). C’est en quelque sorte la réaction habituelle d’un individu lorsqu’il fait face à un contexte de prise de décision. Il s’agit donc d’un mode typique selon lequel la personne accueille, interprète, analyse et répond aux tâches reliées à la prise de décision. Le terme style décisionnel est également attribué à la façon d’aborder la prise de décision relative à la carrière et à la notion d’engagement dans le processus. Cela dénote donc un ensemble distinct d’attitudes et de comportements dominants, tel un modèle individuel répété lors du processus de prise de décision. Le style décisionnel est l’un des construits centraux des théories de la prise de décision relative à la carrière et l’une des variables les plus significatives pour en distinguer les clients (Gati et al., 2010). 2.1.4. UNE VARIÉTÉ DE CONCEPTIONS DES STYLES DÉCISIONNELS Plusieurs chercheurs se sont attardés à bâtir un répertoire restreint de caractéristiques pouvant décrire le style décisionnel. La prochaine partie fait état de trois de ces théories. Celle de Walsh qui fait référence à quatre styles décisionnels provenant de deux échelles bipolaires soit sentiment versus pensée et interne versus externe. Celle de Harren propose le style rationnel, intuitif et dépendant. Suivi de celle de Scott et Bruce qui ont ajouté le style évitant et spontané aux styles de Harren. Loin d’avoir la prétention de dresser un 36
  • 37. portrait exhaustif des différentes théories utilisant les construits des styles décisionnels, cette section s’attarde aux théories des auteurs qui sont liées d’un point de vue méthodologique à la conception de la prise de décision de Gati. Walsh Une analyse des sources de variations individuelles lors du processus décisionnel a permis à Donna Jean Walsh d’établir une typologie des styles de prise de décision relative à la carrière. Avant d’arriver à la conceptualisation de sa typologie, Walsh a examiné, par le biais d’une revue de la littérature, chacune des étapes du processus décisionnel d’un point de vue comportemental, en s’attardant particulièrement aux différences individuelles (Walsh, 1985). La première étape de ce processus est l’identification du problème décisionnel. Durant cette étape, l’individu doit accomplir deux tâches c’est-à-dire prendre conscience du problème décisionnel et évaluer la situation problématique. La prochaine étape pour l’individu consiste à générer des pistes de possibilités permettant de résoudre sa problématique. Pour ce faire, deux tâches sont demandées à l’individu. Dans un premier temps, identifier les possibilités et dans un deuxième temps, faire une première sélection des options à la lumière des critères établis dans la phase d’identification du problème décisionnel. Ces tâches permettent à l’individu de passer à la troisième étape qui consiste à rassembler l’information. Les tâches spécifiques à cette étape sont l’identification des types d’informations requises et la collecte d’informations. Lorsque toutes ces étapes sont complétées, vient le temps pour l’individu d’atteindre la quatrième étape soit l’évaluation des possibilités qui s’offrent à lui. La première tâche consiste donc à attribuer une valeur ou une utilité à l’option envisagée ainsi qu’aux portées de l’option. De plus, chaque possibilité peut être évaluée en fonction de sa probabilité à se réaliser dans le futur. La deuxième tâche consiste à placer les options selon un ordre établi grâce à des critères décisionnels (Walsh, 1987). C’est ce qui permet à l’individu de prendre une décision. En se basant sur la variété de façon qu’un individu peut approcher, répondre et agir dans une situation de prise de décision et en partant de la prémisse que les styles décisionnels 37
  • 38. peuvent être différenciés grâce aux variations individuelles, il est intéressant de se pencher sur les sources de variations individuelles afin d’en ressortir des thèmes récurrents. En effet, ces thèmes peuvent révéler des dimensions qui permettent de différencier les styles décisionnels. Une analyse rigoureuse des quatre étapes présentées précédemment et des variations individuelles qu’on y retrouve a permis de révéler plusieurs thèmes récurrents. Premièrement, Walsh indique qu’une dimension d’orientation vers soi (interne) versus d’orientation vers les autres (externe) est apparue dans chacune des quatre phases du processus décisionnel. Deuxièmement, une dimension mettant en relief le rationnel de l’affectif a été trouvée dans deux de ces étapes. Le troisième thème récurrent trouvé dans les quatre étapes du processus décisionnel est lié à la façon dont l’individu aborde le processus c’est-à-dire de façon systématique ou au hasard. Le nombre de temps consacré pour chaque étape fait également partie des thèmes relevés. Une cinquième dimension a été relevée dans trois étapes du processus et porte sur le caractère vigilant versus inattentif de l’individu. Cette dimension fait référence à l’attention portée par l’individu aux éléments présents dans le processus décisionnel. Le dernier et sixième thème est celui du nombre de données pris en considération dans les étapes du processus. Le nombre de données étant qualifié de faible ou d’élevé (Walsh, 1985). Après avoir complété une analyse de la littérature et ressorti ces six principaux thèmes, Walsh s’est intéressé aux différentes théories pouvant expliquer les variations individuelles trouvées grâce à l’analyse de thèmes. Walsh s’attarde alors à la théorie de la personnalité de Carl Gustav Jung. La théorie de Jung stipule que toutes les attitudes et fonctions sont présentes dans toutes les personnalités, mais que ces éléments se manifestent à différents degrés. Deux postulats de Jung datant de 1923 attirent l’attention de Walsh, soit qu’il existe deux types de jugement (la pensée versus le sentiment) ainsi que deux types de perception (l’intuition versus la sensation). Une autre dimension proposée par Jung, soit l’introversion versus l’extraversion, retient l’attention de Walsh (1985). 38
  • 39. En analysant les six thèmes décrivant des variations individuelles, en se basant sur la théorie de Jung, et en prenant en considération les attitudes et fonctions types de Jung dans un contexte de prise de décision, Walsh en est arrivé à classifier les styles décisionnels selon deux dimensions bipolaires de variations individuelles soient interne versus externe et pensée versus sentiment. La dimension interne versus externe fait référence à la subjectivité ou à l’objectivité de l’individu lorsqu’il doit effectuer une tâche décisionnelle. La dimension pensée versus sentiment fait état des variations individuelles touchant à l’organisation, à la procédure, au jugement et à la prise de position qu’un individu rencontre dans ces tâches décisionnelles. C’est cette typologie qui est à la base des items et des échelles de l’outil psychométrique développé par Walsh. Bien certainement, ces dimensions sont respectivement liées d’un point de vue conceptuel et méthodologique à la dimension introversion versus extraversion et à la dimension pensée versus sentiment de Jung. Afin de développer cet outil psychométrique, 120 items ont d’abord été élaborés puis administrés à un premier échantillonnage. Suite à une analyse des résultats de ce premier échantillonnage, 40 items furent sélectionnés pour représenter la dimension interne – externe et 40 items furent sélectionnés pour représenter la dimension pensée – sentiment (Walsh, 1985). Ce travail permit de mettre sur pied le Vocational Decision Style Indicator (VDSI) de Walsh dans lequel le style décisionnel d’un individu est évalué selon les deux dimensions présentées précédemment. Ainsi, il existe quatre styles décisionnels dans le VDSI, le style pensée externe, le style sentiment externe, le style pensée interne et le style sentiment interne. (Gati et Levin, 2012) Harren Le modèle de Vincent A. Harren est conçu pour un stade précis du développement et selon un groupe relativement homogène de sujets. Son application première est conçue pour le niveau collégial dans le système scolaire américain, mais il peut aussi convenir à d’autres ordres d’enseignement. Ce modèle vise à identifier les caractéristiques d’un individu lors d’une prise de décision, les facteurs internes qui influent sur le processus de 39
  • 40. décision et à circonscrire précisément le fonctionnement psychologique interne qui soustend la prise de décision. Ainsi, le modèle a été créé pour prendre en considération les variations du processus décisionnel selon les caractéristiques de l’individu, le contexte et le type de décision à effectuer (Bujold et Gingras, 2000). Pour ce faire, le modèle comprend quatre groupes d’éléments liés les uns aux autres. Le premier élément est le processus à la base du modèle qui comprend les quatre étapes que franchit l’individu pour effectuer une prise de décision et y donner suite. Ces étapes sont la prise de conscience, la planification, l’engagement et la réalisation. À travers ces différentes étapes, l’individu est préoccupé par des questions propres au stade qu’il doit traverser et s’engage à résoudre les préoccupations du stade par le biais de différents comportements. Lorsque l’individu arrive à résoudre le questionnement lié à son stade, il peut alors passer à l’étape suivante (Harren, 1979). Le deuxième élément est constitué des caractéristiques individuelles. Pour Harren, deux grandes catégories de caractéristiques peuvent influencer le processus. La première catégorie comprend le concept de soi de l’individu. Le concept de soi fait référence aux attitudes utilisées dans un contexte vocationnel et aux traits relativement stables que l’individu s’attribue à lui-même. Il est divisé en deux parties; l’identité de l’individu et son estime de soi. La deuxième catégorie de caractéristiques est le style décisionnel. Pour Harren, le style décisionnel fait référence à l’influence qu’exercent les caractéristiques individuelles typiques d’un individu sur sa perception des tâches reliées à la prise de décision et sur sa réaction à une démarche décisionnelle (Harren, 1979). Harren identifie alors les styles décisionnels rationnel, intuitif ou dépendant. Le troisième élément fait référence aux tâches développementales qui touchent l’individu lorsqu’il est confronté à des prises de décision. Harren fait ici référence à trois tâches développementales; l’atteinte de l’autonomie, l’acquisition de la maturité interpersonnelle et la prise de conscience de l’objectif à atteindre. Chacune de ces tâches développementales comporte des tâches liées à des prises de décision relatives à la 40
  • 41. carrière. Plus l’individu réalisera avec succès des tâches décisionnelles, plus il progressera dans les tâches développementales (Harren, 1979). Finalement, le quatrième élément est celui des conditions susceptibles d’influer sur le comportement de l’individu autant que sur son état psychologique. Ces conditions peuvent être des facteurs externes, actuels ou prévus (Bujold et Gingras, 2000). Harren identifie quatre types de conditions soit les évaluations de l’entourage, l’état psychologique de l’individu, la tâche principale de la prise de décision et le contexte (Harren, 1979). Pour Harren, le terme style décisionnel fait référence à la manière dont une personne prend ses décisions, perçoit les tâches décisionnelles et y répond. Comme mentionné précédemment, Harren identifie trois styles décisionnels. Chaque individu étant représenté par un style dominant. Ceci dit, Harren indique également que bien qu’un individu soit caractérisé par un style dominant, des éléments provenant d’autres styles peuvent être présents chez celui-ci (Harren, 1979). Le style rationnel fait état d’une démarche logique et délibérée de la part de l’individu. Cela implique également que l’individu accepte ses responsabilités. Il reconnaît les conséquences de ses décisions passées sur ses décisions futures. L’individu ressent le besoin de prendre des décisions quant à son avenir et pour se faire il se prépare par une recherche d’informations. L’individu doit donc disposer d’information adéquate sur luimême et sur le milieu afin de parvenir à prendre une décision adéquate. Harren indique que ce style représente un idéal d’autoaccomplissement dans un contexte décisionnel. Le style intuitif est aussi caractérisé par l’acceptation de la responsabilité de la décision, sauf que l’individu choisit intuitivement plutôt que grâce à une démarche logique. Il s’arrête peu à chercher l’information, à l’évaluer, à prévoir et à analyser rigoureusement les divers facteurs en présence. L’individu ayant ce style décisionnel anticipe peu l’avenir et les conséquences de ses gestes. Il fonctionne sur un mode fantaisiste et accorde davantage d’importance à ses émotions présentes. Il peut passer rapidement à l’action 41
  • 42. quand il a l’impression de faire le bon choix. Souvent ce style de personne a de la difficulté à identifier clairement comment il a procédé à sa prise de décision. Le style intuitif est moins susceptible de faire un choix adéquat que le style rationnel en partie parce que le temps peut faire varier les impressions de l’individu et parce que l’individu a une capacité limitée à se représenter une situation qui ne lui est pas familière. Quant au style dépendant, l’individu n’accepte pas la responsabilité du choix. Il projette la responsabilité de son choix vers l’extérieur. Il est donc facilement influencé par les attentes et les désirs que les membres de son entourage expriment à son égard. L’individu ayant un style dépendant a un besoin d’approbation sociale très élevé. Ce style est caractérisé par une attitude passive et une perception étroite des possibilités offertes à l’individu. En reportant la responsabilité sur autrui, ce style peut réduire l’anxiété immédiate causée par la prise de décision. Ceci dit, le choix final du processus décisionnel provoque souvent un manque d’accomplissement et de satisfaction personnelle pour l’individu (Harren, 1979). Scott et Bruce Susanne G. Scott et Reginald A. Bruce se sont attardés à l’influence des caractéristiques des individus en processus décisionnel sur leur prise de décision. Scott et Bruce ont cherché à développer un instrument psychométrique pouvant aider à mesurer les styles décisionnels. Dans le cadre du processus de développement des items de leur outil psychométrique, ces deux chercheurs ont recensé les théories déjà existantes définissant les styles décisionnels afin d’en assurer la validité de contenu. Suite à cette recension exhaustive des différentes définitions touchant la prise de décision et catégorisant les styles décisionnels, Scott et Bruce (1995) se sont attardés au modèle de styles décisionnels relatif à la carrière de Vincent A. Harren. Plusieurs chercheurs mettent l’emphase sur la façon dont l’individu rassemble et traite l’information dans le cadre d’un processus de décision. Suivant la théorie de Harren et la littérature sur les styles décisionnels, Scott et Bruce (1995) définissent le style décisionnel 42
  • 43. comme une réaction habituelle et apprise de la part de l’individu lorsqu’il est confronté à une situation requérant une prise de décision. C’est une réponse basée sur l’habitude qui revient lorsque l’individu est placé en contexte de prise de décision spécifique. Ainsi, comme mentionné par Mischel dans la recherche de Scott et Bruce (1995), la littérature touchant aux styles décisionnels précise généralement que les situations peuvent avoir une influence sur les styles de prise de décision. Comme indiqué dans la section présentant la conception des styles décisionnels de Harren, ce dernier identifie trois styles décisionnels : dépendant, rationnel et intuitif. Les styles rationnel et intuitif assument la responsabilité de leur prise de décision alors que le style dépendant la projette sur autrui. Le style rationnel prend sa décision en se basant sur une approche logique et systématique alors que le style intuitif prend une décision plus rapidement et qui se base sur l’impression interne de faire le bon choix. Comme mentionnés dans la recherche de Scott et Bruce (1995), Phillips, Pazienza et Ferrin ont découvert que les trois styles décisionnels ont tendance à aborder le problème plutôt qu’à le fuir. La différence entre les styles réside davantage dans la façon d’aborder le problème. Tandis que les styles rationnel et intuitif abordent le problème avec confiance, le style dépendant l’aborde avec une confiance limitée en sa capacité à la prise de décision. Ces nouveaux résultats de recherche supportent l’existence d’un quatrième style décisionnel, soit le style évitant (Scott et Bruce, 1995). Scott et Bruce (1995) ont donc identifié quatre styles décisionnels qu’ils ont définis en termes comportementaux. Le style rationnel est caractérisé par une recherche rigoureuse et une évaluation logique des possibilités de l’individu. Le style intuitif est caractérisé par le fait que l’individu se fie à ses intuitions et sentiments pour prendre une décision. Le style dépendant est caractérisé par une recherche d’avis et de recommandations provenant d’autrui. Finalement, le style évitant est caractérisé par des tentatives d’évitement lorsque l'individu est confronté à une prise de décision. Basés sur ces définitions conceptuelles des styles décisionnels, Scott et Bruce ont développé 37 items. Dans un premier temps, ces 37 items ont été conçus dans le cadre 43
  • 44. d’une étude sur les transitions de carrière. Les participants à l’étude devaient se positionner face à des énoncés traitant d’importantes décisions. Pour chaque énoncé, ils pouvaient répondent selon une échelle de Likert à 5 niveaux allant de fortement en désaccord à fortement en accord (Scott et Bruce, 1995). Suite au premier échantillonnage, un cinquième facteur fit son apparition lorsque deux des items de l’instrument psychométrique atteignirent un point critique aux résultats d’une analyse factorielle. Après une étude approfondie du contenu des items, Scott et Bruce ont pu déterminer qu'il existait un cinquième facteur lié à la spontanéité. L’individu de style spontané veut passer à travers le processus décisionnel le plus rapidement possible et a le sens de l’immédiateté. Ainsi, pour arriver à identifier le style spontané, six nouveaux items furent rédigés et ajoutés à l’outil psychométrique pour un total de 43 items. Le nouvel outil fut administré à deux autres groupes d’échantillonnage. En examinant le contenu des items et la structure factorielle, Scott et Bruce ont ensuite modifié et réduit les items au nombre de 25 pour ajuster l’outil à toutes les prises de décisions importantes et non seulement aux décisions relatives à la carrière. Ainsi la version finale du General Decision-Making Style (GDSM) instrument comprend 5 styles soit le style rationnel, intuitif, dépendant, spontané et évitant. Chacun de ces styles est représenté par 5 items pour un instrument psychométrique totalisant 25 items (Scott et Bruce, 1995). Sommes toutes, chacune des théories et des conceptions des styles décisionnels présentées procure un éclairage sur la conception de Gati puisque ces modèles ont servi aux processus de validation du modèle d’Itamar Gati. Ceci dit, dans le cadre de cet essai, c’est le modèle d’Itamar Gati qui est au cœur de la conception proposée. 2.1.5. CRITIQUES DE LA CONCEPTUALISATION DES STYLES DÉCISIONNELS Cette conceptualisation des styles décisionnels tend à changer depuis les dernières années. Pour des fins de recherches, il s’avère utile de classer les gens en groupes 44